Benoît XVI de A à Z

Transfiguration

 

2005

 

24 juillet 2005 - Angelus

     L'apôtre saint Jacques, frère de Jean, a été le premier martyr parmi les apôtres. Il était l'un des trois plus proches disciples du Seigneur et il a participé à la fois à la Transfiguration sur le Mont Thabor – avec sa beauté où apparaissait la splendeur de la divinité du Seigneur –, et à l'inquiétude, à l'angoisse du Seigneur sur le Mont des Oliviers. Il a ainsi également appris que le Fils de Dieu, pour porter le poids du monde, a fait l'expérience de toute notre souffrance et qu'il est solidaire avec nous. Vous savez que les reliques de saint Jacques sont vénérées dans le célèbre sanctuaire de Compostelle, en Galicie, en Espagne, but d'innombrables pèlerins provenant de toutes les régions d'Europe.

 

 

7 août 2005 - Angelus

      Les Mages adorèrent l'enfant de Bethléem, reconnaissant en Lui le Messie promis, le Fils unique du Père, comme l’affirme saint Paul, « car en lui habite corporellement toute la plénitude de la Divinité » (Col 2, 9). Les disciples Pierre, Jacques et Jean ont, en quelque sorte, fait une expérience semblable, comme le rappelle la fête de la Transfiguration, célébrée précisément hier. Jésus leur révéla sa gloire divine, sur le Mont Thabor, en annonçant la victoire définitive sur la mort. A travers la Pâque, le Christ crucifié et ressuscité manifestera ensuite pleinement sa divinité, offrant à tous les hommes le don de son amour rédempteur. Les saints sont ceux qui ont accueilli ce don et qui sont devenus les véritables adorateurs du Dieu vivant, l'aimant sans réserve à chaque instant de leur vie. Avec la prochaine rencontre de Cologne, l'Eglise veut reproposer cette sainteté, sommet de l'amour, à tous les jeunes du troisième millénaire. – Angelus 7.8.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2006

 

 

 

 

12 mars 2006 – Angelus

     Hier matin s'est conclue la semaine d'Exercices spirituels, que le Patriarche émérite de Venise, le Cardinal Marco Cé, a prêchés ici, au Palais apostolique. Ce furent des journées consacrées entièrement à l'écoute du Seigneur, qui nous parle toujours, mais qui attend de nous une plus grande attention, en particulier en ce temps de Carême. C'est ce que nous rappelle également la page évangélique de ce dimanche, en reproposant le récit de la transfiguration du Christ sur le Mont Thabor. Tandis qu'ils se tenaient, stupéfaits, aux côtés du Seigneur transfiguré qui s'entretenait avec Moïse et Élie, Pierre, Jacques et Jean furent soudain enveloppés d'une nuée, dont sortit une voix qui proclama : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le" (Mc 9, 7).

     Lorsque l'on a la grâce de faire une profonde expérience de Dieu, c'est comme si l'on vivait quelque chose d'analogue à ce qui eut lieu pour les disciples au cours de la Transfiguration:  pendant quelques instants, l'on a un avant-goût de ce qui constituera la béatitude du paradis. Il s'agit en général de brèves expériences, que Dieu concède parfois, en particulier en vue d'épreuves difficiles. Toutefois, il n'est donné à personne de vivre "sur le Thabor", tant que l'on se trouve sur cette terre. En effet, l'existence humaine est un chemin de foi et, en tant que tel, avance davantage dans l'ombre que dans la lumière, non sans moments d'obscurité, mais également d'intenses ténèbres. Tant que nous nous trouvons ici-bas, notre relation avec Dieu a lieu davantage dans l'écoute que dans la vision et la contemplation elle-même se réalise, pourrait-on dire, les yeux fermés, grâce à la lumière intérieure allumée en nous par la Parole de Dieu.

     La Vierge Marie elle-même, tout en étant de toutes les créatures celle qui est la plus proche de Dieu, a marché jour après jour comme dans un pèlerinage de foi (cf. Lumen gentium, n. 58), conservant et méditant sans cesse dans son c½ur la Parole que Dieu lui adressait, aussi bien à travers les Saintes Écritures qu'à travers les événements de la vie de son Fils, dans lesquels elle reconnaissait et accueillait la voix mystérieuse du Seigneur. Tels sont alors le don et l'engagement de chacun de nous au cours du temps du Carême, écouter le Christ, comme Marie. L'écouter à travers sa Parole, conservée dans les Saintes Écritures. L'écouter dans les événements mêmes de notre vie, en cherchant à y lire les messages de la Providence. Enfin, l'écouter dans nos frères, en particulier dans les petits et les  pauvres, dans lesquels Jésus lui-même demande notre amour concret. Écouter le Christ et obéir à sa voix,  telle est la voie maîtresse, l'unique, qui conduit à la plénitude de la joie et de l'amour.

 

 

 

15 avril 2006 – Homélie de la Nuit de Pâques

     Lorsque, en descendant de la montagne de la Transfiguration, Jésus, pour la première fois, avait parlé à ses disciples de la croix et de la résurrection, ceux-ci se demandaient ce que voulait dire «ressusciter d'entre les morts» (Mc 9, 10).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2007

 

 

 

 

 

 

4 mars 2007 - Angelus

     En ce 2e dimanche de Carême, l'évangéliste Luc souligne que Jésus est monté sur la montagne « pour prier » (9,28) avec les apôtres Pierre, Jacques et Jean, et que « pendant qu'il priait » (9,29), survint le mystère lumineux de sa transfiguration. Pour les trois apôtres, monter sur la montagne a ainsi signifié être enveloppés par la prière de Jésus, qui se retirait souvent pour prier, spécialement à l'aube et après le crépuscule, et parfois toute la nuit. Mais c'est seulement cette fois-là, sur la montagne, qu'il a voulu manifester à ses amis la lumière intérieure qui l'emplissait lorsqu'il priait : son visage - lit-on dans l'Evangile - s'éclaira et ses vêtements laissèrent transparaître la splendeur de la Personne divine du Verbe incarné (cf. Lc 9,29).

     Il y a un autre détail, précisément dans le récit de Luc, qui mérite d'être souligné : l'indication de l'objet de la conversation de Jésus avec Moïse et Elie, apparus à côté de Lui transfiguré. Ceux-ci, raconte l'Evangéliste, « parlaient de son départ (en grec, éxodos) qui allait se réaliser à Jérusalem » (9,31). Jésus écoute donc la Loi et les Prophètes qui lui parlent de sa mort et de sa résurrection. Dans son dialogue intime avec le Père, Il ne sort pas de l'histoire, il ne fuit pas sa mission pour laquelle il est venu au monde, même s'il sait que pour arriver à la gloire il devra passer par la Croix. Au contraire, le Christ entre plus profondément dans cette mission, en adhérant de tout son être à la volonté du Père, et il nous montre que la vraie prière consiste précisément dans l'union de notre volonté avec celle de Dieu. Par conséquent, pour un chrétien, prier ne signifie pas s'évader de la réalité et des responsabilités qu'elle comporte, mais les assumer à fond, en faisant confiance à l'amour fidèle et inépuisable du Seigneur. C'est pourquoi l'événement de la Transfiguration est, paradoxalement, l'agonie à Gethsémani (cf. Lc 22,39-46). Devant l'imminence de la passion, Jésus fera l'expérience de l'angoisse mortelle et il s'abandonnera à la volonté divine : à ce moment-là, sa prière sera un gage de salut pour nous tous. Le Christ en effet suppliera le Père céleste de « le libérer de la mort », et, comme l'écrit l'auteur de la lettre aux Hébreux, « il a été exaucé en raison de sa piété » (5,7). La résurrection est la preuve de cet exaucement.

     Chers frères et s½urs, la prière n'est pas un accessoire, une « option », mais une question de vie ou de mort. Seul en effet celui qui prie, c'est-à-dire celui qui s'abandonne à Dieu avec un amour filial peut entrer dans la vie éternelle, qui est Dieu lui-même. Pendant ce temps de carême, demandons à Marie, Mère du Verbe incarné et maîtresse de vie spirituelle, de nous enseigner à prier, comme le faisait son Fils, afin que notre existence soit transformée par la lumière de sa présence.
 

 

4 mars 2007 – Aux francophones, après l’Angelus

          Que ce temps du Carême soit pour chacun de vous un moment favorable pour découvrir la présence du Christ dans vos vies et pour vous mettre à l'écoute de sa parole. C'est lui la lumière qui éclaire nos chemins, laissons-nous guider par lui pour être à notre tour transfigurés par la gloire du Père.

 

 

 

 

2008

 

17 février 2008 – Angelus

Aujourd'hui, deuxième dimanche de Carême, poursuivant le chemin pénitentiel, la liturgie nous invite à réfléchir sur l'événement extraordinaire de la Transfiguration sur la montagne, après nous avoir présenté, dimanche dernier, l'Évangile des tentations de Jésus dans le désert. Considérés ensemble, ces deux épisodes anticipent le mystère pascal : la lutte de Jésus contre le tentateur annonce le grand duel final de la passion, tandis que la lumière de son Corps transfiguré anticipe la gloire de la Résurrection. D'une part nous voyons Jésus pleinement homme, qui partage avec nous jusqu'à la tentation ; de l'autre nous le contemplons Fils de Dieu, qui divinise notre humanité. Ainsi, nous pourrions dire que ces deux dimanches servent de piliers sur lesquels repose tout l'édifice du Carême jusqu'à Pâques, et même toute la structure de la vie chrétienne, qui consiste essentiellement dans le dynamisme pascal:  de la mort à la vie.

La montagne - le Thabor comme le Sinaï - est le lieu de la proximité avec Dieu. C'est le lieu élevé, par rapport à la vie de tous les jours, où l'on peut respirer l'air pur de la création. C'est le lieu de la prière, où l'on peut être en présence du Seigneur, comme Moïse et comme Élie qui apparaissent aux côtés de Jésus transfiguré et parlent avec Lui de l' "exode" qui l'attend à Jérusalem, c'est-à-dire de sa Pâque. La Transfiguration est un événement de prière. En priant, Jésus se plonge en Dieu, s'unit intimement à Lui, adhère avec sa volonté humaine à la volonté d'amour du Père, et ainsi la lumière l'envahit et la vérité de son être devient visible. Il est Dieu, Lumière née de la Lumière. Les vêtements de Jésus aussi deviennent blancs et éclatants. Cela fait penser au Baptême, à la robe blanche que revêtent les néophytes. Celui qui renaît dans le Baptême est revêtu de lumière, anticipant la vie au ciel, que l'Apocalypse représente par le symbole des robes blanches (cf. Ap 7, 9.13). Ici se trouve le point crucial : la transfiguration est une anticipation de la résurrection, mais celle-ci suppose la mort. Jésus manifeste sa gloire aux Apôtres, afin qu'ils aient la force de faire face au scandale de la croix, et comprennent qu'il faut passer à travers de nombreuses tribulations pour atteindre le Royaume de Dieu. La voix du Père, qui retentit du ciel, proclame Jésus comme son Fils bien-aimé, comme lors de son baptême dans le Jourdain, en ajoutant : "Écoutez-le" (Mt 17, 5). Pour entrer dans la vie éternelle il faut écouter Jésus, le suivre sur le chemin de la croix, en portant dans son c½ur, comme Lui, l'espérance de la résurrection. "Spe salvi", sauvés dans l'espérance. Aujourd'hui nous pouvons dire : "Transfigurés dans l'espérance ".

Nous tournant à présent vers Marie dans la prière, nous reconnaissons en Elle la créature humaine transfigurée intérieurement par la grâce du Christ, et nous nous laissons conduire par elle pour parcourir avec foi et générosité l'itinéraire du Carême.

 

 

 

 

 

2009

 

8 mars 2009 – Angelus

Ces derniers jours, comme vous le savez, j'ai suivi les Exercices spirituels, avec mes collaborateurs de la Curie romaine. Cela a été une semaine de silence et de prière : l'esprit et le c½ur ont pu se consacrer entièrement à Dieu, dans l'écoute de sa Parole, à la méditation des mystères du Christ. Toutes proportions gardées, c'est un peu ce qui est arrivé aux apôtres Pierre, Jacques et Jean lorsque Jésus les a emmenés sur une haute montagne, à part, eux seuls, et pendant qu'il priait, a été transfiguré : son visage et sa personne apparurent lumineux, resplendissants. La liturgie repropose ce célèbre épisode justement aujourd'hui, deuxième dimanche de Carême (cf. Mc 9, 2-10). Jésus voulait que ses disciples, en particulier ceux qui auraient eu la responsabilité de conduire l'Église naissante, fassent une expérience directe de sa gloire divine pour affronter le scandale de la Croix. En effet, lorsque viendra l'heure de la trahison, et que Jésus se retirera pour prier à Gethsémani, il prendra auprès de lui Pierre, Jacques et Jean, leur demandant de veiller et de prier avec lui (cf. Mt 26, 38). Ils n'y arriveront pas, mais la grâce du Christ les soutiendra et les aidera à croire dans la résurrection.

Je tiens à souligner que la Transfiguration de Jésus a été en substance une expérience de prière (cf. Lc 9, 28-29). En effet, la prière atteint son sommet, et c'est pour cela qu'elle devient source de lumière intérieure, lorsque l'esprit de l'homme adhère à celui de Dieu et que leurs volontés se fondent pour former en quelque sorte un tout. Lorsque Jésus a gravi la montagne, il s'est plongé dans la contemplation du dessein d'amour du Père, qui l'avait envoyé dans le monde pour sauver l'humanité. À côté de Jésus sont apparus Élie et Moïse, ce qui signifie que les Saintes Écritures s'accordaient à annoncer le mystère de sa Pâque, c'est-à-dire que le Christ devait souffrir et mourir pour entrer dans sa gloire (cf. Lc 24, 26.46). À ce moment-là, Jésus a vu se profiler devant lui la Croix, le sacrifice extrême, nécessaire pour nous libérer de la domination du péché et de la mort. Et dans son c½ur, il a répété une nouvelle fois son "Amen". Il a dit : "Oui, me voici, que soit faite, ô Père, la volonté de ton amour". Et, comme cela s'était produit après le baptême au Jourdain, vinrent du Ciel des signes de la complaisance de Dieu le Père : la lumière, qui a transfiguré Jésus, et la voix qui l'a proclamé le "Fils bien-aimé" (Mc 9, 7).

Avec le jeûne et les ½uvres de miséricorde, la prière forme la structure portante de notre vie spirituelle. Chers frères et s½urs, je vous exhorte à trouver en ce temps de Carême des moments de silence prolongés, si possible de retraite, pour revoir votre vie à la lumière du dessein d'amour du Père céleste. Dans cette écoute plus intense de Dieu, laissez-vous guider par la Vierge Marie, maîtresse et modèle de prière. Même dans les ténèbres les plus épaisses de la Passion du Christ, elle n'a pas perdu, mais a gardé dans son âme la lumière de son Fils divin. C'est pourquoi nous l'invoquons comme Mère de la confiance et de l'espérance !

 

 

2010

 

 

 

28 février 2010 - Angelus

En ce deuxième dimanche de carême, la liturgie est dominée par l'épisode de la Transfiguration, qui, dans l'Évangile de Luc, suit immédiatement l'invitation du Maître : "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour, et qu'il me suive" (Lc 9, 23). Cet événement extraordinaire est un encouragement à suivre Jésus.

Luc ne parle pas de Transfiguration, mais il décrit ce qui s'est passé grâce à deux éléments : le visage de Jésus qui change et ses vêtements qui deviennent blancs et resplendissants, en présence de Moïse et d'Élie, symboles de la Loi et des Prophètes. Les trois disciples qui assistent à la scène tombent de sommeil : c'est l'attitude de qui, tout en étant spectateur des prodiges divins, ne les comprend pas. Seule la lutte contre la torpeur qui les assaille permet à Pierre, Jacques et Jean de "voir" la gloire de Jésus. Alors, le rythme s'accélère : tandis que Moïse et Elie quittent le Maître, Pierre parle et, pendant qu'il parle, une nuée les couvre de son ombre, lui et les autres disciples; c'est une nuée qui, tout en couvrant, révèle la gloire de Dieu, comme cela s'est passé pour le peuple en pèlerinage au désert. Les yeux ne peuvent plus voir, mais les oreilles peuvent entendre la voix qui sort de la nuée : "Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le" (v. 35).

Les disciples ne sont plus devant un visage transfiguré, ni des vêtements blancs, ni une nuée qui révèle la présence divine. Devant leurs yeux, il n'y a que "Jésus, seul" (v. 36). Jésus est seul devant son Père, tandis qu'il prie, mais, en même temps, "Jésus seul", c'est tout ce qui est donné aux disciples et à l'Église de tous les temps : c'est ce qui doit suffire pour le chemin. C'est lui la seule voix à écouter, le seul à suivre, lui qui, en montant à Jérusalem, donnera sa vie et un jour, "transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire" (Ph 3, 21).

"Maître, il est heureux que nous soyons ici" (Lc 9, 33) : telle est l'expression extatique de Pierre, qui ressemble souvent à notre désir face aux consolations du Seigneur. Mais la Transfiguration nous rappelle que les joies semées par Dieu dans la vie ne sont pas des points d'arrivée, mais des lumières qu'Il nous donne dans notre pèlerinage terrestre, afin que "Jésus seul" soit notre Loi et que sa Parole soit le critère qui guide notre existence.

 

 

2011

20 mars 2011 - Angelus

Ce deuxième dimanche de carême est appelé dimanche de la Transfiguration, parce que l'Évangile raconte ce mystère de la vie du Christ. Après avoir annoncé sa passion à ses disciples, Jésus « prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière » (Mt 17, 1-2). Pour les sens, la lumière du soleil est la plus intense que l'on connaisse dans la nature, mais pour l'esprit, les disciples virent, pendant un bref moment, une splendeur encore plus intense, celle de la gloire divine de Jésus, qui éclaire toute l'histoire du salut. Saint Maxime le Confesseur affirme que « les vêtements devenus blancs portaient le symbole des paroles de l'Écriture Sainte, qui devenaient claires et transparentes et lumineuses » (Ambiguum 10 : PG 91, 1128 B).

L'Évangile dit qu'aux côtés de Jésus transfiguré, « apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui » (Mt 17, 3) ; Moïse et Élie, figures de la Loi et des prophètes. Ce fut alors que Pierre, en extase, s'exclama : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie » (Mt 17, 4). Mais saint Augustin commente en disant que nous avons une seule demeure: le Christ ; lui, « est la Parole de Dieu, Parole de Dieu dans la Loi, Parole de Dieu dans les Prophètes » (Sermo De Verbis Ev. 78, 3 : PL 38, 491). En effet, le Père lui-même proclame : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » (Mt 17, 5). La Transfiguration n'est pas un changement de Jésus, mais elle est la révélation de sa divinité, « l'intime compénétration de son être de Dieu, qui devient pure lumière. Dans son être un avec le Père, Jésus lui-même est Lumière née de la Lumière » (Jésus de Nazareth, 2007). En contemplant la divinité du Seigneur, Pierre, Jacques et Jean sont préparés à affronter le scandale de la Croix, comme on le chante dans un hymne ancien : « Tu t'es transfiguré sur la montagne, et, autant qu'ils en étaient capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que lorsqu'ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu'ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père » (Liturgie byzantine, Kontakion de la fête de la Transfiguration).

Chers amis, nous participons nous aussi à cette vision, et à ce don surnaturel, en faisant place à la prière et à l'écoute de la Parole de Dieu. En outre, spécialement en ce temps de carême, je vous exhorte, comme l'écrit le serviteur de Dieu Paul VI, à « répondre au précepte divin de la pénitence par quelque acte volontaire en dehors des renoncements imposés par le poids de la vie quotidienne » (Constitution apostolique Pænitemini, 17 février 1966, III, c : AAS 58 [1966]). Invoquons la Vierge Marie, afin qu'elle nous aide à écouter et à suivre toujours le Seigneur Jésus, jusqu'à la passion et la croix, pour participer aussi à sa gloire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2012

 

 

 

 

4 mars 2012 – Angelus

     Ce dimanche, deuxième dimanche de carême, est le dimanche de la Transfiguration du Christ. En effet, dans l’itinéraire quadragésimal, la liturgie, après nous avoir invités à suivre Jésus dans le désert, pour affronter et vaincre avec Lui les tentations, nous propose de gravir avec Lui la « montagne » de la prière, pour contempler sur son visage humain la lumière glorieuse de Dieu.

     L’épisode de la transfiguration du Christ est attesté de manière concordante par les évangélistes Matthieu, Marc et Luc. On y trouve deux éléments essentiels : tout d’abord, Jésus monte avec les disciples Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne, où « il fut transfiguré devant eux » (Mc 9, 2), son visage et ses vêtements resplendirent d’une lumière fulgurante, tandis qu’à côté de Lui apparurent Moïse et Élie ; deuxièmement, une nuée couvrit le sommet de la montagne et d’elle sortit une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le » (Mc 9, 7). Il y a donc la lumière et la voix : la lumière divine qui resplendit sur le visage de Jésus, et la voix du Père céleste qui témoigne pour Lui et ordonne de l’écouter

     On ne saurait détacher le mystère de la Transfiguration de son contexte, qui est le chemin que Jésus est en train de parcourir. Celui-ci est désormais résolu à aller jusqu’au bout de sa mission, pourtant il sait bien que, pour atteindre la résurrection, il devra passer par la passion et la mort sur la croix. C’est de cela qu’il a parlé ouvertement aux disciples, mais ceux-ci n’ont pas compris, et ils ont même refusé cette perspective, car ils ne raisonnent pas selon Dieu mais selon les hommes (cf. Mt 16, 23). Aussi Jésus emmène-t-il avec lui sur la montagne trois d’entre eux et il révèle sa gloire divine, splendeur de Vérité et d’Amour. Jésus veut que cette lumière puisse éclairer leurs c½urs quand ils traverseront l’obscurité profonde de sa passion et de sa mort, quand le scandale de la croix sera, pour eux, insupportable. Dieu est lumière, et Jésus veut offrir à ses amis les plus intimes l’expérience de cette lumière, qui demeure en Lui. Ainsi, après cet événement, Il sera en eux cette lumière intérieure qui saura les protéger de l’assaut des ténèbres. Même dans la nuit la plus sombre, Jésus est une lampe qui ne s’éteint jamais. Saint Augustin résume ce mystère en utilisant cette très belle expression, il dit : « Ce qu’est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l’est pour les yeux du c½ur » (Sermons 78, 2 : pl 38, 490).

     Chers frères et s½urs, nous avons tous besoin de lumière intérieure pour surmonter les épreuves de la vie. Cette lumière vient de Dieu, et c’est le Christ qui nous la donne, Lui en qui habite la plénitude de la divinité (cf. Col 2, 9). Gravissons avec Jésus la montagne de la prière et, en contemplant son visage plein d’amour et de vérité, laissons-nous remplir intérieurement de sa lumière. Demandons à la Vierge Marie, notre guide sur le chemin de la foi, de nous aider à vivre cette expérience en ce temps de Carême, trouvant chaque jour un moment pour prier en silence et pour écouter la Parole de Dieu.

 

 

 

5 aout 2012 – Aux pèlerins francophones, au terme de l’Angelus

     Dans l’Évangile nous voyons les foules se déplacer pour suivre Jésus. Comme celles d’hier, les foules d’aujourd’hui ont faim de nourriture terrestre et spirituelle. En nous partageant sa Parole et son Corps en nourriture, Jésus nous comble et nous rassasie. Que la Vierge Marie vous aide à accueillir ce don de Dieu et à vous laisser transformer, comme les Apôtres au jour de la Transfiguration, par le visage lumineux du Christ ressuscité !

 

 

 

 

 


 

 

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