Benoît XVI de A à Z

Roumanie




2007


20 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Roumanie près le Saint-Siège
Au début de cette année, …votre pays s'est légitimement réjoui d'être admis officiellement, après de longues années d'efforts, dans l'Union européenne. Le Saint-Siège, qui entretient depuis longtemps des rapports étroits et fructueux avec la Roumanie, comme vous l'avez vous-même souligné, a accueilli cette nouvelle situation avec satisfaction, car elle consacre chaque jour davantage l'unité retrouvée du continent européen, après la longue et triste période de la séparation de la guerre froide. Votre pays a une longue tradition chrétienne, vivante et féconde dans sa culture ainsi que dans le dynamisme des différentes Églises et communautés ecclésiales, et dans leur participation active à la vie sociale. Je me réjouis donc que la Roumanie, riche de cet «indéniable patrimoine chrétien, qui a largement contribué à modeler l'Europe des Nations et l'Europe des peuples» (Discours au Corps diplomatique, 8 janvier 2007), puisse apporter sa contribution originale à l'édifice européen, afin de permettre qu'il ne soit pas seulement une force économique et un grand marché de biens de consommation, mais qu'il puisse trouver un nouvel élan politique, culturel et spirituel, capable de construire un avenir prometteur pour les nouvelles générations. Comme je le rappelais tout récemment au Corps diplomatique, «c'est en respectant la personne humaine qu'il est possible de promouvoir la paix et c'est en bâtissant la paix que sont jetées les bases d'un authentique humanisme intégral. C'est ici que trouve réponse la préoccupation de tant de nos contemporains face à l'avenir» (ibidem).

Depuis des années, votre pays s'est engagé dans un profond travail de renouveau de la société, avec le souci de guérir les blessures du passé et de permettre à tous de jouir des libertés fondamentales et de bénéficier du progrès économique et social. Je m'en réjouis et j'encourage les responsables politiques à veiller avec attention aux exigences d'une solidarité active entre toutes les couches de la population, afin d'éviter qu'à l'heure de la mondialisation ne se creuse un fossé grandissant entre les citoyens qui accèdent légitimement aux bienfaits du développement économique et ceux qui se trouvent progressivement marginalisés, voire exclus de ce processus, comme on l'observe, hélas, dans beaucoup de sociétés modernes. Il importe également de garantir à tous l'accès équitable à une justice indépendante et transparente, capable de lutter efficacement contre ceux qui ne respectent pas le bien commun et qui détournent les lois à leur profit. Dans cette perspective, je souhaite aussi une attention renouvelée aux familles les plus pauvres, afin qu'elles puissent élever leurs enfants dans la dignité.

Je me réjouis également des progrès faits par votre gouvernement dans la gestion délicate de la restitution des biens confisqués aux communautés religieuses. C'est une œuvre de longue haleine, commandée par la justice et l'équité, qui doit permettre à tous les cultes reconnus de trouver leur place légitime au sein de la société roumaine. Je souhaite également que les règles qui régissent la liberté religieuse, qui est une liberté fondamentale, soient pleinement respectées, notamment en ce qui concerne l'Église grecque-catholique. Je sais que l'Église catholique, pour sa part, est toujours prête à étudier avec les Autorités compétentes, dans un esprit de dialogue, les moyens de surmonter les éventuelles difficultés qui peuvent surgir dans les relations mutuelles. Cela aidera grandement à la paix sociale. À ce propos, je ne peux qu'exprimer mon inquiétude concernant l'affaire de la Cathédrale Saint-Joseph de Bucarest, en faveur de laquelle l'archevêché de Bucarest a effectué de nombreuses démarches auprès des instances compétentes de l'État, afin de préserver le patrimoine historique qu'elle constitue et les valeurs de foi qu'elle représente, non seulement pour la communauté catholique mais pour toute la population roumaine.

La visite du Pape Jean-Paul II dans votre pays, en 1999, a marqué, comme vous l'avez dit, «les cœurs et les esprits des Roumains». Elle a permis notamment un nouvel essor des relations entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe roumaine. En saluant cordialement, par votre intermédiaire, Sa Béatitude Teoctist, Patriarche orthodoxe de Roumanie, venu à son tour visiter l'Église de Rome en 2002, je forme le vœu que les fidèles catholiques et orthodoxes continuent de nouer des rapports toujours plus fraternels dans la vie quotidienne et que progressent également, à tous les niveaux, les occasions de dialogue. Je souhaite en particulier que la Rencontre œcuménique européenne, qui doit avoir lieu à Sibiu en septembre prochain, puisse constituer une étape importante sur ce chemin entrepris ensemble vers l'unité.

Permettez-moi de saluer également la communauté catholique de Roumanie, unie autour de ses pasteurs. Elle a eu, comme le rappelait mon prédécesseur, «l'opportunité providentielle de voir prospérer côte à côte, depuis des siècles, les deux traditions, latine et byzantine, qui embellissent ensemble le visage de l'unique Église» (Jean-Paul II, Discours aux Évêques de Roumanie en visite ad limina, 1er mars 2003), ce qui lui impose de témoigner particulièrement de l'unité catholique et qui la qualifie tout spécialement pour œuvrer en faveur de l'œcuménisme. Je sais que les fidèles catholiques prennent part activement à la vie du pays, notamment sur le plan spirituel et social, et je les encourage vivement à témoigner avec courage de la place irremplaçable de la famille au sein de la société.




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