Benoît XVI de A à Z

Eucharistie - Messe

1 - L'Eucharistie, cœur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de l'Eglise…

… L'Eucharistie rend constamment présent le Christ ressuscité qui continue de se donner à nous, nous appelant à participer au banquet de son Corps et de son Sang. C'est de la pleine communion avec Lui que naît tout autre élément de la vie de l'Eglise, en premier lieu la communion entre tous les fidèles, l'engagement d'annoncer et de témoigner de l'Evangile, l'ardeur de la charité envers tous, spécialement envers les pauvres et les petits….

… Je demande à tous d'intensifier dans les mois à venir l'amour et la dévotion à Jésus Eucharistie et d'exprimer de façon courageuse et claire la foi dans la présence réelle du Seigneur, en particulier à travers le caractère solennel et digne des célébrations.

Je le demande de façon spéciale aux prêtres, auxquels je pense en ce moment avec une grande affection. Le sacerdoce ministériel est né dans le Cénacle, en même temps que l'Eucharistie, comme l'a si souvent souligné mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II. « L'existence sacerdotale doit avoir à un titre spécial une ‘forme eucharistique' », a-t-il écrit dans sa dernière lettre pour le Jeudi Saint (n. 1). La célébration pieuse et quotidienne de la Messe, centre de la vie et de la mission de chaque prêtre, y contribue de façon spéciale.

Nourris et soutenus par l'Eucharistie, les catholiques ne peuvent pas ne pas se sentir encouragés à tendre vers cette pleine unité que le Christ a ardemment souhaitée au Cénacle. Le successeur de Pierre sait qu'il doit de manière particulière prendre en charge cette aspiration suprême du Divin maître. C'est à lui en effet qu'a été confiée la tâche de confirmer ses frères (cf. Lc 22, 32). - Chapelle Sixtine 20.4.2005


2 - Comment ne pas rappeler les paroles que saint Ignace d'Antioche écrivit aux Romains? Pierre, venant d'Antioche, son premier siège, se dirigea vers Rome, son siège définitif. Un siège rendu définitif à travers le martyre par lequel il lia pour toujours sa succession à Rome. Ignace, quant à lui, restant Evêque d'Antioche, se dirigeait vers le martyre qu'il allait devoir subir à Rome. Dans sa lettre aux Romains, il se réfère à l'Eglise de Rome comme à «Celle qui préside dans l'amour», une expression très significative. Nous ne savons pas avec certitude ce qu'Ignace avait véritablement à l'esprit en utilisant ces mots. Mais pour l'antique Eglise, le mot amour agape faisait allusion au mystère de l'Eucharistie. Dans ce Mystère, l'amour du Christ se fait toujours tangible parmi nous. Là, Il se redonne continuellement. Là, Il se refait continuellement transpercer le coeur ; là, Il tient sa promesse, la promesse que, de la Croix, il aurait tout attiré à lui. Dans l'Eucharistie, nous apprenons nous-mêmes l'amour du Christ. C'est grâce à ce centre et à ce cœur, grâce à l'Eucharistie, que les saints ont vécu, en apportant l'amour de Dieu dans le monde sous des formes et des manières toujours nouvelles. Grâce à l'Eucharistie, l'Eglise renaît sans cesse de nouveau! L'Eglise n'est autre que ce réseau — la communauté eucharistique! — dans laquelle nous tous, en recevant le même Seigneur, nous devenons un seul corps et nous embrassons le monde entier. Présider dans la doctrine et présider dans l'amour, ne doivent être à la fin, qu'une seule chose: toute la doctrine de l'Eglise, conduit en définitive à l'amour. Et l'Eucharistie, cet amour présent de Jésus Christ, est le critère de toute doctrine. De l'amour dépendent toute la Loi et les Prophètes, dit le Seigneur (Mt 22, 40). L'amour est l'accomplissement de la loi, écrivait saint Paul aux Romains (13, 10). - Homélie Saint Jean de Latran 7.5.2005


3 - Les catholiques du monde entier sont invités à prendre une conscience renouvelée du grand don que nous a laissé le Christ lors de la Dernière Cène. Dans le Pain et dans le Vin, devenus dans la Messe le Corps et le Sang du Seigneur, le peuple chrétien trouve une nourriture et un soutien pour parcourir le chemin vers la sainteté, vocation universelle de tous les baptisés. - Lettre au Cad Ruini 13.5.2005


4 - Chers prêtres de Rome, le Seigneur nous appelle amis, ils fait de nous ses amis, il s'en remet à nous, il nous confie son Corps dans l'Eucharistie, il nous confie son Eglise. Et alors nous devons véritablement être ses amis, n'avoir avec Lui qu'une seule façon de percevoir, vouloir ce qu'Il veut et ne pas vouloir ce qu'Il ne veut pas. Jésus lui-même nous dit: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande» (Jn 15, 14). Que cela soit notre intention commune: faire, tous ensemble, sa sainte volonté, dans laquelle se trouve notre liberté et notre joie…

… Le sacerdoce ministériel possède un rapport constitutif avec le corps du Christ, dans sa double et inséparable dimension d'Eucharistie et d'Eglise, de corps eucharistique et de corps ecclésial…

… Dans le mystère eucharistique le Christ se redonne constamment et, précisément dans l'Eucharistie, nous apprenons l'amour du Christ et donc l'amour pour l'Eglise. Je répète donc avec vous, chers frères dans le sacerdoce, les inoubliables paroles de Jean-Paul II: «La Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées» (Discours du 27 octobre 1995, à l'occasion du 30e anniversaire du Décret Presbyterorum ordinis; cf. ORLF n. 46 du 14 novembre 1995). Cela devrait être une parole dont chacun de nous peut dire qu'elle est sienne: la Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées. De la même façon, l'obéissance au Christ, qui corrige la désobéissance d'Adam, se concrétise dans l'obéissance ecclésiale, qui pour le prêtre est, dans la pratique quotidienne, tout d'abord obéissance à son évêque. Dans l'Eglise l'obéissance n'est cependant pas quelque chose de formel; c'est l'obéissance à celui qui est, à son tour, obéissant et qui personnifie le Christ obéissant. Tout cela ne rend pas vaines et n'atténue pas les exigences concrètes de l'obéissance, mais lui assure sa profondeur théologale et son souffle catholique: dans l'évêque nous obéissons au Christ et à l'Eglise entière, qu'il représente en ce lieu. - Aux prêtres romains à Saint Jean de Latran 13.5.2005


5 - Le vent et le feu de l'Esprit Saint doivent sans relâche ouvrir ces frontières que nous les hommes continuons à élever entre nous; nous devons toujours repasser de Babel, de la fermeture sur nous-mêmes, à la Pentecôte. Nous devons donc prier sans cesse pour que l'Esprit Saint nous ouvre, nous donne la grâce de la compréhension, de façon à devenir le peuple de Dieu issu de tous les peuples — saint Paul nous dit encore davantage: dans le Christ, qui comme unique pain nous nourrit tous dans l'Eucharistie et nous attire à lui dans son corps torturé sur la croix, nous devons devenir un seul corps et un seul esprit.

Le Seigneur dit: paix à vous - paix à toi! Lorsque le Seigneur dit cela, il ne donne pas quelque chose mais il se donne lui-même. En effet, il est lui-même la paix (Ep 2, 14). Dans ce salut du Seigneur, nous pouvons également entrevoir un rappel du grand mystère de la foi, de la sainte Eucharistie, dans laquelle il se donne sans cesse lui-même et, de la sorte, donne la paix véritable. Ce salut se place ainsi au centre de votre mission sacerdotale: le Seigneur vous confie le mystère de ce sacrement. En son nom vous pouvez dire: ceci est mon corps — ceci est mon sang. Laissez-vous toujours attirer à nouveau dans la Sainte Eucharistie, dans la communion de vie avec le Christ. Considérez comme le centre de chaque journée le fait de pouvoir la célébrer de façon digne. Reconduisez toujours les hommes vers ce mystère. Aidez-les, à partir de celle-ci, à apporter la paix du Christ dans le monde - Homélie Messe Pentecôte 15.5.2005


6 - Nous contemplons le mystère de l'amour de Dieu représenté de façon sublime dans la très Sainte Eucharistie, Sacrement du Corps et du Sang du Christ, représentation de son Sacrifice rédempteur... …Au cœur de cette Année dédiée à l'Eucharistie, le peuple chrétien converge autour du Christ présent dans le Très Saint Sacrement, source et sommet de sa vie et de sa mission. Chaque paroisse en particulier est appelée à redécouvrir la beauté du Dimanche, Jour du Seigneur, au cours duquel les disciples du Christ renouvellent dans l'Eucharistie la communion avec Celui qui donne un sens aux joies et aux fatigues de chaque jour. « Sans le Dimanche nous ne pouvons pas vivre » : c'est ce que professaient les premiers chrétiens, même au prix de leur vie, et c'est ce que nous sommes appelés à répéter nous, aujourd'hui. - Angelus 22.5.2005


7 - En la fête du Corpus Domini, l'Eglise revit le mystère du Jeudi Saint à la lumière de la Résurrection. Le Jeudi Saint également, a lieu une procession eucharistique, au cours de laquelle l'Eglise répète l'exode de Jésus du Cénacle au mont des Oliviers. En Israël, on célébrait la nuit de Pâques à la maison, dans l'intimité de la famille; on rappelait ainsi le souvenir de la première Pâque, en Egypte — la nuit où le sang de l'agneau pascal, aspergé sur l'architrave et sur les chambranles des maisons, protégeait contre l'exterminateur. Jésus, au cours de cette nuit, sort et se remet entre les mains du traître, de l'exterminateur, et c'est précisément ainsi qu'il vainc la nuit, qu'il vainc les ténèbres du mal. Ce n'est qu'ainsi que le don de l'Eucharistie, instituée au Cénacle, trouve son accomplissement: Jésus donne réellement son corps et son sang. En franchissant le seuil de la mort, il devient Pain vivant, véritable manne, nourriture inépuisable pour les siècles des siècles. La chair devient pain de vie.

Lors de la procession du Jeudi Saint, l'Eglise accompagne Jésus au mont des Oliviers: l'Eglise orante éprouve le vif désir de veiller avec Jésus, de ne pas le laisser seul dans la nuit du monde, dans la nuit de la trahison, dans la nuit de l'indifférence d'un grand nombre de personnes. En la fête du Corpus Domini, nous reprenons cette procession, mais dans la joie de la Résurrection. Le Seigneur est ressuscité et il nous précède. Dans les récits de la Résurrection, on trouve un trait commun et essentiel; les anges disent: le Seigneur «vous précède en Galilée; c'est là que vous le verrez» (Mt 28, 7). En considérant cela de plus près, nous pouvons dire que cette action de «précéder» de Jésus implique une double direction. La première est - comme nous l'avons entendu - la Galilée. En Israël, la Galilée était considérée comme la porte vers le monde des païens. Et, de fait, c'est précisément en Galilée, sur le mont, que les disciples voient Jésus, le Seigneur, qui leur dit: «Allez... de toutes les nations faites des disciples» (Mt 28, 19). L'autre direction de l'action de «précéder» de la part du Ressuscité, apparaît dans l'Evangile de saint Jean, dans les paroles de Jésus à Madeleine: «Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père» (Jn 20, 17). Jésus nous précède auprès du Père, monte à la hauteur de Dieu et nous invite à le suivre. Ces deux directions du chemin du Ressuscité ne sont pas en contradiction, mais indiquent ensemble la voie de la «sequela» du Christ. Le véritable objectif de notre chemin est la communion avec Dieu - Dieu lui-même est la maison aux nombreuses demeures (cf. Jn 14, 2ss.). Mais nous ne pouvons monter dans cette demeure qu'en allant «vers la Galilée» - en allant sur les routes du monde, en apportant l'Evangile à toutes les nations, en apportant le don de son amour aux hommes de tous les temps. C'est pourquoi le chemin des apôtres s'est étendu jusqu'aux «extrémités de la terre» (cf. Ac 1, 6ss); ainsi, saint Pierre et saint Paul sont allés jusqu'à Rome, une ville qui était alors le centre du monde connu, véritable «caput mundi».

La procession du Jeudi Saint accompagne Jésus dans sa solitude, vers la «via crucis». La procession du Corpus Domini, en revanche, répond de manière symbolique au mandat du Ressuscité: je vous précède en Galilée. Allez jusqu'aux extrémités de la terre, apportez l'Evangile au monde. Bien sûr, l'Eucharistie est, pour la foi, un mystère d'intimité. Le Seigneur a institué le Sacrement du Cénacle, entouré de sa nouvelle famille, des douze apôtres, préfiguration et anticipation de l'Eglise de tous les temps. C'est pourquoi, dans la liturgie de l'Eglise antique, la distribution de la sainte communion était introduite par les paroles suivantes: Sancta sanctis — le don saint est destiné à ceux qui sont rendus saints. On répondait de cette façon à l'avertissement de saint Paul aux Corinthiens: «Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe» (1 Co 11, 28). Toutefois, de cette intimité, qui est un don très personnel du Seigneur, la force du sacrement de l'Eucharistie va au-delà des murs de notre Eglise. Dans ce Sacrement, le Seigneur est toujours en marche vers le monde. Cet aspect universel de la présence eucharistique apparaît dans la procession de notre fête. Nous portons le Christ, présent dans la figure du pain, dans les rues de notre ville. Nous confions ces rues, ces maisons - notre vie quotidienne - à sa bonté. Que nos rues soient les routes de Jésus! Que nos maisons soient des maisons pour lui et avec lui! Que notre vie de tous les jours soit empreinte de sa présence. Avec ce geste, nous plaçons sous son regard les souffrances des malades, la solitude des jeunes et des personnes âgées, les tentations, les peurs - toute notre vie. La procession souhaite être une grande bénédiction publique pour notre ville: le Christ est, en personne, la bénédiction divine pour le monde - que le rayonnement de sa bénédiction s'étende sur nous tous!

Dans la procession du Corpus Domini, nous accompagnons le Ressuscité sur son chemin vers le monde entier, comme nous l'avons dit. Et précisément en accomplissant cela, nous répondons également à son mandat: «Prenez, mangez... Buvez-en tous» (Mt 26, 26ss). On ne peut pas «manger» le Ressuscité, présent dans la figure du pain, comme un simple morceau de pain. Manger ce pain signifie communier, signifie entrer dans la communion avec la personne du Seigneur vivant. Cette communion, cet acte de «manger», est réellement une rencontre entre deux personnes, une façon de se laisser pénétrer par la vie de Celui qui est le Seigneur, de Celui qui est mon Créateur et mon Rédempteur. Le but de cette communion, de cet acte de manger, est l'assimilation de ma vie à la sienne, ma transformation et ma conformation à Celui qui est Amour vivant. C'est pourquoi cette communion implique l'adoration, implique la volonté de suivre le Christ, de suivre Celui qui nous précède. Adoration et procession font donc partie d'un unique geste de communion, et répondent à son mandat: «Prenez et mangez». - Homélie Corpus Domini, Rome - 26.5.2005


8 - « Sans le dimanche nous ne pouvons pas vivre », nous ramène à l'année 304, lorsque l'empereur Dioclétien interdit aux chrétiens, sous peine de mort, de posséder les Ecritures, de se réunir le dimanche pour célébrer l'Eucharistie et de construire des lieux pour leurs assemblées. A Abitène, petite localité de la Tunisie actuelle, 49 chrétiens furent surpris un dimanche tandis que, réunis dans la maison d'Octave Félix, ils célébraient l'Eucharistie en défiant les interdits impériaux. Arrêtés, ils furent conduits à Carthage, pour être interrogés par le Proconsul Anulinus. Entre autres, la réponse qu'Eméritus a donnée au proconsul qui lui demandait pourquoi ils avaient transgressé l'ordre de l'empereur, était significative. Il dit: "Sine dominico non possumus": sans nous réunir en assemblée le dimanche, pour célébrer l'Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre. Nous manquerions de forces pour affronter les difficultés quotidiennes et pour ne pas succomber. Après des tortures atroces, les 49 martyrs d'Abitène furent tués. Ils confirmèrent ainsi leur foi, par l'effusion du sang. Ils moururent mais en vainqueurs: nous faisons maintenant mémoire d'eux dans la gloire du Christ ressuscité.

C'est une expérience à laquelle nous devons réfléchir nous aussi, chrétiens du XXIe s. Pour nous non plus, ce n'est pas facile de vivre en chrétiens. D'un point de vue spirituel, le monde dans lequel nous nous trouvons, marqué si souvent par une consommation effrénée, par l'indifférence religieuse, par une sécularisation fermée à la transcendance, peut sembler être un désert non pas moins dur que le (désert) « grand et épouvantable » (Dt 8, 15) dont parle la première lecture tirée du Deutéronome. Au peuple juif en difficulté, Dieu vient en aide par le don de la manne, pour lui faire comprendre que « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt 8, 3). Dans l'évangile d'aujourd'hui, Jésus nous a expliqué à quel pain, Dieu, par le don de la manne, voulait préparer le peuple de la Nouvelle Alliance. En faisant allusion à l'Eucharistie, il a dit: « Ce pain est le pain descendu du ciel non comme celui que vos pères ont mangé et ils sont morts. Qui mange de ce pain vivra à jamais » (Jn 6, 58). Le Fils de Dieu, fait chair, pouvait devenir pain et être ainsi nourriture pour son peuple en chemin vers la terre promise du Ciel.

Nous avons besoin de ce pain pour affronter les fatigues et les lassitudes du voyage. Le dimanche, Jour du Seigneur, est l'occasion propice pour puiser la force en lui, qui est le Seigneur de la vie. Le précepte de la fête n'est donc pas simplement un devoir imposé de l'extérieur. Participer à la célébration dominicale et se nourrir du Pain eucharistique est un besoin pour le chrétien qui peut ainsi trouver l'énergie nécessaire pour le chemin à parcourir. Un chemin qui n'est d'ailleurs pas arbitraire: la route que Dieu indique par sa Loi va dans la direction inscrite dans l'essence même de l'homme. La suivre signifie pour l'homme se réaliser lui-même; la perdre revient à s'égarer soi-même.

Le Seigneur ne nous laisse pas seuls sur ce chemin. Il est avec nous; plus encore, il désire partager notre sort jusqu'à s'identifier à nous. Dans le colloque que rapporte l'Evangile, il dit: « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). Comment ne pas nous réjouir d'une telle promesse? Nous avons entendu cependant, qu'à cette première annonce les gens, au lieu de se réjouir, ont commencé à discuter et à protester: « Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? (Jn 6, 52). En vérité, cette attitude s'est répétée souvent au cours de l'histoire. On dirait qu'au fond les gens ne veulent pas avoir Dieu si proche, si à portée de main, si participant de leur histoire. Les gens le veulent grand, et en définitive, plutôt loin d'eux. On soulève alors des questions voulant démonter qu'une telle chose est finalement impossible. Mais les paroles que le Christ a prononcées justement en cette circonstance demeurent dans leur clarté vigoureuse: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme, et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Face au murmure de protestation, Jésus aurait pu se replier sur des paroles rassurantes: « mes amis, aurait-il pu dire, ne vous inquiétez pas! J'ai parlé de chair, mais il s'agit seulement d'un symbole. Ce que j'entends est seulement une communion profonde de sentiments ». Mais Jésus n'a pas eu recours à de tels adoucissements. Il a maintenu fermement son affirmation, même face à la défection de nombreux de ses disciples (cf. Jn 6, 52). Au contraire, il s'est montré disposé à accepter jusqu'à la défection de ses apôtres mêmes pour ne rien changer du caractère concret de son discours: « Peut-être voulez-vous vous aussi vous en aller? » (Jn 6, 67), a-t-il demandé. Mais grâce à Dieu, Pierre a donné une réponse que nous faisons nôtre nous aussi, aujourd'hui, en pleine conscience: « Seigneur à qui irions nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).

Dans l'Eucharistie, le Christ est réellement présent parmi nous. Ce n'est pas une présence statique. C'est une présence dynamique qui nous saisit pour nous faire siens, pour nous assimiler à Lui. Augustin l'avait bien compris lui qui, venant d'une formation platonicienne, avait eu beaucoup de mal à accepter la dimension « incarnée » du christianisme. Il réagissait tout particulièrement face à la perspective du « repas eucharistique » qui lui semblait indigne de Dieu: dans les repas communs en effet, l'homme semble le plus fort, dans la mesure où c'est lui qui assimile la nourriture en en faisant un élément de sa réalité corporelle. Ce n'est que dans un second temps qu'Augustin comprit que les choses allaient exactement dans le sens inverse : le centre, c'est le Christ, qui nous attire à lui pour faire de nous une seule chose avec lui (cf. Confessions, VII,10,16). De cette façon, il nous introduit dans la communauté des frères.

Nous touchons ici une autre dimension de l'Eucharistie, que je voudrais encore aborder avant de conclure. Le Christ que nous rencontrons dans le Sacrement est le même ici à Bari qu'à Rome, ici en Europe qu'en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie. C'est l'unique et même Christ qui est présent dans le Pain eucharistique en tout lieu de la terre. Cela signifie que nous pouvons le rencontrer seulement ensemble avec tous les autres. Nous pouvons le recevoir seulement dans l'unité? N'est-ce pas ce que nous a dit l'apôtre Paul dans la lettre que nous venons d'écouter? En écrivant aux Corinthiens, il affirmait: « Puisqu'il n'y a qu'un seul pain, nous, tout en étant nombreux, nous sommes un seul corps: tous, en effet nous participons à l'unique pain » (1 Co 10,17). La conséquence est claire: nous ne pouvons pas être en communion avec le Seigneur si nous ne sommes pas en communion entre nous. Si nous voulons nous présenter devant Lui, nous devons aussi bouger pour aller les uns vers les autres. Pour cela il faut apprendre la grande leçon du pardon : ne pas laisser travailler dans l'âme le ver du ressentiment, mais ouvrir son coeur à la magnanimité de l'écoute de l'autre, de la compréhension vis à vis de lui, de l'éventuelle acceptation de ses excuses, de la généreuse offrande des nôtres.

L'Eucharistie, répétons-le, est le sacrement de l'unité. Mais hélas les chrétiens sont divisés justement par le sacrement de l'unité. Nous devons d'autant plus, soutenus par l'eucharistie, nous sentir poussés à tendre de toutes nos forces à la pleine unité que le Christ a ardemment désirée au Cénacle. Ici, justement, à Bari, cité qui conserve les reliques de saint Nicolas, terre de rencontre et de dialogue avec nos frères chrétiens d'Orient, je voudrais redire ma volonté d'assumer comme engagement fondamental de travailler de toutes mes énergies à la reconstitution de l'unité pleine et visible de tous les disciples du Christ. Je suis conscient que les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. Il faut aujourd'hui des gestes concrets qui entrent dans les âmes et bouleversent les consciences, en appelant chacun à la conversion intérieure qui est le présupposé de tout progrès sur le chemin de l'œcuménisme » (cf. Discours aux représentants des Eglises et communautés chrétiennes et d'autres religions non chrétiennes, 25 avril 2005). Je vous demande à tous de prendre avec décision la route de cet œcuménisme spirituel qui, dans la prière, ouvre à l'Esprit Saint, qui peut seul créer l'unité. ..

… Nous devons redécouvrir la joie du dimanche chrétien. Nous devons redécouvrir avec fierté le privilège de pouvoir participer à l'Eucharistie qui est le sacrement du monde nouveau. La résurrection du Christ est advenue le premier jour de la semaine, qui est pour les Juifs le jour de la création du monde. C'est justement pour cela que le dimanche était considéré comme le jour où a commencé le jour nouveau celui dans lequel, par la victoire du Christ sur la mort, a commencé la création nouvelle. En nous réunissant autour de la table eucharistique, la communauté se formait comme nouveau peuple de Dieu. Saint Ignace d'Antioche appelait les chrétiens « ceux qui sont arrivés à l'espérance nouvelle » et il les présentait comme des personnes « vivant selon le dimanche » ("iuxta dominicam viventes"). Dans cette perspective, l'évêque d'Antioche se demandait: « Comment pourrions nous vivre sans Lui, que les prophètes aussi ont attendu? (Lettre aux Magnésiens, 9,1-2). « Comment pourrions nous vivre sans Lui? » nous entendons ces paroles de saint Ignace résonner dans l'affirmation des martyres d'Abitène "Sine dominico non possumus". C'est justement de là que jaillit notre prière: que les Chrétiens d'aujourd'hui aussi reprennent conscience de l'importance décisive de la célébration dominicale et qu'ils sachent tirer de la participation à l'Eucharistie l'élan nécessaire à un nouvel engagement dans l'annonce au monde du Christ « notre paix » (Ep 2,14). - Homélie Messe à Bari 29-5-2005


9 - Apprenons à vivre toujours en communion avec le Christ crucifié et ressuscité, en nous faisant conduire pour cela par sa Mère qui est aussi notre Mère céleste. Ainsi, nourrie par la Parole et par le Pain de vie, notre existence deviendra entièrement eucharistique, et se fera action de grâce au Père par le Christ dans l'Esprit Saint. - Angelus 29.5.2005


10 - Vous placez à juste titre à la base de tout la contemplation de Jésus Christ et, en Lui, du vrai visage de Dieu le Père, le rapport vivant et quotidien avec Lui. En effet, c'est là que se trouve l'âme et la force secrète de l'Eglise, la source efficace de notre apostolat. C'est surtout dans le mystère de l'Eucharistie que nous-mêmes, nos prêtres et tous nos fidèles pouvons vivre en plénitude ce rapport avec le Christ : dans ce mystère, il devient tangible parmi nous, se donne toujours à nouveau, devient nôtre afin que nous devenions siens et apprenions son amour. …
…En contemplant le visage du Christ, et dans le Christ le visage du Père, la Très Sainte Vierge nous précède, nous soutient et nous accompagne. L'amour et la dévotion pour la Mère du Seigneur, … sont un héritage précieux que nous devons toujours cultiver et une grande ressource également en vue de l'évangélisation. Chers frères, sur ces bases, nous pouvons vraiment proposer à nous-mêmes et à nos fidèles la vocation à la sainteté, comme "haut degré de la vie chrétienne ordinaire", selon l'heureuse expression de Jean-Paul II dans Novo millennio ineunte (n. 37): l'Esprit Saint vient en effet en nous, par le Christ et le Père, précisément pour nous introduire dans le mystère de la vie et de l'amour de Dieu, au-delà de toute force et de toute attente humaine. - Aux Evêques d'Italie 30.5.2005


11 - La Vierge nous accompagne chaque jour dans notre prière. En cette Année de l'Eucharistie que nous sommes en train de vivre, Marie nous aide avant tout à découvrir toujours mieux le grand sacrement de l'Eucharistie. Le bien-aimé Pape Jean-Paul II, dans sa dernière Encyclique - Ecclesia de Eucharistia - nous l'a présentée comme "femme eucharistique" tout au long de sa vie (cf. n. 53). "Femme eucharistique" en profondeur, en commençant par son attitude intérieure: depuis l'Annonciation, lorsqu'elle fit le don d'elle-même pour l'incarnation du Verbe de Dieu, jusqu'à la croix et la résurrection; "femme eucharistique" au cours de la période qui a suivi la Pentecôte, lorsqu'elle reçut dans le Sacrement ce Corps qu'elle avait conçu et porté dans son sein. Aujourd'hui en particulier, à travers la liturgie, nous nous arrêtons pour méditer le mystère de la Visitation de la Vierge à sainte Elisabeth. Marie se rend chez sa cousine âgée Elisabeth, que tous disaient stérile et qui en revanche était parvenue au sixième mois d'une grossesse donnée par Dieu (cf. Lc 1, 36), alors qu'elle porte dans son sein Jésus qui vient d'être conçu. C'est une jeune fille qui n'a pas peur, parce que Dieu est avec elle, Dieu est en elle. D'une certaine façon, nous pouvons dire que son voyage a été - nous sommes heureux de le souligner en cette Année de l'Eucharistie - la première "procession eucharistique" de l'histoire. Marie, tabernacle vivant de Dieu fait chair, est l'arche de l'Alliance, dans laquelle le Seigneur a visité et racheté son peuple. La présence de Jésus la comble d'Esprit Saint. Quand elle entre dans la maison d'Elisabeth, son salut déborde de grâce: Jean frémit dans le sein de sa mère, comme percevant la présence de Celui qu'il devra bientôt annoncer à Israël. Les fils exultent, les mères exultent. Cette rencontre imprégnée par la joie de l'Esprit, trouve son expression dans le chant du Magnificat.
N'est-ce pas également la joie de l'Eglise, qui sans cesse accueille le Christ dans la Sainte Eucharistie et l'apporte dans le monde à travers le témoignage de la charité active, emplie de foi et d'espérance? Oui, accueillir Jésus et l'amener aux autres est la véritable joie du chrétien! Chers frères et soeurs, suivons et imitons Marie, une âme profondément eucharistique, et toute notre vie pourra devenir un Magnificat (cf. Ecclesia de Eucharistia, n. 58), une louange de Dieu. - Méditation Grotte de Lourdes au Vatican, 31.5.2005


12 - L'Eucharistie doit toujours se trouver au centre de votre ministère épiscopal et constituer une inspiration pour ceux qui vous assistent dans votre saint devoir…
… En tant que Pasteurs du troupeau du Christ, vous avez la grande responsabilité de les aider à devenir des hommes de l'Eucharistie. Les prêtres sont appelés à tout quitter et à éprouver une dévotion toujours plus grande à l'égard du Très Saint Sacrement, en conduisant les hommes et les femmes vers ce mystère et la paix que celui-ci renferme en lui ..

… C'est au sein même de l'"Eglise domestique", "construite sur les bases culturelles solides et les riches valeurs de la tradition familiale africaine" que les enfants peuvent apprendre le caractère central de l'Eucharistie dans la vie chrétienne (cf. Ecclesia in Africa, n. 92).- A des Evêques d'Afrique en Visite Ad Limina 10.6.2005


13 - L'Année de l'Eucharistie se poursuit, voulue par le bien-aimé Pape Jean-Paul II pour susciter toujours plus dans la conscience des croyants l'émerveillement à l'égard de ce grand Sacrement. En ce temps eucharistique particulier, l'un des thèmes récurrents est celui du Dimanche, Jour du Seigneur… La participation à la Messe du Dimanche doit être ressentie par le chrétien non pas comme une contrainte ou comme un poids, mais comme un besoin et une joie. Se réunir avec nos frères et soeurs, écouter la Parole de Dieu et se nourrir du Christ, qui s'est immolé pour nous, est une belle expérience qui donne un sens à la vie, qui diffuse la paix dans les coeurs. Sans le dimanche, nous chrétiens nous ne pouvons pas vivre.
C'est pourquoi les parents sont appelés à faire découvrir à leurs enfants la valeur et l'importance de la réponse à l'invitation du Christ, qui convoque la famille chrétienne tout entière à la Messe du Dimanche. Sur ce chemin éducatif, une étape plus que jamais importante est la Première Communion, véritable fête pour la communauté paroissiale, qui accueille pour la première fois les plus petits de ses enfants à la Table du Seigneur. ..
… Que la Vierge Marie, nous enseigne à aimer toujours plus Jésus, dans la méditation constante de sa Parole et dans l'adoration de sa présence eucharistique, et nous aide à faire découvrir aux jeunes générations la "perle précieuse" de l'Eucharistie, qui donne son sens véritable et plein à la vie.- Angelus 12.6.2005


14 - Les fidèles et les pasteurs sont particulièrement attachés à la possibilité de célébrer, le dimanche, le Sacrement de l'unité, dans lequel ils trouvent une vigueur nouvelle pour devenir artisans de communion et d'espérance. - Au nouvel Ambassadeur du Rwanda 16.6.2005


15 - Dans la vie et le ministère de l'Évêque, la célébration du mystère pascal du Christ tient une place centrale. En cette année de l'Eucharistie, je vous invite particulièrement à renouveler votre attachement au Christ, qui ne cesse de se donner à nous dans ce sacrement - ! - Aux Evêques du Madagascar, en visite Ad Limina 18.6.2005


16 - - L'attention mêlée d'affection des chrétiens, envers ceux qui se trouvent dans des situations difficiles, et leur engagement en faveur d'une société plus solidaire, se nourrissent continuellement de la participation active et consciente à l'Eucharistie. Celui qui se nourrit avec foi du Christ au banquet eucharistique assimile son propre style de vie, qui est le style du service attentif, spécialement à l'égard des personnes plus faibles et défavorisées. La charité en actes est en effet un critère qui prouve l'authenticité de nos célébrations liturgiques (cf. Lettre apostolique Mane nobiscum Domine, 28). Que l'Année de l'Eucharistie, que nous sommes en train de vivre, aide les communautés diocésaines et paroissiales à raviver cette capacité d'aller à la rencontre des nombreuses pauvretés de notre monde. - Angelus 19.6.2005


17 - Au centre du sacerdoce se trouve la célébration quotidienne et pieuse de la Messe. En cette année de l'Eucharistie, je m'adresse à vos prêtres: soyez fidèles à cet engagement, qui est le centre et la mission de la vie de chacun de vous….
… Je désire vous confirmer dans votre désir d'accueillir l'appel au témoignage et à l'évangélisation qui naissent de la rencontre avec le Christ, toujours intensifiée et approfondie dans l'Eucharistie (cf. Mane nobiscum Domine, n. 24). Unis dans votre proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, allez remplis d'espérance. Aux Evêques de Papouasie en Visite Ad Limina 25.6.2005


18 - Faites de la prière la nourriture quotidienne de votre vie, à travers des arrêts fréquents de méditation et d'écoute de la Parole de Dieu et à travers la participation active à la Messe. Il est important que l'existence du chrétien soit centrée sur l'Eucharistie. …
En effet, nous ne devons jamais oublier que le secret de l'efficacité de chacun de nos projets est le Christ et que notre vie doit être imprégnée de son action de renouveau. Nous devons placer sous son regard toutes les attentes et les nécessités du monde…
… C'est à Jésus en particulier, que nous adorons dans l'Eucharistie, qu'il faut présenter les souffrances des malades auxquels vous rendez visite, la solitude des jeunes et des personnes âgées que vous rencontrez, les peurs, les espérances et les perspectives de l'existence tout entière. Ainsi, dans cette attitude intérieure, il sera plus facile pour vous de réaliser votre vocation chrétienne et d'aller au-devant de ceux qui vivent dans des conditions difficiles ou d'abandon, en témoignant de la présence réconfortante du Christ. - Au Cercle de Saint-Pierre 7.7.2005


19 - chers pèlerins de langue française; puisse l'Eucharistie dominicale affermir en chacun de vous la foi, la relation d'intimité avec le Christ et le désir d'annoncer l'Évangile. - Angelus 10.7.2005


20 - Selon l'heureuse intuition du bien-aimé pape Jean-Paul II, la Journée mondiale de la Jeunesse constitue une rencontre privilégiée avec le Christ, dans la solide conscience que Lui seul offre aux êtres humains la plénitude de vie, de joie et d'amour. Chaque chrétien est appelé à entrer dans une communion profonde avec le Seigneur crucifié et ressuscité, à l'adorer dans la prière, dans la méditation, et surtout dans la pieuse participation à l'Eucharistie, au moins le dimanche, petite « Pâque hebdomadaire ». On devient de cette façon ses véritables disciples, prêts à annoncer et à témoigner à tout moment de la beauté et de la force rénovatrice de l'Evangile. - Angelus 31.7.2005


21 - Puissiez-vous accueillir le Christ, Verbe de Dieu, qui se fait notre nourriture, pour en vivre et être ses témoins auprès des personnes que vous rencontrez, notamment auprès des jeunes. - Après l'Angelus 31.7.2005


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