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fin de vie, seconde lecture à l'Assemblée Nationale... Et si c'était une arnaque ?

Publiée le 08-10-2015

 Mardi 6 octobre,  en fin d'après-midi, l'Assemblée Nationale a voté, en seconde lecture, le texte de loi  « créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ».

L'article 3 de ce texte a donc été validé et même renforcé par rapport au premier voté le 17 mars dernier.

« Art. L. 1110-5-2. – À la demande du patient d’éviter toute souffrance et de ne pas prolonger inutilement sa vie, une sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès, associée à une analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie, est mise en œuvre dans les cas suivants :

« 1° Lorsque le patient atteint d’une affection grave et incurable et dont le pronostic vital est engagé à court terme présente une souffrance réfractaire au traitement ;

« 2° Lorsque la décision du patient atteint d’une affection grave et incurable d’arrêter un traitement engage son pronostic vital à court terme.

« Lorsque le patient ne peut pas exprimer sa volonté et au titre du refus de l’obstination déraisonnable mentionnée à l’article L. 1110-5-1, dans le cas où le médecin arrête un traitement de maintien en vie, le médecin applique une sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès, associée à une analgésie.

« La sédation profonde et continue associée à une analgésie prévue au présent article est mise en œuvre selon la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale, afin de vérifier que les conditions d’application du présent article sont remplies.

« L’application de la sédation profonde et continue associée à une analgésie prévue au présent article peut être effectuée par un membre de l’équipe médicale, selon le choix du patient et après consultation du médecin, en établissement de santé ou au domicile du patient.

Deux « précisions » ont été ajoutées : Aux termes de « sédation profonde, continue, jusqu'au décès », a été ajoutée celui de « maintenue ». Ceci veut dire que toute sédation qui sera mise en œuvre (normalement selon les conditions requises dans le texte!!!!!) le sera de manière définitive. Le terme de « maintien » démontre qu'il sera impossible (ou plutôt interdit!)  de tenter de réveiller la personne afin de voir comment elle se porte, si elle est soulagée ou apaisée des symptômes dits réfractaires, si elle manifeste le désir de rencontrer un proche, parler à ses enfants etc etc.…

Autre précision : cette sédation pourra se faire à domicile : Par expérience, j'ai du mal à imaginer dans quelles conditions de surveillance ! En effet, la réalité démontre que, ni les médecins, ni les infirmières libérales et probablement pas les HAD non plus, n'auront la possibilité en temps, de pouvoir surveiller ces sédations correctement et avec compétences. Alors, qui va porter ce poids ? La famille, les proches ????
Pour résumer, les amendements ouvrant des droits à l'assistance médicale pour mourir (le suicide assisté) ou à l'aide médicale pour mourir (l'euthanasie) proposés par les députés de gauche et des verts ont été rejetés, on s'en réjouit. Mais, en réalité, il n'en est rien, et c'est même pire. Cet article 3 décrit clairement, de façon bien détournée cependant, l'ouverture à l'euthanasie. Toute personne, dans une situation de souffrance devenue insupportable, pourra avoir accès à la sédation jusqu'à la mort ; sans compter toutes les fois où ce seront les soignants ou les familles qui pourront en être à l'initiative lorsque les malades ne seront pas en capacité de communiquer.

Les soignants (médecins, IDE) ne pourront pas refuser d'appliquer ces sédations. Pas d'objection de conscience. Sur ce coup-là, la France fait preuve de génie !   parvenir à libéraliser l'euthanasie sans en employer le terme, le tout dans un silence médiatique et politique « merveilleusement » complice…. !!! Il fallait oser le faire !!!

Si elle n'est pas rejetée à nouveau par le Sénat, la seule opposition à cette loi ne peut maintenant venir que des soignants. On ne pourra pas tous nous emprisonner si  l'on refuse de sédater à des fins détournées !!!

Restons dans l'Espérance…                            Odile Guinnepain, IDE soins palliatifs

 

 

 

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