Benoît XVI de A à Z

Eglise Catholique

1 - La mort du Saint-Père Jean-Paul II, et les jours qui ont suivi, ont été pour l'Eglise et pour le monde entier un temps de grâce extraordinaire. La grande douleur provoquée par sa disparition et le sentiment de vide qu'il a laissé en chacun ont été tempérés par l'action du Christ ressuscité, qui s'est manifestée au cours de longues journées dans la vague unanime de foi, d'amour et de solidarité spirituelle, qui a atteint son sommet lors de ses obsèques solennelles.
Nous pouvons le dire : les funérailles de Jean-Paul II ont été une expérience vraiment extraordinaire où l'on a d'une certaine façon perçu la puissance de Dieu qui, par l'intermédiaire de son Eglise, veut faire de tous les peuples une grande famille, grâce à la force unificatrice de la Vérité et de l'Amour (cf. Lumen gentium, 1). A l'heure de la mort, configuré à son Maître et Seigneur, Jean-Paul II a couronné son long et fécond pontificat, confirmant le peuple chrétien dans la foi, le rassemblant autour de lui et faisant sentir la famille humaine tout entière, plus unie…

… J'ai devant moi, en particulier, le témoignage du pape Jean-Paul II. Il laisse une Eglise plus courageuse, plus libre, plus jeune. Une Eglise qui, selon son enseignement et son exemple, regarde le passé avec sérénité et n'a pas peur de l'avenir…

… L'Eucharistie, cœur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de l'Eglise…

… L'Eucharistie rend constamment présent le Christ ressuscité qui continue de se donner à nous, nous appelant à participer au banquet de son Corps et de son Sang. C'est de la pleine communion avec Lui que naît tout autre élément de la vie de l'Eglise, en premier lieu la communion entre tous les fidèles, l'engagement d'annoncer et de témoigner de l'Evangile, l'ardeur de la charité envers tous, spécialement envers les pauvres et les petits.

… L'Eglise d'aujourd'hui doit raviver en elle-même la conscience de la tâche de reproposer au monde la voix de Celui qui a dit: « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12). En commençant son ministère, le nouveau pape sait que sa tâche est de faire resplendir devant les hommes et les femmes d'aujourd'hui la lumière du Christ: pas sa propre lumière, mais celle du Christ.

Je m'adresse à tous avec cette conscience, également à ceux qui pratiquent d'autres religions ou qui cherchent simplement une réponse aux questions fondamentales de l'existence et qui ne l'ont pas encore trouvée. Je m'adresse à tous avec simplicité et affection, pour les assurer que l'Eglise désire continuer à tisser avec eux un dialogue ouvert et sincère, à la recherche du bien véritable de l'homme et de la société.

J'invoque de Dieu l'unité et la paix pour la famille humaine et je déclare la disponibilité de tous les catholiques à coopérer pour un développement social authentique, respectueux de la dignité de chaque être humain. - Chapelle Sixtine 20.4.2005


2 - Consciente de sa mission et de l'importance des médias, l'Eglise a cherché la collaboration avec le monde de la communication sociale, spécialement à partir du Concile Vatican II. Sans aucun doute, le Pape Jean-Paul II a été le grand artisan de ce dialogue ouvert et sincère, lui qui a entretenu, pendant plus de vingt-six ans de pontificat, des rapports constants et féconds avec vous qui êtes engagés dans les communications sociales. Et c'est particulièrement aux responsables des communications sociales qu'il a voulu consacrer un de ses derniers documents, la Lettre apostolique du 24 janvier dans laquelle il rappelle que "notre époque est celle de la communication globale, où tant de moments de l'existence humaine se déroulent à travers des processus médiatiques, ou du moins doivent se confronter à ceux-ci" (Le progrès rapide, n. 3).
Je souhaite poursuivre ce dialogue fructueux, et je partage ce qu'observait le Pape Jean-Paul II concernant le fait que "le développement actuel des communications sociales pousse l'Eglise à une sorte de révision pastorale et culturelle permettant de faire face au changement d'époque que nous vivons" (ibid., n. 8). - Aux Journalistes 23.5.2005


3 - Oui, l'Église est vivante - telle est la merveilleuse expérience de ces jours-ci. Au cours des journées tristes de la maladie et de la mort du Pape, précisément, s'est manifesté de manière merveilleuse à nos yeux le fait que l'Église est vivante. Et l'Église est jeune. Elle porte en elle l'avenir du monde et c'est pourquoi elle montre aussi à chacun de nous le chemin vers l'avenir. L'Église est vivante et nous le voyons: nous faisons l'expérience de la joie que le Ressuscité a promise aux siens. L'Église est vivante - elle est vivante parce que le Christ est vivant, parce qu'il est vraiment ressuscité…

… Chers amis ! En ce moment, je n'ai pas besoin de présenter un programme de gouvernement. J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer, dans mon message du mercredi 20 avril, certains aspects de ce que je considère comme de ma charge; je ne manquerai pas de le faire en d'autres circonstances. Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l'Église, de me mettre à l'écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l'Église en cette heure de notre histoire…

… La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n'est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l'abandon, de la solitude, de l'amour détruit. Il y a le désert de l'obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l'homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C'est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l'édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l'exploitation et de la destruction. L'Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l'amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude…

... Aujourd'hui encore, l'Église et les successeurs des Apôtres sont invités à prendre le large sur l'océan de l'histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ - à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les Pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci: pour le poisson, créé pour l'eau, être sorti de l'eau entraîne la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l'homme. Mais dans la mission du pêcheur d'hommes, c'est le contraire qui survient. Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort; dans un océan d'obscurité, sans lumière. Le filet de l'Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi - dans la mission de pêcheur d'hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l'océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ainsi: nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu'est la vie. Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l'évolution. Chacun de nous est le fruit d'une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n'y a rien de plus beau que d'être rejoints, surpris par l'Évangile, par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d'hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu'en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde. - Homélie Intronisation 24.4.2005


4 - A la mort du Pape, au milieu de tant de douleur, est apparue l'Eglise vivante. Il est apparu avec évidence que l'Eglise est une force d'unité, un signe pour l'humanité. Lorsque les radios et les télévisions rendaient compte 24 heures sur 24 du retour du Pape à la maison du Père, de la douleur des personnes et de l'oeuvre du grand défunt, elles répondaient à une participation qui a dépassé toutes les attentes. Dans le Pape, ils ont vu un Père qui apportait sécurité et confiance. Qui, d'une certaine façon, unissait toutes les personnes entre elles. On a vu que l'Eglise n'est pas refermée sur elle-même et qu'elle n'existe pas pour elle-même, mais qu'elle est un point lumineux pour les hommes. On a vu que l'Eglise n'est pas du tout vieille, ni immobile. Non, elle est jeune…. - Audience aux Allemands 25.4.2005


5 - L'Eglise est par nature missionnaire, sa tâche première est l'évangélisation…

… Au début du troisième millénaire, l'Eglise sent avec une vivacité renouvelée que le mandat missionnaire du Christ est plus que jamais actuel. Le Grand Jubilé de l'An 2000 l'a conduite à « repartir du Christ », contemplé dans la prière, afin que la lumière de sa vérité soit irradiée par tous les hommes, avant tout par le témoignage de la sainteté…

… Le XXe siècle a été un temps de martyre. Le pape Jean-Paul II l'a fortement mis en relief, en demandant à l'Eglise de « mettre à jour le martyrologe », et a canonisé et béatifié de nombreux martyrs de l'histoire récente. Si donc le sang des martyrs est semence de nouveaux chrétiens, au début du IIIe millénaire, il est licite de s'attendre à une nouvelle floraison de l'Eglise, spécialement là où elle a davantage souffert pour la foi et pour le témoignage de l'Evangile. - Saint Paul Hors les Murs 25.4.2005


6 - Nous apprenons … quelque chose de plus sur la manière concrète dont le Seigneur réalise cette façon d'être proche de nous. Le Seigneur promet son Esprit Saint aux disciples. La première lecture que nous avons entendue nous dit que l'Esprit Saint sera une «force» pour les disciples; l'Evangile ajoute qu'il sera le guide vers la Vérité tout entière. Jésus a tout dit à ses disciples, étant lui-même la Parole vivante de Dieu, et Dieu ne peut pas donner plus que lui-même. En Jésus, Dieu s'est entièrement donné à nous — c'est-à-dire qu'il nous a tout donné. En plus de cela, ou à côté de cela, il ne peut exister aucune autre révélation en mesure de transmettre davantage ou de compléter, de quelque manière que ce soit, la Révélation du Christ. En Lui, dans le Fils, tout nous a été dit, tout nous a été donné. Mais notre capacité de comprendre est limitée; c'est pourquoi la mission de l'Esprit est d'introduire l'Eglise de façon toujours nouvelle, de génération en génération, dans la grandeur du mystère du Christ. L'Esprit ne présente rien de différent et de nouveau à côté du Christ; il n'y a aucune révélation pneumatique à côté de celle du Christ — comme certains le croient —, aucun deuxième niveau de Révélation. Non: «c'est de mon bien qu'il recevra», dit le Christ dans l'Evangile (Jn 16, 14). Et de même que le Christ dit seulement ce qu'il sent et reçoit du Père, de même l'Esprit Saint est l'interprète du Christ. «C'est de mon bien qu'il recevra». Il ne nous conduit pas dans d'autres lieux, éloignés du Christ, mais il nous conduits toujours davantage dans la lumière du Christ. C'est pourquoi la révélation chrétienne est, dans le même temps, toujours ancienne et toujours nouvelle. C'est pourquoi tout nous est toujours et déjà donné. Dans le même temps, chaque génération, dans la rencontre infinie avec le Seigneur — rencontre qui a lieu à travers l'Esprit Saint — apprend toujours quelque chose de nouveau.

Ainsi, l'Esprit Saint est la force à travers laquelle le Christ nous fait ressentir sa proximité. Mais la première lecture dit également une deuxième parole: vous serez mes témoins. Le Christ ressuscité a besoin de témoins qui l'ont rencontré, d'hommes qui l'ont connu intimement à travers la force de l'Esprit Saint. D'hommes qui l'ayant, pour ainsi dire, touché du doigt, peuvent en témoigner. C'est ainsi que l'Eglise, la famille du Christ, a grandi de «Jérusalem... jusqu'aux extrémités de la terre», comme le dit la lecture. C'est à travers les témoins que l'Eglise a été construite — à commencer par Pierre et par Paul, et par les Douze, jusqu'à tous les hommes et toutes les femmes qui, comblés du Christ, ont rallumé et rallumeront au cours des siècles de manière toujours nouvelle la flamme de la foi. Chaque chrétien, à sa façon, peut et doit être le témoin du Seigneur ressuscité. Quand nous lisons les noms des saints nous pouvons voir combien de fois ils ont été — et continuent à être — tout d'abord des hommes simples, des hommes dont émanait — et émane — une lumière resplendissante capable de conduire au Christ…

… L'Evêque de Rome siège sur sa Chaire pour témoigner du Christ. Ainsi la Chaire est le symbole de la potestas docendi, cette autorité d'enseignement qui est la partie essentielle du mandat de lier et de délier conféré par le Seigneur à Pierre et, après lui, aux Douze. Dans l'Eglise, l'Ecriture Sainte, dont la compréhension s'accroît sous l'inspiration de l'Esprit Saint, et le ministère de l'interprétation authentique, conféré aux apôtres, appartiennent l'un à l'autre de façon indissoluble. Là où l'Ecriture Sainte est détachée de la voix vivante de l'Eglise, elle devient la proie des discussions des experts. Tout ce que ces derniers ont à nous dire est certainement important et précieux; le travail des savants est d'une aide appréciable pour pouvoir comprendre ce processus vivant à travers lequel l'Ecriture a grandi et comprendre ainsi sa richesse historique. Mais la science ne peut pas nous fournir à elle seule une interprétation définitive et faisant autorité; elle n'est pas en mesure de nous donner, dans l'interprétation, la certitude avec laquelle nous pouvons vivre et pour laquelle nous pouvons également mourir. C'est pourquoi, nous avons besoin d'un mandat plus grand, qui ne peut pas naître uniquement des capacités humaines. C'est pourquoi nous avons besoin de la voix de l'Eglise vivante, de cette Eglise confiée à Pierre et au collège des apôtres jusqu'à la fin des temps.

Cette autorité d'enseignement effraie un grand nombre d'hommes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Eglise. Ils se demandent si celle-ci ne menace pas la liberté de conscience, si elle n'est pas une présomption s'opposant à la liberté de pensée. Il n'en est pas ainsi. Le pouvoir conféré par le Christ à Pierre et à ses successeurs est, au sens absolu, un mandat pour servir. L'autorité d'enseigner, dans l'Eglise, comporte un engagement au service de l'obéissance à la foi. Le Pape n'est pas un souverain absolu, dont la pensée et la volonté font loi. Au contraire: le ministère du Pape est la garantie de l'obéissance envers le Christ et envers Sa Parole. Il ne doit pas proclamer ses propres idées, mais se soumettre constamment, ainsi que l'Eglise, à l'obéissance envers la Parole de Dieu, face à toutes les tentatives d'adaptation et d'appauvrissement, ainsi que face à tout opportunisme. C'est ce que fit le Pape Jean-Paul II lorsque, face à toutes les tentatives, apparemment bienveillantes envers l'homme, face aux interprétations erronées de la liberté, il souligna de manière catégorique l'inviolabilité de l'être humain, l'inviolabilité de la vie humaine de sa conception jusqu'à sa mort naturelle. La liberté de tuer n'est pas une véritable liberté, mais une tyrannie qui réduit l'être humain en esclavage. Le Pape est conscient d'être, dans ses grandes décisions, lié à la grande communauté de foi de tous les temps, aux interprétations faisant autorité qui sont apparues le long du chemin du pèlerinage de l'Eglise. Ainsi son pouvoir ne se trouve pas «au dessus», mais il est au service de la Parole de Dieu, et c'est sur lui que repose la responsabilité de faire en sorte que cette Parole continue à rester présente dans sa grandeur et à retentir dans sa pureté, de façon à ce qu'elle ne soit pas détruite par les changements incessants des modes…

Comment ne pas rappeler les paroles que saint Ignace d'Antioche écrivit aux Romains? Pierre, venant d'Antioche, son premier siège, se dirigea vers Rome, son siège définitif. Un siège rendu définitif à travers le martyre par lequel il lia pour toujours sa succession à Rome. Ignace, quant à lui, restant Evêque d'Antioche, se dirigeait vers le martyre qu'il allait devoir subir à Rome. Dans sa lettre aux Romains, il se réfère à l'Eglise de Rome comme à «Celle qui préside dans l'amour», une expression très significative. Nous ne savons pas avec certitude ce qu'Ignace avait véritablement à l'esprit en utilisant ces mots. Mais pour l'antique Eglise, le mot amour agape faisait allusion au mystère de l'Eucharistie. Dans ce Mystère, l'amour du Christ se fait toujours tangible parmi nous. Là, Il se redonne continuellement. Là, Il se refait continuellement transpercer le coeur ; là, Il tient sa promesse, la promesse que, de la Croix, il aurait tout attiré à lui. Dans l'Eucharistie, nous apprenons nous-mêmes l'amour du Christ. C'est grâce à ce centre et à ce cœur, grâce à l'Eucharistie, que les saints ont vécu, en apportant l'amour de Dieu dans le monde sous des formes et des manières toujours nouvelles. Grâce à l'Eucharistie, l'Eglise renaît sans cesse de nouveau! L'Eglise n'est autre que ce réseau — la communauté eucharistique! — dans laquelle nous tous, en recevant le même Seigneur, nous devenons un seul corps et nous embrassons le monde entier. Présider dans la doctrine et présider dans l'amour, ne doivent être à la fin, qu'une seule chose: toute la doctrine de l'Eglise, conduit en définitive à l'amour. Et l'Eucharistie, cet amour présent de Jésus Christ, est le critère de toute doctrine. De l'amour dépendent toute la Loi et les Prophètes, dit le Seigneur (Mt 22, 40). L'amour est l'accomplissement de la loi, écrivait saint Paul aux Romains (13, 10).

Chers Romains, à présent je suis votre Evêque. Je vous remercie de votre générosité, je vous remercie de votre sympathie, je vous remercie de votre patience! En tant que catholiques, d'une certaine façon, nous sommes également tous Romains. Avec les paroles du Psaume 87, un hymne de louange à Sion, mère de tous les peuples, Israël chantait et l'Eglise chante: «Mais de Sion l'on dira: “Tout homme y est né”» (v. 5). Nous pourrions dire la même chose nous aussi: en tant que catholiques, d'une certaine façon, nous sommes tous nés à Rome. C'est pourquoi je veux chercher, de tout mon cœur, à être votre Evêque, l'Evêque de Rome. Et nous voulons tous chercher à être toujours plus catholiques — toujours plus des frères et des sœurs dans la grande famille de Dieu, cette famille où il n'existe pas d'étrangers. - Homélie Saint Jean de Latran 7.5.2005


7 - Les causes du «désert spirituel» qui frappe l'humanité de notre époque et qui, en conséquence, minent également l'Eglise qui vit dans cette humanité, restent bien présentes…

... le Seigneur nous appelle amis, ils fait de nous ses amis, il s'en remet à nous, il nous confie son corps dans l'Eucharistie, il nous confie son Eglise ..

… Etant donné que le Christ se trouve à sa source, le sacerdoce est, par nature, dans l'Eglise et pour l'Eglise. La foi chrétienne, en effet, n'est pas quelque chose de purement spirituel et intérieur, et notre relation avec le Christ n'est pas seulement subjective et privée. Il s'agit en revanche d'une relation tout à fait concrète et ecclésiale. A son tour, le sacerdoce ministériel possède un rapport constitutif avec le corps du Christ, dans sa double et inséparable dimension d'Eucharistie et d'Eglise, de corps eucharistique et de corps ecclésial. C'est pourquoi notre ministère est amoris officium (Saint Augustin, In Iohannis Evangelium Tractatus 123, 5), c'est la tâche du bon pasteur, qui offre sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 14-15). Dans le mystère eucharistique le Christ se redonne constamment et, précisément dans l'Eucharistie, nous apprenons l'amour du Christ et donc l'amour pour l'Eglise. Je répète donc avec vous, chers frères dans le sacerdoce, les inoubliables paroles de Jean-Paul II: «La Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées» (Discours du 27 octobre 1995, à l'occasion du 30e anniversaire du Décret Presbyterorum ordinis; cf. ORLF n. 46 du 14 novembre 1995). Cela devrait être une parole dont chacun de nous peut dire qu'elle est sienne: la Messe est de façon absolue le centre de ma vie et de chacune de mes journées. De la même façon, l'obéissance au Christ, qui corrige la désobéissance d'Adam, se concrétise dans l'obéissance ecclésiale, qui pour le prêtre est, dans la pratique quotidienne, tout d'abord obéissance à son évêque. Dans l'Eglise l'obéissance n'est cependant pas quelque chose de formel; c'est l'obéissance à celui qui est, à son tour, obéissant et qui personnifie le Christ obéissant. Tout cela ne rend pas vaines et n'atténue pas les exigences concrètes de l'obéissance, mais lui assure sa profondeur théologale et son souffle catholique: dans l'évêque nous obéissons au Christ et à l'Eglise entière, qu'il représente en ce lieu….

… Chers prêtres, nous ne soulignerons jamais assez combien notre réponse personnelle à l'appel à la sainteté est fondamentale et décisive. Telle est la condition pour que notre apostolat personnel soit non seulement fructueux mais également, et plus largement, pour que le visage de l'Eglise reflète la lumière du Christ (cf. Lumen gentium, n. 1), incitant ainsi les hommes à reconnaître et à adorer le Seigneur. Nous devons tout d'abord accueillir en nous la supplication de l'Apôtre Paul à se laisser réconcilier avec Dieu (cf. 2 Co 5, 20), en demandant au Seigneur avec un cœur sincère et une âme déterminée et courageuse d'éloigner de nous tout ce qui nous sépare de Lui et qui est en opposition avec la mission que nous avons reçue. Le Seigneur, nous en sommes sûrs, est miséricordieux et saura nous exaucer.

Mon ministère d'Evêque de Rome se situe dans le sillage de celui de mes prédécesseurs, accueillant en particulier l'héritage précieux que Jean-Paul II a laissé: chers prêtres et diacres, marchons ensemble sur cette voie, avec sérénité et confiance. Nous continuerons à chercher à faire croître la communion au sein de la grande famille de l'Eglise - Aux prêtres romains à Saint Jean de Latran 13.5.2005


8 - Saint Pierre, premier Evêque de Rome, dans sa première Epître dit que nous, chrétiens, devons être disposés à donner raison de notre foi. Cela suppose que nous ayons nous-mêmes compris la raison de la foi, que nous ayons réellement «digéré», également de façon rationnelle, avec le cœur, avec la sagesse du cœur, cette parole qui peut réellement être une réponse pour les autres. Dans la première Epître de saint Pierre, dans le texte grec, il est dit avec un beau jeu de mot: «apología», réponse du «logos», de la raison de notre foi. C'est-à-dire, le «logos», la raison de la foi, la parole de la foi doit devenir réponse de la foi. Et nous savons bien que le langage de la foi est souvent très éloigné des gens d'aujourd'hui; il ne peut se rapprocher que s'il devient, en nous, le langage de notre temps. Nous sommes contemporains; nous vivons en ce temps, avec ces pensées, avec ces sentiments. S'il est transformé en nous, il peut trouver une réponse.

Je reconnais naturellement, nous le savons tous, qu'un grand nombre ne sont pas immédiatement capables de s'identifier, de comprendre, d'assimiler tout l'enseignement du Christ. Il me semble important d'éveiller tout d'abord cette intention de croire avec l'Eglise, même si personnellement, quelqu'un peut ne pas avoir encore assimilé beaucoup de détails. Il faut avoir cette volonté de croire avec l'Eglise, avoir confiance dans le fait que cette Eglise — non seulement la communauté de deux mille ans de pèlerinage du peuple de Dieu, mais la communauté qui embrasse le Ciel et la terre, la communauté dans laquelle sont présents également tous les justes de tous les temps — que cette Eglise animée par l'Esprit Saint et réellement guidée en son sein par l'Esprit est donc le vrai sujet de la foi. Et l'individu s'insère dans ce sujet, y adhère, et donc, même s'il n'est pas encore totalement pénétré par celui-ci, a confiance et participe à la foi de l'Eglise, veut croire avec l'Eglise. Cela me semble le pèlerinage permanent de notre vie, arriver avec notre pensée, avec notre affection, avec toute notre vie dans la communion de la foi. C'est ce que nous pouvons offrir à tous afin que, peu à peu, ils puissent s'identifier et surtout qu'ils accomplissent toujours à nouveau ce pas fondamental de se confier à la foi de l'Eglise, de s'insérer dans ce pèlerinage de foi, de façon à recevoir la lumière de la foi. - Avec les prêtres de Rome 13.5.2005


9 - La lecture des Actes des Apôtres raconte comment, le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint, sous les signes d'un vent puissant et du feu, fait irruption dans la communauté des disciples de Jésus, en prière, et donne ainsi origine à l'Eglise…

… Le peuple de Dieu qui avait trouvé au Sinaï sa première forme, est alors élargi au point de ne connaître plus aucune frontière. Le nouveau peuple de Dieu, l'Eglise, est un peuple qui provient de tous les peuples. L'Eglise est catholique dès le début, telle est son essence la plus profonde. Saint Paul explique et souligne cela dans la deuxième lecture, lorsqu'il dit: «Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit» (1 Co 12, 13). L'Eglise doit toujours redevenir ce qu'elle est déjà: elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et faire tomber les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l'Eglise, il n'y a que des frères et des sœurs de Jésus Christ, libres…

… Le vent et le feu de l'Esprit Saint doivent sans relâche ouvrir ces frontières que nous les hommes continuons à élever entre nous; nous devons toujours repasser de Babel, de la fermeture sur nous-mêmes, à la Pentecôte. Nous devons donc prier sans cesse pour que l'Esprit Saint nous ouvre, nous donne la grâce de la compréhension, de façon à devenir le peuple de Dieu issu de tous les peuples — saint Paul nous dit encore davantage: dans le Christ, qui comme unique pain nous nourrit tous dans l'Eucharistie et nous attire à lui dans son corps torturé sur la croix, nous devons devenir un seul corps et un seul esprit…

...Le sacrement de la pénitence est l'un des trésors précieux de l'Eglise, car ce n'est que dans le pardon que s'accomplit le véritable renouveau du monde. Rien ne peut améliorer le monde, si le mal n'est pas surmonté. Et le mal ne peut être surmonté qu'avec le pardon. Bien sûr, cela doit être un pardon efficace. Mais seul le Seigneur peut nous donner ce pardon. Un pardon qui n'éloigne pas le mal seulement en paroles, mais qui le détruit réellement. Cela ne peut se produire qu'avec la souffrance et a réellement eu lieu avec l'amour empreint de souffrance du Christ, d'où nous puisons le pouvoir du pardon. - Homélie Messe Pentecôte 15.5.2005


10 - Sans l'Esprit Saint l'Eglise serait réduite à une organisation purement humaine, appesantie par ses structures. Mais dans les plans de Dieu, l'Esprit se sert à son tour habituellement des médiations humaines pour agir dans l'histoire. C'est précisément pour cette raison que le Christ, qui a constitué son Eglise sur le fondement des Apôtres étroitement unis autour de Pierre, l'a aussi enrichie du don de son Esprit, afin qu'au fil des siècles il la conforte (cf. Jn 14,16) et la conduise à la vérité tout entière (cf. Jn 16,13). Puisse la communauté ecclésiale rester toujours ouverte et docile à l'action de l'Esprit Saint pour être parmi les hommes un signe crédible et un instrument efficace de l'action de Dieu !

Confions ce souhait à l'intercession de la Vierge Marie que nous contemplons aujourd'hui dans le mystère glorieux de la Pentecôte. L'Esprit Saint, qui à Nazareth était descendu sur Elle pour la faire devenir la Mère du Verbe incarné (cf. Lc 1, 35), est descendu aujourd'hui sur l'Eglise naissante réunie autour d'Elle dans le Cénacle (cf. Ac 1, 14). Invoquons avec confiance la Très Sainte Vierge Marie, afin qu'elle obtienne une nouvelle effusion de l'Esprit sur l'Eglise d'aujourd'hui - Regina Caeli 15.5.2005


11 - La mission caritative de l'Eglise, en particulier à l'égard des pauvres et de ceux qui souffrent, fait partie de son "engagement d'un amour actif et concret envers tout être humain. - Au nouvel Ambassadeur de Macédoine 19.5.2005


12 - Afin de conférer un visage véritablement humain à la société, aucun peuple ne peut ignorer le bien précieux de la famille, fondée sur le mariage. "L'alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu'à la génération et à l'éducation de enfants" (can. 1055), constitue le fondement de la famille, patrimoine et bien commun de l'humanité. C'est pourquoi l'Eglise ne peut se lasser d'annoncer que, conformément aux desseins de Dieu (cf. Mt 19, 3-9), le mariage et la famille sont irremplaçables et n'admettent pas d'alternative. - 17.5.2005 - Lettre pour la Vème rencontre mondiale des famille en 2006


13 - L'Eglise catholique qui est … disposée à accomplir des pas décisifs dans ses projets d'évangélisation. C'est pourquoi il est souhaitable qu'elle soit comprise et acceptée dans sa véritable nature et mission, car celle-ci cherche à promouvoir le bien commun pour tous, que ce soit du point de vue des personnes ou de la société. En effet, la transmission de la foi et la pratique religieuse des croyants ne peuvent pas rester limitées au domaine purement privé.
… J'encourage tous et chacun à vivre au sein de leur Eglise particulière dans un esprit de communion et de service, et je vous exhorte à rendre témoignage de votre dévotion à la Vierge Marie et de votre amour inlassable pour vos frères. - Lettre aux Evêques d'Espagne 19.5.2005


14 - Je suis convaincu que la façon de donner vie à une société véritablement attentive au bien commun est de rechercher dans l'Evangile les racines de valeurs communes, comme le montre l'expérience des saints Cyrille et Méthode. Tel est le désir ardent de l'Eglise catholique, dont l'unique intérêt est de diffuser et de témoigner du message d'espérance et d'amour de Jésus Christ, du message de vie qui, au fil des siècles, a inspiré de nombreux martyrs et confesseurs de la foi. - Au Premier Ministre de Macédoine 23.5.2005


15 - Annoncer la nouveauté libératrice de l'Évangile à tout homme, le rejoindre dans tout ce qui fait son existence et exprime son humanité, tel est le défi permanent de l'Église. Cette mission reçue par l'Église de son Seigneur rejoint fondamentalement votre projet et justifie hautement que le Saint-Siège ait toujours souhaité, par la présence d'un Observateur permanent, pouvoir prendre part à votre réflexion et à votre engagement. L'Église catholique continuera de le faire en mobilisant ses propres forces, qui sont avant tout de nature spirituelle, pour concourir au bien de l'homme dans toutes les dimensions de son être.
Dans un monde à la fois multiple et éclaté, mais aussi soumis aux fortes exigences de la mondialisation des relations économiques et plus encore des informations, il importe au plus haut point de mobiliser les énergies de l'intelligence pour que soient reconnus partout les droits de l'homme à l'éducation et à la culture, spécialement dans les pays les plus pauvres. Dans ce monde où l'homme doit apprendre de plus en plus à reconnaître et à respecter son frère, l'Église veut apporter sa propre contribution au service de la communauté humaine, en éclairant, d'une manière sans cesse approfondie, la relation qui unit chaque homme au Créateur de toute vie et qui fonde la dignité inaliénable de chaque être humain, de sa conception à sa fin naturelle.
Je salue les membres de la communauté universitaire et les enseignants qui participent à ce colloque, et je tiens à leur renouveler la confiance de l'Église, les encourageant à persévérer dans leur tâche exigeante et exaltante du service de la vérité. J'invite tous les participants à ce colloque à mettre en œuvre une véritable politique de la culture, soucieuse de préserver les identités culturelles, souvent menacées par des rapports de forces économiques et politiques, mais aussi de promouvoir l'expression de la culture de l'homme dans toutes les dimensions de son être. - Lettre pour le 25ème anniversaire de la Visite de Jean Paul II à l'UNESCO 24.5.2005


16 - Lors de la procession du Jeudi Saint, l'Eglise accompagne Jésus au mont des Oliviers: l'Eglise orante éprouve le vif désir de veiller avec Jésus, de ne pas le laisser seul dans la nuit du monde, dans la nuit de la trahison, dans la nuit de l'indifférence d'un grand nombre de personnes…

… Le Seigneur a institué le Sacrement du Cénacle, l'Eucharistie, entouré de sa nouvelle famille, des douze apôtres, préfiguration et anticipation de l'Eglise de tous les temps - Homélie Corpus Domini, Rome - 26.5.2005


17 - Vous placez à juste titre à la base de tout la contemplation de Jésus Christ et, en Lui, du vrai visage de Dieu le Père, le rapport vivant et quotidien avec Lui. En effet, c'est là que se trouve l'âme et la force secrète de l'Eglise, la source efficace de notre apostolat. C'est surtout dans le mystère de l'Eucharistie que nous-mêmes, nos prêtres et tous nos fidèles pouvons vivre en plénitude ce rapport avec le Christ: dans ce mystère, il devient tangible parmi nous, se donne toujours à nouveau, devient nôtre afin que nous devenions siens et apprenions son amour. …
…En contemplant le visage du Christ, et dans le Christ le visage du Père, la Très Sainte Vierge nous précède, nous soutient et nous accompagne. L'amour et la dévotion pour la Mère du Seigneur, … sont un héritage précieux que nous devons toujours cultiver et une grande ressource également en vue de l'évangélisation. Chers frères, sur ces bases, nous pouvons vraiment proposer à nous-mêmes et à nos fidèles la vocation à la sainteté, comme "haut degré de la vie chrétienne ordinaire", selon l'heureuse expression de Jean-Paul II dans Novo millennio ineunte (n. 37): l'Esprit Saint vient en effet en nous, par le Christ et le Père, précisément pour nous introduire dans le mystère de la vie et de l'amour de Dieu, au-delà de toute force et de toute attente humaine…
… Vous vous êtes donc préoccupés avec sagesse de soutenir les paroisses, en réaffirmant leur valeur et leur fonction et en encourageant ainsi en particulier les prêtres qui ont la lourde responsabilité d'être curés. Mais vous avez également mis en lumière la nécessité que les paroisses assument une attitude davantage missionnaire dans la pastorale quotidienne et s'ouvrent donc à une plus intense collaboration avec les forces vives dont l'Eglise dispose aujourd'hui. Il est très important, à ce propos, que soit renforcée la communion entre les structures paroissiales et les diverses réalités "charismatiques" apparues au cours des dernières décennies et largement présentes en Italie, afin que la mission puisse atteindre tous les milieux de vie. Dans ce même objectif, une contribution précieuse est assurément apportée par la présence des communautés religieuses, encore nombreuses en Italie malgré le manque de vocations…
… … Les jeunes sont l'espérance de l'Eglise, mais ils sont également, dans le monde d'aujourd'hui, particulièrement exposés au danger d'être "ballottés et emportés à tout vent de la doctrine" (cf. Ep 4, 14). Ils ont donc besoin d'être aidés à croître et à mûrir dans la foi: tel est le premier service qu'ils doivent recevoir de l'Eglise, et en particulier de nous, Evêques, et de nos prêtres. Nous savons bien qu'un grand nombre d'entre eux ne sont pas en mesure de comprendre et d'accueillir immédiatement tout l'enseignement de l'Eglise, c'est pourquoi il est justement important de réveiller en eux l'intention de croire avec l'Eglise, ainsi que la confiance que cette Eglise, animée et guidée par l'Esprit, est le sujet véritable de la foi, et qu'en nous y insérant, nous entrons et participons dans la communion de la foi. Afin que cela puisse se produire, les jeunes doivent se sentir aimés par l'Eglise, aimés concrètement par nous, Evêques et prêtres. Ils pourront ainsi faire l'expérience, dans l'Eglise, de l'amitié et de l'amour que le Seigneur a pour eux, ils comprendront que dans le Christ, la vérité coïncide avec l'amour et ils apprendront à leur tour à aimer le Seigneur et à avoir confiance dans son corps, qui est l'Eglise. Chers frères Evêques italiens, tel est aujourd'hui le point central du grand défi de la transmission de la foi aux jeunes générations. - Aux Evêques d'Italie 30.5.2005


18 - La Vierge nous accompagne chaque jour dans notre prière. En cette Année de l'Eucharistie que nous sommes en train de vivre, Marie nous aide avant tout à découvrir toujours mieux le grand sacrement de l'Eucharistie. Le bien-aimé Pape Jean-Paul II, dans sa dernière Encyclique - Ecclesia de Eucharistia - nous l'a présentée comme "femme eucharistique" tout au long de sa vie (cf. n. 53). "Femme eucharistique" en profondeur, en commençant par son attitude intérieure: depuis l'Annonciation, lorsqu'elle fit le don d'elle-même pour l'incarnation du Verbe de Dieu, jusqu'à la croix et la résurrection; "femme eucharistique" au cours de la période qui a suivi la Pentecôte, lorsqu'elle reçut dans le Sacrement ce Corps qu'elle avait conçu et porté dans son sein. Aujourd'hui en particulier, à travers la liturgie, nous nous arrêtons pour méditer le mystère de la Visitation de la Vierge à sainte Elisabeth. Marie se rend chez sa cousine âgée Elisabeth, que tous disaient stérile et qui en revanche était parvenue au sixième mois d'une grossesse donnée par Dieu (cf. Lc 1, 36), alors qu'elle porte dans son sein Jésus qui vient d'être conçu. C'est une jeune fille qui n'a pas peur, parce que Dieu est avec elle, Dieu est en elle. D'une certaine façon, nous pouvons dire que son voyage a été - nous sommes heureux de le souligner en cette Année de l'Eucharistie - la première "procession eucharistique" de l'histoire. Marie, tabernacle vivant de Dieu fait chair, est l'arche de l'Alliance, dans laquelle le Seigneur a visité et racheté son peuple. La présence de Jésus la comble d'Esprit Saint. Quand elle entre dans la maison d'Elisabeth, son salut déborde de grâce: Jean frémit dans le sein de sa mère, comme percevant la présence de Celui qu'il devra bientôt annoncer à Israël. Les fils exultent, les mères exultent. Cette rencontre imprégnée par la joie de l'Esprit, trouve son expression dans le chant du Magnificat.
N'est-ce pas également la joie de l'Eglise, qui sans cesse accueille le Christ dans la Sainte Eucharistie et l'apporte dans le monde à travers le témoignage de la charité active, emplie de foi et d'espérance? Oui, accueillir Jésus et l'amener aux autres est la véritable joie du chrétien! Chers frères et soeurs, suivons et imitons Marie, une âme profondément eucharistique, et toute notre vie pourra devenir un Magnificat (cf. Ecclesia de Eucharistia, n. 58), une louange de Dieu. - Méditation Grotte de Lourdes au Vatican, 31.5.2005


19 - Les familles chrétiennes constituent une ressource Les familles chrétiennes constituent une ressource décisive pour l'éducation à la foi, l'édification de l'Eglise comme communion et sa capacité de présence missionnaire dans les situations de vie les plus diverses, ainsi que pour apporter un ferment chrétien à la culture diffuse et aux structures sociales..
… Aucun homme et aucune femme ne peuvent à eux seuls et uniquement avec leurs propres forces donner aux enfants de manière adaptée l'amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu'un « ta vie est bonne, bien que je ne connaisse pas ton avenir », une autorité et une crédibilité supérieures à celles que l'individu peut se donner lui-même sont nécessaires. Le chrétien sait que cette autorité est conférée à cette famille plus vaste que Dieu, à travers son Fils Jésus Christ et le don de l'Esprit Saint, a créée dans l'histoire des hommes, c'est-à-dire à l'Eglise. Il reconnaît ici à l'œuvre cet amour éternel et indestructible qui assure à la vie de chacun de nous son sens permanent, même si nous ne connaissons pas l'avenir. C'est pour cette raison que l'édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l'Eglise, qui la soutient et l'emmène avec elle et qui garantit le fait qu'elle a un sens et qu'à l'avenir également le « oui » du Créateur sera présent sur elle. Et, réciproquement, l'Eglise est édifiée par les familles, « petites Eglises domestiques », comme les a appelées le Concile Vatican II (Lumen gentium, n. 11; Apostolicam actuositatem, n. 11), en redécouvrant une antique expression patristique (Saint Jean Chrysostome, In Genesim serm. VI, 2; VII, 1). Dans la même optique, Familiaris consortio affirme que «le mariage chrétien... constitue le lieu naturel où s'accomplit l'insertion de la personne humaine dans la grande famille de l'Eglise» (n. 15)…
… La famille et l'Eglise, concrètement, les paroisses et les autres formes de communautés ecclésiales, sont appelées à la plus étroite collaboration pour la tâche fondamentale qui est constituée, de manière indissociable, par la formation de la personne et par la transmission de la foi. Nous savons bien que pour une œuvre d'éducation authentique il ne suffit pas d'une théorie juste ou d'une doctrine à transmettre. Il faut quelque chose de beaucoup plus grand et humain, de la proximité, quotidiennement vécue, qui est propre à l'amour et qui trouve son milieu le plus propice avant tout dans la communauté familiale, mais ensuite également dans une paroisse, ou un mouvement ou une association ecclésiale, où se rencontrent des personnes qui prennent soin de leurs frères, en particulier des enfants et des jeunes, mais également des adultes, des personnes âgées, des malades, des familles elles-mêmes car elles les aiment dans le Christ. Le grand patron des éducateurs, saint Jean Bosco, rappelait à ses fils spirituels, que l'« éducation est une chose du cœur et que Dieu seul en est le patron » (Epistolario, 4, 209).
Au centre de l'œuvre éducative, et en particulier dans l'éducation à la foi, qui est le sommet de la formation de la personne et son horizon le plus adapté, se trouve de manière concrète la figure du témoin: il devient un point de référence précisément dans la mesure ou il sait rendre raison de l'espérance qui soutient sa vie (cf. 1 P 3, 15), il est personnellement concerné par la vérité qu'il propose. D'autre part, le témoin ne renvoie jamais à lui-même mais à quelque chose, ou mieux à Quelqu'un plus grand que lui, qu'il a rencontré et dont il a éprouvé la bonté à laquelle on peut faire confiance. Ainsi, chaque éducateur et témoin trouve son modèle inégalable en Jésus Christ, le grand témoin du Père, qui ne disait rien de lui-même, mais qui parlait comme le Père le lui avait enseigné (cf. Jn 8, 28).

C'est la raison pour laquelle à la base de la formation de la personne chrétienne et de la transmission de la foi se trouvent nécessairement la prière, l'amitié personnelle avec le Christ et la contemplation en Lui du visage du Père. Cela vaut évidemment pour tout notre engagement missionnaire, en particulier pour la pastorale de la famille: que la Famille de Nazareth soit donc pour nos familles et pour nos communautés l'objet d'une prière constante et confiante, ainsi qu'un modèle de vie.

Chers frères et sœurs, et en particulier vous, chers prêtres, je connais la générosité et le dévouement avec lesquels vous servez le Seigneur et l'Eglise. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, en lien étroit avec les sacrements de l'initiation chrétienne, ainsi que pour la préparation au mariage et pour l'accompagnement des familles dans leur chemin souvent difficile, en particulier dans la grande tâche de l'éducation des enfants, est la route fondamentale pour régénérer continuellement l'Eglise et également pour vivifier le tissu social de notre bien-aimée ville de Rome…
… Le rapport éducatif est de par sa nature quelque chose de délicat: il met en effet en jeu la liberté de l'autre, que l'on provoque toujours, même si c'est avec douceur, à prendre une décision. Ni les parents, ni les prêtres ou les catéchistes, ni les autres éducateurs ne peuvent se substituer à la liberté de l'enfant, de l'adolescent ou du jeune auquel ils s'adressent. Et la proposition chrétienne interpelle de manière particulièrement profonde la liberté, l'appelant à la foi et à la conversion. Aujourd'hui, un obstacle particulièrement menaçant pour l'œuvre d'éducation est constitué par la présence massive, dans notre société et notre culture, de ce relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, ne laisse comme ultime mesure que son propre moi avec ses désirs, et sous l'apparence de la liberté devient une prison pour chacun, séparant l'un de l'autre et réduisant chacun à se retrouver enfermé dans son propre « Moi ». Dans un tel horizon relativiste une véritable éducation n'est donc pas possible: en effet, sans la lumière de la vérité toute personne est condamnée, à un moment ou à un autre, à douter de la bonté de sa vie même et des relations qui la constituent, de la valeur de son engagement pour construire quelque chose en commun avec les autres.

Il est donc clair que nous devons non seulement chercher à surmonter le relativisme dans notre travail de formation des personnes, mais que nous sommes également appelés à nous opposer à sa domination destructrice dans la société et dans la culture. A côté de la parole de l'Eglise, le témoignage et l'engagement public des familles chrétiennes est donc très important, en particulier pour réaffirmer le caractère inviolable de la vie humaine de sa conception jusqu'à son terme naturel, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives et administratives qui soutiennent les familles dans leur tâche d'engendrer et d'éduquer les enfants, tâche essentielle pour notre avenir commun. Je vous remercie cordialement également pour cet engagement. - - Au Congrès diocésain de Rome sur la famille 6.6.2005


20 - Les catholiques constituent une minorité dans votre région. Cela suscite de nombreux défis qui requièrent un grand dévouement de la part de l'Eglise pour s'occuper avec soin de son troupeau et, dans le même temps, pour rester fidèle à son engagement missionnaire. C'est pour cette raison qu'il est essentiel que les Evêques promeuvent l'oeuvre cruciale de la catéchèse, afin de garantir que le Peuple de Dieu soit vraiment prêt à témoigner, à travers ses paroles et ses actes, de l'enseignement authentique de l'Evangile. Lorsque je regarde l'Eglise qui est en Afrique, et tout ce qui a été obtenu au cours du siècle dernier, je rends grâce à notre Père céleste pour les nombreux prêtres, religieux et laïcs, hommes et femmes, qui ont consacré leur vie à cette noble tâche. Les Evêques ont la responsabilité particulière de garantir que ces "irremplaçables évangélisateurs" reçoivent la préparation spirituelle, doctrinale et morale nécessaire (cf. Ecclesia in Africa, n. 91)…
… c'est au sein même de l'"Eglise domestique", "construite sur les bases culturelles solides et les riches valeurs de la tradition familiale africaine" que les enfants peuvent apprendre le caractère central de l'Eucharistie dans la vie chrétienne (cf. Ecclesia in Africa, n. 92). Il est très préoccupant que le tissu de la vie africaine, sa source même d'espérance et de stabilité, soit menacée par le divorce, par l'avortement, par la prostitution, par le trafic d'êtres humains et par une mentalité en faveur de la contraception, qui contribuent à l'effondrement de la morale sexuelle. Chers frères Evêques, je partage votre profonde préoccupation pour les ravages causés par le virus du SIDA et par les maladies qui y sont liées. Je prie en particulier pour les veuves, pour les orphelins, pour les jeunes mères et pour les personnes dont la vie a été détruite par cette cruelle épidémie. Je vous exhorte à poursuivre vos efforts pour combattre ce virus qui non seulement est meurtrier, mais menace sérieusement la stabilité économique et sociale du continent. L'Eglise catholique a toujours été en première ligne dans la prévention et dans le soin de cette maladie. L'enseignement traditionnel de l'Eglise a démontré être la seule façon intrinsèquement sûre pour prévenir la diffusion du SIDA. C'est pourquoi "l'affection, la joie, le bonheur et la paix apportés par le mariage chrétien et la fidélité, ainsi que la sécurité que donne la chasteté, doivent être continuellement présentés aux fidèles, spécialement aux jeunes" (Ecclesia in Africa, n. 116). - A des Evêques d'Afrique en Visite Ad Limina 10.6.2005


21 - L'Église ne cessera de rappeler que tous les hommes doivent être attentifs à une fraternité humaine faite de gestes concrets, au niveau des individus comme au niveau des Gouvernements et des Institutions internationales. Ayant pour sa part inscrit le partage au cœur de sa vie depuis les temps apostoliques, l'Église continuera sur tous les continents à venir en aide aux populations, avec le soutien de ses communautés locales et de tous les hommes de bonne volonté, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé et des biens fondamentaux. Je sais qu'en tant que diplomates, vous êtes particulièrement sensibles à cet aspect de la vie en société et que la diplomatie a un rôle important à jouer. - A de nouveaux Ambassadeurs 16.6.2005


22 - Un processus de sécularisation inquiétant a lieu dans de nombreuses parties du monde. Là où les fondements chrétiens de la société risquent d'être oubliés, la tâche de préserver la dimension transcendante présente dans chaque culture et de renforcer l'exercice authentique de la liberté individuelle contre le relativisme devient toujours plus difficile. Un tel problème exige que l'Eglise et les responsables civils garantissent à la question de la moralité une large place dans le débat public. A cet égard, il existe un profond besoin aujourd'hui de retrouver une vision de la relation réciproque entre le droit civil et le droit moral, qui, en plus d'être proposée par la tradition chrétienne, est également une partie du patrimoine des grandes traditions juridiques de l'humanité (cf. Lettre encyclique Evangelium Vitae, n. 71). Ce n'est que de cette façon que les exigences multiples découlant des "droits" peuvent être reliées à la vérité et que la nature de la liberté authentique peut être correctement comprise dans le cadre de la vérité, qui fixe ses limites et révèle ses objectifs…
… Pour sa part, l'Eglise catholique continue de faire tout ce qu'elle peut pour défendre les fondements chrétiens de la vie civile. Elle est pleinement engagée dans la formation spirituelle et intellectuelle des jeunes, en particulier à travers ses écoles. De plus, son apostolat caritatif s'étend à ceux qui vivent en marge de la société et je suis certain que, à travers sa mission de service, elle répondra de façon généreuse aux nouveaux défis sociaux au fur et à mesure qu'ils se présenteront. - au nouvel Ambassadeur de Nouvelle Zélande 16.6.2005


23 - L'établissement de la paix commence à l'intérieur de chaque pays, par la recherche de relations d'amitié et de collaboration entre les différentes communautés ethniques, culturelles, religieuses. La foi authentique ne peut engendrer la violence, elle favorise au contraire la paix et l'amour. Malgré les difficultés, l'Église catholique s'est engagée à poursuivre ses efforts pour encourager la compréhension et le respect entre les croyants des différentes traditions religieuses. ... En développant des relations de confiance, dans le respect des droits légitimes de chaque communauté, les croyants, en union avec tous les hommes de bonne volonté, contribuent à édifier une société libérée de toute forme de dégradation morale et sociale, afin que chacun puisse vivre dans la dignité et la solidarité. - Au nouvel Ambassadeur de Guinée 16.6.2005


24 - Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission de service à la Communauté

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