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L'option en faveur de la vie ne se fera pas sans Dieu

Publiée le 15-02-2018

Méditation de Benoit XVI avec les prêtres du diocèse de Rome, le 2 mars 2006

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     Hier, nous sommes entrés en Carême. La liturgie d'aujourd'hui nous offre une profonde indication de la signification essentielle du Carême: il s'agit d'un indicateur sur le chemin de notre vie. C'est pourquoi il me semble - je parle en me référant au Pape Jean-Paul II - que nous devons insister un peu sur la première Lecture de la journée d'aujourd'hui. Le grand discours de Moïse au seuil de la Terre Sainte, après un pèlerinage de quarante ans dans le désert, est un résumé de toute la Torah, de toute la Loi. Nous trouvons ici l'essentiel non seulement pour le peuple juif, mais également pour nous. Cet élément essentiel est la parole de Dieu: "Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction; choisis donc la vie" (Dt 30, 19). Cette parole fondamentale du Carême est également la parole fondamentale de l'héritage de notre grand Pape Jean-Paul II : choisir la vie. Telle est notre vocation sacerdotale : choisir nous aussi la vie et aider les autres à choisir la vie. Il s'agit de renouveler pendant le Carême notre "option fondamentale", pour ainsi dire, l'option pour la vie.

     Mais une question se pose immédiatement: comment choisit-on la vie? Comment fait-on? En réfléchissant, il m'est venu à l'esprit que la grande défection du christianisme qu'a vécue l'Occident au cours des cent dernières années a été réalisée précisément au nom de l'option pour la vie. Il a été dit - je pense à Nietzsche, mais également à tant d'autres - que le christianisme est une option contre la vie. A travers la Croix, à travers tous les commandements, à travers tous les "Non" qu'il nous propose, il nous ferme la porte de la vie. Mais nous, nous voulons avoir la vie, et nous choisissons, nous optons, finalement, pour la vie en nous libérant de la Croix, en nous libérant de tous ces commandements et de tous ces "non". Nous voulons avoir la vie en abondance, rien d'autre que la vie. Ici vient immédiatement en mémoire la parole de l'Evangile d'aujourd'hui: "Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera" (Lc 9, 24). Tel est le paradoxe que nous devons avant tout garder en mémoire dans l'option pour la vie. Ce n'est pas en nous arrogeant la vie pour nous-mêmes, mais seulement en donnant la vie, ce n'est pas en la possédant et en la prenant, mais en la donnant, que nous pouvons la trouver. Tel est le sens ultime de la Croix: ne pas garder pour soi, mais donner la vie.

 

     Ainsi, Nouveau et Ancien Testament vont de pair. Dans la première Lecture du Deutéronome, la réponse de Dieu est: "Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu, que je te prescris aujourd'hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras" (30, 16). A première vue, cela ne nous plaît pas, mais telle est la voie: l'option pour la vie et l'option pour Dieu sont identiques. Le Seigneur le dit dans l'Evangile de saint Jean: "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent" (Jn 17, 3). La vie humaine est une relation. Ce n'est qu'au sein d'une relation, et non pas fermés sur nous-mêmes, que nous pouvons avoir la vie. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, sinon les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu, donc: tel est l'essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu, perd la vie et tombe dans une culture de la mort. Choisir la vie, faire le choix de la vie, signifie donc avant tout choisir l'option-relation avec Dieu. Mais ici, naît aussitôt la question: avec quel Dieu? Ici, à nouveau, l'Evangile nous vient en aide: avec ce Dieu qui nous a montré son visage dans le Christ, avec le Dieu qui a vaincu la haine sur la Croix, c'est-à-dire dans l'amour jusqu'à la fin. Ainsi, en choisissant ce Dieu, nous choisissons la vie.

     Le Pape Jean-Paul II nous a donné la grande Encyclique Evangelium vitae. Dans celle-ci - qui est en quelque sorte un tour d'horizon des problèmes de la culture actuelle, de ses espérances et de ses dangers - il apparaît de façon visible qu'une société qui oublie Dieu, qui exclut Dieu, précisément pour avoir la vie, tombe dans une culture de la mort. C'est précisément en voulant avoir la vie que l'on dit "non" à l'enfant, car il ôte quelque chose à ma vie; on dit "non" à l'avenir, pour avoir tout le présent; on dit "non" tant à la vie qui naît qu'à la vie qui souffre, qui va vers la mort. Cette apparente culture de la vie devient l'anti-culture de la mort, dans laquelle Dieu est absent, dans laquelle est absent le Dieu qui n'ordonne pas la haine, mais qui vainc la haine. Ici, nous faisons le choix véritable de la vie. Tout est alors lié: l'option la plus profonde pour le Christ crucifié avec l'option la plus totale pour la vie, du premier au dernier moment.

     Cela me semble, d'une certaine façon, également le centre de notre pastorale: aider à faire un véritable choix pour la vie, renouveler la relation avec Dieu comme la relation qui nous donne la vie et nous indique la voie vers la vie. Et ainsi, aimer à nouveau le Christ qui, de l'Etre le plus inconnu auquel nous n'arrivions pas et qui demeurait énigmatique, est devenu un Dieu connu, un Dieu au visage humain, un Dieu qui est amour. Nous gardons précisément à l'esprit ce point fondamental pour la vie et nous considérons que dans ce programme est présent tout l'Evangile, de l'Ancien au Nouveau Testament, qui a comme centre le Christ. Le Carême, pour nous aussi, devrait être un temps pour renouveler notre connaissance de Dieu, notre amitié avec Jésus, pour être ainsi capables de guider les autres de façon convaincante à l'option pour la vie, qui est avant tout une option pour Dieu. Il faut qu'il nous apparaisse clairement qu'en choisissant le Christ, nous n'avons pas choisi la négation de la vie, mais nous avons réellement choisi la vie en abondance.

     L'option chrétienne est, au fond, très simple: il s'agit de l'option du "oui" à la vie. Mais ce "oui" ne se réalise qu'avec un Dieu qui n'est pas inconnu, avec un Dieu au visage humain. Il se réalise en suivant ce Dieu dans la communion de l'amour. Ce que j'ai dit jusqu'à présent veut être une façon de renouveler notre souvenir à l'égard du grand Pape Jean-Paul II.

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