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Evangéliser la Vie

Humanae Vitae dans l'enseignement du Pape François

Publiée le 20-06-2017

 

 

Audience Générale du 11 février 2015

         Il y a en effet un lien étroit entre l’espérance d’un peuple et l’harmonie entre les générations. Ceci, nous devons bien y réfléchir. Il y a un lien étroit entre l’espérance d’un peuple et l’harmonie entre les générations. La joie des enfants fait frémir le cœur de leurs parents et ouvre à un nouvel avenir. Les enfants sont la joie de leur famille et de la société. Ils ne sont pas un problème de biologie reproductive, ni une façon parmi d’autres de se réaliser. Et ils sont encore moins la possession de leurs parents… Non, les enfants sont un don, ils sont un cadeau : compris ? Les enfants sont un don. Chacun est unique et irremplaçable et, en même temps, nécessairement lié à ses racines. En effet, être fils ou fille selon le dessein de Dieu signifie porter en soi la mémoire et l’espérance d’un amour qui s’est réalisé précisément en donnant la vie à un autre être humain, original et nouveau. Et pour les parents, chacun des enfants est lui-même, est différent, est distinct. Permettez-moi un souvenir de famille. Je me souviens de ma maman, elle disait de nous – nous étions cinq - : « J’ai cinq enfants ». Quand on lui demandait : « Lequel préfères-tu ? », elle répondait : « J’ai cinq enfants, comme j’ai cinq doigts. [le pape montre ses doigts]. Si on tape sur celui-ci, j’ai mal ; si on tape sur cet autre, j’ai mal. Ils me font mal tous les cinq. Ce sont tous mes enfants, mais tous différents comme les doigts d’une main ». La famille, c’est comme cela ! Les enfants sont différents, mais ils sont tous des enfants.

    On aime son enfant parce que c’est son enfant, pas parce qu’il est beau ou parce qu’il est comme ceci ou comme cela. Non ! Parce que c’est son enfant ! Non pas parce qu’il pense comme moi ou qu’il incarne mes désirs. Un enfant est un enfant : une vie engendrée par nous, mais destinée à lui, à son bien, au bien de la famille, de la société, de toute l’humanité.

  

     C’est de là que vient aussi la profondeur de l’expérience humaine d’être fils ou fille, qui nous permet de découvrir la dimension plus gratuite de l’amour, qui n’a jamais finit de nous étonner. C’est la beauté d’être aimés en premier : les enfants sont aimés avant d’arriver. Je rencontre très souvent, sur la place, des mamans qui me montrent leur ventre et me demandent la bénédiction… ces enfants sont aimés avant de venir au monde. Et cela, c’est la gratuité, c’est l’amour ; ils sont aimés avant leur naissance, comme l’amour de Dieu qui nous aime toujours en premier. Ils sont aimés avant d’avoir fait quoi que ce soit pour le mériter, avant de savoir parler ou penser, et même carrément avant de venir au monde ! Être enfant est la condition fondamentale pour connaître l’amour de Dieu, qui est la source ultime de ce véritable miracle. Dans l’âme de tous les enfants, aussi vulnérables soient-ils, Dieu dépose le sceau de cet amour, qui est à la base de sa dignité personnelle, une dignité que rien ni personne ne pourra détruire.

     Aujourd’hui, il semble plus difficile pour les enfants d’imaginer leur avenir. Les pères ont peut-être fait un pas en arrière et les enfants sont devenus plus indécis pour se lancer. Nous pouvons apprendre le bon rapport entre les générations de notre Père céleste qui laisse libre chacun de nous, mais qui ne nous laisse jamais seuls. Et si nous nous trompons, il continue de nous suivre avec patience sans que son amour pour nous diminue. Notre Père céleste ne fait jamais de pas en arrière dans son amour pour nous, jamais ! Il avance toujours et s’il ne peut pas avancer, il nous attend, mais il ne recule jamais ; il veut que ses enfants soient courageux et se lancent.

      Les enfants, de leur côté, ne doivent pas avoir peur de s’engager pour construire un monde nouveau ; il est juste qu’ils désirent que ce monde soit meilleur que celui qu’ils ont reçu ! Mais cela doit se faire sans arrogance, sans suffisance. Il faut savoir reconnaître la valeur de ses enfants et il faut toujours honorer ses parents.

     Le quatrième commandement demande aux enfants – et nous sommes tous des enfants ! – d’honorer leur père et leur mère (cf. Ex 20,12). Ce commandement vient aussitôt après ceux qui concernent Dieu lui-même. En effet, il contient quelque chose de sacré, quelque chose de divin, quelque chose qui se trouve à la racine de toutes les autres formes de respect entre les hommes. Et dans la formulation biblique du quatrième commandement, il est ajouté : « afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu ». Le lien vertueux entre les générations est une garantie d’avenir, et c’est la garantie d’une histoire vraiment humaine. Une société d’enfants qui n’honorent pas leurs parents est une société sans honneur ; quand on n’honore pas ses parents, on perd son propre honneur ! C’est une société destinée à se remplir de jeunes arides et avides. Mais une société avare de génération, qui n’aime pas s’entourer d’enfants, qui les considère surtout comme une préoccupation, un poids, un risque, est une société déprimée. Pensons à toutes les sociétés que nous connaissons ici, en Europe : ce sont des sociétés déprimées parce qu’elles ne veulent pas d’enfants, elles n’ont pas d’enfants, le taux de naissance n’atteint pas un pour cent. Pourquoi ? Que chacun de nous y réfléchisse et réponde. Si une famille généreuse en enfants est regardée comme si elle était un poids, il y a quelque chose qui ne va pas ! La génération des enfants doit être responsable, comme l’enseigne l’encyclique Humanae vitae, du bienheureux pape Paul VI ; mais avoir davantage d’enfants ne peut pas devenir automatiquement un choix irresponsable. Ne pas avoir d’enfants est un choix égoïste. La vie rajeunit si elle acquiert des énergies en se multipliant : elle s’enrichit, elle ne s’appauvrit pas ! Les enfants apprennent à prendre en charge leur famille, ils mûrissent en en partageant les sacrifices, ils grandissent en appréciant les cadeaux que celle-ci représente. L’expérience joyeuse de la fraternité inspire le respect et le soin envers les parents, auxquels est due notre reconnaissance.

     Beaucoup parmi vous, ici, ont des enfants et nous sommes tous des enfants. Faisons une chose, une minute de silence. Que chacun de nous pense dans son cœur à ses enfants – s’il en a - ; qu’il pense en silence. Et nous tous, pensons à nos parents et remercions Dieu pour le don de la vie. En silence, que ceux qui ont des enfants pensent à eux et pensons tous à nos parents. [Moment de silence] Que le Seigneur bénisse nos parents et qu’il bénisse vos enfants.

     Que Jésus, le Fils éternel, qui s’est fait fils dans le temps, nous aide à trouver la voie d’une nouvelle irradiation de cette expérience humaine si simple et si grande, qu’est le fait d’être des enfants. Dans la multiplication des générations, il y a un mystère d’enrichissement de la vie de tous qui vient de Dieu lui-même. Nous devons le redécouvrir et braver les préjugés ; et le vivre, dans la foi, dans une joie parfaite. Et je vous dis aussi : comme c’est beau, lorsque je passe au milieu de vous et que je vois les papas et les mamans qui soulèvent leurs enfants pour qu’ils soient bénis ; c’est un geste quasiment divin. Merci de faire cela !

 

 

 

2018

 

 

 

28 mai 2018 – A une délégation de la Fédération Internationale des Médecins Catholiques

      Votre qualification de « médecins catholiques » vous engage à une formation spirituelle, morale et bioéthique permanente afin de mettre en œuvre les principes évangéliques dans votre pratique médicale, en partant du rapport médecin-patient jusqu’à arriver à l’activité missionnaire pour améliorer les conditions de santé des populations dans les périphéries du monde. Votre œuvre est une forme particulière de solidarité humaine et de témoignage chrétien ; votre travail, en effet, est enrichi par l’esprit de foi Et c’est important que vos associations s’engagent pour sensibiliser à ces principes les étudiants en médecine et les jeunes médecins, en les impliquant dans les activités associatives.

     L’identité catholique ne compromet pas votre collaboration avec ceux qui, dans une perspective religieuse différente ou sans croyance spécifique, reconnaissent la dignité et l’excellence de la personne humaine comme critère de leur activité. L’Église est pour la vie et sa préoccupation est que rien ne soit contre la vie dans la réalité d’une existence concrète, aussi faible ou sans défense soit-elle, même si elle n’est pas développée ou si elle est peu avancée. Être des médecins catholiques, c’est donc se sentir des professionnels de la santé qui reçoivent de leur foi et de leur communion avec l’Église l’élan pour rendre toujours plus mure leur formation chrétienne et professionnelle, inlassable leur dévouement et inépuisable leur besoin de connaître les lois de la nature pour mieux servir la vie (cf. Paul VI, Lettre enc. Humanae vitae, 24).

     La fidélité et la cohérence avec lesquelles les associations de votre fédération, au cours des années, ont été fidèles à leur physionomie catholique, en mettant en œuvre l’enseignement de l’Église et les directives de son Magistère dans le domaine médical et moral, sont bien connues. Ce critère de reconnaissance et d’action a favorisé votre collaboration à la mission de l’Église en promouvant et en défendant la vie humaine de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, la qualité de l’existence, le respect des plus faibles, l’humanisation de la médecine et sa pleine socialisation.

     Cette fidélité a comporté et comporte des efforts et des difficultés qui, dans certaines circonstances, peuvent exiger un grand courage. Continuez avec sérénité et détermination sur cette voie, en accompagnant les interventions magistérielles dans les domaines de la médecine avec une conscience égale de leurs implications morales. Le domaine de la médecine et de la santé, en effet, n’a pas non plus été épargné par l’avancée du paradigme culturel technocratique, par l’adoration du pouvoir humain sans limites et par un relativisme pratique, où tout ce qui ne sert pas les intérêts personnels devient sans importance (cf. Lett. enc. Laudato si’, 122).

     Devant cette situation, vous êtes appelés à affirmer le caractère central du malade en tant que personne et sa dignité avec ses droits inaliénables, en premier le droit à la vie. Il faut s’opposer à la tendance à dévaloriser l’homme malade comme une machine à réparer, sans respect pour les principes moraux, et à exploiter les plus faibles en rejetant ce qui ne correspond pas à l’idéologie de l’efficacité et du profit. La défense de la dimension personnelle du malade est essentielle pour l’humanisation de la médecine, y compris dans le sens de l’ « écologie humaine ». Que vous ayez à cœur de vous engager dans vos pays respectifs et au niveau international, en intervenant dans les milieux spécialisés mais aussi dans les discussions qui concernent les législations sur des thèmes éthiques sensibles, comme par exemple l’interruption de grossesse, la fin de vie et la médecine génétique. Que votre sollicitude ne soit pas absente non plus de la défense de la liberté de conscience, des médecins et de tous les professionnels de la santé. Il n’est pas acceptable que votre rôle soit réduit à celui de simple exécuteur de la volonté du malade ou des exigences du système de santé dans lequel vous travaillez.

     Lors de votre prochain congrès, qui se tiendra à Zagreb dans quelques jours, vous réfléchirez au thème « Sainteté de vie et profession médicale, de Humanae vitae à Laudato si’ ». C’est aussi un signe de votre participation concrète à la vie et à la mission de l’Église. Cette participation – comme l’a souligné le concile Vatican II – est « tellement nécessaire que, sans elle, l’apostolat même des pasteurs ne peut pas en outre atteindre sa pleine efficacité » (Décret Apostolicam actuositatem, 10). Soyez toujours plus conscients qu’aujourd’hui il est nécessaire et urgent que l’action du médecin catholique se présente avec un caractère d’une clarté reconnaissable sur le plan du témoignage personnel comme associatif.

     À ce propos, il est souhaitable que les activités des associations de médecins catholiques soient interdisciplinaires et impliquent aussi d’autres réalités ecclésiales. En particulier, sachez harmoniser vos efforts avec ceux des prêtres, des religieux et des religieuses et de tous les acteurs de la pastorale de la santé, en vous situant avec eux aux côtés des personnes qui souffrent : elles ont un grand besoin de votre apport et du leur. Soyez des ministres, non seulement des soins, mais aussi de la charité fraternelle, transmettant à ceux dont vous vous approchez, par l’apport de vos connaissances, richesse d’humanité et de compassion évangélique.

     Chers frères et sœurs, nombreux sont ceux qui vous regardent et qui regardent votre travail. Vos paroles, vos gestes, vos conseils, vos choix ont un écho qui dépasse le domaine purement professionnel et qui devient, s’il est cohérent, un témoignage de foi vécue. La profession acquiert ainsi la dignité d’un véritable apostolat. Je vous encourage à poursuivre avec joie et générosité le chemin associatif, en collaboration avec toutes les personnes et les institutions qui partagent l’amour de la vie et qui s’emploient à la servir dans sa dignité et dans son caractère sacré. Que la Vierge Marie, Salut des malades, soutienne vos résolutions, que j’accompagne de ma bénédiction

 

 

 

 

 

 

 

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