Benoît XVI de A à Z

Esprit-Saint - Pentecôte

 

2005

 

 

7 mai 2005 – Homélie Saint Jean de Latran

 Nous apprenons ... quelque chose de plus sur la manière concrète dont le Seigneur réalise cette façon d'être proche de nous. Le Seigneur promet son Esprit Saint aux disciples. La première lecture que nous avons entendue nous dit que l'Esprit Saint sera une «force» pour les disciples ; l'Evangile ajoute qu'il sera le guide vers la Vérité tout entière. Jésus a tout dit à ses disciples, étant lui-même la Parole vivante de Dieu, et Dieu ne peut pas donner plus que lui-même. En Jésus, Dieu s'est entièrement donné à nous — c'est-à-dire qu'il nous a tout donné. En plus de cela, ou à côté de cela, il ne peut exister aucune autre révélation en mesure de transmettre davantage ou de compléter, de quelque manière que ce soit, la Révélation du Christ. En Lui, dans le Fils, tout nous a été dit, tout nous a été donné. Mais notre capacité de comprendre est limitée; c'est pourquoi la mission de l'Esprit est d'introduire l'Eglise de façon toujours nouvelle, de génération en génération, dans la grandeur du mystère du Christ. L'Esprit ne présente rien de différent et de nouveau à côté du Christ; il n'y a aucune révélation pneumatique à côté de celle du Christ — comme certains le croient —, aucun deuxième niveau de Révélation. Non: «c'est de mon bien qu'il recevra», dit le Christ dans l'Evangile (Jn 16, 14). Et de même que le Christ dit seulement ce qu'il sent et reçoit du Père, de même l'Esprit Saint est l'interprète du Christ. «C'est de mon bien qu'il recevra». Il ne nous conduit pas dans d'autres lieux, éloignés du Christ, mais il nous conduits toujours davantage dans la lumière du Christ. C'est pourquoi la révélation chrétienne est, dans le même temps, toujours ancienne et toujours nouvelle. C'est pourquoi tout nous est toujours et déjà donné. Dans le même temps, chaque génération, dans la rencontre infinie avec le Seigneur — rencontre qui a lieu à travers l'Esprit Saint — apprend toujours quelque chose de nouveau.

     Ainsi, l'Esprit Saint est la force à travers laquelle le Christ nous fait ressentir sa proximité. Mais la première lecture dit également une deuxième parole: vous serez mes témoins. Le Christ ressuscité a besoin de témoins qui l'ont rencontré, d'hommes qui l'ont connu intimement à travers la force de l'Esprit Saint. D'hommes qui l'ayant, pour ainsi dire, touché du doigt, peuvent en témoigner. C'est ainsi que l'Eglise, la famille du Christ, a grandi de «Jérusalem... jusqu'aux extrémités de la terre», comme le dit la lecture. C'est à travers les témoins que l'Eglise a été construite — à commencer par Pierre et par Paul, et par les Douze, jusqu'à tous les hommes et toutes les femmes qui, comblés du Christ, ont rallumé et rallumeront au cours des siècles de manière toujours nouvelle la flamme de la foi. Chaque chrétien, à sa façon, peut et doit être le témoin du Seigneur ressuscité. Quand nous lisons les noms des saints nous pouvons voir combien de fois ils ont été — et continuent à être — tout d'abord des hommes simples, des hommes dont émanait — et émane — une lumière resplendissante capable de conduire au Christ…

 

     … L'Evêque de Rome siège sur sa Chaire pour témoigner du Christ. Ainsi la Chaire est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d'enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l'Eglise, l'Ecriture Sainte, dont la compréhension s'accroît sous l'inspiration de l'Esprit Saint, et le ministère de l'interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l'un à l'autre de façon indissoluble. Là où l'Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l'Eglise, elle devient la proie des discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux; le travail des savants est d'une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l'Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité; elle n'est pas en mesure de nous donner, dans l'interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C'est pourquoi, nous avons besoin d'un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C'est pourquoi nous avons besoin de la voix de l'Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu'à la fin des temps.

     Cette autorité d'enseignement effraie un grand nombre d'hommes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise. Ils se demandent si celle-ci ne menace pas la liberté de conscience, si elle n'est pas une présomption s'opposant à la liberté de pensée. Il n'en est pas ainsi. Le pouvoir conféré par le Christ à Pierre et à ses successeurs est, au sens absolu, un mandat pour servir. L'autorité d'enseigner, dans l'Eglise, comporte un engagement au service de l'obéissance à la foi. Le Pape n'est pas un souverain absolu, dont la pensée et la volonté font loi. Au contraire: le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et envers Sa Parole. Il ne doit pas proclamer ses propres idées, mais se soumettre constamment, ainsi que l'Eglise, à l'obéissance envers la Parole de Dieu, face à toutes les tentatives d'adaptation et d'appauvrissement, ainsi que face à tout opportunisme. C'est ce que fit le Pape Jean-Paul II lorsque, face à toutes les tentatives, apparemment bienveillantes envers l'homme, face aux interprétations erronées de la liberté, il souligna de manière catégorique l'inviolabilité de l'être humain, l'inviolabilité de la vie humaine de sa conception jusqu'à sa mort naturelle. La liberté de tuer n'est pas une véritable liberté, mais une tyrannie qui réduit l'être humain en esclavage. Le Pape est conscient d'être, dans ses grandes décisions, lié à la grande communauté de foi de tous les temps, aux interprétations faisant autorité qui sont apparues le long du chemin du pèlerinage de l'Eglise. Ainsi son pouvoir ne se trouve pas «au dessus», mais il est au service de la Parole de Dieu, et c'est sur lui que repose la responsabilité de faire en sorte que cette Parole continue à rester présente dans sa grandeur et à retentir dans sa pureté, de façon à ce qu'elle ne soit pas détruite par les changements incessants des modes.  

 

13 mai 2005 – Aux prêtres, à Saint Jean de Latran

   Le Christ ressuscité nous appelle à être ses témoins et nous donne la force de son Esprit, pour l'être vraiment. – Aux prêtres romains à Saint Jean de Latran 13.5.2005

 

      Saint Pierre, premier Evêque de Rome, dans sa première Epître dit que nous, chrétiens, devons être disposés à donner raison de notre foi. Cela suppose que nous ayons nous-mêmes compris la raison de la foi, que nous ayons réellement «digéré», également de façon rationnelle, avec le cœur, avec la sagesse du cœur, cette parole qui peut réellement être une réponse pour les autres. Dans la première Epître de saint Pierre, dans le texte grec, il est dit avec un beau jeu de mot: «apología», réponse du «logos», de la raison de notre foi. C'est-à-dire, le «logos», la raison de la foi, la parole de la foi doit devenir réponse de la foi. Et nous savons bien que le langage de la foi est souvent très éloigné des gens d'aujourd'hui; il ne peut se rapprocher que s'il devient, en nous, le langage de notre temps. Nous sommes contemporains; nous vivons en ce temps, avec ces pensées, avec ces sentiments. S'il est transformé en nous, il peut trouver une réponse.

     Je reconnais naturellement, nous le savons tous, qu'un grand nombre ne sont pas immédiatement capables de s'identifier, de comprendre, d'assimiler tout l'enseignement du Christ. Il me semble important d'éveiller tout d'abord cette intention de croire avec l'Eglise, même si personnellement, quelqu'un peut ne pas avoir encore assimilé beaucoup de détails. Il faut avoir cette volonté de croire avec l'Eglise, avoir confiance dans le fait que cette Eglise — non seulement la communauté de deux mille ans de pèlerinage du peuple de Dieu, mais la communauté qui embrasse le Ciel et la terre, la communauté dans laquelle sont présents également tous les justes de tous les temps — que cette Eglise animée par l'Esprit Saint et réellement guidée en son sein par l'Esprit est donc le vrai sujet de la foi. Et l'individu s'insère dans ce sujet, y adhère, et donc, même s'il n'est pas encore totalement pénétré par celui-ci, a confiance et participe à la foi de l'Eglise, veut croire avec l'Eglise. Cela me semble le pèlerinage permanent de notre vie, arriver avec notre pensée, avec notre affection, avec toute notre vie dans la communion de la foi. C'est ce que nous pouvons offrir à tous afin que, peu à peu, ils puissent s'identifier et surtout qu'ils accomplissent toujours à nouveau ce pas fondamental de se confier à la foi de l'Eglise, de s'insérer dans ce pèlerinage de foi, de façon à recevoir la lumière de la foi…

 

     … Je voudrais encore une fois vous remercier pour la contribution exprimée ici à propos du christocentrisme, de la nécessité que notre foi soit toujours nourrie par la rencontre personnelle avec le Christ, par une amitié personnelle avec Jésus. Romano Guardini, il y a soixante ans, a dit à juste titre que l'essence du christianisme n'est pas une idée mais une Personne. De grands théologiens avaient tenté de décrire les idées essentielles constitutives du christianisme. Mais le christianisme qu'ils avaient décrit apparaissait à la fin comme quelque chose de non convaincant. Car le christianisme est tout d'abord un Evénement, une Personne. Et dans la Personne, nous trouvons ensuite la richesse des contenus. Cela est important.

     Il me semble que nous trouvons ici également une réponse à une difficulté que l'on entend souvent aujourd'hui à propos du caractère missionnaire de l'Eglise. De nombreuses personnes nous manifestent la tentation de penser ainsi à l'égard des autres: «Mais pourquoi ne les laissons-nous pas en paix? Ils ont leur authenticité, leur vérité. Nous avons la nôtre. Vivons donc pacifiquement les uns avec les autres, laissant chacun comme il est, afin qu'il recherche de la meilleure façon possible son authenticité». Mais comment la propre authenticité peut-elle être trouvée si, dans la profondeur de notre cœur, il y a l'attente de Jésus et que la véritable authenticité de chacun se trouve précisément dans la communion avec le Christ, et pas sans le Christ? Autrement dit: si nous avons trouvé le Seigneur et si, pour nous, Il est la lumière et la joie de la vie, sommes-nous sûrs qu'à une autre personne qui n'a pas trouvé le Christ il ne manque pas une chose essentielle et que ce n’est pas notre devoir de lui offrir cette réalité essentielle? Laissons ensuite à la direction de l'Esprit Saint et à la liberté de chacun ce qui arrivera. Mais si nous sommes convaincus et avons fait l'expérience du fait que, sans le Christ, la vie est incomplète, qu'une réalité manque, la réalité fondamentale, nous devons également être convaincus que nous ne faisons tort à personne si nous lui montrons le Christ et si nous lui offrons la possibilité de trouver ainsi sa véritable authenticité, la joie d'avoir trouvé la vie.
 

 

15 mai 2005 – Homélie de la Messe de Pentecôte

    La première Lecture et l'Evangile du Dimanche de Pentecôte nous présentent deux grandes images de la mission de l'Esprit Saint. La lecture des Actes des Apôtres raconte comment, le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint, sous les signes d'un vent puissant et du feu, fait irruption dans la communauté des disciples de Jésus, en prière, et donne ainsi origine à l'Eglise. Pour Israël, la Pentecôte, de fête des moissons, était devenue la fête qui faisait mémoire de l'établissement de l'alliance au Sinaï. Dieu avait montré sa présence au peuple à travers le vent et le feu et il lui avait ensuite fait don de sa loi, des dix Commandements. Ce n'est qu'ainsi que l'œuvre de libération, commencée avec l'Exode de l'Egypte, s'était pleinement accomplie: la liberté humaine est toujours une liberté partagée, un ensemble de libertés.

     Une liberté commune ne peut régner que dans une harmonie ordonnée des libertés, qui ouvre à chacun son propre domaine. C'est pourquoi le don de la loi sur le Sinaï ne fut pas une restriction ou une abolition de la liberté, mais le fondement de la véritable liberté. Et, étant donné qu'une juste organisation humaine ne peut exister que si elle provient de Dieu et si elle unit les hommes dans la perspective de Dieu, les commandements que Dieu lui-même donne ne peuvent manquer à une organisation ordonnée des libertés humaines. Ainsi, Israël est pleinement devenu un peuple précisément à travers l'alliance avec Dieu au Sinaï. La rencontre avec Dieu au Sinaï pourrait être considérée comme le fondement et la garantie de son existence comme peuple. Le vent et le feu, qui frappèrent la communauté des disciples du Christ rassemblés au Cénacle, constituèrent un développement supplémentaire de l'événement du Sinaï et lui donnèrent une nouvelle envergure. En ce jour, se trouvaient à Jérusalem, selon ce que rapportent les Actes des Apôtres, «des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel» (Ac 2, 5). Et voilà que se manifeste le don caractéristique de l'Esprit Saint: tous comprennent les paroles des Apôtres: «Chacun les entendait parler en son propre idiome» (Ac 2, 6). L'Esprit Saint leur donne de comprendre. En surmontant la rupture initiale de Babel — la confusion des cœurs, qui nous élève les uns contre les autres — l'Esprit ouvre les frontières. Le peuple de Dieu qui avait trouvé au Sinaï sa première forme, est alors élargi au point de ne connaître plus aucune frontière. Le nouveau peuple de Dieu, l'Eglise, est un peuple qui provient de tous les peuples. L'Eglise est catholique dès le début, telle est son essence la plus profonde. Saint Paul explique et souligne cela dans la deuxième lecture, lorsqu'il dit: «Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit» (1 Co 12, 13). L'Eglise doit toujours redevenir ce qu'elle est déjà: elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et faire tomber les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l'Eglise, il n'y a que des frères et des sœurs de Jésus Christ, libres.

     Le vent et le feu de l'Esprit Saint doivent sans relâche ouvrir ces frontières que nous les hommes continuons à élever entre nous; nous devons toujours repasser de Babel, de la fermeture sur nous-mêmes, à la Pentecôte. Nous devons donc prier sans cesse pour que l'Esprit Saint nous ouvre, nous donne la grâce de la compréhension, de façon à devenir le peuple de Dieu issu de tous les peuples — saint Paul nous dit encore davantage: dans le Christ, qui comme unique pain nous nourrit tous dans l'Eucharistie et nous attire à lui dans son corps torturé sur la croix, nous devons devenir un seul corps et un seul esprit.

     La deuxième image de l'envoi de l'Esprit, que nous trouvons dans l'Evangile, est beaucoup plus discrète. Mais c'est précisément ainsi qu'elle fait percevoir toute la grandeur de l'événement de la Pentecôte. Le Seigneur Ressuscité entre dans le lieu où se trouvent les disciples, en traversant les portes closes et il les salue deux fois en disant: que la paix soit avec vous! Quant à nous, nous fermons sans cesse nos portes; nous voulons sans cesse nous mettre à l’abri et ne pas être dérangés par les autres et par Dieu. C'est pourquoi nous pouvons sans cesse supplier le Seigneur, uniquement pour cela, pour qu'il vienne à nous en franchissant nos fermetures, et qu'il nous apporte son salut. «Que la paix soit avec vous»: ce salut du Seigneur est un pont, qu'il jette entre le ciel et la terre. Il descend sur ce pont jusqu'à nous et nous, nous pouvons monter sur ce pont de paix, jusqu'à lui. Sur ce pont, toujours avec Lui, nous devons nous aussi arriver à notre prochain, jusqu'à celui qui a besoin de nous. C’est précisément en nous abaissant avec le Christ, que nous nous élevons jusqu'à Lui et jusqu'à Dieu: Dieu est Amour et la descente, l'abaissement, que l'amour demande, est donc en même temps la véritable ascension. C’est justement ainsi, en nous abaissant, en sortant de nous-mêmes, que nous atteignons la hauteur de Jésus Christ, la véritable hauteur de l'être humain.

     Au salut de paix du Seigneur suivent deux gestes décisifs pour la Pentecôte: le Seigneur veut que sa mission se poursuive à travers les disciples: «Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jn 20, 21). Après quoi il souffle sur eux et dit: «Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus» (Jn 20, 23). Le Seigneur souffle sur les disciples, et il leur donne ainsi l'Esprit Saint, son Esprit. Le souffle de Jésus est l'Esprit Saint. Nous reconnaissons tout d'abord ici une allusion au récit de la création de l'homme dans la Genèse, où il est dit: «Alors Yahvé Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie» (Gn 2, 7). L'homme est cette créature mystérieuse, qui provient entièrement de la terre, mais dans laquelle a été placé le souffle de Dieu. Jésus souffle sur les apôtres et leur donne de manière nouvelle, plus grande, le souffle de Dieu.

     Chez les hommes, malgré toutes leurs limites, se trouve à présent quelque chose d'absolument nouveau — le souffle de Dieu. La vie de Dieu habite en nous. Le souffle de son amour, de sa vérité et de sa bonté. Ainsi, nous pouvons voir ici également une allusion au baptême et à la confirmation — à cette nouvelle appartenance à Dieu, que le Seigneur nous donne. Le texte de l'Evangile nous invite à cela: à vivre toujours dans l'espace du souffle de Jésus Christ, à recevoir la vie de Lui, de façon à ce qu'il nous insuffle la vie authentique — la vie qu'aucune mort ne peut ôter. A son souffle, au don de l'Esprit Saint, le Seigneur relie le pouvoir de pardonner. Nous avons précédemment entendu que l'Esprit Saint unit, franchit les frontières, conduit les uns vers les autres. La force, qui ouvre et permet de surmonter Babel, est la force du pardon. Jésus peut donner le pardon et le pouvoir de pardonner, car il a lui-même souffert des conséquences de la faute et il les a faites disparaître dans la flamme de son amour. Le pardon vient de la croix; il transforme le monde avec l'amour qui se donne. Son cœur ouvert sur la croix est la porte à travers laquelle la grâce du pardon entre dans le monde. Seule cette grâce peut transformer le monde et édifier la paix.

     Si nous comparons les deux événements de la Pentecôte, le vent puissant du 50e jour et le souffle léger de Jésus le soir de Pâques, le contraste entre deux épisodes, qui eurent lieu au Sinaï et dont nous parle l'Ancien Testament, peut nous revenir à l'esprit. D'une part, il y a le récit du feu, du tonnerre et du vent qui précèdent la promulgation des dix Commandements et l'établissement de l'Alliance (Ex 19sq.); de l'autre, l'on trouve le mystérieux récit d'Elie sur l'Horeb. Après les événements dramatiques du Mont Carmel, Elie avait fui la colère d'Achab et de Jézabel. Suivant le commandement de Dieu, il était ensuite parti en pèlerinage jusqu'au Mont Horeb. Le don de l'alliance divine, de la foi dans le Dieu unique, semblait avoir disparu en Israël. Elie, d'une certaine façon, devait rallumer la flamme de la foi sur le Mont de Dieu et la rapporter à Israël. En ce lieu il fait l'expérience du vent, d'un tremblement de terre, et du feu. Mais Dieu n'est pas présent dans tout cela. Alors il perçoit un doux et léger murmure. Et Dieu lui parle dans ce souffle léger ( 1 R 19, 11-18). N'est-ce pas ce qui se passe le soir de cette Pâque, lorsque Jésus apparaît à ses Apôtres pour enseigner ce que l'on veut dire ici? Ne peut-on pas voir ici une préfiguration du serviteur de Yahvé, dont Isaïe dit: «Il ne crie pas, il n'élève pas le ton, il ne fait pas entendre sa voix dans la rue» (42, 2)? N'est-ce pas ainsi qu'apparaît l'humble figure de Jésus comme la véritable révélation à travers laquelle Dieu se manifeste à nous et nous parle? L'humilité et la bonté de Jésus ne sont-elles pas la véritable épiphanie de Dieu? Elie, sur le Mont Carmel, avait cherché à combattre l'éloignement de Dieu par le feu et par l'épée, tuant les prophètes de Baal. Mais de cette façon, il n'avait pu rétablir la foi. Sur le Mont Horeb, il doit apprendre que Dieu n'est pas dans le vent, dans un tremblement de terre, dans le feu; Elie doit apprendre à percevoir la voix légère de Dieu et, ainsi, à reconnaître à l'avance celui qui a vaincu le péché, non par la force mais par sa Passion; celui qui, à travers sa souffrance, nous a donné le pouvoir du pardon. Telle est la façon dont Dieu vainc. ..

 

     … L'Esprit Saint est vent, mais il n'est pas amorphe  –

 

 

15 mai 2005 – Lors de la prière du Regina Caeli

      Sans l’Esprit Saint l’Eglise serait réduite à une organisation purement humaine, appesantie par ses structures. Mais dans les plans de Dieu, l’Esprit se sert à son tour habituellement des médiations humaines pour agir dans l’histoire. C’est précisément pour cette raison que le Christ, qui a constitué son Eglise sur le fondement des Apôtres étroitement unis autour de Pierre, l’a aussi enrichie du don de son Esprit, afin qu’au fil des siècles il la conforte (cf. Jn 14,16) et la conduise à la vérité tout entière (cf. Jn 16,13). Puisse la communauté ecclésiale rester toujours ouverte et docile à l’action de l’Esprit Saint pour être parmi les hommes un signe crédible et un instrument efficace de l’action de Dieu !

    Confions ce souhait à l’intercession de la Vierge Marie que nous contemplons aujourd’hui dans le mystère glorieux de la Pentecôte. L’Esprit Saint, qui à Nazareth était descendu sur Elle pour la faire devenir la Mère du Verbe incarné (cf. Lc 1, 35), est descendu aujourd’hui sur l’Eglise naissante réunie autour d’Elle dans le Cénacle (cf. Ac 1, 14). Invoquons avec confiance la Très Sainte Vierge Marie, afin qu’elle obtienne une nouvelle effusion de l’Esprit sur l’Eglise d’aujourd’hui. –

 

 

19 mai 2005 – Lettre aux Evêques d’Espagne

Je dépose aux pieds de la Vierge Marie toutes vos inquiétudes et vos espérances, confiant dans le fait que l'Esprit Saint inspirera un grand nombre de personnes afin qu'elles aiment la vie avec générosité et accueillent les pauvres, les aimant avec le même amour que Dieu.

 

 

29 mai 2005 – Angelus

  Apprenons à vivre toujours en communion avec le Christ crucifié et ressuscité, en nous faisant conduire pour cela par sa Mère qui est aussi notre Mère céleste. Ainsi, nourrie par la Parole et par le Pain de vie, notre existence deviendra entièrement eucharistique, et se fera action de grâce au Père par le Christ dans l'Esprit Saint.

 

 

 

 

30 mai 2005 – Aux Evêques d’Italie

      L'Esprit Saint vient en effet en nous, par le Christ et le Père, précisément pour nous introduire dans le mystère de la vie et de l'amour de Dieu, au-delà de toute force et de toute attente humaine.

 

 

6 juin 2005 – au congrès du diocèse de Rome, sur la famille

      Aucun homme et aucune femme ne peuvent à eux seuls et uniquement avec leurs propres forces donner aux enfants de manière adaptée l'amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu'un « ta vie est bonne, bien que je ne connaisse pas ton avenir », une autorité et une crédibilité supérieures à celles que l'individu peut se donner lui-même sont nécessaires. Le chrétien sait que cette autorité est conférée à cette famille plus vaste que Dieu, à travers son Fils Jésus Christ et le don de l'Esprit Saint, a créée dans l'histoire des hommes, c'est-à-dire à l'Eglise. Il reconnaît ici à l'œuvre cet amour éternel et indestructible qui assure à la vie de chacun de nous son sens permanent, même si nous ne connaissons pas l'avenir. C'est pour cette raison que l'édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l'Eglise, qui la soutient et l’emmène avec elle et qui garantit le fait qu'elle a un sens et qu'à l'avenir également le « oui » du Créateur sera présent sur elle. Et, réciproquement, l'Eglise est édifiée par les familles, « petites Eglises domestiques », comme les a appelées le Concile Vatican II (Lumen gentium, n. 11; Apostolicam actuositatem, n. 11), en redécouvrant une antique expression patristique (Saint Jean Chrysostome, In Genesim serm. VI, 2; VII, 1). Dans la même optique, Familiaris consortio affirme que «le mariage chrétien... constitue le lieu naturel où s'accomplit l'insertion de la personne humaine dans la grande famille de l'Eglise» (n. 15). –

 



16 juin 2005 – au nouvel Ambassadeur de Guinée

      Je voudrais saluer avec affection les fidèles catholiques de Guinée ainsi que leurs Évêques. Je les encourage vivement à marcher généreusement sur les chemins de la paix et de la fraternité avec tous leurs compatriotes. Forts de l’assistance de l’Esprit de Dieu, qu’ils soient pour leur peuple des signes d’espérance et des témoins ardents de l’amour du Seigneur

 

 

 

 

28 mai 2005 – Aux Evêques du Burundi en Visite Ad Limina

     Beaucoup connaissent la grande pauvreté et la détresse intérieure, et sont tentés de retourner à des pratiques anciennes non purifiées par l’Esprit du Seigneur ou de se tourner vers les sectes. Prenez soin d’eux, en dispensant une solide formation chrétienne.

 

 

30 juin 2005 - A une délégation du patriarcat oécuménique de Constantinople

 "Mettez comble à ma joie par l'accord de vos sentiments:  ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment [...] Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont en Jésus Christ" (Ph 2, 2-5). L'Apôtre, conscient de la facilité de succomber à la menace toujours latente de conflits et de disputes, exhorte la jeune communauté de Philippe à la concorde et à l'unité. Aux Galates, il indiquera avec force que toute la loi trouve sa plénitude dans le seul précepte de l'amour, et il les exhortera à marcher selon l'Esprit pour éviter les oeuvres de la chair - discordes, jalousies, divisions, factions, envies - et obtenir ainsi le fruit de l'Esprit qui est au contraire l'amour (cf. Ga 5, 14-23).

    Combattre les oeuvres de la chair, qui tendent à nous diviser, et vivre selon l'Esprit, qui promeut la croissance de la charité entre nous. … dans le Christ Jésus, la foi agit au moyen de la charité (cf. ibid., 5, 6). -

 

 

3 juillet 2005 – Angelus

     Chers frères et soeurs, il est ô combien nécessaire, en ce début de troisième millénaire, que la communauté chrétienne tout entière proclame les vérités de la foi, de la doctrine et de la morale catholique, intégralement, les enseigne et en témoigne, de manière unanime et concordante ! Puisse le Compendium du Catéchisme de l’Eglise Catholique contribuer également au renouveau souhaité de la catéchèse et de l’évangélisation, afin que tous les chrétiens – enfants, jeunes et adultes, familles et communautés – dociles à l’action de l’Esprit Saint, deviennent dans tous les milieux, des catéchistes et des évangélisateurs, aidant les autres à rencontrer le Christ. Nous le demandons avec confiance à la Vierge Marie, Mère de Dieu, Etoile de l’évangélisation.

 

 

4 juillet 2005 – A des pèlerins de Madrid venus à Rome

 Comme lors d'une nouvelle Pentecôte, l'Esprit Saint a déversé dans les coeurs une nouvelle ardeur missionnaire, une intense sollicitude pour ceux qui vivent aujourd'hui dans votre communauté diocésaine; des personnes avec un nom et un prénom, avec leurs préoccupations et leurs espérances, avec leurs souffrances et leurs difficultés. A partir de l'expérience synodale, vous avez été envoyés "pour porter la bonne nouvelle aux pauvres [...] annoncer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue" (Lc 4, 18). Dans une société assoiffée de valeurs humaines authentiques et qui connaît tant de divisions et de fractures, la communauté des croyants doit porter la lumière de l'Evangile, avec la certitude que la charité est tout d'abord la transmission de la vérité. …

     … Car l'Esprit nous exhorte à faire parvenir à chaque homme et à chaque femme l'Amour que Dieu le Père a montré en Jésus Christ. Cet amour est vif, généreux, inconditionné, et il s'offre non seulement à ceux qui écoutent le messager, mais également à ceux qui l'ignorent ou le refusent. Chaque fidèle doit se sentir appelé à aller, en tant qu'envoyé du Christ, à la recherche de ceux qui se sont éloignés de la communauté, comme ces disciples d'Emmaüs qui avaient cédé au découragement (cf. Lc 24, 13-35). Il faut aller jusqu'aux extrémités de la société pour apporter à tous la lumière du message du Christ sur la signification de la vie, de la famille et de la société, en rejoignant les personnes qui vivent dans le désert de l'abandon et de la pauvreté, et en les aimant avec l'Amour du Christ ressuscité. Dans chaque apostolat, et dans l'annonce de l'Evangile, comme le dit saint Paul, si "je n'ai pas la charité je ne suis rien" (1 Co 13, 2).

 

 

 

1er novembre 2005 – Angelus Solennité de Toussaint

     Nous célébrons aujourd'hui la solennité de Tous les Saints, qui nous fait goûter la joie d'appartenir à la grande famille des amis de Dieu, ou, comme l'écrit saint Paul, de "partager le sort des saints dans la lumière" (Col 1, 12). La liturgie repropose l'expression remplie d'émerveillement de l'Apôtre Jean:  "Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!" (1 Jn 3, 1). Oui, devenir saints signifie réaliser pleinement ce que nous sommes déjà, ayant été élevés, en Jésus Christ, à la dignité de fils adoptifs de Dieu (cf. Ep 1, 5; Rm 8, 14-17). A travers l'incarnation de son Fils, sa mort et sa résurrection, Dieu a voulu réconcilier l'humanité avec Lui et l'ouvrir à la participation à sa propre vie. Celui qui croit dans le Christ Fils de Dieu renaît "d'en-haut", il est comme régénéré par l'oeuvre de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 1-8). Ce mystère se réalise dans le sacrement du Baptême, à travers lequel la mère Eglise donne le jour à ses "saints".

 

6 novembre 2005 - Angelus

     Le 18 novembre 1965, le Concile oecuménique Vatican II approuva la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, qui constitue l'un des piliers de tout l'édifice conciliaire. Ce Document traite de la révélation et de sa transmission, de l'inspiration et de l'interprétation des Ecritures Saintes, ainsi que de son importance fondamentale dans la vie de l'Eglise. En recueillant les fruits du renouveau théologique précédent, le Concile Vatican II met au centre le Christ, en le présentant comme le "Médiateur et la plénitude de toute la Révélation" (n. 2). En effet, le Seigneur Jésus, Verbe fait chair, mort et ressucité, a porté à terme l'oeuvre de salut, faite de gestes et de paroles, et a manifesté pleinement le visage et la volonté de Dieu, de sorte que jusqu'à son retour glorieux, aucune nouvelle révélation publique n'est à attendre (cf. n. 3). Les apôtres et leurs successeurs, les Evêques, sont dépositaires du message que le Christ a confié à son Eglise, afin qu'il soit intégralement transmis à toutes les générations. Les Saintes Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament et la Tradition sacrée contiennent ce message, dont la compréhension se poursuit dans l'Eglise avec l'assistance de l'Esprit Saint. Cette même Tradition fait connaître le canon intégral des Livres sacrés et permet leur compréhension correcte, ainsi Dieu, qui a parlé aux Patriarches et aux Prophètes, ne cesse de parler à l'Eglise, et, à travers celle-ci, au monde (cf. n. 8).

     L'Eglise ne vit pas d'elle-même, mais de l'Evangile, et tire toujours de l'Evangile son orientation pour son pèlerinage. La Constitution conciliaire Dei Verbum a donné un élan puissant à la valorisation de la Parole de Dieu, dont a dérivé un profond renouveau de la vie de la communauté ecclésiale, en particulier dans la prédication, la catéchèse, la théologie, la spiritualité et les relations oecuméniques. C'est en effet la Parole de Dieu qui, sous l'action de l'Esprit Saint, guide les croyants vers la plénitude de la vérité (cf. Jn 16, 13). Parmi les multiples fruits de ce printemps biblique, j'ai plaisir à mentionner la diffusion de l'antique pratique de la lectio divina, ou "lecture spirituelle" des Saintes Ecritures. Celle-ci consiste à s'attarder longuement sur un texte biblique, le lisant et le relisant, en le "ruminant" presque, comme disent les Pères, et à en extraire, pour ainsi dire, tout le "suc", afin qu'il nourrisse la méditation et la contemplation et parvienne à irriguer, comme la sève, la vie concrète. Une condition de la lectio divina est que l'esprit et le coeur soient éclairés par l'Esprit Saint, c'est-à-dire par l'Inspirateur des Ecritures lui-même, et qu'ils se placent donc dans une attitude d'"écoute religieuse".

     Telle est l'attitude typique de la Très Sainte Vierge Marie, comme le montre de façon emblématique l'icône de l'Annonciation:  la Vierge accueille le Messager céleste tandis qu'elle médite les Ecritures Saintes, représentées d'ordinaire par un livre que Marie tient entre ses mains, ou sur ses genoux, ou sur un pupitre. Telle est également l'image de l'Eglise offerte par le Concile lui-même, dans la Constitution Dei Verbum:  "En écoutant religieusement la Parole de Dieu..." (n. 1). Prions afin que, comme Marie, l'Eglise soit la servante docile de la Parole divine et la proclame toujours avec une ferme confiance, afin que:  "en entendant [...], le monde entier y croie, qu'en croyant, il espère, qu'en espérant il aime" (ibid.).

 

 

26 novembre 2005 – Méditation lors des 1ères Vêpres du 1er Dimanche de l’Avent

    C'est précisément l'Esprit Saint, qui dans le sein de la Vierge a formé Jésus, Homme parfait, qui mène à bien dans la personne humaine l'admirable projet de Dieu, transformant tout d'abord le cœur et, à partir de ce centre, tout le reste. Il arrive ainsi que dans chaque personne se résume toute l'œuvre de la création et de la rédemption, que Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, accomplit du début jusqu'à la fin de l'univers et de l'histoire. Et de même que dans l'histoire de l'humanité se trouve au centre le premier Avent du Christ et, à la fin, son retour glorieux, de même chaque existence personnelle est appelée à se mesurer à lui - de façon mystérieuse et multiforme - au cours du pèlerinage terrestre, pour être trouvée "en lui" au moment de son retour.

 

 

18 décembre 2005 – Homélie Messe dans la paroisse romaine de Casalbertone

     « Sois sans crainte Marie ! », … En réalité, il y avait lieu d'avoir peur, car porter à présent le poids du monde sur soi, être la Mère du Roi universel, être la Mère du Fils de Dieu, quel poids cela constituait-il ! Un poids au-dessus des forces d'un être humain ! Mais l'Ange dit : "Sois sans crainte ! Oui, tu portes Dieu, mais Dieu te soutient. N'aie pas peur !". Cette parole "Sois sans crainte" pénétra certainement en profondeur dans le cœur de Marie. Nous pouvons imaginer comment, en diverses occasions, la Vierge est revenue sur cette parole, l'a écoutée à nouveau. Au moment où Siméon lui dit : "Cet enfant doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même une épée te transpercera l'âme", à ce moment où elle pouvait céder à la peur, Marie revient à la parole de l'Ange, elle en ressent intérieurement l'écho : "Sois sans crainte, Dieu te soutient". Ensuite, lorsque pendant la vie publique, les contradictions se déchaînent autour de Jésus, et que de nombreuses personnes disent : "Il est fou", elle repense : "Sois sans crainte" et elle va de l'avant. Enfin, lors de la rencontre sur le chemin du Calvaire, puis sous la Croix, alors que tout semble fini, elle entend encore dans son cœur la parole de l'Ange : "Sois sans crainte". Elle reste ainsi courageusement aux côtés de son fils mourant et, soutenue par la foi, elle va vers la Résurrection, vers la Pentecôte, vers la fondation de la nouvelle famille de l'Eglise.


 

 

31 décembre 2005  - Méditation lors du Te Deum dans la Basilique Saint-Pierre

     Soutenue par l'Esprit Saint, L’Eglise "poursuit son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu" (Saint Augustin, De Civitate Dei, XVIII, 51, 2), tirant sa force de l'aide du Seigneur. De cette manière, avec patience et avec amour, elle surmonte "les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans", et révèle "fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d'ombre, jusqu'au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière" (Lumen gentium, n. 8).

 

 

 

2006

 

 

22 janvier 2006 - Angelus
      Il est important que nous, chrétiens, invoquions le don de l'unité avec une persévérance et constance. Si nous le faisons avec foi, nous pouvons être certains que notre prière sera exaucée. Nous ne savons pas comment, ni quand, car il ne nous est pas donné de le connaître, mais nous ne devons pas douter qu'un jour, nous serons « une seule chose », comme Jésus et le Père sont unis dans l'Esprit Saint.

 

 

Message Carême 2006

     Grâce à des hommes et à des femmes obéissant à l'Esprit Saint, sont nées dans l'Église de nombreuses œuvres de charité, destinées à promouvoir le développement : hôpitaux, universités, écoles de formation professionnelle, micro-réalisations. Ce sont des initiatives qui, bien avant celles de la société civile, ont montré que des personnes poussées par le message évangélique avaient une préoccupation sincère pour l'homme. Ces œuvres indiquent une voie pour guider encore aujourd'hui l'humanité vers une mondialisation dont le centre soit le bien véritable de l'homme et conduise ainsi à la paix authentique

 

 

24 mars 2006 – Homélie Place Saint-Pierre Consistoire Public

     Dans le mystère de l'Annonciation, … il nous est révélé que par l'œuvre de l'Esprit Saint, le Verbe divin s'est fait chair et est venu habiter parmi nous. Que par l'intercession de Marie, l'effusion de l'Esprit de vérité et de charité descende en abondance … sur nous tous, afin que, toujours plus pleinement conformes au Christ, nous puissions nous consacrer inlassablement à l'édification de l'Eglise et à la diffusion de l'Evangile dans le monde.

 

25 mars 2006 - Homélie de la Messe Solennité de l’Annonciation et Consistoire

     L'importance du principe marial dans l'Eglise a été particulièrement soulignée, après le Concile, par mon bien-aimé prédécesseur le pape Jean-Paul II, de façon cohérence, dans sa devise « Totus tuus ». A travers sa spiritualité et son infatigable ministère il a rendu la présence de Marie comme Mère et Reine de l'Eglise, manifeste aux yeux de tous. …L'icône de l'Annonciation nous fait comprendre clairement, mieux que n'importe quelle autre, que tout dans l'Eglise remonte à ce moment-là, à ce mystère d'accueil du Verbe divin, où, par l'Esprit Saint, l'Alliance entre Dieu et l'humanité a été scellée de manière parfaite. Tout dans l'Eglise, chaque institution et ministère, y compris celui de Pierre et de ses successeurs, est « enveloppé » sous le manteau de la Vierge, dans l'espace rempli de grâce de son « oui » à la volonté de Dieu.

 

      Le premier geste accompli par Marie, après avoir entendu le message de l'Ange, a été celui de se rendre « en hâte » chez sa cousine Elizabeth pour lui proposer ses services (cf. Lc 1, 39). L'initiative de la Vierge fut une initiative de charité authentique, humble et courageuse, dictée par la foi dans la Parole de Dieu et l'élan intérieur de l'Esprit Saint. Celui qui aime s'oublie lui-même et se met au service de son prochain.

 

26 mars 2006 - Angelus
    
Le Consistoire qui s'est déroulé ces derniers jours pour la nomination de quinze nouveaux cardinaux a constitué une intense expérience ecclésiale, qui nous a permis de goûter la richesse spirituelle de la collégialité, de nous retrouver entre frères de différentes provenances, tous unis par l'unique amour pour le Christ et pour son Eglise. Nous avons revécu, d'une certaine manière, ce qu'a vécu la première communauté chrétienne, réunie autour de Marie, Mère de Jésus, et de Pierre, pour accueillir le don de l'Esprit et s'engager à diffuser l'Evangile dans le monde entier.

 

     L'Eglise progresse dans l'histoire et se répand sur la terre, accompagnée par Marie, Reine des Apôtres. Comme au Cénacle, la Sainte Vierge constitue toujours pour les chrétiens la mémoire vivante de Jésus. C'est elle qui anime leur prière et soutient leur espérance. Nous lui demandons de nous guider sur le chemin de chaque jour et de protéger avec une prédilection spéciale les communautés chrétiennes qui vivent dans des situations de grande difficulté et de grandes souffrances

 

13 avril 2006 – Homélie Messe Chrismale

     Nos mains ont été ointes avec l'huile qui est le signe de l'Esprit Saint et de sa force. Pourquoi précisément les mains ? La main de l'homme est l'instrument de son action, c'est le symbole de sa capacité à affronter le monde, précisément de "le prendre en main". Le Seigneur nous a imposé les mains et veut à présent les nôtres afin qu'elles deviennent les siennes, dans le monde. Il veut qu'elles ne soient plus des instruments pour prendre les choses, les hommes, le monde pour nous, pour en faire notre possession, mais que, au contraire, elles transmettent son action divine, se mettant au service de son amour. Il veut qu'elles soient des instruments de service et donc une expression de la mission de la personne tout entière qui devient garante de Lui et l'apporte aux hommes. Si les mains de l'homme représentent symboliquement ses facultés, et, plus généralement, la technique comme pouvoir de disposer du monde, alors, les mains ointes doivent être le signe de sa capacité de donner, de la créativité en vue de façonner le monde à travers l'amour, - et pour cela, nous avons sans aucun doute besoin de l'Esprit Saint. Dans l'Ancien Testament, l'onction est le signe de la prise de service: le roi, le prophète, le prêtre accomplit et donne plus que ce qui provient de sa propre personne. D'une certaine façon, il est exproprié de lui-même en fonction d'un service dans lequel il se met à la disposition de quelqu'un de plus grand que lui. Si Jésus se présente aujourd'hui dans l'Evangile comme l'Oint de Dieu, le Christ, alors cela veut précisément dire qu'Il agit sur mission du Père et dans l'unité du Saint Esprit et que, de cette façon, il donne au monde une nouvelle royauté, un nouveau sacerdoce, une nouvelle façon d'être prophète, qui ne se cherche pas lui-même, mais qui vit pour Celui en vue duquel le monde a été créé. Nous plaçons aujourd'hui à nouveau nos mains à sa disposition, et nous le prions de nous prendre toujours à nouveau par la main et de nous guider.

 

 

3 juin 2006 – Veillée de Pentecôte, Place Saint Pierre

     Vous êtes venus vraiment nombreux ce soir sur la Place Saint-Pierre pour participer à la Veillée de Pentecôte. Je vous remercie de tout coeur. Appartenant à divers peuples et cultures, vous représentez ici tous les membres des Mouvements ecclésiaux et des Communautés nouvelles, spirituellement rassemblés autour du Successeur de Pierre, pour proclamer la joie de croire en Jésus Christ, et renouveler l'engagement d'être ses fidèles disciples à notre époque. Je vous remercie de votre participation et j'adresse à chacun de vous mon salut cordial. Ma pensée affectueuse va, tout d'abord, à Messieurs les Cardinaux, à mes vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce, aux religieux et aux religieuses. Je salue les responsables de vos nombreuses réalités ecclésiales qui montrent combien l'action de l'Esprit Saint est vivante au sein du Peuple de Dieu. Je salue tous ceux qui ont préparé cet événement extraordinaire, et en particulier les personnes qui travaillent au Conseil pontifical pour les Laïcs, avec le Secrétaire, S.Exc. Mgr Josef Clemens, et le Président, Mgr Stanislaw Rylko, à qui je suis également reconnaissant des paroles cordiales qu'il m'a adressées au début de la Liturgie des Vêpres. La rencontre analogue qui eut lieu sur cette même Place, le 30 mai 1998, avec le bien-aimé Pape Jean-Paul II, se présente de manière émouvante à notre mémoire. Grand évangélisateur de notre époque, il vous a accompagnés et guidés au cours de tout son Pontificat; à plusieurs reprises, il a qualifié de "providentielles" vos associations et communautés, en particulier parce que l'Esprit sanctificateur se sert d'elles pour réveiller la foi dans le coeur de si nombreux chrétiens et leur fait redécouvrir la vocation reçue avec le Baptême, en les aidant à être des témoins d'espérance, remplis de ce feu d'amour qui est précisément le don de l'Esprit Saint.

     A présent, en cette Veillée de Pentecôte, nous nous demandons:  qui est ou qu'est-ce que l'Esprit Saint? Comment pouvons-nous le reconnaître? De quelle façon allons-nous à Lui et Lui vient-il à nous? Qu'est-ce qu'il fait? Une première réponse nous est donnée par le grand hymne de Pentecôte de l'Eglise, par lequel nous avons commencé les Vêpres:  "Veni, Creator Spiritus... - Viens, Esprit Créateur...". L'hymne fait ici référence aux premiers versets de la Bible qui évoquent, en ayant recours à des images, la création de l'univers. Il y est tout d'abord dit qu'au-dessus du chaos, sur les eaux des abîmes, l'Esprit de Dieu planait. Le monde dans lequel nous vivons est l'oeuvre de l'Esprit Créateur. La Pentecôte n'est pas seulement l'origine de l'Eglise et donc, de manière particulière, sa fête; la Pentecôte est aussi une fête de la création. Le monde n'existe pas tout seul; il provient de l'Esprit créateur de Dieu, de la Parole créatrice de Dieu. C'est pourquoi il reflète également la sagesse de Dieu. Celle-ci, dans son ampleur et dans la logique qui embrasse ses lois sous tous leurs aspects, laisse entrevoir quelque chose de l'Esprit Créateur de Dieu. Celle-ci nous appelle à la crainte révérentielle. Précisément celui qui, en tant que chrétien, croit  dans  l'Esprit  Créateur,  prend conscience du fait que nous ne pouvons pas user et abuser du monde et de la matière comme d'un simple matériau au service de notre action et de notre volonté; que nous devons considérer la création comme un don qui nous est confié non pour qu'il soit détruit, mais pour qu'il devienne le jardin de Dieu et, ainsi, un jardin de l'homme. Face aux multiples formes d'abus de la terre que nous voyons aujourd'hui, nous entendons presque le gémissement de la création dont parle saint Paul (Rm 8, 22); nous commençons à comprendre les paroles de l'Apôtre, c'est-à-dire que la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu, pour être libérée et atteindre sa splendeur. Chers amis, nous voulons être ces fils de Dieu que la création attend, et nous pouvons l'être, car dans le baptême, le Seigneur nous a rendus tels. Oui, la création et l'histoire - celles-ci nous attendent, elles attendent des hommes et des femmes qui soient réellement des fils de Dieu et qui se comportent en conséquence. Si nous regardons l'histoire, nous voyons de quelle manière, autour des monastères, la création a pu prospérer, tout comme avec le réveil de l'Esprit de Dieu dans le coeur des hommes, le rayonnement de l'Esprit Créateur est revenu également sur la terre - un rayonnement qui avait été obscurcie par la barbarie de la soif de pouvoir de l'homme et parfois presque éteinte. Et à nouveau, autour de François d'Assise, la même chose se produit - cela se produit partout où l'Esprit de Dieu pénètre dans les âmes, cet Esprit que notre hymne qualifie de lumière, d'amour et de vigueur. Nous avons ainsi trouvé une première réponse à la question sur ce qu'est l'Esprit Saint, ce qu'il accomplit et comment nous pouvons le reconnaître. Il vient à notre rencontre à travers la création et sa beauté. Toutefois, la bonne création de Dieu, au cours de l'histoire des hommes, a été recouverte par une épaisse couche de saleté qui rend, sinon impossible, du moins difficile de reconnaître en elle le reflet du Créateur - même si face à un coucher de soleil sur la mer, au cours d'une excursion en montagne ou devant une fleur à peine éclose se réveille toujours à nouveau en  nous,  presque  spontanément, la conscience de l'existence du Créateur.

     Mais l'Esprit Créateur vient à notre aide. Il est entré dans l'histoire et ainsi, il nous parle d'une manière nouvelle. En Jésus Christ, Dieu lui-même s'est fait homme et nous a accordé la possibilité, pour ainsi dire, de jeter un regard dans l'intimité de Dieu lui-même. Et nous voyons là une chose tout à fait inattendue:  en Dieu existent un Moi et un Tu. Le Dieu mystérieux n'est pas une infinie solitude, Il est un événement d'amour. Si, à partir du regard sur la création, nous pensons pouvoir entrevoir l'Esprit Créateur, Dieu lui-même, presque comme des mathématiques créatives, comme un pouvoir qui modèle les lois du monde et leur ordre, mais également, comme la beauté - à présent nous le savons:  l'Esprit Créateur a un coeur. Il est Amour. Il existe le Fils, qui parle avec le Père. Et tous les deux sont une seule chose dans l'Esprit qui est, pour ainsi dire, l'atmosphère du don et de l'amour qui fait d'eux un Dieu unique. Cette unité d'amour, qui est Dieu, est une unité beaucoup plus sublime que ne pourrait l'être l'unité d'une dernière particule indivisible. Le Dieu trine est précisément le seul et unique Dieu.

     Au moyen de Jésus, nous jetons, pour ainsi dire, un regard dans l'intimité de Dieu. Jean, dans son Evangile, l'a exprimé ainsi:  "Dieu, personne ne l'a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître" (Jn 1, 18). Mais Jésus ne nous a pas seulement laissé regarder dans l'intimité de Dieu; avec Lui Dieu est également comme sorti de son intimité et il est venu à notre rencontre. Cela a tout d'abord lieu dans sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection; dans sa parole. Mais Jésus ne se contente pas de venir à notre rencontre. Il veut davantage. Il veut l'unification. Telle est la signification des images du banquet et des noces. Nous ne devons pas seulement savoir quelque chose sur Lui, mais à travers Lui, nous devons être attirés en Dieu. C'est pourquoi Il doit mourir et ressusciter. Car à présent, il ne se trouve plus dans un lieu déterminé, mais désormais son Esprit, l'Esprit Saint, émane de Lui et entre dans nos coeurs, nous mettant ainsi en liaison avec Jésus lui-même et avec le Père - avec le Dieu Un et Trine.

     La Pentecôte est cela:  Jésus, et à travers Lui Dieu lui-même, vient à nous et nous attire en Lui. "Il envoie l'Esprit Saint" - ainsi s'exprime l'Ecriture. Quel effet cela a-t-il? Je voudrais tout d'abord noter deux aspects:  l'Esprit Saint, à travers lequel Dieu vient à nous, nous apporte la vie et la liberté. Regardons ces deux choses d'un peu plus près. "Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance", dit Jésus dans l'Evangile de Jean (10, 10). Vie et liberté - ce sont les choses auxquelles nous aspirons tous. Mais qu'est-ce que cela veut dire? - où et comment trouvons-nous la "vie"? Je pense que, spontanément,  la  très grande majorité des hommes a la même conception de la vie que le fils prodigue de l'Evangile. Il s'était fait donner sa part d'héritage, et à présent, il se sentait libre, il voulait finalement vivre en n'ayant plus le poids des devoirs de la maison, il voulait seulement vivre. Avoir de la vie tout ce qu'elle peut offrir. En profiter pleinement - vivre, seulement vivre, s'abreuver à l'abondance de la vie et ne rien perdre de ce qu'elle peut offrir de précieux. A la fin, il se retrouva gardien de porcs, enviant même ces animaux - sa vie était devenue vide à ce point, vaine à ce point. Et sa liberté aussi se révélait vaine. N'est-ce pas ce qui se passe aujourd'hui aussi? Lorsqu'on veut uniquement devenir le maître de sa vie, celle-ci devient toujours plus vide, plus pauvre; on finit facilement par se réfugier dans la drogue, dans la grande illusion. Et le doute apparaît de savoir si vivre, en fin de compte, est vraiment un bien. Non, de cette façon nous ne trouvons pas la vie. La parole de Jésus sur la vie en abondance se trouve dans le discours du bon Pasteur. C'est une parole qui se place dans un double contexte. A propos du Pasteur, Jésus nous dit qu'il donne sa vie. "Personne ne me l'enlève, mais je la donne de moi-même" (cf. Jn 10, 18). On ne trouve la vie qu'en la donnant; on ne la trouve pas en voulant en prendre possession. C'est ce que nous devons apprendre du Christ; et c'est ce que nous enseigne l'Esprit Saint, qui est pur don, qui est Dieu qui se donne. Plus quelqu'un donne sa vie pour les autres, pour le bien même, plus le fleuve de la vie coule en abondance. En deuxième lieu, le Seigneur nous dit que la vie naît en allant avec le Pasteur qui connaît le pâturage - les lieux où jaillissent les sources de la vie. Nous trouvons la vie dans la communion avec Celui qui est la vie en personne - dans la communion avec le Dieu vivant, une communion dans laquelle l'Esprit Saint nous introduit, appelé par l'hymne des Vêpres "fons vivus", source vivante. Le pâturage, où coulent les sources de la vie, est la Parole de Dieu telle que nous la trouvons dans l'Ecriture, dans la foi de l'Eglise. Le pâturage est Dieu lui-même, que, dans la communion de la foi, nous apprenons à connaître à travers la puissance de l'Esprit Saint. Chers amis, les Mouvements sont nés précisément de la soif de la vraie vie; ce sont des Mouvements pour la vie sous tous les aspects. Là où ne s'écoule plus la source véritable de la vie, là où on s'approprie seulement de la vie au lieu de la donner, la vie des autres se trouve également en danger; on est disposé à exclure la vie sans défense qui n'est pas encore née, car elle semble ôter de l'espace à sa propre vie. Si nous voulons protéger la vie, nous devons alors surtout retrouver la source de la vie; la vie elle-même doit alors réapparaître dans toute sa beauté et son caractère sublime; nous devons alors nous laisser vivifier par l'Esprit Saint, source créatrice de  la vie.

     Le thème de la liberté a déjà été évoqué il y a peu. Dans le départ du fils prodigue se rejoignent justement les thèmes de la vie et de la liberté. Il veut la vie, et c'est pourquoi il veut être totalement libre. Etre libre signifie, de ce point de vue, pouvoir faire tout ce que l'on veut; ne devoir accepter aucun critère  en dehors ou au-dessus de moi-même. Suivre seulement mon désir et ma volonté. Qui vit ainsi s'opposera très vite à l'autre qui veut vivre de la même manière. La conséquence nécessaire de cette conception égoïste de la liberté est la violence, la destruction réciproque de la liberté et de la vie. L'Ecriture Sainte relie en revanche le concept de liberté à celui de filiation, dit saint Paul:  "Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclave pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier "Abba! Père"" (Rm 8, 15). Qu'est-ce que cela signifie? Saint Paul se réfère ici au système social du monde antique, dans lequel existaient les esclaves, qui ne possédaient rien et qui ne pouvaient donc pas être intéressés à un juste déroulement des choses. De manière correspondante, il y avait les fils qui étaient également les héritiers et qui par conséquent se préoccupaient de la préservation et de la bonne administration de leur propriété ou de la conservation de l'Etat. Puisqu'ils étaient libres, ils avaient également une responsabilité. En faisant abstraction de l'arrière-fond sociologique de cette époque, le principe est toujours valable:  liberté et responsabilité vont de pair. La véritable  liberté  se démontre dans la responsabilité, dans une manière d'agir qui prend sur soi la coresponsabilité pour le monde, pour soi-même et pour les autres. Libre est le fils auquel appartient quelque chose et qui ne permet donc pas qu'elle soit détruite. Toutes les responsabilités de ce monde, dont nous avons parlé, ne sont que des responsabilités partielles, dans un domaine déterminé, un Etat déterminé, etc. L'Esprit Saint en revanche fait de nous des fils et des filles de Dieu. Il nous fait participer à la responsabilité de Dieu lui-même pour son monde, pour l'humanité tout entière. Il nous enseigne à regarder  le  monde,  l'autre et nous-mêmes avec les yeux de Dieu. Nous faisons le bien non comme des esclaves qui ne sont pas libres de faire autrement, mais nous le faisons parce que nous  portons  personnellement la responsabilité pour le monde; parce que nous aimons la vérité et le bien, parce que nous aimons Dieu lui-même et donc ses créatures également. Telle est la liberté véritable, à laquelle l'Esprit Saint veut nous conduire. Les Mouvements ecclésiaux veulent et doivent être des écoles de liberté, de cette liberté véritable. Là nous voulons apprendre cette liberté véritable, non celle d'esclaves qui visent à couper pour eux-mêmes une part du gâteau qui appartient à tous, même si cette part doit ensuite manquer à l'autre. Nous souhaitons la véritable et grande liberté, celle des héritiers, la liberté des fils de Dieu. Dans ce monde, débordant de fausses libertés qui détruisent l'environnement et l'homme, nous voulons, avec la force de l'Esprit Saint, apprendre ensemble la liberté véritable; construire des écoles de liberté; démontrer aux autres par notre vie que nous sommes libres et comme il est beau de vivre véritablement libres dans la liberté véritable des enfants de Dieu.

     L'Esprit Saint, en donnant la vie et la liberté, donne également l'unité. Il s'agit ici de trois dons inséparables les uns des autres. J'ai déjà parlé trop longuement; permettez-moi toutefois de dire encore un mot sur l'unité. Pour la comprendre, une phrase peut se révéler utile même si, au premier abord, elle semble plutôt nous éloigner de celle-ci. A Nicodème qui, dans sa recherche de la vérité, vient une nuit poser des questions à Jésus, celui-ci répond:  "L'Esprit souffle où il veut" (cf. Jn 3, 8). Mais la volonté de l'Esprit n'est pas arbitraire. C'est la volonté de la vérité et du bien. C'est pourquoi il ne souffle pas n'importe où, se tournant une fois de ce côté-ci, et une autre de ce côté-là; son souffle ne nous disperse pas mais nous réunit, parce que la vérité unit et l'amour unit. L'Esprit Saint est l'Esprit de Jésus Christ, l'Esprit qui unit le Père avec le Fils dans l'Amour qui, dans l'unique Dieu, donne et accueille. Il nous unit à ce point que saint Paul a pu dire:  "Vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3, 28). L'Esprit Saint, par son souffle, nous pousse vers le Christ. L'Esprit Saint oeuvre de façon corporelle; il n'oeuvre pas seulement subjectivement, "spirituellement". Aux disciples qui voyaient en lui simplement un "esprit", le Christ ressuscité dit:  "C'est bien moi! touchez-moi et rendez-vous compte qu'un esprit - un fantôme - n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai" (cf. Lc 24, 39). Cela vaut pour le Christ ressuscité à toutes les époques de l'histoire. Le Christ ressuscité n'est pas un fantôme, il n'est pas simplement un esprit, une pensée, une idée seulement. Il est demeuré l'Incarné - celui qui a assumé notre chair - et il continue toujours à édifier son Corps, il fait de nous son Corps. L'Esprit souffle où il veut, et sa sainteté est l'unité faite corps, l'unité qui rencontre le monde et le transforme.

     Dans la Lettre aux Ephésiens, saint Paul nous dit que ce Corps du Christ qui est l'Eglise, possède des jointures (cf. 4, 16), il les nomme également:  ce sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les docteurs (cf. 4, 11). L'Esprit dans ses dons prend de multiples formes - nous le voyons ici. Si nous regardons l'histoire, si nous regardons cette assemblée ici sur la Place Saint-Pierre - alors nous nous rendons compte qu'il suscite toujours de nouveaux dons, nous voyons combien il crée d'organes différents, et comment, de manière toujours nouvelle, il oeuvre corporellement. Mais en Lui la multiplicité et l'unité vont de pair. Il souffle où il veut. Il le fait de manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu'on ne peut jamais imaginer à l'avance. Et avec quelle multiplicité de forme et quelle corporéité il le fait! Et c'est précisément ici que la multiplicité des formes et l'unité sont inséparables entre elles. Il veut que vous preniez de multiples formes et il vous veut pour l'unique corps, dans l'union avec les ordres durables - les jointures - de l'Eglise, avec les successeurs des apôtres et avec le Successeur de saint Pierre. Il ne nous enlève pas la difficulté d'apprendre comment nous rapporter les uns aux autres; il nous démontre également qu'il oeuvre en vue de l'unique corps et dans l'unité de l'unique corps. C'est vraiment uniquement de cette manière que l'unité trouve sa force et sa beauté. Prendre part à l'édification de l'unique corps! Les pasteurs seront attentifs à ne pas éteindre l'Esprit (cf. 1 Th 5, 19) et vous, vous ne cesserez d'apporter vos dons à la communauté tout entière. Une fois de plus:  l'Esprit Saint souffle où il veut. Mais sa volonté est l'unité. Il nous conduit vers le Christ, dans son Corps. "[du Christ] le Corps tout entier - nous dit saint Paul - reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité" (Ep 4, 16).

     L'Esprit veut l'unité, il veut la totalité. C'est pourquoi sa présence se démontre aussi surtout dans l'élan missionnaire. Qui a rencontré quelque chose de vrai, de beau et de bon dans sa propre vie - le seul vrai trésor, la perle précieuse! -, court le partager partout, dans sa famille et au travail, dans tous les domaines de son existence. Il le fait sans aucune crainte, parce qu'il sait qu'il a été adopté comme un fils; sans aucune présomption, parce que tout est don; sans découragement, parce que l'Esprit de Dieu précède son action dans le "coeur" des hommes et il est comme une semence dans les cultures et les religions les plus diverses. Il le fait sans frontières, parce qu'il est porteur d'une bonne nouvelle qui est pour tous les hommes, pour tous les peuples. Chers amis, je vous demande d'être, plus encore, beaucoup plus, des collaborateurs dans le ministère apostolique universel du Pape, en ouvrant les portes au Christ. C'est le meilleur service que l'Eglise rend aux hommes et en particulier aux pauvres, afin que la vie de la personne, un ordre plus juste dans la société et la coexistence pacifique entre les nations trouvent dans le Christ la "pierre angulaire" sur laquelle construire l'authentique civilisation, la civilisation de l'amour. L'Esprit Saint donne aux croyants une vision supérieure du monde, de la vie, de l'histoire et il fait d'eux des gardiens de l'espérance qui ne déçoit pas.

     Prions donc Dieu le Père, à travers notre Seigneur Jésus Christ, dans la grâce de l'Esprit Saint, afin que la célébration de la solennité de la Pentecôte soit comme un feu ardent et un vent impétueux pour la vie chrétienne et pour la mission de toute l'Eglise. Je dépose les intentions de vos Mouvements et Communautés dans le coeur de la Très Sainte Vierge Marie, présente au Cénacle avec les Apôtres; puisse-t-elle obtenir par la prière leur réalisation concrète. J'invoque sur vous tous l'effusion des dons de l'Esprit, afin qu'à notre époque également, l'on puisse faire l'expérience d'une Pentecôte renouvelée. Amen!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 aout 2006 – Homélie de la Messe à Castelgandolfo

     Dans le Magnificat … nous trouvons une parole surprenante. Marie dit : « Désormais, toutes les générations me diront Bienheureuse ». La Mère du Seigneur prophétise les louanges mariales de l'Eglise pour tout l'avenir, la dévotion mariale du Peuple de Dieu jusqu'à la fin des temps. En louant Marie, l'Eglise n'a pas inventé quelque chose « à côté » de l'Ecriture: elle a répondu à cette prophétie faite par Marie en cette heure de grâce.

 

     Et ces paroles de Marie n'étaient pas seulement des paroles personnelles, arbitraires peut-être. Elisabeth s'était exclamée, comme le dit saint Luc, remplie de l'Esprit Saint: « Bienheureuse celle qui a cru ». Et Marie, elle aussi remplie de l'Esprit Saint, continue et complète ce qu'a dit Elisabeth, en affirmant: « toutes les générations me diront bienheureuse ». Il s'agit d'une véritable prophétie, inspirée par l'Esprit Saint, et l'Eglise, en vénérant Marie, répond à un commandement de l'Esprit Saint, et fait ce qu'elle doit faire

15 août 2006 - Lettre aux lecteurs d'un hebdomadaire catholique allemand

     Nous nous rencontrerons dans la foi partagée, conscients d'être une communauté de croyants. Cette communauté s'étend depuis des siècles, à travers de nombreuses générations qui ont laissé une empreinte chrétienne …, dans l'esprit de l'Evangile. Cette communauté englobe en même temps également les personnes de notre époque, pour qu'un christianisme parfois las puisse vivre un temps de pentecôte et y puiser le courage pour un nouveau réveil.
 

 

 

 

1er septembre 2006 – Sanctuaire de la Sainte Face de Manopello

     Ce n'est qu'après sa passion, lorsqu'ils rencontreront le Christ ressuscité, quand l'Esprit illuminera leurs esprits et leurs cœurs, que les Apôtres comprendront la signification des paroles que Jésus avait prononcées (Jn 14,9), et ils Le reconnaîtront comme le Fils de Dieu, le Messie promis pour la rédemption du monde. Ils deviendront alors ses messagers inlassables, des témoins courageux jusqu'au martyre.

 

     « Qui m'a vu a vu le Père ». Oui, …, pour « voir Dieu », il faut connaître le Christ et se laisser façonner par son Esprit qui guide les croyants « à la vérité tout entière » (cf. Jn 16, 13).

 

 

 

19 octobre 2006 – Discours au Congrès de l’Eglise Italienne, à Verona

      Notre vocation et notre tâche de chrétiens consistent à coopérer pour que parvienne à son accomplissement effectif, dans la réalité quotidienne de notre vie, ce que l'Esprit Saint à entrepris en nous avec le Baptême : nous sommes en effet appelés à devenir des hommes et des femmes nouveaux, pour pouvoir être de véritables témoins du Ressuscité et, de cette façon, être des porteurs de la joie et de l'espérance chrétienne dans le monde, concrètement, dans cette communauté d'hommes et de femmes dans laquelle nous vivons…

 

   L'œuvre d'évangélisation n'est jamais une simple adaptation aux cultures, mais elle est aussi toujours une purification, une rupture courageuse qui devient maturation et guérison, une ouverture qui permet de naître à cette «créature nouvelle» (2 Co 5, 17 ; Ga 6, 15) qui est le fruit de l'Esprit Saint

 

19 octobre 2006 – Homélie de la Messe dans le stade de Verona

     Le mystère de la Résurrection du Fils de Dieu, qui, monté au ciel à côté du Père, a répandu l'Esprit Saint sur nous, nous fait embrasser d'un seul regard le Christ et l'Eglise : le Ressuscité et les ressuscités, les Prémisses et la plantation de Dieu, la Pierre d'angle et les pierres vivantes,  (cf. 2, 4-8)…. Ce qui s'est produit au début, avec la première communauté apostolique, doit se produire également maintenant.

 

     A partir du jour de la Pentecôte la lumière du Seigneur ressuscité a transfiguré la vie des Apôtres. Ceux-ci avaient désormais la claire perception de ne pas être simplement des disciples d'une doctrine nouvelle et intéressante, mais des témoins choisis et responsables d'une révélation à laquelle était lié le salut de leurs contemporains et de toutes les générations futures. La foi pascale remplissait leur cœur d'une ardeur et d'un zèle extraordinaires, qui les rendait prêts à affronter chaque difficulté et même la mort, et qui donnait à leurs paroles une irrésistible énergie de persuasion. Ainsi, un groupe de personnes, dépourvues de ressources humaines et uniquement fortes de leur foi, affronta sans peur de dures persécutions et le martyre. L'Apôtre Jean écrit : «Et ce qui nous a fait vaincre le monde, c'est notre foi» (1 Jn 5, 4b)…

 

     Qu'en est-il de notre foi ? Dans quelle mesure savons-nous aujourd'hui la communiquer ? La certitude que le Christ est ressuscité nous assure qu'aucune force adverse ne pourra jamais détruire l'Eglise. Nous sommes également animés par la conscience que seul le Christ peut satisfaire les attentes profondes de chaque cœur humain et répondre aux interrogations les plus troublantes sur la douleur, l'injustice et le mal, sur la mort et l'au-delà. Notre foi est donc fondée, mais il faut que cette foi devienne vie en chacun de nous. Un vaste effort capillaire à accomplir se présente alors, pour que chaque chrétien se transforme en «témoin» capable et prêt à assumer l'engagement de rendre compte à tous et toujours de l'espérance qui l'anime (cf. 1 P 3, 15). C'est pourquoi il faut recommencer à annoncer avec vigueur et joie l'événement de la mort et de la Résurrection du Christ, cœur du christianisme, ligne directrice de notre foi, puissant levier de nos certitudes, vent impétueux qui balaye toute peur et indécision, tout doute et calcul humain. Ce n'est que de Dieu que peut venir le changement décisif du monde. Ce n'est qu'à partir de la Résurrection que l'on comprend la véritable nature de l'Eglise et de son témoignage, qui n'est pas quelque chose de détaché du mystère pascal, mais bien son fruit, sa manifestation et sa réalisation de la part de ceux qui, recevant l'Esprit Saint, sont envoyés par le Christ pour poursuivre cette même mission (cf. Jn 2, 21-23)…

 

     Soyez dans le monde d'aujourd'hui les témoins de ma Passion et de ma Résurrection (cf. Lc 24, 48). Dans un monde qui change, l'Evangile ne change pas. La Bonne Nouvelle reste toujours la même : le Christ est mort et il est ressuscité pour notre salut ! En son nom, apportez à tous l'annonce de la conversion et du pardon des péchés, mais soyez les premiers à donner le témoignage d'une vie convertie et pardonnée. Sachez bien que cela n'est pas possible sans être «revêtus d'une force venue d'en haut» (Lc 24, 49), c'est-à-dire sans la force intérieure de l'Esprit du Ressuscité. Pour la recevoir, il ne faut pas, comme le dit Jésus à ses disciples, s'éloigner de Jérusalem, il faut rester dans la «ville» où s'est consommé le mystère du salut, l'Acte d'amour suprême de Dieu pour l'humanité. Il faut rester en prière avec Marie, la Mère que le Christ nous a donnée sur la Croix. Pour les chrétiens, citoyens du monde, rester à Jérusalem ne peut que signifier rester dans l'Eglise, la «ville de Dieu», où puiser dans les Sacrements l'«onction» de l'Esprit Saint. …Consacrés par son «onction», allez ! Apportez la joyeuse annonce aux pauvres, pansez les plaies des cœurs meurtris, annoncez la libération des esclaves, la délivrance des prisonniers, proclamez l'année de grâce du Seigneur (cf. Is 61, 1-2). Rebâtissez les ruines antiques, relevez les restes désolés, restaurez les villes en ruines (cf. Is 61, 4). Nombreuses sont les situations difficiles qui attendent une intervention résolutive ! Apportez dans le monde l'Espérance de Dieu, qui est le Christ Seigneur, qui est ressuscité des morts, et qui vit et règne pour les siècles des siècles.

 

 

 

 

 

 

3 novembre 2006 – A l’Université Pontificale Grégorienne

   Seul l'Esprit scrute les profondeurs de Dieu (cf. 1 Co 2, 10), ce n'est donc que dans l'écoute de l'Esprit que l'on peut scruter la profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu (cf. Rm 11, 33). L'Esprit s'écoute dans la prière, lorsque le cœur s'ouvre à la contemplation du mystère de Dieu, qui nous est révélé dans le Fils Jésus Christ, image du Dieu invisible (cf. Col 1, 15), constitué Tête de l'Eglise et Seigneur de toute chose (cf. Ep 1, 10; Col 1, 18).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2007

 

 

 

6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie

      En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d'annoncer le Christ, lumière du monde, à l'humanité contemporaine. Au cœur de l'Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l'Esprit Saint, le désir d'une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l'époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l'histoire, se trouvait face au défi d'une civilisation mondiale, où le centre ne pouvait plus être l'Europe, pas plus que ce nous appelons l'Occident et le Nord du monde. Apparaissait l'exigence d'élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel ; c'est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s'imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s'il n'y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous.

 

7 janvier 2007 – Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine

     Jean-Baptiste affirme : « Pour moi je vous baptise avec de l'eau, mais vient le plus fort que moi [...] lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu » (Lc 3, 16). Nous avons vu l'eau ; à présent, cependant, une question se pose : en quoi consiste le feu auquel saint Jean-Baptiste fait allusion ? Pour voir cette réalité du feu, présente dans le Baptême avec l'eau, nous devons comprendre que le Baptême de Jean était un geste humain, un acte de pénitence, un geste de l'homme qui tend vers Dieu pour demander le pardon de ses péchés et la possibilité de commencer une nouvelle existence. Ce n'était qu'un désir humain, un mouvement vers Dieu avec ses propres forces. Or, cela n'est pas suffisant. La distance serait trop importante. En Jésus Christ, nous voyons que Dieu vient à notre rencontre. Dans le Baptême chrétien, institué par le Christ, nous n'agissons pas seulement nous-mêmes avec le désir d'être lavés, avec la prière d'obtenir le pardon. Dans le Baptême, c'est Dieu lui-même qui agit, c'est Jésus qui agit à travers l'Esprit Saint. Dans le Baptême chrétien, est présent le feu de l'Esprit Saint. C'est Dieu qui agit, et pas seulement nous. Dieu est présent ici, aujourd'hui. Il assume et fait de vos enfants ses fils.

 

     Dieu n'agit pas de façon magique. Il n'agit qu'avec notre liberté. Nous ne pouvons renoncer à notre liberté. Dieu interpelle notre liberté, il nous invite à coopérer avec le feu de l'Esprit Saint. Ces deux choses doivent aller de pair. Le Baptême demeurera pour toute la vie un don de Dieu, qui a mis son sceau sur nos âmes. Mais ce sera ensuite notre coopération, la disponibilité de notre liberté qui prononcera ce « oui » qui rend l'action divine efficace.
 

 

17 janvier 2007 – Audience Générale

     L'unité est un don de Dieu et le fruit de l'attention de son Esprit. C'est pourquoi il est important de prier. Plus nous nous rapprochons du Christ en nous convertissant à son amour, plus nous nous rapprochons également les uns des autres.

 

24 janvier 2007 – Audience Générale

     « Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37). Nous pourrions nous aussi répéter ces paroles qui expriment l'admiration des personnes face à la guérison d'un sourd-muet accomplie par Jésus, en voyant la merveilleuse fécondité de l'engagement pour la recomposition de l'unité des chrétiens. En re-parcourant le chemin de ces quarante dernières années, il est surprenant de voir comment le Seigneur nous a réveillés de la torpeur de l'autosuffisance et de l'indifférence ; comment il nous rend toujours plus capables de « nous écouter » et pas seulement de « nous entendre » ; comment il a délié notre langue, de façon à ce que la prière, que nous élevons vers Lui, ait plus de force de conviction pour le monde. Oui, cela est vrai, le Seigneur nous a accordé de nombreuses grâces et la lumière de son Esprit a éclairé de nombreux témoins. Ils ont démontré que l'on peut tout obtenir en priant, lorsque l'on sait obéir avec confiance et humilité au commandement divin de l'amour et adhérer à l'aspiration du Christ pour l'unité de tous ses disciples…

 

     L'Esprit Saint … nous donnera l'unité complète de la manière et au moment où il le voudra. Et, forts de cette certitude, nous allons de l'avant sur ce chemin de foi, d'espérance et de charité. Le Seigneur nous guide.
 

 

 

 

25 janvier 2007 – Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs

     Le dialogue œcuménique comporte la correction fraternelle évangélique et conduit à un enrichissement spirituel réciproque dans le partage des expériences de foi et de vie chrétienne authentiques. Pour que cela ait lieu, il faut implorer sans se lasser l'assistance de la grâce de Dieu et l'illumination de l'Esprit Saint.

 

 

 

14 février 2007 – Audience Générale
     Dans le domaine de l'Eglise des débuts, la présence des femmes n'est absolument pas secondaire. Nous n'insistons pas sur les quatre filles non nommées du « diacre » Philippe, résidant à Cesarée Marittime, et toutes dotées, comme nous le dit saint Luc, du « don de prophétie », c'est-à-dire de la faculté d'intervenir publiquement sous l'action de l'Esprit Saint (cf. Ac 21, 9). La brièveté de l'information ne nous permet pas de déductions plus précises. Nous devons plutôt à saint Paul une plus ample documentation sur la dignité et sur le rôle ecclésial de la femme. Il part du principe fondamental selon lequel pour les baptisés, non seulement « il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre », mais également « il n'y a ni homme ni femme ». La raison est que « tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 28), c'est-à-dire que tous sont unis par la même dignité fondamentale, bien que chacun soit doté de fonctions spécifiques (cf. 1 Co 12, 27-30). L'apôtre admet comme quelque chose de normal que dans la communauté chrétienne, la femme puisse « prophétiser » (1 Co 11, 5), c'est-à-dire se prononcer ouvertement sous l'influence de l'Esprit, du moment que cela soit pour l'édification de la communauté et fait avec dignité

 

Message pour le Carême 2007
     Le sang et l'eau.
     « Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé ». Regardons avec confiance le côté transpercé de Jésus, d'où jaillissent « du sang et de l'eau » (Jn 19, 34) ! Les Pères de l'Église ont considéré ces éléments comme les symboles des sacrements du Baptême et de l'Eucharistie. Avec l'eau du Baptême, grâce à l'action du Saint Esprit, se dévoile à nous l'intimité de l'amour trinitaire. Pendant le chemin du Carême, mémoire de notre Baptême, nous sommes exhortés à sortir de nous-mêmes pour nous ouvrir, dans un abandon confiant, à l'étreinte miséricordieuse du Père (cf. saint Jean Chrysostome, Catéchèses 3,14).

 

11 mars 2007 – Après l’Angelus, aux polonais

     L'examen de conscience est nécessaire pour connaître l'état d'âme, l'humilité pour reconnaître la faute, la foi dans la miséricorde pour demander pardon à Dieu et aux frères et l'amour pour adhérer de nouveau à la vérité, au bien et au beau.

 

15 avril 2007 – Homélie Messe 80 ans du Saint-Père Benoit XVI

      Le Seigneur souffle sur ses disciples. Il leur accorde son Esprit - l'Esprit saint : « A qui vous remettrez les péchés, il leur seront remis... ». L'Esprit de Jésus Christ est puissance de pardon. Il est puissance de la Miséricorde divine. De là la possibilité de recommencer « da capo » - toujours de nouveau. L'amitié de Jésus Christ est l'amitié de Celui qui fait de nous des personnes qui pardonnent, de Celui qui nous pardonne aussi à nous, nous relève continuellement de notre faiblesse et nous éduque ainsi, répand en nous la conscience du devoir intérieur de l'amour, du devoir de correspondre à sa confiance par notre fidélité.
 

 

29 avril 2007 – Homélie Messe ordinations Sacerdotales à Saint Pierre de Rome

      Que Marie, Mère céleste des prêtres, vous accompagne. Que celle, qui sous la Croix s'est unie au sacrifice de son Fils - et après sa Résurrection a accueilli le don de l'Esprit dans le Cénacle, avec les Apôtres et les autres disciples -, vous aide, et aide chacun de nous, chers frères dans le sacerdoce, à se laisser transformer intérieurement par la grâce de Dieu. Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible d'être des images fidèles du Bon Pasteur ; ce n'est qu'ainsi que l'on peut accomplir avec joie la mission de connaître, guider et aimer le troupeau que Jésus s'est acquis au prix de son Sang.

 

 

 

10 mai 2007 – Avec les jeunes, au Brésil

     "A cause du Royaume des Cieux" (ibid., v. 12), certains sont appelés à un don total et définitif, pour se consacrer à Dieu dans la vie religieuse, "grand don de la grâce", comme cela a été déclaré par le Concile Vatican II (cf. Décret Perfectae caritatis, n. 12). Les personnes consacrées qui se donnent totalement à Dieu, mues par l'Esprit Saint, participent à la mission de l'Eglise, en témoignant de l'espérance du Royaume céleste parmi tous les hommes. C'est pourquoi, je bénis et j'invoque la protection divine sur tous les religieux qui, dans la vigne du Seigneur, se consacrent au Christ et à leurs frères. Les personnes consacrées méritent vraiment la gratitude de la communauté ecclésiale:  moines et moniales, contemplatifs et contemplatives, religieux et religieuses consacrés aux œuvres d'apostolat, membres d'Instituts séculiers et de Sociétés de Vie apostolique, ermites et vierges consacrées. "Leur existence rend un témoignage d'amour au Christ lorsqu'ils marchent à sa suite selon la proposition de l'Evangile et que, avec une joie intime, ils assument le style de vie qu'Il a choisi pour lui-même" (Congrégation pour la Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, Instruction Repartir du Christ, n. 5). Je souhaite qu'en ce moment de grâce et de profonde communion dans le Christ, l'Esprit Saint réveille dans le cœur de tant de jeunes un amour passionné, en suivant et en imitant Jésus Christ chaste, pauvre et obéissant, totalement tourné vers la gloire du Père et vers l'amour de nos frères et de nos sœurs.

 

11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.

     Pendant la Messe, lorsque nous contemplons le Seigneur, élevé par le prêtre, après la consécration du pain et du vin, ou bien lorsque nous l'adorons avec dévotion exposé dans l'Ostensoir, nous renouvelons notre foi avec une profonde humilité, dans une attitude constante d'adoration. Tout le bien spirituel de l'Eglise est contenu dans la Sainte Eucharistie, c'est-à-dire le Christ lui-même notre Pâques, le Pain vivant qui est descendu du Ciel, vivifié par l'Esprit Saint, et vivifiant, car il donne la Vie aux hommes. Cette mystérieuse et ineffable manifestation de l'amour de Dieu pour l'humanité occupe une place privilégiée dans le cœur des chrétiens. Ils doivent pouvoir connaître la foi de l'Eglise, à travers ses ministres ordonnés, grâce au caractère exemplaire avec lequel ils accomplissent les rites prescrits, qui indiquent toujours dans la liturgie eucharistique le centre de toute l'œuvre d'évangélisation. Les fidèles doivent, à leur tour, chercher à recevoir et à vénérer le Très Saint Sacrement avec piété et dévotion, en désirant accueillir le Seigneur Jésus avec foi, et en sachant avoir recours, chaque fois que cela sera nécessaire, au Sacrement de la réconciliation pour purifier l'âme de tout péché grave.

 

12 mai 2007 – lors de la prière du Chapelet, avec les prêtres, religieux, séminaristes et diacres, au sanctuaire marial de Aparecida, au Brésil.

     De même que les Apôtres, avec Marie, "montèrent à la chambre haute" et là, "d'un même cœur étaient assidus à la prière" (cf. Ac 1, 13-14), nous aussi, aujourd'hui, nous nous sommes rassemblés ici dans le Sanctuaire de Notre-Dame de la Conception Aparecida, qui, en cette heure, est pour nous la "chambre haute" où Marie, Mère du Seigneur, se trouve parmi nous. Aujourd'hui, c'est Elle qui guide notre méditation; c'est Elle qui nous enseigne à prier. C'est Elle qui nous indique la façon d'ouvrir nos esprits et nos cœurs à la puissance de l'Esprit Saint, qui vient pour être transmis au monde entier.

 

     Nous venons de réciter le Rosaire. A travers ses cycles de méditation, le divin Consolateur veut nous introduire dans la connaissance du Christ qui jaillit de la source limpide du texte évangélique. Pour sa part, l'Eglise du troisième millénaire se propose d'offrir aux chrétiens la capacité de "pénétrer - selon les paroles de saint Paul - le mystère de Dieu, dans lequel se trouvent, cachés, tous les trésors de la sagesse et de la connaissance" (Col 2, 2-3). Marie, la Très Sainte Vierge pure et sans tache, est pour nous une école de foi destinée à nous guider et à nous donner de la force sur le sentier qui conduit à la rencontre du Créateur du Ciel et de la Terre…

 

     Je ressens le désir de vous dire à tous combien est important le sens de notre appartenance à l'Eglise, qui conduit les chrétiens à croître et à mûrir comme des frères, fils du même Dieu et Père. Je sais que vous avez une grande soif de Dieu. Je sais que vous suivez Jésus, qui dit:  "Nul ne vient au Père que par moi" (Jn 14, 6). Le Pape veut donc vous dire à tous:  l'Eglise est notre Maison! C'est notre Maison! Dans l'Eglise catholique, nous trouvons tout ce qui est bon, tout ce qui est un motif de certitude et de réconfort! Celui qui accepte le Christ, "Chemin, Vérité et Vie" dans sa totalité, est assuré d'avoir la paix et le bonheur, dans cette vie et dans l'autre! C'est pourquoi, le Pape est venu ici pour prier et confesser avec vous tous:  Il vaut la peine d'être fidèles, il vaut la peine de persévérer dans sa propre foi! La cohérence dans la foi exige cependant également une solide formation doctrinale  et spirituelle, contribuant ainsi à l'édification d'une société plus juste, plus humaine et chrétienne. Le Catéchisme de l'Eglise catholique, également dans sa version plus réduite, publiée sous le titre de Compendium, sera utile pour acquérir de claires notions à propos de notre foi. Demandons, dès à présent, que la venue de l'Esprit Saint soit pour tous comme une nouvelle Pentecôte, afin qu'il illumine nos cœurs et notre foi par la lumière qui vient d'en-haut.

 

13 mai 2007 – Homélie Messe inauguration Vème Conf. Générale de l’épiscopat Latino-Américain – Aparecida – Brésil

       La Pentecôte est désormais proche, et l'Eglise est invitée à intensifier l'invocation à l'Esprit Saint

     L'Esprit accompagne l'Eglise sur le long chemin qui s'étend entre la première et la seconde venue du Christ:  "Je m'en vais et je reviendrai vers vous" (Jn 14, 28), dit Jésus aux Apôtres. Entre l'"aller" et le "retour" du Christ, il y a son Corps; il y a deux mille ans qui se sont déjà écoulés; l'Eglise est allée en pèlerinage en diffusant parmi les croyants la vie du Christ à travers les Sacrements et en semant dans ces terres la bonne semence de l'Evangile, qui a parfois rendu trente, parfois soixante et parfois cent pour un. Temps de l'Eglise, Temps de l'Esprit:  c'est Lui le Maître qui forme les disciples; il leur fait aimer Jésus; il les éduque à l'écoute de sa Parole, à la contemplation de son Visage; il les conforme à son Humanité bienheureuse, pauvre en esprit, affligée, douce, affamée de justice, miséricordieuse, au cœur pur, artisan de paix, persécutée pour la justice (cf. Mt 5, 3-10). Ainsi, grâce à l'action de l'Esprit Saint, Jésus devient le "Chemin" sur lequel le disciple s'achemine. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole", dit Jésus. "La parole que vous entendez n'est pas de moi mais du Père qui m'a envoyé" (Jn 14, 23-24). Comme Jésus transmet la parole du Père, de même, l'Esprit Saint rappelle à l'Eglise les paroles du Christ (cf. Jn 14, 26). Et comme l'amour pour le Père conduisait Jésus à se nourrir de sa volonté, de même, notre amour pour Jésus se démontre dans l'obéissance à ses paroles. La fidélité de Jésus à la volonté du Père peut se communiquer aux disciples grâce à l'Esprit Saint, qui déverse l'amour dans leurs cœurs (cf. Rm 5, 5).

     Jésus dit:  "La parole que vous entendez n'est pas de moi,  mais  du Père qui m'a envoyé" (Jn 14, 24). En ce moment, nous sommes invités à fixer le regard sur Lui, parce que la mission de l'Eglise ne subsiste que comme le prolongement de celle du Christ :  "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21). Et l'évangéliste souligne, également par un geste, que ce passage de consignes a lieu dans l'Esprit Saint:  "Il souffla sur eux et leur dit:  "Recevez l'Esprit Saint..."" (Jn 20, 22). La mission du Christ s'est accomplie dans l'amour. Il a allumé dans le monde le feu de la charité de Dieu (cf. Lc 12, 49). C'est l'Amour qui donne la vie:  c'est pourquoi l'Eglise est envoyée pour répandre dans le monde la charité du Christ, pour que les hommes et les peuples "aient la vie et qu'ils l'aient surabondante" (Jn 10, 10).

 

 

3 juin 2007 – Homélie de la Messe de canonisations

     Nous célébrons aujourd'hui la solennité de la Très Sainte Trinité. Après le temps pascal, après avoir revécu l'événement de la Pentecôte, qui renouvelle le Baptême de l'Eglise dans l'Esprit Saint, nous tournons pour ainsi dire le regard vers "les cieux ouverts", pour entrer avec les yeux de la foi dans les profondeurs du mystère de Dieu, Un dans la substance et Trine dans les personnes: le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Alors que nous nous laissons envelopper par ce mystère suprême, nous admirons la gloire de Dieu, qui se reflète dans la vie des saints.

     Dans le Livre des Proverbes, entre en scène la Sagesse, qui se trouve aux côtés de Dieu comme assistante, comme "maître d'œuvre" (8, 30). La "vision panoramique" sur l'univers observé à travers ses yeux est merveilleuse. La Sagesse elle-même confesse: "M'ébattant sur la surface de sa terre / et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes" (8, 31). C'est au milieu des êtres humains que celle-ci aime demeurer, car elle reconnaît en eux l'image et la ressemblance du Créateur. Cette relation préférentielle de la Sagesse avec les hommes fait penser à un célèbre passage d'un autre livre sapientiel, le Livre de la Sagesse: "La sagesse - peut-on lire - est en effet un effluve de la puissance de Dieu / ... Bien qu'étant seule, elle peut tout, demeurant en elle-même, elle renouvelle l'univers / et, d'âge en âge passant en des âmes saintes, / elle en fait des amis de Dieu et des prophètes" (Sg 7, 25-27). Cette dernière expression suggestive invite à considérer la manifestation de la sainteté, multiforme et intarissable, au sein du peuple de Dieu au cours des siècles. La Sagesse de Dieu se manifeste dans l'univers, dans la variété et la beauté de ses éléments, mais ses chefs-d'œuvre, dans lesquels apparaissent beaucoup plus sa beauté et sa grandeur, ce sont les saints.

     Dans la Lettre de l'Apôtre Paul aux Romains, nous trouvons une image semblable: celle de l'amour de Dieu "répandu dans les cœurs des saints", c'est-à-dire des baptisés, "par le Saint Esprit" qui leur a été donné (cf. Rm 5, 5). C'est à travers le Christ que passe le don de l'Esprit, "Personne-amour, Personne-don", comme l'a défini le Serviteur de Dieu Jean-Paul II (Encyc. Dominum et vivificantem, n. 10). A travers le Christ, l'Esprit de Dieu nous parvient comme principe de vie nouvelle, "sainte". L'Esprit place l'amour de Dieu dans le cœur des croyants sous la forme concrète qui était la sienne dans l'homme Jésus de Nazareth. C'est ainsi que se réalise ce que saint Paul dit dans la Lettre aux Colossiens: "Christ parmi vous! L'espérance de la gloire!" (1, 27). Les "tribulations" ne sont pas en opposition avec cette espérance, elles concourent même à la réaliser, à travers la "constance" et la "vertu éprouvée" (Rm 5, 3-4): c'est le chemin de Jésus, le chemin de la Croix.

     Dans la même perspective, de la sagesse de Dieu incarnée dans le Christ et communiquée par l'Esprit Saint, l'Evangile nous a suggéré que Dieu le Père continue à manifester son dessein d'amour à travers les saints. Ici aussi, se produit ce que nous avons déjà souligné à propos de la Sagesse: l'Esprit de vérité révèle le dessein de Dieu dans la multiplicité des éléments de l'univers - nous sommes reconnaissants pour cette manifestation visuelle de la beauté et de la bonté de Dieu dans les éléments de l'univers -, et il le fait en particulier à travers les hommes et les femmes, de manière particulière à travers les saints et les saintes, où transparaissent avec une grande force sa lumière, sa vérité, son amour. En effet, "l'Image du Dieu invisible" (Col 1, 15) est Jésus Christ et lui seul, "le Saint et le Juste" (Ac 3, 14). Il est la Sagesse incarnée, le Logos créateur qui trouve sa joie en demeurant parmi les fils de l'homme, chez qui il a planté sa tente (cf. Jn 1, 14). En Lui, il a plu à Dieu de faire habiter "toute la Plénitude" (cf. Col 1, 19); ou, comme Il le dit lui-même dans le passage évangélique d'aujourd'hui: "Tout ce qui est au Père est à moi" (Jn 16, 15). Chaque saint participe de la richesse du Christ, reprise par le Père et communiquée au moment opportun. C'est toujours la même sainteté que celle de Jésus, c'est toujours Lui, le "Saint", que l'Esprit façonne dans les "âmes saintes", en formant des amis de Jésus et des témoins de sa sainteté. Et Jésus veut également faire de nous ses amis. Précisément en ce jour, ouvrons notre cœur afin que, dans notre vie également, croisse l'amitié pour Jésus, afin que nous puissions témoigner de sa sainteté, de sa bonté et de sa vérité.

 

11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran

     Eduquer à la foi, à la "sequela Christi" et au témoignage signifie aider nos frères, ou mieux, nous aider réciproquement à entrer dans un rapport vivant avec le Christ et avec le Père. Tel est, dès le début, le devoir fondamental de l'Eglise, en tant que communauté de croyants, de disciples et d'amis de Jésus. L'Eglise, Corps du Christ et temple de l'Esprit Saint, est la compagnie fiable dans laquelle nous sommes engendrés et éduqués pour devenir, dans le Christ, fils et héritiers de Dieu. En elle, nous recevons l'Esprit "qui nous fait nous écrier: Abba! Père!" (Rm 8, 14-17). Nous avons entendu, dans l'homélie de saint Augustin, que Dieu n'est pas loin, il est devenu "chemin" et le "chemin" lui-même est venu à nous. Il dit: "Lève-toi, paresseux, et commence à marcher!". Commencer à marcher signifie s'avancer sur le "chemin" qui est Jésus lui-même, dans la compagnie des croyants; cela veut dire marcher en nous aidant réciproquement à devenir réellement amis de Jésus Christ et fils de Dieu.

 

 

 

4 juillet 2007 –   Appel du Pape aux jeunes en préparation à la Journée mondiale de la Jeunesse 2008, lors de l’Audience Générale

      « Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Nous ne pouvons qu'imaginer la réaction des Apôtres lorsqu'ils entendirent ces paroles, mais leur confusion était sans aucun doute tempérée par un sentiment de crainte et d'impatience quant à la venue de l'Esprit. Unis dans la prière avec Marie et les autres, dans le Cénacle (cf. Ac 1, 14), ils firent l'expérience de la véritable puissance de l'Esprit dont la présence transforme l'incertitude, la crainte et la division en détermination, espérance et communion.

 

 

9 août 2007 – Aux participants de la « Mission des Jeunes » promue par le diocèse de Madrid

       La Vierge Marie, Reine des Apôtres et Mère de l'Eglise, fut présentée par le Concile Vatican II comme "modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l'Eglise, travaillent à la régénération des hommes" (Lumen gentium, n. 65). Que son intercession maternelle vous accompagne et vous rende fidèles aux engagements que, dociles à l'Esprit Saint, vous avez assumés pour la gloire de Dieu et le bien de vos frères. Que vous soutienne également la Bénédiction apostolique que je vous donne avec affection.

 

1er septembre 2007 – Rencontre avec 500 000 jeunes au sanctuaire marial de lorette.

       Je me demande et je vous demande:  les questions que Dieu nous adressent, aussi exigeantes qu'elles puissent nous sembler, pourront-elles jamais égaler ce qui fut demandé à la jeune Marie? Chers garçons et filles, apprenons de Marie à prononcer notre "oui", car elle sut véritablement ce que signifie répondre généreusement aux questions du Seigneur. Chers jeunes, Marie connaît vos aspirations les plus nobles et profondes. Elle connaît bien, surtout, votre grand désir d'amour, votre besoin d'aimer et d'être aimés. En vous tournant vers elle, en la suivant docilement, vous découvrirez la beauté de l'amour, non pas d'un amour "jetable", passager et trompeur, prisonnier d'une mentalité égoïste et matérialiste, mais de l'amour véritable et profond. Au plus profond de son cœur, chaque garçon et chaque fille qui affronte la vie, cultive le rêve d'un amour qui donne un sens plein à son avenir. Pour de nombreuses personnes, cela se réalise dans le choix du mariage et dans la création d'une famille où l'amour entre un homme et une femme est vécu comme un don réciproque et fidèle, comme un don définitif, scellé par le "oui" prononcé devant Dieu le jour du mariage, un "oui" pour toute la vie. Je sais bien que ce rêve est toujours moins facile à réaliser aujourd'hui. Combien d'échecs de l'amour autour de nous! Combien de couples baissent la tête, renoncent et se séparent! Combien de familles brisées! Combien de jeunes, même parmi vous, ont assisté à la séparation et au divorce de leurs parents! A ceux qui se trouvent dans des situations si délicates et complexes, je voudrais dire ce soir:  la Mère  de  Dieu, la communauté des croyants et le Pape sont proches de vous et prient afin que la crise qui marque les familles de notre époque ne devienne pas un échec irréversible. Puissent les familles chrétiennes, avec le soutien de la grâce divine, demeurer fidèles à l'engagement solennel d'amour pris avec joie devant le prêtre et la communauté chrétienne, le jour solennel du mariage.

Face à tant d'échecs, il n'est pas rare de se demander:  serais-je meilleur que mes   amis   et  mes  parents  qui  ont essayé, et qui ont échoué? Pourquoi moi, précisément moi, devrais-je réussir là où tant d'autres renoncent? Cette peur humaine peut freiner également les esprits les plus courageux, mais en cette nuit qui nous attend, au seuil de sa Sainte Maison, Marie répétera à chacun de vous, chers jeunes amis, les paroles qu'elle-même entendit prononcer par l'Ange:  Ne craignez rien! N'ayez pas peur! L'Esprit Saint est avec vous et ne vous abandonne jamais. Rien n'est impossible à celui qui a confiance en Dieu.

 

2 septembre 2007 – Homélie Messe sanctuaire m arial de Lorette, en présence de 500 000 jeunes

     Tournons une fois de plus, notre regard vers Marie, modèle d'humilité et de courage. Vierge de Nazareth, aide-nous à être dociles à l'œuvre de l'Esprit Saint comme tu le fus toi-même; aide-nous à devenir toujours plus saints, disciples amoureux de ton Fils Jésus; soutiens et accompagne ces  jeunes,  afin  qu' ils soient de joyeux et infatigables missionnaires de l'Evangile parmi les jeunes de leur âge.

 

 

 

2 septembre – Angelus, depuis le sanctuaire de Lorette

     Le Sanctuaire de la Sainte Maison. Soyez-en fiers, à juste titre, et profitez-en! Dans les moments les plus importants de votre vie, venez ici, au moins avec le cœur, pour vous recueillir spirituellement entre les murs de la Sainte Maison. Priez la Vierge Marie afin qu'elle vous obtienne la lumière et la force de l'Esprit Saint, pour répondre pleinement et généreusement à la voix de Dieu. Vous deviendrez alors ses témoins authentiques sur la "place", dans la société, porteurs non pas d'un Evangile abstrait, mais incarné dans votre vie.


 


26 septembre 2007 – Audience Générale

     Dieu entre dans notre existence elle-même à travers l'Esprit Saint et il nous transforme de l'intérieur de notre cœur.

 

 

29 octobre 2007 -  Aux membres du Congrès International des Pharmaciens Catholiques.
     En tant que pharmaciens catholiques, puissiez-vous, sous la conduite de l'Esprit saint, puiser dans la vie de foi et dans l'enseignement de l'Eglise les éléments qui vous guideront dans votre démarche professionnelle auprès des malades, qui ont besoin d'un soutien humain et moral pour vivre dans l'espérance et pour trouver des ressorts intérieurs qui les aideront au long des jours.

 

14 novembre 2007 – Audience Générale

      Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l'interprétation des Ecritures était l'harmonie avec le magistère de l'Eglise. Nous ne pouvons jamais lire l'Ecriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l'erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l'inspiration de l'Esprit Saint. Ce n'est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons réellement entrer avec le « nous » au centre de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l'Eglise catholique. Il ne s'agit pas d'une exigence imposée à ce Livre de l'extérieur ; le Livre est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n'est que dans la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité pour comprendre l'Ecriture Sainte. Il admonestait donc : « Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t'a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent » (Ep 52, 7). En particulier, étant donné que Jésus Christ a fondé son Eglise sur Pierre, chaque chrétien - concluait-il - doit être en communion « avec la Chaire de saint Pierre. Je sais que sur cette pierre l'Eglise est édifiée » (Ep 15, 2). Par conséquent, et de façon directe, il déclarait : « Je suis avec quiconque est uni à la Chaire de saint Pierre » (Ep 16).

 

 

 

 

2008

 

17 juillet 2008 – Cérémonie d’accueil à Sydney

     Je prie l’Esprit Saint afin qu’il apporte un renouveau spirituel … véritablement jusqu’aux extrémités de la terre

     Aux jeunes d’aujourd’hui une déconcertante variété de choix de vie est proposée, si bien qu’il leur est souvent difficile de discerner comment orienter au mieux leurs idéaux et leurs énergies. C’est l’Esprit qui donne la sagesse pour discerner le juste chemin et le courage pour s’y engager. C’est Lui qui couronne nos pauvres efforts par ses dons divins, comme le vent qui, gonflant les voiles, fait avancer le navire, dépassant de beaucoup ce que les rameurs pourraient obtenir par leurs rudes efforts sur les rames. L’Esprit rend ainsi capables des hommes et des femmes de tout lieu et de toute génération de devenir des saints. Puissent les jeunes ici réunis pour la Journée Mondiale de la Jeunesse avoir le courage, sous l’action de l’Esprit, de devenir des saints ! Voilà ce dont le monde a besoin, plus que de tout autre chose.

 

17 juillet 2008 – Accueil des jeunes à Sydney

     Nous sommes présents dans ce monde qui est le nôtre comme famille de Dieu, comme disciples du Christ, confirmés par son Esprit pour être les témoins de son amour et de sa vérité devant tous

 

      J’ai sous les yeux une image vibrante de l'Église universelle. La diversité des nations et des cultures dont vous provenez montre que véritablement la Bonne Nouvelle du Christ est pour tous et pour chacun ; elle a atteint les extrémités de la terre. Et cependant, je sais aussi qu’un bon nombre parmi vous est encore à la recherche d’une patrie spirituelle. Quelques-uns d’entre vous – et ils sont tout à fait les bienvenus parmi nous - ne sont pas catholiques ni chrétiens. D’autres, peut-être, se tiennent aux frontières de la vie de leur paroisse et de l'Église. Je désire leur offrir mes encouragements : approchez-vous des bras pleins d’amour du Christ ; reconnaissez en l'Église votre maison ! Personne n’est obligé de rester à l’extérieur, car depuis le jour de la Pentecôte, l'Église est une et universelle.

 

      Il y a presque deux mille ans, les Apôtres, réunis à l’étage de la maison, avec Marie (cf. Ac 1, 14) et avec quelques femmes fidèles, furent remplis de l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 4). En cet instant extraordinaire, qui manifesta la naissance de l’Église, le trouble et la peur qui avaient saisi les Disciples du Christ, se sont transformées en une vigoureuse conviction, et en une prise de conscience d’un objectif. Ils se sentirent poussés à parler de leur rencontre avec Jésus ressuscité, que désormais, ils appelaient affectueusement le Seigneur. À bien des égards, les Apôtres étaient des personnes ordinaires. Aucun d’eux ne pouvait prétendre qu’il était un disciple parfait. Ils n’avaient pas su reconnaître le Christ (cf. Lc 24, 13-32), ils avaient dû rougir de leur ambition (cf. Lc 22, 24-27), ils l’avaient même renié (cf. Lc 22, 54-62). Et pourtant, quand ils furent remplis de l’Esprit Saint, ils furent transpercés par la vérité de l’Évangile du Christ et ils se sentirent poussés à le proclamer sans crainte. Rassurés, ils s’écrièrent : repentez-vous, faites-vous baptiser, recevez l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-38) ! Fondée sur l’enseignement des Apôtres et y adhérant, rompant le pain et priant (cf. Ac 2, 42), la jeune communauté chrétienne se leva pour s’opposer à la perversité de la culture qui l’entourait (cf. Ac 2, 40), pour prendre soin de ses propres membres (cf. Ac 2, 44-47), pour défendre sa foi en Jésus face aux oppositions (cf. Ac, 4, 33) et pour guérir les malades (cf. Ac 5, 12-16). Et, obéissant au commandement du Christ lui-même, ils partirent, rendant témoignage à la plus grande histoire de tous les temps : que Dieu s’est fait l’un de nous, que le divin est entré dans l’histoire humaine pour la transformer, et que nous sommes appelés à nous immerger dans l’amour salvifique du Christ qui triomphe du mal et de la mort. Dans son célèbre discours à l’aréopage, saint Paul introduisit ainsi le message : Dieu donne toute chose à chacun, y compris le souffle et la vie, afin que toutes les Nations puissent le chercher, si jamais, marchant à tâtons, elles arrivent à le trouver. En effet, il n’est pas loin de chacun de nous, puisque en lui il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister (cf. Ac 17, 25-28).

 

 

 

18 juillet 2008 – rencontre œcuménique dans la crypte de la cathédrale de Sydney

     Chers amis dans le Christ, je pense que vous serez d’accord pour constater que le mouvement œcuménique est parvenu à un point critique. Pour progresser, nous devons sans cesse demander à Dieu de renouveler nos esprits par la grâce de l’Esprit Saint (cf. Rm 12, 2), qui nous parle à travers les Écritures et nous conduit à la vérité tout entière (cf. 2 P 1, 20-21 ; Jn 16, 13). Nous devons nous garder de la tentation de considérer la doctrine comme une cause de division et, par conséquent, comme un empêchement à ce qui semble être la tâche immédiate la plus urgente pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. En réalité, l’histoire de l’Église démontre que la praxis non seulement est inséparable de la didaché, ou enseignement, mais qu’elle en découle au contraire. Plus nous nous efforcerons avec assiduité de parvenir à une compréhension commune des mystères divins, plus nos œuvres de charité parleront avec éloquence de l’immense bonté de Dieu et de son amour pour tous les hommes. Saint Augustin exprime le lien entre le don de la connaissance et la vertu de la charité quand il écrit que l’esprit retourne à Dieu à travers l’amour (cf. De moribus Ecclesiae catholicae, XII, 21), et que là où est la charité, là est la Trinité (cf. De Trinitate, 8, 8, 12.).

 

 

18 juillet 2008 – Avec les jeunes blessés de la vie

     Que son Esprit vous guide sur le chemin de la vie, pour obéir à ses commandements, suivre ses enseignements, abandonner les choix erronés qui conduisent seulement à la mort, et vous engager pour la vie entière dans l’amitié avec Jésus Christ ! Avec la force de l’Esprit Saint, choisissez la vie et choisissez l’amour, et soyez les témoins devant le monde de la joie qui en jaillit.

 

 

 

20 juillet 2008 – Angélus à Sydney

     Nous nous apprêtons maintenant à réciter ensemble la belle prière de l’Angélus. Nous y réfléchirons sur Marie, jeune femme s’entretenant avec l’Ange qui l’invite, au nom de Dieu, à un don particulier d’elle-même, de sa propre vie, de son avenir de femme et de Mère. Nous pouvons imaginer ce que Marie ressentit à ce moment-là : étant toute bouleversée, totalement dépassée par la proposition qui lui était faite.

     L’Ange comprit son inquiétude et s’efforça aussitôt de la rassurer : « Sois sans crainte, Marie (…) l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1, 30, 35). C’est l’Esprit Saint qui lui a donné la force et le courage de répondre à l’appel du Seigneur. C’est l’Esprit qui l’aide à comprendre le grand mystère qui est en train de s’accomplir à travers elle. C’est l’Esprit qui l’enveloppe de son amour et la rend capable de concevoir dans ses entrailles le Fils de Dieu.

     Cette scène constitue sans aucun doute le moment central de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple. Dans l’Ancien Testament, Dieu s’était révélé de façon partielle et de manière graduelle, comme nous le faisons tous dans nos relations personnelles. Il fallait un certain temps au peuple élu pour approfondir sa relation avec Dieu. L’Alliance avec Israël a été comme un temps de séduction, de longues fiançailles. Le moment définitif arriva donc, le moment du mariage, la réalisation de la nouvelle et éternelle alliance. À ce moment-là, devant le Seigneur, Marie représente toute l’humanité. Dans le message de l’Ange, c’était Dieu qui faisait une proposition de mariage avec l’humanité. Et, en notre nom, Marie dit son « oui ».

     Dans les fables, les récits s’achèvent ainsi : et tous « vécurent alors heureux et contents ». Dans la vie réelle, ce n’est pas aussi facile. Marie dut faire face à de nombreuses difficultés pour affronter les conséquences de ce « oui » dit au Seigneur. Siméon prophétisa qu’une épée lui transpercerait le cœur. Lorsque Jésus eut douze ans, elle connut les pires cauchemars que tout parent éprouve quand, pendant trois jours, elle dut affronter la disparition de son Fils. Et après l’activité publique de Jésus, elle souffrit l’agonie, étant présente à sa crucifixion et à sa mort. Dans ses différentes épreuves, elle resta toujours fidèle à sa promesse, soutenue par l’Esprit de force. Et elle en fut récompensée par la gloire.

     Nous aussi nous devons rester fidèles au « oui » par lequel nous avons accueilli l’offre d’amitié que le Seigneur nous a faite. Nous savons qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous savons qu’Il nous soutiendra toujours par les dons de l’Esprit. Marie a accueilli la « proposition » du Seigneur en notre nom. Tournons-nous alors vers elle et demandons-lui de nous guider dans les difficultés pour rester fidèles à cette relation vitale que Dieu a établie avec chacun de nous. Marie nous inspire, elle est notre modèle. Elle intercède pour nous auprès de son Fils et, avec son amour maternel, elle nous protège des dangers.

20 juillet 2008 – Aux bienfaiteurs et organisateurs des JMJ, à Sydney

     En regardant en arrière, vous pouvez constater l’abondante moisson que l’Esprit a fait lever grâce à vos prières, à votre persévérance et à votre rude labeur. Combien de bonnes semences ont été répandues en ces quelques jours !

 

 

 

21 juillet 2008 – Aux volontaires des JMJ, à Sydney

     Au sein des foules qui se sont rassemblées ici à Sydney, nous avons vu une lumineuse expression de l’unité dans la diversité de l’Église universelle. Nous avons eu une vision en miniature de cette famille humaine unie à laquelle nous aspirons. Que ces jeunes puissent, avec la puissance de l’Esprit, faire de cette vision une réalité dans le monde de demain.

     Je prie afin que vous gardiez vous aussi en vous de nombreux et précieux souvenirs et intuitions spirituelles, pour que vous puissiez rentrer chez vous, dans vos familles, avec un nouvel élan pour diffuser l’Évangile de Jésus Christ. Avec la puissance de l’Esprit, allez maintenant renouveler la face de la terre !

     J’invoque sur vous les sept dons de l’Esprit Saint

 

 

21 juillet 2008 – Au moment de quitter Sydney

     Sur la scène, ces derniers jours, les acteurs principaux étaient évidemment les jeunes eux-mêmes. La Journée Mondiale de la Jeunesse leur appartient. Ce sont eux qui ont fait de cette Journée un événement ecclésial de portée mondiale, une grande célébration de la jeunesse, une grande célébration de ce que signifie être Église, Peuple de Dieu au milieu du monde, uni dans la foi et dans l’amour et rendu capable par l’Esprit de témoigner du Christ ressuscité jusqu’aux extrémités de la terre. Je les remercie d’être venus, je les remercie de leur participation, et je prie pour que leur voyage de retour soit tranquille. Je sais que les jeunes, leurs familles et des personnes amies, dans bien des cas, ont fait de grands sacrifices pour leur permettre d’arriver en Australie. L'Église tout entière leur en est reconnaissante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2009

 

 

20 février 2009 – Rencontre avec les séminaristes du diocèse de Rome à l’occasion de la fête de la Fiducia.    

        Derrière ce terme - la loi s'est accomplie - derrière cette unique parole qui devient réalité dans la communion avec le Christ, apparaissent derrière le Seigneur toutes les figures des saints qui sont entrés dans cette communion avec le Christ, dans cette unité avec sa volonté. Et surtout apparaît la Vierge, dans son humilité, dans sa bonté, dans son amour. La Vierge nous donne cette confiance, nous prend par la main, nous guide, nous aide sur le chemin de l'union à la volonté de Dieu, comme Elle l'a été dès le premier moment et a exprimé cette union dans son "Fiat".

     Et enfin, après ces belles choses, encore une fois dans la Lettre, il y a une évocation de la situation un peu triste de la communauté des Galates, lorsque Paul dit:  "Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous allez vous entre-détruire... Laissez-vous mener par l'Esprit". Il me semble que dans cette communauté - qui n'était plus sur la voie de la communion avec le Christ, mais de la loi extérieure de la "chair" - ressortent naturellement également des polémiques et Paul dit:  "Vous devenez comme des bêtes sauvages, l'un mord l'autre". Il évoque ainsi les polémiques qui naissent là où la foi dégénère en un intellectualisme et l'humilité est remplacée par l'arrogance d'être meilleur que l'autre.

     Nous voyons bien qu'aujourd'hui encore, il y a des cas semblables où, au lieu de s'insérer dans la communion avec le Christ, dans le Corps du Christ qui est l'Eglise, chacun veut être supérieur à l'autre et avec une arrogance intellectuelle, veut faire croire qu'il est meilleur. C'est ainsi que naissent les polémiques qui sont destructrices, que naît une caricature de l'Eglise qui devrait être une seule âme et un seul cœur.

     Dans cet avertissement de saint Paul, nous devons trouver aujourd'hui également un motif d'examen de conscience:  ne pas penser être supérieurs à l'autre, mais nous trouver dans l'humilité du Christ, nous trouver dans l'humilité de la Vierge, entrer dans l'obéissance de la foi. C'est précisément ainsi que s'ouvre réellement également à nous le grand espace de la vérité et de la liberté dans l'amour.

 

 

 

 

2010

 

 

1er avril 2010 – Homélie de la Messe chrismale

     Le Sacrement est le centre du culte de l’Eglise. Sacrement signifie que, en premier lieu, ce ne sont pas nous les hommes qui faisons quelque chose, mais c’est d’abord Dieu, qui, par son agir, vient à notre rencontre, nous regarde et nous conduit vers Lui. Et il y a aussi autre chose de particulier: Dieu nous touche par le moyen des réalités matérielles, à travers des dons de la création qu’Il met à son service, en en faisant des instruments de la rencontre entre nous et Lui-même. Les éléments de la création avec lesquels le monde des Sacrements est construit sont au nombre de quatre : l’eau, le pain de froment, le vin et l’huile d’olive. L’eau, comme élément de base et condition fondamentale de toute vie, est le signe essentiel de l’acte par lequel dans le Baptême, on devient chrétien, le signe de la naissance à la vie nouvelle. Tandis que l’eau est l’élément vital en général et représente donc l’accès commun de tous à la nouvelle naissance comme chrétiens, les trois autres éléments appartiennent à la culture du monde méditerranéen. Ils renvoient ainsi au contexte historique concret dans lequel le christianisme s’est développé. Dieu a agi dans un lieu bien déterminé de la terre, Il a vraiment fait histoire avec les hommes. Ces trois éléments, d’une part, sont des dons de la création et d’autre part, ils renvoient cependant aussi à des lieux de l’histoire de Dieu avec nous. Ils sont une synthèse entre la création et l’histoire: dons de Dieu qui nous rattachent toujours à ces lieux du monde dans lesquels Dieu, dans le temps de l’histoire, a voulu agir avec nous, devenir un de nous.

     Dans ces trois éléments, il y a de nouveau une graduation. Le pain renvoie à la vie quotidienne. Il est le don fondamental de la vie, jour après jour. Le vin renvoie à la fête, à la suavité de la création dans laquelle la joie des sauvés peut, en même temps, s’exprimer d’une manière particulière. L’huile d’olive a une vaste signification. Elle est nourriture, elle est médicament; elle donne beauté, entraîne pour la lutte et procure vigueur. Les rois et les prêtres sont oints avec l’huile qui est ainsi signe de dignité et de responsabilité, comme aussi de la force qui vient de Dieu. Dans notre nom ‘chrétiens’, est présent le mystère de l’huile. En effet, le mot ‘chrétiens’, par lequel les disciples du Christ venus du paganisme ont été appelés, dès la naissance de l’Eglise, vient du mot ‘Christ’ (Ac 11, 20-21) - traduction grecque du mot ‘Messie’ -, qui signifie ‘oint’. Être chrétiens signifie: provenir du Christ, appartenir à Christ, à l’Oint de Dieu, à Celui auquel Dieu a donné la royauté et le sacerdoce; signifie appartenir à Celui que Dieu Lui-même a oint – non par une huile matérielle, mais par Celui qui est représenté par l’huile: par son Saint Esprit. L’huile d’olive est ainsi, d’une manière toute particulière, symbole de l’imprégnation de l’Homme Jésus par l’Esprit Saint.

     Dans la Messe chrismale du Jeudi Saint, les saintes huiles sont au centre de l’action liturgique. Elles sont consacrées dans la cathédrale par l’Évêque pour toute l’année. Ainsi, expriment-elles aussi l’unité de l’Église garantie par l’Épiscopat, et renvoient-elles au Christ, le vrai «pasteur et gardien de nos âmes», comme l’appelle saint Pierre (cf. 1 P 2,25). Et elles font en même temps l’unité de toute l’année liturgique ancrée dans le mystère du Jeudi Saint. Enfin, elles renvoient au Jardin des Oliviers, dans lequel Jésus a accepté intérieurement sa Passion. Le Jardin des Oliviers est cependant aussi le lieu à partir duquel il est monté vers le Père, il est donc le lieu de la Rédemption: Dieu n’a pas laissé Jésus dans la mort. Jésus vit pour toujours auprès du Père, et c’est bien pour cela qu’il est omniprésent, toujours auprès de nous. Ce double mystère du Mont des Oliviers est aussi toujours ‘actif’ dans l’huile sacramentelle de l’Église. Dans quatre sacrements, l’huile est signe de la bonté de Dieu qui nous touche: dans le Baptême, dans la Confirmation comme Sacrement de l’Esprit Saint, dans les divers degrés du Sacrement de l’Ordre et enfin, dans l’Onction des malades, dans laquelle l’huile nous est offerte, pour ainsi dire, comme remède de Dieu – comme le remède qui, dès à présent, nous rend certains de sa bonté, doit nous fortifier et nous consoler, mais qui, en même temps, renvoie au-delà du moment de la maladie, à la guérison définitive, à la résurrection (cf. Jc 5, 14). Ainsi, l’huile, sous ses différentes formes, nous accompagne tout au long de la vie: à commencer par le catéchuménat et le Baptême jusqu’au moment où nous nous préparons à la rencontre avec le Dieu Juge et Sauveur. Enfin, la Messe chrismale, dans laquelle le signe sacramentel de l’huile nous est présenté comme langage de la création de Dieu, s’adresse de façon particulière à nous, prêtres: elle nous parle du Christ, que Dieu a oint Roi et Prêtre – de Lui qui nous rend participants de son sacerdoce, de son «onction», dans notre Ordination sacerdotale.

     J’aimerais donc essayer d’expliquer encore brièvement le mystère de ce saint signe dans sa relation essentielle avec la vocation sacerdotale. Dans des étymologies populaires, déjà dans l’antiquité, le mot grec ‘elaion’ – huile – s’est relié au mot ‘eleos’ – miséricorde. En réalité, dans les divers sacrements, l’huile consacrée est toujours signe de la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi l’onction pour le sacerdoce signifie toujours aussi la charge de porter la miséricorde de Dieu aux hommes. L’huile de la miséricorde ne devrait jamais manquer dans la lampe de notre vie. Procurons-nous en toujours à temps auprès du Seigneur – dans la rencontre avec sa Parole, dans la réception des Sacrements, dans notre présence priante auprès de Lui.

     À travers l’histoire de la colombe avec le rameau d’olivier, qui annonçait la fin du déluge et ainsi la nouvelle paix de Dieu avec le monde des hommes, non seulement la colombe, mais aussi le rameau d’olivier et l’huile même sont devenus symbole de la paix. Les chrétiens des premiers siècles aimaient orner les tombes de leurs défunts avec la couronne de la victoire et le rameau d’olivier, symbole de la paix. Ils savaient que le Christ a vaincu la mort et que leurs défunts reposaient dans la paix du Christ. Ils se savaient, eux-mêmes, attendus par le Christ qui leur avait promis la paix que le monde n’est pas en mesure de donner. Ils se rappelaient que la première parole du Ressuscité aux siens avait été: «La paix soit avec vous» (Jn 20,19)! Il porte lui-même, pour ainsi dire, le rameau d’olivier, il fait entrer sa paix dans le monde. Il annonce la bonté salvifique de Dieu. Il est notre paix. Les chrétiens devraient donc être des personnes de paix, des personnes qui reconnaissent et vivent le mystère de la Croix comme mystère de la réconciliation. Le Christ ne triomphe pas par l’épée, mais par la Croix. Il triomphe en dépassant la haine. Il triomphe par la force de son plus grand amour. La Croix du Christ exprime le ‘non’ à la violence. Et c’est bien ainsi qu’elle est le signe de la victoire de Dieu qui annonce le nouveau chemin de Jésus. Celui qui souffre a été plus fort que les détenteurs du pouvoir. Dans le don de lui-même sur la Croix, le Christ a vaincu la violence. Comme prêtres, nous sommes appelés à être, dans la communion avec Jésus Christ, des hommes de paix, nous sommes appelés à nous opposer à la violence et à avoir confiance au plus grand pouvoir de l’amour.

     Le fait que l’huile rende fort pour le combat appartient aussi à son symbolisme. Cela ne s’oppose pas au thème de la paix, mais en fait partie. Le combat des chrétiens consistait et consiste, non dans l’usage de la violence, mais dans le fait qu’ils étaient et sont toujours prêts à souffrir pour le bien, pour Dieu. Il consiste dans le fait que les chrétiens, en bons citoyens, respectent le droit et font ce qui est juste et bon. Il consiste dans le fait qu’ils refusent de faire ce qui, dans les dispositions juridiques en vigueur, n’est pas un droit, mais une injustice. Le combat des martyrs résidait dans leur ‘non’ concret à l’injustice: rejetant toute participation au culte idolâtre, à l’adoration de l’empereur, ils ont refusé de se plier au mensonge, à l’adoration de personnes humaines et de leur pouvoir. Avec leur ‘non’ au mensonge et à toutes ses conséquences, ils ont porté haut le pouvoir du droit et de la vérité. Ainsi, ils ont servi la véritable paix. Aujourd’hui encore, il est important pour les chrétiens de suivre le droit qui est le fondement de la paix. Aujourd’hui encore, il est important pour les chrétiens de ne pas accepter une injustice qui est élevée au rang de droit – par exemple, quand il s’agit du meurtre d’enfants innocents qui ne sont pas encore nés. C’est ainsi que nous servons la paix et c’est ainsi que nous nous mettons à suivre les traces de Jésus Christ dont saint Pierre dit: «Couvert d’insultes, il n’insultait pas; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice. Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice» (1 P 2, 23ss).

     Les Pères de l’Église étaient séduits par une parole du Psaume 44 (45) – selon la tradition le Psaume nuptial de Salomon -, qui était relu par les chrétiens comme le Psaume pour les noces du nouveau Salomon, Jésus Christ, avec son Église. Il y est dit au Roi, le Christ: «Tu aimes la justice, tu réprouves le mal. C’est pourquoi, Dieu, ton Dieu t’a donné l’onction d’une huile d’allégresse, comme à nul de tes rivaux» (v. 8). Qu’est-ce que cette huile d’allégresse avec laquelle a été oint le vrai Roi, le Christ? Les Pères n’avaient aucun doute à ce sujet: l’huile d’allégresse est le même Esprit Saint, qui a été répandu sur Jésus Christ. L’Esprit Saint est l’allégresse qui vient de Dieu. De Jésus, cette allégresse se réverse sur nous dans son Évangile, dans la bonne nouvelle que Dieu nous connaît, qu’Il est bon et que sa bonté est un pouvoir au-dessus de tous les pouvoirs; que nous sommes voulus et aimés par Lui. La joie est fruit de l’amour. L’huile d’allégresse, qui a été répandue sur le Christ et de Lui, jusqu’à nous, c’est l’Esprit Saint, le don de l’Amour qui nous rend heureux de l’existence. Puisque nous connaissons le Christ et dans le Christ, le vrai Dieu, nous savons que c’est une bonne chose que d’être un homme. C’est une bonne chose de vivre, parce que nous sommes aimés. Parce que la vérité elle-même est bonne.

     Dans l’Église antique, l’huile consacrée a été considérée, d’une manière particulière, comme signe de la présence de l’Esprit Saint qui, à partir du Christ, se communique à nous. Il est l’huile d’allégresse. Cette allégresse est une chose différente du divertissement ou de la gaieté extérieure que la société moderne désire. Le divertissement, à sa juste place, est certainement une chose bonne et agréable. C’est bien de pouvoir rire. Mais le divertissement n’est pas tout. Il est seulement une petite partie de notre vie, et là où il veut être le tout, il devient un masque derrière lequel se cache le désespoir ou du moins le doute de savoir si la vie est vraiment bonne, ou s’il ne serait peut-être pas mieux ne pas exister que d’exister. Mais la joie qui nous vient du Christ est différente. Elle nous donne l’allégresse, oui, mais elle peut certainement cohabiter avec la souffrance. Elle nous donne la capacité de souffrir et, dans la souffrance, de rester cependant profondément joyeux. Elle nous donne la capacité de partager la souffrance de l’autre et de rendre ainsi perceptible, dans la disponibilité réciproque, la lumière et la bonté de Dieu. Le récit des Actes des Apôtres selon lequel les Apôtres, après que le Sanhédrin les ait faits flageller, étaient «joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus» (Ac 5, 41) me fait toujours réfléchir. Celui qui aime est prêt à souffrir pour la personne aimée et à cause de son amour et il fait ainsi l’expérience d’une joie plus profonde. La joie des martyrs était plus forte que les tourments qui leur étaient infligés. Cette joie, à la fin, a vaincu et a ouvert au Christ les portes de l’histoire. Comme prêtres, nous sommes – comme le dit saint Paul – «collaborateurs de votre joie» (2 Cor 1, 24). Dans le fruit de l’olivier, dans l’huile consacrée, la bonté du Créateur et l’amour du Rédempteur nous touchent. Prions pour que sa joie nous envahisse toujours plus en profondeur et prions pour être capables de la porter encore à un monde qui a si urgemment besoin de la joie qui jaillit de la vérité.

 

 

 

 

 

 

Exhortation Apostolique Verbum Domini, du 30.9.2010

     Que celui qui «vit et crut» (Jn 20, 8) nous aide nous aussi à appuyer notre tête sur la poitrine du Christ (cf. Jn 13, 25), d’où ont jailli du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34), symboles des Sacrements de l’Église. Suivant l’exemple de l’Apôtre Jean et des autres auteurs inspirés, laissons-nous guider par l’Esprit Saint afin de pouvoir aimer toujours plus la Parole de Dieu.

 

     C’est l’Écriture Sainte qui nous montre la présence de l’Esprit Saint dans l’Histoire du Salut et en particulier dans la vie de Jésus, qui a été conçu de la Vierge Marie par l’action de l’Esprit Saint (cf. Mt 1, 18; Lc 1, 35)

 

     Sans l’action efficace de «l’Esprit de vérité» (Jn 14, 16) on ne peut comprendre les paroles du Seigneur.

 

     Comme la Parole de Dieu vient à nous dans le Corps du Christ, dans le Corps eucharistique et dans le Corps des Écritures par l’action de l’Esprit Saint, de même elle ne peut être accueillie et comprise pleinement que grâce à ce même Esprit.

 

     Lorsque s’affaiblit en nous la conscience de son inspiration, on risque de lire l’Écriture comme un objet de curiosité historique et non plus comme l’œuvre de l’Esprit Saint, par laquelle nous pouvons entendre la voix même du Seigneur et connaître sa présence dans l’histoire.

 

 

 

 

 

 

8 décembre 2010 – Méditation Place d’Espagne à Rome

     Ce que nous recevons de Marie est beaucoup plus important que ce que nous lui offrons. En effet, elle nous adresse un message destiné à chacun de nous… Et qu’est-ce que nous dit Marie? Elle nous parle avec la Parole de Dieu, qui s’est faite chair dans son sein. Son «message» n’est autre que Jésus, Lui qui est toute sa vie. C’est grâce à Lui et pour Lui qu’elle est l’Immaculée. Et comme le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous, ainsi elle aussi, sa Mère, a été préservée du péché pour nous, pour tous, comme anticipation du salut de Dieu pour chaque homme. Ainsi, Marie nous dit que nous sommes tous appelés à nous ouvrir à l’action de l’Esprit Saint pour pouvoir parvenir, dans notre destin final, à être immaculés, pleinement et définitivement libérés du mal. Elle nous le dit à travers sa sainteté même, avec un regard plein d’espérance et de compassion, qui évoque des paroles comme celles-ci: «Ne crains rien, mon fils, Dieu t’aime; il t’aime personnellement; il t’a pensé avant que tu ne viennes au monde et il t’a appelé à l’existence pour te combler d’amour et de vie; et c’est pour cela qu’il est venu à ta rencontre, qu’il s’est fait comme toi, qu’il est devenu Jésus, Dieu-Homme, en tout semblable à toi, mais sans le péché; il s’est donné lui-même pour toi, jusqu’à mourir sur la croix, et ainsi il t’a donné une vie nouvelle, libre, sainte et immaculée» (cf. Ep 1, 3-5).

 

 

 

 

 

 

 

2011

 

5 juin 2011 – Homélie de la Messe à Zagreb

     Nous avons célébré, il y a peu, l’Ascension du Seigneur et nous nous préparons à recevoir le grand don du Saint-Esprit. Dans la première lecture, nous avons vu comment la communauté apostolique était réunie en prière dans le Cénacle avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 12-14). C’est là un portrait de l’Église qui plonge ses racines dans l’événement pascal : le Cénacle, en effet, est le lieu où Jésus institua l’Eucharistie et le Sacerdoce, au cours de la Dernière Cène, et où, ressuscité des morts, il répandit l’Esprit Saint sur ses Apôtres le soir de Pâques (cf. Jn 20, 19-23). A ses disciples, le Seigneur avait ordonné « de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4) ; il avait plutôt demandé qu’ils restent ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Et ils se réunirent pour prier avec Marie au Cénacle dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14). Rester ensemble fut la condition mise par Jésus pour accueillir la venue du Paraclet, et la prière prolongée fut la condition nécessaire de leur concorde. Nous trouvons ici une formidable leçon pour chaque communauté chrétienne. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend principalement d’une programmation consciencieuse et de son intelligente mise en œuvre par un engagement concret. Certes, le Seigneur demande notre collaboration, mais avant n’importe quelle réponse de notre part, son initiative est nécessaire : c’est son Esprit le vrai protagoniste de l’Église, à invoquer et à accueillir.

 

13 juin 2011 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     L’âme emplie de reconnaissance envers le Seigneur, nous nous retrouvons dans cette basilique Saint-Jean-de-Latran pour l’ouverture du congrès diocésain annuel. Nous rendons grâce à Dieu qui nous permet ce soir de faire nôtre l’expérience de la première communauté chrétienne, qui «n’avait qu’un cœur et qu’une âme» (Ac 4, 32).

     Depuis plusieurs années désormais, notre diocèse est engagé à réfléchir sur la transmission de la foi. Il me revient à l’esprit que, précisément dans cette basilique, dans une intervention au cours du synode romain, je citai les paroles que m’avait écrites Hans Urs von Balthasar dans une petite lettre: «La foi ne doit jamais être présupposée, mais proposée». Et il en est ainsi. La foi ne se conserve pas par elle-même dans le monde, elle ne se transmet pas automatiquement dans le cœur de l’homme, mais elle doit être toujours annoncée. Et l’annonce de la foi, à son tour, pour être efficace, doit partir d’un cœur qui croit, qui espère, qui aime, un cœur qui adore le Christ et croit dans la force de l’Esprit Saint! Il en fut ainsi depuis le commencement, comme le rappelle l’épisode biblique choisi pour éclairer cette analyse pastorale. Il est tiré du deuxième chapitre des Actes des Apôtres, dans lequel saint Luc, immédiatement après avoir raconté l’événement de la descente de l’Esprit Saint à Pentecôte, rapporte le premier discours que saint Pierre adressa à tous. La profession de foi placée en conclusion du discours — «Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié» (Ac 2, 36) — est l’annonce joyeuse que l’Eglise depuis des siècles ne cesse de répéter à chaque homme.

     A cette annonce — lit-on dans les Actes des Apôtres — tous «eurent le cœur transpercé» (2, 37). Cette réaction fut certainement engendrée par la grâce de Dieu: tous comprirent que cette proclamation réalisait les promesses et faisait désirer à chacun la conversion et le pardon de ses propres péchés. Les paroles de Pierre ne se limitaient pas à une simple annonce de faits, elles en montraient la signification, en rattachant la vie de Jésus aux promesses de Dieu, aux attentes d’Israël et, donc, à celles de tout homme. Le peuple de Jérusalem comprit que la résurrection de Jésus était en mesure et continue d’être en mesure d’illuminer l’existence humaine. Et en effet, de cet événement est née une nouvelle compréhension de la dignité de l’homme et de son destin éternel, de la relation entre l’homme et la femme, de la signification ultime de la douleur, de l’engagement dans la construction de la société. La réponse de la foi naît lorsque l’homme découvre, par la grâce de Dieu, que croire signifie trouver la vraie vie, la «pleine vie». L’un des grands Pères de l’Eglise, saint Hilaire de Poitiers, a écrit qu’il était devenu croyant au moment où il comprit, en écoutant l’Evangile, que pour une vie véritablement heureuse, aussi bien la possession, que la jouissance tranquille des choses étaient insuffisantes et qu’il y avait quelque chose de plus important et de plus précieux: la connaissance de la vérité et la plénitude de l’amour données par le Christ (cf. De Trinitate 1, 2).

     Chers amis, l’Eglise, chacun de nous, doit porter dans le monde cette heureuse nouvelle que Jésus est le Seigneur, Celui dans lequel la proximité et l’amour de Dieu pour chaque homme et chaque femme, et pour l’humanité tout entière, se sont faits chair. Cette annonce doit résonner à nouveau dans les régions d’antique tradition chrétienne. Le bienheureux Jean-Paul II a parlé de la nécessité d’une nouvelle évangélisation adressée à ceux qui, tout en ayant déjà entendu parler de la foi, n’apprécient plus, ne connaissent plus la beauté du christianisme, et le considèrent même parfois comme un obstacle pour atteindre le bonheur. C’est pourquoi je souhaite aujourd’hui répéter ce que j’avais dit aux jeunes lors de la Journée mondiale de la jeunesse à Cologne: «Le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l’Eucharistie»!

     Si les hommes oublient Dieu, c’est aussi parce que, souvent, on réduit la personne de Jésus à un homme sage et sa divinité s’en trouve diminuée, voire niée. Cette manière de penser empêche de saisir la nouveauté radicale du christianisme, parce que si Jésus n’est pas le Fils unique du Père, alors Dieu n’est pas non plus venu visiter l’histoire de l’homme, nous n’avons que des idées humaines de Dieu. L’incarnation, en revanche, appartient au cœur de l’Evangile! Que grandisse donc l’engagement pour une saison renouvelée d’évangélisation, qui n’est pas une tâche réservée à quelques-uns, mais qui est celle de tous les membres de l’Eglise. L’évangélisation nous fait savoir que Dieu est proche: Dieu nous est montré. En ce moment de l’histoire, n’est-ce pas là la mission que le Seigneur nous confie: annoncer la nouveauté permanente de l’Evangile, comme Pierre et Paul lorsqu’ils arrivèrent dans notre ville? Ne devons-nous pas nous aussi aujourd’hui montrer la beauté et le caractère raisonnable de la foi, apporter la lumière de Dieu à l’homme de notre temps, avec courage, avec conviction, avec joie? Nombreuses sont les personnes qui n’ont pas encore rencontré le Seigneur: il faut leur consacrer un soin pastoral particulier. A côté des enfants et des jeunes de familles chrétiennes qui demandent de parcourir les itinéraires de l’initiation chrétienne, il y a les adultes qui n’ont pas reçu le baptême, ou qui se sont éloignés de la foi et de l’Eglise. C’est une attention pastorale aujourd’hui plus que jamais urgente, qui exige de s’engager avec confiance, soutenus par la certitude que la grâce de Dieu œuvre toujours, aujourd’hui encore, dans le cœur de l’homme. Moi-même j’ai la joie de baptiser chaque année, au cours de la Veillée pascale, des jeunes et des adultes, et de les incorporer dans le Corps du Christ, dans la communion avec le Seigneur et ainsi, dans la communion avec l’amour de Dieu.

     Mais qui est le messager de cette bonne nouvelle? Le baptisé l’est certainement. Et par dessus tout, les parents, auxquels revient le devoir de demander le baptême pour leurs enfants. Combien est grand ce don que la liturgie appelle «porte de notre salut, début de la vie dans le Christ, source de l’humanité nouvelle» (Préface du Baptême)! Tous les pères et les mères sont appelés à coopérer avec Dieu à la transmission du don inestimable de la vie, mais également à faire connaître Celui qui est la Vie et la vie n’est pas réellement transmise si l’on ne connaît pas également le fondement et la source éternelle de la vie. Chers parents, l’Eglise, en tant que mère attentive, entend vous soutenir dans votre devoir fondamental. Depuis leur plus jeune âge, les enfants ont besoin de Dieu, car dès le début, l’homme a besoin de Dieu et ils ont la capacité de percevoir sa grandeur; ils savent apprécier la valeur de la prière — du dialogue avec ce Dieu — et des rites, de même que percevoir la différence entre le bien et le mal. Sachez, alors, les accompagner dans la foi, dans cette connaissance de Dieu, dans cette amitié avec Dieu, dans cette connaissance de la différence entre le bien et le mal. Accompagnez-les dans la foi dès leur plus jeune âge.

     De plus, comment cultiver le germe de la vie éternelle au fur et à mesure que l’enfant grandit? Saint Cyprien nous le rappelle: «Personne ne peut avoir Dieu pour Père, s’il n’a pas l’Eglise pour Mère». C’est pourquoi, nous ne disons pas mon Père, mais Notre Père, car ce n’est que dans le «nous» de l’Eglise, des frères et sœurs, que nous sommes des fils. Depuis toujours, la communauté chrétienne a accompagné la formation des enfants et des jeunes, en les aidant non seulement à comprendre à travers l’intelligence les vérités de la foi, mais également à vivre des expériences de prière, de charité et de fraternité. La parole de la foi risque de demeurer muette si elle ne trouve pas une communauté qui la met en pratique, en la rendant vivante et attirante, comme une expérience de la réalité de la vie véritable. Aujourd’hui encore, les aumôneries, les camps d’adolescents, les petites et grandes expériences de service sont une aide précieuse pour les adolescents qui parcourent le chemin de l’initiation chrétienne, en vue de développer un engagement cohérent de vie. J’encourage donc à parcourir cette voie qui fait découvrir l’Evangile non pas comme une utopie, mais comme la forme pleine et réelle de l’existence. Tout cela doit être proposé en particulier à ceux qui se préparent à recevoir le sacrement de la confirmation, afin que le don de l’Esprit Saint confirme la joie d’être engendrés comme fils de Dieu. Je vous invite donc à vous consacrer avec passion à la redécouverte de ce sacrement, afin que ceux qui sont déjà baptisés puissent recevoir comme don de Dieu le sceau de la foi et deviennent pleinement témoins du Christ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2012

 

2 avril 2012 – Rencontre avec des jeunes espagnols, suite aux JMJ

     Chers amis, cette splendide rencontre n’a pu avoir lieu qu’à la lumière de la présence de l’Esprit Saint dans l’Eglise. Celui-ci ne cesse de diffuser le courage dans les cœurs, et nous conduit constamment sur la place publique de l’histoire, comme lors de la Pentecôte, pour témoigner des merveilles de Dieu. Vous êtes appelés à coopérer à ce devoir passionnant et il vaut la peine de s’y consacrer sans réserve. Le Christ a besoin de vous à ses côtés pour étendre et édifier son Royaume de charité. Cela ne sera possible que si vous le considérez comme le meilleur des amis et que vous témoignez de lui en menant une vie selon l’Evangile, avec courage et fidélité.

 

 

16 avril 2012 – Homélie de la Messe de son 85ème anniversaire

     Le jour même où je suis né, grâce à la bienveillance de mes parents, je suis aussi rené par l’eau et par l’Esprit. En premier lieu, il y a le don de la vie que mes parents m’ont fait à une époque très difficile, et pour lequel je dois les remercier. Mais il n’est pas évident que la vie de l’homme soit un don en soi. Peut-elle vraiment être un beau don? Savons-nous ce qui pèse sur l’homme à cette époque sombre qui s’ouvre à lui — également à l’époque plus lumineuse qui pourra venir? Pouvons-nous prévoir quelles difficultés, quels événements terribles il affrontera? Est-il juste de donner la vie ainsi, simplement? Cela est-il responsable ou trop incertain? Il s’agit d’un don problématique, s’il reste tel quel. La vie biologique en soi est un don, et pourtant elle est entourée par une profonde question. Elle ne devient un vrai don que si, avec celle-ci, on peut donner une promesse qui est plus forte que toute mésaventure qui peut nous menacer, si celle-ci est plongée dans une force qui garantit que cela est un bien d’être homme, que pour cette personne, tout ce que l’avenir apporte est un bien. Ainsi, à la naissance doit être associée la renaissance, la certitude que, en vérité, c’est un bien d’être là, car la promesse est plus forte que les menaces. Tel est le sens de la renaissance de l’eau et de l’Esprit: être plongés dans la promesse que Dieu seul peut faire: c’est un bien que tu sois là, et tu peux en être certain, quoi qu’il arrive. J’ai pu vivre de cette certitude, rené de l’eau et de l’esprit. Nicodème demande au Seigneur: «Un vieux peut-il renaître?». Or, la renaissance nous est donnée dans le baptême, mais nous devons sans cesse croître dans celle-ci, nous devons toujours à nouveau nous laisser plonger par Dieu dans sa promesse, pour être vraiment renés dans la nouvelle grande famille de Dieu qui est plus forte que toutes les faiblesses et que toutes les puissances négatives qui nous menacent. C’est pourquoi aujourd’hui est un jour de grande action de grâces.

 

16 mai 2012 – Audience Générale

     Dans les dernières catéchèses, nous avons réfléchi sur la prière dans les Actes des Apôtres et aujourd’hui, je voudrais commencer à parler de la prière dans les Lettres de saint Paul, l’apôtre des gentils. J’aimerais, avant tout, faire remarquer que ce n’est pas un hasard si ses Lettres sont introduites et se concluent par l’expression d’une prière : au début, l’action de grâce et la louange, et, à la fin, le vœu que la grâce de Dieu guide le chemin des communautés auxquelles s’adresse la lettre. Entre la formule d’ouverture « d'abord je remercie mon Dieu par Jésus Christ » (Rm 1, 8) et le souhait final : « La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous ! » (1 Co 16, 23), c’est tout le contenu des Lettres de l’apôtre qui se déploie. La prière de saint Paul manifeste une grande richesse de formes qui vont de l’action de grâce à la bénédiction, de la louange à la demande et à l’intercession, de l’hymne à la supplique : toute une gamme d’expressions qui montre comment la prière implique et pénètre toutes les situations de la vie, qu’elles soit personnelles ou celles de la communauté à laquelle il s’adresse.

     Un premier élément que l’apôtre veut nous faire comprendre est que la prière ne doit pas être vue comme une simple bonne œuvre que nous accomplissons pour Dieu, comme notre propre action.      C’est avant tout un don, fruit de la présence vivante, vivifiante du Père et de Jésus-Christ en nous. Ainsi il écrit, dans la Lettre aux Romains : « Pareillement l'Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (8, 26). Et nous savons combien cette parole de l’apôtre est vraie : « Nous ne savons que demander pour prier comme il faut ». Nous voulons prier, mais Dieu est loin, nous n’avons pas les paroles, le langage, pour parler à Dieu, ni même la pensée. Nous pouvons seulement nous ouvrir, mettre notre temps à la disposition de Dieu, attendre qu’il nous aide lui-même à entrer dans un vrai dialogue.

     L’apôtre dit : ce manque de paroles, cette absence de paroles, mais aussi ce désir d’entrer en contact avec Dieu, voilà précisément une prière que l’Esprit-Saint non seulement comprend, mais porte et interprète auprès de Dieu. Notre faiblesse devient justement, par l’intermédiaire de l’Esprit-Saint, une véritable prière, un véritable contact avec Dieu. L’Esprit-Saint est quasiment l’interprète qui nous fait comprendre, à nous comme à Dieu, ce que nous voulons dire.

     Dans la prière, plus encore que dans les autres dimensions de notre existence, nous faisons l’expérience de notre faiblesse, de notre pauvreté, de notre nature créée, puisque nous sommes mis face à la toute-puissance et à la transcendance de Dieu. Et plus nous progressons dans l’écoute et dans le dialogue avec Dieu, pour que la prière devienne la respiration quotidienne de notre âme, plus nous percevons le sens de nos limites, non seulement devant les situations concrètes de tous les jours, mais aussi dans notre relation avec le Seigneur. C’est alors que grandit en nous le besoin de lui faire confiance, de nous en remettre toujours davantage à lui ; nous comprenons que « nous ne savons que demander pour prier comme il faut » (Rm 8, 26).

     Et c’est l’Esprit-Saint qui vient en aide à notre incapacité, qui éclaire notre esprit et qui réchauffe notre cœur, nous poussant à nous tourner vers Dieu. Pour saint Paul, la prière est surtout l’œuvre de l’Esprit dans notre humanité, qui assume notre faiblesse et transforme, d’hommes liés aux réalités matérielles en hommes spirituels. Dans la Première Lettre aux Corinthiens, l’apôtre dit : « Or, nous n'avons pas reçu, nous, l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, pour connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits.Et nous en parlons non pas avec des discours enseignés par l'humaine sagesse, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles » (2, 12-13). En habitant notre fragilité humaine, l’Esprit-Saint nous change, intercède pour nous et nous élève jusqu’à Dieu (cf. Rm 8, 26).

     Notre union au Christ se réalise par cette présence de l’Esprit-Saint, puisqu’il s’agit de l’Esprit du Fils de Dieu, en qui nous sommes devenus fils. Saint Paul parle de l’Esprit du Christ (cf. Rm 8, 9), pas seulement de l’Esprit de Dieu. C’est évident : si le Christ est le Fils de Dieu, son Esprit est aussi l’Esprit de Dieu ; ainsi, si l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Christ, s’est fait proche de nous par le passé dans le Fils de Dieu et Fils de l’homme, l’Esprit de Dieu devient aussi un esprit humain et nous touche ; nous pouvons entrer dans la communion de l’Esprit. C’est comme s’il disait que non seulement Dieu le Père s’est rendu visible dans l’incarnation du Fils, mais aussi l’Esprit de Dieu se manifeste dans la vie et dans l’action de Jésus, de Jésus-Christ, qui a vécu, a été crucifié, est mort et ressuscité. L’apôtre rappelle que « nul ne peut dire : "Jésus est Seigneur", s'il n'est avec l'Esprit Saint » (1 Co 12, 3). L’Esprit oriente donc notre cœur vers Jésus-Christ, de sorte que « ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ qui vit en nous » (cf. Ga 2, 20). Dans ses Catéchèses sur les Sacrements, réfléchissant sur l’Eucharistie, saint Ambroise affirme : « Celui qui s’enivre de l’Esprit est enraciné dans le Christ » (5, 3, 17 : PL 16, 450).

     Je voudrais maintenant mettre en évidence trois conséquences pour notre vie chrétienne, lorsque nous laissons agir en nous non pas l’esprit du monde, mais l’Esprit du Christ comme principe intérieur de toutes nos actions.

     Avec la prière animée par l’Esprit-Saint, nous sommes tout d’abord mis en condition d’abandonner et de surpasser toute forme de peur ou d’esclavage, en vivant la liberté authentique des enfants de Dieu. Sans la prière qui alimente chaque jour notre être dans le Christ, dans une intimité croissante, nous nous trouvons dans la condition décrite par saint Paul dans la Lettre aux Romains : nous ne faisons pas le bien que nous voulons, mais le mal que nous ne voulons pas (cf. Rm 7, 19). Et c'est l’expression de l’aliénation de l’être humain, de la destruction de notre liberté, à cause de notre condition d’être marqué par le péché originel : nous voulons le bien que nous ne faisons pas et nous faisons ce que nous ne voulons pas, le mal.

     L’apôtre veut faire comprendre que ce n’est pas avant tout notre volonté qui nous libère de ces conditions, ni la Loi, mais l’Esprit-Saint. Et puisque « où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17), avec la prière, nous faisons l’expérience de la liberté donnée par l’Esprit : une liberté authentique, qui est une liberté par rapport au mal et au péché, pour le bien et pour la vie, pour Dieu. La liberté de l’Esprit, continue saint Paul, ne s’identifie jamais ni avec le libertinage, ni avec la possibilité de faire le choix du mal, mais plutôt avec le « le fruit de l'Esprit [qui] est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres,douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22). Voilà la vraie liberté : pouvoir réellement suivre son désir du bien, de la vraie joie, de la communion avec Dieu sans se laisser asservir par les circonstances qui nous attirent vers d’autres directions.

     Une seconde conséquence se vérifie dans notre vie, quand nous laissons agir en nous l’Esprit du Christ : la relation avec Dieu elle-même devient tellement profonde qu’elle ne se laisse affecter par aucune réalité ou situation. Nous comprenons alors qu’avec la prière nous ne sommes pas libérés de l’épreuve et de la souffrance, mais nous pouvons les vivre en union avec le Christ, avec ses souffrances, dans la perspective de participer aussi à sa gloire (cf. Rm 8, 17). Souvent, dans notre prière, nous demandons à Dieu d’être libérés du mal physique ou spirituel, et nous le faisons avec une grande confiance. Pourtant, nous avons souvent l’impression de ne pas être écoutés et nous risquons alors de nous décourager et de ne pas persévérer. En réalité, il n’y a pas un cri humain qui ne soit écouté par Dieu et, dans la prière constante et fidèle, nous comprenons justement avec saint Paul que « les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8, 18).

     La prière ne nous épargne pas les épreuves et la souffrance ; au contraire, nous « gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps » (Rm 8, 24), dit saint Paul ; il dit que la prière ne nous épargne pas la souffrance mais elle nous permet de la vivre et de l’affronter avec une force nouvelle, avec la même confiance que Jésus qui, selon la Lettre aux Hébreux, « aux jours de sa chair, [a] présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et a été exaucé en raison de sa piété » (5, 7). La réponse de Dieu le Père à son Fils, à ses cris et à ses larmes, n’a pas été la libération des souffrances, de la croix, de la mort, mais un exaucement encore plus grand, une réponse beaucoup plus profonde ; à travers la croix et la mort, Dieu a répondu par la résurrection de son Fils, par une vie nouvelle. La prière animée par l’Esprit-Saint nous porte, nous aussi, à vivre chaque jour le chemin de notre vie avec ses épreuves et ses souffrances, dans la pleine espérance, dans la confiance en Dieu qui répond comme il a répondu à son Fils.

     Troisième point, la prière du croyant s’ouvre aussi aux dimensions de l’humanité et de tout le créé, assumant la « création en attente [qui] aspire à la révélation des enfants de Dieu » (Rm 8, 19). Cela signifie que la prière, soutenue par l’Esprit du Christ qui parle à l’intime de notre cœur, ne reste jamais fermée sur elle-même, n’est jamais seulement une prière pour moi, mais elle s’élargit au partage des souffrances de notre temps, des autres. Elle devient intercession pour les autres et, me libérant de moi-même, canal d’espérance pour toute la création, expression de cet amour de Dieu qui est répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). Et ceci est justement le signe d’une véritable prière, qui n’aboutit pas en nous-mêmes, mais qui s’ouvre aux autres et, ainsi, me libère et participe à la rédemption du monde.

     Chers frères et sœurs, saint Paul nous enseigne que, dans notre prière, nous devons nous ouvrir à la présence de l’Esprit-Saint, qui prie en nous par des gémissements inexprimables, pour nous amener à adhérer à Dieu de tout notre cœur et de tout notre être. L’Esprit du Christ devient la force de notre « faible » prière, la lumière de notre prière « éteinte », le feu de notre prière « aride », et nous donne la vraie liberté intérieure, nous enseignant à vivre en affrontant les épreuves de l’existence, dans l’assurance que nous ne sommes pas seuls, nous ouvrant aux horizons de l’humanité et de la création qui « gémit en travail d'enfantement » (Rm 8, 22).

 

 

23 mai 2012 – Audience Générale

     Saint Paul dit que l’Esprit Saint est le grand maître de la prière et nous enseigne à nous adresser à Dieu à travers les termes affectueux des enfants, en l’appelant « Abbà, Père ». C’est ce qu’a fait Jésus ; même dans les moments les plus dramatiques de sa vie terrestre, Il n’a jamais perdu la confiance dans le Père et l’a toujours invoqué à travers l’intimité du Fils bien-aimé. Au Gethsémani, lorsqu’il sent l’angoisse de la mort, sa prière est : « Abba... Père, tout est possible pour toi. Eloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36).

      Dès les premiers pas de son chemin, l’Eglise a accueilli cette invocation et l’a faite sienne, en particulier dans la prière du Notre Père, dans laquelle nous disons chaque jour : « Notre Père, qui es aux cieux... que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 9-10). Dans les lettres de saint Paul, nous la retrouvons par deux fois. L’apôtre, nous venons de l’entendre, s’adresse aux Galates à travers ces paroles : « Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l'Esprit de son Fils est dans nos cœurs, et il crie vers le Père en l'appelant “Abba !” » (Ga 4, 6). Et au centre de ce chant à l’Esprit Saint qui est le chapitre huit de la Lettre aux Romains, saint Paul affirme : « L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : “Abba !” » (Rm 8, 15). Le christianisme n’est pas une religion de la peur, mais de la confiance et de l’amour au Père qui nous aime. Ces deux affirmations denses nous parlent de l’envoi et de l’accueil du Saint Esprit, le don du Ressuscité, qui fait de nous des fils dans le Christ, le Fils unique, et nous place dans une relation filiale avec Dieu, une relation de profonde confiance, comme celle des enfants ; une relation filiale semblable à celle de Jésus, même si son origine et son importance sont différentes : Jésus est le Fils éternel de Dieu qui s’est fait chair, en revanche, nous devenons fils en Lui, dans le temps, à travers la foi et les sacrements du baptême et de la confirmation ; grâce à ces deux sacrements, nous sommes plongés dans le Mystère pascal du Christ. L’Esprit Saint est le don précieux et nécessaire qui fait de nous des fils de Dieu, qui réalise cette adoption filiale à laquelle sont appelés tous les êtres humains car, comme le précise la bénédiction divine de la Lettre aux Ephésiens, Dieu, dans le Christ, « nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l'amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ » (Ep 1, 4).

     L’homme d’aujourd’hui ne perçoit sans doute pas la beauté, la grandeur et le réconfort profond contenus dans le mot « père », par lequel nous pouvons nous adresser à Dieu dans la prière, parce qu’aujourd’hui, la figure paternelle n’est souvent pas suffisamment présente et souvent, elle n’est pas assez positive dans la vie quotidienne. L’absence du père, le problème d’un père non présent dans la vie de l’enfant est un grand problème de notre temps, parce qu’il devient difficile de comprendre dans sa profondeur ce que veut dire que Dieu est Père pour nous. De Jésus lui-même, de sa relation filiale avec Dieu, nous pouvons apprendre ce que signifie véritablement « père », quelle est la véritable nature du Père qui est dans les cieux. Des critiques de la religion ont dit que parler du « Père », de Dieu, serait une projection de nos pères au ciel. Mais c’est le contraire qui est vrai : dans l’Évangile, le Christ nous montre qui est le père et comment doit être un véritable père, afin que nous puissions comprendre la véritable paternité, apprendre également la véritable paternité. Pensons aux paroles de Jésus dans le sermon sur la montagne, où il dit : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 44-45). C’est précisément l’amour de Jésus, le Fils unique — qui parvient au don de soi sur la croix — qui nous révèle la véritable nature du Père : Il est l’Amour, et nous aussi, dans notre prière de fils, nous entrons dans ce circuit d’amour, amour de Dieu qui purifie nos désirs, nos comportements marqués par la fermeture, la suffisance, l’égoïsme typique de l’homme ancien. Nous pourrions donc dire qu’en Dieu, la nature de Père possède deux dimensions. Tout d’abord, Dieu est notre Père, parce qu’il est notre Créateur. Chacun de nous, chaque homme et chaque femme est un miracle de Dieu, il est voulu par Lui et Dieu le connaît personnellement. Lorsque dans le Livre de la Genèse, on dit que l’être humain est créé à l’image de Dieu (cf. 1, 27), on veut exprimer précisément cette réalité : Dieu est notre père, pour Lui, nous ne sommes pas des êtres anonymes, impersonnels, mais nous avons un nom. Il y a une phrase dans les Psaumes qui me touche toujours, lorsque je la prie : « Tes mains m'ont fait » dit le psalmiste (Ps 119, 73). Chacun de nous peut dire, dans cette belle image, la relation personnelle avec Dieu : « Tes mains m'ont fait, tu m’a pensé et créé et voulu ». Mais cela ne suffit pas encore. L’Esprit du Christ nous ouvre à une deuxième dimension de la paternité de Dieu, au-delà de la création, car Jésus est le « Fils » au sens plénier, « de la même substance que le Père », comme nous professons dans le Credo. En devenant un être humain comme nous, à travers l’Incarnation, la Mort et la Résurrection, Jésus nous accueille à son tour dans son humanité et dans sa condition même de Fils; ainsi, nous pouvons entrer nous aussi dans son appartenance spécifique à Dieu. Assurément, notre condition de fils de Dieu ne possède pas la même plénitude que Jésus ; nous devons le devenir toujours davantage, le long du chemin de toute notre existence chrétienne, en grandissant à la suite de Jésus, dans la communion avec Lui pour entrer toujours plus intimement dans la relation d’amour avec Dieu le Père, qui soutient la nôtre et donne son sens véritable à la vie. C’est cette réalité fondamentale qui nous est révélée quand nous nous ouvrons à l’Esprit Saint et Il nous fait nous adresser à Dieu en lui disant : « Abbà ! , Père ! ». Nous sommes réellement allés au-delà de la création dans l’adoption avec Jésus; unis, nous sommes réellement en Dieu et fils d’une manière nouvelle, dans une dimension nouvelle.

     Dans la Lettre aux Galates l’apôtre affirme que l’Esprit crie en nous « Abbà ! Père ! » ; dans la Lettre aux Romains, il dit que c’est nous qui nous écrions « Abbà ! Père ! ». Et saint Paul veut nous faire comprendre que la prière chrétienne n’est jamais, n’a jamais lieu en sens unique allant de nous à Dieu, ce n’est pas seulement une «action à nous», mais elle est l’expression d’une relation réciproque dans laquelle Dieu agit le premier : c’est l’Esprit Saint qui crie en nous, et nous pouvons crier car l’impulsion vient de l’Esprit Saint. Nous ne pourrions pas prier si n’était pas inscrit dans la profondeur de notre cœur le désir de Dieu, notre condition de fils de Dieu. Depuis qu’il existe, l’homo sapiens est toujours à la recherche de Dieu, il cherche à parler avec Dieu, car Dieu s’est inscrit lui-même dans nos cœurs. La première initiative vient donc de Dieu et, avec le baptême, Dieu agit à nouveau en nous, l’Esprit Saint agit en nous; il est le premier initiateur de la prière pour que nous puissions réellement parler avec Dieu et dire « Abbà » à Dieu. Sa présence ouvre donc notre prière et notre vie, elle ouvre aux horizons de la Trinité et de l’Église.

     La prière de l’Esprit du Christ en nous et la nôtre en Lui, n’est pas seulement un acte individuel, mais un acte de l’Église tout entière. En priant, notre cœur s’ouvre, nous entrons en communion non seulement avec Dieu, mais précisément avec tous les fils de Dieu, car nous sommes une seule chose. Quand nous nous adressons au Père dans notre intimité, dans le silence et le recueillement, nous ne sommes jamais seuls. Celui qui parle avec Dieu n’est pas seul. Nous sommes dans la grande prière de l’Église, nous sommes une partie d’une grande symphonie que la communauté chrétienne qui est présente dans toutes les parties de la terre à chaque époque élève à Dieu ; certes, les musiciens et les instruments sont différents — et cela est un élément de richesse —, mais la mélodie de louange est unique et en harmonie. Alors, chaque fois que nous disons : « Abbà ! Père ! » c’est l’Église, toute la communion des hommes en prière qui soutient notre invocation et notre invocation est l’invocation de l’Église. Cela se reflète également dans la richesse des charismes, des ministères, des tâches, que nous accomplissons dans la communauté. Saint Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Les dons de la grâce sont variés, mais c'est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l'Église sont variées, mais c'est toujours le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c'est toujours le même Dieu qui agit en tous » (1 Co 12, 4-6). La prière guidée par l’Esprit Saint, qui nous fait dire « Abbà ! Père ! » avec le Christ et en Christ, nous insère dans l’unique grande mosaïque de la famille de Dieu, dans laquelle chacun a une place et un rôle important, en profonde unité avec le tout.

     Nous apprenons à crier « Abbà ! Père ! » également avec Marie, la Mère du Fils de Dieu. L’accomplissement de la plénitude du temps, dont parle saint Paul dans la Lettre aux Galates (cf. 4, 4), a lieu au moment du « oui » de Marie, de sa pleine adhésion à la volonté de Dieu : « Me voici, je suis la servante du Seigneur » (Lc 1, 38).

      Apprenons à goûter dans notre prière la beauté d’être des amis, ou plutôt des fils de Dieu, de pouvoir l’invoquer avec la familiarité et la confiance qu’un enfant éprouve envers ses parents qui l’aiment. Ouvrons notre prière à l’action de l’Esprit Saint pour qu’en nous, il s’écrie à Dieu « Abba ! Père ! » et pour que notre prière change, convertisse constamment notre manière de penser, notre action, pour la rendre toujours plus conforme à celle du Fils unique, Jésus Christ. Merci.

 

 

26 mai 2012 – Audience au Renouveau charismatique

      Je suis heureux de vous rencontrer en cette veille de Pentecôte, une fête fondamentale pour l’Eglise et très significative pour votre mouvement, et je vous exhorte à accueillir l’amour de Dieu qui se communique à nous grâce au don de l’Esprit Saint, principe unificateur de l’Eglise. Pendant ces décennies — quarante ans —, vous vous êtes efforcés d’offrir votre contribution spécifique à la diffusion du Royaume de Dieu et à l’édification de la communauté chrétienne, en nourrissant la communion avec le Successeur de Pierre, avec les pasteurs et avec toute l’Eglise. Vous avez affirmé de différentes façons le primat de Dieu auquel nous devons notre adoration, toujours et par-dessus tout. Et vous avez cherché à proposer cette expérience aux nouvelles générations, en manifestant la joie de la vie nouvelle dans l’Esprit, grâce à une vaste opération de formation et de multiples activités liées à la nouvelle évangélisation et à la missio ad gentes. Votre œuvre apostolique a ainsi contribué à la croissance de la vie spirituelle dans le tissu ecclésial et social italien, à travers des chemins de conversion qui ont conduit de nombreuses personnes à être profondément guéries par l’amour de Dieu, et de nombreuses familles à surmonter des périodes de crise. Dans vos groupes, des jeunes ont généreusement répondu à la vocation d’une consécration spéciale à Dieu dans le sacerdoce ou dans la vie consacrée. Je rends grâce à vous et au Seigneur pour tout cela!

     Chers amis, continuez à témoigner de la joie de la foi dans le Christ, de la beauté d’être des disciples de Jésus, de la puissance d’amour que son Evangile libère dans l’histoire, ainsi que de l’incomparable grâce dont tout chrétien peut faire l’expérience dans l’Eglise par la pratique sanctifiante des sacrements et l’exercice humble et désintéressé des charismes, qui, comme le dit saint Paul, doivent être toujours exercés pour le bien commun. Ne cédez pas à la tentation de la médiocrité et de l’habitude! Cultivez dans votre âme des désirs élevés et généreux! Que les pensées, les sentiments, les actions de Jésus deviennent les vôtres! Oui, le Seigneur appelle chacun de vous à être des collaborateurs inlassables de son dessein de salut qui transforme les cœurs. Il a aussi besoin de vous pour faire de vos familles, de vos communautés et de vos villes des lieux d’amour et d’espérance.

     Nous vivons dans la société actuelle une situation sous certains aspects précaire, caractérisée par l’insécurité et par la fragmentation des choix. On manque souvent de points de référence valables auxquels inspirer son existence. Il devient par conséquent de plus en plus important de construire l’édifice de la vie et l’ensemble des relations sociales sur le roc stable de la Parole de Dieu, en se laissant conduire par le Magistère de l’Eglise. On comprend de plus en plus la valeur déterminante de cette affirmation de Jésus: «Quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n’a pas croulé: c’est qu’elle avait été fondée sur le roc» (Mt 7, 24-25).

     Le Seigneur est avec nous, il agit par la force de son Esprit. Il nous invite à grandir dans la confiance et dans l’abandon à sa volonté, dans la fidélité à notre vocation et dans l’engagement à devenir des adultes dans la foi, dans l’espérance et dans la charité. L’adulte, selon l’Evangile, ce n’est pas celui qui n’est soumis à personne et n’a besoin de personne. Seul celui qui se fait petit, humble et serviteur devant Dieu et qui ne suit pas seulement les courants de l’époque peut être adulte, c’est-à-dire mûr et responsable. Il est par conséquent nécessaire de former les consciences à la lumière de la Parole de Dieu et donner ainsi fermeté et une véritable maturité; la Parole de Dieu où tout projet ecclésial et humain tire son sens et son impulsion, même en ce qui concerne l’édification de la cité terrestre (cf. Ps 127, 1). Il faut renouveler l’âme des institutions et féconder l’histoire par des semences de vie nouvelle. Aujourd’hui, les croyants sont appelés à un témoignage de foi convaincu, sincère et crédible, étroitement uni à l’engagement de la charité. En effet, grâce à la charité, même des personnes qui sont éloignées du message de l’Evangile, ou indifférentes, réussissent à s’approcher de la vérité et à se convertir à l’amour miséricordieux du Père céleste. A ce propos, je me réjouis de ce que vous faites pour diffuser une «culture de la Pentecôte» dans les milieux sociaux, en proposant une animation spirituelle comprenant des initiatives en faveur de ceux qui souffrent de situations de détresse et de marginalisation. Je pense en particulier à votre travail en faveur de la renaissance spirituelle et matérielle des détenus et des anciens détenus. Je pense au «Pôle d’excellence de la promotion humaine et de la solidarité Mario et Luigi Sturzo», de Caltagirone, ainsi qu’au «Centre international pour la famille», de Nazareth, dont j’ai eu la joie de bénir la première pierre. Poursuivez votre engagement en faveur de la famille, lieu incontournable de l’éducation à l’amour et au sacrifice de soi.

     Chers amis du Renouveau dans l’Esprit Saint, ne vous lassez pas de vous tourner vers le Ciel: le monde a besoin de prière. On a besoin d’hommes et de femmes qui se sentent attirés par le Ciel dans leur vie, qui fassent de la louange du Seigneur un style de vie nouvelle. Je vous confie tous à la Très Sainte Vierge Marie, présente au Cénacle lors de l’événement de la Pentecôte. Persévérez avec elle dans la prière, marchez guidés par la lumière de l’Esprit Saint, en vivant et en proclamant l’annonce du Christ.

 

27 mai 2012 – Regina Caeli

    Cette solennité (de la Pentecôte) nous rappelle et nous fait revivre l’effusion de l’Esprit Saint sur les apôtres et les autres disciples, réunis en prière avec la Vierge Marie au Cénacle (cf. Ac 2, 1-11). Jésus, ressuscité et monté au ciel, envoie son Esprit à l’Eglise, afin que chaque chrétien puisse participer à sa vie divine et devenir son témoin efficace dans le monde. L’Esprit Saint, en faisant irruption dans l’histoire, vainc son aridité, ouvre les cœurs à l’espérance, stimule et favorise en nous la maturité intérieure, dans la relation avec Dieu et avec le prochain.

     L’Esprit, qui «a parlé par les prophètes», avec les dons de la sagesse et de la science continue à inspirer les femmes et les hommes qui s’engagent à la recherche de la vérité, proposant des voies originales de connaissance et d’approfondissement du mystère de Dieu, de l’homme et du monde. Dans ce contexte, je suis heureux d’annoncer que le 7 octobre prochain, à l’ouverture de l’assemblée ordinaire du synode des évêques, je proclamerai saint Jean d’Avila et sainte Hildegarde de Bingen docteurs de l’Eglise universelle. Ces deux grands témoins de la foi ont vécu au cours de périodes historiques et dans des milieux culturels très divers. Hildegarde fut une moniale bénédictine au cœur de l’Allemagne médiévale, authentique maîtresse en théologie et experte érudite en sciences naturelles et en musique. Jean, prêtre diocésain dans les années de la Renaissance espagnole, participa au travail du renouveau culturel et religieux de l’Eglise et de la structure sociale, à l’aube de la modernité. Mais la sainteté de leur vie et la profondeur de leur doctrine les rendent toujours actuels: la grâce de l’Esprit Saint, en effet, les a introduits dans cette expérience de compréhension pénétrante de la révélation divine et de dialogue intelligent avec le monde qui constituent l’horizon permanent de la vie et de l’action de l’Eglise.

      En particulier à la lumière du projet d’une nouvelle évangélisation, à laquelle sera consacrée l’assemblée du synode des évêques susmentionnée, et à la veille de l’Année de la foi, ces deux figures de saints et docteurs sont d’une très grande importance et d’une très grande actualité. Aujourd’hui aussi, à travers leur enseignement, l’Esprit du Seigneur ressuscité continue à faire résonner sa voix et à éclairer le chemin qui conduit à cette Vérité qui seule peut nous rendre libres et donner son sens plénier à notre vie.

      Invoquons l’intercession de la Vierge Marie afin qu’elle obtienne à l’Eglise d’être fortement animée par l’Esprit Saint, pour témoigner du Christ avec une franchise évangélique et s’ouvrir toujours plus à la plénitude de la vérité.

 

 

 

    

 

 

 

 

3 juin 2012 – Homélie de la Messe lors de la Rencontre Mondiale des Familles à Milan

     Dans la deuxième lecture, l’apôtre Paul nous a rappelé qu’au baptême nous avons reçu l’Esprit Saint, qui nous unit au Christ en tant que frères et nous met en relation avec le Père en tant qu’enfants, de sorte que nous pouvons crier : « Abbà Père ! » (cf. Rm 8, 15.17). En cet instant, il nous a été donné un germe de vie nouvelle, divine, pour le faire grandir jusqu’à son accomplissement définitif dans la gloire céleste ; nous sommes devenus membres de l’Église, la famille de Dieu, « sacrarium Trinitatis » - ainsi la définit saint Ambroise -, « peuple qui – comme l’enseigne le Concile Vatican II – tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (Const. Lumen gentium, 4). La solennité liturgique de la Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, nous invite à contempler ce mystère, mais elle nous pousse aussi à nous engager à vivre la communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion trinitaire. Nous sommes appelés à accueillir et à transmettre d’un commun accord les vérités de la foi ; à vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon, en valorisant les différents charismes sous la conduite des pasteurs. En un mot, nous est confiée la tâche d’édifier des communautés ecclésiales qui soient toujours plus famille, capables de refléter la beauté de la Trinité et d’évangéliser non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu.

     Ce n’est pas seulement l’Église qui est appelée à être image du Dieu unique en trois personnes, mais aussi la famille, fondée sur le mariage entre l’homme et la femme. Au commencement, en effet, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : "Soyez féconds, et multipliez-vous" » (Gn 1, 27-28). Dieu a créé l’être humain mâle et femelle, avec une même dignité, mais aussi avec des caractéristiques propres et complémentaires, pour que les deux soient un don l’un pour l’autre, se mettent en valeur réciproquement et réalisent une communauté d’amour et de vie. L’amour est ce qui fait de la personne humaine l’image authentique de la Trinité, image de Dieu. Chers époux, en vivant le mariage, vous ne vous donnez pas quelque chose ou quelque activité, mais la vie entière. Et votre amour est fécond avant tout pour vous-mêmes, parce que vous désirez et vous réalisez le bien l’un de l’autre, expérimentant la joie de recevoir et de donner. Il est aussi fécond dans la procréation, généreuse et responsable, des enfants, dans l’attention prévenante pour eux et dans leur éducation attentive et sage. Il est fécond enfin pour la société, car votre vécu familial est la première et irremplaçable école des vertus sociales telles que le respect des personnes, la gratuité, la confiance, la responsabilité, la solidarité, la coopération. Chers époux, prenez soin de vos enfants et, dans un monde dominé par la technique, transmettez-leur, avec sérénité et confiance, les raisons de vivre, la force de la foi, en leur proposant des objectifs élevés et en les soutenant dans leur fragilité. Mais vous aussi les enfants, sachez maintenir sans cesse une relation de profonde affection et d’attention prévenante à l’égard de vos parents, et que les relations entre frères et sœurs soient aussi des occasions de grandir dans l’amour.

     Le projet de Dieu sur le couple humain trouve sa plénitude en Jésus-Christ qui a élevé le mariage au rang de sacrement. Chers époux, par un don spécial de l’Esprit Saint, le Christ vous fait participer à son amour sponsal, en faisant de vous le signe de son amour pour l’Église : un amour fidèle et total. Si vous savez accueillir ce don, en renouvelant chaque jour, avec foi, votre « oui », avec la force qui vient de la grâce du Sacrement, votre famille aussi vivra de l’amour de Dieu, sur le modèle de la Sainte Famille de Nazareth. Chères familles, demandez souvent, dans la prière, l’aide de la Vierge Marie et de saint Joseph, pour qu’ils vous apprennent à accueillir l’amour de Dieu comme ils l’ont accueilli. Votre vocation n’est pas facile à vivre, spécialement aujourd’hui, mais celle de l’amour est une réalité merveilleuse, elle est l’unique force qui peut vraiment transformer le cosmos, le monde. Devant vous vous avez le témoignage de nombreuses familles qui vous indiquent les voies pour grandir dans l’amour : maintenir une relation constante avec Dieu et participer à la vie ecclésiale, entretenir le dialogue, respecter le point de vue de l’autre, être prêts à servir, être patients avec les défauts des autres, savoir pardonner et demander pardon, surmonter avec intelligence et humilité les conflits éventuels, s’accorder sur les orientations éducatives, être ouverts aux autres familles, attentifs aux pauvres, responsables dans la société civile. Ce sont tous des éléments qui construisent la famille. Vivez-les avec courage, certains que, dans la mesure où avec le soutien de la grâce divine, vous vivrez l’amour réciproque et envers tous, vous deviendrez un Évangile vivant, une véritable Église domestique (cf. Exhort. apost. Familiaris consortio, 49). Je voudrais aussi réserver un mot aux fidèles qui, tout en partageant les enseignements de l’Église sur la famille, sont marqués par des expériences douloureuses d’échec et de séparation. Sachez que le Pape et l’Église vous soutiennent dans votre peine. Je vous encourage à rester unis à vos communautés, tout en souhaitant que les diocèses prennent des initiatives d’accueil et de proximité adéquates.

     Dans le livre de la Genèse, Dieu confie au couple humain sa création pour qu’il la garde, la cultive, la conduise selon son projet (cf. 1, 27-28 ; 2, 15). Dans cette indication de la Sainte Écriture, nous pouvons lire la tâche de l’homme et de la femme de collaborer avec Dieu pour transformer le monde, par le travail, la science et la technique. L’homme et la femme sont images de Dieu aussi dans cette œuvre précieuse qu’ils doivent accomplir avec le même amour que le Créateur. Nous voyons que, dans les théories économiques modernes, prédomine souvent une conception utilitariste du travail, de la production et du marché. Le projet de Dieu et l’expérience elle-même montrent cependant que ce n’est pas la logique unilatérale du bénéfice personnel et du profit maximum qui peut contribuer à un développement harmonieux, au bien de la famille et à l’édification d’une société plus juste, car cette logique comporte une concurrence exaspérée, de fortes inégalités, la dégradation de l’environnement, la course aux biens de consommation, la gêne dans les familles. Bien plus, la mentalité utilitariste tend à s’étendre aussi aux relations interpersonnelles et familiales, en les réduisant à de précaires convergences d’intérêts individuels et en minant la solidité du tissu social.

    

 

publié le : 04 juin 2017

Sommaire documents

t>