Benoît XVI de A à Z

Bonheur

2005<br


18 août 2005 - JMJ Cologne - Discours d'accueil des jeunes
Chers jeunes, le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l'Eucharistie. Lui seul donne la plénitude de vie à l'humanité! Avec Marie, donnez votre "oui" à ce Dieu qui se propose de se donner à vous. Je vous redis aujourd'hui ce que j'ai dit au début de mon pontificat: "Celui qui laisse entrer le Christ dans sa vie ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Ce n'est qu'avec cette amitié que s'ouvrent en grand les portes de la vie. Ce n'est qu'avec cette amitié qu'on déverrouille réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Ce n'est qu'avec cette amitié que nous faisons l'expérience de ce qui est beau et de ce qui libère". Soyez-en vraiment convaincus: le Christ n'enlève rien de ce qu'il y a de beau et de grand en vous, mais il mène tout à sa perfection, pour la gloire de Dieu, pour le bonheur des hommes, pour le salut du monde.



1er novembre 2005 - A l'issue de l'Angelus Solennité de Toussaint, aux francophones
Je vous invite à rendre grâce pour tous les saints, qui nous sont donnés comme autant de frères aînés, pour marcher dans la voie de la sainteté et pour transmettre aux jeunes le désir de suivre le Christ, source de bonheur éternel.



2006



2 avril 2006 - Après l'Angelus</br>
Que votre rencontre personnelle du Seigneur, pendant ce temps du carême, illumine vos yeux et vos cœurs. Qu'en vous mettant à l'écoute du Fils bien-aimé de Dieu vous trouviez la joie et le bonheur d'en être les disciples parmi les hommes d'aujourd'hui!



25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
En ce temps d'abondance et de consommation effrénée, on meurt encore de faim et de soif, de maladie et de pauvreté. Il y a aussi l'être humain réduit en esclavage, exploité et offensé dans sa dignité; celui qui est victime de la haine raciale et religieuse, et qui, dans la libre profession de sa foi, est entravé par des intolérances et des discriminations, par des ingérences politiques et des pressions physiques ou morales. Il y a celui qui voit son corps et le corps de ses proches, tout particulièrement des enfants, mutilés par l'utilisation des armes, par le terrorisme et par toute sorte de violence, à une époque où tous invoquent et revendiquent le progrès, la solidarité et la paix pour tous. Et que dire de la personne qui, privée d'espérance, est contrainte de laisser sa maison et sa patrie, pour chercher ailleurs des conditions de vie dignes de l'homme ? Que faire pour aider la personne qui, trompée par des prophètes de bonheur facile, celle qui, fragile sur le plan relationnel et incapable d'assumer des responsabilités stables pour sa vie présente et pour son avenir, en arrive à marcher dans le tunnel de la solitude et finit souvent esclave de l'alcool ou de la drogue? Que penser de celle qui choisit la mort en croyant chanter un hymne à la vie ?

Comment ne pas voir que c'est justement du fond de l'humanité avide de jouissance et désespérée que s'élève un cri déchirant d'appel à l'aide ?



2007



3 février 2007 - Aux Instituts séculiers
A l'exemple du Christ, soyez obéissants à l'amour, soyez des hommes et des femmes doux et miséricordieux, capables de parcourir les routes du monde en ne faisant que le bien. Que vos vies placent les Béatitudes en leur centre, contredisant la logique humaine, pour exprimer une confiance inconditionnée en Dieu qui désire le bonheur de l'homme. ..Soyez des semences de sainteté, jetées à pleines mains dans les sillons de l'histoire.



25 février 2007 - Angelus
En contemplant le Crucifié avec les yeux de la foi nous pouvons comprendre en profondeur ce qu'est le péché, combien sa gravité est tragique, et dans le même temps, l'incommensurabilité de la puissance du pardon et de la miséricorde du Seigneur. …. En regardant le Christ, sentons dans le même temps son regard posé sur nous. Celui que nous avons nous-mêmes transpercé par nos fautes, ne se lasse pas de reverser sur le monde un torrent inépuisable d'amour miséricordieux. Puisse l'humanité comprendre que l'on ne peut puiser que de cette source l'énergie spirituelle indispensable pour construire la paix et le bonheur dont tout être humain est en quête sans relâche.



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
Jésus nous assure que seul Dieu est bon. Etre ouvert à la bonté signifie accueillir Dieu. Ainsi, Il nous invite à voir Dieu dans toutes les choses et dans tous les événements, même là où la majorité voit seulement une absence de Dieu. En voyant la beauté des créatures et en constatant la beauté présente dans chacune d'elles, il est impossible de ne pas croire en Dieu et de ne pas faire l'expérience de sa présence salvifique et réconfortante. Si nous réussissions à voir tout le bien qui existe dans le monde et, plus encore, à faire l'expérience du bien qui provient de Dieu lui-même, nous ne cesserions de nous approcher de Lui, de le louer et de lui rendre grâce. Il nous remplit sans cesse de joie et de biens. Sa joie est notre force.

Mais nous ne possédons que des connaissances partielles. Pour comprendre le bien, nous avons besoin d'aides, que l'Eglise nous offre en de nombreuses occasions, surtout dans la catéchèse. Jésus lui-même montre ce qui est bon pour nous, en nous donnant sa première catéchèse. "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" (Mt 19, 17). Il part de la connaissance que le jeune homme a déjà certainement reçue de sa famille et de la Synagogue: en effet, il connaît les commandements. Ils conduisent à la vie, ce qui veut dire qu'ils nous garantissent l'authenticité. Ce sont les grands indicateurs qui nous montrent la juste voie. Celui qui observe les commandements est sur le chemin de Dieu.

Il ne suffit pas, toutefois, de les connaître. Le témoignage a plus de valeur que la science, ou plutôt, c'est la science elle-même appliquée. Ils ne sont pas imposés de l'extérieur, ils ne limitent pas notre liberté. Au contraire: ils constituent de vigoureuses stimulations intérieures, qui nous portent à agir dans une certaine direction. A leur fondement se trouvent la grâce et la nature, qui ne nous laissent pas inertes. Nous devons marcher. Nous sommes poussés à faire quelque chose pour nous réaliser. Se réaliser à travers l'action, en réalité, c'est se rendre réels. Nous sommes, en grande partie, à partir de notre jeunesse, ce que nous voulons être. Nous sommes, pour ainsi dire, l'œuvre de nos propres mains.

Ayez surtout un grand respect pour l'institution du Sacrement du Mariage. Il ne pourra pas y avoir de bonheur véritable dans les foyers si, dans le même temps, il n'y a pas de fidélité entre les époux. Le mariage est une institution de droit naturel, qui a été élevée par le Christ à la dignité de Sacrement; c'est un grand don que Dieu a fait à l'humanité. Respectez-le, vénérez-le. Dans le même temps, Dieu vous appelle à vous respecter les uns les autres également lorsque vous tombez amoureux et vous vous fiancez, car la vie conjugale, qui par disposition divine est réservée aux couples mariés, sera une source de bonheur et de paix uniquement dans la mesure où vous saurez faire de la chasteté, en dehors et à l'intérieur du mariage, un rempart de vos espérances futures. Je vous répète ici à tous que "l'eros veut nous élever [...] vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c'est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons" (Lettre encyclique Deus caritas est [25 décembre 2005], n. 5). En peu de mots, il requiert un esprit de sacrifice et de renoncement pour un bien plus grand, qui est précisément l'amour de Dieu sur toutes les choses. Essayez de résister avec force aux pièges du mal existant dans de nombreux milieux, qui vous pousse à une vie dissolue, paradoxalement vide, en vous faisant égarer le don précieux de votre liberté et de votre vrai bonheur. Le véritable amour "cherchera toujours plus le bonheur de l'autre, il se préoccupera toujours plus de l'autre, il se donnera et il désirera "être pour" l'autre" (ibid., n. 7) et, pour cette raison, sera toujours plus fidèle, indissoluble et fécond.

Comptez dans ce but sur l'aide de Jésus Christ qui, par sa grâce, rendra cela possible (cf. Mt 19, 26). La vie de foi et de prière vous conduira sur les voies de l'intimité avec Dieu et de la compréhension de la grandeur des projets qu'il a pour chaque personne.



12 mai 2007 - lors de la prière du Chapelet, avec les prêtres, religieux, séminaristes et diacres, au sanctuaire marial de Aparecida, au Brésil
Je ressens le désir de vous dire à tous combien est important le sens de notre appartenance à l'Eglise, qui conduit les chrétiens à croître et à mûrir comme des frères, fils du même Dieu et Père. Je sais que vous avez une grande soif de Dieu. Je sais que vous suivez Jésus, qui dit: "Nul ne vient au Père que par moi" (Jn 14, 6). Le Pape veut donc vous dire à tous: l'Eglise est notre Maison! C'est notre Maison! Dans l'Eglise catholique, nous trouvons tout ce qui est bon, tout ce qui est un motif de certitude et de réconfort! Celui qui accepte le Christ, "Chemin, Vérité et Vie" dans sa totalité, est assuré d'avoir la paix et le bonheur, dans cette vie et dans l'autre! C'est pourquoi, le Pape est venu ici pour prier et confesser avec vous tous: Il vaut la peine d'être fidèles, il vaut la peine de persévérer dans sa propre foi! La cohérence dans la foi exige cependant également une solide formation doctrinale et spirituelle, contribuant ainsi à l'édification d'une société plus juste, plus humaine et chrétienne. Le Catéchisme de l'Eglise catholique, également dans sa version plus réduite, publiée sous le titre de Compendium, sera utile pour acquérir de claires notions à propos de notre foi. Demandons, dès à présent, que la venue de l'Esprit Saint soit pour tous comme une nouvelle Pentecôte, afin qu'il illumine nos cœurs et notre foi par la lumière qui vient d'en-haut.



18 mai 2007 - Aux évêques du Mali en visite Ad Limina
Il est du devoir de l'Église d'aider les baptisés, particulièrement les jeunes, à comprendre la beauté et la dignité du Sacrement du Mariage dans l'existence chrétienne. Pour répondre à la crainte souvent exprimée face au caractère définitif du mariage, une solide préparation, avec la collaboration de laïcs et d'experts, permettra aussi aux couples chrétiens de demeurer fidèles aux promesses du mariage. Ils deviendront conscients que la fidélité des époux et l'indissolubilité de leur alliance, dont le modèle est la fidélité manifestée par Dieu dans l'alliance indestructible que lui-même a conclue avec l'homme, sont une source de bonheur pour ceux qui s'unissent. Et ce bonheur sera aussi celui de leurs enfants, reflets de l'amour que se portent leurs parents. Une éducation humaine et chrétienne donnée dès la petite enfance et fondée sur l'exemple des parents permettra aux enfants d'accueillir, puis de faire grandir en eux, les germes de la foi.



17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
La conversion de Saint François eut lieu lorsqu'il était au plus fort de sa vitalité, de ses expériences, de ses rêves. Il avait passé vingt-cinq ans sans venir à bout du sens de la vie. Peu de mois avant de mourir, il se rappellera de cette période comme du temps où "il était dans le péché" (cf. 2 Test 1: FF 110).

A quoi pensait François, en parlant de péchés? D'après les biographies, dont chacune possède un point de vue personnel, cela n'est pas facile à déterminer. L'on trouve un portrait évocateur de sa façon de vivre dans la Légende des trois compagnons, où l'on lit: "François était très gai et généreux, se consacrant aux jeux et aux chants, il errait dans les rues d'Assise jour et nuit, avec des amis de son espèce, si généreux à la dépense qu'il dissipa en repas et autres choses tout ce qu'il pouvait avoir ou gagner" (3 Comp 1, 2: FF 1396). De combien de jeunes pourrait-on dire la même chose de nos jours également? De plus, aujourd'hui, il y a la possibilité d'aller se divertir bien au-delà de sa propre ville. Les initiatives de divertissement au cours des week-ends rassemblent de nombreux jeunes. On peut "errer" également virtuellement en "naviguant" sur Internet, en recherchant des informations ou des contacts en tout genre. Malheureusement, ne manquent pas - et ils sont même hélas trop nombreux! -, les jeunes qui cherchent des paysages mentaux aussi vides que destructeurs dans les paradis artificiels de la drogue. Comment nier qu'il y a tant de jeunes et de moins jeunes qui sont tentés de suivre de près la vie du jeune François, avant sa conversion? Derrière cette façon de vivre, il y avait le désir de bonheur qui habite tout cœur humain. Mais cette vie pouvait-elle apporter la joie véritable? François ne la trouva certainement pas. Vous-mêmes, chers jeunes, vous pouvez vérifier cela à partir de votre propre expérience. La vérité est que les choses finies peuvent apporter des lueurs de joie, mais seul l'Infini peut remplir le cœur. C'est ce qu'a dit un autre grand converti, saint Augustin: "Tu nous as faits pour toi, ô Seigneur, et notre cœur sera agité tant qu'il ne repose pas en toi" (Confess. 1, 1).

Dans la Légende des trois compagnons, on nous rapporte que François était assez vaniteux. Il aimait se faire confectionner des habits somptueux et il recherchait l'originalité (cf. 3 Comp 1, 2: FF 1396). Dans la vanité, dans la recherche de l'originalité, il y a quelque chose qui nous touche tous d'une certaine façon. Aujourd'hui, on a l'habitude de parler de "soin de l'image" ou de "recherche de l'image". Pour avoir un minimum de succès, il faut nous faire valoir aux yeux des autres avec quelque chose d'inédit, d'original. Dans une certaine mesure, cela peut exprimer un désir innocent d'être bien accueillis. Mais souvent s'insinuent l'orgueil, la recherche effrénée de nous-mêmes, l'égoïsme et le désir de domination. En réalité, concentrer sa vie sur soi-même est un piège mortel: nous ne pouvons être nous-mêmes que si nous nous ouvrons à l'amour, en aimant Dieu et nos frères.



4 juillet 2007 - Appel du Pape aux jeunes en préparation à la Journée mondiale de la Jeunesse 2008, lors de l'Audience Générale
Efforcez-vous de répandre la lumière du Christ qui guide, qui donne un but à toute vie, en rendant la joie durable et le bonheur possibles pour tous.



23 septembre 2007 - Homélie de la Messe célébrée dans la cathédrale de Velletri
Grâce aux richesses terrestres, nous devons nous procurer celles qui sont véritables et éternelles: si l'on trouve en effet des gens prêts à tout type de malhonnêtetés à condition de s'assurer un bien-être matériel toujours aléatoire, nous chrétiens devrions d'autant plus nous soucier de nous occuper de notre bonheur éternel avec les biens de cette terre (cf. Discours 359, 10). Or l'unique manière de faire fructifier pour l'éternité nos dons et nos capacités personnelles tout comme les richesses que nous possédons est de les partager avec nos frères, en nous montrant de cette manière de bons intendants de ce que Dieu nous confie. Jésus dit: "Qui est fidèle en très peu de choses est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup" (Lc 16, 10-11).



28 octobre 2007 - Aux francophones, au terme de l'Angelus
Avec l'aide de la Vierge Marie, puissiez-vous vous tourner vers le Seigneur et marcher chaque jour dans la voie de la sainteté, source de liberté et de bonheur.



1er novembre 2007 - Aux francophones, après l'Angelus
En ce jour où nous célébrons la fête de tous les saints, chacun est invité à entendre les Béatitudes, qui constituent comme un carnet de route pour découvrir la voie de la sainteté. Puisse chacun reconnaître dans le Christ celui qui seul peut donner le vrai bonheur et la vie éternelle.



11 novembre 2007 - Aux francophones, après l'Angelus
Le bonheur qui nous est préparé nous invite à l'Espérance et à une vie belle et bonne.



2008



17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
La vie n'est pas réglée par le hasard, elle n'est pas accidentelle. Votre existence personnelle a été voulue par Dieu, bénie par Lui et il lui a été donné un but (cf. Gn 1, 28) ! La vie n'est pas une simple succession de faits et d'expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien et beau. C'est précisément en vue de tels objectifs que nous accomplissons nos choix, que nous exerçons notre liberté et en cela, c'est-à-dire en ce qui est vrai, bien et beau, nous trouvons le bonheur et la joie. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui voient en vous de simples consommateurs sur un marché offrants de multiples possibilités, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l'expérience subjective remplace la vérité.



18 juillet 2008 - Avec les jeunes blessés de la vie
Que veut dire véritablement être « vivant », vivre pleinement la vie ? C'est ce que nous voulons tous, spécialement lorsque l'on est jeune, et c'est ce que le Christ veut pour nous. En effet, il a dit : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance » (Jn 10,10). L'instinct le plus profond chez tout être vivant est celui de rester en vie, de grandir, de se développer et de transmettre à d'autres le don de la vie. Il en résulte qu'il est bien naturel de s'interroger sur la meilleure façon de vivre tout cela.

Pour le peuple de l'Ancien Testament, cette question était tout aussi pressante que pour nous aujourd'hui. Sans aucun doute, il écoutait avec attention quand Moïse lui disait : « Je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c'est là que se trouve la vie » (Dt 30,19-20). Ce qu'ils avaient à faire était clair : ils devaient se détourner des autres dieux et adorer le vrai Dieu qui s'était révélé à Moïse et ils devaient obéir à ses commandements. Vous pourriez penser qu'il est peu probable que, dans le monde d'aujourd'hui, les gens adorent d'autres dieux. Mais il arrive que les gens adorent « d'autres dieux » sans s'en rendre compte. Les faux « dieux », quels que soient le nom, l'image ou la forme que nous leur attribuions, sont presque toujours liés à l'adoration de trois réalités : les biens matériels, l'amour possessif, le pouvoir. Laissez-moi vous expliquer ce que je veux dire.

Les biens matériels, en soi, sont des choses bonnes. Nous ne survivrions pas longtemps sans argent, sans vêtements et sans logement. Pour vivre, nous avons besoin de nourriture. Mais, si nous sommes avides, si nous refusons de partager ce que nous avons avec l'affamé et avec le pauvre, alors nous transformons ces biens en une fausse divinité. Combien de voix, dans notre société matérialiste, nous disent que le bonheur se trouve en s'appropriant le plus grand nombre possible de biens et d'objets de luxe ! Mais cela signifie transformer les biens en fausses divinités. Au lieu de donner la vie, ils donnent la mort.

L'amour authentique est certainement quelque chose de bon. Sans lui, la vie serait difficilement digne d'être vécue. L'amour réalise notre aspiration la plus profonde ; et quand nous aimons, nous devenons plus pleinement nous-mêmes, nous devenons plus pleinement humains. Mais comme il est facile de transformer l'amour en une fausse divinité ! Souvent, les gens pensent aimer alors qu'en réalité, ils tendent à posséder l'autre ou à le manipuler. Parfois, les gens traitent les autres comme des objets pour satisfaire leurs propres besoins plutôt que comme des personnes à apprécier et à aimer. Comme il est facile d'être trompés par les nombreuses voix qui, dans notre société, défendent une approche permissive de la sexualité, sans prêter attention à la pudeur, au respect de soi et aux valeurs morales qui confèrent aux relations humaines leurs qualités ! C'est là adorer une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, elle donne la mort.

Le pouvoir que Dieu nous a donné de façonner le monde autour de nous est certainement quelque chose de bon. Utilisé d'une façon appropriée et responsable, il nous permet de transformer la vie des gens. Toutes les communautés ont besoin de bons dirigeants. Mais combien est forte la tentation de s'attacher au pouvoir pour lui-même, de chercher à dominer les autres ou d'exploiter le milieu naturel pour ses propres intérêts égoïstes ! C'est là transformer le pouvoir en une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, cela donne la mort.

Le culte des biens matériels, le culte de l'amour possessif et le culte du pouvoir conduisent souvent les gens à « se comporter comme Dieu » : chercher à assumer un contrôle total, sans prêter aucune attention à la sagesse et aux commandements que Dieu nous a faits connaître. C'est là la route qui conduit à la mort. Au contraire, l'adoration de l'unique et vrai Dieu signifie reconnaître en lui la source de tout ce qui est bien, nous confier à lui, nous ouvrir à la force de guérison de sa grâce et obéir à ses commandements : là est la route de la vie.

Un exemple lumineux de ce que signifie s'éloigner de la voie de la mort pour cheminer sur la voie de la vie, nous est donné dans une page de l'Évangile que, j'en suis sûr, vous connaissez tous bien : la parabole de l'enfant prodigue. Quand, au début du récit, ce jeune homme abandonne la maison de son père, il était à la recherche des plaisirs illusoires promis par les faux « dieux ». Il gaspilla son héritage dans une vie de débauche et, à la fin, il se retrouva dans un état de misérable pauvreté. Quand il toucha le fond, affamé et abandonné, il comprit combien il avait été sot de quitter son père qui l'aimait. Avec humilité, il retourna à la maison et demanda pardon. Le père, plein de joie, l'embrassa et s'exclama : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Lc 15,24).

Beaucoup d'entre vous ont vécu personnellement l'expérience de ce jeune homme. Peut-être avez-vous fait des choix que vous regrettez aujourd'hui, choix qui vous ont mis sur une route qui, si attirante qu'elle ait pu alors apparaître, vous a seulement conduits à un état de misère et d'abandon plus profond encore. Le choix d'abuser de la drogue ou de l'alcool, de vous engager dans une conduite criminelle ou autodestructrice a pu alors vous sembler être une issue par rapport à une situation de difficulté ou de confusion. À présent, vous savez que, plutôt que de donner la vie, cela donnait la mort. Je me réjouis du courage que vous avez démontré en choisissant de retourner sur le chemin de la vie, tout comme le jeune homme de la parabole. Vous avez accepté une aide de la part d'amis ou de parents, …de la part de ceux qui prennent vraiment à cœur votre bien-être et votre bonheur.

Chers amis, je vois en vous des ambassadeurs de l'espérance pour tous ceux qui se trouvent dans des situations semblables. Vous pouvez les convaincre de la nécessité de choisir le chemin de la vie et de renoncer au chemin de la mort, parce que vous parlez d'expérience. Dans tous les Évangiles, ce sont ceux qui ont opéré des choix erronés qui sont particulièrement aimés de Jésus, parce que, quand ils se sont rendu compte de leur erreur, ils se sont ouverts plus que les autres à sa parole de guérison. En vérité, Jésus fut souvent critiqué par des soi-disant justes, parce qu'ils passaient trop de temps en leur compagnie. « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » demandaient-ils. Et lui répondait : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades… Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (cf. Mt 9,11-13). C'était ceux qui désiraient reconstruire leur vie qui se montraient les plus disponibles à écouter Jésus et à devenir ses disciples. Vous pouvez suivre leurs traces ; vous aussi vous pouvez vous approcher particulièrement de Jésus précisément parce que vous avez choisi de retourner à Lui. Vous pouvez être certains que, comme le père dans la parabole de l'enfant prodigue, Jésus vous accueille à bras ouverts. Il vous offre son amour inconditionnel : et c'est dans l'amitié profonde avec lui que se trouve la plénitude de la vie.

J'ai dit tout à l'heure que quand nous aimons, nous réalisons nos aspirations les plus profondes et nous devenons plus pleinement nous-mêmes , plus pleinement humains. Aimer est ce pour quoi nous sommes faits, ce à quoi le Créateur nous a destinés. Naturellement, je ne parle pas de relations passagères, superficielles, je parle du véritable amour, qui est le cœur de l'enseignement moral de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (cf. Mc 12,30-31). C'est là, pour ainsi dire, le programme inscrit au plus profond de chaque personne, si seulement nous avions la sagesse et la générosité de nous y conformer, si nous étions seulement disposés à renoncer à nos préférences pour nous mettre au service des autres, pour donner notre vie pour le bien de l'autre, et en premier lieu pour Jésus, qui nous a aimés et qui a donné sa vie pour nous. C'est ce que les hommes sont appelés à faire , et c'est ce que veut dire être réellement vivant.

Chers jeunes, le message que vous adresse aujourd'hui est le même que Moïse a formulé il y a si longtemps. « Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu ». Que son Esprit vous guide sur le chemin de la vie, pour obéir à ses commandements, suivre ses enseignements, abandonner les choix erronés qui conduisent seulement à la mort, et vous engager pour la vie entière dans l'amitié avec Jésus Christ ! Avec la force de l'Esprit Saint, choisissez la vie et choisissez l'amour, et soyez les témoins devant le monde de la joie qui en jaillit.



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