2015 : Homélies, discours, Audiences, Angelus...

Le Pape et les jeunes, à Kampala en Ouganda - 28.11.2015

Chers jeunes, chers amis,

je suis heureux d’être ici et de partager ces moments avec vous. Je désire saluer les frères Évêques et les Autorités civiles présents. Je remercie Monseigneur Paul Ssemogerere pour ses paroles de bienvenue. Les témoignages de Winnie et d’Emmanuel renforcent mon impression que l’Église en Ouganda est riche de jeunes qui désirent un avenir meilleur. Aujourd’hui, si vous me le permettez, je voudrais vous confirmez dans la foi, vous encourager dans l’amour et d’une manière spéciale, vous fortifier dans l’espérance.

L’espérance chrétienne n’est pas simplement de l’optimisme ; c’est beaucoup plus. Elle enfonce ses racines dans la vie nouvelle que nous avons reçue en Jésus Christ. Saint Paul dit que l’espérance ne nous déçoit pas, parce que dans le Baptême l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5). L’espérance nous rend capables de compter sur les promesses du Christ, sur la force de son pardon, de son amitié, de son amour, qui ouvre les portes à une vie nouvelle. Vraiment quand vous vous heurtez à un problème, à un échec, quand vous avez un temps d’arrêt, ancrez votre cœur dans cet amour parce qu’il a le pouvoir de changer la mort en vie et de repousser tout mal.

Aussi cet après-midi, je voudrais vous inviter, avant tout, à prier pour que ce don grandisse en vous et que vous puissiez recevoir la grâce de devenir des messagers d’espérance. Il y a beaucoup de personnes autour de nous qui éprouvent une profonde inquiétude et même du désespoir. Jésus dissipe ces nuages, si nous le lui permettons.

J’aimerais aussi partager avec vous quelques pensées au sujet de certains obstacles que vous pourriez rencontrer sur la route de l’espérance. Vous tous, vous désirez un avenir meilleur, un travail, la santé et le bien –être, et c’est une bonne chose. Pour le bien du peuple et de l’Église, vous désirez partager avec les autres vos dons, les aspirations et l’enthousiasme, et c’est une chose très bonne. Mais parfois, quand vous voyez la pauvreté, quand vous rencontrez l’absence d’opportunité, quand vous faites l’expérience des échecs de la vie, un sentiment de désespoir peut surgir et grandir. Vous pouvez être tentés de perdre l’espérance.

Ne vous est-il jamais arrivé de voir un enfant qui dans la rue doive s’arrêter face à une flaque d’eau qui se trouve devant lui, et qu’il n’est pas en mesure de sauter ou de contourner ? Il peut essayer de le faire, mais ensuite il tombe et se mouille. Alors, après diverses tentatives, il appelle à l’aide son papa, qui le prend par la main et le fait passer rapidement de l’autre côté. Nous sommes comme cet enfant. La vie nous réserve beaucoup de flaques d’eau. Mais nous ne devons pas surmonter tous les problèmes et les obstacles avec nos seules forces. Dieu est là pour saisir notre main, si seulement nous l’invoquons.

Ce que je voudrais vous dire, c’est que nous tous, même le Pape, nous devrions ressembler à cet enfant ! Parce que c’est seulement lorsque nous sommes petits et humbles que nous n’avons pas peur d’appeler à l’aide notre Père. Si vous avez fait l’expérience de ce secours, vous savez de quoi je suis en train de parler. Nous avons besoin d’apprendre à replacer notre espérance en Lui, conscients qu’il est toujours là présent, pour nous. Il nous infuse confiance et courage. Mais – et c’est important – ce serait une erreur de ne pas partager cette belle expérience avec les autres. Nous nous tromperions si nous ne devenions pas des messagers d’espérance pour les autres.

Une “flaque d’eau” particulière peut faire peur aux jeunes qui souhaitent grandir dans l’amitié avec le Christ. C’est la peur d’échouer dans l’engagement pris à aimer, surtout dans ce grand et sublime idéal qu’est le mariage chrétien. On peut avoir peur de ne pas réussir à être une bonne épouse et une bonne mère, un bon époux et un bon père. Si on continue à regarder la flaque, on peut même voir ses propres faiblesses et ses peurs se refléter sur soi. S’il vous plaît, ne vous rendez pas face à elles ! Parfois ces peurs proviennent du diable, qui ne veut pas que vous soyez heureux. Non ! Appelez Dieu à l’aide, ouvrez-lui votre cœur et il vous soulèvera, il vous prendra entre ses bras, et il vous montrera comment aimer. Je demande en particulier aux jeunes couples de cultiver la confiance que Dieu veut bénir votre amour et vos vies par sa grâce, dans le sacrement du Mariage. Au cœur du mariage chrétien, il y a le don de l’amour de Dieu, non l’organisation de fêtes somptueuses qui obscurcissent souvent la profonde signification spirituelle d’une joyeuse célébration avec les proches et les amis.

Enfin, une “flaque d’eau” que nous devons tous affronter est la peur d’être différents, d’aller à contre-courant dans une société qui nous pousse constamment à embrasser des modèles de satisfaction et de consommation étrangers aux valeurs profondes de la culture africaine. Pensez : que diraient les Martyrs de l’Ouganda au sujet de la mauvaise utilisation des moyens modernes de communication, où les jeunes sont exposés à des images et à des visions déformées de la sexualité, qui dégradent la dignité humaine, conduisant à la tristesse et au vide intérieur ? Quelles seraient les réactions des Martyrs ougandais devant la croissance de l’avidité et de la corruption dans la société ? Certainement, ils vous demanderaient d’être des modèles de vie chrétienne, confiants que l’amour du Christ, la fidélité à l’Évangile et la sage utilisation des dons que Dieu vous a donnés ne puissent qu’enrichir, purifier et élever la vie de ce pays. Ils continuent à vous montrer la route. N’ayez pas peur de faire en sorte que la lumière de la foi resplendisse dans vos familles, dans les écoles et dans les lieux de travail. N’ayez pas peur d’entrer humblement en dialogue avec les autres, qui peuvent voir les choses de façons différentes.

Chers jeunes, chers amis, regardant vos visages je suis plein d’espérance : espérance pour vous, pour votre pays et pour l’Église. Je vous demande de prier pour que l’espérance que vous avez reçue de l’Esprit Saint continue d’inspirer vos efforts pour grandir en sagesse, en générosité et en bonté. N’oubliez pas d’être des messagers de cette espérance ! Et n’oubliez pas que Dieu vous aidera à traverser toutes les flaques d’eau que vous rencontrerez le long du chemin !

Mettez votre espérance dans le Christ et il vous rendra capables de trouver le véritable bonheur. Et s’il vous est difficile de prier et d’espérer, n’ayez pas peur de vous tourner vers Marie, parce qu’elle est notre Mère, la Mère de l’espérance. Enfin, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Que Dieu vous bénisse !

Pape François - 28.11.2015

 

publié le : 28 novembre 2015

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