Accueil > Evénements > Evangélisez la vie > Mgr Centène, Evêque de Vannes, lors de la veillée de prière du 27 novembre 2010

Evangéliser la Vie

Mgr Centène, Evêque de Vannes, lors de la veillée de prière du 27 novembre 2010

Publiée le 09-12-2010

     Avec toute l'Eglise, rassemblée ce soir à travers le monde, nous entrons dans le temps de l'Avent.
     Dans quatre semaines nous célèbrerons la fête de Noël en accueillant le Fils de Dieu né dans notre chair pour vivre une vie d'homme semblable à la nôtre en chacune de ses étapes.
     Le soir du 24 décembre nous accueillerons Jésus enfant.
 

     Il n'aura pas d'autre défense que la force implorante des gémissements et des pleurs du nouveau-né et nous serons pourtant invités à adorer en Lui le Maître de la création,
• à reconnaître dans ses balbutiements la parole toute-puissante qui a tiré le monde du néant et qui le maintient dans l'être,
• à reconnaître en cette petite vie livrée à notre bon vouloir Celui qui est, Le Vivant.
     Les bergers et les mages le chercheront pour l'adorer, Hérode et ses sbires le chercheront pour le faire mourir.
     En ce temps de l'Avent, nous voulons le reconnaître dans une situation de faiblesse plus radicale encore.
     Nous voulons écouter son cri silencieux dans la période où, n'étant pas encore né, il est déjà vivant  en Marie.
     Entièrement confié à la protection et aux soins de celle qui le porte en son sein, il peut faire siennes les paroles du psalmiste : « J'étais encore inachevé tu me voyais, sur ton livre tous mes jours étaient inscrits, recensés avant qu'un seul ne soit »
(Ps 138,16).
     Il n'est pas encore né qu'il est déjà menacé. Le livre de l'Apocalypse nous décrit « le dragon [qui] se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l'enfant dès sa naissance » (Ap 12,14).
Depuis qu'il a pris notre nature humaine, le mystère de Jésus est devenu le mystère de tout homme car il manifeste et « découvre à chacun la sublimité de sa vocation » (GS n. 22).
     Chaque être humain appelé à l'existence est voulu par Dieu, aimé de Dieu et appelé par Lui à une plénitude de vie qui va bien au-delà des dimensions de son existence terrestre puisqu'elle est la participation à la vie même de Dieu.
     C'est la profondeur de cette vocation surnaturelle qui révèle la grandeur et le prix de la vie humaine. « Elle est une réalité sacrée qui nous est confiée pour que nous la gardions de manière responsable et que nous la portions jusqu'à sa perfection dans l'amour et dans le don de nous-mêmes à Dieu et à nos frères » (Evangelium Vitae ).

     La vie humaine ne tire pas sa grandeur de son utilité sociale, elle participe à l'absolu de Dieu.
Dans la faiblesse de ses débuts embryonnaires comme dans les derniers soubresauts de son terme naturel, alors qu'elle est dénuée de tout appui extérieur, c'est la quintessence de l'être, le mystère même de Dieu qu'il nous est donné de contempler.
     « Défendre et promouvoir la vie, la vénérer et l'aimer, c'est la tâche que Dieu confie à tout homme » (EV n. 42).
     C'est un droit et un devoir qui nous concerne tous. La famille, sanctuaire de la vie, est le sujet irremplaçable de ce droit et de cette tâche.
     C'est dans cette perspective que s'enracine l'initiative sans précédent prise par le Saint-Père, en présidant en la basilique Saint-Pierre de Rome une veillée de prière pour la vie naissante et en demandant à tous les évêques diocésains de s'associer à cette démarche par la célébration d'une veillée analogue dans leur Eglise particulière.
     Si toutes les générations chrétiennes se trouvent dans le champ fascinant et terrible de l'Histoire dans lequel s'affrontent le bien et le mal, la vie et la mort, l'époque dans laquelle il nous est donné de vivre est marquée par une éclipse du sens de la vie générée de longue date par une remise en cause du sens de Dieu.
     Dans la revendication croissante de son autonomie, grisée par ses progrès technologiques, l'humanité en est arrivée à effacer les repères qui l'avaient maintenue tout au long des siècles et qui prenaient corps dans son anthropologie.
     Dans son encyclique Evangelium Vitae, Jean-Paul II écrivait : « Le résultat auquel on parvient est dramatique: s'il est particulièrement grave et inquiétant de voir le phénomène de l'élimination de tant de vies humaines naissantes ou sur le chemin de leur déclin, il n'est pas moins grave et inquiétant que la conscience elle-même, comme obscurcie par d'aussi profonds conditionnements, ait toujours plus de difficulté à percevoir la distinction entre le bien et le mal sur les points qui concernent la valeur fondamentale de la vie humaine » (EV n.4).
     Notre veillée de ce soir a pour but de nous aider à mieux prendre conscience de la valeur inaliénable de la vie et, en ce sens, elle a une valeur prophétique.
     Dans notre pays, cette préoccupation s'inscrit dans un contexte particulier, celui de la révision des lois sur la bioéthique, face auquel nous voulons réaffirmer de façon précise et ferme la valeur inaliénable de la vie humaine et son inviolabilité depuis la conception jusqu'à son terme naturel.
Notre veillée de ce soir veut être une demande de pardon pour tous les manquements, pour tous les refus d'aimer, pour tous les défauts de confiance qui ont pu aboutir au rejet, à l'exclusion du premier des biens, celui de la vie.
     Notre veillée de ce soir veut être une intercession pour tous ceux qui vivent des moments dramatiques face à un choix crucial.
     Beaucoup de groupes dans notre diocèse et à travers le monde prient pour la vie et se dévouent pour sa protection.
     Ce soir, c'est toute l'Eglise qui est en prière autour du successeur de Pierre.
     Elle assume le cri de l'humanité tout entière qui s'élève vers Dieu pour que toute vie humaine soit protégée, défendue, respectée, servie et aimée. Amen !
 

+ Raymond CENTENE
Evêque de Vannes

 

Retour
t>