Accueil > Evénements > Actualité > Mgr Stankevics  et le Synode sur la famille

Actualité

Mgr Stankevics  et le Synode sur la famille

Publiée le 18-06-2015

L’archevêque catholique de Riga, Mgr  Zbignevs Stankevics, a été reçu par le pape François à Rome la semaine dernière. Famille Chrétienne l’a rencontré - Source

Les évêques de Lettonie ont été reçus par le pape François la semaine dernière. Que pensent les catholiques lettons du pape François et de son regard sur l’Europe ?

L’Europe n’est plus le centre de l’Église universelle. C’est du passé. Le pape n’est pas européen. Cependant, sa sensibilité le porte sur des problèmes sociaux qui ne concernent pas seulement l’Amérique, mais aussi l’Europe, et aussi la Lettonie. Son discours lors de sa visite à Strasbourg était excellent, j’ai été vraiment impressionné. Ses mots étaient très forts, il a posé un excellent diagnostic mais aussi un message positif que j’ai apprécié, sur les valeurs européennes et sur notre héritage.

Les catholiques de Lettonie ont-ils suivi les travaux du Synode sur la famille ?

Cela a surtout été le cas au moment de la publication de la Relatio post disceptationem [synthèse du débat général des évêques, Ndlr]. L’impact médiatique a été très important, et beaucoup de fidèles ont été très surpris, déçus et fortement inquiets. Pendant le Synode, l’Estonie avait autorisé le mariage homosexuel, et il y avait une certaine pression des médias pour savoir si la Lettonie allait suivre le mouvement. Alors quand la Relatio est arrivée, immédiatement, beaucoup ont pensé qu’on allait autoriser le mariage gay. J’ai donné plusieurs interviews pour donner des explications. J’ai dit que la doctrine n’allait pas changer, j’ai tenté de rétablir le calme. Il y avait beaucoup de confusion. Les choses se sont apaisées, c’était vraiment notre devoir d’expliquer ce qu’il en était réellement.

Beaucoup de catholiques restent inquiets à l’approche de la deuxième phase du Synode, en octobre. Ne partagez-vous pas cette inquiétude ?

Au début du christianisme, quand il y a eu l’hérésie arianiste, tout le monde n’était pas d’accord dans l’Église sur ce sujet… Aujourd’hui, il y a des cercles qui veulent imposer des changements qui sont en contradiction avec la Sainte doctrine. Or, nous n’avons pas le droit de la changer, car ce n’est pas quelque chose d’inventé par les hommes, c’est une révélation de Dieu. Nous ne pouvons que l’expliquer au monde. Nous avons à faire tout ce qui est possible pour ne rejeter personne, homosexuels ou divorcés, sans trahir la doctrine. C’est tout l’enjeu du débat du Synode, et la réponse est encore en construction.

Il ne faut pas s’inquiéter. À la fin de la première phase, le pape François nous a dit : «  Ne vous inquiétez pas, Pierre est avec vous, Pierre est responsable, il ne permettra pas d’aller dans la mauvaise direction. »C’était le cœur de son message, et j’ai trouvé ça encourageant. L’Esprit Saint agit dans l’Église, et je crois à cette promesse de Jésus qui nous a dit que la force du mal ne le vaincrait pas. Je serai au Synode en octobre et j’espère pouvoir contribuer le plus efficacement possible à défendre la doctrine.

Pensez-vous que l’intense couverture, inédite, du Synode par les médias soit responsable de la confusion qui l’entoure ?

Certains médias essayent en effet d’imposer leurs propres solutions au Synode, en manipulant ou en isolant certains éléments du débat. Mais ils ne sont pas les seuls responsables de l’inquiétude des catholiques. Il y a vraiment des personnes dans l’Église qui poussent ces idées, introduisent des formulations ambivalentes, ce qui est un problème bien plus grave que les médias. Des formulations qui ont d’ailleurs été rejetées par tous les groupes de langues. Tous !

L’Europride, la gay pride européenne, a lieu à Riga du 15 au 22  juin. Le mariage homosexuel pourrait-il arriver bientôt en Lettonie ?

Non, la majorité de la population lettone est opposée au mariage homosexuel. Seuls de tout petits groupes politiques voudraient l’imposer. Vous savez, les organisateurs de l’Europride n’ont pas été invités par les autorités de Riga, ni par l’État. Cela a été imposé par des organisations homosexuelles. C’est d’ailleurs arrivé après l’échec de la dernière gay pride lettone. Il n’y avait alors que quelques centaines de personnes ! Ce jour-là, j’avais organisé un rassemblement œcuménique à la cathédrale pour prier pour la préservation de nos valeurs, et il y avait plus de monde dans la cathédrale qu’à la gay pride !

La Lettonie a pour particularité d’avoir un nombre à peu près égal de catholiques, de protestants et d’orthodoxes. Quelles sont vos relations avec les autres communautés chrétiennes du pays ?

Je pense que la Lettonie est un modèle d’entente entre chrétiens. Nous sommes unis et d’accord sur les grands principes moraux à défendre. La semaine passée, j’ai invité leurs représentants pour parler de l’Europride et décider ensemble de l’attitude à adopter. Nous avons décidé d’organiser une prière œcuménique perpétuelle dans nos églises pendant toute la durée de l’événement, avec une journée de jeûne le vendredi. Nous demanderons au Seigneur de nous préserver du mal moral et de ses conséquences. Ce sera la réponse commune des communautés chrétiennes. Il y a un an, nous avions déjà publié une lettre commune sur la nécessité de préserver des lois morales en Lettonie. C’est arrivé à mon initiative, il me semblait important d’expliquer à l’ensemble du pays quelle était la position des chrétiens. Et j’espère que la Lettonie pourra être la semence d’une purification morale de l’Europe.

La Lettonie est à la frontière entre Russie et Europe. Comment l’Église lettone se positionne-t-elle dans cette situation parfois tendue ? Et la communauté orthodoxe ?

Officiellement, les orthodoxes de Lettonie sont une église autonome. Ils ont quand même des liens avec le patriarche de Moscou, mais le métropolite de Riga s’est toujours dit loyal à l’État letton et a toujours souhaité rester le plus neutre possible sur ces questions. Il y a trois mois, nous avons eu une réunion des dix leaders des églises chrétiennes. Nous avons prié ensemble, réfléchi aux défis de la Lettonie, et pendant ce temps, dans les églises, les fidèles priaient pour nous en permanence. En ce qui me concerne, je cherche à évaluer la politique du point de vue de l’Évangile et la doctrine sociale de l’Église. Quand il y a un problème, je le dénonce, mais toujours avec cette intention d’expliquer le point de vue catholique. J’ai d’ailleurs reçu en 2011, à ma grande surprise, le prix de la personnalité européenne lettone de l’année !

Vous semblez être un personnage important en Lettonie, et très sollicité par les médias. Qu’est-ce que cela dit, selon vous, de l’état spirituel du pays ?

En effet, je parle de tous les sujets ! Cela signifie qu’il y a encore un vrai appétit spirituel. Souvent, des personnes que je ne connais pas viennent me remercier pour mes interventions ou mes prises de positions. Et souvent, ce ne sont pas des catholiques ! L’année dernière par exemple, on m’a nommé « personnalité qui fait le plus pour la santé dans la société » parce que j’avais dénoncé à la télévision les addictions et le problème du tabac. Or, le président de la société des médecins qui attribue ce prix est non croyant. Quand j’en ai l’occasion, j’essaye de déposer comme une graine pour les gens qui écoutent, en espérant qu’elle germera. Je suis optimiste pour l’avenir, même s’il faut rester vigilant, car je crois qu’il y a aujourd’hui en Europe un risque d’une nouvelle dictature de la démocratie corrompue et des droits de l’homme mal compris. Il faut pointer du doigt les choses négatives, mais si on parle du point de vue de la foi, de la Vérité et de l’amour, on reste toujours positif, et c’est comme cela qu’on touche les gens.

 

< Voir toutes les actualités

Archives

t>