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Quand Benoit XVI analysait déjà les fondements idéologiques de la crise que nous traversons

Publiée le 08-04-2019

1 -  Quand l'homme nie la Loi Naturelle... il finit par prendre son semblable comme un objet ICI

 

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2 - "Pour nous opposer à ces forces nous devons jeter un regard sur leurs fondements idéologiques. Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l’homme et aussi à l’enfant. Cependant, cela faisait partie d’une perversion de fond du concept d’ethos. On affirmait – jusque dans le cadre de la théologie catholique – que n’existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un « mieux que » et un « pire que ». Rien ne serait en soi-même bien ou mal. Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal. La morale est substituée par un calcul des conséquences et avec cela cesse d’exister. Les effets de ces théories sont aujourd’hui évidentes. Contre elles le Pape Jean-Paul II, dans son Encyclique Veritatis splendor de 1993, a indiqué avec une force prophétique, dans la grande tradition rationnelle de l’ethos chrétien, les bases essentielles et permanentes de l’agir moral. Ce texte doit aujourd’hui être mis de nouveau au centre comme parcours dans la formation de la conscience. C’est notre responsabilité de rendre de nouveau audibles et compréhensibles parmi les hommes ces critères comme chemins de la véritable humanité, dans le contexte de la préoccupation pour l’homme, où nous sommes plongés." Voeux à la Curie le 21 décembre 2010

 

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3 -  Dans un monde qui refuse Dieu, le célibat devient un scandale : (Benoit XVI, Veillée de prière avec les prêtres du monde, le 10 juin 2010)  "Un grand problème de la chrétienté, du monde d'aujourd'hui, est que l'on ne pense plus à l'avenir de Dieu:  seul le présent de ce monde semble suffisant. Nous voulons avoir seulement ce monde, vivre seul dans ce monde. Et nous fermons ainsi les portes à la vraie grandeur de notre existence. Le sens du célibat comme anticipation de l'avenir est précisément d'ouvrir ces portes, de rendre le monde plus grand, de montrer la réalité de l'avenir qui doit être vécu par nous comme déjà présent. Vivre donc ainsi dans un témoignage de la foi:  nous croyons réellement que Dieu existe, que Dieu a quelque chose à voir avec ma vie, que je peux fonder ma vie sur le Christ, sur la vie future. Et nous connaissons à présent les critiques du monde dont vous avez parlé. Il est vrai que pour le monde agnostique, le monde où Dieu n'a rien à voir, le célibat est un grand scandale, parce qu'il montre précisément que Dieu est considéré et vécu comme une réalité, vécu comme une réalité. Avec la vie eschatologique du célibat, le monde futur de Dieu entre dans la réalité de notre temps. Et cela devrait disparaître! En un certain sens la critique permanente contre le célibat à une époque où il devient toujours plus à la mode de ne pas se marier pourrait surprendre. Mais ce non mariage est une chose totalement, fondamentalement différente du célibat, parce que le non mariage est basé sur la volonté de vivre uniquement pour soi-même, de ne pas accepter de lien définitif, de posséder la vie à chaque instant en pleine autonomie, décider à chaque instant que faire, ce que prendre de la vie; et donc un "non" au lien, un "non" au caractère définitif, une manière de posséder la vie seulement pour soi-même. Tandis que le célibat est précisément le contraire:  c'est un "oui" définitif, c'est laisser Dieu nous prendre par la main, s'offrir entre les mains du Seigneur, dans son "moi" et donc c'est un acte de fidélité et de confiance, un acte qui suppose aussi la fidélité du mariage; c'est précisément le contraire de ce "non", de cette autonomie qui ne veut pas se donner d'obligations, ne veut pas entrer dans un lien; c'est précisément le "oui" définitif qui suppose, confirme le "oui" définitif du mariage. Et ce mariage est la forme biblique, la forme naturelle de l'être homme et femme, fondement de la grande culture chrétienne, des grandes cultures du monde. Et si cela disparaît, la racine de notre culture est détruite. C'est pourquoi le célibat confirme le "oui" du mariage avec son "oui" au monde futur, et nous voulons ainsi aller de l'avant et rendre présent ce scandale d'une foi qui fait reposer toute l'existence sur Dieu. Nous savons qu'à côté de ce grand scandale que le monde ne veut pas voir, il y a aussi des scandales secondaires de nos insuffisances, de nos péchés, qui cachent le vrai et grand scandale, et laissent penser:  "Mais ils ne vivent pas réellement sur le fondement de Dieu!". Mais il y a une si grande fidélité! Le célibat, et ce sont précisément les critiques qui le montrent, est un grand signe de la foi, de la présence de Dieu dans le monde. Prions le Seigneur pour qu'il nous aide à nous libérer des scandales secondaires, pour qu'il rende présent le grand scandale de notre foi:  la confiance, la force de notre vie qui se fonde en Dieu et en Jésus Christ! "

 

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4 - Quand le démon veut en finir avec le sacerdoce parce tant de jeunes veulent être prêtres (Benoit XVI, extraits de l'homélie du 11 juin 2010, Messe de clôture de l'Année du Sacerdoce) :

L’Année sacerdotale que nous avons célébrée, 150 ans après la mort du saint Curé d’Ars, modèle du ministère sacerdotal dans notre monde, arrive à son terme. Par le Curé d’Ars, nous nous sommes laissé guider, pour saisir à nouveau la grandeur et la beauté du ministère sacerdotal. Le prêtre n’est pas simplement le détenteur d’une charge, comme celles dont toute société a besoin afin qu’en son sein certaines fonctions puissent être remplies. Il fait en revanche quelque chose qu’aucun être humain ne peut faire de lui-même : il prononce au nom du Christ la parole de l’absolution de nos péchés et il transforme ainsi, à partir de Dieu, la situation de notre existence. Il prononce sur les offrandes du pain et du vin les paroles d’action de grâce du Christ qui sont paroles de transsubstantiation – des paroles qui le rendent présent, Lui, le Ressuscité, son Corps et son Sang, et transforment ainsi les éléments du monde : des paroles qui ouvrent le monde à Dieu et l’unissent à Lui. Le sacerdoce n’est donc pas seulement une « charge », mais un sacrement : Dieu se sert d’un pauvre homme pour être, à travers lui, présent pour les hommes et agir en leur faveur. Cette audace de Dieu qui se confie à des êtres humains et qui, tout en connaissant nos faiblesses, considère les hommes capables d’agir et d’être présents à sa place – cette audace de Dieu est la réalité vraiment grande qui se cache dans le mot « sacerdoce ». Que Dieu nous considère capables de cela, que de cette manière il appelle les hommes à son service et qu’ainsi de l’intérieur il se lie à eux : c’est ce que, en cette année, nous voulions considérer et comprendre à nouveau. Nous voulions réveiller la joie que Dieu nous soit si proche, et la gratitude pour le fait qu’il se confie à notre faiblesse ; qu’il nous conduise et nous soutienne jour après jour. Nous voulions aussi ainsi montrer à nouveau aux jeunes que cette vocation, cette communion de service pour Dieu et avec Dieu, existe – et plus encore, que Dieu est en attente de notre « oui ». Avec l’Église, nous voulions à nouveau faire noter que cette vocation nous devons la demander à Dieu. Nous demandons des ouvriers pour la moisson de Dieu, et cette requête faite à Dieu c’est, en même temps, Dieu qui frappe à la porte du cœur des jeunes qui se considèrent capables de ce dont Dieu les considère capables. On pouvait s’attendre à ce que cette nouvelle mise en lumière du sacerdoce déplaise « l’ennemi » ; il aurait préféré le voir disparaître, pour qu’en fin de compte Dieu soit repoussé hors du monde. Et il est ainsi arrivé que, proprement au cours de cette année de joie pour le sacrement du sacerdoce, sont venus à la lumière les péchés des prêtres – en particulier l’abus à l’égard des petits, où le sacerdoce chargé de témoigner de la prévenance de Dieu à l’égard de l’homme se trouve retourné en son contraire. Nous aussi nous demandons avec insistance pardon à Dieu et aux personnes impliquées, alors que nous entendons promettre de faire tout ce qui est possible pour que de tels abus ne puissent jamais plus survenir ; promettre que dans l’admission au ministère sacerdotal et dans la formation délivrée au cours du parcours qui y prépare, nous ferons tout ce qui est possible pour examiner attentivement l’authenticité de la vocation et que nous voulons mieux encore accompagner les prêtres sur leur chemin, afin que le Seigneur les protège et les garde dans les situations difficiles et face aux dangers de la vie. Si l’Année sacerdotale avait du être une glorification de notre prestation humaine personnelle, elle aurait été détruite par ces événements. Mais il s’agissait pour nous exactement du contraire : devenir reconnaissant pour le don de Dieu, un don qui se cache « dans des vases d’argile » et qui toujours de nouveau, à travers toute la faiblesse humaine, rend concret son amour en ce monde. Nous considérons ainsi que ce qui est arrivé est un devoir de purification, un devoir qui nous porte vers l’avenir et qui, d’autant plus, nous fait reconnaître et aimer le grand don de Dieu. De cette façon, le don devient l’engagement de répondre au courage et à l’humilité de Dieu par notre courage et notre humilité. La parole du Christ, que nous avons chanté comme chant d’entrée dans la liturgie, peut nous suggérer en cette heure ce que signifie devenir et être prêtres : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29).

 

 

 

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5 -Chers confrères,

Ecce quam bonum et quam iucundum habitares fratres in unum (Ps 133, 1): ces paroles du Psaume sont pour moi, en ce moment, une réalité vécue. Nous voyons comme il est beau que les frères soient ensemble et vivent ensemble la joie du sacerdoce, d’être appelés dans la vigne du Seigneur. Je voudrais vous remercier de tout cœur, Monsieur le cardinal doyen, pour vos belles paroles, émouvantes et réconfortantes, et surtout aussi pour le don que vous m’avez fait, car ainsi, notre «être ensemble» s’étend aux pauvres de Rome. Nous ne sommes pas seuls à manger, ici avec nous, il y a ces pauvres qui ont besoin de notre aide et de notre assistance, de notre amour, qui se réalise concrètement dans la possibilité de manger, de bien vivre, dans la mesure où nous pouvons, nous voulons œuvrer dans ce sens, et cela constitue un signe important pour moi qu’en cette heure solennelle nous ne soyons pas seuls, entre nous; avec nous, il y a les pauvres de Rome, qui sont particulièrement aimés par le Seigneur.

Fratres in unum: l’expérience de la fraternité est une réalité interne au sacerdoce, car quelqu’un n’est jamais ordonné tout seul, mais est inséré dans un presbyterium, ou, en tant qu’évêque, dans le collège épiscopal, ainsi, le «nous» de l’Eglise s’accompagne et s’exprime en cette heure. Cette heure est une heure de gratitude à l’égard du Seigneur qui guide, pour tout ce qu’il m’a donné et pardonné en ces années, mais également un moment de mémoire. En 1951, le monde était complètement différent: il n’y avait pas la télévision, il n’y avait pas internet, il n’y avait pas l’ordinateur, il n’y avait pas le téléphone portable. Le monde dont nous venons semble vraiment un monde préhistorique; et, surtout, nos villes étaient détruites, l’économie détruite, il y avait une grande pauvreté matérielle et spirituelle, mais également une forte énergie et volonté de reconstruire ce pays et de renouveler ce pays, surtout dans la communauté européenne, sur le fondement de notre foi, et de s’insérer dans la grande Eglise du Christ, qui est le Peuple de Dieu et qui nous guide vers le monde de Dieu. Ainsi, nous avons commencé avec un grand enthousiasme et avec joie à ce moment. Le moment du Concile Vatican ii est ensuite venu, où toutes ces espérances que nous avions eues semblaient se réaliser; ensuite le moment de la révolution culturelle de 1968, des années difficiles où la barque du Seigneur semblait pleine d' eau, presque au point de sombrer; et toutefois le Seigneur, qui semblait dormir à ce moment, était présent et nous a guidés de l’avant. C’était les années où j’ai travaillé aux côtés du bienheureux Pape Jean-Paul II: inoubliables! Et ensuite, enfin, l’heure totalement inattendue du 19 avril 2005, lorsque le Seigneur m’a appelé à un nouvel engagement et, seulement en ayant confiance dans sa force, en me remettant à lui, je pus dire «oui» à ce moment.

Au cours de ces soixante ans, presque tout a changé, mais la fidélité au Seigneur est restée. Il est le même hier, aujourd’hui et à jamais: telle est notre certitude, qui nous ouvre la voie vers l’avenir. Le moment de la mémoire, le moment de la gratitude est également le moment de l’espérance: In te Domine speravi, non confundar in aeternum.

Je remercie le Seigneur, en ce moment, pour sa direction. Je vous remercie tous pour votre compagnie fraternelle. Que le Seigneur nous bénisse tous. Et merci pour votre don et pour toute votre collaboration. Avec l’aide du Seigneur, allons de l’avant.

source : Discours du Pape Benoit XVI aux membres du collège cardinalice à l'occasion de ses 60 ans de Sacerdoce - Vatican, 1er juillet 2011

 

 

 

 

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