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Esprit du monde ou Esprit Saint : quelles conséquences dans notre vie de prière ? - Benoit XVI - 16.5.2012


     Je voudrais mettre en évidence trois conséquences pour notre vie chrétienne, lorsque nous laissons agir en nous non pas l’esprit du monde, mais l’Esprit du Christ comme principe intérieur de toutes nos actions.
     Avec la prière animée par l’Esprit-Saint, nous sommes tout d’abord mis en condition d’abandonner et de surpasser toute forme de peur ou d’esclavage, en vivant la liberté authentique des enfants de Dieu. Sans la prière qui alimente chaque jour notre être dans le Christ, dans une intimité croissante, nous nous trouvons dans la condition décrite par saint Paul dans la Lettre aux Romains : nous ne faisons pas le bien que nous voulons, mais le mal que nous ne voulons pas (cf. Rm 7, 19). Et c'est l’expression de l’aliénation de l’être humain, de la destruction de notre liberté, à cause de notre condition d’être marqué par le péché originel : nous voulons le bien que nous ne faisons pas et nous faisons ce que nous ne voulons pas, le mal.
     L’apôtre veut faire comprendre que ce n’est pas avant tout notre volonté qui nous libère de ces conditions, ni la Loi, mais l’Esprit-Saint. Et puisque « où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Co 3, 17), avec la prière, nous faisons l’expérience de la liberté donnée par l’Esprit : une liberté authentique, qui est une liberté par rapport au mal et au péché, pour le bien et pour la vie, pour Dieu. La liberté de l’Esprit, continue saint Paul, ne s’identifie jamais ni avec le libertinage, ni avec la possibilité de faire le choix du mal, mais plutôt avec le « le fruit de l'Esprit [qui] est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres,douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22). Voilà la vraie liberté : pouvoir réellement suivre son désir du bien, de la vraie joie, de la communion avec Dieu sans se laisser asservir par les circonstances qui nous attirent vers d’autres directions.
     Une seconde conséquence se vérifie dans notre vie, quand nous laissons agir en nous l’Esprit du Christ : la relation avec Dieu elle-même devient tellement profonde qu’elle ne se laisse affecter par aucune réalité ou situation. Nous comprenons alors qu’avec la prière nous ne sommes pas libérés de l’épreuve et de la souffrance, mais nous pouvons les vivre en union avec le Christ, avec ses souffrances, dans la perspective de participer aussi à sa gloire (cf. Rm 8, 17). Souvent, dans notre prière, nous demandons à Dieu d’être libérés du mal physique ou spirituel, et nous le faisons avec une grande confiance. Pourtant, nous avons souvent l’impression de ne pas être écoutés et nous risquons alors de nous décourager et de ne pas persévérer. En réalité, il n’y a pas un cri humain qui ne soit écouté par Dieu et, dans la prière constante et fidèle, nous comprenons justement avec saint Paul que « les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8, 18).
     La prière ne nous épargne pas les épreuves et la souffrance ; au contraire, nous « gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps » (Rm 8, 24), dit saint Paul ; il dit que la prière ne nous épargne pas la souffrance mais elle nous permet de la vivre et de l’affronter avec une force nouvelle, avec la même confiance que Jésus qui, selon la Lettre aux Hébreux, « aux jours de sa chair, [a] présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et a été exaucé en raison de sa piété » (5, 7). La réponse de Dieu le Père à son Fils, à ses cris et à ses larmes, n’a pas été la libération des souffrances, de la croix, de la mort, mais un exaucement encore plus grand, une réponse beaucoup plus profonde ; à travers la croix et la mort, Dieu a répondu par la résurrection de son Fils, par une vie nouvelle. La prière animée par l’Esprit-Saint nous porte, nous aussi, à vivre chaque jour le chemin de notre vie avec ses épreuves et ses souffrances, dans la pleine espérance, dans la confiance en Dieu qui répond comme il a répondu à son Fils.
     Troisième point, la prière du croyant s’ouvre aussi aux dimensions de l’humanité et de tout le créé, assumant la « création en attente [qui] aspire à la révélation des enfants de Dieu » (Rm 8, 19). Cela signifie que la prière, soutenue par l’Esprit du Christ qui parle à l’intime de notre cœur, ne reste jamais fermée sur elle-même, n’est jamais seulement une prière pour moi, mais elle s’élargit au partage des souffrances de notre temps, des autres. Elle devient intercession pour les autres et, me libérant de moi-même, canal d’espérance pour toute la création, expression de cet amour de Dieu qui est répandu dans nos cœurs par l’Esprit qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). Et ceci est justement le signe d’une véritable prière, qui n’aboutit pas en nous-mêmes, mais qui s’ouvre aux autres et, ainsi, me libère et participe à la rédemption du monde.
     Chers frères et sœurs, saint Paul nous enseigne que, dans notre prière, nous devons nous ouvrir à la présence de l’Esprit-Saint, qui prie en nous par des gémissements inexprimables, pour nous amener à adhérer à Dieu de tout notre cœur et de tout notre être. L’Esprit du Christ devient la force de notre « faible » prière, la lumière de notre prière « éteinte », le feu de notre prière « aride », et nous donne la vraie liberté intérieure, nous enseignant à vivre en affrontant les épreuves de l’existence, dans l’assurance que nous ne sommes pas seuls, nous ouvrant aux horizons de l’humanité et de la création qui « gémit en travail d'enfantement » (Rm 8, 22).

 

Benoit XVI - Audience Générale 16.5.2012

 

 

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