Benoît XVI de A à Z

Désert spirituel

1 - Il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l'abandon, de la solitude, de l'amour détruit. Il y a le désert de l'obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l'homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C'est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l'édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l'exploitation et de la destruction. - Homélie Intronisation 24.4.2005


2 - Les causes du «désert spirituel» qui frappe l'humanité de notre époque et qui, en conséquence, minent également l'Eglise qui vit dans cette humanité, restent bien présentes.- Aux prêtres romains à Saint Jean de Latran 13.5.2005


3 - Beaucoup connaissent la grande pauvreté et la détresse intérieure, et sont tentés de retourner à des pratiques anciennes non purifiées par l'Esprit du Seigneur ou de se tourner vers les sectes. Prenez soin d'eux, en dispensant une solide formation chrétienne. - Aux Evêques du Burundi en Visite Ad Limina 28.5.2005


4 - D'un point de vue spirituel, le monde dans lequel nous nous trouvons, marqué si souvent par une consommation effrénée, par l'indifférence religieuse, par une sécularisation fermée à la transcendance, peut sembler être un désert non pas moins dur que le (désert) « grand et épouvantable » (Dt 8, 15) dont parle le Deutéronome. Au peuple juif en difficulté, Dieu vient en aide par le don de la manne, pour lui faire comprendre que « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur » (Dt 8, 3). Dans l'évangile, Jésus nous a expliqué à quel pain, Dieu, par le don de la manne, voulait préparer le peuple de la Nouvelle Alliance. En faisant allusion à l'Eucharistie, il a dit: « Ce pain est le pain descendu du ciel non comme celui que vos pères ont mangé et ils sont morts. Qui mange de ce pain vivra à jamais » (Jn 6, 58). Le Fils de Dieu, fait chair, pouvait devenir pain et être ainsi nourriture pour son peuple en chemin vers la terre promise du Ciel.

Nous avons besoin de ce pain pour affronter les fatigues et les lassitudes du voyage. Le dimanche, Jour du Seigneur, est l'occasion propice pour puiser la force en lui, qui est le Seigneur de la vie. Le précepte de la fête n'est donc pas simplement un devoir imposé de l'extérieur. Participer à la célébration dominicale et se nourrir du Pain eucharistique est un besoin pour le chrétien qui peut ainsi trouver l'énergie nécessaire pour le chemin à parcourir. Un chemin qui n'est d'ailleurs pas arbitraire: la route que Dieu indique par sa Loi va dans la direction inscrite dans l'essence même de l'homme. La suivre signifie pour l'homme se réaliser lui-même; la perdre revient à s'égarer soi-même.

Le Seigneur ne nous laisse pas seuls sur ce chemin. Il est avec nous; plus encore, il désire partager notre sort jusqu'à s'identifier à nous. Dans le colloque que rapporte l'Evangile, il dit: « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). Comment ne pas nous réjouir d'une telle promesse? Nous avons entendu cependant, qu'à cette première annonce les gens, au lieu de se réjouir, ont commencé à discuter et à protester: « Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? (Jn 6, 52). En vérité, cette attitude s'est répétée souvent au cours de l'histoire. On dirait qu'au fond les gens ne veulent pas avoir Dieu si proche, si à portée de main, si participant de leur histoire. Les gens le veulent grand, et en définitive, plutôt loin d'eux. On soulève alors des questions voulant démonter qu'une telle chose est finalement impossible. Mais les paroles que le Christ a prononcées justement en cette circonstance demeurent dans leur clarté vigoureuse: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme, et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Face au murmure de protestation, Jésus aurait pu se replier sur des paroles rassurantes: « mes amis, aurait-il pu dire, ne vous inquiétez pas! J'ai parlé de chair, mais il s'agit seulement d'un symbole. Ce que j'entends est seulement une communion profonde de sentiments ». Mais Jésus n'a pas eu recours à de tels adoucissements. Il a maintenu fermement son affirmation, même face à la défection de nombreux de ses disciples (cf. Jn 6, 52). Au contraire, il s'est montré disposé à accepter jusqu'à la défection de ses apôtres mêmes pour ne rien changer du caractère concret de son discours: « Peut-être voulez-vous vous aussi vous en aller? » (Jn 6, 67), a-t-il demandé. Mais grâce à Dieu, Pierre a donné une réponse que nous faisons nôtre nous aussi, aujourd'hui, en pleine conscience: « Seigneur à qui irions nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). - Homélie Messe à Bari 29.5.2005


5 - L'Esprit nous exhorte à faire parvenir à chaque homme et à chaque femme l'Amour que Dieu le Père a montré en Jésus Christ. Cet amour est vif, généreux, inconditionné, et il s'offre non seulement à ceux qui écoutent le messager, mais également à ceux qui l'ignorent ou le refusent. Chaque fidèle doit se sentir appelé à aller, en tant qu'envoyé du Christ, à la recherche de ceux qui se sont éloignés de la communauté, comme ces disciples d'Emmaüs qui avaient cédé au découragement (cf. Lc 24, 13-35). Il faut aller jusqu'aux extrémités de la société pour apporter à tous la lumière du message du Christ sur la signification de la vie, de la famille et de la société, en rejoignant les personnes qui vivent dans le désert de l'abandon et de la pauvreté, et en les aimant avec l'Amour du Christ ressuscité. Dans chaque apostolat, et dans l'annonce de l'Evangile, comme le dit saint Paul, si "je n'ai pas la charité je ne suis rien" (1 Co 13, 2). - aux pèlerins de Madrid venus à Rome 4.7.2005


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