Jean Paul II entre dans la Vie

Un grand Pape nous a quittés, un grand saint ! par Chiara Lubich

Chiara LubichC'est vraiment un grand pape qui nous a quittés, un grand saint ! J'aimerais que revienne l'époque où la sainteté était proclamée par la voix du peuple. Les jeunes seraient les premiers à donner leur consensus ! Sa sainteté, je peux moi aussi en témoigner personnellement. Souvent, après une audience avec lui, j'ai eu l'impression que le ciel s'ouvrait. Je me suis retrouvée comme directement reliée à Dieu, en une union très étroite, sans intermédiaire. C'est parce que le pape est un médiateur, et lorsqu'il a relié quelqu'un à Dieu, il s'efface. Il m'a semblé mieux comprendre le charisme propre du pape. Les clefs pour nous ouvrir le ciel ne lui servent pas qu'à effacer nos péchés, il nous ouvre le ciel en nous ouvrant à l'union à Dieu. C'est sans doute ainsi que peuvent s'expliquer la joie, l'enthousiasme, l'attrait que le pape a toujours exercés sur les jeunes, sur les millions d'hommes et de femmes de toutes races, cultures et religions qu'il a rencontrés sur toute la planète. Et aussi les revirements de l'histoire qu'il a opérés durant ses 27 années de pontificat.

Ce pape communiquait Dieu et c'est Dieu qui « fait toutes choses nouvelles ». Une « Présence » qui s'est faite de plus en plus forte, au fur et à mesure qu'augmentait le poids des souffrances jusqu'à la dernière heure. Mais en cet instant, je veux aussi exprimer ma profonde gratitude pour les autres portes ouvertes avec ces clefs : le pape a toujours largement ouvert les portes aux nouveautés de l'Esprit qu'il a reconnues dans notre mouvement, en accordant constamment son encouragement et son soutien et en le reconnaissant comme un don de Dieu et une espérance pour les hommes. Grande est notre gratitude envers le pape. Nos relations avec lui remontent à la fin des années soixante, quand il était archevêque de Cracovie. Le cardinal Wojtyla avait reconnu dans le Mouvement l'action d'un charisme et avait dit : « Vous n'avez pas besoin d'assistant, parce que c'est vous qui avez la grâce pour aller de l'avant, sinon tout pourrait être perdu ». Un événement qui restera dans l'histoire est la première grande rencontre du pape avec les mouvements d'Église et les communautés nouvelles, la veille de la Pentecôte 1998, place Saint-Pierre. Il nous a semblé vivre une nouvelle heure de l'Église : l'Église du concile, pas seulement hiérarchique et pétrinienne, mais aussi charismatique et mariale, deux dimensions qu'il a reconnues comme « co-essentielles », nous reconnaissant ainsi une place dans l'Église. Tout au long de son pontificat, il a toujours largement ouvert les portes aux nouveautés de l'Esprit. Ce qui semblait impossible aux canonistes, lui l'a rendu possible. Par exemple l'insertion dans une œuvre catholique de personnes d'autres Églises, de membres d'autres religions et de personnes qui n'ont aucune foi religieuse ; la possibilité pour les cardinaux et les évêques d'avoir un lien spirituel avec le Mouvement ; la décision que cette Œuvre qui comprend des évêques, des prêtres et des religieux soit toujours dirigée par une femme, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives au rôle de la femme et à l'ouverture de l'Église. Nos rencontres avec le pape, les audiences, les invitations à déjeuner ont été très nombreuses. Depuis huit ans, il téléphonait pour me souhaiter ma fête le jour de la sainte Claire... Il m'a même appelée « sœur » dans sa dernière lettre. Un jour, en 1983, à l'occasion d'une grande manifestation au Palais des Sports de Rome, nous avons eu la joie de l'entendre nous dire : « Souvent, quand je suis triste, je pense “focolarini”, et je trouve une consolation, une grande consolation ! Chiara Lubich, fodatrice du Mouvement des Focolari  imprimez

publié le : 01 janvier 2005

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