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Rameaux : Homélie du Père Abbé de Fontgombault

Publiée le 05-04-2020

Chers Frères et Soeurs,
Mes très chers Fils,

      Voici que s’ouvre le chemin de la Semaine Sainte, une
semaine douloureuse, à l’image des temps d’épidémie
que nous traversons. Pour les cérémonies, les portes des églises,
les portes des maisons aussi resteront fermées.
 

     Que le Seigneur vienne nous visiter comme il le fit pour ses
disciples après sa Résurrection, « januis clausis – les portes
fermées. » Lui se joue des portes fermées, si les portes des
coeurs lui sont ouvertes. Loin des églises, ravivez votre liturgie
familiale par la méditation des textes liturgiques si riches, par le
chapelet, par la pratique d’une vraie charité entre vous. Les
diocèses, les communautés mettent à vos dispositions bien des
outils. Imitez les apôtres avant la Pentecôte : « Tous, d’un
même coeur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec
Marie la mère de Jésus, et avec ses frères. » (Act 1,14) Le pape
Pie XII disait : « Une famille qui prie est une famille qui vit »

et saint Jean-Paul II : « Une famille unie dans la prière, reste
unie ».
     Dès ce matin, la Messe, et en particulier les lectures, nous
plongent dans le mystère pascal : mort et résurrection du
Seigneur. La foule hostile réclame la libération de Barabbas et
obtient la crucifixion de celui qu’elle avait acclamé quelques
jours plus tôt comme Fils de David, Roi d’Israël, le Béni venant
au nom du Seigneur.
     Barabbas relâché manifeste, bien involontairement, l’effet de
la rédemption accomplie par le Christ : par sa mort, le coupable
est libéré. Mais la foule qui demande la libération de ce
criminel se trompe d’interlocuteur. Ce n’est pas à Pilate, le
gouverneur romain, qu’elle devrait s’adresser, mais à Dieu,
source de tout pouvoir authentique. Pilate, en se lavant les
mains, se fait, comme la foule, complice d’un geste en luimême
inique, et qui cependant coopère au plan de Dieu.
     Au seuil de cette semaine, nous pouvons faire un examen de
conscience, afin de reconnaître à la fois notre condition de créatures
coupables, et la réalité de ce salut que le Seigneur nous a
obtenu si souvent. Vivons-nous pour autant comme des êtres
sauvés au prix de son Sang ? Ne sommes-nous pas responsables
de ce que notre monde s’est détourné de Dieu ? Croyons-nous
même avoir besoin d’un sauveur ?
     Saint Paul nous a recommandé d’avoir les dispositions qui
sont dans le Christ Jésus. Au commencement de sa lettre, il
avait encouragé ainsi les Philippiens : « Celui qui a commencé
en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement,
au jour où viendra le Christ Jésus. » (Ph 1, 6) Et il poursuivait :
« Soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans
mon corps. En effet pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est
un avantage. » (Ph 1,20-21)

     Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. Le souvenir de
la Pâque du Christ, de son passage de la mort à la vie, nous
mène à notre propre pâque, ce passage qui doit être fait à la
suite du Christ et avec son secours.
     Quelles dispositions devons-nous mettre en oeuvre ? Nous les
connaissons : amour, générosité, humilité, pardon, obéissance à
Dieu, don de soi. Plus radicalement, si nous voulons que notre
vie soit le Christ, c’est tout notre être qui doit se convertir, et
pas seulement notre agir. Osons affronter cette question.
Le Christ obéissant jusqu’à la mort, et la mort ignoble de la
Croix, remet son âme au Père. Le Père lui donne le Nom audessus
de tout nom. Mort et Résurrection du Christ, c’est tout le
mystère pascal. Alors que nous mourrons au péché, la mort du
Christ s’accomplit en nous. Alors que le Christ ressuscite, il
nous ressuscite avec lui.
     En ces jours, prenons du temps, personnellement et en
famille, avec le Crucifié. Demandons les uns pour les autres,
our nos familles, nos communautés, pour notre pays et pour le
monde entier, par l’intercession de Marie au pied de la Croix, la
grâce de vivre une semaine qui soit sainte non seulement par les
événements qui s’y dérouleront, mais surtout par la conversion
durable des coeurs et l’accueil de la grâce pascale.
     En ces jours sombres mais porteurs d’espérance, un monde
vieilli s’en va. Que surgisse dans le Christ un monde renouvelé.
Amen

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