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Merci Odile

Publiée le 11-01-2022

    Article à paraître dans l'Evangile de la Vie du 2 février 2022

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     Le 28 décembre, l’Eglise tourne son regard vers les Saints Innocents. Elle fête, à quelques heures de la naissance sur terre de Jésus, les saints Innocents, ces enfants qu’Hérode a fait tuer par haine, par peur de perdre son pouvoir. Chaque année, nous aimons prier pour les Saints Innocents d’hier et d’aujourd’hui, demandant pardon pour les avortements commis, mais aussi pour ces manipulations génétiques qui utilisent des enfants avortés ; demandant la conversion des Hérode d’aujourd’hui. Le Pape François, dans son enseignement, a souvent parlé des Hérode de notre temps. 

    

 

     C’est cette Nuit des Saints Innocents 2021 que Dieu a choisie pour faire entrer dans la Vie, une belle âme, celle d’Odile Guinnepain, infirmière. Odile avait offert toute sa vie à travers sa foi et son métier, pour que la vie humaine soit aimée, accueillie, respectée, défendue, protégée. Son séjour à Calcutta auprès des Soeurs de Mère teresa, l'a profondément marqué. Elue dans le Conseil municipal de sa commune, fondatrice des « Serviteurs et priants pour la vie », en 2004, inspirée par l’engagement de Mère Teresa ; fondatrice de « Nos mains ne tueront pas ». En 2009, elle fonde un cabinet infirmier spécialisé dans l’accompagnement des personnes en fin de vie. Elle était depuis un an, présidente de l’association Choisir la Vie. Odile Guinnepain est l’auteur d’un livre « Jusqu’à nos derniers jours », paru en  2010. Elle était amie de l’Evangile de la Vie, depuis plus de 20 ans, elle est intervenue plusieurs fois à des journées de formation. Son dernier article paru dans l’Evangile de la Vie était sur « la vocation de toute femme à la maternité », dans le numéro du 8 décembre 2021. 

    Odile avait une grande soif de vérité sur la personne humaine, don de Dieu, sur l’accueil et la protection de la vie de chaque personne humaine, tant à la conception de l’enfant et sa naissance, jusqu’au soir de la vie, pour cela, il lui était impossible de conformer son jugement, son service, ses choix, suivant les critères du monde. Sa foi en Jésus Voie, vérité Vie, guidait chaque pas de sa vie. Habitait chaque battement de son c½ur.  

 

     Ceci n’était pas toujours compris et apprécié, mais sa cohérence, son unité intérieure qui a guidé ses pas, offrait à qui s’adressait à elle, d’avoir un roc sur lequel on pouvait compter, s’appuyer. Elle savait le prix à payer de ceux qui cherchent à vivre dans la Lumière, sans compromis avec les mensonges du monde. A l’automne dernier encore, on lui demandait de mettre ses convictions de côté, pour conserver un travail. Nous en avons parlé ensemble. Mais pour elle, Jésus n’est pas une conviction. La personne malade n’est pas une conviction, ni un concept. Sa foi et sa compétence reconnue dans son métier, étaient inséparables. Elle avait conscience que suivre Jésus pouvait l’entrainer à être mise de côté. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que cette mise à l’écart lui était imposée. Ce qui la rendait encore plus proche de la solitude vécue par Jésus. C ’est une réalité de la foi qu’elle méditait souvent. Cette réalité de la solitude qu’elle comprenait « du dedans » lui amenait à recevoir d’innombrables confidences de la part de tant de personnes. C’est peut-être une grâce que Dieu a permise en Odile,  de vivre avec humilité et simplicité, en recevant de Lui une force intérieure dans l’écoute. Combien de femmes, souvent isolées ont confié leur détresse à Odile au moment d’une grossesse. Combien d’enfants sauvés grâce à cette écoute bienveillante. Combien de larmes essuyées ! 

       Au fur et à mesure des années, Odile a beaucoup approché la douleur, la souffrance, la mort, chez tant de personnes, de patients, à travers son métier d’infirmière, mais aussi à travers les heures qu’elle donnait sans compter pour ne pas laisser une personne mourir dans la solitude. Elle était demandée et attendue. Elle étudiait et cherchait les meilleures techniques possibles pour soulager le corps afin de conduire la personne accompagnée à éveiller en elle, réveiller en elle ce lien si profond, si présent d’être une créature aimée de Dieu. Peu importe ce que quelqu’un a pu vivre dans sa vie, « laisse-toi simplement aimer », aimait–elle dire avec un ton de voix qui ne pouvait qu’ouvrir l’âme même la plus désolée, à la puissance transformatrice de l’Amour de Dieu. (Cf Ps 64,3-4) 

     Elle prodiguait aux personnes engagées dans les soins de précieux conseils d’excellence, tant techniques, que pour ce qui relève du doigté de l’âme d’un soignant envers un patient dans l’exercice de son métier. Plus la personne souffrait et pouvait exprimer sa douleur et sa souffrance, plus elle était saisie par le cri intérieur de l’âme du patient, de la personne malade . Elle traduisait alors dans les gestes des soins, dans les regards, le toucher, l’expression d’être la main de Celui qui soigne et qui guérit, Jésus. Elle ne gardait rien pour elle, des innombrables confidences reçues des personnes malades qu’elle pouvait accompagner, soigner. Elle les déposait dans le chapelet de la Miséricorde Divine, appelant la Bénédiction de Dieu sur chaque âme et sur chaque famille. Combien de familles ont été réconciliées et ont vécu des pardons grâce à sa délicatesse d’âme ! Car ce qui préoccupait Odile, c’était bien entendu que le corps soit soulagé, soigné, qu’il ne manque rien jusque dans des détails très concrets pour faciliter la vie quotidienne tant de la personne malade que de se sa famille. Mais elle vivait aussi son métier comme étant un passeur, soucieuse du salut des âmes.  

 

    On voyait combien la Miséricorde Divine a façonné son âme et pétri son âme.  Elle voyait la personne même de Jésus en chaque personne en détresse ou qui souffrait, qui portait un poids physique, moral, psychique ou spirituel. « Ce que vous aurez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait ». La Miséricorde Divine pétrissait ses entrailles de femme, d’infirmière. Cela s’exprimait  par une délicatesse dans la présence gratuite auprès des personnes, en gestes pour soulager la souffrance, la douleur. Passer de la désespérance à l’Espérance. Au plus intime de son âme, elle déposait sur la patène ces souffrances rencontrées. 

     Lorsqu’une âme arrive à maturité, elle n’a plus de temps à perdre sur terre. Ainsi, la Sainte Vierge est venue cueillir un beau lys dans le Jardin de l’Eglise, dans la nuit des Saints Innocents 2021. J’imagine Odile arriver au Paradis accompagnée de la Sainte Vierge, qu’elle aimait tant, pour la mener vers la Porte. Dans les couloirs avant de franchir la Porte d’entrée, elle voit des tables tout le long, avec des « dossiers » qui attendent. Elle en reconnaît certains. Je l’imagine mettre un tampon sur bien des dossiers. Lorsque Jésus s’en aperçoit, c’est trop tard : Ils sont exaucés !  Il pense alors que c’est « encore ma Mère qui a fait cela ». Et Notre-Dame de lui répondre : « Ne vois-tu pas combien tu as fait briller en elle ton Visage ? » (Cf Nombres 6) 

     Ainsi en est-il de la Communion des Saints, magnifique réalité que nous vivons dans l’Eglise. Depuis le 28 décembre, bien des personnes confient à l’intercession d’Odile des « dossiers », des intentions : des enfants à naître, des familles où l’enfant tarde à venir, d’autres où l’épreuve de la fausse couche est bien présente, le personnel médical, des personnes au soir de leur vie, des pardons attendus… sûrs que la Miséricorde Divine qui se reflétait sur le visage d’Odile à travers son humilité, son sourire, saura nous exaucer. 

     La vie donnée et offerte d’Odile éveillera en bien des jeunes le choix, la confiance et la joie de s’engager dans la voix de servir l’Evangile avec compétence et excellence, à travers un métier médical. L’Eglise attend, le monde attend que vous vous leviez nombreux, et vous engagiez comme médecins, infirmières, sages-femmes, chercheurs…

     Vendredi 31 décembre, 500 personnes participent à son enterrement. 10 prêtres dont le Père Abbé de Fontgombault sont présents. La Messe est célébrée par son frère prêtre.

     Du Ciel, Odile Guinnepain, demeure une bonne conseillère ! 

     Merci Odile. Merci. 

 

Abbé Lelièvre

 

 

 

 

 

 


 

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