Benoît XVI de A à Z

Civilisation

2006



Message Carême 2006
Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l'histoire de l'Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd'hui encore, au temps de l'interdépendance globale, on peut constater qu'aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s'exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d'une attention et d'un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu, comme le disait la bienheureuse Teresa de Calcutta : «La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ». Pour cela il faut faire découvrir Dieu dans le visage miséricordieux du Christ : hors de cette perspective, une civilisation ne se construit pas sur des bases solides.



19 octobre 2006 - Discours au Congrès de l'Eglise Italienne, à Verona
On ressent avec une clarté croissante l'insuffisance d'une rationalité refermée sur elle-même et d'une éthique trop individualiste : concrètement, on ressent la gravité du risque de se couper des racines chrétiennes de notre civilisation. … la menace du sécularisme est partout présente et la nécessité d'une foi vécue en relation avec les défis de notre temps est tout aussi universelle..

Je voudrais souligner comment… doit …apparaître ce grand «oui» qu'en Jésus Christ Dieu a dit à l'homme et à sa vie, à l'amour humain, à notre liberté et à notre intelligence ; comment la foi dans le Dieu au visage humain apporte la joie dans le monde. Le christianisme est en effet ouvert à tout ce qu'il y a de juste, de vrai et de pur dans les cultures et dans les civilisations, à ce qui réjouit, réconforte et fortifie notre existence. Saint Paul, dans la Lettre aux Philippiens, a écrit : «Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est pur et juste, tout ce qui est digne d'être aimé et honoré, tout ce qui s'appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte» (4, 8).



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Mozambique
Tout au long des générations, les cultures africaines ont célébré avec une grande joie la place du mariage au cœur de la société. Comme introduction aux lois sur la famille, votre gouvernement a voulu protéger cette vérité et cette valeur fondamentale qui demeurent la base de toutes les civilisations. Toutefois, on trouve encore sur le continent africain des tendances à vider le mariage de son contenu. L'institution du mariage, établie par le Créateur avec une nature et une finalité propres, est préservée par le droit moral naturel, et ne peut être modifiée pour satisfaire les intérêts de groupes particuliers. Le mariage implique nécessairement une complémentarité entre le mari et la femme qui participent à l'œuvre de création de Dieu à travers le fait d'engendrer des enfants. C'est pourquoi les époux garantissent la survie de la société et de la culture et, … méritent à juste titre la reconnaissance spécifique de l'Etat.



2007



6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie
Qui sont donc les « Mages » d'aujourd'hui, et où en est leur « voyage » et notre « voyage » ? Chers frères et sœurs, revenons à ce moment de grâce spéciale que fut la conclusion du Concile Vatican II, le 8 décembre 1965, quand les Pères conciliaires adressèrent à l'humanité tout entière plusieurs « Messages ». Le premier était adressé « Aux gouvernants », le deuxième « Aux hommes de la pensée et de la science ». Il s'agit de deux catégories de personnes que, d'une certaine manière, nous pouvons voir représentées dans les figures évangéliques des Mages. Je voudrais ensuite en ajouter une troisième, à laquelle le Concile n'adressa pas de message, mais qui fut bien présente à son esprit dans la Déclaration conciliaire Nostra aetate. Je fais référence aux guides spirituels des grandes religions non chrétiennes. Plus de deux mille ans après, nous pouvons donc reconnaître dans les figures des Mages une sorte de préfiguration de ces trois dimensions constitutives de l'humanisme moderne : la dimension politique, la dimension scientifique et la dimension religieuse. L'Epiphanie nous le montre dans un état de « pèlerinage », c'est-à-dire dans un mouvement de recherche, souvent un peu confuse, qui, en définitive, possède son point d'arrivée dans le Christ, même si parfois l'étoile se cache. Dans le même temps, elle nous montre Dieu qui, à son tour, est en pèlerinage vers l'homme. Ce n'est pas seulement le pèlerinage de l'homme vers Dieu ; Dieu lui-même s'est mis en marche vers nous : en effet, qui est Jésus, sinon Dieu qui est sorti, pour ainsi dire, de lui-même pour venir à la rencontre de l'humanité ? Par amour, Il s'est fait histoire dans notre histoire ; par amour, il est venu nous apporter le germe de la vie nouvelle (cf. Jn 3, 3-6) et la semer dans les sillons de notre terre, afin qu'elle germe, qu'elle fleurisse et qu'elle porte du fruit.

Je voudrais aujourd'hui faire miens ces Messages conciliaires, qui n'ont rien perdu de leur actualité. Comme par exemple là où, dans le Message adressé aux gouvernants, on peut lire : « C'est à vous qu'il revient d'être sur terre les promoteurs de l'ordre et de la paix entre les hommes. Mais, ne l'oubliez pas : c'est Dieu, le Dieu vivant et vrai, qui est le Père des hommes. Et c'est le Christ, son Fils éternel, qui est venu nous le dire et nous apprendre que nous sommes tous frères. C'est lui, le grand artisan de l'ordre et de la paix sur la terre, car c'est lui qui conduit l'histoire humaine et qui seul peut conduire les cœurs à renoncer aux passions mauvaises qui engendrent la guerre et le malheur ». Comment ne pas reconnaître dans ces paroles des Pères conciliaires la trace lumineuse d'un chemin qui, seul, peut transformer l'histoire des nations et du monde ? Et encore, dans le « Message aux hommes de la pensée et de la science », nous lisons : « Continuez à chercher sans vous lasser, sans désespérer jamais de la vérité ! » - tel est, en effet, le grand danger : perdre intérêt pour la vérité et chercher seulement l'action, l'efficacité, le pragmatisme ! - « Rappelez-vous, continuent les Pères conciliaires, la parole d'un de vos grands amis, saint Augustin : « Cherchons avec le désir de trouver et trouvons avec le désir de chercher encore ». Heureux ceux qui, possédant la vérité, continuent de la chercher, pour la renouveler, pour l'approfondir, pour l'offrir aux autres. Heureux ceux qui, ne l'ayant pas trouvée, marchent vers elle d'un cœur sincère : qu'ils cherchent la lumière de demain avec les lumières d'aujourd'hui, jusqu'à la plénitude de la lumière !».

Voilà ce qui était dit dans les deux Messages conciliaires. Aux chefs des peuples, aux chercheurs et aux scientifiques, il est aujourd'hui plus que jamais nécessaire d'ajouter les représentants des grandes traditions religieuses non chrétiennes, en les invitant à se confronter à la lumière du Christ, qui n'est pas venu pour abolir, mais pour mener à bien ce que la main de Dieu a inscrit dans l'histoire religieuse des civilisations, en particulier dans les « grandes âmes », qui ont contribué à édifier l'humanité par leur sagesse et leurs exemples de vertu. Le Christ est lumière, et la lumière ne peut pas obscurcir, mais seulement illuminer, éclairer, révéler. Que personne n'ait donc peur du Christ et de son message ! Et si, au cours de l'histoire, les chrétiens, qui sont des hommes limités et pécheurs, ont parfois pu le trahir par leurs comportements, cela met encore davantage en évidence que la lumière est le Christ et que l'Eglise ne la reflète qu'en restant unie à Lui.



7 septembre 2007 - Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche
La « maison Europe », comme nous aimons appeler la communauté de ce continent, sera pour tous un lieu agréable à habiter seulement si elle est construite sur une solide base culturelle et morale de valeurs communes que nous tirons de notre histoire et de nos traditions. L'Europe ne peut pas et ne doit pas renier ses racines chrétiennes. Elles sont une composante dynamique de notre civilisation pour avancer dans le troisième millénaire.



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