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Méditation du Père R. Cantalamessa. Vendredi Saint 2011 -Basilique Saint-Pierre

Publiée le 22-04-2011

intégralité de la Méditation du Père Raniero Cantalamessa

    "Comment avoir le courage de parler de l'amour de Dieu, alors que se déroulent sous nos yeux tant de tragédies humaines, comme la catastrophe qui s'est abattue sur le Japon, ou les hécatombes en mer des dernières semaines? Ne pas en parler du tout ? Mais garder totalement le silence serait trahir la foi et ignorer le sens du mystère que nous célébrons.
 

     Après Jésus, ceux qui ont « rendu leur beau témoignage » et qui « ont bu le calice » sont les martyrs ! Les récits de leur mort s'intitulaient au début « passio », passion, comme celui des souffrances de Jésus, que nous venons tout juste d'entendre. Le monde chrétien est revisité par l'épreuve du martyre que l'on pensait révolue avec la chute des régimes totalitaires athées. On ne peut passer sous silence leur témoignage. Les premiers chrétiens honoraient leurs martyrs. Les actions de leur martyre étaient lues et diffusées dans l'Eglise avec un immense respect. Aujourd'hui même, en ce Vendredi Saint 2011, dans un grand pays d'Asie, les chrétiens ont prié et marché en silence dans les rues pour conjurer la menace qui plane sur eux.

     Il y a une chose qui distingue les actes authentiques des martyrs de ceux légendaires, forgés sur le papier après la fin des persécutions. Dans les premiers, il n'y a pour ainsi dire pas trace de polémique contre les persécuteurs ; l'attention tout entière est concentrée sur l'héroïsme des martyrs, non sur la perversité des juges et des bourreaux. Saint Cyprien ira jusqu'à ordonner aux siens de donner vingt-cinq monnaies d'or au bourreau qui lui tranchera la tête. Ils sont les disciples de celui qui est mort en disant : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ». « Le sang de Jésus – nous rappelle le Saint-Père dans son dernier livre – parle un autre langage que celui d'Abel (cf. He 12, 24) : il n'exige ni vengeance ni punition, mais il est réconciliation ».

     De même, le monde s'incline devant les témoins modernes de la foi. Ainsi s'explique le succès inattendu en France du film « Des hommes et des dieux », qui relate l'histoire des sept moines cisterciens massacrés à Tibhirine en mars 1996. Et comment ne pas être admiratifs des paroles écrites dans son testament par Shahbaz Bhatti, homme politique catholique tué pour sa foi, le mois dernier ? Son testament nous est laissé à nous aussi, ses frères dans la foi, et ce serait de l'ingratitude de le laisser vite tomber dans l'oubli.

     « De hautes responsabilités au gouvernement - écrivait-il - m'ont été proposées et on m'a demandé d'abandonner ma bataille, mais j'ai toujours refusé, même si je sais que je risque ma vie. Je ne cherche pas la popularité, je ne veux pas de positions de pouvoir. Je veux seulement une place aux pieds de Jésus. Je veux que ma vie, mon caractère, mes actions parlent pour moi et disent que je suis en train de suivre Jésus-Christ. Ce désir est si fort en moi que je me considérerai comme un privilégié si – dans mon effort et dans cette bataille qui est la mienne pour aider les nécessiteux, les pauvres, les chrétiens persécutés du Pakistan – Jésus voulait accepter le sacrifice de ma vie. Je veux vivre pour le Christ et pour Lui je veux mourir ».

 

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