Benoît XVI de A à Z

Malade - maladie - souffrance

 

 

Malade

Maladie - souffrance

 

 

 

 

1 – Le Seigneur ressuscité vous soutiennent chers malades, afin que vous acceptiez avec sérénité le poids de la souffrance. – Audience 27 avril 2005

 

2 -  Que la Vierge vous aide, vous chers malades, à regarder avec foi le mystère de la douleur et à percevoir la valeur salvifique de toute croix – Audience Générale 4.5.2005

 

3 – Je vous exhorte à vous tourner toujours avec confiance vers la Sainte Vierge, lui confiant chacune de vos nécessités. – Audience 11 mai 2005

 

4 – Je vous exhorte à approfondir la pieuse pratique du Saint Rosaire, spécialement au cours de ce mois de mai dédié à la Mère de Dieu. Le Rosaire est la prière évangélique qui nous aide à mieux comprendre les mystères fondamentaux de l’histoire du Salut. – Audience 18 mai 2005

 

5 – Je me tourne vers vous, chers malades, vous souhaitant de servir Dieu dans la joie et d’aimer le prochain avec un esprit évangélique. – Audience 25 mai 2005-06-27

 

 

6 – Arrêtons-nous souvent pour contempler ce profond mystère de l’Amour divin… A vous, chers malades, trouvez dans cette source infinie de Miséricorde le courage et la patience pour vivre la volonté de Dieu dans chaque situation. – Audience 1er juin 2005

 

7 – La richesse du C½ur du Christ et la tendresse du C½ur de Marie vous soutiennent toujours. Qu’ils vous aident, vous, chers malades, à vous confier avec un généreux abandon dans les mains de la Providence divine. – Audience 8 juin 2005

 

8 - Je salue enfin les malades... Je souhaite à tous de trouver dans l’amitié avec Jésus la force et l’enthousiasme nécessaires pour être ses témoins, partout. – Audience Générale 22 juin 2005

 

9 – Je vous souhaite, chers malades, de sentir aussi en ces mois la proximité de personnes amies et familiales. – Audience 6.7.2005

 

10 - La mission que vous accomplissez avec un engagement admirable est précieuse. Outre le service liturgique, vous vous préoccupez d'aller à la rencontre des pauvres et d'apporter un réconfort aux malades et aux personnes qui souffrent. Ce faisant, vous imitez le "bon Samaritain" et vous témoignez de façon concrète de l'élan missionnaire et de l'amour évangélique, qui doit distinguer tout authentique disciple du Christ. …

     …Faites de la prière la nourriture quotidienne de votre vie, à travers des arrêts fréquents de méditation et d'écoute de la Parole de Dieu et à travers la participation active à la Messe. Il est important que l'existence du chrétien soit centrée sur l'Eucharistie. …

     En effet, nous ne devons jamais oublier que le secret de l'efficacité de chacun de nos projets est le Christ et que notre vie doit être imprégnée de son action de renouveau. Nous devons placer sous son regard toutes les attentes et les nécessités du monde…

     … C'est à Jésus en particulier, que nous adorons dans l'Eucharistie, qu'il faut présenter les souffrances des malades auxquels vous rendez visite, la solitude des jeunes et des personnes âgées que vous rencontrez,  les peurs, les espérances et les perspectives de l'existence tout entière. Ainsi, dans cette attitude intérieure, il sera plus facile pour vous de réaliser votre vocation chrétienne et d'aller au-devant de ceux qui vivent dans des conditions difficiles ou d'abandon, en témoignant de la présence réconfortante du Christ. – Au Cercle de Saint-Pierre 7.7.2005

11 - Nous constatons la violence, la force de la haine dans le monde et nous en souffrons. Nous confions toutes nos souffrances et les souffrances du monde à la bonté de notre Seigneur…

     L'apôtre saint Jacques, frère de Jean, a été le premier martyr parmi les apôtres. Il était l'un des trois plus proches disciples du Seigneur et il a participé à la fois à la Transfiguration sur le Mont Thabor – avec sa beauté où apparaissait la splendeur de la divinité du Seigneur –, et à l'inquiétude, à l'angoisse du Seigneur sur le Mont des Oliviers. Il a ainsi également appris que le Fils de Dieu, pour porter le poids du monde, a fait l'expérience de toute notre souffrance et qu'il est solidaire avec nous. Vous savez que les reliques de saint Jacques sont vénérées dans le célèbre sanctuaire de Compostelle, en Galicie, en Espagne, but d'innombrables pèlerins provenant de toutes les régions d'Europe.. – Angelus 24.7.2005

 

21 août 2005 – Homélie Messe JMJ à Cologne

         "Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps" dit saint Paul (1 Co 10, 17). En cela il entend dire:  Puisque nous recevons le même Seigneur et que Lui nous accueille et nous attire en lui, nous sommes une seule chose aussi entre nous. Cela doit se manifester dans la vie. Cela doit se voir dans la capacité à pardonner. Cela doit se manifester dans la sensibilité aux besoins de l'autre. Cela doit se manifester dans la disponibilité à partager. Cela doit se manifester dans l'engagement envers le prochain, celui qui est proche comme celui qui est extérieurement loin, mais qui nous regarde toujours de près. Il existe aujourd'hui des formes de bénévolat, des modèles de service mutuel, dont notre société a précisément un besoin urgent. Nous ne devons pas, par exemple, abandonner les personnes âgées à leur solitude, nous ne devons pas passer à côté de ceux qui souffrent. Si nous pensons et si nous vivons dans la communion avec le Christ, alors nos yeux s'ouvriront. Alors nous ne nous contenterons plus de vivoter, préoccupés seulement de nous-mêmes, mais nous verrons où et comment nous sommes nécessaires. En vivant et en agissant ainsi, nous nous apercevrons bien vite qu'il est beaucoup plus beau d'être utiles et d'être à la disposition des autres que de se préoccuper seulement des facilités qui nous sont offertes.

 

 

18 décembre 2005 – Homélie Messe dans la paroisse romaine de Casalbertone

     « Sois sans crainte ! », Marie nous adresse à nous aussi cette parole… Notre monde est un monde de peurs: peur de la misère et de la pauvreté, peur des maladies et des souffrances, peur de la solitude, peur de la mort. Dans notre monde, il existe un système d'assurances très développé: c'est un bien qu'elles existent. Nous savons cependant qu'au moment de la souffrance profonde, au moment de la dernière solitude de la mort, aucune assurance ne pourra nous protéger. La seule assurance valable en ces moments est celle qui nous vient du Seigneur, qui nous dit à nous aussi: "Sois sans crainte, je suis toujours avec toi". Nous pouvons tomber, mais à la fin, nous tombons entre les mains de Dieu et les mains de Dieu sont de bonnes mains

 

 

31 décembre 2005  - Méditation lors du Te Deum dans la Basilique Saint-Pierre

     Nous demandons au Seigneur de la vie de soulager par sa grâce les peines provoquées par le mal, et de continuer à soutenir notre existence terrestre, en nous donnant le Pain et le Vin du salut, pour accompagner notre chemin vers la patrie du Ciel.

 

 

 

2006

 

 

 

8 janvier 2006 – Homélie Messe Baptêmes – Chapelle Sixtine

    Dans le Baptême chaque enfant est introduit dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité. Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à présent l'enfant est introduit, l'accompagnera toujours même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière. Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle. Paroles de lumière qui répondent aux grands défis de la vie et donnent l'indication juste sur la route à prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort, dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié, elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable, ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir. Mais nous sommes sûrs d'une chose : la famille de Dieu sera toujours présente et celui qui appartient à cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié sûre de Celui qui est la vie.
 

 

 

11 février 2006 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

     L'Église désire se pencher avec une sollicitude particulière sur les malades, en mobilisant l'attention de l'opinion publique sur les problèmes liés aux troubles psychiques, qui frappent désormais un cinquième de l'humanité et constituent une véritable urgence sanitaire….

 

     Dans de nombreux pays, il n'y a pas encore de législation en la matière, et dans d'autres, une politique définie pour la santé psychique fait défaut. Ensuite, il faut noter que la durée des conflits armés dans différentes régions de la terre, la succession de catastrophes naturelles effroyables, la diffusion du terrorisme, non seulement ont provoqué un nombre impressionnant de morts, mais ont engendré chez de nombreux rescapés des traumatismes psychiques, souvent irréversibles. Ensuite, dans les pays qui vivent un développement économique important, les experts reconnaissent comme étant à l'origine des nouvelles formes de mal-être mental l'incidence négative de la crise des valeurs morales. Cela accroît le sentiment de solitude, mine les formes traditionnelles de cohésion sociale, et forment même des clivages, à commencer par l'institution de la famille, et marginalisent les malades, surtout les malades mentaux, considérés souvent comme un fardeau pour la famille et la communauté. Je voudrais reconnaître ici le mérite de tous ceux qui, de différentes manières et à différents niveaux, ½uvrent afin que l'esprit de solidarité ne manque pas, mais que l'on continue à prendre soin de nos frères et s½urs, en s'inspirant des idéaux et des principes humains et évangéliques.

 

     Voilà pourquoi j'encourage les efforts de tous ceux qui s'emploient afin que les soins nécessaires soient donnés aux malades psychiques. Malheureusement, dans de nombreuses parties du monde, les services pour ces malades semblent manquer, ils sont insuffisants ou dans un état de désintégration. Le contexte social n'accepte pas toujours les malades psychiques et leurs limites, c'est aussi pour cela qu'on arrive difficilement à trouver les ressources humaines et financières nécessaires. On sent la nécessité de mieux intégrer le binôme thérapie appropriée et sensibilité nouvelle face au malaise, de manière à permettre au personnel de ce secteur d'aller toujours davantage à la rencontre de ces malades et de leurs familles qui, toutes seules, ne peuvent pas suivre comme il faudrait les parents en difficulté…

 

    Je désire m'adresser à vous, chers frères et s½urs éprouvés par la maladie, afin de vous inviter à offrir avec le Christ votre condition de souffrance au Père, dans la certitude que chaque épreuve acceptée avec résignation est méritoire et attire la bienveillance divine sur toute l'humanité. J'exprime mon appréciation à tous ceux qui vous assistent dans les centres d'accueil, dans les hôpitaux de jour, dans les centres de diagnostic et de soins, et je les exhorte à se prodiguer, afin que rien ne manque jamais à ceux qui ont besoin d'une assistance médicale, sociale et pastorale, respectueuse de la dignité propre à chaque être humain. L'Église, surtout par l'action des aumôniers, ne manquera pas de vous offrir son aide, parce qu'elle est bien consciente d'être appelée à manifester l'amour et la sollicitude du Christ envers tous ceux qui souffrent et envers ceux qui en prennent soin. Au personnel de la santé, aux organisations et associations du bénévolat, je recommande de soutenir, par des formes et des initiatives concrètes, les familles qui ont à charge des malades psychiques, envers lesquels je souhaite que s'intensifie et se propage la culture de l'accueil et du partage, grâce également à des lois adaptées et à des programmes sanitaires qui prévoient des ressources suffisantes pour leur application concrète. La formation, et la formation continue, du personnel qui travaille dans un secteur aussi délicat de la société s'avèrent donc plus urgentes que jamais. Selon sa mission et sa responsabilité, tout chrétien est appelé à offrir sa contribution afin que soit reconnue, respectée et encouragée la dignité de ces frères et s½urs.

 

     Duc in altum ! Cette exhortation du Christ à Pierre et aux apôtres, je l'adresse aux communautés ecclésiales répandues dans le monde et, plus spécialement, à ceux qui sont au service des malades, afin qu'avec l'aide de Marie, Salus infirmorum, ils témoignent la bonté et la sollicitude paternelle de Dieu. Que la Vierge Sainte réconforte tous ceux qui sont frappés par la maladie et soutienne ceux qui, comme le Bon Samaritain, soulagent leurs blessures corporelles et spirituelles.

 

 

 

 

 

 

 

11 février 2006 – Au terme de la Messe des Malades

     Nous savons tous que, dans la Grotte de Massabielle, la Vierge a manifesté la tendresse de Dieu pour les personnes qui souffrent. Cette tendresse, cet amour attentif est ressenti de manière particulièrement vive dans le monde précisément le jour de la fête de la Sainte Vierge de Lourdes, en réactualisant dans la liturgie, et en particulier dans l'Eucharistie, le mystère du Christ rédempteur de l'homme, dont la Vierge Immaculée représente une anticipation. En se présentant à Bernadette comme l'Immaculée Conception, la Très Sainte Vierge Marie est venue rappeler au monde moderne, qui risquait de l'oublier, le primat de la Grâce divine, plus forte que le péché et la mort. Et voilà que le lieu de son apparition, la Grotte de Massabielle à Lourdes, est devenu un lieu de pèlerinage pour tout le Peuple de Dieu, en particulier pour ceux qui se sentent opprimés et qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai" (Mt 11, 28), a dit Jésus. A Lourdes, il continue de répéter cette invitation, à travers la médiation maternelle de Marie, à tous ceux qui y accourent avec confiance.

     Chers frères, cette année, avec mes collaborateurs du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, nous avons voulu placer au centre de l'attention les personnes atteintes de maladies mentales. "Santé mentale et dignité humaine" a été le thème du congrès qui s'est déroulé à Adelaïde, approfondissant à la fois les aspects scientifiques, éthiques et pastoraux. Nous savons tous comment Jésus se plaçait face à l'homme dans tout son être, pour le guérir complètement, dans le corps, dans la psyché et dans l'esprit. En effet, la personne humaine est un tout, et ses différentes dimensions peuvent et doivent être distinguées, mais pas être séparées. Ainsi, l'Eglise se propose elle aussi toujours de considérer les personnes comme telles et cette conception caractérise les institutions médicales catholiques, ainsi que l'esprit des professionnels de la santé qui oeuvrent au sein de celles-ci. En ce moment, je pense de manière particulière aux familles dont un membre est atteint de maladie mentale et qui vivent les difficultés et les divers problèmes que cela engendre. Nous nous sentons proches de toutes ces situations, à travers la prière et les innombrables initiatives que la Communauté ecclésiale met en oeuvre partout dans le monde, en particulier là où la législation fait défaut, où les structures publiques sont insuffisantes, et où les catastrophes naturelles ou, malheureusement, les guerres et les conflits armés produisent de graves traumatismes psychiques chez les personnes. Ce sont des formes de pauvreté qui attirent la charité du Christ, Bon Samaritain, et de l'Eglise, indissolublement unie à lui dans le service à l'humanité qui souffre.

     A tous les médecins, les infirmières et les autres professionnels de la santé, à tous les volontaires engagés dans ce domaine, je voudrais aujourd'hui remettre symboliquement l'Encyclique Deus caritas est, avec le souhait que l'amour de Dieu soit toujours vivant dans leurs coeurs, de façon à animer le travail quotidien, les projets, les initiatives, et surtout leurs relations avec les personnes malades. Chers amis, en agissant au nom de la charité et dans l'esprit de la charité, vous offrez votre précieuse contribution également à l'évangélisation, car l'annonce de l'Evangile a besoin de signes cohérents qui l'accompagnent. Et ces signes parlent le langage de l'amour universel, un langage compréhensible par tous.

       Dans quelques instants, recréant le climat spirituel de Lourdes, les lumières s'éteindront dans la Basilique et nous allumeront nos cierges, symbole de foi et d'invocation ardente à Dieu. Le chant de l'Ave Maria de Lourdes, nous invitera à nous rendre spirituellement devant la Grotte de Massabielle, aux pieds de la Vierge Immaculée. Avec une foi profonde nous voulons lui présenter notre condition humaine, nos maladies, signes du besoin que nous avons tous, alors que nous avançons dans notre pèlerinage terrestre, d'être sauvés par son Fils Jésus Christ. Que Marie garde notre espérance vivante, pour que, fidèles à l'enseignement du Christ, nous renouvelions l'engagement de soulager nos frères dans leurs maladies. Que le Seigneur fasse en sorte qu'au moment où elle en aura besoin aucune personne ne soit seule ni abandonnée, mais, au contraire, qu'elle puisse vivre la maladie en conservant également sa dignité humaine.

 

12 février 2006 – Angelus

     La maladie est un trait typique de la condition humaine, qui peut devenir une métaphore réaliste de celle-ci, comme l'exprime saint Augustin dans l'une de ses prières:  "Seigneur, ayez pitié de moi! Hélas! Voilà mes blessures, je ne les cache pas. Vous êtes le médecin, je suis le malade; vous êtes miséricordieux, je suis un misérable". (Conf. Livre X, n. 39).

     Le Christ est le vrai "médecin" de l'humanité, que le Père céleste a envoyé dans le monde pour guérir l'homme, marqué dans son corps et son esprit par le péché et ses conséquences. L'Evangile de Marc nous présente Jésus qui, au début de son ministère public se consacre tout entier à la prédication et à la guérison des malades dans les villages de Galilée. Les innombrables signes prodigieux qu'il accomplit sur les malades confirment la "bonne nouvelle" du Royaume de Dieu. L'Evangile raconte la guérison d'un lépreux et exprime avec une grande force l'intensité de la relation entre Dieu et l'homme, résumée dans un merveilleux dialogue:  "Si tu le veux, tu peux me purifier", dit le lépreux. "Je le veux, sois purifié", répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre (Mc 1, 40-42). Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l'histoire du salut:  ce geste de Jésus qui tend la main et touche le corps couvert de plaies de la personne qui l'invoque, manifeste parfaitement la volonté de Dieu de guérir sa créature déchue, en lui redonnant la vie "en abondance" (Jn 10, 10), la vie éternelle, pleine, heureuse. Le Christ est "la main" de Dieu tendue à l'humanité pour qu'elle puisse sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et se remettre debout sur le roc solide de l'amour divin (cf. Ps 39, 2-3).

     Je voudrais aujourd'hui confier à Marie "Salus infirmorum" tous les malades, spécialement ceux qui, dans le monde entier, souffrent non seulement d'un problème de santé mais aussi de la solitude, de la pauvreté, de la marginalisation. J'adresse une pensée particulière également à ceux qui dans les hôpitaux et tout autre centre de soins assistent les malades et mettent tout en oeuvre pour leur guérison. Que la Sainte Vierge Marie aide chacun à trouver le réconfort dans le corps et dans l'esprit, grâce à une assistance médicale adaptée et à la charité fraternelle qui sait être attentive, concrète et solidaire.

 

 

12 février 2006 – Aux pélerins francophones, au terme de l’Angelus

     Comme nous le dit saint Paul, tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu, prenant conscience que vos actes sont, auprès de vos frères, des témoignages de la vérité de l'Evangile et de la liberté que nous donne le Christ.

 

 

 

 

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

     J'ai toujours pensé que le service premier du prêtre est de servir les malades, les personnes qui souffrent, car le Seigneur est surtout venu pour être avec les malades. Il est venu pour partager nos souffrances et pour nous guérir. A l'occasion de leur visite "ad limina", je dis toujours aux Evêques africains que les deux piliers de notre travail sont l'éducation - c'est-à-dire la formation de l'homme, qui implique de nombreuses dimensions comme l'éducation pour apprendre, le professionnalisme, l'éducation à l'intimité de la personne - et la guérison. Le service fondamental, essentiel de l'Eglise est donc celui de guérir. C'est précisément dans les pays africains que se réalise tout cela: l'Eglise offre la guérison. Elle présente les personnes qui aident les malades, qui aident à guérir dans le corps et dans l'âme. Il me semble donc que nous devons voir précisément dans le Seigneur, notre modèle de prêtre pour guérir, pour aider, pour assister, pour accompagner vers la guérison. Cela est fondamental pour l'engagement de l'Eglise; cela est la forme fondamentale de l'amour et cela est donc l'expression fondamentale de la foi. En conséquence, cela est aussi le point central du sacerdoce.
 

14 avril 2006 – Méditation Via Crucis, au Colisée

     Dans le reflet de la Croix nous avons vu toutes les souffrances de l'humanité d'aujourd'hui. Dans la Croix du Christ nous avons vu aujourd'hui la souffrance des enfants abandonnés, abusés; les menaces contre la famille; la division du monde due à l'orgueil des riches, qui ne voient pas Lazare devant leur porte, et la misère des nombreuses personnes qui souffrent de faim et de soif.

     Nous avons également vu des "stations" de consolation. Nous avons vu la Mère, dont la bonté reste fidèle jusqu'à la mort, et au-delà de la mort. Nous avons vu la femme courageuse, qui se trouve devant le Seigneur et qui n'a pas peur de montrer sa solidarité avec cet Homme qui souffre. Nous avons vu Simon de Cyrène, un africain, qui porte la Croix avec Jésus. A travers ces "stations" de consolation, nous avons enfin vu que, de même que la souffrance ne prend pas fin, les consolations aussi ne connaissent pas de fin

 

15 avril 2006 - Message de Pâques Urbi et Orbi

     Le prophète Ézéchiel l'avait annoncé: «Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d'Israël» (Ez 37, 12). Le jour de Pâques, ces paroles prophétiques prennent une valeur singulière, parce que, aujourd'hui, s'accomplit la promesse du Créateur; aujourd'hui, également à notre époque marquée par l'inquiétude et l'incertitude, nous revivons l'événement de la résurrection, qui a changé la face de notre existence, qui a changé l'histoire de l'humanité. C'est du Christ ressuscité que les personnes encore opprimées par les liens de la souffrance et de la mort attendent l'espérance, parfois aussi sans le savoir.
 

 

 

31 août 2006 – Avec les prêtres du diocèse d’Albano

     Nous sommes toujours responsables des personnes qui souffrent, des malades, des laissés-pour-compte, des pauvres

 

 

1er septembre 2006 – Sanctuaire de la Sainte Face de Manopello

     J'adresse une salutation particulière aux malades. Nous savons que le Seigneur est particulièrement proche de vous, qu'il vous aide, qu'il vous accompagne dans vos souffrances. Vous êtes présents dans nos prières. Et priez pour nous également

 

 

 

14 octobre 2006 – Aux groupes de prière et ½uvrent de Padre Pio

     La foi en Dieu et la recherche scientifique coopèrent dans le même but, qui peut être exprimé au mieux à travers les paroles de Jésus lui-même: "Pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance" (Jn 10, 10). Oui, Dieu est vie, et il veut que l'homme soit guéri de tous les maux du corps et de l'esprit. C'est pourquoi Jésus prit soin inlassablement des malades, préannonçant par leur guérison le Royaume de Dieu désormais proche. C'est pour la même raison que l'Eglise, grâce au charisme de nombreux saints et saintes, a prolongé et diffusé au cours des siècles ce ministère prophétique du Christ, à travers d'innombrables initiatives dans le domaine de la santé et du service aux personnes qui souffrent.

 

 

 

 

19 octobre 2006 – Discours au Congrès de l’Eglise Italienne, à Verona

     C'est précisément parce qu'il nous aime véritablement que Dieu respecte et sauve notre liberté. Au pouvoir du mal et du péché, il n'oppose pas un pouvoir plus grand mais - comme nous l'a dit notre bien-aimé Pape Jean-Paul II dans l'Encyclique Dives in Misericordia et, une dernière fois, dans son livre Mémoire et identité, son véritable testament spirituel - il préfère mettre la limite de sa patience et de sa miséricorde, cette limite qui est, concrètement, la souffrance du Fils de Dieu. Ainsi, notre souffrance également est transformée de l'intérieur, elle est introduite dans la dimension de l'amour et elle renferme une promesse de salut. Chers frères et s½urs, tout cela Jean-Paul II ne l'a pas seulement pensé, ni même seulement cru avec une foi abstraite : il l'a compris et vécu avec une foi mûrie dans la souffrance. Sur ce chemin, en tant qu'Eglise, nous sommes appelés à le suivre, de la manière et dans la mesure que Dieu dispose pour chacun de nous. La Croix nous fait peur à juste titre, comme elle a provoqué peur et angoisse en Jésus Christ (cf. Mc 14, 33-36) : mais elle n'est pas la négation de la vie, dont il faut se débarrasser pour être heureux. Elle est en revanche le «oui» extrême de Dieu à l'homme, l'expression suprême de son amour et la source dont jaillit la vie pleine et parfaite : elle contient donc l'invitation la plus convaincante à suivre le Christ sur la voie du don de soi…

 

     Je tiens ici à adresser une pensée affectueuse particulière aux membres souffrants du corps du Seigneur : ces derniers, … complètent ce qui manque aux souffrances du Christ dans leur propre chair (cf. Col 1, 24) et ils contribuent ainsi de la manière la plus efficace au salut commun. Ils sont les témoins les plus convaincants de cette joie qui vient de Dieu et qui donne la force d'accepter la Croix dans l'amour et dans la persévérance…

 

     La forte unité qui s'est réalisée dans l'Eglise des premiers siècles entre une foi amie de l'intelligence et une pratique de vie caractérisée par l'amour réciproque et par une attention emplie d'égards portée aux pauvres et aux personnes qui souffrent, a rendu possible la première grande expansion missionnaire du christianisme dans le monde gréco-romain. Ainsi en a-t-il été par la suite, dans divers contextes culturels et situations historiques. Cela reste la voie maîtresse pour l'évangélisation.

 

14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Lésotho
    
La plaie du SIDA, qui frappe plusieurs millions de personnes … a apporté d'indicibles souffrances …. Soyez assuré de la profonde préoccupation de l'Eglise catholique en vue de faire tout son possible pour soulager toutes les personnes frappées par cette cruelle maladie, ainsi que leurs familles. Dans les visages des personnes malades et mourantes, les chrétiens reconnaissent le visage du Christ, et c'est lui que nous servons lorsque nous apportons notre aide et notre réconfort aux personnes qui souffrent (cf. Mt 25, 31-40). Dans le même temps, il est d'une importance vitale de transmettre le message selon lequel la fidélité au sein du mariage et l'abstinence en dehors du mariage sont les meilleurs moyens d'éviter l'infection et de mettre un terme à la diffusion du virus. En effet, les valeurs qui découlent d'une compréhension authentique du mariage et de la vie de famille constituent la seule base sûre pour une société stable.

 

 

25 décembre 2006 – Message Urbi et Orbi de Noel

     En ce temps d'abondance et de consommation effrénée, on meurt encore de faim et de soif, de maladie et de pauvreté. …
      Comment ne pas voir que c'est justement du fond de l'humanité avide de jouissance et désespérée que s'élève un cri déchirant d'appel à l'aide ?

 

 

2007

 

11 janvier 2007 ­– Aux administrateurs de la Ville de Rome et de la Province du Lazio

     J’ai accomplie la semaine dernière une visite à la cantine de la Caritas diocésaine de Rome, sur le Colle Oppio. A cette occasion, en intitulant cette cantine à mon inoubliable prédécesseur Jean-Paul II, j'ai répété ses paroles, prononcées quinze ans plus tôt en ce même lieu: "L'homme qui souffre nous appartient". Oui, éminents représentants des Administrations de Rome et du Latium, tout homme qui souffre appartient à l'Eglise, et dans le même temps, appartient à tous ses frères en humanité. Il appartient donc, et à un titre précis, à vos responsabilités d'Administrateurs publics

 

     Il y a également le très vaste domaine de la protection de la santé, qui exige un effort considérable et coordonné pour assurer à ceux qui souffrent de maladies physiques ou psychiques des soins rapides et adaptés. Sur ce terrain également, l'Eglise et les organisations catholiques sont heureuses d'offrir leur collaboration, à la lumière des grands principes du caractère sacré de la vie humaine, depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et de la place centrale de la personne du malade. J'ai confiance dans votre disponibilité pour soutenir une telle collaboration, qui est assurément dans l'intérêt de toute la population.

 

17 janvier 2007 – Audience Générale

     On peut dire que chaque soulagement, aussi petit soit-il, que les chrétiens apportent ensemble à la souffrance du prochain, contribue à rendre plus visible également leur communion et leur fidélité au commandement du Seigneur…

      L'harmonie d'intentions dans la diaconie pour soulager les souffrances de l'homme, la recherche de la vérité du message du Christ, la conversion et la pénitence, constituent des étapes obligatoires à travers lesquelles chaque chrétien digne de ce nom doit s'unir à son frère pour implorer le don de l'unité et de la communion.
 

25 janvier – Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs

     Les paroles « Il fait entendre les sourds et parler les muets » constituent une bonne nouvelle, qui annonce la venue du Royaume de Dieu et la guérison de l'incommunicabilité et de la division. Ce message se retrouve dans toute la prédication et l'½uvre de Jésus, qui traversait les villages, les villes et les campagnes, et, partout où il allait, « on mettait les malades sur les places et on le priait de les laisser toucher ne fût-ce que la frange de son manteau, et tous ceux qui le touchaient étaient sauvés » (Mc 6, 56). La guérison du sourd-muet, … a lieu alors que Jésus, ayant quitté la région de Tyr, se dirige vers le lac de Galilée, traversant ce qu'on appelle la « Décapole », territoire multiethnique et multireligieux (cf. Mc 7, 31). Une situation emblématique également pour notre époque. Comme ailleurs, dans la Décapole également, on présente à Jésus un malade, un homme sourd et ayant des difficultés à parler (moghìlalon) et on le prie de lui imposer les mains, car on le considère comme un homme de Dieu. Jésus conduit le sourd-muet loin de la foule et accomplit des gestes qui signifient un contact salvifique - il met ses doigts dans ses oreilles, touche avec sa salive la langue du malade - puis, tournant le regard vers le ciel, commande : « Ouvre-toi ! ». Il prononce ce commandement en araméen (« Ephphata ») vraisemblablement la langue des personnes présentes et du sourd-muet lui-même, une expression que l'évangéliste traduit en grec (dianoìchthti). Les oreilles du sourd s'ouvrirent, le lien de sa langue se dénoua : « et il parlait correctement » (orthos). Jésus recommande que l'on ne dise rien du miracle. Mais, plus il le recommandait, « de plus belle ils le proclamaient ». Et le commentaire émerveillé de ceux qui y avaient assisté reprend la prédication d'Isaïe pour l'avènement du Messie : « Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37).
 

 

28 janvier 2007 – Angelus

    A l'occasion de la Journée mondiale des malades de la lèpre qui a lieu aujourd'hui, je voudrais faire parvenir mon salut, avec l'assurance d'un souvenir particulier dans la prière, à toutes les personnes qui souffrent de ce mal. Je leur souhaite la guérison et, en tous cas, des soins adaptés et des conditions dignes. J'encourage les agents de la santé et les bénévoles qui les assistent de même que ceux qui, de diverses manières unissent leurs efforts pour éradiquer cette maladie, qui n'est pas seulement une maladie mais une plaie sociale. De nombreux hommes et femmes se sont donnés sur les pas du Christ à cette cause, parmi lesquels je suis heureux de rappeler Raoul Follereau et le bienheureux Damien de Veuster, apôtre des lépreux à Molokaï.

 

9 février 2007 – A un groupe de Ministres des Finances

    J'encourage de tout c½ur vos efforts dans ce nouveau programme et dans son objectif de promouvoir la recherche scientifique en vue de la découverte de nouveaux vaccins. De tels vaccins sont urgents et nécessaires pour éviter que des millions d'êtres humains, y compris d'innombrables enfants, ne meurent chaque année de maladies infectieuses, en particulier dans les régions du monde le plus à risque. En ce temps de mondialisation, nous sommes tous préoccupés par l'écart croissant entre le niveau de vie dans les pays bénéficiant d'une grande richesse et d'un degré élevé de développement technologique, et celui des pays en voie de développement, où la pauvreté non seulement persiste, mais s'aggrave.

 

11 février 2007 - Message pour la Journée Mondiale du Malade

    Le 11 février 2007, jour où l'Eglise célèbre la mémoire liturgique de Notre-Dame de Lourdes, sera célébrée à Séoul, en Corée, la Quinzième Journée mondiale du Malade. Un certain nombre de rencontres, de conférences, de rassemblements pastoraux et de célébrations liturgiques auront lieu avec les représentants de l'Eglise qui est en Corée, avec le personnel médical, les malades et leurs familles. Encore une fois, l'Eglise se tourne vers ceux qui souffrent et attire l'attention sur les malades incurables, dont un grand nombre meurent à la suite de maladies en phase terminale. Ils sont présents sur chaque continent, en particulier dans des lieux où la pauvreté et les difficultés sont la cause d'une misère et d'une douleur immenses. Conscient de ces souffrances, je serai spirituellement présent à la Journée mondiale du Malade, uni à ceux qui se rencontreront pour discuter du fléau des maladies incurables dans notre monde et qui encourageront les efforts des communautés chrétiennes dans leur témoignage de la tendresse et de la miséricorde du Seigneur.

    Etre malade comporte inévitablement un moment de crise et une sérieuse confrontation avec sa propre situation personnelle. Les progrès dans les sciences médicales offrent souvent les instruments nécessaires pour affronter ce défi, tout au moins en ce qui concerne ses aspects physiques. Cependant, la vie humaine a ses limites intrinsèques et, tôt ou tard, elle se termine par la mort. Il s'agit d'une expérience à laquelle chaque être humain est appelé et à laquelle il doit être préparé. Malgré les progrès de la science, on ne peut pas trouver de traitement pour chaque maladie et ainsi, dans les hôpitaux, dans les hospices et dans les maisons du monde entier, nous rencontrons la souffrance d'un grand nombre de nos frères et s½urs incurables et souvent en phase terminale. En outre, des millions de personnes dans le monde vivent encore dans des conditions insalubres et n'ont pas accès aux ressources médicales nécessaires, souvent même à celles de base, avec pour résultat que le nombre d'êtres humains considérés comme "incurables" a beaucoup augmenté.

     L'Eglise désire soutenir les malades incurables et ceux qui sont en phase terminale en exhortant à des politiques sociales équitables, qui puissent contribuer à éliminer les causes de nombreuses maladies et en demandant de manière urgente une meilleure assistance pour les personnes qui meurent et pour lesquelles aucun traitement médical n'est disponible. Il est nécessaire de promouvoir des politiques en mesure de créer des conditions où les êtres humains puissent également supporter des maladies incurables et affronter la mort de manière digne. A ce propos, il est nécessaire de souligner encore une fois la nécessité d'un plus grand nombre de centres pour les soins palliatifs qui offrent une assistance intégrale, fournissant aux malades l'aide humaine et l'accompagnement spirituel dont ils ont besoin. Il s'agit d'un droit qui appartient à chaque être humain et que nous devons tous nous engager à défendre.

    Je désire encourager les efforts de ceux qui ½uvrent quotidiennement pour garantir que les malades incurables et en phase terminale, ainsi que leurs familles, reçoivent une assistance adaptée et pleine d'amour. L'Eglise, suivant l'exemple du Bon Samaritain, a toujours fait preuve d'une sollicitude particulière pour les malades. A travers chacun de ses membres et ses institutions, elle continue d'être aux côtés de ceux qui souffrent et qui vont mourir, cherchant à préserver leur dignité en ces moments significatifs de l'existence humaine. Un grand nombre de ces personnes, du personnel médical, des agents pastoraux et des volontaires, ainsi que des institutions présentes dans le monde entier, servent inlassablement les malades dans les hôpitaux et dans les unités de soins palliatifs, dans les rues de la ville, dans le cadre des projets d'assistance à domicile et dans les paroisses.

     A présent, je m'adresse à vous, chers frères et s½urs qui souffrez de maladies incurables ou en phase terminale. Je vous encourage à contempler les souffrances du Christ crucifié et, en union avec Lui, à vous adresser au Père avec une confiance totale dans le fait que toute la vie, et la vôtre en particulier, est entre ses mains. Sachez que vos souffrances, unies à celles du Christ, se révéleront fécondes pour les besoins de l'Eglise et du monde. Je demande au Seigneur de renforcer votre foi dans Son amour, en particulier au cours de ces épreuves que vous affrontez. Je forme le v½u que, partout où vous êtes, vous trouverez toujours l'encouragement et la force spirituelle nécessaires pour nourrir votre foi et vous conduire plus près du Père de la Vie. A travers ses prêtres et ses collaborateurs pastoraux, l'Eglise désire vous assister et être à vos côtés, en vous aidant à l'heure du besoin et en manifestant ainsi la miséricorde pleine d'amour du Christ envers ceux qui souffrent.

    Enfin, je demande à la communauté ecclésiale du monde entier, et en particulier à ceux qui se consacrent au service des malades, de continuer, avec l'aide de Marie, Salus Infirmorum, à rendre un témoignage concret de la sollicitude aimante de Dieu, notre Père. Que la Bienheureuse Vierge, notre Mère, réconforte ceux qui sont malades et soutienne ceux qui ont consacré leur vie, comme de Bons Samaritains, à soigner les blessures physiques et spirituelles des personnes qui souffrent. En union de pensée et de prière, je donne de tout c½ur ma Bénédiction apostolique en gage de force et de paix dans le Seigneur.

 

 

 

11 février 2007 – Angelus

     L'Eglise fait aujourd'hui mémoire de la première apparition de la Vierge Marie à sainte Bernadette, le 11 février 1858 dans la grotte de Massabielle, près de Lourdes. Un événement prodigieux qui a fait de cette localité, située sur le versant français des Pyrénées, un centre mondial de pèlerinages et d'intense spiritualité mariale. En ce lieu, depuis désormais près de 150 ans, résonne avec force l'appel de la Vierge à la prière et à la pénitence, comme un écho permanent de l'invitation par laquelle Jésus inaugura sa prédication en Galilée : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15). Ce sanctuaire est en outre devenu la destination de nombreux pèlerins malades qui, se mettant à l'école de la Très Sainte Vierge Marie sont encouragés à accepter leurs souffrances et à les offrir pour le salut du monde, en les unissant à celles du Christ crucifié.

Précisément en raison du lien existant entre Lourdes et la souffrance humaine, il y a quinze ans, le bien-aimé Jean-Paul II a voulu qu'à l'occasion de la fête de la Vierge de Lourdes on célèbre également la Journée mondiale du Malade. ..Ma pensée va aux agents de la santé du monde entier, bien conscient de l'importance que revêt dans notre société leur service aux personnes malades. Je désire manifester surtout ma proximité spirituelle et mon affection à nos frères et soeurs malades, en me souvenant en particulier de ceux qui sont touchés par des maux plus graves et douloureux. Il est nécessaire de soutenir le développement des soins palliatifs qui offrent une assistance intégrale et fournissent aux malades incurables le soutien humain et l'accompagnement spirituel dont ils ont fortement besoin.

    Je voudrais, à travers la prière de l'Angélus, confier à la protection maternelle de la Vierge Immaculée, les malades et les personnes souffrant dans leur corps et dans leur esprit, dans le monde entier.
 

 

11 février 2007 – Angelus

     L'Eglise fait aujourd'hui mémoire de la première apparition de la Vierge Marie à sainte Bernadette, le 11 février 1858 dans la grotte de Massabielle, près de Lourdes. Un événement prodigieux qui a fait de cette localité, située sur le versant français des Pyrénées, un centre mondial de pèlerinages et d'intense spiritualité mariale. En ce lieu, depuis désormais près de 150 ans, retentit avec force l'appel de la Vierge à la prière et à la pénitence, comme un écho permanent de l'invitation par laquelle Jésus inaugura sa prédication en Galilée:  "Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche. Repentez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1, 15) Ce sanctuaire est en outre devenu la destination de nombreux pèlerins malades qui, se mettant à l'écoute de la Très Sainte Vierge Marie, sont encouragés à accepter leurs souffrances et à les offrir pour le salut du monde, en les unissant à celles du Christ crucifié.

     Précisément en raison du lien existant entre Lourdes et la souffrance humaine, il y a quinze ans, le bien-aimé Jean-Paul II a voulu qu'à l'occasion de la fête de la Vierge de Lourdes, on célèbre également la Journée mondiale des Malades. Cette année, le centre de cet événement  se  situe  dans  la ville de Séoul, capitale de la Corée du Sud, où j'ai envoyé le Cardinal Javier Lozano Barragán, Président du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, me représenter. Je lui adresse une salutation cordiale, ainsi qu'à tous ceux qui y sont réunis. Ma pensée va également aux agents de la santé du monde entier, bien conscient de l'importance que revêt dans notre société leur service aux personnes malades. Je désire manifester surtout ma proximité spirituelle et mon affection à nos frères et s½urs malades, en me souvenant en particulier de ceux qui sont touchés par des maux plus graves et douloureux:  c'est à eux que s'adresse en particulier notre attention en cette Journée. Il est nécessaire de soutenir le développement des soins palliatifs qui offrent une assistance intégrale et fournissent aux malades incurables le soutien humain et l'accompagnement spirituel dont ils ont fortement besoin.

 

 

11 février 2007 – Aux pélerins francophones, au terme de l’Angelus

     Puisse chaque malade trouver auprès de ses frères le soutien spirituel dont il a besoin pour affronter ce temps d'épreuve et pour garder confiance en Dieu, notre Père, dans la certitude que toute vie, et celle des malades en particulier, est entre ses mains.

 

 

11 février 2007 - Au terme de la Messe en l'honneur de Notre-Dame de Lourdes
    
C'est donc aujourd'hui la fête de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes, qui, il y a un peu moins de cent-cinquante ans, apparut à une simple jeune fille, sainte Bernadette Soubirous, se présentant comme l'Immaculée Conception. Dans cette apparition également, la Vierge s'est manifestée comme une mère tendre envers ses enfants, rappelant que les petits, les pauvres, sont les préférés de Dieu et que le mystère du Royaume des cieux leur est révélé. Chers amis, Marie, qui avec sa foi a accompagné son Fils jusque sous la croix, Elle qui fut associée par un mystérieux dessein aux souffrances du Christ son Fils, ne se lasse jamais de nous exhorter à vivre et à partager avec une confiance sereine l'expérience de la douleur et de la maladie, en l'offrant avec foi au Père, complétant ainsi ce qui manque dans notre chair aux souffrances du Christ (cf. Col 1, 24). A cet égard, me reviennent en esprit les paroles avec lesquelles mon vénéré prédécesseur Paul VI concluait l'Exhortation apostolique Marialis cultus: "A l'homme d'aujourd'hui souvent tiraillé entre l'angoisse et l'espérance, prostré par le sentiment de ses limites et assailli par des aspirations sans bornes, la Vierge Marie, contemplée dans sa vie terrestre et dans la réalité qu'elle possède déjà dans la Cité de Dieu, offre une vision sereine et une parole rassurante: la victoire de l'espérance sur l'angoisse, de la communion sur la solitude, de la paix sur le trouble, de la joie et de la beauté sur le dégoût et la nausée, des perspectives éternelles sur les perspectives temporelles, de la vie sur la mort" (n. 57). Ce sont des paroles qui éclairent notre chemin, même lorsque semble disparaître le sens de l'espérance et la certitude de la guérison; ce sont des paroles que je voudrais réconfortantes, en particulier pour ceux qui sont frappés par des maladies graves et douloureuses.

     Et c'est précisément à nos frères particulièrement éprouvés que la Journée mondiale des Malades d'aujourd'hui consacre son attention. C'est à eux que nous voudrions communiquer la proximité matérielle et spirituelle de la communauté chrétienne tout entière. Il est important de ne pas les laisser dans l'abandon et dans la solitude, alors qu'ils doivent affronter un moment aussi délicat de leur vie. C'est pourquoi ceux qui, avec patience et amour, mettent au service de ces derniers leurs compétences professionnelles et leur chaleur humaine, sont donc dignes d'éloges. Je pense aux médecins, aux infirmiers, aux agents de la santé, aux volontaires, aux religieux et aux religieuses, aux prêtres qui se prodiguent pour eux sans s'épargner, comme le Bon Samaritain, sans prendre en considération leur condition sociale, la couleur de leur peau ou leur appartenance religieuse, mais seulement ce dont ils ont besoin. Sur le visage de chaque être humain, encore davantage s'il est éprouvé et défiguré par la maladie, brille le visage du Christ, qui a dit: "Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40).

     Chers frères et s½urs, d'ici peu une retraite aux flambeaux suggestive fera revivre l'atmosphère qui se crée entre les pèlerins et les fidèles à Lourdes, à la tombée de la nuit. Notre pensée va vers la grotte de Massabielle, où se mêle la douleur humaine et l'espérance, la peur et la confiance. Combien de pèlerins, réconfortés par le regard de la Mère, trouvent à Lourdes la force d'accomplir plus facilement la volonté de Dieu, même lorsqu'elle exige renoncement et douleur, conscients que, comme l'affirme l'Apôtre Paul, tout concourt au bien de ceux qui aiment le Seigneur (cf. Rm 8, 28). Chers frères et s½urs, que le cierge que vous tenez allumé entre les mains soit aussi pour vous le signe d'un désir sincère de marcher avec Jésus, lumière de paix qui éclaire les ténèbres et nous pousse, à notre tour, à être lumière et soutien pour ceux qui vivent à nos côtés. Que personne, en particulier ceux qui se trouvent dans des conditions de dure souffrance, ne se sente jamais seul et abandonné. Ce soir, je vous confie tous à la Vierge Marie. Après avoir connu d'indicibles souffrances, Elle a été élevée au ciel, où elle nous attend et où nous espérons nous aussi, pouvoir partager un jour la gloire de son divin Fils, la joie sans fin.

 

 

 

17 février 2007 – Aux Représentants Pontificaux en Amérique Latine

     Chaque nonce apostolique est appelé à consolider les liens de communion entre les Eglises particulières et le successeur de Pierre. C'est à lui qu'est confiée la responsabilité de promouvoir, avec les pasteurs et tout le peuple de Dieu, le dialogue et la collaboration avec la société civile pour réaliser le bien commun. Les Représentants pontificaux sont la présence du pape, qui se fait proche à travers eux de tous ceux qu'il ne peut rencontrer en personne et, en particulier, de tous ceux qui vivent dans des conditions de difficulté et de souffrance.

 

1er avril 2007 – Homélie Messe des Rameaux – XXIIème JMJ

    Dans la procession du Dimanche des Rameaux, nous nous associons à la foule des disciples qui, dans une joyeuse fête, accompagnent le Seigneur lors de son entrée à Jérusalem. Comme eux, nous louons le Seigneur à pleine voix pour tous les prodiges que nous avons vus. Oui, nous aussi nous avons vu et nous voyons encore les prodiges du Christ:  comment il conduit les hommes et les femmes à renoncer aux commodités de leur vie et à se mettre totalement au service des personnes qui souffrent.

 

 

15 avril 2007 – Homélie Messe 80 ans du Saint-Père Benoit XVI

     A l'aube de l'Eglise naissante, les gens amenaient les malades sur les places afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre les recouvre : on attribuait à cette ombre une force de guérison. Cette ombre, en effet, venait de la lumière du Christ, et c'est pour cette raison qu'elle portait en elle quelque chose du pouvoir de sa bonté divine. L'ombre de Pierre, moyennant la communauté de l'Eglise catholique, a recouvert ma vie dès le début, et j'ai appris qu'elle est une ombre bonne, une ombre qui guérit, parce que, justement, elle vient en définitive du Christ lui-même. Pierre était un homme, avec toutes les faiblesses d'un être humain, mais surtout, c'était un homme rempli d'une foi passionnée dans le Christ, rempli d'amour pour Lui. Grâce à sa foi, et à son amour, la force de guérison du Christ, sa force unificatrice, est parvenue jusqu'aux hommes si mêlée à la faiblesse de Pierre qu'elle fût. Cherchons aujourd'hui aussi l'ombre de Pierre pour être dans la lumière du Christ !
 

 

22 avril 2007 – Lors de la visite à l’hôpital de Pavie

     J'exprime à chacun ma proximité personnelle et ma solidarité, tandis que j'embrasse spirituellement tous les malades, les personnes qui souffrent, celles qui connaissent des difficultés et tous ceux qui prennent soin d'eux avec amour. Je voudrais faire parvenir à tous une parole d'encouragement et d'espérance. Ma gratitude s'étend aux médecins, aux infirmières et à tout le personnel, qui ½uvrent ici tout les jours.

     L'hôpital est un lieu que nous pourrions qualifier en quelque sorte de "sacré", où l'on fait l'expérience de la fragilité de la nature humaine, mais également des immenses possibilités et des ressources du génie de l'homme et de la technique au service de la vie. La vie de l'homme! Ce grand don, aussi loin qu'on l'explore, demeure toujours un mystère. Ici, vous essayez de soulager la souffrance des personnes en tentant de leur faire retrouver pleinement la santé et très souvent, grâce également aux découvertes scientifiques, c'est ce qu'il advient. Ici sont obtenus des résultats véritablement   réconfortants.   Mon souhait le plus vif est que le progrès scientifique et technologique nécessaire s'accompagne constamment de la conscience de promouvoir, avec le bien du malade, également les valeurs fondamentales, comme le respect et la défense de la vie à toutes ses étapes, dont dépend la qualité authentiquement humaine de la coexistence.

     Me trouvant parmi vous, je pense spontanément à Jésus qui, au cours de son existence terrestre, a toujours démontré une attention particulière envers les personnes qui souffrent, en les guérissant et en leur donnant la possibilité d'un retour à la vie de relations familiales et sociales que la maladie avait compromise. Je pense également à la première communauté chrétienne au sein de laquelle, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres, de nombreuses guérisons et prodiges accompagnaient la prédication des Apôtres. L'Eglise manifeste toujours, en suivant l'exemple de son Seigneur, une prédilection particulière envers celui qui souffre et, elle voit dans la personne qui souffre le Christ lui-même, et ne cesse d'offrir aux  malades l'aide nécessaire, l'aide technique et l'amour humain, consciente d'être appelée à manifester l'amour et la sollicitude du Christ envers ceux-ci et envers ceux qui s'occupent d'eux. Le progrès technique, technologique et l'amour humain doivent toujours aller de pair!

     En ce lieu, d'ailleurs, la parole de Jésus retentit avec une actualité particulière:  "Dans la mesure où vous l'avez fait aux plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40-45). Dans chaque personne frappée par la maladie c'est Lui-même qui attend notre amour. Bien sûr, la souffrance répugne à l'esprit humain; il demeure toutefois toujours vrai que, lorsqu'elle est accueillie avec amour, avec compassion, et qu'elle est illuminée par la foi, elle devient une occasion précieuse qui unit de manière mystérieuse au Christ rédempteur, l'Homme des douleurs qui, sur la Croix, a assumé en lui la douleur et la mort de l'homme. A travers le sacrifice de sa vie, il a racheté la souffrance humaine et il en a fait un moyen fondamental de salut. Chers malades, confiez au Seigneur les difficultés et les peines que vous devez affronter et dans son dessein, elles deviendront des moyens de purification et de rédemption pour le monde entier. Chers amis, j'assure chacun de vous de mon souvenir dans la prière et, tout en invoquant la Très Sainte Vierge Marie, Salus infirmorum - santé des malades, afin qu'elle vous protège, ainsi que vos familles, les dirigeants, les médecins.

 

 

 

 

9 mai 2007 – Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.

     La vie est un don et la vie n'est pas une menace. Il me semble qu'à l'origine de ces législations, il existe d'une part un certain égoïsme et, d'autre part, également un doute  sur  la  valeur  de la vie, sur la beauté de la vie et également un doute sur l'avenir. Et l'Eglise répond surtout à ces doutes:  la vie est belle, ce n'est pas quelque chose d'incertain, mais c'est un don et même dans des situations difficiles, la vie demeure toujours un don. Il faut donc recréer cette conscience de la beauté du don de la vie. Puis l'autre chose, le doute sur l'avenir:  naturellement, il existe de nombreuses menaces dans le monde, mais la foi nous donne la certitude que Dieu est toujours plus fort et demeure présent dans l'histoire et nous pouvons donc, avec confiance, également donner la vie à de nouveaux êtres humains. Avec la certitude que la foi nous donne sur la beauté de la vie et sur la présence providentielle de Dieu dans notre avenir, nous pouvons résister à ces peurs qui sont à l'origine de ces législations.

 

11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.

     Jésus  ouvre son c½ur et il nous révèle le centre de tout son message rédempteur:  "Nul n'a de plus grand amour que celui-ci:  donner sa vie pour ses amis" (ibid., v. 13). Lui-même aima jusqu'à donner sa propre vie pour nous sur la Croix. L'action de l'Eglise et des chrétiens dans la société doit elle aussi posséder cette même inspiration. Les initiatives de pastorale sociale, si elles sont orientées vers le bien des pauvres et des malades, portent en elles ce sceau divin. Le Seigneur compte sur nous et nous appelle amis, car ce n'est qu'à ceux que nous aimons de cette façon que nous sommes capables de donner la vie offerte par Jésus à travers sa grâce.

 

 

12 mai 2007 – lors de la prière du Chapelet, avec les prêtres, religieux, séminaristes et diacres, au sanctuaire marial de Aparecida, au Brésil

     Mon affection, mes prières et mes remerciements vont aux prêtres âgés et malades. Votre configuration au Christ Souffrant et Ressuscité constitue l'apostolat le plus fécond ! Je vous remercie beaucoup !

 

 

13 juin 2007 – Audience Générale

     Chers malades, je vous invite à trouver votre réconfort dans le Seigneur qui éclaire votre souffrance de son amour rédempteur.

 

20 juin 2007 – Audience Générale

      Que Saint Louis de Gonzague, ce jeune saint soit pour vous, chers malades, un soutien pour transformer les souffrances et les épreuves quotidiennes en occasions privilégiées pour coopérer au salut des âmes

 

 

24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno

        Jésus a dit: soignez les malades, ceux qui se sont égarés, ceux qui en ont besoin. C'est l'amour de l'Eglise pour ceux qui sont exclus, pour ceux qui souffrent. Les personnes riches peuvent être elles aussi intérieurement exclues et souffrir. "Soignez" se réfère à tous les besoins humains, qui sont toujours des besoins qui vont en profondeur vers Dieu. Il est donc nécessaire, comme on dit, de connaître les brebis, d'avoir des relations humaines avec les personnes qui nous sont confiées, d'avoir un contact humain et ne pas perdre l'humanité, car Dieu s'est fait homme et a ainsi confirmé toutes les dimensions de notre être humain. Mais, comme je l'ai dit, l'humain et le divin vont toujours de pair. A ce terme de "soigner" sous ses multiples formes, appartient également, me semble-t-il, le ministère sacramentel. Le ministère de la réconciliation est un acte de soin extraordinaire, dont l'homme a besoin pour être totalement sain. Il y a donc besoin de ces soins sacramentels, en commençant par le Baptême, qui est le renouvellement fondamental de notre existence, en passant par le sacrement de la réconciliation et par l'onction des malades. Dans tous les autres sacrements, également dans l'Eucharistie, il y a naturellement un grand soin des âmes. Nous devons soigner les corps, mais surtout - tel est notre mandat - les âmes. Nous devons penser aux nombreuses maladies, aux besoins moraux, spirituels qui existent et que nous devons affronter, en guidant les personnes à la rencontre du Christ dans le sacrement, en les aidant à découvrir la prière, la méditation, le fait d'être dans l'Eglise en silence avec cette présence de Dieu.

 

     Nous devons, dans notre génération, et dans notre culture, redécouvrir la valeur de la souffrance, apprendre que la souffrance peut être une réalité très positive, qui nous aide à mûrir, à devenir davantage nous-mêmes, plus proches du Seigneur qui a souffert pour nous et qui souffre avec nous.

 

15 août 2007 – Homélie Messe Solennité de l’Assomption

        Telle est la première signification de la femme que Marie est parvenue à être. La "femme vêtue de soleil" est le grand signe de la victoire de l'amour, de la victoire du bien, de la victoire de Dieu. Un grand signe de réconfort. Mais ensuite, cette femme qui souffre, qui doit fuir, qui enfante dans un cri de douleur, est également l'Eglise, l'Eglise en pèlerinage de tous les temps. A toutes les générations, elle doit à nouveau enfanter le Christ, l'apporter au monde avec une grande douleur dans ce monde de souffrance. Persécutée à toutes les époques, elle vit comme dans le désert persécutée par le dragon. Mais en tous temps, l'Eglise, le Peuple de Dieu, vit également de la lumière de Dieu et il est nourri, comme dit l'Evangile, de Dieu, nourri lui-même avec le pain de la Sainte Eucharistie. Et ainsi, dans toutes les vicissitudes, dans toutes les différentes situations de l'Eglise au cours des temps, dans les diverses parties du monde, en souffrant, elle est vainqueur. Et elle est la présence, la garantie de l'amour de Dieu contre toutes les idéologies de la haine et de l'égoïsme.

 

 

 

29 aout 2007 – Audience Générale

     Que  l’exemple héroïque de Saint Jean-Baptiste vous aide, chers malades, à affronter la souffrance avec courage, en trouvant dans le Christ crucifié sérénité et réconfort.

 

7 septembre 2007 – Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche

      Le débat sur ce qu’on appelle « l’aide active à mourir » constitue aussi pour moi une vive préoccupation. Il est à craindre qu’un jour puisse être exercée une pression non déclarée ou même explicite sur les personnes gravement malades ou âgées pour qu’elles demandent la mort ou pour qu’elles se la donnent elles-mêmes. La réponse juste à la souffrance en fin de vie est une attention pleine d’amour, l’accompagnement vers la mort – en particulier aussi avec l’aide de la médecine palliative – et non une « aide active à mourir ». Pour soutenir un accompagnement humain vers la mort il faudrait mettre en place des réformes structurelles dans tous les domaines du système sanitaire et social, ainsi que des structures d’assistance palliative. Ensuite, il faudrait prendre aussi des mesures concrètes: dans l’accompagnement psychologique et pastoral des personnes gravement malades et des mourants, de leurs parents, des médecins et du personnel soignant. Toutes ces tâches, cependant, ne peuvent leur être déléguées à eux seuls. Beaucoup d’autres personnes doivent être prêtes ou être encouragées à se rendre disponibles, sans regarder au temps ni à la dépense pour se consacrer à l’assistance pleine d’amour aux personnes gravement malades et aux mourants

 

 

5 septembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Trouvez, chers malades, soutien et réconfort dans le Seigneur Jésus qui continue son ½uvre de rédemption dans la vie de chaque jour.
 

8 septembre 2007 – Homélie Messe au Sanctuaire Marial de Mariazell

     "Montre-nous Jésus!". Nous prions ainsi aujourd'hui de tout notre c½ur; nous prions ainsi également en d'autres moments, intérieurement à la recherche du Visage du Rédempteur. "Montre-nous Jésus!". Marie répond, en nous le présentant tout d'abord comme un enfant. Dieu s'est fait petit pour nous. Dieu ne vient pas avec la force extérieure, mais il vient dans l'impuissance de son amour, qui constitue sa force. Il se donne entre nos mains. Il nous demande notre amour. Il nous invite à devenir nous aussi petits, à descendre de nos trônes élevés et à apprendre à être des enfants devant Dieu. Il nous offre le "Toi". Il nous demande d'avoir confiance en Lui et d'apprendre ainsi à vivre dans la vérité et dans l'amour. L'Enfant Jésus nous rappelle naturellement aussi tous les enfants du monde, à travers lesquels il veut venir à notre rencontre. Les enfants qui vivent dans la pauvreté; qui sont exploités comme soldats; qui n'ont jamais pu faire l'expérience de l'amour de leurs parents; les enfants malades et qui souffrent, mais aussi ceux qui sont joyeux et sains.

 

12 septembre 2007 – A l’issue de l’Audience Générale

     Que la Céleste Mère de Dieu, qui nous accompagne tout au long de l’année liturgique, vous encourage, chers malades, à accueillir avec sérénité la volonté de Dieu.

 

 

 

19 septembre 2007 – A l’issue de l’Audience Générale

     Que l’amitié de Jésus soit pour vous apporte, chers malades, le réconfort dans les moments difficiles, et qu’elle vous infuse le soulagement du corps et de l’esprit.

 

 

22 septembre 2007 Aux nouveaux Évêques nommés au cours de l’année
       Dans les villes où vous vivez et ½uvrez, souvent frénétiques et bruyantes, où l'homme court et s'égare, où l'on vit comme si Dieu n'existait pas, sachez créer des lieux et des occasions de prière, où dans le silence, dans l'écoute de Dieu à travers la lectio divina, dans la prière personnelle et communautaire, l'homme puisse rencontrer Dieu et faire l'expérience vivante de Jésus Christ, qui révèle l'authentique visage du Père. Ne vous lassez pas de faire en sorte que les paroisses et les sanctuaires, les milieux d'éducation et de souffrance, mais également les familles, deviennent des lieux de communion avec le Seigneur

 

26 septembre 2007 – Audience Générale

     Que l’exemple de charité de saint Vincent de Paul vous aide, chers malades, à trouver dans la souffrance le réconfort du Christ.

 

 

3 octobre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

      Que le lumineux exemple de saint François d’Assise vous aide, chers malades, à affronter la souffrance avec courage, en cherchant dans le Christ crucifié la sérénité et le réconfort.

 

 

10 octobre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Que le témoignage évangélique du bienheureux Jean XXIII vous encourage, chers malades, à suivre patiemment Jésus sur le chemin de l’épreuve et de la souffrance .

 

24 octobre 2007 - Audience Générale

     Saint Antoine-Marie Claret se consacra avec une générosité constante au salut des âmes. Que son témoignage évangélique glorieux vous encourage, chers malades, à suivre le Seigneur avec confiance, dans la souffrance.

 

 

 

29 octobre 2007 -  Aux membres du Congrès International des Pharmaciens Catholiques.
     Le développement actuel de l'arsenal médicamenteux et des possibilités thérapeutiques qui en découlent nécessite que les pharmaciens réfléchissent sur les fonctions de plus en plus larges qu'ils sont appelés à avoir, en particulier en tant qu'intermédiaires entre le médecin et le patient; ils ont un rôle éducatif auprès des patients pour un usage juste de la prise médicamenteuse et surtout pour faire connaître les implications éthiques de l'utilisation de certains médicaments. Dans ce domaine, il n'est pas possible d'anesthésier les consciences, par exemple sur les effets de molécules ayant pour but d'éviter la nidation d'un embryon ou d'abréger la vie d'une personne. Le pharmacien doit inviter chacun à un sursaut d'humanité, pour que tout être soit protégé depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et que les médicaments remplissent véritablement leur rôle thérapeutique. D'autre part, nulle personne ne peut être utilisée, de manière inconsidérée, comme un objet, pour réaliser des expérimentations thérapeutiques; celles-là doivent se dérouler selon des protocoles respectant les normes éthiques fondamentales. Toute démarche de soin ou d'expérimentation doit avoir pour perspective un éventuel mieux-être de la personne, et non seulement la recherche d'avancées scientifiques. La poursuite d'un bien pour l'humanité ne peut se faire au détriment du bien des personnes traitées. Dans le domaine moral, votre Fédération est invitée à affronter la question de l'objection de conscience, qui est un droit qui doit être reconnu à votre profession, vous permettant de ne pas collaborer, directement ou indirectement, à la fourniture de produits ayant pour but des choix clairement immoraux, comme par exemple l'avortement et l'euthanasie.

     Il convient aussi que les différentes structures pharmaceutiques, des laboratoires aux centres hospitaliers et aux officines, ainsi que l'ensemble de nos contemporains, aient le souci de la solidarité dans le domaine thérapeutique, pour permettre un accès aux soins et aux médicaments de première nécessité de toutes les couches de la population et dans tous les pays, notamment pour les personnes les plus pauvres.

     En tant que pharmaciens catholiques, puissiez-vous, sous la conduite de l'Esprit saint, puiser dans la vie de foi et dans l'enseignement de l'Eglise les éléments qui vous guideront dans votre démarche professionnelle auprès des malades, qui ont besoin d'un soutien humain et moral pour vivre dans l'espérance et pour trouver des ressorts intérieurs qui les aideront au long des jours. Il vous revient aussi d'aider les jeunes qui rentrent dans les différentes professions pharmaceutiques à réfléchir sur les implications éthiques toujours plus délicates de leurs activités et de leurs décisions. Pour une telle démarche, il importe que se mobilisent et se rassemble l'ensemble des professionnels catholiques de la santé et les personnes de bonne volonté, pour approfondir leur formation non seulement sur le plan technique, mais aussi en ce qui concerne les questions de bioéthique, ainsi que pour proposer de telles formations à l'ensemble de la profession. L'être humain, parce qu'il est image de Dieu, doit toujours être au centre des recherches et des choix en matière biomédicale. De même, le principe naturel du devoir d'apporter des soins au malade est fondamental. Les sciences biomédicales sont au service de l'homme; si tel n'était pas le cas, elles n'auraient qu'un caractère froid et inhumain. Tout savoir scientifique dans le domaine de la santé et toute démarche thérapeutique sont au service de l'homme malade, considéré dans son être intégral, qui doit être un partenaire actif de ses soins et respecté dans son autonomie.

 

7 novembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Chers malades, offrez votre souffrance au Seigneur, afin que grâce à votre participation à ses souffrances aussi, Il puisse accomplir son action salvifique dans le monde
 

21 novembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Que le Christ qui a fait de la Croix un trône royal vous enseigne, chers malades, à comprendre la valeur rédemptrice de la souffrance vécue en union avec lui.

 

28 novembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Que saint André intercède pour vous, chers malades, afin que la consolation divine promise par Jésus aux affligés emplisse vos c½urs et vous fortifie dans la foi.

 

5 décembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Que l'Immaculée Conception soit pour vous, chers malades, un soutien dans la souffrance, et qu'elle suscite en vous une espérance nouvelle.

 

 

 

 

2008

 

 

16 janvier 2008 – Au terme de Audience Générale

     Que l'exemple de saint Antoine Abbé, insigne père du monachisme qui a beaucoup travaillé pour l'Eglise, en soutenant les martyrs dans la persécution, vous réconforte, chers malades, pour que vous supportiez vos souffrances avec patience et que vous les offriez pour que le Royaume de Dieu se répande dans le monde entier.

 

 

 21 janvier 2008 – Lettre aux Romains sur l’éducation

      La souffrance aussi fait partie de la vérité de notre vie. Par conséquent, en cherchant à tenir les plus jeunes à l'écart de toute difficulté et expérience de la douleur, nous risquons de faire grandir, malgré nos bonnes intentions, des personnes fragiles et peu généreuses:  la capacité d'aimer correspond, de fait, à la capacité de souffrir et de souffrir ensemble.

 

 

 

 

11 février 2008 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

  ...   Les 150 ans des apparitions de Lourdes nous invitent à tourner le regard vers la Vierge sainte, dont l'Immaculée Conception constitue le don sublime et gratuit de Dieu à une femme, afin qu'elle pût adhérer pleinement aux desseins divins avec une foi ferme et inébranlable, malgré les épreuves et les souffrances qu'elle aurait dû affronter. Voilà pourquoi Marie est le modèle de l'abandon  total à la volonté de Dieu:  elle a accueilli le Verbe éternel dans son c½ur et l'a conçu dans son sein virginal; elle a eu confiance en Dieu et, l'âme transpercée d'une épée de douleur (cf. Lc 2, 35), elle n'a pas hésité à partager la passion de son Fils, en renouvelant sur le Calvaire, au pied de la croix, le "oui" de l'Annonciation. Méditer sur l'Immaculée Conception de Marie signifie donc se laisser attirer par le "oui" qui l'a unie admirablement à la mission du Christ, rédempteur de l'humanité; c'est se laisser prendre par la main et guider par elle, pour prononcer à notre tour le "fiat" à la volonté de Dieu, avec toute l'existence traversée de joies et de tristesses, d'espérances et de déceptions, en sachant que les épreuves, la douleur et la souffrance enrichissent notre pèlerinage sur la terre.

     On ne peut contempler Marie sans être attiré par le Christ et on ne peut regarder le Christ sans percevoir immédiatement la présence de Marie. Il y a un lien inséparable entre la Mère et le Fils engendré dans son sein par l'½uvre de l'Esprit Saint, et ce lien nous le sentons, de manière mystérieuse, dans le sacrement de l'Eucharistie, comme les Pères de l'Eglise et les théologiens l'ont mis en lumière dès les premiers siècles. "La chair née de Marie, venant de l'Esprit Saint, est le pain descendu du ciel", déclare saint Hilaire de Poitiers, tandis que dans le Sacramentaire "Bergomense" du IX siècle, nous lisons:  "Son sein a fait mûrir un fruit, un pain nous a rempli du don angélique. Marie a rendu au salut ce qu'Eve avait détruit par sa faute". Saint Pierre Damien observe ensuite:  "Ce corps que la très bienheureuse Vierge a engendré, a nourri dans son sein avec une sollicitude maternelle, ce corps dis-je, celui-là et pas un autre, nous le recevons à présent du saint autel et nous en buvons le sang comme sacrement de notre rédemption. Voilà ce que croit la foi catholique, ce qu'enseigne fidèlement la sainte Eglise". Le lien de la Vierge sainte avec le Fils, agneau immolé qui enlève les péchés du monde, s'étend à l'Eglise, corps mystique du Christ. Marie - observe le Serviteur de Dieu Jean-Paul II - est "femme eucharistique" à travers toute sa vie et l'Eglise, la considérant comme son modèle, "est appelée à l'imiter également dans son rapport avec ce très saint mystère" (Ecclesia de Eucharistia, n. 53). Dans cette optique, on comprend encore mieux pourquoi à Lourdes, au culte de la bienheureuse Vierge Marie  est  associé  un  rappel  fort et constant à l'Eucharistie par des célébrations eucharistiques quotidiennes, par l'adoration du Très Saint Sacrement et la bénédiction des malades, qui constitue un des temps les plus forts de la halte des pèlerins près de la grotte de Massabielle.

     La présence à Lourdes de nombreux pèlerins malades et de bénévoles qui les accompagnent aide à réfléchir sur la bienveillance maternelle et tendre que manifeste la Vierge envers la douleur et la souffrance de l'homme. Associée au sacrifice du Christ, Marie, Mater Dolorosa, qui, au pied de la croix souffre avec son divin Fils, est particulièrement proche de la communauté chrétienne qui se rassemble autour de ses membres souffrants, qui portent les signes de la passion du Seigneur. Marie souffre avec ceux qui sont dans l'épreuve, elle espère avec eux et elle est leur réconfort en les soutenant de son aide maternelle. Et n'est-il pas vrai que l'expérience spirituelle de tant de malades incite à comprendre toujours plus que "le divin Rédempteur veut pénétrer dans l'âme de toute personne qui souffre, par l'intermédiaire du c½ur de sa très sainte Mère, prémices et sommet de tous les rachetés?" (Jean-Paul II, Salvifici doloris, n. 26).

     Si Lourdes nous conduit à méditer sur l'amour maternel de la Vierge immaculée pour ses enfants malades et ceux qui souffrent, le prochain Congrès eucharistique international sera l'occasion d'adorer Jésus Christ présent dans le sacrement de l'autel, de nous confier à lui comme l'espérance qui ne déçoit pas, de l'accueillir comme remède de l'immortalité qui guérit le corps et l'esprit. Jésus Christ a racheté le monde par sa souffrance, par sa mort et sa résurrection et il a voulu rester avec nous comme "pain de la vie" dans notre pèlerinage terrestre. "L'Eucharistie don de Dieu pour la vie du monde":  voilà le thème du Congrès eucharistique qui souligne que l'Eucharistie est le don de son Fils unique, incarné et crucifié, que le Père fait au monde. C'est lui qui nous réunit autour de la table eucharistique, en suscitant chez ses disciples une attention bienveillante envers les malades et ceux qui souffrent; en eux, la communauté chrétienne reconnaît le visage du Seigneur. Comme je l'ai souligné dans l'exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, "nos communautés, quand elles célèbrent l'Eucharistie, doivent prendre toujours plus conscience que le sacrifice du Christ est pour tous, et que l'Eucharistie presse alors toute personne qui croit en lui à se faire pain "rompu" pour les autres" (n. 88). Ainsi, nous sommes encouragés à nous engager à la première personne à servir les frères, surtout ceux qui sont en difficulté, puisque la vocation de tout chrétien est d'être vraiment, avec Jésus, pain rompu pour la vie du monde.

     Donc, il apparaît clairement que la pastorale de la santé doit puiser dans l'Eucharistie la force spirituelle et nécessaire pour secourir efficacement l'homme et l'aider à comprendre la valeur salvifique de sa souffrance. Comme l'écrivit le Serviteur de Dieu Jean-Paul II dans la lettre apostolique déjà citée Salvifici doloris, l'Eglise voit dans les frères et les s½urs qui souffrent, en quelque sorte, les sujets de la force surnaturelle du Christ (cf. n. 27). Uni mystérieusement au Christ, l'homme qui souffre avec amour et abandon docile à la volonté divine devient offrande vivante pour le salut du monde. Mon prédécesseur bien-aimé déclarait encore que:  "Plus l'homme est menacé par le péché, plus sont lourdes les structures du péché que le monde actuel porte en lui-même, et plus est éloquente la souffrance humaine en elle-même. Et plus aussi l'Eglise éprouve le besoin de recourir à la valeur des souffrances humaines pour le salut du monde" (ibid.). Donc, si à Québec, on contemple le mystère de l'Eucharistie don de Dieu pour la vie du monde, dans la Journée mondiale du Malade, dans un parallélisme spirituel idéal, non seulement on célèbre la participation effective de la souffrance humaine à l'½uvre salvifique de Dieu, mais dans un certain sens, on peut bénéficier également des précieux fruits promis à ceux qui croient. Ainsi, la douleur, acceptée avec foi, devient la porte pour entrer dans le mystère de la souffrance rédemptrice de Jésus et pour atteindre avec lui la paix et le bonheur de sa résurrection.

     Tandis que j'adresse mon salut cordial à tous les malades et à ceux qui en prennent soin de diverses manières, j'invite les communautés diocésaines et paroissiales à célébrer la prochaine Journée mondiale du Malade en mettant pleinement en valeur l'heureuse coïncidence du 150 anniversaire des apparitions de Notre Dame à Lourdes et le Congrès eucharistique international. Que ce soit l'occasion de souligner l'importance de la Messe, de l'adoration eucharistique et du culte de l'Eucharistie, en faisant en sorte que les chapelles dans les centres de santé deviennent le c½ur battant où Jésus s'offre sans cesse au Père, pour la vie de l'humanité. De même, la distribution de l'Eucharistie aux malades, effectuée avec respect et esprit de prière, est un véritable réconfort pour ceux qui souffrent et sont atteints de toute forme de maladie.

     En outre, que la prochaine Journée mondiale du Malade soit une circonstance propice pour invoquer, de manière spéciale, la protection maternelle de Marie sur tous ceux qui sont éprouvés par la maladie, sur les personnels de santé et sur les ministres de la pastorale de la santé. Je pense plus particulièrement aux prêtres engagés dans ce domaine, aux religieuses et aux religieux, aux bénévoles et à quiconque s'occupe de servir avec beaucoup de dévouement, dans le corps et l'âme, les malades et les nécessiteux. Je les confie tous à Marie, Mère de Dieu et notre Mère, Immaculée Conception. Qu'elle aide chacun à témoigner que la seule réponse valable à la douleur et à la souffrance humaine est le Christ, qui en ressuscitant a vaincu la mort et nous a donné la vie qui n'a pas de fin.

 

 

 

 

 

 

 

20 février 2008 – A l’issue de l’Audience Générale

      Que l'amour du Christ vous apporte le réconfort, chers malades, en des moments difficiles, et vous communique la sérénité.

 

 

 

25 février 2008 – Au Congrès de l’Académie Pontificale pour la Vie

     C'est avec une grande joie que j'adresse mon salut à vous tous qui participez au Congrès organisé par l'Académie pontificale pour la Vie sur le thème "Aux côtés du malade incurable et de la personne en fin de vie: orientations éthiques et pratiques".

 

     Rien qu'à lire les titres des interventions du congrès, on peut comprendre le vaste panorama de vos réflexions et l'intérêt qu'elles revêtent pour le temps présent, particulièrement dans le monde sécularisé d'aujourd'hui. Vous essayez de donner des solutions aux nombreux problèmes posés chaque jour par le progrès continuel des sciences médicales qui s'appuient toujours davantage sur des outils technologiques de haut niveau. Face à tout cela, apparaît le défi urgent pour tous et particulièrement pour l'Eglise, animée par le Seigneur ressuscité, de placer dans le large horizon de la vie humaine la splendeur de la vérité révélée et le soutien de l'espérance.

 

     Quand une vie s'éteint qu'elle soit d'un âge avancé, ou au contraire à l'aube d'une existence terrestre, ou dans la pleine fleur de l'âge pour des raisons imprévues, on ne doit pas y voir seulement un processus biologique qui s'épuise, ou une biographie qui s'achève, mais plutôt une nouvelle naissance et une existence renouvelée, offerte par le Ressuscité à qui ne s'est pas opposé à son Amour. Avec la mort, l'existence terrestre trouve sa fin, mais à travers la mort s'ouvre également, pour chacun de nous, au delà du temps, la vie pleine et définitive. Le Seigneur de la vie est présent aux côtés du malade comme Celui qui vit et donne la vie, Celui qui a dit: "Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante." (Jn 10, 10), "Je suis la Résurrection et la Vie. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra" (Jn 11, 25) et "je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6, 54). Dans ce moment solennel et sacré, tous les efforts faits dans l'espérance chrétienne pour nous améliorer ainsi que le monde qui nous est confié, purifiés par la Grâce, trouvent leur sens et s'enrichissent grâce à l'amour de Dieu Créateur et Père. Quand, au moment de la mort, la relation avec Dieu se réalise pleinement dans la rencontre avec "Celui qui ne meurt pas, qui est Lui-même la Vie et l'Amour, alors nous sommes dans la vie. Alors "nous vivons"" (Benoît XVI, Spe Salvi, n. 27). Pour la communauté des croyants, cette rencontre de la personne en fin de vie avec la Source de la Vie et de l'Amour représente un don qui a une valeur pour tous, qui enrichit la communion de tous les fidèles. Comme tel, cela doit retenir l'attention et la participation de la communauté, non seulement de la famille des parents proches, mais, dans les limites et dans les formes possibles, de toute la communauté qui a été liée à la personne mourante. Aucun croyant ne devrait mourir dans la solitude et dans l'abandon. Mère Teresa de Calcutta recueillait avec une attention particulière les pauvres et les personnes abandonnées, pour qu'au moins, au moment de la mort, ils puissent ressentir, dans le réconfort de leurs s½urs et de leurs frères, la chaleur du Père.

 

     Mais ce n'est pas seulement la communauté chrétienne, du fait de ses liens de communion surnaturels particuliers, qui est engagée à accompagner et célébrer en ses membres le mystère de la douleur et de la mort et l'aube de la nouvelle vie. En réalité, c'est toute la société au travers de ses institutions civiles et de santé qui est appelée à respecter la vie et la dignité du malade grave et de la personne en fin de vie. Même si elle a conscience du fait que "ce n'est pas la science qui rachète l'homme" (Benoît XVI, Spe Salvi, n. 26), la société entière et en particulier les secteurs liés à la science médicale sont tenus d'exprimer la solidarité de l'amour, la sauvegarde et le respect de la vie humaine à chaque moment de son développement terrestre, surtout lors de la maladie ou dans la phase terminale de celle-ci. Plus concrètement, il s'agit d'assurer à chaque personne qui en aurait besoin le soutien nécessaire par les thérapies et les interventions médicales appropriées, identifiées et gérées suivant les critères de la proportionnalité médicale, en tenant toujours compte du devoir moral d'administrer (du côté du médecin) et de recevoir (du côté du patient) ces moyens de préservation de la vie qui, dans la situation concrète, résultent "ordinaires". En ce qui concerne, en revanche, les thérapies particulièrement à risques ou qu'il serait prudent de juger "extraordinaires", il faudra considérer comme moralement légitime, mais facultatif, le recours à celles-ci. De plus, il faudra toujours assurer à chaque personne les soins nécessaires qui lui sont dus, ainsi que le soutien aux familles les plus éprouvées par la maladie de l'un des leurs, surtout si elle est grave et prolongée. De même, du côté de la réglementation du travail, on reconnait habituellement des droits spécifiques aux membres de la famille au moment d'une naissance; de la même manière, et particulièrement dans certaines circonstances, des droits similaires devraient être reconnus aux parents proches au moment de la phase terminale de la maladie d'un de leurs parents. Une société solidaire et humanitaire ne peut pas ne pas tenir compte des conditions difficiles des familles qui, parfois pendant de longues périodes, doivent porter le poids des soins à domicile de malades graves non autonomes. Un plus grand respect pour la vie humaine individuelle passe inévitablement par la solidarité concrète de tous et de chacun, ce qui constitue un des défis les plus urgents de notre temps.

 

     Comme je l'ai rappelé dans l'Encyclique Spe Salvi, "la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine" (n. 38). Dans une société complexe, fortement influencée par les dynamiques de la productivité et par les exigences de l'économie, les personnes fragiles et les familles les plus pauvres, dans des moments de difficultés financières ou en cas de maladie, risquent d'être bouleversées. On trouve de plus en plus dans les grandes villes des personnes âgées seules, même dans des moments de grave maladie et à l'approche de la mort. Dans de telles situations, l'euthanasie devient pressante, surtout quand s'insinue une vision utilitariste à l'égard de la personne. A ce propos, je saisis cette occasion de répéter, encore une fois, la ferme et constante condamnation éthique de toute forme d'euthanasie directe, suivant l'enseignement pluriséculaire de l'Eglise.

 

     L'effort synergique de la société civile et de la communauté des croyants doit viser à obtenir que tout le monde puisse non seulement vivre en restant digne et responsable, mais aussi traverser le moment de l'épreuve et de la mort dans la situation la meilleure de fraternité et de solidarité, même là où la mort survient dans une famille pauvre ou sur un lit d'hôpital. L'Eglise, avec ses institutions déjà en place et de nouvelles initiatives, est appelée à offrir le témoignage de la charité active, spécialement envers les situations critiques de personnes non autonomes et privées de soutiens familiaux, et envers les malades graves nécessitant des soins palliatifs, en plus d'une assistance religieuse appropriée. D'une part, la mobilisation spirituelle des communautés paroissiales et diocésaines et, de l'autre, la création ou la qualification des structures dépendantes de l'Eglise, pourront animer et sensibiliser tout le milieu social, pour qu'à chaque homme qui souffre et en particulier au moment de la mort, soit offerte et témoignée la solidarité et la charité. La société, de son côté, ne peut manquer d'assurer le soutien dû aux familles qui envisagent de recueillir chez elles, pour des périodes parfois longues, des malades atteints de pathologies dégénératives (tumorales, neuro-dégénératives, etc.) ou nécessitant une assistance particulièrement lourde. Nous demandons d'une manière particulière le concours de toutes les forces vives et responsables de la société pour ces institutions d'assistance spécifique qui mobilisent un personnel nombreux et spécialisé et des équipements particulièrement onéreux. C'est surtout dans ces domaines que la synergie entre l'Eglise et les Institutions peut se révéler particulièrement précieuse pour assurer l'aide nécessaire à la vie humaine dans ses moments de fragilité.

 

     Alors que je souhaite qu'à l'occasion de ce Congrès international, célébré en liaison avec le Jubilé des apparitions à Lourdes, on puisse formuler de nouvelles propositions pour soulager la situation de tous les malades en phase terminale, je vous encourage à poursuivre votre engagement louable au service de la vie dans toutes ses phases.

 

 

27 février 2008 – A l’issue de l’Audience Générale

      Chers frères et s½urs, en continuant notre itinéraire de carême, l'Eglise nous invite à suivre les pas du Christ qui se dirige vers Jérusalem où il accomplira sa mission rédemptrice.

Laissez-vous éclairer par sa parole afin que dans l'étude, la maladie, la vie familiale, vous puissiez faire l'expérience de sa présence et parcourir un chemin de conversion authentique, dans ce saint temps de pénitence 

 

 

5 mars 2008 – A l’issue de l’Audience Générale

     Chers malades, soyez toujours conscients que vous contribuez de façon mystérieuse à la construction du Royaume de Dieu, en offrant généreusement vos souffrances au Père céleste en union avec celles du Christ.

 

9 avril 2008 – Au terme de l’Audience Générale

     J’exhorte chacun à vivre intensément ce temps pascal, en témoignant de la joie que le Christ mort et ressuscité donne à ceux qui se confient à lui.

 

 

9 juin 2008 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Je souhaite souligner cette attitude et ce style avec lesquels celui qui place avant tout son espérance en Dieu travaille et s'engage. C'est en premier lieu une attitude d'humilité, qui ne prétend pas toujours réussir, ou être en mesure de résoudre tous les problèmes avec ses propres forces. Mais c'est également, et pour la même raison, une attitude de grande confiance, de ténacité et de courage:  le croyant sait en effet que, malgré toutes les difficultés et les échecs, sa vie, son travail et l'histoire dans son ensemble sont protégés par le pouvoir indestructible de l'amour de Dieu; qu'ils ne sont jamais pour cela sans fruit et vides de sens. Dans cette perspective, nous pouvons comprendre plus facilement que l'espérance chrétienne vit également dans la souffrance, et même, que c'est justement la souffrance qui éduque et fortifie de manière particulière notre espérance. Nous devons certainement "faire tout ce qui est possible pour atténuer la souffrance:  empêcher, dans la mesure où cela est possible, la souffrance des innocents; calmer les douleurs; aider à surmonter les souffrances psychiques" (Spe salvi, n. 36) et de grands progrès ont été effectivement réalisés, en particulier dans la lutte contre la douleur physique. Nous ne pouvons cependant éliminer complètement la souffrance du monde, parce qu'il n'est pas en notre pouvoir d'en tarir les sources:  la finitude de notre être et le pouvoir du mal et de la faute. De fait, la souffrance des innocents ainsi que les malaises psychiques tendent malheureusement à s'accroître dans le monde. En réalité, l'expérience humaine d'aujourd'hui et de toujours, en particulier l'expérience des saints et des martyrs, confirme la grande vérité chrétienne que ce n'est pas la fuite face à la douleur qui guérit l'homme, mais la capacité à accepter ses souffrances et de grandir en elles, en y trouvant un sens à travers l'union au Christ. C'est dans notre rapport avec la souffrance et avec les personnes souffrantes que se détermine la mesure de notre humanité, pour chacun de nous comme pour la société dans laquelle nous vivons. C'est à la foi chrétienne que revient le mérite historique d'avoir suscité en l'homme, d'une manière nouvelle et à une profondeur nouvelle, la capacité de partager intérieurement la souffrance même de l'autre, qui n'est ainsi plus seul dans sa souffrance, et également de souffrir par amour du bien, de la vérité et de la justice:  tout cela est bien au delà de nos forces, mais devient possible à partir du compatir de Dieu par amour de l'homme dans la passion du Christ.

     Eduquons-nous chaque jour à l'espérance qui fait grandir dans la souffrance. Nous sommes appelés à le faire en premier lieu quand nous sommes personnellement touchés par une maladie grave ou par quelque autre dure épreuve. Mais nous grandirons également dans l'espérance à travers l'aide concrète et la proximité quotidienne à la souffrance des personnes qui nous sont proches ainsi que de notre famille comme de toute autre personne qui est notre prochain, parce que nous l'abordons dans une attitude d'amour. Et encore, nous apprenons à offrir à Dieu riche de miséricorde les petites peines de l'existence quotidienne, en les insérant humblement dans le grand "compatir" de Jésus, dans ce trésor de compassion dont a besoin le genre humain. L'espérance des croyants dans le Christ ne peut, de toutes façons, s'arrêter à ce monde-ci, mais est intrinsèquement orienté vers la communion entière et éternelle avec le Seigneur. C'est pour cela qu'à la fin de mon Encyclique je me suis arrêté sur le Jugement de Dieu comme lieu d'apprentissage et d'exercice de l'espérance. J'ai ainsi tenté, en quelque sorte, de rendre  de  nouveau  familier et compréhensible à l'humanité et à la culture de notre époque le salut qui nous est promis dans le monde au delà de la mort, même si nous ne pouvons pas avoir ici-bas de véritable et propre expérience de ce monde. Pour rendre ses vraies dimensions et sa motivation décisive à l'éducation à l'espérance, nous tous, devons remettre au centre de la proposition de la foi cette grande vérité, qui a ses "prémices" en Jésus Christ ressuscité d'entre les morts (cf. 1 Co 15, 20-23).

    

 

17 juillet 2008 – Accueil des jeunes à Sydney

      Je pense spécialement aux malades ou aux handicapés mentaux, aux jeunes qui sont en prison, à ceux qui connaissent des situations difficiles en marge de nos sociétés et à ceux qui, pour une raison ou une autre se sentent loin de l'Église. À chacun, je dis : Jésus est proche de toi ! Fais l’expérience de son étreinte qui guérit, de sa compassion et de sa miséricorde !

 

 

 

10 septembre 2008 – Au terme de l’Audience Générale

     Le concile Vatican II dit que la Vierge nous précède sur le chemin de la foi parce qu' ‘elle a cru à l'accomplissement des paroles du Seigneur' (Luc 1, 45) ».

     Pour vous, qui êtes malades, je demande à la Vierge Sainte le don d'une foi toujours plus forte.

 

 

17 septembre 2008 – Au terme de l’Audience Générale

     Chers malades, puisez dans la prière le réconfort et la sérénité dans les moments de souffrance et d'épreuve.

 

 

24 septembre 2008 – Au terme de l’Audience Générale

     Chers malades, que la grâce du Seigneur vous soit chaque jour un soutien dans vos peines 

 

 

10 décembre 2008 – Au terme de l’Audience Générale

     Que la Bienheureuse Vierge de Lorette, dont nous faisons mémoire aujourd'hui, vous réconforte, vous qui, dans votre expérience de maladie, partagez avec le Christ, le poids de la Croix ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2009

 

 

 

 

 

11 février 2009 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

     Notre attention se porte surtout sur les enfants, les créatures les plus faibles et sans défense et, parmi eux, les enfants malades et souffrants. Il y a de petits êtres humains qui portent dans leur corps les conséquences de maladies invalidantes et d'autres qui luttent contre des maux aujourd'hui encore incurables, en dépit du progrès de la médecine et de l'assistance de chercheurs et professionnels de la santé compétents. Il y a des enfants blessés dans leur corps et dans leur âme du fait des conflits et des guerres, et d'autres qui sont des victimes innocentes de la haine insensée des adultes. Il y a les enfants "des rues", dépourvus de l'amour d'une famille et abandonnés à eux-mêmes et des mineurs profanés par des personnes abjectes qui violent leur innocence, provoquant en eux une plaie psychologique qui les marquera pour le reste de leur vie. Et puis l'on ne peut pas oublier le nombre incalculable de mineurs qui meurent de soif, de faim, de manque d'assistance médicale, ni les petits exilés de leur propre terre et réfugiés avec leurs parents à la recherche de conditions de vie meilleures. De tous ces enfants s'élève un cri de douleur silencieux qui interpelle notre conscience d'hommes et de croyants.

     La communauté chrétienne, qui ne peut rester indifférente devant des situations aussi dramatiques, ressent le devoir impératif d'intervenir. En effet, l'Eglise, comme je l'ai écrit dans l'encyclique Deus Caritas est, "est la famille de Dieu dans le monde. Dans cette famille, personne ne doit souffrir par manque du nécessaire" (n. 25, b). C'est pourquoi je souhaite donc que la Journée mondiale du malade offre aux communautés paroissiales et diocésaines l'occasion de prendre toujours plus conscience d'être "famille de Dieu", et je les encourage à rendre perceptible dans les villages, les quartiers et dans les villes l'amour du Seigneur qui dit que "dans l'Eglise elle-même en tant que famille, aucun membre ne doit souffrir parce qu'il est dans le besoin" (ibid.). Le témoignage de la charité fait partie de la vie même de chaque communauté chrétienne. Et depuis le début, l'Eglise a traduit les principes évangéliques en gestes concrets, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres. Aujourd'hui, en raison des changements dans l'assistance médicale, on ressent le besoin d'une collaboration plus étroite entre professionnels de la santé travaillant dans les différentes institutions sanitaires et les communautés ecclésiales présentes sur le territoire. Dans cette perspective, la valeur d'une institution liée au Saint-Siège comme l'hôpital pédiatrique "Bambino Gesù" qui célèbre cette année ses 140 ans, est confirmée en tout point.

     Plus encore, puisque l'enfant malade appartient à une famille qui partage sa souffrance souvent avec des problèmes et des difficultés graves, les communautés chrétiennes ne peuvent que prendre également en charge l'aide aux cellules familiales frappées par la maladie d'un fils ou d'une fille. A l'exemple du "Bon Samaritain", il faut se pencher sur les personnes si durement éprouvées et leur offrir le soutien d'une solidarité concrète. De cette façon, l'acceptation et le partage de la souffrance se traduit par un soutien concret des familles des enfants malades, en créant chez elles un climat de sérénité et d'espérance, en leur faisant sentir autour d'elles une famille plus vaste de frères et de s½urs en Christ. La compassion de Jésus pour les pleurs de la veuve de Naïm (cf. Lc 7, 12-17) et pour la prière implorante de Jaïre (cf. Lc 8, 41-56), notamment, constituent des points de référence utiles pour apprendre à partager les moments de peine physique et morale de tant de familles éprouvées. Tout cela présuppose un amour désintéressé et généreux, reflet et signe de l'amour miséricordieux de Dieu, qui n'abandonne jamais ses enfants dans l'épreuve, mais leur fournit toujours des ressources admirables de c½ur et d'intelligence pour être en mesure de faire face de manière adaptée aux difficultés de la vie.

     Le dévouement quotidien et l'engagement continuel au service des enfants malades constituent un témoignage éloquent d'amour pour la vie humaine, en particulier pour la vie de celui qui est faible et complètement dépendant des autres. Il faut en effet affirmer avec vigueur la dignité absolue et suprême de toute vie humaine. Au fil du temps, l'enseignement de l'Eglise qui proclame sans cesse que la vie est belle et doit être vécue en plénitude même lorsqu'elle est faible et enveloppée du mystère de la souffrance, reste inchangé. C'est vers Jésus crucifié que nous devons tourner notre regard:  en mourant sur la croix, il a voulu partager la douleur de toute l'humanité. Dans sa souffrance par amour nous entrevoyons une participation suprême aux peines des petits malades et de leurs parents. Mon vénéré prédécesseur Jean-Paul ii, qui, dans l'acceptation patiente de la souffrance, a offert un exemple lumineux en particulier au crépuscule de sa vie, a écrit:  "Sur la Croix se tient le "Rédempteur de l'homme", l'Homme de douleur qui a assumé en lui les souffrances physiques et morales des hommes de tous les temps, afin qu'ils puissent trouver dans l'amour le sens salvifique de leurs souffrances et des réponses fondées à toutes leurs interrogations" (Salvifici doloris, n. 31).

     Je désire exprimer ici combien j'apprécie et j'encourage les Organisations internationales et nationales qui prennent soin des enfants malades, notamment dans les pays pauvres, et qui offrent leur contribution, avec générosité et abnégation, pour leur assurer des soins adéquats et pleins d'amour. J'adresse en même temps un appel fervent aux responsables des nations afin que l'on mette en place des lois et des mesures en faveur des enfants malades et de leurs familles. Toujours, mais plus encore lorsque la vie des enfants est en jeu, l'Eglise, pour sa part, est disponible et offre sa collaboration cordiale en vue de transformer toute la civilisation humaine en "civilisation de l'amour" (cf. Salvifici doloris, 30).

     Pour conclure, je voudrais exprimer ma proximité spirituelle à vous tous, chers frères et s½urs, qui souffrez d'une maladie. J'adresse une salutation affectueuse à ceux qui vous assistent:  aux évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées, aux agents de la santé, aux bénévoles et à tous ceux qui se dévouent avec amour pour soigner et soulager les souffrances de ceux qui sont aux prises avec la maladie. Une salutation toute particulière va à vous, chers enfants malades et souffrants:  le Pape vous embrasse avec une affection paternelle ainsi que vos parents et vos familles, et il vous assure de son souvenir spécial dans la prière, vous invitant à vous confier à l'aide maternelle de la Vierge Immaculée, que nous avons encore contemplée lors du dernier Noël, alors qu'elle serrait dans ses bras avec joie le Fils de Dieu fait petit enfant. En invoquant sur vous et sur chaque malade la protection maternelle de la Vierge Sainte, santé des malades.

 

 

11 février 2009 – A l’issue de la Messe pour les malades, Basilique Saint Pierre

     Ma pensée va à ce sanctuaire où, à l'occasion du 150 anniversaire des apparitions à sainte Bernadette, je me suis rendu moi aussi; et je conserve un vif souvenir de ce pèlerinage, centré en particulier sur le contact que j'ai pu avoir avec les malades rassemblés à la Grotte de Massabielle.        

     Cette journée invite à faire sentir avec une plus grande intensité aux malades la proximité spirituelle de l'Eglise, qui, comme je l'ai écrit dans l'Encyclique Deus caritas est, est la famille de Dieu dans le monde, à l'intérieur de laquelle personne ne doit souffrir du manque du nécessaire, et surtout du manque d'amour (cf. n. 25 b). Dans le même temps, nous avons aujourd'hui l'opportunité de réfléchir sur l'expérience de la maladie, de la douleur et, plus en général, sur le sens de la vie à réaliser pleinement, même lorsqu'on est malade. Dans le message pour la célébration d'aujourd'hui, j'ai voulu placer au premier plan les enfants malades, qui sont les créatures les plus faibles et sans défense. C'est vrai! Si l'on reste déjà sans paroles devant un adulte qui souffre, que dire lorsque le mal frappe un petit innocent? Comment percevoir, également dans des situations aussi difficiles, l'amour miséricordieux de Dieu, qui n'abandonne jamais ses enfants dans l'épreuve?

     Ce sont des interrogations fréquentes et parfois inquiétantes, qui en vérité sur le plan simplement humain ne trouvent pas de réponses adaptées, car la douleur, la maladie et la mort demeurent, dans leur signification, insondables pour notre esprit. La lumière de la foi nous vient cependant en aide. La Parole de Dieu nous révèle que ces maux aussi sont mystérieusement "embrassés" par le dessein divin de salut; la foi nous aide à considérer la vie humaine belle et digne d'être vécue en plénitude, même lorsqu'elle est affaiblie par le mal. Dieu a créé l'homme pour le bonheur et pour la vie, alors que la maladie et la mort sont entrées dans le monde comme conséquence du péché. Mais le Seigneur ne nous a pas abandonnés à nous-mêmes; Lui, le Père de la vie, est le médecin par excellence de l'homme et il ne cesse de se pencher avec amour sur l'humanité qui souffre. L'Evangile montre Jésus qui "chasse les esprits par sa parole et guérit tous les malades" (Mt 8, 16), indiquant la voie de la conversion et de la foi comme conditions pour obtenir la guérison du corps et de l'esprit, qui est la guérison toujours voulue par le Seigneur. C'est la guérison intégrale, du corps et de l'âme, c'est pourquoi elle chasse les esprits par sa parole. Sa parole est parole d'amour, parole purificatrice:  elle chasse les esprits de la peur, de la solitude, de l'opposition à Dieu, pour purifier ainsi notre âme et lui donner la paix intérieure. Ainsi, il nous donne l'esprit de l'amour et la guérison qui naît de l'intérieur même. Mais Jésus n'a pas seulement parlé; il est Parole incarnée. Il a souffert avec nous, et est mort. Avec sa passion et sa mort, Il a assumé et transformé jusqu'au bout notre faiblesse. Voilà pourquoi - selon ce qu'a écrit le serviteur de Dieu Jean-Paul II dans la Lettre apostolique Salvifici doloris - "souffrir signifie devenir particulièrement réceptif, particulièrement ouvert à l'action des forces salvifiques de Dieu, offertes à l'humanité dans le Christ" (n. 23).

     Chers frères et s½urs, nous nous rendons compte toujours davantage que la vie de l'homme n'est pas un bien disponible, mais un écrin précieux à conserver et à soigner avec toutes les attentions possibles, de ses débuts jusqu'à sa fin ultime et naturelle. La vie est un mystère qui en soi exige responsabilité, amour, patience, charité, de la part de tous et de chacun. Il est encore plus nécessaire d'entourer d'attentions et de respect ceux qui sont malades et qui souffrent. Cela n'est pas toujours facile; nous savons cependant où pouvoir puiser le courage et la patience pour affronter les vicissitudes de l'existence terrestre, en particulier les maladies et tous types de souffrance. Pour nous chrétiens, c'est dans le Christ que se trouve la réponse à l'énigme de la douleur et de la mort. La participation à la Messe, comme vous venez de la vivre, nous plonge dans le mystère de sa mort et de sa résurrection. Chaque célébration eucharistique est le mémorial éternel du Christ crucifié et ressuscité, qui a vaincu le pouvoir du mal avec la toute-puissance de son amour. C'est donc à l'"école" du Christ eucharistique qu'il nous est donné d'apprendre à toujours aimer la vie et à accepter notre impuissance apparente face à la maladie et à la mort.

     Mon vénéré et bien-aimé prédécesseur Jean-Paul ii a voulu que la Journée mondiale du malade coïncide avec la fête de la Vierge Immaculée de Lourdes. En ce lieu sacré, notre Mère céleste est venue nous rappeler que nous ne sommes que de passage sur cette terre et que la véritable demeure définitive de l'homme est le Ciel. Nous devons tous tendre vers cet objectif. Que la lumière qui vient "d'en-Haut" nous aide à comprendre et à donner un sens et une valeur également à l'expérience de la souffrance et de la mort. Nous demandons à la Vierge de tourner son regard maternel sur chaque malade et sur sa famille, pour les aider à porter avec le Christ le poids de la Croix. A Elle, Mère de l'humanité, nous confions les pauvres, les personnes qui souffrent, les malades du monde entier, avec une pensée spéciale pour les enfants malades

 

 

2010

 

 

11 février 2010 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

     A travers l'annuelle Journée mondiale du malade, l'Eglise entend en effet sensibiliser la communauté internationale de façon étendue sur l'importance du service pastoral dans le vaste monde de la santé, un service qui fait partie intégrante de sa mission, puisqu'elle s'inscrit dans le sillon de la mission salvifique elle-même du Christ. Lui, le divin Médecin, « a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient au pouvoir du diable » (Ac 10, 38). C'est dans le mystère de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, que la souffrance humaine puise sens et plénitude de lumière. Dans sa Lettre apostolique Salvifici doloris, le serviteur de Dieu Jean-Paul II a, à ce propos, des paroles éclairantes: « La souffrance humaine — a-t-il écrit — a atteint son sommet dans la passion du Christ. Et, simultanément, elle a revêtu une dimension complètement nouvelle et est entrée dans un ordre nouveau: elle a été liée à l'amour, (...) à l'amour qui crée le bien, en le tirant même du mal, en le tirant au moyen de la souffrance, de même que le bien suprême de la Rédemption du monde a été tiré de la Croix du Christ et trouve continuellement en elle son point de départ. La Croix du Christ est devenue une source d'où coulent des fleuves d'eau vive » (n. 18).

     Le Seigneur Jésus, à la Dernière Cène, avant de retourner vers le Père, s'est incliné pour laver les pieds des apôtres, en anticipant l'acte suprême d'amour sur la Croix. Par ce geste, il a invité ses disciples à entrer dans sa logique d'amour qui se donne en particulier aux plus petits et aux personnes dans le besoin (cf. Jn 13, 12-17). En suivant son exemple, chaque chrétien est appelé à revivre, dans des contextes divers et toujours nouveaux, la parabole du Bon Samaritain, qui, en passant à côté d'un homme laissé à moitié mort par les brigands au bord de la route, « le vit et fut pris de pitié. Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant: "Prends soin de lui, et ce que tu auras dépense en plus, je te le rembourserai, moi au retour" » (Lc 10, 33-35).

     En concluant la parabole, Jésus dit: « Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10, 37). Avec ces paroles, il s'adresse aussi à nous. Il nous exhorte à nous pencher sur les blessures du corps et de l'esprit de tant de nos frères et s½urs que nous rencontrons sur les routes du monde; il nous aide à comprendre que, par la grâce de Dieu accueillie et vécue dans la vie de chaque jour, l'expérience de la maladie et de la souffrance peut devenir une école d'espérance. En vérité, comme je l'ai affirmé dans l'encyclique Spe salvi, « ce n'est pas le fait d'esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l'homme, mais la capacité d'accepter les tribulations et de mûrir par elles, d'y trouver un sens par l'union au Christ, qui a souffert avec un amour infini » (n. 37).

Déjà, le concile ½cuménique Vatican II rappelait l'important devoir pour l'Eglise de prendre soin de la souffrance humaine. Nous lisons, dans la constitution dogmatique Lumen gentium que « comme le Christ a été envoyé par le Père "pour porter la bonne nouvelle aux pauvres... guérir les c½urs brisés " (Lc 4, 18), "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19, 10), de même l'Eglise entoure tous ceux qu'afflige l'infirmité humaine; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l'image de son Fondateur pauvre et souffrant, elle s'emploie à soulager leur détresse et veut servir le Christ en eux » (n. 8). Cette action humanitaire et spirituelle de la communauté ecclésiale envers les malades et les souffrants s'est exprimée au cours des siècles sous des formes et dans des structures sanitaires multiples, y compris à caractère institutionnel. Je voudrais rappeler ici celles qui sont directement gérées par les diocèses et celles qui sont nées de la générosité de différents instituts religieux. Il s'agit d'un « patrimoine » précieux répondant au fait que « l'amour a besoin aussi d'organisation comme le présupposé d'un service communautaire ordonné » (Enc. Deus caritas est, n. 20). La création du Conseil pontifical pour les Agents de la santé, il y a vingt-cinq ans, s'inscrit dans cette sollicitude ecclésiale pour le monde de la santé. Et je tiens à ajouter que, en ce moment historique et culturel actuel, on ressent encore plus l'exigence d'une présence ecclésiale attentive et étendue auprès des malades, ainsi qu'une présence dans la société qui soit capable de transmettre de façon efficace les valeurs évangéliques pour protéger la vie humaine à toutes ses étapes, de sa conception à sa fin naturelle.

     Je voudrais ici reprendre le Message aux pauvres, aux malades et à tous ceux qui souffrent, que les pères conciliaires ont adressé au monde, au terme du concile ½cuménique Vatican II: « Vous tous qui ressentez plus lourdement le poids de la croix, ont-ils dit, (...) vous qui pleurez (...), vous les inconnus de la douleur, reprenez courage: vous êtes les préférés du royaume de Dieu, le royaume de l'espérance, du bonheur, et de la vie; vous êtes les frères du Christ souffrant, et avec lui, si vous le voulez, vous sauvez le monde » (Ench. Vat., I, n. 523* [p. 313]). Je remercie de tout c½ur les personnes qui, chaque jour, « sont au service des malades et des souffrants », en faisant en sorte que « l'apostolat de la miséricorde de Dieu, qu'ils mettent en ½uvre, réponde toujours mieux aux nouvelles exigences » (Jean-Paul II, Const. ap. Pastor Bonus, art. 152).

     En cette année sacerdotale, ma pensée se tourne particulièrement vers vous, chers prêtres, « ministres des malades », [qui êtes] signe et instrument de la compassion du Christ, qui doit rejoindre chaque homme marqué par la souffrance. Je vous invite, chers prêtres, à ne pas vous économiser pour leur apporter des soins et du réconfort. Le temps passé auprès de celui qui est dans l'épreuve se révèle fécond en grâce pour toutes les autres dimensions de la pastorale. Je m'adresse enfin à vous, chers malades, et je vous demande de prier et d'offrir vos souffrances pour les prêtres, afin qu'ils puissent demeurer fidèles à leur vocation et que leur ministère soit riche en fruits   spirituels, au bénéfice de toute l'Eglise.

     C'est avec ces sentiments que j'implore sur les malades, et sur ceux qui les assistent, la protection   maternelle de Marie, Salus Infirmorum,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11 février 2010 – Homélie de la Messe pour les malades

     L'Eglise, à laquelle est confié le devoir de prolonger dans l'espace et dans le temps la mission du Christ, ne peut manquer d'accomplir ces deux ½uvres essentielles:  l'évangélisation et le soin des malades dans le corps et dans l'esprit. En effet, Dieu veut guérir tout l'homme et dans l'Evangile, la guérison du corps est le signe de la guérison plus profonde qu'est la rémission des péchés (cf. Mc 2, 1-12). Il n'est donc pas surprenant que Marie, mère et modèle de l'Eglise, soit invoquée et vénérée comme "Salus infirmorum", "Salut des malades". En tant que première et parfaite disciple de son Fils, Elle a toujours manifesté, en accompagnant le chemin de l'Eglise, une sollicitude particulière pour les personnes souffrantes. C'est ce dont témoignent les milliers de personnes qui se rendent dans les sanctuaires mariaux pour invoquer la Mère du Christ et qui trouvent en elle force et soulagement. Le récit évangélique de la Visitation (cf. Lc 1, 39-56) nous montre que la Vierge, après l'annonce de l'Ange, ne garda pas pour elle le don reçu, mais partit immédiatement pour aller aider sa cousine âgée Elisabeth, qui portait depuis six mois Jean en son sein. Dans le soutien apporté par Marie à cette parente qui vit, à un âge déjà avancé, une situation délicate comme celle de la grossesse, nous voyons préfigurée toute l'action de l'Eglise en faveur de la vie qui a besoin de soins.

     La Liturgie de la Parole nous présente aujourd'hui deux thèmes principaux:  le premier est à caractère marial et relie l'Evangile et la première lecture, tirée du chapitre final du Livre d'Isaïe, ainsi que le Psaume responsorial, tiré du cantique de louange à Judith. L'autre thème, que nous trouvons dans le passage de la Lettre de Jacques, est celui de la prière de l'Eglise pour les malades et, en particulier, du sacrement qui leur est réservé. Dans la mémoire des apparitions à Lourdes, lieu choisi par Marie pour manifester sa sollicitude maternelle pour les malades, la liturgie fait retentir de façon opportune le Magnificat, le cantique de la Vierge qui exalte les merveilles de Dieu dans l'histoire du salut:  les humbles et les indigents, comme tous ceux qui craignent Dieu, font l'expérience de sa miséricorde, qui renverse les destins terrestres et qui démontre ainsi la sainteté du Créateur et Rédempteur. Le Magnificat n'est pas le cantique de ceux auxquels la fortune sourit qui ont toujours "le vent en poupe"; c'est plutôt l'action de grâce de ceux qui connaissent les drames de la vie, mais qui placent leur confiance dans l'½uvre rédemptrice de Dieu. C'est un chant qui exprime la foi vécue par des générations d'hommes et de femmes, qui ont placé leur espérance en Dieu et qui se sont engagés de manière personnelle, comme Marie, pour venir en aide à leurs frères dans le besoin. Dans le Magnificat, nous entendons la voix de nombreux saints et saintes de la charité, je pense en particulier à ceux qui ont passé leur vie parmi les malades et les personnes souffrantes, comme Camille de Lellis et Jean de Dieu, Damien de Veuster et Benedetto Menni. Ceux qui passent beaucoup de temps aux côtés des personnes souffrantes, connaissent l'angoisse et les larmes, mais également le miracle de la joie, fruit de l'amour.

     La maternité de l'Eglise est le reflet de l'amour bienveillant de Dieu, dont parle le prophète Isaïe:  "Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés" (Is 66, 13). Une maternité qui parle sans parole, qui suscite le réconfort dans les c½urs, une joie intime, une joie qui, paradoxalement, coexiste avec la douleur, avec la souffrance. L'Eglise, comme Marie, conserve en elle les drames de l'homme et le réconfort de Dieu, elle les garde ensemble, le long du pèlerinage de l'histoire. A travers les siècles, l'Eglise manifeste les signes de l'amour de Dieu, qui continue à accomplir de grandes choses chez les personnes humbles et simples. La souffrance acceptée et offerte, le partage sincère et gratuit, ne sont-ils pas des miracles de l'amour? Le courage d'affronter le mal désarmés - comme Judith - avec la seule force de la foi et de l'espérance dans le Seigneur, n'est-il pas un miracle que la grâce de Dieu suscite continuellement chez tant de personnes qui consacrent leur temps et leurs énergies à aider ceux qui souffrent? Pour tout cela, nous vivons une joie qui n'oublie pas la souffrance, mais qui la comprend plus encore. De cette façon, les malades et toutes les personnes qui souffrent sont dans l'Eglise non seulement les destinataires d'attentions et de soins, mais avant tout les acteurs du pèlerinage de la foi et de l'espérance, témoins des prodiges de l'amour, de la joie pascale qui jaillit de la Croix et de la Résurrection du Christ.

Dans le passage de la Lettre de Jacques, qui vient d'être proclamé, l'Apôtre invite à attendre avec constance la venue désormais proche du Seigneur et, dans ce contexte, adresse une exhortation particulière concernant les malades. Cette proposition est très intéressante, car elle reflète l'action de Jésus, qui, en guérissant les malades, manifestait la proximité du Royaume de Dieu. La maladie est considérée dans la perspective des temps ultimes, avec le réalisme de l'espérance typiquement chrétien. "Quelqu'un parmi vous souffre-t-il? Qu'il prie. Quelqu'un est-il joyeux? Qu'il entonne un cantique" (Jc 5, 13). On a l'impression d'entendre des paroles semblables en écoutant saint Paul, lorsqu'il invite à vivre chaque chose en relation avec la nouveauté radicale du Christ, avec sa mort et sa résurrection (cf. 1 Co 7, 29-31). "Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les prêtres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient" (Jc 5, 14-15). Le prolongement du Christ dans son Eglise apparaît ici évident:  c'est encore Lui qui agit, à travers les prêtres; c'est son esprit propre qui ½uvre à travers le signe sacramentel de l'huile; c'est à Lui que s'adresse la foi, exprimée dans la prière; et, comme cela avait lieu pour les personnes guéries par Jésus, on peut dire à chaque malade:  ta foi, soutenue par la foi des frères et des s½urs, t'a sauvé.

      Ce texte, qui contient le fondement et la pratique du sacrement de l'Onction des malades, fait ressortir dans le même temps une vision du rôle des malades dans l'Eglise. Un rôle actif pour "provoquer", pour ainsi dire, la prière faite avec foi. "Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les prêtres". En cette année sacerdotale, il me plaît de souligner le lien entre les malades et les prêtres, une sorte d'alliance, de "complicité" évangélique. Tous deux ont un devoir:  le malade doit "appeler" les prêtres, et ceux-là doivent répondre, pour attirer sur l'expérience de la maladie la présence et l'action du Ressuscité et de son Esprit. Ici, nous pouvons voir toute l'importance de la pastorale des malades, dont la valeur est véritablement incommensurable, en vertu du bien immense qu'elle apporte en premier lieu au malade et au prêtre lui-même, mais également à la famille, aux proches, à la communauté et, à travers des voies inconnues et mystérieuses, à toute l'Eglise et au monde. En effet, lorsque la Parole de Dieu parle de guérison, de salut, de santé du malade, elle conçoit ces concepts de façon intégrale en ne séparant jamais l'âme du corps:  un malade guéri par la prière du Christ, à travers l'Eglise, est une joie sur la terre et au ciel, les prémisses de vie éternelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

13 février 2010 – A l’Académie Pontificale pour la Vie

     Les problématiques qui tournent autour du thème de la bioéthique permettent de vérifier à quel point les questions sous-jacentes mettent au premier plan la question anthropologique. Comme je l'affirme dans ma dernière lettre encyclique, Caritas in veritate: « Un domaine primordial et crucial de l'affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l'homme est aujourd'hui celui de la bioéthique, où se joue de manière radicale la possibilité même d'un développement humain intégral. Il s'agit d'un domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l'homme s'est produit lui-même ou s'il dépend de Dieu. Les découvertes scientifiques en ce domaine et les possibilités d'intervention technique semblent tellement avancées qu'elles imposent de choisir entre deux types de rationalité, celle de la raison ouverte à la transcendance et celle d'une raison close dans l'immanence technologique » (n. 74). Face à de telles questions, qui touchent de façon si décisive la vie humaine dans sa tension permanente entre immanence et transcendance, et qui ont une grande importance pour la culture des générations à venir, il est nécessaire de mettre en ½uvre un projet pédagogique intégral, qui permette d'affronter de telles thématiques dans une vision positive, équilibrée et constructive, surtout dans le rapport entre la foi et la raison.

     Les questions de bioéthique mettent souvent au premier plan le rappel de la dignité de la personne, un principe fondamental que la foi en Jésus Christ crucifié et ressuscité a toujours défendu, surtout lorsqu'il est négligé quand il s'agit de sujets plus simples et sans défense: Dieu aime chaque être humain de façon unique et profonde. Comme toute discipline, la bioéthique aussi a besoin d'un rappel capable de garantir une lecture cohérente des questions éthiques, qui, inévitablement, sont soulevées par les conflits d'interprétation possibles. C'est dans cet espace que s'ouvre le rappel normatif à la loi morale naturelle. La reconnaissance de la dignité humaine, en effet, en tant que droit inaliénable, trouve son premier fondement dans cette loi – qui n'est pas écrite par la main de l'homme, mais est inscrite par le Dieu Créateur dans le c½ur de l'homme –, que toutes les législations sont appelées à reconnaître comme inviolable et que toute personne est tenue de respecter et de promouvoir (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique, nn. 1954-1960). Sans le principe fondamental de la dignité humaine, il serait très difficile de trouver une source des droits de la personne, et impossible d'arriver à un jugement éthique face aux conquêtes de la science qui interviennent directement dans la vie humaine. Il est par conséquent nécessaire de répéter avec fermeté qu'il n'existe pas de compréhension de la dignité humaine liée seulement à des éléments extérieurs comme le progrès de la science, les étapes de la formation de la vie humaine, ou une piété facile devant des situations limites. Lorsque l'on invoque le respect de la dignité de la personne, il est fondamental qu'il soit complet, total, et sans contraintes, sauf celle de reconnaître que l'on se trouve toujours devant une vie humaine. Certes, la vie humaine connaît un développement propre, et l'horizon des recherches scientifiques et de la bioéthique est ouvert, mais il faut répéter que lorsqu'il s'agit de domaines relatifs à l'être humain, les scientifiques ne peuvent jamais penser qu'ils ont entre les mains seulement de la matière inanimée, et manipulable. En effet, dès le premier instant, la vie de l'homme est caractérisée par le fait d'être vie humaine, et pour cette raison, elle est toujours, partout et malgré tout, porteuse d'une dignité propre (cf. Congr. pour la doctrine de la foi, Instruction Dignitas personae sur certaines questions de bioéthique, n. 5). Sinon, nous nous trouverions toujours devant le danger d'une utilisation instrumentale de la science, avec cette inévitable conséquence de tomber facilement dans l'arbitraire, dans la discrimination, et dans l'intérêt économique du plus fort.

     Conjuguer bioéthique et loi morale naturelle permet de vérifier au mieux le rappel nécessaire et incontournable à la dignité que possède la vie humaine de façon intrinsèque, dès son premier instant jusqu'à sa fin naturelle. Au contraire, dans le contexte d'aujourd'hui, bien que le juste rappel des droits qui garantissent les droits de la personne émerge avec plus d'insistance, on remarque que de tels droits ne sont pas toujours reconnus à la vie humaine dans son développement naturel et au cours des étapes où elle est la plus faible. Une telle contradiction fait apparaître avec évidence l'engagement à assumer dans les différents milieux de la société et de la culture afin que la vie humaine soit toujours reconnue comme un sujet inaliénable de droit et jamais comme un objet soumis à l'arbitraire du plus fort. L'histoire a montré combien dangereux et délétère peut être un Etat qui légifère sur des questions qui touchent la personne et la société en prétendant être lui-même la source et le principe de l'éthique. Sans des principes universels qui permettent de vérifier un dénominateur commun pour toute l'humanité, le risque d'une dérive relativiste au niveau législatif ne doit absolument pas être sous-évalué (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique, n. 1959). La loi morale naturelle, forte de son caractère universel, permet de conjurer ce danger et surtout elle offre au législateur la garantie d'un respect authentique de la personne et de tout l'ordre de la création. Elle se pose en force catalysante du consensus entre des personnes de cultures et de religions différentes et elle permet de dépasser les différences parce qu'elle affirme l'existence d'un ordre imprimé dans la nature par le Créateur et reconnu comme une instance de vrai jugement éthique rationnel pour chercher le bien et éviter le mal. La loi morale naturelle « appartient au grand patrimoine de la sagesse humaine que la Révélation, par sa lumière, a contribué à purifier et à développer davantage » (cf. Jean-Paul II, Discours à l'assemblée plénière de la Congrégation pour la doctrine de la foi, 6 février 2004).

     Illustres membres de l'Académie pontificale pour la vie, dans le contexte actuel, votre engagement apparaît toujours plus délicat et difficile, mais la sensibilité croissante à l'égard de la vie humaine encourage à poursuivre avec un élan toujours plus grand et avec courage cet important service de la vie et de l'éducation aux valeurs évangéliques des générations futures. Je vous souhaite à tous de poursuivre l'étude et la recherche afin que l'½uvre de promotion et de défense de la vie soit toujours plus efficace et féconde.

 

 

 

 

 

 

2011

 

 

 

 

 

 

 

6 février 2011 – Angelus

      Le 11 février prochain, mémoire de la Bienheureuse Vierge de Lourdes, nous célébrerons la Journée mondiale du malade. Elle est une occasion propice pour réfléchir, pour prier et pour accroître la sensibilité des communautés ecclésiales et de la société civile, envers nos frères et s½urs malades. Dans mon Message pour cette Journée, inspiré par une expression de la Première lettre de Pierre : «Par ses blessures vous avez été guéris» (2, 24), je vous invite tous à contempler Jésus, le Fils de Dieu, qui a souffert, est mort, mais est ressuscité. Dieu s'oppose radicalement à la tyrannie du mal. Le Seigneur prend soin de l'homme en toute situation, partage sa souffrance, et ouvre son c½ur à l'espérance. C'est pourquoi j'exhorte tous les professionnels de la santé à reconnaître dans le malade non seulement un corps marqué par la fragilité, mais avant tout une personne, à laquelle donner toute sa solidarité et offrir des réponses adéquates et compétentes. Dans ce contexte, je rappelle en outre que l’on célèbre aujourd'hui en Italie «la Journée pour la vie». Je souhaite que tous s'engagent pour faire croître la culture de la vie, pour placer au centre de toute chose, en toute circonstance, la valeur de l'être humain. Selon la foi et la raison, on ne peut réduire la dignité de la personne à ses facultés ou aux capacités qu'elle peut manifester, et par conséquent, celle-ci est toujours présente lorsque la personne elle-même est faible, invalide et a besoin d'aide.

     Chers frères et s½urs, invoquons l'intercession maternelle de la Vierge Marie, afin que les parents, les grands-parents, les enseignants, les prêtres et ceux qui sont engagés dans l'éducation puissent former les jeunes générations à la sagesse du c½ur, afin qu'elles atteignent la plénitude de la vie.

 

 

 

 

 

 

11 février 2011 – Message pour la Journée Mondiale du Malale

     Si tout homme est notre frère, d'autant plus celui qui est le plus faible, celui qui souffre et celui qui a besoin de soins doivent-ils être au centre de notre attention, afin qu'aucun d'eux ne se sente oublié ou marginalisé ; en effet, "la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine" (Lettre encycl. Spe salvi, 38).

        Je garde encore au fond du c½ur le moment où, lors de ma visite pastorale à Turin, j'ai pu réfléchir et prier devant le Saint Suaire, devant ce visage souffrant, qui nous invite à méditer sur Celui qui a pris sur lui la passion de l'homme de tous les temps et de tous lieux, avec nos souffrances aussi, nos difficultés et nos péchés. Au cours de l'histoire, combien de fidèles sont passés devant cette toile sépulcrale qui a enveloppé le corps d'un homme crucifié, qui répond en tout et pour tout à ce que disent les Evangiles sur la passion et la mort de Jésus ! Le contempler est une invitation à réfléchir sur ce qu'a dit saint Pierre : "C'est par ses blessures que vous avez été guéris" (1 P 2,24). Le Fils de Dieu a souffert, est mort, mais il est ressuscité et c'est justement pour cela que ces plaies deviennent le signe de notre rédemption, du pardon et de la réconciliation avec le Père ; mais elles deviennent aussi un banc d'essai pour la foi des disciples et pour notre foi ; chaque fois que le Seigneur parle de sa passion et de sa mort, ils ne comprennent pas, ils refusent et s'opposent. Pour eux, comme pour nous, la souffrance reste toujours lourde de mystère, difficile à accepter et à porter. Les deux disciples d'Emmaüs avancent tristement, à cause des événements survenus ces jours-là à Jérusalem, et ce n'est que lorsque le Ressuscité marche à leurs côtés qu'ils s'ouvrent à une vision nouvelle (cf. Lc 24,13-31). L'apôtre Thomas aussi a des difficultés à croire à la voie de la passion rédemptrice : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas" (Jn 20,25). Mais devant le Christ qui montre ses plaies, sa réponse se transforme en une émouvante profession de foi : "Mon Seigneur et mon Dieu !" (Jn 20, 28). Ce qui était d'abord un obstacle insurmontable, parce que signe de l'échec apparent de Jésus, devient – dans la rencontre avec le Ressuscité – la preuve d'un amour victorieux : "Seul un Dieu qui nous aime au point de prendre sur lui nos blessures et notre souffrance, surtout la souffrance de l’innocent, est digne de foi" (Message Urbi et Orbi, Pâques 2007).

     A vous tous qui êtes malades et qui souffrez, je dis que c'est justement à travers les blessures du Christ qu'avec les yeux de l'espoir, nous pouvons voir tous les maux qui affligent l'humanité. En ressuscitant, le Seigneur n'a pas enlevé au monde la souffrance et le mal, mais il les a vaincus à la racine. A la force du Mal, il a opposé la toute-puissance de son Amour. Et il nous a indiqué alors que le chemin de la paix et de la joie, c'est l'Amour : "comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres" (Jn 13,34). Christ, vainqueur de la mort, est vivant parmi nous ! Et tandis qu'avec saint Thomas nous disons nous aussi : "Mon Seigneur et mon Dieu !", suivons notre Maître dans la disponibilité à donner notre vie pour nos frères (cf. 1 Jn 3,16) en devenant des messagers d'une joie qui ne craint pas la douleur, la joie de la Résurrection.

    Saint Bernard affirme : "Dieu ne peut pas pâtir, mais il peut compatir". Dieu, la Vérité et l'Amour en personne, a voulu souffrir pour nous et avec nous ; il s'est fait homme pour pouvoir com-patir avec l'homme, réellement, dans la chair et dans le sang. Alors, dans toute souffrance humaine Quelqu'Un est entré, qui partage la souffrance et la patience; dans toute souffrance, se diffuse la con-solatio, la consolation de l'amour qui vient de Dieu qui participe, pour faire surgir l'étoile de l'espérance (cf. Lettre encycl. Spe salvi, 39).

     Chers frères et chères s½urs, je vous redis ce message pour que vous en soyez les témoins à travers votre souffrance, votre vie et votre foi.

     Dans la perspective de la rencontre de Madrid en août prochain, pour la Journée Mondiale des Jeunes, je voudrais aussi tourner ma pensée particulièrement vers les jeunes, et plus spécialement vers ceux qui vivent l'expérience de la maladie. Souvent, la Passion, la Croix de Jésus, font peur parce qu'elles apparaissent comme étant la négation de la vie. En réalité, c'est exactement le contraire ! La Croix est le "Oui" de Dieu à l'homme, l'expression la plus haute et la plus intense de Son amour, et la source d'où jaillit la vie éternelle. Cette vie divine a jailli du c½ur transpercé de Jésus. Il est le seul qui soit capable de libérer le monde du mal et de faire se diffuser son Royaume de justice, de paix et d'amour auquel nous aspirons tous (cf. Message pour la Journée Mondiale des Jeunes 2011, 3). Mes jeunes amis, apprenez à "voir" et à "rencontrer" Jésus dans l'Eucharistie, où il est réellement présent pour nous jusqu'à se faire nourriture pour le chemin ; mais sachez aussi le reconnaître et le servir dans les pauvres, les malades, les frères souffrants et en difficulté, qui ont besoin de votre aide (cf. ibid., 4). A vous tous, les jeunes, qui êtes malades ou non, je redis l'invitation à créer des ponts d'amour et de solidarité, pour que personne ne se sente seul, mais proche de Dieu et faisant partie de la grande famille de Ses enfants (cf. Audience générale, 15 novembre 2006).

     Lorsque nous contemplons les plaies de Jésus, notre regard se tourne vers son c½ur très saint, dans lequel l'amour de Dieu se manifeste de façon suprême. Le Sacré-C½ur, c'est le Christ crucifié, le côté ouvert par la lance, d'où jaillissent le sang et l'eau (cf. Jn 19,34) et d'où "il fit naître les sacrements de l'Eglise, pour que tous les hommes, attirés vers son C½ur, viennent puiser la joie aux sources vives du salut" (Missel Romain, Préface du Sacré-C½ur). Et plus spécialement vous qui êtes malades, vous percevez la proximité de ce C½ur plein d'amour et vous puisez à cette source avec foi et dans la joie, en priant : "Eau du côté du Christ, lave-moi ; Passion du Christ, fortifie-moi ; O bon Jésus, exauce-moi ; Dans tes blessures, cache-moi" (Prière de Saint Ignace de Loyola).

     A la fin de mon Message pour la prochaine Journée Mondiale du Malade, je désire vous exprimer mon affection, à tous et à chacun, en prenant part aux souffrances et aux espérances que vous vivez chaque jour en union avec le Christ crucifié et ressuscité, pour qu'il accorde la paix et la guérison du c½ur. Avec lui, que veille aussi près de vous la Vierge Marie, que nous invoquons avec confiance comme la Santé des malades et la Consolatrice de ceux qui souffrent. Aux pieds de la Croix, se réalise en elle la prophétie de Siméon : son c½ur de mère a été transpercé (cf. Lc 2,35). Du fond de l'abîme de sa douleur, participation à celle de son Fils, Marie a pu recevoir sa nouvelle mission : devenir la Mère du Christ dans ses membres. A l'heure de la Croix, Jésus lui présente chacun de ses disciples en disant : "Voici ton fils" (Jn 19,26-27). La compassion maternelle pour le Fils devient compassion maternelle pour chacun de nous, dans nos souffrances quotidiennes (cf. Homélie à Lourdes, 15 septembre 2008).

     Très chers frères et très chères s½urs, en cette Journée Mondiale du Malade, j'invite aussi les Autorités à investir toujours davantage d'énergies dans des structures de santé aptes à aider et soutenir ceux qui souffrent, surtout les plus pauvres et les plus nécessiteux.     ...Sachez toujours voir sur le visage des malades le Visage des visages : celui du Christ.

 

 

 

 

 

 

26 novembre 2011 – Rencontre organisée par la Pastorale des services de la santé.

     C’est un motif de grande joie de vous rencontrer à l’occasion de la XXVIe Conférence internationale organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, qui a voulu réfléchir sur le thème: La pastorale de la santé au service de la vie à la lumière du magistère du bienheureux Jean-Paul II.

     Je suis certain que vos réflexions ont contribué à approfondir l’«Evangile de la Vie», précieux héritage du magistère du bienheureux Jean-Paul II. En 1985, il institua ce Conseil pontifical pour en donner un témoignage concret dans le vaste domaine de la santé. Il y a vingt ans, il institua la célébration de la Journée mondiale du malade; et, enfin, il institua la fondation «Le Bon Samaritain», comme instrument d’une nouvelle action caritative à l’égard des malades les plus pauvres dans divers pays, une fondation pour laquelle je lance un appel afin que l’engagement pour la soutenir soit renouvelé.

     Au cours des longues et intenses années de son pontificat, le bienheureux Jean-Paul II a proclamé que le service à la personne malade dans son corps et dans son esprit constitue un engagement constant d’attention et d’évangélisation pour toute la communauté ecclésiale, selon le mandat de Jésus aux Douze de guérir les malades (cf. Lc 9, 2). En particulier, dans la Lettre apostolique Salvifici doloris, du 11 février 1984, mon vénéré prédécesseur affirme: «La souffrance semble appartenir à la transcendance de l'homme; c'est un des points sur lesquels l'homme est en un sens “destiné” à se dépasser lui-même, et il y est appelé d'une façon mystérieuse» (n. 2). Le mystère de la douleur semble voiler la face de Dieu, le rendant presque comme un étranger ou allant même jusqu’à le considérer responsable de la souffrance humaine; mais les yeux de la foi sont capables de regarder ce mystère en profondeur. Dieu s’est incarné, il s’est fait proche de l’homme, même dans les situations les plus difficiles; il n’a pas éliminé la souffrance, mais dans le Crucifié ressuscité, dans le Fils de Dieu qui a souffert jusqu’à la mort et à la mort sur la croix, Il révèle que son amour descend également dans l’abîme le plus profond de l’homme pour lui apporter l’espérance. Le Crucifié est ressuscité, la mort a été illuminée dès le matin de Pâques: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle» (Jn 3, 16). Dans le Fils «donné» pour le salut de l’humanité, la vérité de l’amour est, dans un certain sens, prouvée à travers la vérité de la souffrance, et l’Eglise, née du mystère de la Rédemption dans la Croix du Christ, «a le devoir de rechercher la rencontre avec l'homme d'une façon particulière sur le chemin de sa souffrance. C'est dans cette rencontre que l'homme “devient la route de l'Eglise” et cette route-là est l'une des plus importantes» (Jean-Paul II, Lett. apos. Salvifici doloris, n. 3).

     Chers amis, le service d’accompagnement, de proximité et de soin aux frères malades, seuls, souvent éprouvés par des blessures non seulement physiques, mais également spirituelles et morales, vous place dans une position privilégiée pour témoigner de l’action salvifique de Dieu, de son amour pour l’homme et pour le monde, qui embrasse également les situations les plus douloureuses et terribles. La Face du Sauveur mourant sur la croix, du Fils consubstantiel au Père qui souffre comme un homme pour nous (cf. ibid., n. 17), nous enseigne à conserver et à promouvoir la vie, quelles que soit l’étape ou la condition dans laquelle elle se trouve, en reconnaissant la dignité et la valeur de chaque être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) et appelé à la vie éternelle.

     Cette vision de la douleur et de la souffrance illuminée par la mort et la résurrection du Christ nous a été témoignée par le lent calvaire qui a marqué les dernières années de vie du bienheureux Jean-Paul II et auquel on peut appliquer les paroles de saint Paul: «Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise» (Col 1, 24). Sa foi ferme et sûre a enveloppé sa faiblesse physique, faisant de sa maladie, vécue par amour de Dieu, de l’Eglise et du monde, une participation concrète au chemin du Christ jusqu’à son Calvaire.

     La sequela Christi n’a pas épargné au bienheureux Jean-Paul II de prendre sa croix chaque jour jusqu’à la fin, pour être comme son unique Maître et Seigneur, qui de la Croix est devenu un point d’attraction et de salut pour l’humanité (cf. Jn 12, 32; 19, 37) et a manifesté sa gloire (cf. Mc 15, 39). Dans l’homélie de la Messe de béatification de mon vénéré prédécesseur, j’ai rappelé que «le Seigneur l’a dé pouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un “roc”, comme le Christ l’a voulu. Sa profonde humilité, enracinée dans son union intime au Christ, lui a permis de continuer à guider l’Eglise et à donner au monde un message encore plus éloquent précisément au moment où les forces physiques lui venaient à manquer» (Homélie du 1er mai 2011).

     Chers amis, en tirant un enseignement du testament vécu par le bienheureux Jean-Paul II dans sa propre chair, je souhaite que vous aussi, dans l’exercice de votre ministère pastoral et dans votre activité professionnelle, vous puissiez découvrir dans l’arbre glorieux de la Croix du Christ «l'accomplissement et la pleine révélation de tout l'Evangile de la vie» (Lett. enc. Evangelium vitae, n. 50). Dans le service que vous prêtez dans les divers domaines de la pastorale de la santé, puissiez-vous faire l’expérience que «seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à Lui de m’aimer» (Lett. enc. Deus caritas est, n. 18).

 

 

 

2012

 

 

11 février 2012 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

      Dans l’accueil généreux et aimant de chaque vie humaine et en particulier de celle qui est faible et malade, le chrétien exprime un aspect important de son témoignage évangélique, à l’exemple du Christ qui s’est penché sur les souffrances matérielles et spirituelles de l’homme pour le guérir.

     La rencontre de Jésus avec les dix lépreux, racontée dans l’évangile de saint Luc (cf. Lc 17, 11-19), et en particulier les paroles que le Seigneur adresse à l’un d’entre eux : « Relève-toi, va ; ta foi t’a sauvé ! » (v. 19), aident à prendre conscience de l’importance de la foi pour ceux qui, marqués par la souffrance et la maladie, s’approchent du Seigneur. Dans leur rencontre avec Lui, ils peuvent réellement faire l’expérience que celui qui croit n’est jamais seul ! En effet, Dieu, dans son Fils ne nous abandonne pas à nos angoisses et à nos souffrances, mais Il nous est proche, Il nous aide à les porter et Il désire nous guérir au plus profond de notre c½ur (cf. Mc 2, 1-12).

     La foi de l’unique lépreux qui - se voyant guéri, plein de surprise et de joie - revient immédiatement à Jésus, à la différence des autres, pour manifester sa reconnaissance, nous permet de percevoir que la santé recouvrée est le signe de quelque chose de plus précieux que la simple guérison physique ; elle est le signe du salut que Dieu nous donne dans le Christ. Ceci s’exprime dans les paroles de Jésus : ta foi t’a sauvé. Celui qui invoque le Seigneur dans la souffrance et la maladie est sûr que Son amour ne l’abandonne jamais, et que l’amour de l’Église, qui prolonge dans le temps Son ½uvre de Salut, ne lui manquera jamais. La guérison physique, expression d’un salut plus profond, révèle ainsi l’importance que l’homme a aux yeux du Seigneur, dans la totalité de son âme et de son corps. Du reste, chaque sacrement exprime et réalise la proximité de Dieu lui-même, qui, d’une façon absolument gratuite, « nous touche au moyen des réalités matérielles…, en en faisant des instruments de la rencontre entre nous et Lui-même » (Homélie, Messe chrismale, 1er avril 2010). « L’unité entre création et rédemption est ainsi rendue visible. Les sacrements sont l’expression du caractère corporel de notre foi, qui embrasse la personne tout entière dans son corps et dans son âme » (Homélie, Messe chrismale, 21 avril 2011).

     La tâche principale de l’Église est certainement l’annonce du Royaume de Dieu, « mais cette annonce doit elle-même constituer un processus de guérison "…panser les c½urs meurtris" (Is 61,1) » (ibid), selon la charge que Jésus a confiée à ses disciples (cf. Lc 9, 1-2 ; Mt 10, 1.5-14 ; Mc 6, 7-13). Le lien entre la santé physique et la guérison des blessures de l’âme nous aide donc à mieux comprendre "les sacrements de guérison".

     Le sacrement de la Pénitence a souvent été au centre de la réflexion des Pasteurs de l’Église, en particulier du fait de sa grande importance sur le chemin de la vie chrétienne, puisque « toute l’efficacité de la Pénitence consiste à nous rétablir dans la grâce de Dieu et à nous unir à Lui dans une souveraine amitié » (Catéchisme de l’Église Catholique, n°1468). L’Église, en continuant de proclamer le message de pardon et de réconciliation de Jésus, ne cesse jamais d’inviter l’humanité tout entière à se convertir et à croire à l’Évangile. Elle fait sien l’appel de l’apôtre Paul : « Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). Durant sa vie, Jésus annonce et rend présente la miséricorde du Père. Il est venu non pour condamner mais pour pardonner et sauver, pour donner de l’espérance même dans les ténèbres les plus profondes de la souffrance et du péché, pour donner la vie éternelle ; ainsi dans le sacrement de la Pénitence, dans « le remède de la confession », l’expérience du péché ne dégénère pas en désespoir mais rencontre l’Amour qui pardonne et transforme (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique postsynodale Reconciliatio et Paenitentia, n°31).

       Dieu, « riche en miséricorde » (Ep 2,4), comme le père de la parabole évangélique (cf. Lc 15, 11-32) ne ferme son c½ur à aucun de ses fils, mais Il les attend, les recherche, les rejoint là où le refus de la communion emprisonne dans l’isolement et la division, Il les appelle à se rassembler autour de sa table, dans la joie de la fête du pardon et de la réconciliation. Le temps de la souffrance, dans lequel pourrait surgir la tentation de s’abandonner au découragement et au désespoir, peut alors se transformer en temps de grâce pour rentrer en soi-même, et comme le fils prodigue de la parabole, pour réfléchir à sa vie, en y reconnaissant des erreurs et des échecs, pour éprouver la nostalgie de l’étreinte du Père, et reprendre le chemin vers sa maison. Lui, dans son grand amour, veille toujours et partout sur nos vies et nous attend pour offrir à chacun des enfants qui reviennent à Lui le don de la pleine réconciliation et de la joie.

     La lecture des Évangiles fait clairement apparaître que Jésus a toujours manifesté une attention particulière aux malades. Il n’a pas seulement envoyé ses disciples soigner leurs blessures (cf. Mt 10,8 ; Lc 9,2 ; 10,9), mais il a aussi institué pour eux un sacrement spécifique : l’Onction des malades. La lettre de Jacques atteste la présence de ce geste sacramentel dès la première communauté chrétienne (cf. 5, 14-16) : dans l’Onction des malades, accompagnée de la prière des Anciens, l’Église tout entière confie les malades au Seigneur souffrant et glorifié pour qu’Il allège leurs peines et les sauve ; plus encore, elle les exhorte à s’unir spirituellement à la passion et à la mort du Christ, afin de contribuer ainsi au bien du Peuple de Dieu.

     Ce sacrement nous amène à contempler le double mystère du Mont-des-Oliviers, où Jésus s’est trouvé dramatiquement confronté à la voie que lui indiquait le Père, celle de la Passion, de l’acte suprême d’amour, et l’a accueillie. Dans cette heure d’épreuve, Il est le médiateur, « en portant en lui-même, assumant en lui la souffrance et la passion du monde, la transformant en cri vers Dieu, la portant devant les yeux et entre les mains de Dieu, et la portant ainsi réellement au moment de la Rédemption » (Lectio Divina, Rencontre avec le clergé de Rome, 18 février 2010). Mais « le Jardin des Oliviers est aussi le lieu d’où Il est monté vers le Père ; c’est donc le lieu de la Rédemption… Ce double mystère du Mont-des-Oliviers est aussi sans cesse "actif" dans l’huile sacramentelle de l’Église… signe de la bonté de Dieu qui nous rejoint » (Homélie, Messe Chrismale, 1er avril 2010). Dans l’Onction des malades, la matière sacramentelle de l’huile nous est offerte, pourrait-on dire, « comme un remède de Dieu… qui à ce moment nous assure de sa bonté, nous offre force et consolation, mais qui, en même temps, au-delà du temps de la maladie, nous renvoie à la guérison définitive, à la résurrection (cf Jc 5,14) » (ibid).

      Ce sacrement mérite aujourd’hui une plus grande considération, aussi bien dans la réflexion théologique que dans l’action pastorale auprès des malades. Puisque l’Onction des Malades valorise le contenu des prières liturgiques adaptées aux diverses situations humaines liées à la maladie, et pas seulement à la fin de la vie, elle ne doit pas être considérée comme un "sacrement mineur" par rapport aux autres. L’attention - et le soin pastoral - des malades si elle est, d’une part, le signe de la tendresse de Dieu pour celui qui souffre, constitue également, d’autre part, un bien spirituel pour les prêtres et la communauté chrétienne tout entière, prenant conscience que ce qui est fait au plus petit est fait à Jésus lui-même (cf Mt 25,40).

     À propos des "sacrements de guérison", saint Augustin affirme : « Dieu guérit toutes tes maladies. N’aie donc pas peur : toutes tes maladies seront guéries… tu dois seulement Lui permettre de te soigner et tu ne dois pas repousser ses mains » (Exposé sur le Psaume 102, 5 : PL 36, 1319-1320). Il s’agit d’instruments précieux de la grâce de Dieu qui aident le malade à se conformer toujours plus pleinement au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. En soulignant l’importance de ces deux sacrements, je voudrais insister aussi sur l’importance de l’Eucharistie. Reçue dans un temps de maladie, elle contribue de manière singulière à une telle transformation, en associant la personne qui se nourrit du Corps et du Sang de Jésus à l’offrande qu’Il a faite de Lui-même au Père pour le salut de tous. La communauté ecclésiale tout entière, et les communautés paroissiales en particulier doivent s’efforcer de garantir l’accès fréquent à la communion sacramentelle à ceux qui, pour raison de santé ou d’âge, ne peuvent se rendre dans un lieu de culte. Ces frères et s½urs ont ainsi la possibilité de renforcer leur relation avec le Christ crucifié et ressuscité, en participant à la mission même de l’Église, à travers leur vie offerte par amour pour le Christ. Dans cette perspective, il importe que les prêtres qui prêtent leur service dans les hôpitaux, dans les maisons de soins et chez les personnes malades, s’estiment de vrais "ministres des malades", signe et instrument de la compassion du Christ qui entend rejoindre toute personne marquée par la souffrance » (Message pour la XVIIIe Journée Mondiale du Malade, 22 novembre 2009).

     La conformation au Mystère Pascal du Christ, qui se réalise également par la pratique de la Communion spirituelle, prend une signification toute particulière lorsque l’Eucharistie est administrée et reçue comme viatique. À un tel moment de la vie, la parole du Seigneur est encore plus parlante : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,54). De fait l’Eucharistie, surtout en tant que viatique, est – selon la définition de saint Ignace d’Antioche – « remède d’immortalité, antidote contre la mort » (Lettre aux Éphésiens, 20 : PG 5, 661), sacrement du passage de la mort à la vie, de ce monde au Père qui les attend tous dans la Jérusalem céleste.

     Je désire encourager les malades et les souffrants à trouver toujours un ancrage sûr dans la foi, en l’alimentant dans l’écoute de la Parole de Dieu, la prière personnelle et les Sacrements, et j’invite en même temps les pasteurs à être toujours plus disponibles pour les célébrer à l’intention des malades. À l’exemple du Bon Pasteur et comme guides du troupeau qui leur est confié, que les prêtres soient pleins de joie, attentifs aux plus faibles, aux simples, aux pécheurs, manifestant l’infinie miséricorde de Dieu par les paroles rassurantes de l’espérance (cf. saint Augustin, Lettre 95, 1 : PL 33, 351-352).

     À tous ceux qui travaillent dans le monde de la santé, comme aussi aux familles qui voient dans leurs proches le visage souffrant du Seigneur Jésus, je renouvelle mes remerciements et ceux de l’Église parce que par leur compétence professionnelle et dans le silence, souvent sans même mentionner le nom du Christ, ils Le manifestent concrètement (cf. Homélie, Messe Chrismale, 21 avril 2011).

     Vers Marie, Mère de miséricorde et Santé des malades, nous élevons notre regard confiant et notre prière. Puisse sa maternelle compassion, vécue à côté de son Fils mourant sur la Croix, accompagner et soutenir la foi et l’espérance de chaque personne malade et souffrante sur son chemin de guérison des blessures du corps et de l’esprit.

 

 

 

 

 

 

3 mai 2012 – A l’Université catholique du Sacré-Coeur.

     En cette époque qui est la nôtre, les sciences expérimentales ont transformé la vision du monde et la compréhension que l’homme a de lui-même. Les multiples découvertes, les technologies innovatrices qui se succèdent à un rythme rapide, sont autant de motifs d’orgueil justifié, mais souvent, elles ne sont pas dénuées d’aspects inquiétants. En effet, sur la toile de fond de l’optimisme diffus du savoir scientifique se projette l’ombre d’une crise de la pensée. Riche de moyens, mais pas autant de fins, l’homme de notre temps vit souvent conditionné par le réductionnisme et le relativisme, qui conduisent à perdre la signification des choses ; presque aveuglé par l’efficacité technique, il oublie l’horizon fondamental de la question du sens, privant ainsi de son importance la dimension transcendante. Sur cette toile de fonds, la pensée devient faible et fait place à un appauvrissement éthique accru, qui obscurcit les références et les normes de valeurs. Ce qui a été une racine européenne féconde de culture et de progrès semble oubliée. En elle, la recherche de l’absolu — le quaerere Deum — comprenait l’exigence d’approfondir les sciences profanes, le monde du savoir tout entier (cf. Discours au Collège des Bernardins de Paris, 12 septembre 2008). En effet, la recherche scientifique et la question du sens, bien qu'ayant chacune une physionomie épistémologique et méthodologique spécifique, jaillissent d'une unique source, le Logos qui préside à l'½uvre de la création et qui guide l'intelligence de l'histoire. Une mentalité fondamentalement technopratique engendre un déséquilibre dangereux entre ce qui est techniquement possible et ce qui est moralement bon, avec des conséquences imprévisibles.

     Il est important, alors, que la culture redécouvre la vigueur de la signification et le dynamisme de la transcendance, en un mot, qu'elle  ouvre de façon décidée l'horizon du quaerere Deum. La célèbre phrase de saint Augustin vient à l’esprit : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre c½ur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » (Confessions, i, 1). On peut dire que la même impulsion à la recherche scientifique jaillit de la nostalgie de Dieu qui habite le c½ur humain: au fond, l’homme de science tend, même inconsciemment, à atteindre cette vérité qui peut donner un sens à la vie. Mais si passionnée et tenace qu’elle soit, la recherche humaine n’est pas capable par ses propres forces d’aboutir à un lieu sûr, car « l’homme n’est pas en mesure d’éclaircir complètement l’étrange pénombre qui enveloppe la question des réalités éternelles… Dieu doit prendre l’initiative de venir à la rencontre de l’homme et de s’adresser à lui » (J. Ratzinger, L’Europe de Benoît dans la crise des cultures). Pour redonner à la raison sa dimension originelle et intégrale, il faut alors redécouvrir le lieu d’origine que la recherche scientifique partage avec la recherche de foi, fides quaerens intellectum, selon l’intuition de saint Anselme. Science et foi possèdent une réciprocité féconde, presque une exigence complémentaire de l’intelligence du réel. Mais, paradoxalement, c’est précisément la culture positiviste, en excluant du débat scientifique la question sur Dieu, qui détermine le déclin de la pensée et l’affaiblissement de la capacité de com-préhension du réel. Mais le quaerere Deum de l’homme se perdrait dans un dédale de voies si ne s’ouvrait pas à lui un chemin d’illumination et d’orientation certaine, qui est celui de Dieu lui-même qui se fait proche de l’homme, à travers un amour immense : « En Jésus Christ, Dieu ne parle pas seulement à l'homme mais il le recherche... C'est une recherche qui naît au c½ur même de Dieu et qui a son point culminant dans l'Incarnation du Verbe » (Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, 7).

     Religion du Logos, le christianisme ne relègue pas la foi au domaine de l’irrationnel, mais attribue l’origine et le sens de la réalité à la Raison créatrice, qui, dans le Dieu crucifié, s’est manifestée comme amour et qui invite à parcourir la voie du quaerere Deum : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Saint Thomas d’Aquin commente : « Le terme de ce chemin est la fin du désir humain. Or, l’homme désire avant tout deux choses: premièrement, la connaissance de la vérité, ce qui lui est propre ; en second lieu, la conservation de son être, ce qui est commun à toutes les réalités. Le Christ se trouve dans l’une et dans l’autre... Si donc tu cherches par où passer, accueille le Christ, parce qu’il est lui-même le Chemin » (Commentaire sur saint Jean, chap. 14, lectio 2). L’Évangile de la vie illumine alors le chemin difficile de l’homme, et devant la tentation de l’autonomie absolue, il rappelle que « la vie de l’homme vient de Dieu, c’est son don, son image et son empreinte, la participation à son souffle vital » (Jean-Paul II, Evangelium vitae, n. 39). Et c’est précisément en parcourant le sentier de la foi que l’homme peut entrevoir dans les réalités mêmes de la souffrance et de la mort qui traversent son existence, une possibilité authentique de bien et de vie. Dans la croix du Christ, il reconnaît l’Arbre de la vie, révélation de l’amour passionné de Dieu pour l’homme. Le soin des personnes qui souffrent est alors une rencontre quotidienne avec le visage du Christ, et le dévouement de l’intelligence et du c½ur devient un signe de miséricorde de Dieu et de sa victoire sur la mort.

     Vécue dans son intégralité, la recherche est illuminée par la science et la foi et tire de ces deux « ailes » une impulsion et un élan, sans jamais perdre la juste humilité, le sens de ses limites. De cette façon, la recherche de Dieu devient féconde pour l’intelligence, ferment de culture, promotrice d’un véritable humanisme, une recherche qui ne se limite pas à la surface. Chers amis, laissez-vous toujours guider par la sagesse qui vient d’En-haut, par un savoir illuminé par la foi, en rappelant que la sagesse exige la passion et l’effort de la recherche.

     C’est là que s’inscrit le devoir irremplaçable de l’Université catholique, lieu où la relation éducative est placée au service de la personne dans l’édification d’une compétence scientifique qualifiée, enracinée dans un patrimoine de savoirs que la succession des générations a distillé en une sagesse de vie; un lieu où la relation de soin n’est pas un métier, mais une mission; où la charité du Bon Samaritain est la première chaire et le visage de l’homme souffrant le Visage même du Christ: « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). L’Université catholique du Sacré-C½ur, dans le travail quotidien de recherche, d’enseignement et d’étude, vit dans cette traditio qui exprime son potentiel d’innovation: aucun progrès, encore moins sur le plan culturel, ne se nourrit de simple répétition, mais exige un commencement toujours nouveau. Il exige en outre la disponibilité à la confrontation et au dialogue qui ouvre l’intelligence et témoigne de la riche fécondité du patrimoine de la foi. On donne ainsi forme à une personnalité solidement structurée, dans laquelle l’identité chrétienne pénètre le vécu quotidien et s’exprime de l’intérieur par un professionnalisme qui atteint un niveau d’excellence.

     L’Université catholique, qui possède avec le siège de Rome un rapport particulier, est appelée aujourd’hui à être une institution exemplaire qui ne réduit pas l’apprentissage à la fonctionnalité d’un résultat économique, mais qui étend son horizon à des projets pour lesquels le don de l’intelligence exploite et développe les dons du monde créé, en dépassant une vision uniquement productiviste et utilitariste de l’existence, car « l’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance » (Caritas in veritate, n. 34). C’est précisément cette alliance de recherche scientifique et de service inconditionnel à la vie qui définit l’identité catholique de la faculté de médecine et de chirurgie « Agostino Gemelli », car la perspective de la foi est intérieure — ni superposée ni juxtaposée — à la recherche profonde et tenace du savoir.

     Une faculté catholique de médecine est un lieu où l’humanisme transcendant n’est pas un slogan rhétorique, mais une règle vécue de dévouement quotidien. En rêvant d’une faculté de médecine et de chirurgie véritablement catholique, le père Gemelli — et avec lui tant d’autres, comme le professeur Brasca — reportait au centre de l’attention la personne humaine dans sa fragilité et dans sa grandeur, avec les ressources toujours nouvelles d’une recherche passionnée et une conscience non moins importante de la limite et du mystère de la vie. C’est pourquoi vous avez voulu instituer un nouveau centre universitaire pour la vie, qui soutienne d’autres réalités déjà existantes comme, par exemple, l’Institut scientifique international Paul VI. J’encourage donc l’attention à la vie à toutes ses étapes.

     Je voudrais à présent m’adresser en particulier à tous les patients présents ici, au « Gemelli », les assurer de ma prière et de mon affection et leur dire qu’ils seront toujours suivis avec amour ici, car dans leur visage se reflète celui du Christ souffrant.

     C’est précisément l’amour de Dieu, qui resplendit dans le Christ, qui rend le regard de la recherche aigu et pénétrant, et qui saisit ce qu’aucune analyse n’est en mesure de saisir. Le bienheureux Giuseppe Toniolo le savait bien, en affirmant que la nature de l’homme est de lire l’image de Dieu amour dans les autres et son empreinte dans la création. Sans amour, même la science perd sa noblesse. Seul l’amour garantit l’humanité de la recherche.

 

 

9 mai 2012 – Au terme de l’Audience Générale

     Le mois de mai rappelle notre dévotion à la Mère de Dieu. Chers malades, que la Vierge Marie soit votre soutien dans votre souffrance et votre modèle dans l’offrande au Seigneur.

 

13 mai 2012 – Visite au sanctuaire de La Verna, en Italie

     La Croix glorieuse du Christ résume les souffrances du monde, mais elle est surtout le signe tangible de l’amour, mesure de la bonté de Dieu envers l’homme.

 

 

 

16 mai 2012 – Audience Générale

     Avec la prière animée par l’Esprit-Saint, nous sommes tout d’abord mis en condition d’abandonner et de surpasser toute forme de peur ou d’esclavage, en vivant la liberté authentique des enfants de Dieu. Sans la prière qui alimente chaque jour notre être dans le Christ, dans une intimité croissante, nous nous trouvons dans la condition décrite par saint Paul dans la Lettre aux Romains : nous ne faisons pas le bien que nous voulons, mais le mal que nous ne voulons pas (cf. Rm 7, 19). Et c'est l’expression de l’aliénation de l’être humain, de la destruction de notre liberté, à cause de notre condition d’être marqué par le péché originel : nous voulons le bien que nous ne faisons pas et nous faisons ce que nous ne voulons pas, le mal.

     L’apôtre veut faire comprendre que ce n’est pas avant tout notre volonté qui nous libère de ces conditions, ni la Loi, mais l’Esprit-Saint. Et puisque « où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17), avec la prière, nous faisons l’expérience de la liberté donnée par l’Esprit : une liberté authentique, qui est une liberté par rapport au mal et au péché, pour le bien et pour la vie, pour Dieu. La liberté de l’Esprit, continue saint Paul, ne s’identifie jamais ni avec le libertinage, ni avec la possibilité de faire le choix du mal, mais plutôt avec le « le fruit de l'Esprit [qui] est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres,douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22). Voilà la vraie liberté : pouvoir réellement suivre son désir du bien, de la vraie joie, de la communion avec Dieu sans se laisser asservir par les circonstances qui nous attirent vers d’autres directions.

     Une seconde conséquence se vérifie dans notre vie, quand nous laissons agir en nous l’Esprit du Christ : la relation avec Dieu elle-même devient tellement profonde qu’elle ne se laisse affecter par aucune réalité ou situation. Nous comprenons alors qu’avec la prière nous ne sommes pas libérés de l’épreuve et de la souffrance, mais nous pouvons les vivre en union avec le Christ, avec ses souffrances, dans la perspective de participer aussi à sa gloire (cf. Rm 8, 17). Souvent, dans notre prière, nous demandons à Dieu d’être libérés du mal physique ou spirituel, et nous le faisons avec une grande confiance. Pourtant, nous avons souvent l’impression de ne pas être écoutés et nous risquons alors de nous décourager et de ne pas persévérer. En réalité, il n’y a pas un cri humain qui ne soit écouté par Dieu et, dans la prière constante et fidèle, nous comprenons justement avec saint Paul que « les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8, 18).

     La prière ne nous épargne pas les épreuves et la souffrance ; au contraire, nous « gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps » (Rm 8, 24), dit saint Paul ; il dit que la prière ne nous épargne pas la souffrance mais elle nous permet de la vivre et de l’affronter avec une force nouvelle, avec la même confiance que Jésus qui, selon la Lettre aux Hébreux, « aux jours de sa chair, [a] présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et a été exaucé en raison de sa piété » (5, 7). La réponse de Dieu le Père à son Fils, à ses cris et à ses larmes, n’a pas été la libération des souffrances, de la croix, de la mort, mais un exaucement encore plus grand, une réponse beaucoup plus profonde ; à travers la croix et la mort, Dieu a répondu par la résurrection de son Fils, par une vie nouvelle. La prière animée par l’Esprit-Saint nous porte, nous aussi, à vivre chaque jour le chemin de notre vie avec ses épreuves et ses souffrances, dans la pleine espérance, dans la confiance en Dieu qui répond comme il a répondu à son Fils.

     Troisième point, la prière du croyant s’ouvre aussi aux dimensions de l’humanité et de tout le créé, assumant la « création en attente [qui] aspire à la révélation des enfants de Dieu » (Rm 8, 19). Cela signifie que la prière, soutenue par l’Esprit du Christ qui parle à l’intime de notre c½ur, ne reste jamais fermée sur elle-même, n’est jamais seulement une prière pour moi, mais elle s’élargit au partage des souffrances de notre temps, des autres. Elle devient intercession pour les autres et, me libérant de moi-même, canal d’espérance pour toute la création, expression de cet amour de Dieu qui est répandu dans nos c½urs par l’Esprit qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). Et ceci est justement le signe d’une véritable prière, qui n’aboutit pas en nous-mêmes, mais qui s’ouvre aux autres et, ainsi, me libère et participe à la rédemption du monde.

     Chers frères et s½urs, saint Paul nous enseigne que, dans notre prière, nous devons nous ouvrir à la présence de l’Esprit-Saint, qui prie en nous par des gémissements inexprimables, pour nous amener à adhérer à Dieu de tout notre c½ur et de tout notre être. L’Esprit du Christ devient la force de notre « faible » prière, la lumière de notre prière « éteinte », le feu de notre prière « aride », et nous donne la vraie liberté intérieure, nous enseignant à vivre en affrontant les épreuves de l’existence, dans l’assurance que nous ne sommes pas seuls, nous ouvrant aux horizons de l’humanité et de la création qui « gémit en travail d'enfantement » (Rm 8, 22).

 

 

 

3 juin 2012 – Homélie de la Messe lors de la Rencontre Mondiale des Familles à Milan

     Nous sommes appelés à accueillir et à transmettre d’un commun accord les vérités de la foi ; à vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon, en valorisant les différents charismes sous la conduite des pasteurs. En un mot, nous est confiée la tâche d’édifier des communautés ecclésiales qui soient toujours plus famille, capables de refléter la beauté de la Trinité et d’évangéliser non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu.

    

 

 

 

 

1er juillet 2012 – Angelus

     Ce dimanche, l’évangéliste Marc nous présente le récit de deux guérisons miraculeuses que Jésus accomplit en faveur de deux femmes: la fille d’un des chefs de la synagogue, nommé Jaïre, et une femme qui souffrait d’hémorragie (cf. Mc 5, 21-43). Ces deux épisodes présentent deux niveaux de lecture; celui purement physique: Jésus se penche sur la souffrance humaine et guérit le corps; et celui spirituel: Jésus est venu pour guérir le c½ur de l’homme, pour donner le salut et encourager la foi en Lui. Dans le premier épisode en effet, à la nouvelle que la petite fille de Jaïre est morte, Jésus dit au chef de la synagogue: «Sois sans crainte, aie seulement la foi» (v. 36), il le prend avec lui où repose l’enfant et s’exclame: «Fillette, je te le dis, lève-toi» (v. 41). Elle se leva et se mit à marcher. Saint Jérôme commente ces paroles, soulignant le pouvoir salvifique de Jésus: «Jeune fille, lève-toi par moi: non par un mérite de ta part, mais par ma grâce. Lève-toi par moi: le fait d’être guéri ne dépend pas de ta vertu» (Homélie sur l’Evangile de Marc, 3). Le second épisode, celui de la femme souffrant d’hémorragies, met de nouveau en évidence le fait que Jésus est venu libérer l’être humain dans sa totalité. En effet, le miracle se déroule en deux temps: d’abord arrive la guérison physique, mais elle est étroitement liée à la guérison plus profonde, celle que la grâce de Dieu donne à celui qui s’ouvre à Lui avec foi. Jésus dit à la femme: «Ma fille, ta foi t’a sauvée; va en paix et sois guérie de ton infirmité» (Mc 5, 34).

      Ces deux récits de guérison sont pour nous une invitation à dépasser une vision purement horizontale et matérielle de la vie. Nous demandons à Dieu tant de guérisons de problèmes, de nécessités concrètes, et c’est juste, mais ce que nous devons demander avec insistance est une foi toujours plus solide, afin que le Seigneur renouvelle notre vie, et une confiance ferme dans son amour, dans sa providence qui ne nous abandonne pas.

     Jésus qui est attentif à la souffrance humaine nous fait penser aussi à ceux qui aident les malades à porter leur croix, en particulier les médecins, les professionnels de la santé et ceux qui assurent l’assistance religieuse dans les maisons de soins. Ils sont des «réserves d’amour», qui apportent sérénité et espérance aux personnes qui souffrent. Dans l’encyclique Deus caritas est, je soulignais que, pour ce précieux service, il faut avant tout la compétence professionnelle — une des premières nécessités fondamentales — mais à elle seule, elle ne peut suffire. Il s’agit, en effet, d’êtres humains, qui ont besoin d’humanité et de l’attention du c½ur. «C’est pourquoi, en plus de la préparation professionnelle, il est nécessaire pour ces personnes d’avoir aussi et surtout une “formation du c½ur”: il convient de les conduire à la rencontre avec Dieu dans le Christ, qui suscite en eux l’amour et qui ouvre leur esprit à autrui» (n. 31).

     

 

 

 

 

 

 

 

 

2013

 

 

 

 

11 février 2013 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

1. Le 11 février 2013, mémoire liturgique de Notre-Dame de Lourdes, on célébrera de façon solennelle au Sanctuaire marial d’Altötting la XXI e Journée mondiale du Malade. Cette journée est pour les malades, pour les personnels de santé, pour les fidèles chrétiens et pour toutes les personnes de bonne volonté « un temps fort de prière, de partage, d’offrande de la souffrance pour le bien de l’Église et un appel à tous à reconnaître dans les traits du frère malade la Sainte Face du Christ qui, par sa souffrance, sa mort et sa résurrection a opéré le salut de l’humanité » (Jean-Paul II, Lettre de création de la Journée mondiale du malade, 13 mai 1992, n. 3). En cette circonstance, je me sens particulièrement proche de chacun de vous, chers malades qui, dans les lieux d’assistance et de soins ou aussi à la maison, vivez un moment difficile d’épreuve à cause de l’infirmité et de la souffrance. Qu’à tous, parviennent les paroles rassurantes des Pères du Concile ½cuménique Vatican II : « Vous n’êtes ni abandonnés ni inutiles: vous êtes les appelés du Christ, sa transparente image» (Message aux pauvres, aux malades, à tous ceux qui souffrent).

2. Pour vous accompagner dans le pèlerinage spirituel qui de Lourdes, lieu et symbole d’espérance et de grâce, nous conduit au Sanctuaire d’Altötting, je voudrais proposer à votre réflexion la figure emblématique du Bon Samaritain (cf. Lc 10,25-37). La parabole évangélique narrée par saint Luc s’insère dans une série d’images et de récits sur la vie quotidienne, avec lesquels Jésus veut faire comprendre l’amour profond de Dieu envers chaque être humain, spécialement lorsqu’il se trouve dans la maladie et la souffrance. Mais, en même temps, avec les paroles qui concluent la parabole du Bon Samaritain, «Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10, 37), le Seigneur indique quelle est l’attitude que doit avoir chacun de ses disciples envers les autres, particulièrement s’ils ont besoin de soins. Il s’agit donc de puiser dans l’amour infini de Dieu, à travers une relation intense avec lui dans la prière, la force de vivre quotidiennement une attention concrète, comme le Bon Samaritain, envers celui qui est blessé dans son corps et dans son esprit, celui qui demande de l’aide, même s’il est inconnu et privé de ressources. Cela vaut non seulement pour les agents de la pastorale et de la santé, mais pour tous, également pour le malade lui-même, qui peut vivre la condition qui est la sienne dans une perspective de foi : « Ce n’est pas le fait d’esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ, qui a souffert avec un amour infini » (Enc. Spe salvi, 37).

3. Plusieurs Pères de l’Église ont vu dans la figure du Bon Samaritain Jésus lui-même, et dans l’homme tombé aux mains des brigands Adam, l’Humanité égarée et blessée par son péché (cf. Origène, Homélie sur l’évangile de Luc XXXIV, 1-9 ; Ambroise, Commentaire sur l’évangile de saint Luc, 71-84 ; Augustin, Discours 171). Jésus est le Fils de Dieu, Celui qui rend présent l’amour du Père, amour fidèle, éternel, sans barrières ni limites. Mais Jésus est aussi Celui qui “se dépouille” de son “habit divin”, qui s’abaisse de sa “condition” divine, pour prendre la forme humaine (Ph 2, 6-8), et s’approcher de la douleur de l’homme, jusqu’à descendre aux enfers, comme nous le récitons dans le Credo, et porter espérance et lumière. Il ne retient pas jalousement le fait d’être égal à Dieu, d’être Dieu (cf. Ph 2, 6), mais il se penche, plein de miséricorde, sur l’abîme de la souffrance humaine, pour verser l’huile de la consolation et le vin de l’espérance.

4. L’Année de la foi que nous sommes en train de vivre constitue une occasion propice pour intensifier la diaconie de la charité dans nos communautés ecclésiales, pour être chacun un bon samaritain pour l’autre, pour celui qui se tient à côté de nous. Dans ce but, je voudrais rappeler quelques figures, parmi les innombrables dans l’histoire de l’Église, qui ont aidé les personnes malades à valoriser la souffrance sur le plan humain et spirituel, afin qu’elles soient un exemple et un stimulant. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face , « experte en scientia amoris » (Jean-Paul II, Lett. ap. Novo millenio ineunte, n. 42), sut vivre « en union profonde avec la Passion de Jésus », la maladie qui la conduira « à la mort à travers de grandes souffrances » (Benoît XVI, Audience générale, 6 avril 2011). Le Vénérable Luigi Novarese, dont beaucoup gardent vivant encore aujourd’hui le souvenir, ressentit de façon particulière dans l’exercice de son ministère l’importance de la prière pour et avec les malades et les personnes souffrantes, qu’il accompagnait souvent dans les sanctuaires mariaux, particulièrement à la grotte de Lourdes. Poussé par la charité envers le prochain, Raoul Follereau a consacré sa vie au soin des personnes atteintes de la maladie de Hansen jusque dans les endroits les plus reculés de la planète, promouvant entre autre la Journée Mondiale contre la Lèpre. La bienheureuse Thérèse de Calcutta commençait toujours sa journée en rencontrant Jésus dans l’Eucharistie, pour sortir ensuite dans les rues avec le Rosaire en main pour rencontrer et servir le Seigneur présent dans ceux qui souffrent, spécialement en ceux qui ne sont « ni voulus, ni aimés, ni soignés ». Sainte Anna Schäffer de Mindelstetten sut, elle aussi, unir de façon exemplaire ses souffrances à celles du Christ : « la chambre de malade se transforma en cellule conventuelle et la souffrance en service missionnaire… Fortifiée par la communion quotidienne, elle devint un intercesseur infatigable par la prière, et un miroir de l’amour de Dieu pour les nombreuses personnes en recherche de conseil » (Homélie pour la canonisation, 21 octobre 2012). Dans l’Évangile, émerge la figure de la bienheureuse Vierge Marie, qui suit son Fils souffrant jusqu’au sacrifice suprême sur le Golgotha. Elle ne perd jamais l’espérance dans la victoire de Dieu sur le mal, sur la souffrance et sur la mort, et elle sait accueillir avec la même tendresse pleine de foi et d’amour le Fils de Dieu né dans la grotte de Bethléem et mort sur la croix. Sa ferme confiance en la puissance divine est illuminée par la Résurrection du Christ, qui donne espérance à celui qui se trouve dans la souffrance et renouvelle la certitude de la proximité et de la consolation du Seigneur.

5. Je voudrais enfin adresser ma vive reconnaissance et mon encouragement aux institutions sanitaires catholiques et à la société civile elle-même, aux diocèses, aux communautés chrétiennes, aux familles religieuses engagées dans la pastorale de la santé, aux associations des personnels de santé et du volontariat. Puisse en tous grandir la conscience que « en accueillant avec amour et générosité toute vie humaine, surtout si elle est faible et malade, l’Église vit aujourd’hui un moment capital de sa mission » (Jean-Paul II, Exh. ap. postsynodale Christifideles laici, n. 38).

Je confie cette XXIe Journée mondiale du Malade à l’intercession de la Vierge Marie , Mère des Grâces vénérée à Altötting, afin qu’elle accompagne toujours l’humanité souffrante, en quête de soulagement et de ferme espérance; qu’elle aide tous ceux qui sont engagés dans l’apostolat de la miséricorde à devenir des bons samaritains pour leurs frères et s½urs éprouvés par la maladie et par la souffrance. À tous j’accorde de grand c½ur la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 2 janvier 2013.

BENOÎT PP XVI

 

 

 

 

 

 

 


 

publié le : 09 février 2022

Sommaire documents

t>