Benoît XVI de A à Z

Evangelium Vitae 2007

Evangelium Vitae 2007

 

 

 

 

 

2007

 

 

1er janvier 2007 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     Mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, en s'adressant à l'Assemblée générale des Nations unies le 5 octobre 1995, affirmait que « nous ne vivons pas dans un monde irrationnel ou privé de sens, mais que, au contraire, il y a une logique morale qui éclaire l'existence humaine et qui rend possible le dialogue entre les hommes et entre les peuples ».(3) La « grammaire » transcendante, à savoir l'ensemble des règles de l'agir individuel et des relations mutuelles entre les personnes, selon la justice et la solidarité, est inscrite dans les consciences, où se reflète le sage projet de Dieu. Comme j'ai voulu le réaffirmer récemment, « nous croyons qu'à l'origine, il y a le Verbe éternel, la Raison et non l'Irrationalité ».(4) La paix est donc aussi une tâche qui oblige chacun à une réponse personnelle en harmonie avec le plan divin. Le critère dont doit s'inspirer une telle réponse ne peut être que le respect de la « grammaire » écrite dans le cœur de l'homme par son divin Créateur.

     Dans cette perspective, les normes du droit naturel ne doivent pas être considérées comme des directives s'imposant de l'extérieur, contraignant presque la liberté de l'homme. Au contraire, elles doivent être accueillies comme un appel à réaliser fidèlement le projet divin universel inscrit dans la nature de l'être humain. Guidés par de telles normes, les peuples — dans leurs cultures respectives — peuvent ainsi s'approcher du mystère le plus grand, qui est le mystère de Dieu. La reconnaissance et le respect de la loi naturelle constituent par conséquent, aujourd'hui encore, le grand fondement du dialogue entre les croyants des diverses religions, et entre les croyants et les non croyants eux-mêmes. C'est là un grand point de rencontre et donc un présupposé fondamental pour une paix authentique.

 

     4. Le devoir de respecter la dignité de tout être humain, dont la nature reflète l'image du Créateur, comporte comme conséquence que l'on ne peut pas disposer de la personne selon son bon plaisir. La personne qui jouit d'un plus grand pouvoir politique, technologique, économique, ne peut pas s'en prévaloir pour violer les droits des personnes moins chanceuses. C'est en effet sur le respect des droits de tous que se fonde la paix. Consciente de cela, l'Église s'emploie à défendre les droits fondamentaux de toute personne. Elle revendique en particulier le respect de la vie et de la liberté religieuse de chacun. Le respect du droit à la vie à toutes ses étapes constitue un point fort d'une importance décisive: la vie est un don; le sujet n'en a pas la pleine disponibilité. De la même façon, l'affirmation du droit à la liberté religieuse met l'être humain en relation avec un Principe transcendant qui le soustrait à l'arbitraire de l'homme. Le droit à la vie ...ne relève pas du pouvoir de l'homme. La paix a besoin que s'établisse une frontière claire entre ce qui est disponible et ce qui ne l'est pas: on évitera ainsi d'introduire des éléments inacceptables dans le patrimoine de valeurs qui est propre à l'homme en tant que tel.

 

     5. En ce qui concerne le droit à la vie, on doit dénoncer toutes les terribles violations qui lui sont faites dans notre société: outre les victimes des conflits armés, du terrorisme et des multiples formes de violence, il y a les morts silencieuses provoquées par la faim, par l'avortement, par l'expérimentation sur les embryons et par l'euthanasie. Comment ne pas voir en tout cela un attentat à la paix? L'avortement et l'expérimentation sur les embryons constituent la négation directe de l'attitude d'accueil envers l'autre, qui est indispensable pour instaurer des relations de paix durables.

 

 

L'égalité de nature de toutes les personnes

     6. À l'origine des nombreuses tensions qui menacent la paix, il y a assurément les innombrables et injustes inégalités qui sont encore tragiquement présentes dans le monde. Parmi elles, de manière particulièrement insidieuse, on trouve, d'une part, les inégalités dans l'accès aux biens essentiels, comme la nourriture, l'eau, un toit, la santé; d'autre part, les inégalités persistantes entre homme et femme dans l'exercice des droits humains fondamentaux.

     La reconnaissance de l'égalité essentielle entre les personnes humaines, qui découle de leur commune dignité transcendante, constitue un élément de première importance pour l'édification de la paix. L'égalité à ce niveau est donc un bien de tous inscrit dans la « grammaire » naturelle, qui ressort du projet divin de la création; un bien qui ne peut pas être laissé de côté ou bafoué sans provoquer de graves répercussions mettant la paix en péril. Les très graves manques dont souffrent de nombreuses populations, spécialement sur le continent africain, sont à la source de revendications violentes et constituent donc une blessure profonde infligée à la paix.

 

     7. Le fait que la condition féminine soit insuffisamment prise en considération introduit aussi des facteurs d'instabilité dans l'ordre social. Je pense à l'exploitation de femmes traitées comme des objets et aux nombreuses formes de manque de respect pour leur dignité; je pense également — dans un contexte différent — aux perspectives anthropologiques persistantes dans certaines cultures, qui réservent aux femmes une place encore fortement soumise à l'arbitraire de l'homme, avec des conséquences qui portent atteinte à leur dignité de personne et à l'exercice des libertés fondamentales elles-mêmes. On ne peut se faire illusion: la paix ne sera pas assurée tant que ces formes de discrimination, qui lèsent la dignité personnelle, inscrite par le Créateur en tout être humain, ne seront pas abolies.(5)

 

     11. Aujourd'hui, cependant, la paix n'est pas mise en question seulement par le conflit entre les visions réductrices de l'homme, à savoir entre les idéologies. Elle l'est aussi par l'indifférence pour ce qui constitue la véritable nature de l'homme. En effet, de nombreux contemporains nient l'existence d'une nature humaine spécifique et ils rendent ainsi possibles les interprétations les plus extravagantes au sujet des éléments qui sont essentiellement constitutifs de l'être humain. Ici aussi la clarté est nécessaire: une conception « faible » de la personne, qui laisse place à n'importe quelle conception, même excentrique, ne favorise la paix qu'en apparence.

 

Droits humains et Organisations internationales

     12. Une paix véritable et stable présuppose le respect des droits de l'homme. Si ces droits se fondent cependant sur une conception faible de la personne, comment n'en sortiraient-ils pas eux-mêmes affaiblis? On voit ici de manière évidente l'insuffisance profonde d'une conception relativiste de la personne, lorsqu'il s'agit d'en justifier et d'en défendre les droits. L'aporie est ici manifeste: les droits sont proposés comme absolus, mais le fondement qu'on invoque pour eux est seulement relatif. Faut-il donc s'étonner si, face aux exigences « dérangeantes » de tel ou tel droit, quelqu'un puisse se présenter pour le contester ou pour décider de le mettre de côté? Les droits qui sont attribués à l'homme peuvent être affirmés sans crainte d'être démentis seulement s'ils sont enracinés dans les exigences objectives de la nature, données à l'homme par le Créateur. Par ailleurs, il va de soi que les droits de l'homme impliquent pour ce dernier des devoirs. À ce sujet, le mahatma Gandhi déclarait à juste titre: « Le Gange des droits descend de l'Himalaya des devoirs ». C'est seulement en faisant la clarté sur ces présupposés de fond que les droits humains, aujourd'hui soumis à des attaques continuelles, peuvent être défendus de manière appropriée. Sans une telle clarté, on finit par utiliser la même expression « droits humains », sous-entendant alors des sujets très différents entre eux: pour certains, la personne humaine marquée par une dignité permanente et des droits toujours valables, partout et pour quiconque; pour d'autres, une personne à la dignité changeante et avec des droits négociables dans leur contenu, dans le temps et dans l'espace.

 

 

1er janvier 2007 - Homélie de la Messe

     Je suis profondément convaincu qu'"en respectant la personne on promeut la paix et qu'en bâtissant la paix on jette les bases d'un authentique humanisme intégral" (Message, n. 1). Il s'agit là d'un devoir qui revient de manière particulière au chrétien, appelé "à être un infatigable ouvrier de paix et un vaillant défenseur de la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables" (Message, n. 16). C'est précisément parce qu'il est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 27), que tout individu humain, sans distinction de race, de culture et de religion, est investi de la même dignité de personne. C'est pour cela qu'il doit être respecté, et aucune raison ne peut en aucun cas justifier que l'on dispose de lui selon son bon plaisir, comme s'il était un objet.

 

      Le souhait que je formule devant les représentants des nations ici présents est que la Communauté internationale conjugue ses efforts, pour qu'au nom de Dieu l'on construise un monde où les droits essentiels de l'homme soient tous respectés. Pour que cela se produise, il est toutefois nécessaire que le fondement de ces droits soit reconnu non pas dans de simples pactes humains, mais "dans la nature même de l'homme et dans son inaliénable dignité de personne créée par Dieu" (Message, n. 13). Si, en effet, les éléments constitutifs de la dignité humaine sont confiés aux opinions humaines inconstantes, ses droits également, même s'ils sont proclamés solennellement, finissent par devenir faibles et diversement interprétables. "Il est donc important que les Organisations internationales ne perdent pas de vue le fondement naturel des droits de l'homme. Cela les soustraira au risque, malheureusement toujours latent, de glisser vers une interprétation qui serait uniquement positiviste" (ibid.).
 

 

1er janvier 2007 – Angelus

     La valeur de la personne humaine est le pilier de tout le grand édifice de la paix. On parle beaucoup aujourd'hui des droits de l'homme, mais l'on oublie souvent qu'ils ont besoin d'un fondement stable, qui ne soit ni relatif ni discutable. Et cela ne peut être que la dignité de la personne. Le respect pour cette dignité commence par la reconnaissance et la protection de son droit à vivre et à professer librement sa religion…

 

     Nous adressons avec confiance notre prière à la Sainte Mère de Dieu, pour que se développe dans les consciences le respect sacré pour toute personne humaine.

 

3 janvier 2007 – Audience Générale

     En réalité, seul l'Enfant qui est couché dans la crèche possède le véritable secret de la vie. C'est pour cela qu'il demande qu'on l'accueille, qu'on lui laisse de la place en nous, dans nos cœurs, dans nos maisons, dans nos villes et dans nos sociétés…. Essayons d'être parmi ceux qui l'accueillent. Face à Lui on ne peut pas rester indifférents. Nous aussi, chers amis, nous devons sans cesse prendre position. Quelle sera donc notre réponse ? Avec quelle attitude l'accueillons-nous ?

 

 

7 janvier 2007 – Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine

      Chaque enfant qui naît nous apporte le sourire de Dieu et nous invite à reconnaître que la vie est un don venant de lui, un don qu'il faut accueillir avec amour et préserver avec soin toujours et en chaque moment.

 

    Dieu confie chaque enfant qui naît à ses parents : combien est alors importante la famille fondée sur le mariage, berceau de la vie et de l'amour ! La maison de Nazareth, où vit la Sainte Famille, est un modèle et une école de simplicité, de patience et d'harmonie pour toutes les familles chrétiennes. Je prie le Seigneur afin que vos familles soient également des lieux accueillants, où ces petits puissent grandir non seulement en bonne santé, mais aussi dans la foi et dans l'amour pour Dieu, qui, aujourd'hui, à travers le Baptême, fait d'eux ses fils…

 

     L'eau est l'élément de la fécondité. Sans eau, il n'y a pas de vie. Et ainsi, dans toutes les grandes religions, l'eau est considérée comme le symbole de la maternité, de la fécondité. Pour les Pères de l'Eglise, l'eau devient le symbole du sein maternel de l'Eglise. Chez un écrivain ecclésiastique du IIe-IIIe siècle, Tertullien, nous trouvons une parole surprenante. Il dit : « Le Christ n'est jamais sans eau ». Avec ces paroles, Tertullien voulait dire que le Christ n'est jamais sans l'Eglise. Dans le Baptême, nous sommes adoptés par le Père céleste, mais dans cette famille qu'Il se constitue, il y a également une mère, la mère Eglise. L'homme ne peut avoir Dieu comme Père, disaient déjà les anciens écrivains chrétiens, s'il n'a pas également l'Eglise comme mère. ..

    

     Vos enfants, que nous baptiserons maintenant, sont encore incapables de collaborer, de manifester leur foi. C'est pourquoi votre présence, chers pères et mères, ainsi que la vôtre, chers parrains et marraines, revêt une valeur et une signification particulières. Veillez toujours sur vos petits, afin qu'ils grandissent et qu'ils apprennent à connaître Dieu, à l'aimer de toutes leurs forces et à le servir fidèlement. Soyez pour eux les premiers éducateurs dans la foi, en offrant avec les enseignements également les exemples d'une vie chrétienne cohérente. Enseignez-leur à prier et à se sentir membres actifs de la famille concrète de Dieu, de la communauté ecclésiale.

      Même pris par les activités quotidiennes souvent frénétiques, n'oubliez pas de cultiver personnellement et en famille la prière, qui constitue le secret de la persévérance chrétienne

 

8 janvier 2007 – Au Corps Diplomatique

     Comment ne pas se préoccuper  des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle ? De telles atteintes n'épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle, comme en Afrique, où l'on tente de banaliser subrepticement l'avortement, par le Protocole de Maputo, ainsi que par le Plan d'action adopté par les Ministres de la santé de l'Union Africaine, qui sera d'ici peu soumis au Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement. Se développent également des menaces contre la structure naturelle de la famille, fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme, et des tentatives de la relativiser en lui donnant le même statut que d'autres formes d'union radicalement différentes. Tout cela offense la famille et contribue à la déstabiliser, en en voilant la spécificité et le rôle social unique. D'autres formes d'agression à la vie sont commises parfois sous couvert de recherche scientifique. La conviction se répand que la recherche n'est soumise qu'aux lois qu'elle veut bien se donner et qu'elle n'a d'autre limite que ses propres possibilités. C'est le cas par exemple dans les tentatives de légitimer le clonage humain pour d'hypothétiques fins thérapeutiques.

 

    Ce cadre préoccupant n'empêche pas de percevoir des éléments positifs qui caractérisent notre époque. Je voudrais mentionner en premier lieu la prise de conscience croissante de l'importance du dialogue entre les cultures et entre les religions. Il s'agit d'une nécessité vitale, en particulier en raison des défis communs concernant la famille et la société. Je relève d'ailleurs les nombreuses initiatives en ce sens, qui visent à bâtir les bases communes pour vivre dans la concorde…

 

     Au sein de l'Organisation des Nations unies, a été créé l'année dernière le Conseil des Droits de l'Homme, dont il faut espérer qu'il centrera son activité sur la défense et la promotion des droits fondamentaux de la personne, en particulier le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse…

 

      La démocratie est appelée à prendre en compte les aspirations de l'ensemble des citoyens, à promouvoir le développement dans le respect de toutes les composantes de la société, selon les principes de la solidarité, de la subsidiarité et de la justice. Il faut cependant mettre en garde contre le risque que l'exercice de la démocratie se transforme en dictature du relativisme, proposant des modèles anthropologiques incompatibles avec la nature et la dignité de l'homme.

 

     C'est en respectant la personne humaine qu'il est possible de promouvoir la paix et c'est en bâtissant la paix que sont jetées les bases d'un authentique humanisme intégral. C'est ici que trouve réponse la préoccupation de tant de nos contemporains face à l'avenir. Oui, l'avenir pourra être serein si nous travaillons ensemble pour l'homme. L'homme, créé à l'image de Dieu, a une dignité incomparable; l'homme, qui est si digne d'amour aux yeux de son Créateur, que Dieu n'a pas hésité à donner pour lui son propre Fils.

 

 

 

11 janvier 2007 ­– Aux administrateurs de la Ville de Rome et de la Province du Lazio

     Il y a le très vaste domaine de la protection de la santé, qui exige un effort considérable et coordonné pour assurer à ceux qui souffrent de maladies physiques ou psychiques des soins rapides et adaptés. Sur ce terrain également, l'Eglise et les organisations catholiques sont heureuses d'offrir leur collaboration, à la lumière des grands principes du caractère sacré de la vie humaine, depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et de la place centrale de la personne du malade. J'ai confiance dans votre disponibilité pour soutenir une telle collaboration, qui est assurément dans l'intérêt de toute la population.

 

     Aujourd'hui, le mariage et la famille ont besoin d'être mieux compris dans leur valeur intrinsèque et dans leurs motivations authentiques, et dans ce but, l'engagement pastoral de l'Eglise est grand et doit encore croître.

 

     Il semble …dangereux et contre-productif de soutenir les projets qui visent à attribuer à d'autres formes d'unions impropres des reconnaissances juridiques, en finissant inévitablement par affaiblir et par déstabiliser la famille légitime fondée sur le mariage

 

 

14 janvier 2007 – Angelus

     Nous pouvons tourner notre regard vers la sainte Famille de Nazareth, icône de toutes les familles, car celle-ci reflète l'image de Dieu conservée dans le cœur de toute famille humaine, même lorsque celle-ci est affaiblie et parfois défigurée par les épreuves de la vie…

 

     La famille migrante est de manière spéciale une ressource, si elle est respectée en tant que telle, si elle ne subit pas de déchirements irréparables et si elle peut demeurer unie ou se réunir et accomplir sa mission de berceau de la vie et de premier lieu d'accueil et d'éducation de la personne humaine

 

 

 

 

19 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Turquie près le Saint-Siège

     Dans le monde actuel où les tensions semblent s'exacerber, la conviction du Saint-Siège, … est que les croyants des différentes religions doivent s'efforcer d'œuvrer ensemble en faveur de la paix, en commençant par dénoncer la violence, trop souvent utilisée dans le passé sous le prétexte de motivations religieuses, et en apprenant à mieux se connaître et à mieux se respecter pour édifier une société toujours plus fraternelle. Les religions peuvent aussi unir leurs efforts pour agir en faveur du respect de l'homme, créé à l'image du Tout-Puissant, et pour faire reconnaître les valeurs fondamentales qui régissent la vie des personnes et des sociétés. Le dialogue, nécessaire entre les Autorités religieuses à tous les niveaux, commence dans la vie de tous les jours par l'estime et le respect mutuels que se portent les croyants de chaque religion, partageant la même vie et œuvrant ensemble pour le bien commun

 

 

 

20 janvier 2007 – Au nouvel Ambassadeur de Roumanie près le Saint-Siège

     Je souhaite aussi une attention renouvelée aux familles les plus pauvres, afin qu'elles puissent élever leurs enfants dans la dignité…

 

     Je sais que les fidèles catholiques prennent part activement à la vie du pays, notamment sur le plan spirituel et social, et je les encourage vivement à témoigner avec courage de la place irremplaçable de la famille au sein de la société.

 

 

22 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur du Montenegro
 
   L’Eglise souhaite que tous convergent dans la tâche d'unir leurs efforts au service de la noblesse originelle de l'être humain. L'Eglise voit en effet en cela une part significative de sa mission au service de l'homme dans l'intégralité de ses pensées, de ses actions, de sa capacité de projet, dans le respect des traditions qui forment l'identité d'une terre

 

 

24 janvier 2007 – Audience Générale

      Parfois (il) peut-être décourageant lorsque l'on cède à la tentation d'« entendre » et non pas d'« écouter », de parler à demi-mot, au lieu de proclamer avec courage. Il n'est pas facile d'abandonner une « surdité commode », comme si l'Evangile immuable n'avait pas la capacité de refleurir, en se réaffirmant comme un levain providentiel de conversion et de renouveau spirituel pour chacun de nous.

 

25 janvier – Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs

      Celui qui se met à l'écoute de la parole de Dieu peut et doit ensuite parler et la transmettre aux autres, à ceux qui ne l'ont jamais écoutée, ou à ceux qui l'ont oubliée et enterrée sous les épines des soucis et des séductions du monde (cf. Mt 13, 22). Nous devons nous demander : nous, chrétiens, ne sommes-nous pas devenus trop muets ? Ne nous manque-t-il pas le courage de parler et de témoigner comme l'ont fait ceux qui étaient les témoins de la guérison du sourd-muet dans la Décapole ? Notre monde a besoin de ce témoignage.

 

 

 

27 janvier 2007 – Au Tribunal de la Rote Romaine

     L'année dernière, lors de ma première rencontre avec vous, j'ai cherché à explorer les voies pour surmonter l'opposition apparente entre l'institution du procès en nullité de mariage et l'authentique sens pastoral. Dans cette perspective, l'amour pour la vérité apparaissait comme le point de convergence entre la recherche juridique et le service pastoral aux personnes. Nous ne devons cependant pas oublier que, dans les causes de nullité de mariage, la vérité juridique présuppose la "vérité du mariage" lui-même. L'expression "vérité du mariage" perd cependant de son importance existentielle dans un contexte culturel marqué par le relativisme et le positivisme juridique, qui considèrent le mariage comme une pure reconnaissance sociale des liens affectifs. En conséquence, celui-ci devient non seulement contingent, comme peuvent l'être les sentiments humains, mais il se présente comme une superstructure juridique que la volonté humaine peut manipuler à sa convenance, la privant même de sa nature hétérosexuelle.

Cette crise de sens du mariage se fait également ressentir dans la façon de penser de nombreux fidèles. Les effets pratiques de ce que j'ai appelé l'"herméneutique de la discontinuité et de la rupture" à propos de l'enseignement du Concile Vatican II (cf. Discours à la Curie romaine, 22 décembre 2005) se ressentent de manière particulièrement intense dans le domaine du mariage et de la famille. En effet, il semble à certaines personnes que la doctrine conciliaire sur le mariage, et concrètement la description de cette institution comme "intima communitas vitae et amoris" (Const. past. Gaudium et spes, n. 48), doive conduire à nier l'existence d'un lien conjugal indissoluble, car il s'agirait d'un "idéal" auquel ne peuvent pas être "obligés" les "chrétiens normaux". De fait, s'est également diffusée dans certains milieux ecclésiaux la conviction selon laquelle le bien pastoral des personnes en situation matrimoniale irrégulière exigerait une sorte de régularisation canonique, indépendamment de la validité ou de la nullité de leur mariage, c'est-à-dire indépendamment de la "vérité" à propos de leur condition personnelle. La voie de la déclaration de nullité matrimoniale est de fait considérée comme un instrument juridique pour atteindre cet objectif, selon une logique dans laquelle le droit devient la reconnaissance des prétentions subjectives. A ce propos, il faut tout d'abord souligner que le Concile décrit bien évidemment le mariage comme intima communitas vitae et amoris, mais cette communauté doit être déterminée, suivant la tradition de l'Eglise, par un ensemble de principes de droit divin, qui fixent son véritable sens anthropologique permanent (cf. ibid.). …
 

     Le mariage contient une vérité, à la découverte et à l'approfondissement de laquelle concourent de manière harmonieuse la raison et la foi, c'est-à-dire la connaissance humaine, éclairée par la Parole de Dieu, sur la réalité sexuellement différenciée de l'homme et de la femme, avec leurs profondes exigences de complémentarité, de don définitif et d'exclusivité.

 

     La vérité anthropologique et salvifique du mariage - également dans sa dimension juridique - est déjà présentée dans l'Ecriture Sainte. La réponse de Jésus aux Pharisiens, qui lui demandaient son avis à propos de la licéité de la répudiation, est célèbre: "N'avez-vous pas lu l'Ecriture? Au commencement, le Créateur les fit homme et femme, et il leur dit: "Voilà pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un". A cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas" (Mt 19, 4-6). Les citations de la Genèse (1, 27; 2, 24) reproposent la vérité matrimoniale du "principe", cette vérité dont la plénitude se trouve en relation avec l'union du Christ avec l'Eglise (cf. Ep 5, 30-31), et qui a fait l'objet de réflexions vastes et profondes de la part du Pape Jean-Paul II dans ses cycles de catéchèse sur l'amour humain dans le dessein divin. A partir de cette unité duelle du couple humain, on peut élaborer une authentique anthropologie juridique du mariage. Dans ce sens, les paroles de conclusion de Jésus sont particulièrement éclairantes: "Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas!". Chaque mariage est bien sûr le fruit du libre consentement de l'homme et de la femme, mais leur liberté traduit en acte la capacité naturelle inhérente à leur masculinité et féminité. L'union a lieu en vertu du dessein de Dieu lui-même, qui les a créés homme et femme et qui leur donne le pouvoir d'unir pour toujours ces dimensions naturelles et complémentaires de leurs personnes. L'indissolubilité du mariage ne dérive pas de l'engagement définitif des contractants, mais elle est intrinsèque à la nature du "puissant lien établi par le Créateur" (Jean-Paul II, catéchèse du 21 novembre 1979, n. 2). Les contractants doivent s'engager de façon définitive parce que le mariage est précisément tel dans le dessein de la création et de la rédemption. Et le caractère juridique essentiel du mariage réside précisément dans ce lien, qui pour l'homme et la femme représente une exigence de justice et d'amour auquel, pour leur bien et pour celui de tous, ils ne peuvent pas se soustraire sans contredire ce que Dieu lui-même a accompli en eux.

 

     Il faut approfondir cet aspect, non seulement en considération de votre rôle de canonistes, mais également parce que la compréhension globale de l'institution du mariage ne peut pas manquer d'inclure la clarté à propos de sa dimension juridique. Toutefois, les conceptions à propos de la nature de ce rapport peuvent diverger de manière radicale. Pour le positivisme, le caractère juridique du rapport conjugal serait uniquement le résultat de l'application d'une norme humaine formellement valable et efficace. De cette façon, la réalité humaine de la vie et de l'amour conjugal reste extrinsèque à l'institution "juridique" du mariage. Il se crée un hiatus entre droit et existence humaine, qui nie radicalement la possibilité d'un fondement anthropologique du droit.

 

     La voie traditionnelle de l'Eglise dans la compréhension de la dimension juridique de l'union conjugale, dans le sillage des enseignements de Jésus, des Apôtres et des saints Pères, est totalement différente. Saint Augustin, par exemple, en citant saint Paul affirme avec force "Cui fidei [coniugali] tantum iuris tribuit Apostolus, ut eam potestatem appellaret, dicens: Mulier non habet potestatem corporis sui, sed vir; similiter autem et vir non habet potestatem corporis sui, sed mulier (1 Co 7, 4)" (De bono coniugali, 4, 4). Saint Paul, qui expose de manière aussi profonde dans la Lettre aux Ephésiens le "mystérion mega" de l'amour conjugal en relation à l'union du Christ avec l'Eglise (5, 22-31), n'hésite pas à appliquer au mariage les termes les plus forts du droit pour désigner le lien juridique avec lesquels les conjoints sont unis entre eux, dans leur dimension sexuelle. De même, pour saint Augustin, le caractère juridique est essentiel dans chacun des trois biens (proles, fides, sacramentum), qui constituent les pivots de l'exposition de sa doctrine sur le mariage.
 

     Face à la relativisation subjectiviste et libertaire de l'expérience sexuelle, la tradition de l'Eglise affirme avec clarté le caractère naturellement juridique du mariage, c'est-à-dire son appartenance par nature au domaine de la justice dans les relations interpersonnelles. Dans cette optique, le droit est véritablement mêlé à la vie et à l'amour, comme il doit intrinsèquement l'être. C'est pourquoi, comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique, "selon une orientation qui a son origine dans la création, l'eros renvoie l'homme au mariage, à un lien caractérisé par l'unicité et le définitif; ainsi, et seulement ainsi, se réalise sa destinée profonde" (Deus caritas est, n. 11). Amour et droit peuvent ainsi s'unir, au point d'avoir pour effet que le mari et la femme se doivent réciproquement l'amour qu'ils éprouvent spontanément: l'amour est en eux le fruit de leur libre désir du bien de l'autre et des enfants; ce qui, du reste, est également l'exigence de l'amour envers le propre bien véritable.
 

     Toute l'œuvre de l'Eglise et des fidèles dans le domaine familial doit se fonder sur cette vérité à propos du mariage et de sa dimension juridique intrinsèque. Malgré cela, comme je l'ai déjà rappelé, la mentalité relativiste, sous des formes plus ou moins ouvertes ou insidieuses, peut également s'insinuer dans la communauté ecclésiale. Vous êtes bien conscients de l'actualité de ce risque, qui se manifeste parfois à travers une interprétation erronée des normes canoniques en vigueur. Il faut réagir contre cette tendance avec courage et confiance, en appliquant constamment l'herméneutique du renouveau dans la continuité et en ne se laissant pas séduire par des possibilités d'interprétation qui impliquent une rupture avec la tradition de l'Eglise. Ces voies s'éloignent de la véritable essence du mariage, ainsi que de sa dimension juridique intrinsèque et, sous divers noms plus ou moins attrayants, tentent de dissimuler une contrefaçon de la réalité conjugale. On en vient ainsi à soutenir que rien ne serait juste ou injuste dans les relations de couple, mais répondrait uniquement, ou non, à la réalisation des aspirations subjectives de chacune des parties. Dans cette optique, l'idée du "mariage in facto esse" oscille entre une relation purement factuelle et une façade juridique et positiviste, négligeant son essence de lien intrinsèque entre les personnes de l'homme et de la femme.
 

     La contribution des tribunaux ecclésiastiques pour surmonter la crise sur le sens du mariage dans l'Eglise et dans la société civile, pourrait sembler plutôt secondaire et d'arrière-garde à certains. Toutefois, précisément parce que le mariage possède une dimension intrinsèquement juridique, être des serviteurs sages et convaincus de la justice dans ce domaine délicat et très important possède une valeur de témoignage profondément significative et d'un grand soutien pour tous. Chers Prélats-auditeurs, vous êtes engagés sur un front dans lequel la responsabilité pour la vérité est ressentie de manière particulière à notre époque. En restant fidèles à votre tâche, faites en sorte que votre action s'insère harmonieusement dans une redécouverte totale de la beauté de cette "vérité sur le mariage" - la vérité du "principe" - que Jésus nous a pleinement enseignée et que l'Esprit Saint nous rappelle sans cesse dans l'aujourd'hui de l'Eglise.

 

28 janvier 2007 – Angelus

     Le rapport entre foi et raison constitue un sérieux défi pour la culture actuellement dominante dans le monde occidental et précisément pour cette raison, le bien-aimé Jean-Paul II a voulu y consacrer une encyclique intitulée justement Fides et Ratio - Foi et raison. …

     En réalité, le développement moderne des sciences apporte d'innombrables effets positifs qui sont toujours reconnus. Dans le même temps cependant, il faut admettre que la tendance à considérer vrai uniquement ce qui est expérimentable, constitue une limitation à la raison humaine et produit une terrible schizophrénie désormais évidente, en raison de laquelle coexistent le rationalisme et le matérialisme, l'hypertechnologie et l'instinct déchaîné. Il est urgent par conséquent de redécouvrir de façon nouvelle la rationalité humaine ouverte à la lumière du Logos divin et à sa parfaite révélation qui est Jésus Christ, Fils de Dieu fait homme. Lorsque la foi chrétienne est authentique elle ne mortifie pas la liberté et la raison humaine ; e

publié le : 01 janvier 2005

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