Benoît XVI de A à Z

Enfant

2005



7 mai 2005 - - Aux Eveques du Sri Lanka en visite Ad Limina
La communauté chrétienne a le devoir spécifique de prendre soin des enfants qui ont perdu leurs parents à la suit de catastrophes naturelles. Le Royaume de Dieu appartient à ces membres de la société les plus vulnérables (Cf Mt 19,14), qui sont trop souvent oubliés ou exploités sans honte comme soldats, comme main d'œuvre ou qui sont victimes innocentes du trafic d'etres humains. Il ne faut épargner aucun effort pour exhorter les autorités civiles et la Communauté internationale à combattre ces abus et à offrir aux enfants la protection juridique qu'ils méritent à juste titre.



6 juin 2005 - Au Congrès diocésain de Rome sur la Famille
La totalité de l'homme inclut en effet la dimension du temps, et le « oui » de l'homme est un dépassement du moment présent: dans son intégrité, le « oui » signifie « toujours », et constitue l'espace de la fidélité. Ce n'est qu'au sein de celui-ci que peut croître la foi qui donne un avenir et qui permet que les enfants, fruits de l'amour, croient en l'homme et en son avenir en des temps difficiles….

… Chez l'homme et chez la femme, la paternité et la maternité, comme le corps et comme l'amour, ne se laissent pas cerner par la biologie: la vie n'est donnée entièrement que lorsqu'à la naissance sont également donnés l'amour et le sens qui permettent de dire oui à cette vie. C'est précisément de ce fait qu'apparaît tout à fait clairement combien il est contraire à l'amour humain, à la vocation profonde de l'homme et de la femme, de fermer systématiquement sa propre union au don de la vie, et plus encore de supprimer ou de manipuler la vie qui naît.

Cependant, aucun homme et aucune femme ne peuvent à eux seuls et uniquement avec leurs propres forces donner aux enfants de manière adaptée l'amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu'un « ta vie est bonne, bien que je ne connaisse pas ton avenir », une autorité et une crédibilité supérieures à celles que l'individu peut se donner lui-même sont nécessaires. Le chrétien sait que cette autorité est conférée à cette famille plus vaste que Dieu, à travers son Fils Jésus Christ et le don de l'Esprit Saint, a créée dans l'histoire des hommes, c'est-à-dire à l'Eglise. Il reconnaît ici à l'œuvre cet amour éternel et indestructible qui assure à la vie de chacun de nous son sens permanent, même si nous ne connaissons pas l'avenir. C'est pour cette raison que l'édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l'Eglise, qui la soutient et l'emmène avec elle et qui garantit le fait qu'elle a un sens et qu'à l'avenir également le « oui » du Créateur sera présent sur elle. Et, réciproquement, l'Eglise est édifiée par les familles, « petites Eglises domestiques », comme les a appelées le Concile Vatican II (Lumen gentium, n. 11; Apostolicam actuositatem, n. 11), en redécouvrant une antique expression patristique (Saint Jean Chrysostome, In Genesim serm. VI, 2; VII, 1). Dans la même optique, Familiaris consortio affirme que «le mariage chrétien... constitue le lieu naturel où s'accomplit l'insertion de la personne humaine dans la grande famille de l'Eglise» (n. 15)…

… Un dernier message que je voudrais vous confier concerne le soin pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée: nous savons tous combien l'Eglise en a besoin! Pour que ces vocations naissent et parviennent à maturation, pour que les personnes appelées restent toujours dignes de leur vocation, la prière est tout d'abord décisive, une prière qui ne doit jamais manquer dans chaque famille et communauté chrétienne. Mais le témoignage de vie des prêtres, des religieux et des religieuses, la joie qu'ils expriment pour avoir été appelés par le Seigneur sont également fondamentaux. L'exemple que les enfants reçoivent au sein de leur propre famille et la conviction des familles que, pour elles aussi, la vocation de leurs enfants est un grand don du Seigneur est également essentiel



10 juin 2005 - A des Evêques d'Afrique en Visite Ad Limina
C'est au sein même de l'"Eglise domestique", "construite sur les bases culturelles solides et les riches valeurs de la tradition familiale africaine" que les enfants peuvent apprendre le caractère central de l'Eucharistie dans la vie chrétienne .



24 décembre 2005 - Homélie de la Messe de la Nuit de Noel
Dieu est si grand qu'il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu'il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l'aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l'étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu'elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C'est cela Noël: «Tu es mon fils; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré». Dieu est devenu l'un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l'Enfant dans la crèche: Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître. Et sur chaque enfant resplendit quelque chose du rayon de cet aujourd'hui, de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre - sur chaque enfant, même sur celui qui n'est pas encore né.



2006



8 janvier 2006 - Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine
Dans le Baptême chaque enfant est introduit dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité. Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à présent l'enfant est introduit, l'accompagnera toujours même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière. Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle. Paroles de lumière qui répondent aux grands défis de la vie et donnent l'indication juste sur la route à prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort, dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié, elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable, ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir. Mais nous sommes sûrs d'une chose : la famille de Dieu sera toujours présente et celui qui appartient à cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié sûre de Celui qui est la vie.

Cette famille de Dieu, cette compagnie d'amis est éternelle, parce qu'elle est communion avec Celui qui a vaincu la mort, qui a entre les mains les clés de la vie. Etre dans la compagnie, dans la famille de Dieu, signifie être en communion avec le Christ, qui est vie et donne l'amour éternel au-delà de la mort. Et si nous pouvons dire qu'amour et vérité sont source de vie, qu'ils sont la vie - et une vie sans amour n'est pas la vie - nous pouvons dire que cette compagnie avec Celui qui est réellement la vie, avec Celui qui est le Sacrement de la vie, répondra à votre attente, à votre espérance.

Le signe de la croix, qui nous est donné comme bouclier qui doit protéger l'enfant dans sa vie ; c'est comme un « indicateur » pour le chemin de la vie, parce que la croix est le résumé de la vie de Jésus.

Prions pour nos enfants, pour qu'ils aient réellement la vie, la vraie vie, la vie éternelle.



2 mars 2006 - Avec les prêtres du Diocèse de Rome
Le Pape Jean-Paul II nous a donné la grande Encyclique Evangelium vitae. Dans celle-ci - qui est en quelque sorte un tour d'horizon des problèmes de la culture actuelle, de ses espérances et de ses dangers - il apparaît de façon visible qu'une société qui oublie Dieu, qui exclut Dieu, précisément pour avoir la vie, tombe dans une culture de la mort. C'est précisément en voulant avoir la vie que l'on dit "non" à l'enfant, car il ôte quelque chose à ma vie; on dit "non" à l'avenir, pour avoir tout le présent; on dit "non" tant à la vie qui naît qu'à la vie qui souffre, qui va vers la mort. Cette apparente culture de la vie devient l'anti-culture de la mort, dans laquelle Dieu est absent, dans laquelle est absent le Dieu qui n'ordonne pas la haine, mais qui vainc la haine. Ici, nous faisons le choix véritable de la vie. Tout est alors lié: l'option la plus profonde pour le Christ crucifié avec l'option la plus totale pour la vie, du premier au dernier moment…

Mères de famille, le Pape vous remercie ! Il vous remercie, car vous avez donné la vie, car vous voulez aider cette vie qui croît et vous voulez ainsi construire un monde humain, contribuant à un avenir humain. Et vous le faites non seulement en donnant la vie biologique, mais en communiquant le centre de la vie, en voulant faire connaître Jésus, en introduisant vos enfants à la connaissance de Jésus, à l'amitié avec Jésus. Tel est le fondement de toute catéchèse. Il faut donc remercier les mères, surtout car elles ont eu le courage de donner la vie. Et il faut prier les mères de compléter ce don de la vie par le don de l'amitié avec Jésus.



14 avril 2006 - Méditation Via Crucis, au Colisée
Dans le reflet de la Croix nous avons vu toutes les souffrances de l'humanité d'aujourd'hui. Dans la Croix du Christ nous avons vu aujourd'hui la souffrance des enfants abandonnés, abusés; les menaces contre la famille; la division du monde due à l'orgueil des riches, qui ne voient pas Lazare devant leur porte, et la misère des nombreuses personnes qui souffrent de faim et de soif.



25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
En ce temps d'abondance et de consommation effrénée, on meurt encore de faim et de soif, de maladie et de pauvreté. Il y a aussi l'être humain réduit en esclavage, exploité et offensé dans sa dignité; celui qui est victime de la haine raciale et religieuse, et qui, dans la libre profession de sa foi, est entravé par des intolérances et des discriminations, par des ingérences politiques et des pressions physiques ou morales. Il y a celui qui voit son corps et le corps de ses proches, tout particulièrement des enfants, mutilés par l'utilisation des armes, par le terrorisme et par toute sorte de violence, à une époque où tous invoquent et revendiquent le progrès, la solidarité et la paix pour tous. Et que dire de la personne qui, privée d'espérance, est contrainte de laisser sa maison et sa patrie, pour chercher ailleurs des conditions de vie dignes de l'homme ? ..

Comment ne pas voir que c'est justement du fond de l'humanité avide de jouissance et désespérée que s'élève un cri déchirant d'appel à l'aide ?



2007



7 janvier 2007 - Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine
Chaque enfant qui naît nous apporte le sourire de Dieu et nous invite à reconnaître que la vie est un don venant de lui, un don qu'il faut accueillir avec amour et préserver avec soin toujours et en chaque moment.



21 janvier 2007 - Angelus
Je salue avec affection … les promoteurs du projet « Change de jeu », qui … ont invité les enfants à abandonner les armes-jouets. Je les félicite pour cette initiative et je voudrais étendre cet appel : préservons l'enfance de la contagion de la violence !



4 février 2007 - Angélus
Nous savons bien que la famille fondée sur le mariage constitue le milieu naturel pour la naissance et l'éducation des enfants et par conséquent pour assurer l'avenir de l'humanité entière.



9 février 2007 - A un groupe de Ministres des Finances
J'encourage de tout cœur vos efforts dans ce nouveau programme et dans son objectif de promouvoir la recherche scientifique en vue de la découverte de nouveaux vaccins. De tels vaccins sont urgents et nécessaires pour éviter que des millions d'êtres humains, y compris d'innombrables enfants, ne meurent chaque année de maladies infectieuses, en particulier dans les régions du monde le plus à risque. En ce temps de mondialisation, nous sommes tous préoccupés par l'écart croissant entre le niveau de vie dans les pays bénéficiant d'une grande richesse et d'un degré élevé de développement technologique, et celui des pays en voie de développement, où la pauvreté non seulement persiste, mais s'aggrave.



12 février 2007 - A un Congrès International sur la loi morale naturelle
Aucune loi faite par les hommes ne peut donc renverser la norme inscrite par le Créateur, sans que la société ne soit dramatiquement blessée dans ce qui constitue son fondement de base même. L'oublier signifierait fragiliser la famille, pénaliser les enfants et rendre précaire l'avenir de la société.



9 mai 2007 - Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.
Il existe un grand combat de l'Eglise pour la vie. Vous savez que le Pape Jean-Paul II en a fait un point fondamental de tout son Pontificat. Il a écrit une grande Encyclique sur l'Evangile de la vie. Nous continuons naturellement de transmettre ce message selon lequel la vie est un don et la vie n'est pas une menace. Il me semble qu'à l'origine de ces législations, il existe d'une part un certain égoïsme et, d'autre part, également un doute sur la valeur de la vie, sur la beauté de la vie et également un doute sur l'avenir. Et l'Eglise répond surtout à ces doutes: la vie est belle, ce n'est pas quelque chose d'incertain, mais c'est un don et même dans des situations difficiles, la vie demeure toujours un don. Il faut donc recréer cette conscience de la beauté du don de la vie. Puis l'autre chose, le doute sur l'avenir: naturellement, il existe de nombreuses menaces dans le monde, mais la foi nous donne la certitude que Dieu est toujours plus fort et demeure présent dans l'histoire et nous pouvons donc, avec confiance, également donner la vie à de nouveaux êtres humains. Avec la certitude que la foi nous donne sur la beauté de la vie et sur la présence providentielle de Dieu dans notre avenir, nous pouvons résister à ces peurs qui sont à l'origine de ces législations.

L'excommunication n'est pas une chose arbitraire, mais elle est prévue par le Code. Il est donc tout simplement écrit dans le Droit canonique que le meurtre d'un enfant innocent est incompatible avec la communion dans laquelle on reçoit le Corps du Christ. On n'a donc rien inventé de nouveau, de surprenant ou d'arbitraire. On a uniquement rappelé publiquement ce qui est prévu par le Droit de l'Eglise, un Droit qui est fondé sur la doctrine et sur la foi de l'Eglise, et sur notre reconnaissance de la vie et de l'identité humaine, à partir de son premier instant.



20 mai 2007 - Message pour la 41ème Journée Mondiale des Communications Sociales
Le thème de la quarante et unième Journée mondiale des communications sociales, «les enfants et les médias : un défi pour l'éducation», nous invite à réfléchir sur deux sujets de très grande importance, qui ont un lien entre eux: tout d'abord la formation des enfants; puis le second, peut-être moins évident mais tout aussi important, la formation des médias.

Les défis complexes auxquels l'éducation doit faire face aujourd'hui sont souvent liés à l'influence dominante des médias dans notre monde. En tant qu'élément du phénomène de la mondialisation, les médias, en raison même du développement rapide de la technologie, façonnent profondément l'environnement culturel (cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Le développement rapide, n. 3). En effet, d'aucuns affirment que l'influence éducative des médias dans la formation rivalise avec celle de l'école, de l'Église, et peut-être aussi avec celle de la famille. "Pour beaucoup, la réalité est ce que les médias reconnaissent comme telle" (Conseil pontifical pour les Communications sociales, Aetatis novae, n. 4).

Le lien entre enfants, médias et éducation peut être envisagé sous deux aspects : la formation des enfants par les médias ; et la formation des enfants pour avoir une attitude appropriée face aux médias. Une sorte d'interaction apparaît, qui montre la responsabilité des médias en tant qu'industrie et la nécessité d'une participation active et critique des lecteurs, des téléspectateurs et des auditeurs. Dans ce cadre, la formation à une utilisation appropriée des médias est essentielle pour le développement moral, spirituel et culturel des enfants.

Comment le bien commun est-il protégé et promu? Éduquer les enfants à un jugement critique dans l'usage des médias relève de la responsabilité des parents, de l'Église et de l'école. Le rôle des parents est primordial. Il est de leur droit et de leur devoir d'assurer une utilisation prudente des médias, en formant la conscience de leurs enfants à exercer un jugement sain et objectif qui les guidera alors dans le choix ou le rejet des programmes qui sont à leur disposition (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio, n. 76). Pour cela, les parents devraient avoir les encouragements et le soutien des écoles et des paroisses, assurant que ce devoir parental difficile, bien que passionnant, est accompagné par toute la communauté.

L'éducation aux médias devrait être positive. Des enfants exposés à ce qui est excellent sur le plan esthétique et moral reçoivent une aide pour développer leur jugement, leur prudence et leur sens du discernement. Il est aussi important de reconnaître la valeur fondamentale de l'exemple des parents et les avantages de la présentation aux jeunes des classiques de la littérature pour enfants, les beaux-arts et la belle musique. Tandis que la littérature populaire aura toujours sa place dans la culture, la tentation du sensationnalisme ne devrait pas être passivement admise à la place de l'enseignement. La beauté, telle un miroir du divin, inspire et vivifie les cœurs et les esprits des jeunes, alors que la laideur et l'indécence ont un impact avilissant sur les attitudes et les comportements.

Comme l'éducation en général, l'éducation aux médias exige la formation à l'exercice de la liberté. C'est une tâche exigeante. Bien souvent, la liberté est présentée comme la recherche incessante du plaisir ou de nouvelles expériences. C'est encore une condamnation et non une libération ! La vraie liberté ne pourrait jamais condamner l'individu - particulièrement un enfant - à une quête insatiable de nouveauté. À la lumière de la vérité, la liberté authentique s'éprouve comme réponse définitive au «oui» de Dieu à l'humanité, qui nous appelle à choisir, non pas aveuglément mais de manière délibérée, tout ce qui est bon, vrai et beau. C'est alors que les parents, comme gardiens de cette liberté, tout en donnant progressivement à leurs enfants une plus grande liberté, les initient à la joie profonde de la vie (cf. Adresse à la cinquième rencontre mondiale des familles, Valence, 8 juillet 2006).

Ce désir sincère des parents et des enseignants de conduire les enfants sur les voies du beau, du vrai et du bien, peut être soutenu par l'industrie des médias seulement dans la mesure où il favorise la dignité humaine fondamentale, la vraie valeur du mariage et de la vie familiale, l'accomplissement positif et les desseins de l'humanité. Ainsi, la nécessité pour les médias de participer à une formation efficace et aux normes morales est considérée avec un intérêt particulier et même comme une urgence non seulement par les parents et les enseignants mais aussi par toutes les personnes qui ont un sens de leur responsabilité civique.

Tout en étant assurés que beaucoup de personnes engagées dans les communications sociales veulent agir de manière droite (cf. Conseil pontifical pour les Communications sociales, Éthique dans les communications, n. 4), nous devons également reconnaître que les personnes qui travaillent dans ce domaine sont confrontées à des «pressions psychologiques spéciales et à des dilemmes moraux» (Aetatis novae, n. 19), ce qui, en raison de la compétitivité commerciale, conduit parfois les professionnels de la communication à baisser le niveau. Toute tendance à réaliser des programmes et des productions - y compris des films et des jeux vidéo - qui, au nom du divertissement, exaltent la violence et qui dépeignent un comportement antisocial ou qui avilissent de la sexualité humaine, constitue une perversion, perversion d'autant plus répugnante quand ces programmes s'adressent à des enfants et à des adolescents. Comment pourrait-on expliquer ce 'divertissement' aux innombrables jeunes innocents qui souffrent réellement de la violence, de l'exploitation et des abus ? À cet égard, tous feraient bien de réfléchir sur le contraste entre le Christ qui «embrassait les enfants et les bénissait en leur imposant les mains» (Mc 10, 16) et l'individu qui entraîne au péché un seul de ces petits, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une meule de moulin (cf. Lc 17, 2). Je lance un nouvel appel aux responsables de l'industrie des médias pour former et encourager les producteurs à sauvegarder le bien commun, à défendre la vérité, à protéger la dignité humaine individuelle et à promouvoir le respect des besoins de la famille.

L'Église elle-même, à la lumière du message du salut qui lui a été confié, est aussi pédagogue de l'humanité et elle ne manque pas de prêter son concours aux parents, aux éducateurs, aux professionnels de la communication, et aux jeunes. Ses propres programmes, dans les paroisses et les écoles, devraient être mis en avant pour l'éducation aux médias aujourd'hui. Avant tout, l'Église désire partager une vision de la dignité humaine qui est au cœur de toute saine communication humaine. «Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l'autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d'amour dont il a besoin» (Deus caritas est, n. 18).



5 juillet 2007 - Aux Évêques de la République Dominicaine en Visite Ad Limina
Les communautés ecclésiales, en collaboration avec les instances publiques, veilleront à sauvegarder la stabilité de la famille et à favoriser son développement spirituel et matériel, qui conduira à une meilleure formation des enfants.



7 septembre 2007 - Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche
C'est en Europe qu'a été formulé, pour la première fois, le concept des droits humains. Le droit humain fondamental, le présupposé pour tous les autres droits, est le droit à la vie elle-même. Ceci vaut pour la vie, de la conception à sa fin naturelle. En conséquence, l'avortement ne peut être un droit humain - il est son contraire. C'est une « profonde blessure sociale », comme le soulignait sans se lasser notre confrère défunt, le Cardinal Franz König.

En disant cela, je n'exprime pas un intérêt spécifiquement ecclésial. Je voudrais plutôt me faire l'avocat d'une demande profondément humaine et le porte-parole des enfants qui vont naître et qui n'ont pas de voix. Le faisant, je ne ferme pas les yeux devant les problèmes et les conflits de nombreuses femmes et je me rends compte que la crédibilité de notre discours dépend aussi de ce que l'Église elle-même fait pour venir en aide aux femmes en difficulté.

J'en appelle dans ce contexte aux responsables de la politique, afin qu'ils ne permettent pas que les enfants soient considérés comme des cas de maladie ... Je le dis par souci profond des valeurs humaines. Mais ceci n'est qu'un aspect de ce qui nous préoccupe. L'autre aspect est de faire tout notre possible pour rendre les pays européens de nouveau plus ouverts à l'accueil des enfants. Je vous en prie, encouragez les jeunes qui, par le mariage fondent de nouvelles familles, à devenir mères et pères! Vous ferez ainsi du bien, non seulement à eux-mêmes, mais aussi à la société tout entière. Je vous encourage fermement dans vos efforts politiques pour favoriser des conditions qui permettent aux jeunes couples d'élever des enfants. Tout ceci, cependant, ne servira à rien, si nous ne réussissons pas à créer de nouveau dans nos pays un climat de joie et de confiance en la vie, dans lequel les enfants ne sont pas perçus comme un poids, mais comme un don pour tous.



8 septembre 2007 - Homélie Messe au Sanctuaire Marial de Mariazell
"Montre-nous Jésus!". Nous prions ainsi aujourd'hui de tout notre cœur; nous prions ainsi également en d'autres moments, intérieurement à la recherche du Visage du Rédempteur. "Montre-nous Jésus!". Marie répond, en nous le présentant tout d'abord comme un enfant. Dieu s'est fait petit pour nous. Dieu ne vient pas avec la force extérieure, mais il vient dans l'impuissance de son amour, qui constitue sa force. Il se donne entre nos mains. Il nous demande notre amour. Il nous invite à devenir nous aussi petits, à descendre de nos trônes élevés et à apprendre à être des enfants devant Dieu. Il nous offre le "Toi". Il nous demande d'avoir confiance en Lui et d'apprendre ainsi à vivre dans la vérité et dans l'amour. L'Enfant Jésus nous rappelle naturellement aussi tous les enfants du monde, à travers lesquels il veut venir à notre rencontre. Les enfants qui vivent dans la pauvreté; qui sont exploités comme soldats; qui n'ont jamais pu faire l'expérience de l'amour de leurs parents; les enfants malades et qui souffrent, mais aussi ceux qui sont joyeux et sains. L'Europe est devenue pauvre en enfants: nous voulons tout pour nous-mêmes, et peut-être n'avons-nous pas tellement confiance en l'avenir. Mais la terre ne sera privée d'avenir que lorsque s'éteindront les forces du cœur humain et de la raison illuminée par le cœur - quand le visage de Dieu ne resplendira plus sur la terre. Là où se trouve Dieu, là se trouve l'avenir.



19 septembre 2007 - Audience Générale
Jean Chrysostome se soucia d'accompagner par ses écrits le développement intégral de la personne, dans les dimensions physique, intellectuelle et religieuse. Les diverses phases de la croissance sont comparées à autant de mers d'un immense océan ! « La première de ces mers est l'enfance » (Homélies 81, 5 sur l'Evangile de Matthieu). En effet, « précisément au cours de ce premier âge se manifestent les inclinations au vice et à la vertu ». C'est pourquoi la loi de Dieu doit être dès le début imprimée dans l'âme « comme sur une tablette de cire » (Homélie 3,1 sur l'Evangile de Jean) : de fait, c'est l'âge le plus important. Nous devons nous rappeler qu'il est fondamental qu'en cette première phase de la vie, entrent réellement dans l'homme les grandes orientations qui donnent sa juste perspective à l'existence. Chrysostome recommande donc : « Dès l'âge le plus tendre fortifiez les enfants avec des armes spirituelles, et enseignez-leur à marquer le front avec la main » (Homélie 12, 7 sur la première Lettre aux Corinthiens). Viennent ensuite l'adolescence et la jeunesse : « A l'enfance suit la mer de l'adolescence, où les vents soufflent avec violence..., car en nous croît... la concupiscence » (Homélie 81, 5 sur l'Evangile de Matthieu). Arrivent enfin les fiançailles et le mariage : « A la jeunesse succède l'âge de la personne mûre, où se présentent les engagements de la famille : le temps est venu de chercher une femme » (ibid.). Il rappelle les objectifs du mariage, en les enrichissant - avec un rappel à la vertu de la tempérance - d'un riche tissu de relations personnalisées. Les époux bien préparés barrent ainsi la route au divorce : tout se déroule avec joie et l'on peut éduquer les enfants à la vertu. Lorsque naît ensuite le premier enfant, celui-ci est « comme un pont ; les trois deviennent une seule chair, car l'enfant réunit les deux parties » (Homélie 12, 5 sur la Lettre aux Colossiens), et les trois constituent « une famille, petite Eglise » (Homélie 20, 6 sur la Lettre aux Ephésiens).



5 octobre 2007 - Aux membres de la Commission Théologique Internationale
"L'espérance de salut pour les enfants qui meurent sans baptême". Dans ce document, le thème est traité dans le contexte de la volonté salvifique universelle de Dieu, de l'universalité de la médiation unique du Christ, du primat de la grâce divine et du caractère sacré de l'Eglise. Je suis certain qu'un tel document peut constituer un point de référence utile pour les Pasteurs de l'Eglise et pour les théologiens, et également une aide et une source de réconfort pour les fidèles qui ont souffert dans leurs familles de la mort soudaine d'un enfant, avant qu'il ne reçoive le bain de la régénération. Vos réflexions pourront également constituer des occasions d'approfondissement supplémentaire et de recherches sur l'argument. Il faut en effet pénétrer toujours plus à fond dans la compréhension des diverses manifestations de l'amour de Dieu, qui nous a été révélé dans le Christ, à l'égard de tous les hommes, en particulier des plus petits et des plus pauvres.



14 novembre 2007 - Audience Générale
On ne peut pas oublier la contribution apportée par Saint Jérôme dans le domaine de la pédagogie chrétienne (cf. Epp 107 et 128). Il se propose de former «une âme qui doit devenir le temple du Seigneur» (Ep 107, 4), une «pierre très précieuse» aux yeux de Dieu (Ep 107, 13). Avec une profonde intuition, il conseille de la préserver du mal et des occasions de pêcher, d'exclure les amitiés équivoques ou débauchées (cf. Ep 107, 4 et 8-9 ; cf. également Ep 128, 3-4). Il exhorte surtout les parents pour qu'ils créent un environnement serein et joyeux autour des enfants, pour qu'ils les incitent à l'étude et au travail, également par la louange et l'émulation (cf. Epp 107, 4 et 128, 1), qu'ils les encouragent à surmonter les difficultés, qu'ils favorisent entre eux les bonnes habitudes et qu'ils les préservent d'en prendre de mauvaises car - et il cite là une phrase de Publiulius Syrus entendue à l'école - « difficilement tu réussiras à te corriger de ces choses dont tu prends tranquillement l'habitude » (Ep. 107, 8). Les parents sont les principaux éducateurs des enfants, les premiers maîtres de vie. Avec une grande clarté, Jérôme, s'adressant à la mère d'une jeune fille et mentionnant ensuite le père, admoneste, comme en exprimant une exigence fondamentale de chaque créature humaine qui commence son existence : « Qu'elle trouve en toi sa maîtresse, et que sa jeunesse inexpérimentée regarde vers toi avec émerveillement. Que ni en toi, ni en son père elle ne voie jamais d'attitudes qui la conduisent au péché, si elles devaient être imitées. Rappelez-vous que... vous pouvez davantage l'éduquer par l'exemple que par la parole » (Ep 107, 9). Parmi les principales intuitions de Jérôme comme pédagogue, on doit souligner l'importance attribuée à une éducation saine et complète dès la prime enfance, la responsabilité particulière reconnue aux parents, l'urgence d'une sérieuse formation morale et religieuse, l'exigence de l'étude pour une formation humaine plus complète. En outre, un aspect assez négligé à l'époque antique, mais considéré vital par notre auteur, est la promotion de la femme, à laquelle il reconnaît le droit à une formation complète : humaine, scolaire, religieuse, professionnelle. Et nous voyons précisément aujourd'hui que l'éducation de la personnalité dans son intégralité, l'éducation à la responsabilité devant Dieu et devant l'homme, est la véritable condition de tout progrès, de toute paix, de toute réconciliation et d'exclusion de la violence. L'éducation devant Dieu et devant l'homme : c'est l'Ecriture Sainte qui nous indique la direction de l'éducation et ainsi, du véritable humanisme.



14 novembre 2007 - En Français, à l'Audience Générale
Saint Jérôme se montre un excellent pédagogue de la vie chrétienne, pour que l'âme devienne le temple du Seigneur, une pierre précieuse aux yeux de Dieu. Il invite les parents à créer une ambiance sereine et joyeuse pour que les enfants soient poussés au travail et qu'ils puissent acquérir de bonnes habitudes.



2008



21 janvier 2008 - Lettre aux Romains sur l'éducation
Nous avons tous à cœur le bien des personnes que nous aimons, en particulier de nos enfants, adolescents et jeunes. Nous savons, en effet, que c'est d'eux que dépend l'avenir de notre ville. Nous ne pouvons donc qu'être attentifs à la formation des nouvelles générations, à leur capacité de s'orienter dans la vie et de discerner le bien du mal, à leur santé non seulement physique, mais aussi morale.

Eduquer n'a toutefois jamais été facile et cela semble devenir encore plus difficile aujourd'hui. Les parents, les enseignants, les prêtres et tous ceux qui exercent des responsabilités éducatives directes le savent bien. On parle donc d'une grande "urgence éducative" confirmée par les échecs auxquels se heurtent trop souvent nos efforts pour former des personnes solides, capables de collaborer avec les autres et de donner un sens à leur vie. Nous en rejetons alors spontanément la faute sur les nouvelles générations, comme si les enfants qui naissent aujourd'hui étaient différents de ceux qui naissaient jadis. On parle, en outre, d'une "fracture entre les générations", qui existe certes et qui est importante, mais qui est l'effet, plutôt que la cause, du manque de transmission de certitudes et de valeurs.

Devons-nous alors rejeter la faute sur les adultes d'aujourd'hui, qui ne seraient plus capables d'éduquer? La tentation de renoncer est certainement forte, chez les parents et chez les enseignants et, plus généralement, chez les éducateurs, et plus encore le risque de ne pas même comprendre quel est leur rôle ou mieux, la mission qui leur est confiée. En réalité, ce qui est en question ce sont non seulement les responsabilités personnelles des adultes ou des jeunes, qui existent effectivement et ne doivent pas être cachées, mais aussi une atmosphère diffuse, une mentalité et une forme de culture qui conduisent à douter de la valeur de la personne humaine, de la signification même de la vérité et du bien, en dernier ressort, de la bonté de la vie. Il devient alors difficile de transmettre d'une génération à l'autre quelque chose de valable et de certain, des règles de comportement, des objectifs crédibles autour desquels construire sa vie.

Aussi, chers frères et sœurs de Rome, voudrais-je vous dire une parole très simple. N'ayez pas peur! Toutes ces difficultés, en effet, ne sont pas insurmontables. Elles sont plutôt, pour ainsi dire, le revers de la médaille du grand et précieux don qu'est notre liberté, avec la responsabilité qui précisément l'accompagne. A la différence de ce qui se produit dans le domaine technique ou économique, où les progrès d'aujourd'hui peuvent s'ajouter à ceux du passé, dans le cadre de la formation et de la croissance morale des personnes une telle possibilité d'accumulation n'existe pas, car la liberté de l'homme est toujours nouvelle et donc chaque personne et chaque génération doit prendre à nouveau et personnellement ses décisions. Même les plus grandes valeurs du passé ne peuvent pas être transmises en héritage; elles doivent, de fait, être faites nôtres et renouvelées à travers un choix personnel souvent laborieux.

Toutefois, quand les fondations sont ébranlées ou quand les certitudes essentielles font défaut, le besoin de ces valeurs recommence à se faire sentir de façon urgente: ainsi, concrètement, la demande d'une éducation qui soit une réelle éducation, augmente aujourd'hui. Les parents, préoccupés et souvent angoissés pour l'avenir de leurs enfants, la demandent; beaucoup d'enseignants, qui vivent la triste expérience de la dégradation de leurs écoles, la demandent; la société dans son ensemble, qui voit mettre en doute les bases mêmes de la coexistence, la demande; les enfants et les jeunes, qui ne veulent pas être laissés seuls face aux défis de la vie, la demandent au plus profond d'eux-mêmes. Par ailleurs, celui qui croit en Jésus Christ a une autre raison, plus forte encore, de ne pas avoir peur: il sait, en effet, que Dieu ne nous abandonne pas, que son amour nous atteint là où nous sommes et tels que nous sommes, avec nos pauvretés et nos faiblesses, pour nous offrir une nouvelle possibilité de bien.

Chers frères et sœurs, pour rendre plus concrètes mes réflexions, il peut être utile de discerner quelques exigences communes d'une éducation authentique. Elle a besoin avant tout de cette proximité et de cette confiance qui naissent de l'amour; je pense à l'expérience première et fondamentale de l'amour que font, ou du moins devraient faire, les enfants avec leurs parents. Mais tout éducateur véritable sait que pour éduquer il doit donner quelque chose de lui-même et qu'ainsi seulement il peut aider ses élèves à surmonter leurs égoïsmes et à devenir, à leur tour, capables d'un amour authentique.

Chez le petit enfant déjà, il existe un grand désir de savoir et de comprendre qui se manifeste dans ses questions et ses demandes d'explications incessantes. Une éducation qui se limiterait à fournir des notions et des informations, mais qui laisserait de côté la grande question concernant la vérité, surtout cette vérité qui peut servir de guide dans notre vie, serait une bien pauvre éducation.

La souffrance aussi fait partie de la vérité de notre vie. Par conséquent, en cherchant à tenir les plus jeunes à l'écart de toute difficulté et expérience de la douleur, nous risquons de faire grandir, malgré nos bonnes intentions, des personnes fragiles et peu généreuses: la capacité d'aimer correspond, de fait, à la capacité de souffrir et de souffrir ensemble.

Nous en arrivons ainsi, chers amis de Rome, au point sans doute le plus délicat de l'œuvre éducative: trouver un juste équilibre entre la liberté et la discipline. Sans règles de comportement et de vie, mises en évidence jour après jour jusque dans les petites choses, on ne forme pas le caractère et on n'est pas préparé à affronter les épreuves qui ne manqueront pas à l'avenir. Cependant, la relation éducative est avant tout la rencontre de deux libertés et l'éducation bien réussie est une formation au bon usage de la liberté. Au fur et à mesure que l'enfant grandit, il devient un adolescent, puis un jeune; nous devons donc accepter le risque de la liberté, en demeurant toujours prêts à l'aider à corriger des idées et des choix erronés. En revanche, ce que nous ne devons jamais faire, c'est de le seconder dans les erreurs, faire semblant de ne pas voir, ou pire de les partager, comme si elles étaient les frontières du progrès humain.

L'éducation ne peut donc pas se passer de cette autorité morale qui rend crédible l'exercice des rapports d'autorité. Elle est le fruit de l'expérience et de la compétence, mais s'acquiert surtout par la cohérence de sa propre vie et par l'implication personnelle, expression de l'amour véritable. L'éducateur est donc un témoin de la vérité et du bien: certes, il est fragile lui aussi et peut se tromper, mais il cherchera toujours à être en harmonie avec sa mission.

Très chers fidèles de Rome, ces simples considérations font apparaître combien est décisif, dans l'éducation, le sens des responsabilités: responsabilité de l'éducateur, certes, mais aussi, et dans une mesure croissante avec l'âge, responsabilité du fils, de l'élève, du jeune qui entre dans le monde du travail. Celui qui sait se répondre à lui-même et répondre aux autres est responsable. En outre, celui qui croit cherche avant tout à répondre à Dieu qui l'a aimé le premier.

La responsabilité est en premier lieu personnelle, mais il existe aussi une responsabilité que nous partageons ensemble, comme citoyens d'une même ville et d'une nation, comme membres de la famille humaine et, si nous sommes croyants, comme fils d'un unique Dieu et membres de l'Eglise. De fait, les idées, les styles de vie, les lois, les orientations globales de la société dans laquelle nous vivons, et l'image qu'elle donne d'elle-même à travers les moyens de communication, exercent une grande influence sur la formation des nouvelles générations, pour le bien, mais souvent aussi pour le mal. La société n'est toutefois pas une abstraction; à la fin, nous sommes nous-mêmes, tous ensemble, avec les orientations, les règles et les représentants que nous nous donnons, bien que les rôles et les responsabilités de chacun soient différents. La contribution de chacun de nous est donc nécessaire, de chaque personne, famille ou groupe social, car la société, à commencer par notre ville de Rome, devient un milieu plus favorable à l'éducation.

Je voudrais enfin vous soumettre une pensée que j'ai développée dans la récente Lettre encyclique Spe Salvi sur l'espérance chrétienne: seule une espérance fiable peut être l'âme de l'éducation, comme de la vie tout entière. Aujourd'hui notre espérance est assiégée de toutes parts et nous risquons de redevenir nous aussi, comme les païens d'autrefois, des hommes "sans espérance et sans Dieu dans ce monde", comme l'écrivait l'Apôtre Paul aux chrétiens d'Ephèse (Ep 2, 12). C'est ici précisément que naît la difficulté peut-être la plus profonde pour une véritable œuvre éducative: à la racine de la crise de l'éducation se trouve, en effet, une crise de confiance dans la vie.

Je ne peux donc pas terminer cette lettre sans une chaleureuse invitation à placer en Dieu notre espérance. Lui seul est l'espérance qui résiste à toutes les déceptions; seul son amour ne peut pas être détruit par la mort; seules sa justice et sa miséricorde peuvent panser les injustices et récompenser les souffrances subies. L'espérance qui s'adresse à Dieu n'est jamais une espérance pour moi seul, c'est toujours aussi une espérance pour les autres: elle ne nous isole pas, mais nous rend solidaires dans le bien, nous stimule à nous éduquer réciproquement à la vérité et à l'amour.



23 février 2008 - Audience au Diocèse de Rome, sur l'éducation
Nous sommes ici réunis parce que nous sommes poussés par une sollicitude commune pour le bien des nouvelles générations, pour la croissance et l'avenir des enfants que le Seigneur a donnés à cette ville. Nous sommes également poussés par une inquiétude, la perception de ce que nous avons appelé "une grande urgence éducative". Eduquer n'a jamais été facile et aujourd'hui, cela semble devenir toujours plus difficile: c'est pourquoi un grand nombre de parents et d'enseignants sont tentés de renoncer à leur devoir, et ne parviennent pas à comprendre quelle est, véritablement, la mission qui leur est confiée. Trop d'incertitudes et trop de doutes circulent dans notre société et dans notre culture, trop d'images déformées sont véhiculées par les moyens de communication sociale. Il devient difficile, dans ces conditions, de proposer aux nouvelles générations quelque chose de valable et de sûr, des règles de comportement et des objectifs qui méritent d'y consacrer sa propre vie. Toutefois, nous sommes ici aujourd'hui également et surtout parce que nous nous sentons soutenus par une grande espérance et une confiance forte: par la certitude que ce "oui" clair et définitif que Dieu, en Jésus Christ, a dit à la famille humaine (cf. 2 Co 1, 19-20), vaut également pour nos adolescents et nos jeunes, vaut pour les enfants qui viennent au monde. C'est pourquoi également à notre époque éduquer au bien est possible, c'est une passion que nous devons porter dans le cœur, c'est une entreprise commune à laquelle chacun est appelé à apporter sa contribution.

Concrètement, nous sommes ici parce que nous entendons répondre à cette question éducative que les parents ressentent aujourd'hui en eux-mêmes, inquiets pour l'avenir de leurs enfants, ainsi que les enseignants qui vivent de l'intérieur la crise de l'école, les prêtres et les catéchistes qui savent par expérience combien il est difficile d'éduquer à la foi, les enfants, les adolescents et les jeunes, qui ne veulent pas être laissés seuls face aux défis de la vie. Aujourd'hui, je m'adresse à chacun de vous pour vous offrir mon encouragement affectueux à assumer avec joie la responsabilité que le Seigneur vous confie, afin que le grand héritage de la foi et de la culture, qui est la richesse la plus vraie de cette ville bien-aimée qui est la nôtre, ne soit pas perdue dans le passage d'une génération à l'autre, mais se renouvelle au contraire, se renforce, qu'elle soit un guide et un élan pour notre chemin vers l'avenir.

Dans cet esprit, je m'adresse à vous, chers parents, pour vous demander tout d'abord de demeurer fermes, pour toujours, dans votre amour réciproque: tel est le premier et le grand don dont ont besoin vos enfants, pour grandir sereins, prendre confiance en eux et confiance en la vie, pour apprendre ainsi à être à leur tour capables d'un amour authentique et généreux. L'amour que vous avez pour vos enfants doit ensuite vous donner le style et le courage du véritable éducateur, avec un témoignage cohérent de vie ainsi qu'avec la fermeté nécessaire pour façonner le caractère des nouvelles générations, en les aidant à distinguer avec clarté le bien du mal et à se construire à leur tour de solides règles de vie, qui les soutiennent dans les épreuves futures. Ainsi vous enrichirez vos enfants de l'héritage le plus précieux et durable qui consiste dans l'exemple d'une foi vécue au quotidien.

Dans le même esprit, je vous demande, chers professeurs des divers niveaux scolaires, d'avoir une conception élevée et grande de votre travail exigeant, malgré les difficultés, les incompréhensions, les déceptions, dont vous faites trop souvent l'expérience. Enseigner, en effet, signifie, aller au devant de ce désir de connaître et de comprendre qui est inhérent à l'homme et qui, chez l'enfant, chez l'adolescent, chez le jeune, se manifeste dans toute sa force et sa spontanéité. Votre tâche ne peut donc pas se limiter à fournir des notions et des informations, en laissant de côté la grande question de la vérité, en particulier de cette vérité qui peut servir de guide dans la vie. Vous êtes en effet, de plein droit, des éducateurs: c'est à vous, en étroite harmonie avec les parents, qu'est confié le noble art de la formation de la personne. En particulier, que ceux qui travaillent dans les écoles catholiques portent en eux- mêmes et traduisent en action quotidienne le projet éducatif qui a pour centre le Seigneur Jésus et son Evangile.

Et vous, chers prêtres, religieux et religieuses, catéchistes, animateurs et formateurs des paroisses, des groupes de jeunes, des associations et des mouvements ecclésiaux, des patronages, des activités sportives et récréatives, tentez d'avoir toujours, à l'égard des enfants et des jeunes que vous approchez, les sentiments qui furent ceux de Jésus Christ (cf. Ph 2, 5). Soyez donc des amis fiables chez qui ils puissent toucher du doigt l'amitié de Jésus à leur encontre, et dans le même temps soyez des témoins sincères et courageux de cette vérité qui rend libres (cf. Jn 8, 32) et qui indique aux nouvelles générations le chemin qui conduit à la vie.

L'éducation n'est toutefois pas seulement l'œuvre des éducateurs: c'est une relation entre des personnes dans laquelle, avec le passage des années, entrent toujours davantage en jeu la liberté et la responsabilité de ceux qui sont éduqués. C'est pourquoi, avec beaucoup d'affection, je m'adresse à vous, chers enfants, adolescents et jeunes, pour vous rappeler que vous-mêmes êtes appelés à être les artisans de votre croissance morale, culturelle et spirituelle. C'est donc à vous d'accueillir librement dans le cœur, dans l'intelligence et dans votre vie le patrimoine de vérité, de bonté et de beauté qui s'est formé à travers le siècles et qui a en Jésus Christ sa pierre d'angle. C'est à vous de renouveler et de développer toujours plus ce patrimoine, en le libérant des nombreux mensonges et des laideurs qui souvent empêchent de le reconnaître et provoquent la méfiance et la déception. Sachez, quoi qu'il en soit, que sur ce chemin difficile vous n'êtes jamais seuls: vos parents, vos enseignants, vos prêtres, vos amis et vos formateurs vous sont non seulement proches, mais surtout ce Dieu qui nous a créés et qui est l'hôte secret de nos cœurs. Il éclaire de l'intérieur notre intelligence, Il oriente vers le bien notre liberté, dont nous ressentons souvent la fragilité et l'inconstance, Il est la véritable espérance et le fondement solide de notre vie. C'est avant tout en Lui, que nous pouvons avoir confiance.



5 avril 2008 - Au Congrès "De l'huile sur les blessures de l'avortement et du divorce"
C'est avec une grande joie que je vous rencontre à l'occasion du congrès international « L'huile sur les blessures : une réponse aux blessures de l'avortement et du divorce », organisé par l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, en collaboration avec les Chevaliers de Colomb. Je me réjouis avec vous du sujet qui fait l'objet de vos réflexions durant ces journées, tant il est actuel et complexe, et en particulier pour la référence à la parabole du bon samaritain (Lc 10, 25-37), que vous avez choisi comme clé pour aborder les blessures de l'avortement et du divorce, qui comportent tant de souffrances dans la vie des personnes, des familles et de la société. Oui, de nos jours les hommes et les femmes se trouvent parfois réellement dépouillés et blessés, aux marges des chemins que nous parcourons, souvent sans que personne n'écoute leur appel à l'aide et ne s'approche de leur peine, pour la soulager et la guérir. Dans le débat, souvent purement idéologique, une espèce de conjuration du silence se crée à leur égard. Ce n'est que dans l'attitude de l'amour miséricordieux que l'on peut se rapprocher des victimes pour leur porter secours et leur permettre de se relever et de reprendre le chemin de l'existence.

Dans un contexte culturel marqué par un individualisme grandissant, par l'hédonisme et, trop souvent également, par un manque de solidarité et de soutien social approprié, la liberté humaine, face aux difficultés de la vie, est amenée dans sa fragilité à prendre des décisions contraires à l'indissolubilité du pacte conjugal et au respect dû à la vie humaine à peine conçue et encore protégée dans le sein maternel. Le divorce et l'avortement sont des choix de nature certes différentes, parfois faits dans des circonstances difficiles et dramatiques, qui comportent souvent des traumatismes et qui sont à l'origine de souffrances profondes pour ceux qui les font. Ils font aussi des victimes innocentes : l'enfant à peine conçu et pas encore né, les enfants impliqués dans la rupture des liens familiaux. Tous gardent des blessures qui marquent leur vie de façon indélébile. Le jugement éthique de l'Eglise à l'égard du divorce et de l'avortement est clair et connu de tous : il s'agit de fautes graves qui, dans une mesure différente et exception faite de l'évaluation des responsabilités subjectives, lèsent la dignité de la personne humaine, entraînent une profonde injustice dans les rapports humains et sociaux et offensent Dieu lui-même, garant du pacte conjugal et auteur de la vie. Et cependant l'Eglise, sur l'exemple de son Maître Divin, a toujours face à elle les personnes concrètes, surtout les plus faibles et les plus innocentes, qui sont victimes des injustices et des péchés, et également ces autres hommes et femmes qui, ayant commis ces actes, sont entachés de leurs fautes et en portent les blessures intérieures, cherchant la paix et la possibilité d'une reprise.

L'Eglise a comme premier devoir de se rapprocher de ces personnes avec amour et délicatesse, avec égard et attention maternelle, pour annoncer la proximité miséricordieuse de Dieu en Jésus Christ. C'est en effet lui, comme nous l'enseignent les Pères, le véritable bon samaritain, qui s'est fait notre prochain, qui verse l'huile et le vin sur nos blessures et qui nous conduit à l'auberge, l'Eglise, dans laquelle il nous fait soigner, en nous confiant à ses ministres et en payant en personne à l'avance pour notre guérison. Oui, l'Evangile de l'amour et de la vie est toujours également l'Evangile de la Miséricorde, qui s'adresse à l'homme concret et pécheur que nous sommes, pour le relever après toutes ses chutes, pour le guérir de toutes ses plaies. Mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-PauI Il, dont nous venons de célébrer le troisième anniversaire de la mort, dit à l'occasion de l'inauguration du nouveau sanctuaire de la divine miséricorde à Cracovie : «Il n'existe pas pour l'homme d'autre source d'espérance en dehors de la miséricorde de Dieu » (17 août 2002). A partir de cette miséricorde l'Eglise nourrit une confiance énorme dans l'homme et dans sa capacité à se relever. Elle sait que, avec l'aide de la grâce, la liberté humaine est capable du don de soi définitif et fidèle, qui rend possible le mariage d'un homme et d'une femme comme pacte indissoluble, que la liberté humaine, même dans les circonstances les plus difficiles, est capable de gestes extraordinaires de sacrifice et de solidarité pour accueillir la vie d'un nouvel être humain. On peut ainsi voir que les « non » que l'Eglise prononce dans ses indications morales et sur lesquels l'attention de l'opinion publique s'arrête de façon unilatérale, sont en réalité des grands « oui » à la dignité de la personne humaine, à sa vie et à sa capacité d'aimer. Ils sont l'expression de la confi

Sommaire documents

t>