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Déclaration sur la dignité de la personne humaine, par Mgr Hervé Giraud, Evêque de Soissons

Publiée le 09-02-2011

Communiqué en intégralité publié sur le site du diocèse de Soissons.

      La Déclaration universelle des droits de l´homme, adoptée le 10 décembre 1948, indiquait
dans son préambule « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine ». Quelques années plus tard le Concile Vatican II votait une déclaration sur la liberté religieuse qui commençait par les mots « Dignitatis humanæ » : « La dignité de la personne humaine est, en notre temps, l'objet d'une conscience toujours plus vive ». La dernière instruction de l'Église catholique « Dignitas personae », datée du 8 septembre 2008 et concernant des questions de bioéthique, commence elle aussi par ce mot à la fois simple et controversé, et qui sera répété 31 fois : dignité. Pour nos contemporains, ce mot est souvent utilisé pour la fin de vie : il s'agit, en effet, de respecter jusqu'à la mort la dignité de chaque personne. Mais la notion de « dignité » est souvent mal définie, voir détournée. Nous revient-il de dire à quelqu'un que sa vie n'est plus digne d'être vécue parce que lui-même l'exprime ainsi ? Aurait-il perdu sa dignité au moment même où il exprime un appel à l'aide en affirmant avoir perdu celle-ci ?

      Dans sa dernière instruction, l'Église catholique n'entend pas appréhender la question de la fin de vie. Mais c'est toujours de la dignité humaine dont il s'agit. Face aux avancées rapides des nouvelles technologies biomédicales, l'Église énonce sa conception de la personne, ses « oui » et ses « non » qui expriment un grand oui à la reconnaissance de la dignité de chaque être humain. Elle vise de ce fait la formation des consciences et souhaite des débats de société. Elle réfléchit avec une raison droite et avec un regard plein de confiance dans la vie qui vaincra. Elle ne prétend pas avoir une réponse à tout (par exemple sur les thérapies géniques somatiques ou le destin des embryons congelés), mais elle interpelle vivement nos pratiques quand elle constate la situation d'injustice faite aux embryons congelés, situation irréparable qui exige que soit arrêtée la production d'embryons humains.

      En tout cela l'Église demande le respect d'un principe fondamental : « La dignité de la
personne humaine doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle ». Dans sa précédente instruction (Donum vitæ) l'Église avait introduit un principe éthique : « L'être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception », mais elle n'avait pas voulu s'engager sur une affirmation de nature philosophique. Sans affirmer que « l'embryon humain est une personne », l'Église posa alors la question (à charge aux autres de répondre) : « comment un individu humain ne serait-il pas une personne humaine ? » Ici, l'Église fait un pas de plus. Elle ne dit toujours pas qu'un embryon humain est une personne humaine, mais elle lui reconnaît « dès le commencement la dignité propre à la personne ». Autrement dit, il ne dépend pas de nous de faire une discrimination volontaire entre les embryons. Il en va de tous les droits de la personne et du respect de chacun dans la vie sociale. « La dignité appartient de façon égale à chaque être humain et ne dépend ni du projet parental, ni de la condition sociale ou de la formation culturelle, ni du stade de la croissance physique ». « Par le seul fait qu'il existe, chaque être humain doit être pleinement respecté ».

      Pour arriver à ses conclusions, l'Église s'appuie tant sur la lumière de raison que sur la foi. Mais elle affirme aussi que, par la raison, tous les hommes peuvent reconnaître cette dignité. Tout au long de l'histoire de l'humanité, au nom de la promotion de la dignité humaine, des mesures ont été prises contre les diverses formes de racisme et d'esclavage, contre les discriminations injustes et la marginalisation des femmes, des enfants, des malades ou des personnes gravement handicapées.

      L'instruction conclut alors par une citation de Jean-Paul II : « Il y a un siècle, c'était la classe ouvrière qui était brimée dans ses droits fondamentaux, et l'Église avec beaucoup de courage a pris sa défense, en proclamant les droits sacro-saints de la personne du travailleur. De même, lorsqu'une autre catégorie de personnes est aujourd'hui opprimée dans son droit fondamental à la vie, l'Église ressent le devoir de donner sa voix avec le même courage aux sans-voix. Sa voix est toujours un cri évangélique en faveur de la défense des pauvres du monde, de ceux qui sont menacés, méprisés et opprimés dans leurs droits humains » (DP 37). Il en va de l'avenir de l'humanité, cette humanité qu'a prise le Fils de Dieu. Le Christ n'a pas dédaigné le corps ; il en a pleinement révélé le sens et la valeur.


     « En prenant notre humanité le Fils de Dieu a confirmé la dignité de l'être humain » depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle.
 

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