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Pauline Jaricot

Publiée le 28-05-2020

LETTRE DE JEAN PAUL II  À L’ARCHEVÊQUE DE LYON
À L’OCCASION DES CÉLÉBRATIONS POUR LE BICENTENAIRE
DE LA NAISSANCE DE LA PROMOTRICE
DE L’OEUVRE POUR LA PROPAGANDE DE LA FOI

(14 septembre 1999)

 

A Monseigneur Louis-Marie Billé,
Archevêque de Lyon
Président de la Conférence des Evêques de France1. Le bicentenaire de la naissance de la Vénérable Pauline-Marie Jaricot, célébré du 17 au 19 septembre 1999, à Lyon et à Paris, me donne l’occasion de m’unir profondément à la prière et à l’action de grâce de l’Eglise en France, notamment de votre archidiocèse, ainsi qu’à celles du Cardinal Jozef Tomko, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, qui par sa présence manifeste l’attention et l’attachement de l’Eglise universelle à l’oeuvre de l’humble lyonnaise. C’est en effet de Lyon, où elle est née et où elle a toujours vécu, que Pauline-Marie Jaricot lança l’OEuvre de la Propagation de la Foi à laquelle son nom reste attaché. J’adresse un cordial salut à tous ceux qui se réunissent en cette heureuse circonstance pour rendre hommage à cette authentique fille de l’Eglise, qui se consacra entièrement à l’essor missionnaire de toute l’Eglise.

Comme le Pape Léon XIII l’écrivait à Julia Maurin le 13 juin 1881, « par sa foi, sa confiance, sa force d’âme, sa douceur et l’acceptation sereine de toutes les croix », Pauline se montra vraie disciple du Christ. Afin de poursuivre l’oeuvre entreprise par elle pour répandre l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre, j’encourage les catholiques de France à connaître davantage cette vocation exceptionnelle qui embellit une longue tradition de témoins du Christ, remontant aux martyrs de Lyon et à saint Irénée.

2. Cette commémoration permet de rappeler opportunément l’actualité du message et de l’action de Pauline. Très tôt, avec des intuitions simples et pratiques, elle amorça une oeuvre qui n’a cessé de croître partout dans le monde. Parce qu’elle s’était laissée toucher par les pauvres et par la misère de ceux qui ne connaissent pas Dieu, Pauline avait créé une collecte pour l’activité missionnaire de l’Eglise, demandant à chacun un sacrifice qui contribue à nous unir à Dieu (cf. S. Augustin, De la cité de Dieu 10, 6) et qui est, comme le disait saint Irénée, le signe véritable de « la communion à l’égard du prochain » (Contre les Hérésies 4, 18, 3), signe aussi du partage et de la solidarité entre frères; elle manifestait ainsi sa passion pour un apostolat universel et elle répondait au dessein du Christ de sauver tout homme:  « Donner la lumière de l’Evangile et la grâce de la Rédemption aux foules qui ne les ont pas encore reçues ou les rendre à celles qui les ont perdues:  telle a été son ambition, immense comme celle du Christ lui-même », selon les mots même de Mgr Jean Lavarenne, prêtre de Lyon qui fut Président du Conseil central de la Propagation de la Foi.

3. Outre ce souci de la mission ad gentes, elle s’employa à évangéliser les milieux ouvriers de sa région, percevant bien les difficultés de leur condition. Elle chercha à mettre en place un projet social fondé sur les valeurs chrétiennes, pour instaurer la justice dans le monde du travail. Sa tentative échoua sur le moment, mais préparait mystérieusement un renouveau dans l’engagement social de l’Eglise qui sera développé dans l’Encyclique de Léon XIII Rerum novarum. Avec « l’oeuvre des ouvriers », elle connut l’humiliation au cours des dernières années de sa vie. La vocation laïque de Pauline la conduisit aussi à prendre d’autres engagements apostoliques et à porter également le souci des « frères séparés ».

4. Comme l’attestent les nombreux cahiers qu’elle a laissés, c’est dans une profonde et intense vie spirituelle qu’elle trouvait son énergie pour la mission. Sa grande initiative de prière, le « Rosaire vivant », révèle son amour pour la Vierge Marie, qui l’a poussée à venir habiter à l’ombre de la basilique Notre-Dame de Fourvière. Sa vie quotidienne était illuminée par l’Eucharistie et par l’adoration du Saint-Sacrement. Très tôt, elle manifesta son désir de devenir une « Eucharistie vivante », d’être remplie de la vie du Christ et de s’unir profondément à son sacrifice, vivant ainsi deux dimensions inséparables du mystère de l’Eucharistie:  l’action de grâce et la réparation. C’est ce qui a fait dire au Curé d’Ars:  « Je connais quelqu’un qui a beaucoup de croix et de très lourdes, et qui les porte avec un grand amour, c’est Mademoiselle Jaricot ». Sa spiritualité est marquée par son désir d’imiter le Christ en toutes choses.

5. Mettre en évidence cette figure marquée très tôt par une volonté inouïe d’entreprendre doit stimuler l’amour de l’Eucharistie, la vie d’oraison et l’activité missionnaire de toute l’Eglise dont la fin propre est de s’unir au Sauveur, de le faire connaître et d’attirer à Lui tous les hommes. Le témoignage de Pauline nous rappelle que la « mission est un problème de foi » (Encyclique Redemptoris missio, n. 11).

Soucieuse de l’extension de l’Eglise sur tous les continents comme dans son entourage, elle a insufflé en son temps un fort élan missionnaire. En se mettant à l’école de Pauline, l’Eglise doit trouver un encouragement pour affermir sa foi, qui ouvre à l’amour des frères, et poursuivre sa tradition missionnaire, sous les formes les plus variées. Dans cette perspective, j’invite les communautés locales à promouvoir l’esprit missionnaire, l’essor de la coopération ainsi que l’échange permanent de dons, qui est une ouverture à l’universalité de l’Eglise (cf. Instruction de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples Cooperatio missionalis, nn. 5; 20). Les communautés qui donnent et celles qui reçoivent seront pareillement comblées de grâce par le Seigneur.

Je salue tous ceux et celles qui ont accepté de devenir missionnaires fidei donum; je rends grâce pour les communautés qui les ont envoyés et pour celles qui les ont reçus. Je me réjouis des efforts qui sont fait par les Eglises pour accueillir des jeunes issus des Eglises de fondation récente, prêtres, religieux, religieuses, séminaristes ou laïcs, leur permettant d’acquérir une formation humaine, spirituelle, philosophique et théologique, afin de repartir dans leur pays et de traduire dans leur culture d’origine ce qu’ils ont appris ailleurs.

J’appelle aussi l’ensemble de l’Eglise à un partage toujours plus fort avec les communautés et avec tous les hommes qui manquent du nécessaire; par ce geste, les disciples du Christ révèlent à leurs frères comme en un miroir le visage de tendresse et d’amour de notre Père des Cieux (cf. S. Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, 4, 9).

Je vous prie, Monseigneur, d’être mon interprète auprès de tous ceux qui, à Lyon et à Paris, travaillent pour les Oeuvres Pontificales Missionnaires, et de leur transmettre l’expression de ma reconnaissance de Pasteur universel, ainsi que mes encouragements dans leur action généreuse, les invitant à une collaboration toujours plus étroite par amour pour le Christ et pour son Eglise. En prenant plus particulièrement soin des Eglises dites de mission, que cette institution demeure pour les baptisés un phare qui oriente leur engagement missionnaire, redisant la nécessité de « réaffirmer la priorité du don de soi total et perpétuel à l’oeuvre des missions » (Redemptoris missio, n. 79)! Puisse-t-elle redire sans cesse le cri de saint Paul:  « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile » (1 Co 9, 16)!

Je salue aussi chaleureusement toutes les personnes qui, dans votre pays et à travers le monde, font partie de ce réseau missionnaire de solidarité fraternelle, avec humilité et discrétion.
Pauline Jaricot nous invite à une attention renouvelée envers les pauvres et à un amour sans cesse approfondi à leur égard. Nous sommes appelés à partager ce que nous avons reçu. Comme Pauline l’a montré, la mission est l’affaire de tous les baptisés, car chacun peut être, selon ses termes modestes, « l’allumette qui allume le feu ». L’embrasement de son apostolat tenait à son souci de ne pas agir seule; son intelligence pratique la conduisait à toujours personnaliser son action,  à  impliquer ses proches, constituant de grands rameaux de solidarité et de prière.

6. A l’approche du grand Jubilé de l’An 2000, l’Eglise est appelée à un engagement missionnaire renouvelé, sur les traces de tous ceux qui, au long des siècles, ont su annoncer la Bonne Nouvelle du Ressuscité, par leur parole, par leur vie exemplaire et par des actes concrets de solidarité.

En vous confiant à l’intercession de Notre-Dame de Fourvière, de sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions, et des saints missionnaires, je vous accorde de grand coeur  la Bénédiction apostolique, ainsi qu’au Cardinal Jozef Tomko, à toutes les personnes qui, à Paris et à Lyon, participent aux célébrations commémoratives et à toutes celles qui à travers le monde apportent leur contribution à la mission de l’Eglise par l’intermédiaire des OEuvres pontificales missionnaires.

A Castel Gandolfo, le 14 septembre 1999.

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