Benoît XVI de A à Z

Ecoute - Ecouter - Entendre

2007



9 mai 2007 - Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.
Dans toutes les parties de la terre, il existe de très nombreuses personnes qui ne veulent pas écouter ce que dit l'Eglise. Espérons au moins qu'elles entendent; ensuite, elles peuvent toujours ne pas être d'accord, mais il est important qu'au moins elles écoutent pour pouvoir répondre. Nous nous efforçons également de convaincre ceux qui ne sont pas d'accord et qui ne veulent pas entendre. Nous ne pouvons pas oublier par ailleurs que notre Seigneur non plus n'a pas réussi à se faire entendre de tous.



11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran
Aujourd'hui, alors que l'isolement et la solitude sont une condition diffuse, à laquelle le bruit et le conformisme de groupe n'apportent pas de réel remède, l'accompagnement personnel, qui donne à la personne qui grandit la certitude d'être aimé, compris et écouté, devient décisif.



17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
Nous avons entendu répéter dans le chant que saint François a entendu la voix. Il a entendu dans son cœur la voix du Christ et que se passe-t-il? Il se passe qu'il doit se mettre au service de ses frères, surtout de ceux qui souffrent le plus. Telle est la conséquence de cette première rencontre avec la voix du Christ. Ce matin, en passant par Rivortorto, j'ai regardé le lieu où, selon la tradition, étaient rassemblés les lépreux, les derniers, les marginalisés, à l'égard desquels François éprouvait un sentiment irrésistible de répulsion. Touché par la grâce, il leur ouvrit son cœur. Et il le fit non seulement à travers un geste d'aumône empli de charité, car cela était trop peu, mais également en les embrassant et en les servant. Lui-même confesse que ce qui lui était auparavant amer devint pour lui "douceur d'âme et de corps" (2 Test 3: FF 110).

La grâce commençait donc à former François. Il devint toujours plus capable de fixer son regard sur le visage du Christ et d'écouter sa voix. Ce fut à ce moment-là que le Crucifié de saint Damien lui adressa la parole, en l'appelant à une mission audacieuse: "Va François, répare ma maison qui, comme tu le vois, tombe en ruine" (2 Cel I, 6, 10: FF 593). En m'arrêtant ce matin à Saint-Damien, puis dans la Basilique Sainte-Claire, où l'on conserve le Crucifix original qui parla à saint François, j'ai fixé moi aussi mon regard dans les yeux du Christ. C'est l'image du Christ Crucifié-Ressuscité, vie de l'Eglise, qui parle également en nous si nous sommes attentifs, tout comme il y a deux mille ans, il parla à ses apôtres, et il y a huit cents ans, il parla à François. L'Eglise vit continuellement de cette rencontre.



24 juillet 2007 - Avec les prêtres du diocèse de Belluno
D.: Je m'appelle Dom Samuele. Nous assistons toujours plus à une augmentation considérable de situations de personnes divorcées qui se remarient, vivent ensemble et nous demandent à nous, prêtres, de les aider dans leur vie spirituelle. Ce sont des personnes qui portent souvent en elles la douloureuse demande d'accéder aux sacrements. Il s'agit de réalités qui exigent de nous une confrontation et également un partage des souffrances qu'elles comportent. Très Saint-Père, je vous demande au moyen de quels comportements humains, spirituels et pastoraux nous pouvons unir miséricorde et vérité. Merci.

R.: C'est vrai, il s'agit d'un problème douloureux, et il n'existe certainement pas de recette simple qui puisse le résoudre. Nous souffrons tous de ce problème, car nous connaissons tous des personnes qui sont dans cette situation et nous savons que pour elles, il s'agit d'une douleur et d'une souffrance, car elles veulent rester en pleine communion avec l'Eglise. Ce lien du mariage précédent est un lien qui limite leur participation à la vie de l'Eglise. Que faire? Je dirais qu'un premier point serait naturellement la prévention, pour autant que cela soit possible. La préparation au mariage devient toujours plus fondamentale et nécessaire. Le Droit canonique suppose que l'homme en tant que tel, même sans grande instruction, entende contracter un mariage selon la nature humaine, comme cela est indiqué dans les premiers chapitres de la Genèse. C'est un homme, il est de nature humaine et il sait donc ce que signifie le mariage. Il entend faire ce que lui dicte la nature humaine. C'est sur cette affirmation que se fonde le Droit canonique. C'est une chose qui s'impose d'elle-même: l'homme est homme, la nature est celle-ci et lui dicte cela. Mais aujourd'hui, cet axiome selon lequel l'homme entend faire ce qui est dans sa nature, un mariage unique, fidèle, se transforme en un axiome un peu différent. "Volunt contrahere matrimonium sicut ceteri homines". Ce n'est plus simplement la nature qui parle, mais les "ceteri homines", ce que tous font. Et ce que tous font aujourd'hui n'est plus simplement le mariage naturel selon le Créateur, selon la création. Ce que font les "ceteri homines", est de se marier dans l'idée qu'un jour, le mariage puisse échouer, et que l'on puisse passer ainsi à un deuxième, et à un troisième, puis à un quatrième mariage. Ce modèle, "comme tous le font", devient ainsi un modèle en opposition avec ce que dit la nature. Il devient ainsi normal de se marier, de divorcer, de se remarier et personne ne pense qu'il s'agit d'une chose qui va contre la nature humaine ou tout au moins, on rencontre difficilement quelqu'un qui soit de cet avis. C'est pourquoi pour aider à arriver réellement au mariage, non seulement dans le sens d'Eglise, mais du Créateur, nous devons retrouver la capacité d'écouter la nature. …Redécouvrir derrière ce que tous font ce que nous dit la nature elle-même, qui parle de façon différente de cette habitude moderne. En effet, elle nous invite au mariage pour la vie, dans une fidélité pour la vie, également avec les souffrances que comporte grandir ensemble dans l'amour. C'est pourquoi, les cours de préparation au mariage devraient consister à écouter à nouveau la voix de la nature, du Créateur, redécouvrir derrière tout ce que font les "ceteri homines" ce que nous dit notre être même, au plus profond de nous. Dans cette situation donc, entre ce que tous font et ce que dit notre être, les cours de préparation devraient être un chemin de redécouverte pour apprendre à nouveau ce que nous dit notre être, nous aider à parvenir à une véritable décision sur le mariage selon le Créateur et selon le Rédempteur. Donc, ces cours de préparation pour "se connaître soi-même", pour apprendre la véritable volonté matrimoniale, sont d'une grande importance. Mais la préparation ne suffit pas, car les crises profondes viennent après. C'est la raison pour laquelle un accompagnement permanent pendant les dix premières années au moins, est très important. C'est pourquoi, dans la paroisse, il faut non seulement se soucier des cours de préparation, mais également de la communion sur le chemin qui suit, de l'accompagnement, de l'aide réciproque. Que les prêtres, mais pas seulement eux, également les familles, qui ont déjà traversé une expérience semblable, qui connaissent ces souffrances, ces tentations, soient présents dans les moments de crise. Il est important de garantir la présence d'un réseau de familles qui s'aident et divers mouvements peuvent apporter une grande contribution. La première partie de ma réponse prend en compte la prévention, non seulement dans le sens de préparer, mais d'accompagner, la présence d'un réseau de familles qui apporte une aide dans cette situation moderne, où tout s'oppose à la fidélité à vie. Il faut aider à trouver, à apprendre également à travers la souffrance, cette fidélité. Toutefois, en cas d'échec, c'est-à-dire si les époux ne se montrent pas capables de demeurer fidèles à leur volonté originelle, il reste toujours la question de savoir s'il existait réellement une volonté, dans le sens de sacrement. Et il y a éventuellement le procès de déclaration de nullité. S'il s'agissait d'un vrai mariage et qu'ils ne peuvent donc pas se remarier, la présence permanente de l'Eglise aide ces personnes à supporter une autre souffrance. Dans le premier cas, nous avons la souffrance de surmonter cette crise, d'apprendre à parvenir à une fidélité difficile et mûrie. Dans le second cas, nous avons la souffrance de se trouver dans un lien nouveau, qui n'est pas celui du sacrement et qui ne permet donc pas la pleine communion aux sacrements de l'Eglise. Ici, il faudrait enseigner et apprendre à vivre avec cette souffrance. …. Nous devons, dans notre génération, et dans notre culture, redécouvrir la valeur de la souffrance, apprendre que la souffrance peut être une réalité très positive, qui nous aide à mûrir, à devenir davantage nous-mêmes, plus proches du Seigneur qui a souffert pour nous et qui souffre avec nous. Dans cette seconde situation également, la présence du prêtre, des familles et des mouvements est donc d'une très grande importance; de même que l'est également la communion personnelle et communautaire dans ces situations, l'aide de l'amour du prochain, qui est un amour tout à fait spécifique. Et je pense que seul cet amour ressenti par l'Eglise, qui se réalise à travers un multiple accompagnement, peut aider ces personnes à se sentir aimées par le Christ, membres de l'Eglise, même si elles sont dans une situation difficile, et ainsi vivre leur foi.



2008



5 avril 2008 - Au Congrès "De l'huile sur les blessures de l'avortement et du divorce"
De nos jours les hommes et les femmes se trouvent parfois réellement dépouillés et blessés, aux marges des chemins que nous parcourons, souvent sans que personne n'écoute leur appel à l'aide et ne s'approche de leur peine, pour la soulager et la guérir. Dans le débat, souvent purement idéologique, une espèce de conjuration du silence se crée à leur égard. Ce n'est que dans l'attitude de l'amour miséricordieux que l'on peut se rapprocher des victimes pour leur porter secours et leur permettre de se relever et de reprendre le chemin de l'existence



9 avril 2008 - Audience Générale
Un homme de responsabilité publique, même à une petite échelle, doit toujours être également un homme qui sait écouter et qui sait apprendre de ce qu'il écoute.



Sommaire documents

t>