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Evangéliser la Vie

7 juillet 1994 - Cad Lopez Trujillo présente les Actes du congrès de 1992 sur la régulation de la fertilité

Publiée le 18-02-2018

 

Les méthodes naturelles respectent le fonctionnement normal de la reproduction humaine

 

Le 7 juillet 1994, S.Em. Le Card. A. López Trujillo, Président du Conseil pontifical pour la Famille, a présenté, au cours d’une conférence de presse dans la salle de presse du Saint Siège, le volume des Actes de la Convention d’étude promue par le Conseil pontifical en 1992, sur la régulation de la fertilité.

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            Le présent volume reproduit les « Actes » de la Convention d’étude promue par le conseil pontifical pour la Famille, qui s’est tenue du 9 au 11 décembre 1992, dans le but d’écouter ceux qui dans le monde ont été les principaux chercheurs, divulgateurs et représentants en matière de méthodes de diagnostic et de régulation naturelle de la fertilité chez la personne humaine.

            Le but de la Convention n’était pas de défendre le droit de cité des méthodes naturelles dans le domaine scientifique et d’assistance, car cela a désormais été reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé àla fin de 1982. Il est clair que, durant les travaux de cette importante rencontre, on a continué de confirmer le principe selon lequel il existe des bases scientifiques qui soutiennent les méthodes dites « naturelles » les plus connues – la méthode de la température, la méthode syntothermique, et la méthode de l’ovulation, ou méthode Billings – et il y a des résultats sur le plan de la praticabilité et de la validité, que l’on se réfère à l’écart, motivé et justifié sur le plan éthique, entre chaque conception, ou que l’on se réfère à la recherche d’une conception difficile.

            Certains chercheurs, comme on pourra le lire dans les Actes, ont également mis les participants de la Convention sur la piste de nouvelles recherches et des résultats relatifs à ce qui apparaît désormais comme une stratégie, nouvelle et différente des multiples tentatives faites depuis plus de trente ans, pour intervenir sur les processus de fécondation : la nouvelle stratégie consiste à connaître pour respecter et suivre les rythmes de la fertilité.

         

            De ce parcours de recherche, il apparaît que ce qui était le souhait d’Humanae vitae n. 24, pour un apport de la science à la résolution du problème du couple en ce qui concerne la régulation de la fertilité, est désormais un fait acquis,

            Même si le but principal de la Convention n’était pas d’établir une vérification scientifique, cet aspect a beaucoup intéressé les participants, qui ont échangé des informations utiles. Suivre les progrès des sciences biomédicales par rapport à la défense et à la promotion de la vie humaine est en effet un devoir constitutionnel du Conseil pontifical pour la Famille, lequel « soutient également et coordonne les initiatives pour la protection de la vie humaine depuis sa conception et en faveur de la procréation responsable » (Constitution Apostolique Pastor Bonus, 1988, Art 141,§ 3).

            On a également voulu approfondir les aspects philosophiques et théologiques implicitement contenus dans la proposition des méthodes naturelles et réserver une place adéquate au contrôle de leur application dans le domaine pastoral dans lequel se sont développées des expériences valables.

            Les divers centres présents dans le monde, avec leur organisation d’un niveau désormais international, ont accompli un travail de plusieurs années de diffusion, de sensibilisation et de culture nouvelle, une culture fondée sur la personnalisation et la responsabilité de procréation dans un cadre d’écologie humaine ; ce sont là des efforts et des engagements qui croissent aujourd’hui de façon notable un peu partout dans l’Église. Il fallait confronter la méthodologie, les supports culturels dans le domaine d’une « culture de la vie », le degré d’acceptabilité et les conditions d’éthicité et de caractérisation pastorales.

            Le cadre qui en est ressorti a été plus que positif, même dans la variété des expériences et des méthodologies. Les méthodes naturelles se présentent désormais non plus simplement comme une aide ou, précisément, une « méthode » pour résoudre du point de vue technique certains problèmes de la vie conjugale, mais leur utilisation implique une vision globale de la sexualité et de l’amour humain, vision qui se réalise dans le mariage, et présuppose un dessein général de la vie qui se prépare dès l’adolescence.

            Ce qui ressort donc, c’est une anthropologie intégrale pour vivre l’amour dans la plénitude et la responsabilité (Humanae vitae, 9).

            Sur ce point fondamental, les relations de caractère théologique et moral ont offert un cadre doctrinal de références satisfaisant.

            En effet, de telles méthodes exigent et présupposent une vision de l’homme, de la femme, du mariage et de la famille, dans le cadre de la création et aident en même temps à rendre conscientes la découverte et la lecture du plan de Dieu inscrit dans la corporéité humaine de l’homme et de la femme, et donc dans l’exercice de la sexualité sponsale. La vision de la personne est ressentie non pas comme une subjectivité qui considère le sexe comme un objet et qui en revendique la libre disposition, mais dans sa totalité existentielle et ontologique, dans laquelle le corps est également sujet, et exige le même respect que mérite la personnalité, il porte un message et un dessein que la conscience des époux gère de façon responsable et non pas arbitraire. Le don du corps dans la sexualité est un don de la personne dans sa plénitude : le corps est une épiphanie, un signe et une expression essentielle et qui oblige, de la subjectivité.

            Par conséquent, la connaissance de la corporéité dans les aspects de la fertilité représente la lecture du dessein de Dieu, de l’ensemble des voies significatives et expressives de l’amour et des conditions de la fertilité.

            Tous les rapporteurs s’accordent à constater que de telles méthodes supposent et favorisent en même temps une nouvelle vision et un nouveau sentiment de soi à l’intérieur des couples.

            Les conditions éthiques des méthodes naturelles sont par conséquent constituées par le dépassement du dualisme : sujet-libre/sexe-objet, par le dépassement de l’agressivité et de l’exploitation d’une sexualité dépersonnalisée. L’éthique qui soutient et accompagne l’utilisation des méthodes naturelles est donc caractérisée par le respect, la responsabilité, le partage des décisions, l’accueil réciproque des époux comme don mutuel et total, la justification consciente des motifs qui demandent la nouvelle naissance ou qui en recommandent le renvoi ultérieur, toujours dans le respect de la vie et de la personne.

            Une autre constatation unanime des experts réside dans l’aspect de communion, favorisé dans les couples par l’évidente nécessité de se connaître soi-même et de communiquer ou de partager les décisions les plus importantes de leur vie, qui sont celles de procréer et du don de soi.

            Sous ce profil anthropologique, éthique et naturel, on n’exclut pas une composante de type sainement écologique et également politique, qui accompagne la proposition de méthodes naturelles. La démédicalisation de la sexualité, sa rançon par rapport à l’exploitation économique du marché des contraceptifs, le respect de la physiologie normale de la sexualité dans ses mécanismes délicats et complexes, représentent des raisons inspirées par l’écologie de la corporéité à laquelle la société actuelle est, à raison, sensible.

            Il est en effet paradoxal que l’on revendique le respect de la nature extérieure à l’homme, pour des raisons sérieuses et urgentes que nous connaissons tous, qui se rapportent à la santé humaine, et à la survie même du genre humain, et que l’on oublie – ou que l’on occulte de façon délibérée pour des raisons de profit économique – les raisons non moins urgentes de défense et de respect de la corporéité.

            Les méthodes naturelles ont cette caractéristique, d’importance non négligeable, de respecter le fonctionnement normal de la physiologie de la reproduction humaine.

            Certains objectent à l’argument selon lequel tant de médicaments interfèrent sur le fonctionnement normal de la physiologie, qu’au nom de l’écologie du corps, on ne peut condamner toutes les pharmacothérapies. Cette objection n’est pas valable car les contraceptifs ne sont pas des médicaments destinés à soigner une maladie, et la grossesse n’est pas une maladie ; lorsqu’il s’agit d’utilisation thérapeutique au sens strict du terme, pour la thérapie de véritables dysfonctionnements, la même Encyclique Humanae vitae admet l’utilisation de telles substances, qui du reste dans de tels cas n’ont pas pour objectif la contraception.

            On ne peut négliger la valeur éthique et politique de la proposition des méthodes naturelles. On sait que la contraception, avec l’avortement et la stérilisation a constitué au cours des vingt-cinq dernières années la base principale des programmes de planification familiale élaborés par des organismes internationaux, privés et  publics, d’une puissance économique et financière extraordinaire et capables d’influencer la politique des Etats individuels. De tels programmes de planification familiale ont été parfois imposés comme moyen de chantage, contre les aides économiques et financières aux pays en voie de développement, et dans tous les cas ils ont été diffusés par une propagande de masse qui n’a épargné aucune région du monde sous le prétexte alarmiste de l’explosion démographique.

            Le côté négatif de ces politiques réside avant tout dans le fait qu’elles utilisent des moyens et des méthodes qui portent atteinte à la vie, à la santé et à la dignité humaine, justement parce qu’elles se fondent sur la contraception de masse, la stérilisation et l’avortement, reliant de surcroît ces modifications entre elles dans un sens de progression et de facilitation réciproque, et, en outre, parce que l’ »induction » forcée et dépourvue d’information adéquate élimine l’appel à l’utilisation d’une authentique responsabilité de procréation. Dans cette optique, il n’y a pas de place pour une procréation responsable dans le vrai sens du terme ni au sens politique du terme.

            C’est pourquoi la proposition de méthodes naturelles porte en soi une valeur de libération d’une des formes les plus insidieuses de domination politique, le « colonialisme biologique » exercé au niveau de la procréation.

            Ne doit on pas reconnaître dans ce fait, et dans le fait que les méthodes naturelles s’opposent aux industriels puissants et aux intérêts économiques et financiers, la raison de l’opposition que l’on exprime de toutes parts contre la diffusion des méthodes naturelles.?

            Soustraire les couples à la suggestion économique et à la planification familiale politiquement et économiquement imposée, ne constitue pas un aspect secondaire de la stratégie d’autoréglementation éthique et responsable de la procréation.

            Il est certain que le discours ainsi posé ne doit pas faire ignorer la portée théologique et morale de caractère négatif présente dans les différentes formes de contraception – mécanique, comportementale et chimique – par rapport aux grands thèmes présents dans la doctrine Humanae vitae : la scission de la signification d’union et de procréation de la sexualité, la chute de la sexualité au stade de consumérisme (H .V., 11 et 12).

            Aujourd’hui, en termes plus actuels, il est sans doute nécessaire de parler également de commercialisation du corps de la femme, un fait qui se vérifie non seulement dans le domaine de la procréation artificielle (mère porteuse, vente de gamètes), mais également dans la suppression simple et répétée de la procréation par un produit industriel mis au point spécialement dans ce but.

            Certains comités nationaux de bioéthique en Europe ont lancé un cri d’alarme, repris également par des courants d’éthique humanistes et marxistes à propos de la commercialisation du corps humain. Nous pensons, et la Convention en a apporté les preuves, que la plus grande et la plus grave commercialisation du corps et de la sexualité se produit dans le domaine de la contraception, à laquelle, de plus en plus souvent, s’associe le cortège de la stérilisation ou de l’avortement.

            C’est précisément pour définir plus clairement l’urgence anthropologique et culturelle des méthodes naturelles, qu’il est bon de rappeler combien la contraception se rapproche aujourd’hui de plus en plus du concept de l’avortement chimique, à travers toute une série d’inventions pharmaceutiques à caractère interceptif et contraceptif, qui visent à empêcher la nidation définitive de l’ovule fécondé, dans lequel est présent et vit un nouvel être humain.

            La parenté, même chimique, entre la contraception et l’avortement est ainsi, d’une manière toujours plus évidente, l’objet de recherches financées au niveau international, avec tout le cortège des pilules à faible dosage, des vaccins, des injections sous cutanées, des spirales et anneaux vaginaux de toutes sortes, diffusés à travers une organisation internationale si étendue et programmée qu’elle rappelle la traite des noirs et la vente des esclaves d’une autre époque, jusqu’à la tristement célèbre pilule abortive RU486.

            Les participants à la Convention n’ont certes pas oublié la réflexion sur l’évaluation théologique de l’utilisation des méthodes naturelles par rapport à la pratique de la contraception, mises à part les différences déjà établies, lorsque les mêmes valeurs naturelles sont utilisées dans un esprit de contraception et donc simplement dans le but d’empêcher les naissances.

            Les conditions de respect biologique et corporel de l’intégrité de l’acte et du don de soi ne se dispensent pas de rechercher – elles l’exigent au contraire – ce présupposé qui motive le respect de la personne et du Créateur, de même qu’elles exigent des motifs sérieux pour espacer ou renvoyer une conception.

            Ces thèmes pastoraux et éthiques faisaient partie des objectifs de la Convention et celle-ci a permis de comparer la pluralité des écoles, des activités et des stratégies de présentation des méthodes naturelles et a confirmé leur validité et le fait que désormais, elles rentrent de plus en plus dans la programmation catéchétique de préparation au mariage.

            Durant les travaux, il n’a pas été possible d’aborder également la question délicate du rapport des centres de diffusion des méthodes naturelles avec les autorités publiques, nationales et internationales, concernant les financements éventuels et les conditions qui peuvent être demandées par les organismes financiers aux centres qui divulguent ces méthodes naturelles en vue de l’accord de ces financements. C’est une question délicate dont il a été convenu qu’elle fera l’objet d’un approfondissement, en accord avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.  (on sait que pour les organisations de planification familiale, les méthodes naturelles peuvent être considérées, sous l’angle de la contraception, comme l’un des moyens pour en limiter et programmer les besoins, et, à ce titre, de telles organisations pensent que les centres de promotions des méthodes naturelles peuvent prétendre au financement gouvernemental prévus pour tous les centres qui rentrent dans le cadre de la planification familiale.

            Mis à part le fait que l’on considère à tort les méthodes naturelles comme moyens de contraception, ce qui évidemment constitue un jugement erroné du point de vue conceptuel, l’attribution de ces financements est toutefois soumise à certaines obligations, comme celle qui consiste, lorsque l’on recommande les méthodes naturelles,à donner des informations sur les autres moyens de contraception ou même à favoriser la possibilité d’accéder à la contraception hormonale ou mécanique en donnant toutes les éventuelles informations à ce sujet. Ceci est la délicate question de ce que l’on appelle le « referral » ).

            Le travail de ces dernières années a permis de définir et de proposer la diffusion des méthodes naturelles comme une « véritable alternative » qui se substitue à la contraception et au « planning familial », le terme alternatif ayant pour fonction de souligner la différence éthique, anthropologique et culturelle en se référant à la procréation responsable par rapport à la contraception et aux stratégies antinatalistes largement répandues dans le monde.

            Le discours du Saint-Père a bien souligné la validité de cette perspective liée aux méthodes naturelles et en a reconnu la légitimité morale pour les situations concrètes des familles dans le monde, quand il a affirmé : « Grâce à la généreuse contribution de scientifiques, d’éducateurs, de couples mariés, on peut parler d’un tournant dans la défense et la promotion de la dignité de la vie conjugale. Il existe une conscience croissante de la vraie nature de l’amour conjugal, en mesure d’apporter une libération authentique de tant d’abus de pouvoir contre les femmes et contre la famille dans les pays industrialisés et, dans une mesure encore plus grande, dans les pays en voie de développement. Les résultats des recherches scientifiques, l’expérience acquise à travers les programmes d’enseignement dans les diocèses de différentes parties du monde, dans les associations et les mouvements, en particulier le témoignage de couples eux-même, démontrent la validité, les avantages et la valeur éthique de méthodes basées sur la continence périodique. Ces méthodes, avec le style de vie correspondant, libèrent les couples du conditionnement culturel, économique, et politique imposé par des programmes de planification familiale. Elles libèrent la personne, surtout les femmes, du recours à des médicaments ou à d’autres formes d’interférence dans les processus naturels liés à la transmission de la vie. Elles ont démontré qu’elles pouvaient s’appliquer  non seulement à des groupes restreints, mais aux couples du monde entier, même dans les pays les plus pauvres et les moins développés économiquement. Je désire vous assurer de l’importance de votre contribution spécifique au bien du mariage et de la famille, et vous encourager dans votre travail ».

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