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Que comprendre lorsque l'Église parle "de péril du dualisme et l'herméneutique sécularisée" dans la Parole de Dieu ? Benoit XVI

     "Il convient de signaler à ce sujet le risque grave d'un dualisme qui apparaît aujourd'hui dans l'approche des Saintes Écritures. En effet, en distinguant les deux niveaux d'approche, il ne s'agit pas de les séparer, ni de les opposer, ni simplement de les juxtaposer. Ils sont liés l'un à l'autre. Malheureusement, il n'est pas rare qu'une séparation infructueuse des deux engendre une hétérogénéité entre exégèse et théologie, qui «touche aussi les niveaux académiques les plus élevés».[109] Je voudrais ici rappeler les conséquences les plus préoccupantes qu'il convient d'éviter.

a) Avant tout, si l'activité exégétique se réduit seulement au premier niveau, cela a pour conséquence de faire de l'Écriture même un texte du passé: «On peut en tirer des conséquences morales, on peut en apprendre l'histoire, mais le livre en tant que tel, parle seulement du passé et l'exégèse n'est plus véritablement théologique, mais devient une pure historiographie, une histoire de la littérature».[110] Il est clair qu'avec une telle réduction, on ne peut en aucune façon comprendre l'événement de la Révélation de Dieu par sa Parole qui se transmet à nous dans la Tradition vivante et dans l'Écriture.

b) Le déficit d'une herméneutique de la foi à l'égard de l'Écriture ne se résume pas seulement en termes d'absence; à sa place s'inscrit inévitablement une autre herméneutique, une herméneutique sécularisée, positiviste, dont la clé fondamentale est la conviction que le divin n'apparaît pas dans l'histoire humaine. Selon cette herméneutique, lorsqu'il semble qu'existe un élément divin, on doit l'expliquer d'une autre façon et tout ramener à la dimension humaine. En conséquence, on propose des interprétations qui nient l'historicité des éléments divins.[111]

c) Une telle position ne peut que produire des dégâts dans la vie de l'Église, répandant un doute sur les Mystères fondamentaux du Christianisme et sur leur valeur historique, comme par exemple l'institution de l'Eucharistie et la Résurrection du Christ. On impose alors une herméneutique philosophique, qui nie la possibilité de l'entrée et de la présence du divin dans l'histoire. L'acceptation d'une telle herméneutique dans les études théologiques introduit inévitablement un dualisme pesant entre l'exégèse, qui s'établit uniquement sur le premier niveau et la théologie qui s'ouvre à la dérive d'une spiritualisation du sens des Écritures qui ne respecte pas le caractère historique de la Révélation.

Cette position ne peut qu'avoir un résultat négatif tant sur la vie spirituelle que sur l'activité pastorale; «la conséquence de l'absence du second niveau méthodologique est qu'il s'est créé un profond fossé entre exégèse scientifique et Lectio divina; il en ressort parfois une forme de perplexité également dans la préparation des homélies».[112] On doit aussi signaler qu'un tel dualisme produit parfois incertitude et manque de solidité dans le chemin de formation intellectuelle de certains candidats aux ministères ordonnés.[113] En définitive, «là où l'exégèse n'est pas théologie, l'Écriture ne peut être l'âme de la théologie, et vice versa, là où la théologie n'est pas essentiellement interprétation de l'Écriture dans l'Église, cette théologie n'a plus de fondement».[114] Il est donc nécessaire de se décider fermement à considérer avec davantage d'attention les indications données par la Constitution dogmatique Dei Verbum sur ce point"
 

Benoit XVI, in Verbum Domini, du 30.9.2010, numéro 35

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