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Ouverture du Procès en Béatification de l'Abbé Franz Stock

Publiée le 28-11-2009

Homélie de Mgr Michel Pansard, Evêque de Chartres, lors de la Messe d'ouverture du procès de Béatification de ce prêtre extraordinaire. En l'église de Rechèvres (28), le 14 novembre 2009.

"Je viens de proclamer une Bonne Nouvelle, l'Evangile. Vous venez d'acclamer l'Evangile en chantant: « louange à Toi Seigneur Jésus ». Il est pour nous cette Bonne Nouvelle de Dieu.

 

     Cependant, avouons le, le ton de cette page est sombre. Nous pouvons avoir l'impression qu'il s'agit de l'annonce d'une catastrophe et non d'une Bonne Nouvelle. Nous sommes à la fin de l'Evangile de Marc, dans ce que l'on appelle le discours eschatologique, le discours qui concerne la fin, l'accomplissement du temps. Et tout de suite après nous sommes dans le récit de la passion.
     Quelle est donc la Bonne Nouvelle qui nous est annoncée sur fond de fresque sombre ?
     Jésus parlait de sa venue. C'est donc de cela qu'il est question, de sa venue et du rassemblement. Lorsque ces choses arriveront... alors on verra le Fils de L'homme venir, et rassembler des quatre coins du monde les élus.
     Il nous précise: « que la comparaison du figuier vous instruise ». Le chamboulement décrit n'annonce pas l'hiver ou la mort, il est comparable à celui du printemps qui annonce l'été. Pour dire la longue histoire de l'alliance de Dieu qui suscite le monde et l'aime jusqu'à s'y risquer en nous donnant son Fils, la bible utilise des mots d'hommes pour parler aux hommes. Le livre de la genèse évoque, la naissance du monde avec ces mots: « Au, commencement Dieu créa, les cieux et la terre. Il fit deux
luminaires, le plus grand pour gouverner au jour, le plus petit pour présider à la nuit ... » puis les étoiles
     Cette trilogie soleil, lune et étoiles, l'univers en son commencement nous la retrouvons, quand Jésus évoque la fin, l'achèvement. La bonne Nouvelle de ce jour est peut-être tout simplement celleci:
comme il y a eu un commencement mettant en jeu tout l'univers dans le dessein d'amour de Dieu, de même, il y aura une fin de l'histoire, non pas comme un scénario catastrophe, comme une impasse ou tout serait fini. Ce terme, est un nouveau commencement, marqué par la venue du Christ que nous ne cessons d'attendre et de demander à chaque eucharistie: nous attendons ton retour dans la gloire.
     Voilà la Bonne Nouvelle de ce jour, de même que notre vie et notre monde ont un commencement, une source qui est Dieu, son Verbe par qui tout a été fait; de même le terme, c'est à dire ce à quoi nous sommes appelés, ce pourquoi nous avons été suscités, notre achèvement; c'est Lui Jésus. Il inaugure et ouvre notre monde, notre vie à un nouvel espace, un nouvel horizon, aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle. Ce rassemblement qu'il inaugure est de vivre unis entre nous et unis à Lui, durablement, éternellement. Et comment dire cela, comme souvent ce qui est le plus importante, le plus vital, sinon avec des images comme le font souvent ceux qui aiment, vivent, se donnent.
     Voilà la Bonne nouvelle qui retentit ce soir, qui retentit à chaque eucharistie où déjà nous nous laissons rassembler, transformer par Lui Jésus au coeur même de l'obscurité de nos vies, comme de celles du monde.
 Au moment où nous entrons en hiver,
 au moment où de nombreux contemporains connaissent l'hiver dans leur vie,
 au moment où la crise frappe plus durement ceux qui sont déjà fragilisés, exclus ou isolés,
 au moment ou la campagne du secours catholique attire notre attention sur la pauvreté qui frappe en particulier les femmes seules.
 au moment où la réalité de la vie pèse à ce point sur les épaule qu'il nous arrive de penser qu'il n'y aura «rien de nouveau sous le soleil », que ce n'est pas l'amour de Dieu qui mène le monde, qu'il
n'y a à vue d'homme rien à voir ou espérer.
     Nous sommes invités à veiller et redresser la tête, les yeux fixés sur Jésus le crucifié, comme les séminaristes rassemblés au séminaire des barbelés étaient invités à le faire avec la fresque qu'ils avaient peinte avec l'abbé Franck Stock. En regardant le crucifié, nous rappelons sa mort, rappelant ainsi que l'amour de Dieu et des hommes peut être blessé, refusé, mis à mort par le péché, y compris en nous. Mais en proclamant sa résurrection nous proclamons, à temps et à contre temps, que ce n'est pas la mort, ni le péché, ni la haine, ni la violence pourtant bien présentes qui ont eut le dernier mot sur sa vie et qui n'auront pas le dernier mot sur notre vie et la vie du monde.
      Certes, le mal peut s'emballer dans l'histoire des hommes mais il ne peut enrayer le germe puissant de l'univers nouveau qu'ont introduit dans le monde la venue et la résurrection de Jésus le Christ.
En ce jour où est ouvert officiellement à Neheim , la procédure en vue de la béatification du Serviteur de Dieu Franck Stock, sa vie et son ministère de prêtre, nous disent comment au coeur d'atrocités, d'un
déferlement de haine et d'inhumanité, en homme de foi, d'espérance et de charité, il a pris un chemin de don, de réconciliation, de paix, d'humanité dont il s'est fait le serviteur sans exclusive au coeur de l'enfer.
    Que la vie et le ministère de l'abbé Franck Stock, que notre désir de voir reconnaître par l'Eglise la sainteté de sa vie, nous fasse entendre et répondre à l'appel qu'il adressait au moment de quitter le séminaire des barbelés: « même perdu dans la masse, le chrétien doit heurter, poser question, devenir objet de scandale car c'est précisément à travers le choc du scandale que commence le véritable apostolat. Et ce christianisme doit être humain... un christianisme qui irradie les ténèbres comme une lumière bienfaisante; un christianisme trempé dans l'acier pour un siècle de fer, un christianisme capable de flamboyer en notre temps d'énergie atomique...
     Notre idéal, être enfants de notre siècle, réconcilier en nous l'église et le monde moderne.. ».« Des saints qui se conforment eux-mêmes à cette vocation et qui transmutent en vertu l'air du temps. Des saints qui, s'ils renoncent à l'amour humain, savent à quoi ils renoncent... Des saints qui n'aient pas
peur des catastrophes ni des révolutions mais savent tirés profit de tout et qui tendent de tout leur être vers le second avènement du Sauveur.
     Des saints qui concilient l'attachement à leur patrie charnelle avec l'amour de l'humanité, par delà les frontières des nations, des empires, des races et des classes ». « C'est l'appel à la sainteté que nous jette la providence par la voix de l'histoire. Il importe de le suivre... »
     Avec mon frère dans l'épiscopat Hans-Josef Becker, archevêque de Paderborn, je prie et vous invite à prier: « Accompagne-nous et les  dirigeants de notre Église dans tous leurs efforts en vue d'élever Ton serviteur Franz Stock en tant qu'apôtre de la miséricorde et messager de Ta paix à la gloire des autels, afin que la lumière de son témoignage de foi brille parmi nous et puisse devenir une source de force pourbeaucoup d'hommes ».
AMEN

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