Benoît XVI de A à Z

Bioétique - Fivete - PMA - Clonage… - Manipulation génétique

2005


<br< 6 juin 2005 - Au Congrès diocésain de Rome sur la famille
Chez l'homme et chez la femme, la paternité et la maternité, comme le corps et comme l'amour, ne se laissent pas cerner par la biologie: la vie n'est donnée entièrement que lorsqu'à la naissance sont également donnés l'amour et le sens qui permettent de dire oui à cette vie. C'est précisément de ce fait qu'apparaît tout à fait clairement combien il est contraire à l'amour humain, à la vocation profonde de l'homme et de la femme, de fermer systématiquement sa propre union au don de la vie, et plus encore de supprimer ou de manipuler la vie qui naît.



2006



25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
Pour l'homme du troisième millénaire, un «Sauveur» a-t-il encore une valeur et un sens ? Un «Sauveur» est-il encore nécessaire pour l'homme qui a rejoint la Lune et Mars, et qui se prépare à conquérir l'univers; pour l'homme qui recherche sans limites les secrets de la nature et qui réussit même à déchiffrer les codes prodigieux du génome humain ? … L'homme du vingt et unième siècle se présente comme l'artisan de son destin, sûr de lui et autosuffisant, comme l'auteur enthousiaste d'indiscutables succès.

Cela semble être ainsi, mais ce n'est pas le cas. En ce temps d'abondance et de consommation effrénée, on meurt encore de faim et de soif, de maladie et de pauvreté. …Que faire pour aider la personne qui, trompée par des prophètes de bonheur facile, celle qui, fragile sur le plan relationnel et incapable d'assumer des responsabilités stables pour sa vie présente et pour son avenir, en arrive à marcher dans le tunnel de la solitude et finit souvent esclave de l'alcool ou de la drogue? Que penser de celle qui choisit la mort en croyant chanter un hymne à la vie ?

Comment ne pas voir que c'est justement du fond de l'humanité avide de jouissance et désespérée que s'élève un cri déchirant d'appel à l'aide ?



2007



8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
Comment ne pas se préoccuper non plus des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle ? … D'autres formes d'agression à la vie sont commises parfois sous couvert de recherche scientifique. La conviction se répand que la recherche n'est soumise qu'aux lois qu'elle veut bien se donner et qu'elle n'a d'autre limite que ses propres possibilités. C'est le cas par exemple dans les tentatives de légitimer le clonage humain pour d'hypothétiques fins thérapeutiques.




12 février 2007 - A un Congrès International sur la loi morale naturelle
Il ne fait aucun doute que nous vivons une période d'extraordinaire développement dans la capacité humaine de déchiffrer les règles et les structures de la matière et la domination de l'homme sur la nature, qui en découle. Nous voyons tous les grands bénéfices de ce progrès, et nous voyons toujours plus aussi les menaces d'une destruction de la nature par la force de nos actions. Il existe un autre danger, moins visible, mais non moins inquiétant: la méthode qui nous permet de connaître toujours plus à fond les structures rationnelles de la matière nous rend toujours moins capables de voir la source de cette rationalité, la Raison créatrice. La capacité de voir les lois de l'être matériel nous rend incapables de voir le message éthique contenu dans l'être, message appelé par la tradition lex naturalis, loi morale naturelle. Il s'agit d'un terme devenu pour beaucoup aujourd'hui presque incompréhensible, à cause d'un concept de nature non plus métaphysique, mais seulement empirique. Le fait que la nature, l'être même ne soit plus transparent pour un message moral, crée un sens de désorientation qui rend précaires et incertains les choix de la vie quotidienne. L'égarement, naturellement, frappe en particulier les générations les plus jeunes, qui doivent dans ce contexte trouver des choix fondamentaux pour leur vie.

C'est précisément à la lumière de ces constatations qu'apparaît dans toute son urgence la nécessité de réfléchir sur le thème de la loi naturelle, et de retrouver sa vérité commune à tous les hommes. Cette loi, qu'évoque également l'apôtre Paul (cf. Rm 2, 14-15), est écrite dans le cœur de l'homme et est par conséquent, aujourd'hui également, tout simplement accessible. Cette loi a comme principe premier et fondamental celui de «faire le bien et éviter le mal». Il s'agit d'une vérité dont l'évidence s'impose immédiatement à chacun. D'elle, découlent les autres principes plus particuliers, qui réglementent le jugement éthique sur les droits et les devoirs de chacun. Tel est le principe du respect pour la vie humaine, de sa conception jusqu'à son terme naturel, ce bien de la vie n'étant pas la propriété de l'homme, mais un don gratuit de Dieu. C'est le cas également du devoir de rechercher la vérité, présupposé nécessaire à toute authentique maturation de la personne. Une autre instance fondamentale du sujet est la liberté. En tenant compte, toutefois, que la liberté humaine est toujours une liberté partagée par les autres, il est clair que l'harmonie des libertés ne peut être trouvée seulement dans ce qui est commun à tous : la vérité de l'être humain, le message fondamental de l'être même, la lex naturalis précisément. Et comment ne pas évoquer, d'une part, l'exigence de justice qui se manifeste dans le fait de donner unicuique suum, et, de l'autre, l'attente de solidarité qui alimente en chacun, spécialement chez les personnes en difficulté, l'espérance d'une aide de la part de ceux que le destin a favorisés ? S'expriment, dans ces valeurs, des normes inéluctables et coercitives qui ne dépendent pas de la volonté du législateur ni du consensus que les Etats peuvent y apporter. Il s'agit en effet de normes qui précèdent toute loi humaine : en tant que telles, elles n'admettent d'interventions ni de dérogations de la part de quiconque.

La loi naturelle est la source dont jaillissent, avec les droits fondamentaux, également les impératifs éthiques qu'il est nécessaire de respecter. Dans l'éthique et la philosophie actuelle du Droit, les postulats du positivisme juridique sont largement présents. La conséquence est que la législation ne devient souvent qu'un compromis entre divers intérêts : on tente de transformer en droits des intérêts privés ou des désirs qui s'opposent aux devoirs découlant de la responsabilité sociale. Dans cette situation, il est opportun de rappeler que toute ordonnancement juridique, tant sur le plan interne qu'international, tire en ultime analyse sa légitimité de son enracinement dans la loi naturelle, dans le message éthique inscrit dans l'être humain lui-même. La loi naturelle est, en définitive, le seul rempart valable contre l'abus de pouvoir ou les mensonges de la manipulation idéologique. La connaissance de cette loi inscrite dans le cœur de l'homme augmente avec le développement de la conscience morale. C'est pourquoi, la première préoccupation pour tous, et particulièrement pour qui a des responsabilités publiques, devrait donc être celle de promouvoir le murissement de la conscience morale. Tel est le progrès fondamental sans lequel tous les autres progrès finissent par ne pas être authentiques. La loi inscrit dans notre nature est la véritable garantie offerte à chacun pour pouvoir vivre libre et respecté dans sa propre dignité. Ce qui a été dit jusqu'à présent possède des applications très concrètes si l'on se réfère à la famille, c'est-à-dire à la «communauté de vie et d'amour conjugal, fondée par le Créateur et structurée avec ses lois propres» (cf. Const. past. Gaudium et spes, n. 48). Le Concile Vatican II a, à cet égard, répété de façon opportune que l'institution du mariage « que la loi divine confirme», et par conséquent, ce lien sacré, « en vue du bien des époux, des enfants et aussi de la société, ce lien sacré échappe à la fantaisie de l'homme» (ibid.). Aucune loi faite par les hommes ne peut donc renverser la norme inscrite par le Créateur, sans que la société ne soit dramatiquement blessée dans ce qui constitue son fondement de base même. L'oublier signifierait fragiliser la famille, pénaliser les enfants et rendre précaire l'avenir de la société.

Je ressens enfin le devoir d'affirmer que tout ce qui est réalisable sur le plan scientifique n'est pas pour autant licite sur le plan éthique. La technique, lorsqu'elle réduit l'être humain à un objet d'expérimentations, finit par abandonner le sujet faible à la volonté du plus fort. Se fier aveuglément à la technique comme unique garante de progrès, sans offrir dans le même temps un code éthique qui plonge ses racines dans cette même réalité qui est étudiée et développée, reviendrait à porter atteinte à la nature humaine, avec des conséquences dévastatrices pour tous. La contribution des hommes de science est d'une importance primordiale. Outre le progrès de nos capacités de domination sur la nature, les scientifiques doivent également contribuer à nous aider à comprendre en profondeur notre responsabilité envers l'homme et la nature qui lui a été confiée. C'est sur cette base qu'il est possible de développer un dialogue fécond entre croyants et non-croyants; entre théologiens, philosophes, juristes et hommes de science, qui peuvent offrir également au législateur des éléments précieux pour la vie personnelle et sociale. Je souhaite donc que ces journées d'étude puissent non seulement conduire à une plus grande sensibilité des experts à l'égard de la loi morale naturelle, mais qu'elles poussent aussi à créer les conditions afin que l'on parvienne, sur ce thème, à une conscience toujours plus pleine de la valeur inaliénable que la lex naturalis possède pour un un réel et cohérent progrès de la vie personnelle et de l'ordre social.



30 mars 2007 - Au nouvel Ambassadeur d'Ukraine près le Saint-Siège
L'une des vocations propres à l'Église catholique s'exprime dans l'importance qu'elle a toujours accordée à l'éducation des jeunes, notamment à travers l'apostolat des nombreux instituts religieux qui, au cours de l'histoire, se sont consacrés à cette oeuvre. Il s'agit pour l'Église de permettre aux jeunes de recevoir une formation solide et intégrale, fondée sur les principes de l'éthique chrétienne et donc de la dignité fondamentale de l'être humain, créé à l'image de Dieu. Ils pourront ainsi trouver un chemin d'épanouissement personnel, moral et spirituel, et ils seront davantage en mesure d'assumer demain leur mission dans la société, en ayant le souci permanent de promouvoir le respect de la dignité humaine à travers ses différentes expressions, dans les domaines de la politique, de l'économie et de la bioéthique. L'Église catholique souhaite participer activement à cette grande mission éducative, en mettant son expérience au service de tous.



29 octobre 2007 - Aux membres du Congrès International des Pharmaciens Catholiques.
Je suis heureux de vous accueillir, vous les membres de Congrès international des Pharmaciens catholiques, à l'occasion de votre vingt-cinquième Congrès, qui a pour thème: «Les nouvelles frontières de l'acte pharmaceutique». Le développement actuel de l'arsenal médicamenteux et des possibilités thérapeutiques qui en découlent nécessite que les pharmaciens réfléchissent sur les fonctions de plus en plus larges qu'ils sont appelés à avoir, en particulier en tant qu'intermédiaires entre le médecin et le patient; ils ont un rôle éducatif auprès des patients pour un usage juste de la prise médicamenteuse et surtout pour faire connaître les implications éthiques de l'utilisation de certains médicaments. Dans ce domaine, il n'est pas possible d'anesthésier les consciences, par exemple sur les effets de molécules ayant pour but d'éviter la nidation d'un embryon ou d'abréger la vie d'une personne. Le pharmacien doit inviter chacun à un sursaut d'humanité, pour que tout être soit protégé depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et que les médicaments remplissent véritablement leur rôle thérapeutique. D'autre part, nulle personne ne peut être utilisée, de manière inconsidérée, comme un objet, pour réaliser des expérimentations thérapeutiques; celles-là doivent se dérouler selon des protocoles respectant les normes éthiques fondamentales. Toute démarche de soin ou d'expérimentation doit avoir pour perspective un éventuel mieux-être de la personne, et non seulement la recherche d'avancées scientifiques. La poursuite d'un bien pour l'humanité ne peut se faire au détriment du bien des personnes traitées. Dans le domaine moral, votre Fédération est invitée à affronter la question de l'objection de conscience, qui est un droit qui doit être reconnu à votre profession, vous permettant de ne pas collaborer, directement ou indirectement, à la fourniture de produits ayant pour but des choix clairement immoraux, comme par exemple l'avortement et l'euthanasie.

Il convient aussi que les différentes structures pharmaceutiques, des laboratoires aux centres hospitaliers et aux officines, ainsi que l'ensemble de nos contemporains, aient le souci de la solidarité dans le domaine thérapeutique, pour permettre un accès aux soins et aux médicaments de première nécessité de toutes les couches de la population et dans tous les pays, notamment pour les personnes les plus pauvres.

En tant que pharmaciens catholiques, puissiez-vous, sous la conduite de l'Esprit saint, puiser dans la vie de foi et dans l'enseignement de l'église les éléments qui vous guideront dans votre démarche professionnelle auprès des malades, qui ont besoin d'un soutien humain et moral pour vivre dans l'espérance et pour trouver des ressorts intérieurs qui les aideront au long des jours. Il vous revient aussi d'aider les jeunes qui rentrent dans les différentes professions pharmaceutiques à réfléchir sur les implications éthiques toujours plus délicates de leurs activités et de leurs décisions. Pour une telle démarche, il importe que se mobilisent et se rassemble l'ensemble des professionnels catholiques de la santé et les personnes de bonne volonté, pour approfondir leur formation non seulement sur le plan technique, mais aussi en ce qui concerne les questions de bioéthique, ainsi que pour proposer de telles formations à l'ensemble de la profession. L'être humain, parce qu'il est image de Dieu, doit toujours être au centre des recherches et des choix en matière biomédicale. De même, le principe naturel du devoir d'apporter des soins au malade est fondamental. Les sciences biomédicales sont au service de l'homme; si tel n'était pas le cas, elles n'auraient qu'un caractère froid et inhumain. Tout savoir scientifique dans le domaine de la santé et toute démarche thérapeutique sont au service de l'homme malade, considéré dans son être intégral, qui doit être un partenaire actif de ses soins et respecté dans son autonomie.

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2008



31 janvier 2008, lors de l'Assemblée Plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
Je vous invite en outre à suivre avec une attention particulière les problèmes difficiles et complexes de la bioéthique. En effet, les nouvelles technologies biomédicales concernent non seulement certains médecins et chercheurs spécialisés, mais elles sont divulguées à travers les moyens de communication sociale modernes, suscitant des attentes et des interrogations dans des secteurs toujours plus vastes de la société. Le Magistère de l'Eglise ne peut certainement pas et ne doit pas intervenir sur chaque nouveauté de la science, mais il a pour tâche de réaffirmer les grandes valeurs en jeu et de proposer aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté des principes et des orientations éthiques et moraux au sujet des nouvelles questions importantes. Les deux critères fondamentaux pour le discernement moral dans ce domaine sont a) le respect inconditionné de l'être humain comme personne, de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, b) le respect de l'originalité de la transmission de la vie humaine à travers les actes des conjoints eux-mêmes. Après la publication en 1987 de l'Instruction Donum vitae, qui avait énoncé ces critères, de nombreuses personnes ont critiqué le Magistère de l'Eglise, le dénonçant comme s'il constituait un obstacle à la science et au véritable progrès de l'humanité. Mais les nouveaux problèmes qui apparaissent avec, par exemple, la congélation des embryons humains, la réduction embryonnaire, le diagnostic pré-implantatoire, les recherches sur les cellules souches embryonnaires et les tentatives de clonage humain, montrent clairement que, avec la fécondation artificielle extra-corporelle, on a brisé la barrière élevée pour protéger la dignité humaine. Lorsque des êtres humains, au stade le plus faible et le plus fragile de leur existence, sont sélectionnés, abandonnés, tués ou utilisés comme un simple "matériel biologique", comment nier qu'ils ne sont plus traités comme "quelqu'un", mais comme "quelque chose", remettant ainsi en question le concept même de dignité de l'homme ?

L'Eglise apprécie et encourage bien évidemment le progrès des sciences biomédicales qui ouvrent des perspectives thérapeutiques jusqu'à présents inconnues, à travers, par exemple, l'utilisation de cellules souches somatiques ou bien à travers des thérapies en vue de rendre la fertilité ou de soigner les maladies génétiques. Dans le même temps, elle ressent le devoir d'éclairer les consciences de tous, afin que le progrès scientifique soit véritablement respectueux de chaque être humain, à qui doit être reconnue la dignité de personne, étant créé à l'image de Dieu, sinon il ne s'agit pas de véritable progrès. L'étude de ces thèmes, qui de manière particulière a été au centre du travail de votre Assemblée au cours de ces journées, contribuera certainement à promouvoir la formation de la conscience de tant de nos frères, selon ce qu'affirme le Concile Vatican II dans la Déclaration Dignitatis humanae: "Mais les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l'Eglise. De par la volonté du Christ, en effet, l'Eglise catholique est maîtresse de vérité; sa fonction est d'exprimer et d'enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l'ordre moral découlant de la nature même de l'homme" (n. 14).



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