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FAQ

Qui est Melchisédech ? - Benoit XVI, le 18 février 2010

 

     Melchisédech. C'est une figure mystérieuse qui apparaît dans Genèse 14 dans l'histoire sacrée: après la victoire d'Abraham sur plusieurs Rois, apparaît le roi de Salem, de Jérusalem, Melchisédech, et il apporte le pain et le vin. Une histoire qui n'est pas commentée et qui est un peu incompréhensible, qui ne réapparaît qu'au psaume 110, comme nous l'avons déjà dit, mais l'on comprend que, par la suite, le judaïsme, le gnosticisme et le christianisme aient voulu réfléchir profondément sur cette parole et qu'ils aient créé leurs interprétations. La Lettre aux Hébreux ne fait pas de spéculation, mais elle rapporte uniquement ce que dit l'Ecriture et ce sont plusieurs éléments: il est Roi de justice, il habite dans la paix, il est Roi là où il y a la paix, il vénère et adore Dieu Très-Haut, le Créateur du ciel et de la terre et il porte le pain et le vin (cf. He 7, 1-3; Gn 14, 18-20). Il n'y a pas de commentaires sur le fait qu'apparaît ici le Souverain Prêtre du Dieu Très-Haut, Roi de la paix, qui adore avec le pain et le vin le Dieu créateur du ciel et de la terre. Les Pères ont souligné que c'est l'un des saints païens de l'Ancien Testament et cela montre qu'à partir du paganisme, il existe aussi une route vers le Christ et que les critères sont: adorer le Dieu Très-Haut, cultiver la justice et la paix, et vénérer Dieu de manière pure. Ainsi, avec ces éléments fondamentaux, le paganisme est lui aussi un chemin vers le Christ, il rend, d'une certaine manière, présente la lumière du Christ.
     Dans le canon romain, après la Consécration, nous avons la prière supra quae, qui mentionne certaines préfigurations du Christ, de son sacerdoce et de son sacrifice: Abel, le premier martyr, avec son agneau; Abraham, qui sacrifie dans l'intention son fils Isaac, remplacé par l'agneau donné par Dieu; et Melchisédech, Souverain Prêtre du Dieu Très-Haut, qui apporte le pain et le vin. Cela veut dire que le Christ est la nouveauté absolue de Dieu et, dans le même temps, qu'il est présent dans toute l'histoire, et que l'histoire va à la rencontre du Christ. Et non seulement l'histoire du peuple élu, qui est la véritable préparation voulue par Dieu, dans laquelle se révèle le mystère du Christ, mais à partir du paganisme également se prépare le mystère du Christ, il y a des chemins vers le Christ, qui porte tout en lui-même.
     Cela me semble important dans la célébration de l'Eucharistie: ici est recueillie toute la prière humaine, tout le désir humain, toute la vraie dévotion humaine, la vraie recherche de Dieu, qui se trouve finalement réalisée dans le Christ. Enfin, il faut dire qu'à présent, le ciel est ouvert, le culte n'est plus énigmatique, dans des signes relatifs, mais il est vrai, parce que le ciel est ouvert et l'on n'offre pas quelque chose, mais l'homme devient un avec Dieu et cela est le culte véritable. C'est ce que dit la Lettre aux Hébreux: « nous avons un pareil grand prêtre qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté des cieux, ministre du sanctuaire et de la Tente, la vraie, celle que le Seigneur, non un homme, a dressée » (cf. 8, 1-2).
     Revenons sur le fait que Melchisédech est le roi de Salem. Toute la tradition davidique s'en est appelée à cela, en disant: « Le lieu est ici, Jérusalem est le lieu du culte véritable, la concentration du culte à Jérusalem remonte déjà aux temps d'Abraham, Jérusalem est le lieu véritable de la vénération juste de Dieu ».
     Franchissons à nouveau une étape: la Jérusalem véritable, le Salem de Dieu, est le Corps du Christ, l'Eucharistie est la paix de Dieu avec l'homme. Nous savons que saint Jean dans le Prologue, appelle l'humanité de Jésus « la tente de Dieu » eskènosen en hemìn (Jn 1, 14). Ici, Dieu lui-même a créé sa tente dans le monde et cette tente, cette Jérusalem nouvelle, véritable, est, dans le même temps sur la terre et au ciel, parce que ce Sacrement, ce sacrifice se réalise toujours entre nous et arrive toujours jusqu'au trône de la Grâce, à la présence de Dieu. C'est ici que se trouve la Jérusalem véritable, dans le même temps, céleste et terrestre, la tente, qui est le Corps de Dieu, qui comme Corps ressuscité demeure toujours Corps et embrasse l'humanité et, dans le même temps, étant Corps ressuscité, nous unit avec Dieu. Tout cela se réalise toujours à nouveau dans l'Eucharistie. Et nous, en tant que prêtres, nous sommes appelés à être des ministres de ce grand Mystère, dans le Sacrement et dans la vie. Prions le Seigneur qu'il nous fasse comprendre toujours mieux ce Mystère, de vivre toujours mieux ce Mystère et ainsi d'offrir notre aide afin que le monde s'ouvre à Dieu, afin que le monde soit racheté par Jésus.

 

Benoit XVI, le 18 février 2010, aux prêtres de Rome

 

 

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