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Evangéliser la Vie

Bienheureuse Edwige Carboni

Publiée le 17-06-2019

A venir

 

 

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Homélie du cardinal Giovanni Angelo Becciu lors de la Messe de Béatification d'Edwige Carboni, le 15 juin 2019

Chers frères et soeurs,

Nous venons d’entendre la page d’Évangile dans laquelle saint Jean rapporte les paroles de Jésus adressées aux apôtres à la veille de sa passion et de sa mort sur la croix. Il parle de lui-même et dit : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5).

L’invitation est claire : nous sommes tous appelés par le Père, qui est le vigneron, à porter du fruit en restant unis au Christ, comme les sarments portent du fruit en restant unis à la vigne. Dans ces paroles, nous trouvons le secret de l’efficacité de notre témoignage chrétien et de notre apostolat : nous produirons de bons fruits si nous accueillons la parole de Jésus et si nous nous efforçons de vivre en communion avec lui, véritable sève vitale.

À cette source divine inépuisable, beaucoup de fils et de filles de cette terre de Sardaigne ont copieusement puisé et c’est vers eux que se tourne notre pensée aujourd’hui : ce sont des martyrs, des saints, des bienheureux et des vénérables qui, par leur témoignage chrétien héroïque, ont fécondé notre chère île. Leur exemple et leur enseignement constituent un patrimoine spirituel et culturel d’une valeur inestimable, à conserver, à valoriser et à imiter pour accomplir pleinement notre vocation et notre mission chrétienne.

Nous avons aujourd’hui la joie d’associer la Bienheureuse Edvige Carboni à cette foule admirable de croyants qui ont atteint le sommet de la sainteté. Et je suis particulièrement heureux de me trouver ici, en tant que représentant du Saint-Père François, pour proclamer Bienheureuse une fille de la Sardaigne, dans le lieu précis où elle est née. À Pozzomaggiore, elle a vécu pendant de longues années une vie ordinaire, apparemment semblable à celle de nombreux laïcs, mais extraordinaire par son intimité avec Dieu, son union avec lui, jusqu’à parvenir à s’identifier à Jésus, à l’union parfaite et transformante en lui, époux des âmes. Elle est aujourd’hui inscrite au Livre de la Vie, afin que tout le peuple de Dieu puisse devenir toujours plus témoin courageux de la vérité de l’Évangile. La reconnaissance de la sainteté de vie d’une fille de cette terre est certainement un grand motif d’orgueil, mais c’est aussi la démonstration des profondes racines chrétiennes qui ont toujours inspiré les valeurs humaines les plus élevées de notre peuple.

L’Église qui est en Sardaigne est appelée par les circonstances actuelles à servir la renaissance de nos villes et de nos pays, en mobilisant les énergies que le Seigneur lui renouvelle constamment, pour être inlassablement active au service du bien, en particulier de ceux qui sont en marge de la société. C’est justement dans cette perspective qu’a œuvré la bienheureuse Edvige Carboni, poussée par une incessante charité envers les autres, surtout les plus faibles et les plus démunis. Amie des pauvres et des personnes marginalisées, elle avait des paroles de consolation pour tous ; elle aimait répéter : « Il faut toujours donner réconfort et espérance ». Pendant son séjour à Rome, elle avait l’habitude d’envoyer des paquets-cadeaux aux familles indigentes de son pays et elle était en outre tendue de tout son être vers le bien spirituel et matériel des personnes qu’elle rencontrait. Aucune catégorie de pauvres n’était exclue de son coeur et de ses expressions caritatives : elle était engagée à soutenir, comprendre et aider aussi ceux qui ne la comprenaient pas et qui s’opposaient à elle. On est frappé par sa force intérieure et par la foi inébranlable avec laquelle, d’abord dans son pays et ensuite dans les villes du Latium à la suite de sa soeur, la nouvelle Bienheureuse a vécu une existence au service de ses proches et au milieu des occupations domestiques ordinaires, auxquelles s’ajoutait une activité exemplaire dans la paroisse et un fervent apostolat de la charité.

Si nous nous demandons quels sont les points forts de la vie chrétienne de notre soeur et qui font d’elles un exemple d’offrande de soi accueillante, dans une abnégation humble et joyeuse, nous dirons qu’il y en a essentiellement deux : la contemplation constante du Seigneur crucifié et l’adoration de l’Eucharistie.

La contemplation de l’Amour crucifié est, pour Edvige, source de vie. Il ne pouvait pas ne pas en être ainsi. S’arrêter devant la croix signifie se laisser envelopper par l’amour infini de Dieu auquel on ne peut répondre que par le don total de soi et en ayant Jésus comme unique paramètre de mesure. C’est seulement en embrassant la croix que l’on a la plénitude de la vie et que l’on est capable de rayonner de lumière, d’espérance et de réconfort.

Cette spiritualité passioniste et de la Croix a soutenu Edvige dans les fatigues de ses journées quotidiennes et dans les incompréhensions au sein de sa famille et en dehors : elle pouvait ainsi tout inscrire dans l’image du Christ refusé, calomnié et méprisé. Elle priait et faisait prier le Crucifié : s’adresser à la Sainte Croix, répétait-elle souvent, « t’enlève toute amertume ». Sa réponse à l’amour du Seigneur l’a intensément engagée pendant toute sa vie, animée par le désir d’apporter à Dieu toute l’humanité, en commençant par les pécheurs. À cet égard elle écrivait : « Je voudrais mourir brûlée d’amour pour toi, Jésus. Si j’étais un ange, je prendrais une trompette, je ferais le tour de l’océan et je crierais à tous les êtres humains : aimez Jésus, aimez-le, le bon Jésus. Souvenez-vous qu’il est mort sur la croix pour nous sauver, misérables pécheurs » (Positio, Documenta et Testimonia scripta integrativa, pp. 118-119).

La bienheureuse Edvige a partagé la passion du Christ avec des tons d’une intensité particulière, y compris dans son corps, sur un chemin de conformation au Christ souffrant et crucifié. Malgré l’abondance des charismes que Dieu lui a accordés, elle fut toujours modeste. Les dons surnaturels n’étaient pas pour elle un motif pour se vanter : elle se considérait comme une petite créature, mais ayant grandement bénéficié de la grâce divine. Les témoins affirment que ce qui frappait surtout chez cette femme simple et spirituellement fervente, c’était sa grande humilité.

Elle a pu avoir un coeur humble et rempli de charité parce que la prière pendant de longues heures faisait disparaître toute trace d’aridité et de paresse spirituelle. Son dialogue constant avec le Seigneur a atteint des moments de grande intensité, surtout dans l’adoration eucharistique. La prière d’Edvige était simple et efficace, parce que soutenue par une grande confiance en Dieu et protégée par le silence et le recueillement, pratiqués pendant ses haltes prolongées et quotidiennes dans l’église. Par l’oraison, Edvige effectuait des actes de réparation en faveur de ceux qui étaient dans les ténèbres du péché et elle implorait la miséricorde divine sur ceux qui s’obstinaient à ne pas se laisser rejoindre par la grâce. Elle vivait et transmettait sa foi avec ardeur, par son exemple et par l’enseignement catéchétique, qu’elle commença à apprendre dès son plus jeune âge. Dans sa vie quotidienne à la maison, elle offrait tout pour la gloire de Dieu et pour l’Église !

Humble et forte, généreuse et patiente, travailleuse et fière, la bienheureuse Edvige incarne les plus belles vertus de la femme sarde de cette époque. Et pourtant, de son vécu humain et chrétien, émergent des aspects qui rendent son témoignage plus actuel que jamais : Edvige est une référence efficace pour les femmes d’aujourd’hui, de tous âges et de toutes extractions sociales. Son expérience spirituelle simple et profonde, marquée par une charité sans limites, une humilité sans mesure et une prière incessante, est un modèle encore actuel, parce qu’elle montre que même dans une vie simple et ordinaire, il est possible de faire l’expérience d’une communion solide avec Dieu et d’un apostolat caractérisé par la passion pour l’humanité blessée et défavorisée.

En somme, la vie d’Edvige était plongée en Dieu, dont la présence transparaissait dans sa petitesse évangélique et dans son humilité. Son point fixe était le paradis où elle espérait arriver en expérimentant, dans l’épreuve, le secours de la miséricorde du Seigneur.

Elle a totalement vécu son don de soi au Seigneur, lui faisant confiance pour parvenir à « une grande sainteté », comme elle l’a souvent écrit dans son journal. Ses vertus brillèrent ici, en Sardaigne, et ensuite dans le Latium et à Rome, édifiant ceux qui l’ont connue de près. Maintenant, c’est à nous tous, surtout à vous, chères soeurs dans le Christ, qu’il revient de garder allumée cette flamme, en gardant et en donnant une impulsion à l’héritage spirituelle de cette figure singulière de femme, disciple du Seigneur.

Nous nous tournons vers elle en l’invoquant : Bienheureuse Edvige Carboni, prie pour nous !

 

 

 

 

 

 

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