François de A à Z

Dieu proche

2013

 

26 mai 2013 – Angelus

     C’est aujourd’hui le dimanche de la Très Sainte Trinité. La lumière du temps pascal et de la Pentecôte renouvelle en nous chaque année la joie et l’émerveillement de la foi : reconnaissons que Dieu n’est pas quelque chose de vague, notre Dieu n’est pas un Dieu « aérosol », il est concret, ce n’est pas une personne abstraite, mais il a un nom : « Dieu est amour ». Ce n’est pas un amour sentimental, émotif, mais l’amour du Père qui est à l’origine de toute vie, l’amour du Fils qui meurt sur la croix et ressuscite, l’amour de l’Esprit qui renouvelle l’homme et le monde. Penser que Dieu est amour nous fait beaucoup de bien, parce qu’il nous enseigne à aimer, à nous donner les uns aux autres comme Jésus s’est donné à nous et marche avec nous. Jésus marche avec nous sur la route de la vie.

     La Très Sainte Trinité n’est pas le produit de raisonnements humains ; elle est le visage par lequel Dieu lui-même s’est révélé, non pas du haut d’une chaire, mais en marchant avec l’humanité. Et c’est Jésus lui-même qui nous a révélé le Père et qui nous a promis le Saint-Esprit. Dieu a marché avec son peuple dans l’histoire du Peuple d’Israël et Jésus a toujours marché avec nous et nous a promis le Saint-Esprit qui est feu, qui nous enseigne tout ce que nous ne savons pas, qui nous guide intérieurement, nous donne de bonnes idées et de bonnes inspirations.

     Aujourd’hui, nous ne louons pas Dieu pour un mystère particulier, mais pour Lui-même, « pour son immense gloire », comme le dit l’hymne liturgique. Nous le louons et nous le remercions parce qu’il est Amour et parce qu’il nous appelle à entrer dans l’étreinte de sa communion qui est la vie éternelle.

 

2 juin 2013 - Angelus

      L’Évangile nous propose le récit du miracle des pains (Lc 9, 11-17) ; je voudrais m’arrêter sur un aspect qui me touche toujours et me fait réfléchir. Nous sommes sur la rive du lac de Galilée, le soir approche. Jésus se préoccupe pour la foule qui est avec Lui depuis des heures. Ils sont des milliers et ils ont faim. Que faire ? Les disciples aussi se posent la question et disent à Jésus : « Renvoie la foule » afin qu’elle aille dans les villages proches pour trouver à manger. Jésus au contraire dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (v. 13). Les disciples sont déconcertés et répondent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons », ce qui signifie : à peine le nécessaire pour nous.

Jésus sait bien quoi faire, mais il veut faire participer ses disciples, il veut les éduquer. L’attitude des disciples est une attitude humaine, qui recherche la solution la plus réaliste, qui ne crée pas trop de problèmes : renvoie la foule — disent-ils — que chacun s’arrange comme il peut, du reste, tu as déjà tant fait pour eux : tu as prêché, tu as guéris les malades… Renvoie la foule !

L’attitude de Jésus est complètement différente, elle est dictée par son union avec le Père et par sa compassion pour la foule, cette pitié de Jésus envers nous tous : Jésus ressent nos problèmes, il ressent nos faiblesses, il ressent nos besoins. Devant ces cinq pains, Jésus pense : voici la providence ! De ce « peu », Dieu peut tirer le nécessaire pour tous. Jésus fait totalement confiance au Père céleste, il sait que tout Lui est possible. C’est pourquoi il dit aux disciples de faire asseoir la foule par groupes de cinquante — ce n’est pas par hasard, cela signifie qu’ils ne sont plus une foule, mais qu’ils deviennent des communautés, nourries du pain de Dieu. Puis il prend ces pains et ces poissons, lève les yeux au ciel, récite la bénédiction — la référence à l’Eucharistie est claire —, puis il les rompt et commence à les donner aux disciples, et les disciples les distribuent… et les pains et les poissons ne finissent pas, ils ne finissent pas ! Voici le miracle : plus qu’une multiplication c’est un partage, animé par la foi et par la prière. Ils mangèrent tous et il en resta : c’est le signe de Jésus, pain de Dieu pour l’humanité.

Les disciples virent cela, mais ils ne comprirent pas bien le message. Ils furent pris, comme la foule, par l’enthousiasme du succès. Encore une fois, ils suivirent la logique humaine et non celle de Dieu, qui est celle du service, de l’amour, de la foi. La fête du Corpus Domini nous demande de nous convertir à la foi en la Providence, de savoir partager le peu que nous sommes et que nous avons, et de ne jamais nous fermer sur nous-mêmes. Demandons à notre Mère Marie de nous aider dans cette conversion, pour suivre vraiment davantage ce Jésus que nous adorons dans l’Eucharistie.

 

 

 

 

 

 

 

 

4 octobre 2013 – Avec les jeunes, à Assise

     Pensons à nos parents, à nos grands-parents ou arrières grands-parents : ils se sont mariés dans des conditions beaucoup plus pauvres que les nôtres, certains en temps de guerre, ou d’après-guerre; certains ont émigré, comme mes parents. Où trouvaient-ils la force ? Ils la trouvaient dans la certitude que le Seigneur était avec eux, que la famille est bénie par Dieu à travers le sacrement du mariage, et que la mission de mettre au monde les enfants et de les éduquer est bénie. Avec ces certitudes, ils ont surmonté les épreuves les plus dures. C’étaient des certitudes simples, mais vraies, elles formaient les colonnes qui soutenaient leur amour. Leur vie n’a pas été facile, il y a eu des problèmes, tant de problèmes. Mais ces certitudes les aidaient à avancer. Et ils ont réussi à fonder une belle famille, à donner la vie, à faire grandir leurs enfants.

 

 

27 octobre 2013 – Homélie Messe avec les familles – Année de la Foi

     Dans le Psaume on trouve cette expression : « Que les pauvres entendent et soient en fête » (33/34,3). Tout ce Psaume est une hymne au Seigneur, source de joie et de paix. Et quelle est la raison de cette joie? Ceci : le Seigneur est proche, il écoute le cri des humbles et les délivre du mal. Saint Paul l’écrivait aussi : « Soyez toujours dans la joie… le Seigneur est proche » (Ph 4, 4-5). Eh… il me plairait de poser une question, aujourd’hui. Mais, que chacun la porte dans son cœur, chez soi, eh ?, comme un devoir à faire. Et on répond seul. Comment va la joie, chez toi? Comment va la joie dans ta famille? Eh, donnez la réponse.

     Chères familles, vous le savez bien : la vraie joie que l’on goûte en famille n’est pas quelque chose de superficiel, elle ne vient pas des choses, des circonstances favorables… La vraie joie vient d’une harmonie profonde entre les personnes, que tout le monde ressent en son cœur, et qui nous fait sentir la beauté d’être ensemble, de nous soutenir mutuellement sur le chemin de la vie. Mais à la base de ce sentiment de joie profonde, il y a la présence de Dieu, la présence de Dieu dans la famille, il y a son amour accueillant, miséricordieux, respectueux envers tout le monde. Et surtout, un amour patient : la patience est une vertu de Dieu et elle nous enseigne, en famille, à avoir cet amour patient, l’un envers l’autre. Avoir de la patience entre nous. Amour patient. Seul Dieu sait créer l’harmonie des différences. S’il manque l’amour de Dieu, la famille aussi perd son harmonie, les individualismes prévalent, et la joie s’éteint. En revanche, la famille qui vit la joie de la foi la communique spontanément, elle est sel de la terre et lumière du monde, elle est levain pour toute la société.

 

 

     23 novembre 2013 – Rencontre avec les catéchumènes dans la Basilique Saint Pierre – Année de la Foi

     Dieu ne nous a pas créés pour être seuls, enfermés en nous-mêmes, mais pour pouvoir le rencontrer, Lui, et nous ouvrir à la rencontre des autres. Dieu, le premier, vient vers chacun de nous ; et c’est merveilleux ! Lui vient à notre rencontre !

     Dans la Bible, Dieu apparaît toujours comme celui qui prend l’initiative de la rencontre avec l’homme : c’est lui qui cherche l’homme, et d’habitude, il le cherche justement alors que l’homme fait l’expérience amère et tragique de trahir Dieu et de le fuir. Dieu n’attend pas pour le chercher : il le cherche immédiatement. C’est un chercheur patient, notre Père ! Il nous précède et nous attend toujours. Il ne se lasse pas de nous attendre. Il ne s’éloigne pas de nous, mais il a la patience d’attendre le moment favorable de la rencontre avec chacun de nous. Et quand la rencontre advient, ce n’est jamais une rencontre hâtive, parce que Dieu désire rester longuement avec nous, pour nous soutenir, pour nous consoler, pour nous donner sa joie. Dieu a hâte de nous rencontrer, mais il n’a jamais hâte de nous quitter. Il reste avec nous. De même que nous nous avons soif de lui, et que nous le désirons, de même lui aussi a le désir d’être avec nous, parce que nous lui appartenons, nous sommes à lui, nous sommes ses créatures. On peut dire que Lui aussi a soif de nous, de nous rencontrer. Notre Dieu est assoiffé de nous. Voilà le cœur de Dieu. C’est beau de ressentir cela.

     La dernière partie du récit, c’est la marche. Les deux disciples marchent vers Jésus et puis ils font un bout de chemin avec lui. C’est un enseignement important pour nous tous. La foi est une marche avec Jésus… Rappelez-vous toujours cela : la foi, c’est marcher avec Jésus et c’est une marche qui dure toute la vie. A la fin, il y aura la rencontre définitive.

     Certes, à certains moments de cette marche nous nous sentons fatigués et confus. Mais la foi nous donne la certitude de la présence constante de Jésus dans toute situation, même la plus douloureuse ou difficile à comprendre. Nous sommes appelés à marcher pour entrer toujours davantage à l’intérieur du mystère de l’amour de Dieu qui nous veille sur nous et nous permet de vivre dans la sérénité et l’espérance.

    

 

29 décembre 2013 - Angelus

          Jésus a voulu appartenir à une famille qui ait fait l’expérience de ces difficultés, afin que personne ne se sente exclu de la proximité amoureuse de Dieu. La fuite en Egypte à cause des menaces d’Hérode nous montre que Dieu est là où l’homme est en danger, là où l’homme souffre, là où il s’enfuit, là où il fait l’expérience du rejet et de l’abandon. Mais Dieu est aussi là où l’homme rêve, espère rentrer dans sa patrie en toute liberté, fait des projets et fait des choix pour sa vie et sa dignité, la sienne et celle de sa famille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2014

    

 

 

24 mars 2014 – Au Conseil Pontifical pour la Santé

    Votre travail de ces jours-ci s’inspire de ce que le bienheureux Jean-Paul II affirmait il y a trente ans à propos de la souffrance : « Faire du bien par la souffrance et faire du bien à celui qui souffre » (Lett. ap. Salvifici doloris, n. 30). Ces paroles, il les a vécues, et il en a témoigné de façon exemplaire. Son magistère a été un magistère vivant, auquel le Peuple de Dieu a répondu avec beaucoup d’affection et de vénération, en reconnaissant que Dieu était avec lui.

     En effet, il est vrai que dans la souffrance également, personne n’est jamais seul, parce que Dieu dans son amour miséricordieux pour l’homme et pour le monde, embrasse également les situations les plus inhumaines, dans lesquelles l’image du Créateur présent en chaque personne apparaît voilée ou défigurée. Ainsi en a-t-il été pour Jésus dans sa passion. En Lui, chaque douleur humaine, chaque angoisse, chaque souffrance a été assumée par amour, en vertu de la pure volonté d’être proches de nous, d’être avec nous. Et ici, dans la Passion de Jésus, il y a la plus grande école pour quiconque veut se dédier au service des frères malades et souffrants.

     L’expérience du partage fraternel avec celui qui souffre nous ouvre à la véritable beauté de la vie humaine, qui comprend sa fragilité. Dans la protection et dans la promotion de la vie, quels que soient le stade et la condition où elle se trouve, nous pouvons reconnaître la dignité et la valeur de tout être humain, de sa conception jusqu’à sa mort.

     Demain, nous célébrerons la solennité de l’Annonciation du Seigneur. « Pour accueillir “la Vie” au nom de tous et pour le bien de tous, il y eut Marie, la Vierge Mère : elle a donc avec l'Evangile de la vie des liens personnels très étroits » (Jean-Paul ii, Lett. enc. Evangelium vitae, n. 102). Marie a offert son existence, elle s’est placée entièrement à la disposition de la volonté de Dieu, devenant « lieu » de sa présence, « lieu » dans lequel demeure le Fils de Dieu.

    

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2015

 

12 juin 2015  - Homélie de la Messe lors de la troisième rencontre mondiale des prêtres. Basilique Saint Jean de Latran

     Nous pénétrons dans la tendresse de Dieu, Dieu raconte à son peuple combien il l’aime, combien il en prend soin. Ce que Dieu dit à son peuple, dans cette lecture du prophète Osée, chapitre ii, il le dit à chacun de nous. Et il sera bon de reprendre ce texte à un moment de solitude, de nous mettre en présence de Dieu et d’écouter : « Quand tu étais enfant, je t’ai aimé ; je t’ai aimé enfant ; je t’ai sauvé ; je t’ai conduit hors de l’Égypte, je t’ai sauvé de l’esclavage », de l’esclavage du péché, de l’esclavage de l’autodestruction et de tous les esclavages que chacun connaît, qu’il a subis et qu’il a en lui. « Je t’ai sauvé, je t’ai enseigné à marcher ». Qu’il est beau d’entendre que Dieu m’enseigne à marcher ! Le Tout-Puissant s’abaisse et m’enseigne à marcher. Je me souviens de cette phrase du Deutéronome, quand Moïse dit à son peuple : « Écoutez-vous — ils ont la tête tellement dure ! —: quand donc avez-vous vu un dieu aussi proche de son peuple, de la même façon que Dieu est proche de nous ? ». Et la proximité de Dieu est cette tendresse, il m’a enseigné à marcher. Sans Lui je ne saurais pas marcher dans l’Esprit. « Et je te tenais par la main. Mais tu n’as pas compris que je te guidais, tu croyais que je t’aurais laissé seul ». C’est l’histoire de chacun de nous. « Je te conduisais avec des liens humains, non avec des lois punitives ». Avec des liens d’amour, des nœuds d’amour. L’amour lie, mais il lie dans la liberté ; il lie en te laissant de la place pour que tu répondes avec amour. « J’étais pour toi comme celui qui soulève un enfant contre sa joue et l’embrasse. Et je me penchais et lui donnais à manger ». Cela est notre histoire, c’est tout au moins mon histoire. Chacun de nous peut lire ici sa propre histoire. « Dis-moi, comment pourrais-je t’abandonner à présent ? Comment pourrais-je te remettre à l’ennemi ? ». Dans les moments où nous avons peur, dans les moments où nous sommes incertains, Il nous dit : « Si j’ai fait tout cela pour toi, comment peux-tu penser que je te laisserais seul, que je puisse t’abandonner ? ».

     Sur les côtes de la Libye, les vingt-trois martyrs coptes étaient certains que Dieu ne les aurait pas abandonnés. Et ils se sont laissés décapiter en prononçant le nom de Jésus ! Ils savaient que Dieu, alors qu’on leur coupait la tête, ne les aurait pas abandonnés.

     « Comment pourrais-je te traiter comme un ennemi ? Mon cœur s’émeut en moi et toute ma tendresse s’éveille ». La tendresse de Dieu s’éveille, cette tendresse chaleureuse. Il est l’Unique capable d’une tendresse chaleureuse. Je ne laisserai pas libre cours à la colère pour les péchés qui existent, pour toutes ces incompréhensions, pour le fait d’adorer les idoles. Car je suis Dieu, je suis le Saint au milieu de toi. C’est une déclaration d’amour d’un père à son fils. Et à chacun de nous.

      Je pense que nous avons souvent peur de la tendresse de Dieu et, du fait que nous avons peur de la tendresse de Dieu, nous ne laissons pas agir celle-ci en nous-mêmes. C’est pour cette raison que nous sommes tant de fois durs, sévères, censeurs... Nous sommes des pasteurs sans tendresse. Que nous dit Jésus dans le chapitre 15 de Luc ? Il nous parle de ce pasteur qui s’aperçut qu’il avait 99 brebis et qu’il lui en manquait une. Il les laissa bien gardées, enfermées à clé, et alla chercher l’autre qui était emprisonnée au milieu des ronces... Et il ne la frappa pas, il ne la réprimanda pas. Il la prit entre ses bras, la serra contre lui et la soigna, car elle était blessée. Faites-vous la même chose avec vos fidèles ? Quand vous vous apercevez qu’il en manque un dans le troupeau ? Ou sommes-nous habitués à être une Église qui n’a qu’une seule brebis dans son troupeau et nous laissons les 99 autres se perdre dans la montagne ? Toute cette tendresse t’émeut-elle ? Es-tu un pasteur de brebis ou es-tu devenu quelqu’un qui « peigne » l’unique brebis restée ? Car tu ne cherches que toi-même et tu as oublié la tendresse qu’a t’a donnée ton Père, et qui te la raconte ici dans le chapitre ii d’Osée. Et tu as oublié comment on donne de la tendresse. Le Cœur du Christ est la tendresse de Dieu. « Comment puis-je te laisser seul ? Comment puis-je t’abandonner ? Quand tu es seul, désorienté, perdu, viens à moi, et je te sauverai, je te consolerai ».

     Je vous demande aujourd’hui, pendant cette retraite, d’être des pasteurs avec la tendresse de Dieu. De laisser le «fouet» accroché à la sacristie et d’être des pasteurs avec tendresse, également avec ceux qui vous créent le plus de problèmes. C’est une grâce. C’est une grâce divine. Nous ne croyons pas en un Dieu éthéré, nous croyons en un Dieu qui s’est fait chair, qui a un cœur et ce cœur nous parle ainsi aujourd’hui : « Venez à moi. Si vous êtes las, opprimés et je vous donnerai le repos. Mais traitez les plus petits avec tendresse, avec la même tendresse avec laquelle je les traite ». C’est ce que nous dit aujourd’hui le Cœur de Jésus Christ, et c’est ce qu’au cours de cette Messe je demande pour vous, et aussi pour moi.

 

 

 

publié le : 16 août 2015

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