François de A à Z

EvangeliumVitae - 2015

2015

 

 

 

 

7 janvier 2015 -  Audience Générale

     Dans la famille, il y a la mère. Chaque personne humaine doit la vie à une mère, et presque toujours, elle lui doit une grande partie de son existence successive, de sa formation humaine et spirituelle. Mais la mère, bien qu’étant très exaltée du point de vue symbolique — beaucoup de poésies, beaucoup de belles choses qui nous parlent de façon poétique de la mère — est peu écoutée et peu aidée dans la vie quotidienne, peu considérée dans son rôle central dans la société. Souvent, on profite même de la disponibilité des mères à se sacrifier pour les enfants pour « économiser » sur les dépenses sociales.

     Il arrive également que dans la communauté chrétienne, la mère ne soit pas toujours considérée, qu’elle soit peu écoutée. Pourtant, au centre de la vie de l’Église, il y a la Mère de Jésus. Peut-être les mères, prêtes à tant se sacrifier pour leurs enfants, et souvent également pour ceux des autres, devraient-elles recevoir davantage d’écoute. Il faudrait comprendre davantage leur lutte quotidienne pour être efficaces au travail et attentives et affectueuses en famille ; il faudrait mieux comprendre à quoi elles aspirent pour exprimer les fruits les meilleurs et les plus authentiques de leur émancipation. Une mère avec des enfants a toujours des problèmes, toujours du travail. Je me souviens, à la maison, nous étions cinq enfants et tandis que l’un d’entre nous faisait une bêtise, l’autre pensait déjà à en faire une autre, et notre pauvre mère courait de l’un à l’autre, mais elle était heureuse. Elle nous a beaucoup donné.

     Les mères sont l’antidote le plus fort à la diffusion de l’individualisme égoïste. « Individu » signifie « qui ne peut pas se partager ». Les mères, en revanche, se « partagent », à partir du moment où elles portent un enfant pour le mettre au monde et l’élever. Ce sont elles, les mères, qui détestent le plus la guerre qui tue leurs enfants. Si souvent j’ai pensé à ces mamans lorsqu’elles ont reçu la lettre : « Je vous informe que votre fils est mort en défendant sa patrie... ». Pauvres femmes ! Comme une mère souffre ! Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie. L’archevêque Oscar Arnulfo Romero disait que les mères vivent un « martyre maternel ». Dans l’homélie pour les funérailles d’un prêtre assassiné par les escadrons de la mort, il dit, faisant écho au Concile Vatican ii : « Nous devons tous être disposés à mourir pour notre foi, même si le Seigneur ne nous accorde pas cet honneur... Donner la vie ne signifie pas seulement être tués ; donner la vie, avoir un esprit de martyre, cela signifie donner dans le devoir, dans le silence, dans la prière, dans l’accomplissement honnête du devoir, dans ce silence de la vie quotidienne, donner sa vie peu à peu ? Oui, comme la donne une mère qui, sans crainte, avec la simplicité du martyre maternel, conçoit en son sein un fils, lui donne le jour, l’allaite, l’élève, et s’occupe de lui avec affection. C’est donner la vie. C’est le martyre ». Voilà pour la citation. Oui, être mère ne signifie pas seulement mettre au monde un fils, c’est également un choix de vie. Que choisit une mère, quel est le choix de vie d’une mère ? Le choix de vie d’une mère est le choix de donner la vie. Et cela est grand, cela est beau.

     Une société sans mères serait une société inhumaine, parce que les mères savent témoigner toujours, même dans les pires moments, de la tendresse, du dévouement, de la force morale. Les mères transmettent souvent également le sens le plus profond de la pratique religieuse : dans les premières prières, dans les premiers gestes de dévotion qu’un enfant apprend, est inscrite la valeur de la foi dans la vie d’un être humain. C’est un message que les mères croyantes savent transmettre sans beaucoup d’explications : celles-ci arriveront après, mais la semence de la foi réside dans ces premiers, très précieux instants. Sans les mères, non seulement il n’y aurait pas de nouveaux fidèles, mais la foi perdrait une bonne partie de sa chaleur simple et profonde. Et l’Église est mère, avec tout cela, c’est notre mère ! Nous ne sommes pas orphelins, nous avons une mère ! La Vierge, la mère Église, est notre maman. Nous ne sommes pas orphelins, nous sommes fils de l’Église, nous sommes fils de la Vierge, et nous sommes fils de nos mères.

     Très chères mamans, merci, merci pour ce que vous êtes dans la famille et pour ce que vous donnez à l’Église et au monde. Et à toi, bien-aimée Église, merci, merci d’être mère. Et à toi, Marie, mère de Dieu, merci de nous faire voir Jésus. Et merci à toutes les mamans ici présentes : nous les saluons par un applaudissement !

 

16 janvier 2015 – Homélie de la Messe,  cathédrale de l’Immaculée Conception à Manille

    Proclamez la beauté et la vérité du message chrétien à une société qui est tentée par des présentations confuses de la sexualité, du mariage et de la famille. Comme vous le savez, ces réalités sont toujours plus attaquées par des forces puissantes qui menacent de défigurer le plan de Dieu sur la création et de trahir les vraies valeurs qui ont inspiré et donné forme à tout ce qu’il y a de beau dans votre culture.

    

 

 

 

18 janvier 2015 – Rencontre avec les jeunes, à Manille. Texte improvisé

    ….. C’est seulement quand nous sommes capables de pleurer sur ce que vous avez vécu que nous pouvons comprendre quelque chose et répondre quelque chose. La grande question pour tous : pourquoi les enfants souffrent ? Pourquoi les enfants souffrent ? C’est vraiment quand le cœur réussit à se poser la question et à pleurer, que nous pouvons comprendre quelque chose. Il y a une compassion mondaine qui ne sert à rien ! Une compassion qui nous fait tout au plus mettre la main au porte monnaie et donner une pièce. Si le Christ avait eu cette compassion, il serait passé, soigné trois ou quatre personnes et serait retourné au Père. C’est seulement quand le Christ a pleuré et a été capable de pleurer qu’il a compris nos drames.

     Chers jeunes, les pleurs manquent au monde d’aujourd’hui ! Les marginaux pleurent, ceux qui sont mis de côté pleurent, les méprisés pleurent, mais quand nous avons une vie sans trop de besoins, nous ne savons pas pleurer. Certaines réalités de la vie se voient seulement avec des yeux lavés par les larmes. J’invite chacun de vous à se demander : ai-je appris à pleurer ? Ai-je appris à pleurer quand je vois un enfant qui a faim, un enfant drogué dans la rue, un enfant sans maison, un enfant abandonné, un enfant abusé, un enfant utilisé comme esclave par la société ? Ou bien mes pleurs sont ils les pleurs capricieux de celui qui pleure parce qu’il voudrait avoir quelque chose de plus ? C’est la première chose que je voudrais vous dire : apprenons à pleurer, comme elle [Glyzelle] nous l’a appris aujourd’hui. N’oublions pas ce témoignage. La grande question : pourquoi les enfants souffrent ?, elle l’a posée en pleurant, et la grande réponse que nous pouvons faire à chacun est d’apprendre à pleurer.

     Jésus dans l’Évangile a pleuré, il a pleuré pour son ami mort. Il a pleuré dans son cœur pour cette famille qui avait perdu sa fille. Il a pleuré dans son cœur quand il a vu la pauvre mère, veuve, qui emmenait son fils au cimetière. Il a été ému et il a pleuré dans son cœur quand il a vu la foule comme des brebis sans pasteur. Si vous n’apprenez pas à pleurer vous n’êtes pas de bons chrétiens. Et c’est un défi. …Quand on nous pose la question pourquoi les enfants souffrent ? Pourquoi arrive-t-il ceci ou cela de tragique dans la vie ? Que notre réponse soit le silence, ou bien une parole qui nait des larmes. Soyez courageux, n’ayez pas peur de pleurer !

 

 

    Aujourd’hui, nous sommes surinformés, avec tous les media : est-ce un mal ? Non, c’est un bien et cela aide, mais nous courrons le risque de vivre en accumulant les informations. Nous avons beaucoup d’informations, mais peut-être nous ne savons pas quoi en faire. Nous courrons le risque de devenir des « jeunes-musée » en non pas des jeunes sages. Vous pourriez me dire : « Père, comment parvient-on à être sages ? Et c’est un autre défi, le défi de l’amour. Quelle est la matière la plus importante qu’il faut apprendre à l’université ? Quelle la plus importante à apprendre dans la vie ? Apprendre à aimer ! Et c’est le défi posé à vous aujourd’hui. Apprendre à aimer ! Ne pas seulement accumuler des informations et ne pas savoir quoi en faire. C’est un musée. Mais par l’amour faire en sorte que cette information soit féconde. Dans ce but l’Évangile nous propose un chemin, serein, tranquille : utiliser les trois langages : le langage de l’esprit, le langage du cœur et le langage des mains. Et ces trois langages de manière harmonieuse : ce que tu penses, tu le sens et tu le réalises. Ton information descend dans le cœur, elle l’émeut et elle réalise. Et cela harmonieusement. Penser ce qui se sent et ce qui se fait. Sentir ce que je pense et ce que je fais ; faire ce que je pense et ce que je sens. Les trois langages. Etes-vous capables de répéter les trois langages à haute voix ?

     L’amour véritable c’est d’aimer et de me laisser aimer. Il est plus difficile de se laisser aimer que d’aimer. À cause de cela, il est très difficile d’arriver à l’amour parfait de Dieu, pour que nous puissions l’aimer, mais la chose importante est de se laisser aimer par lui. Le véritable amour est de s’ouvrir à cet amour qui nous précède et qui provoque en nous une surprise. Si vous avez seulement toute l’information, vous êtes fermés aux surprises ; l’amour s’ouvre aux surprises, l’amour est toujours une surprise parce qu’il suppose un dialogue à deux. Entre celui qui aime et celui qui est aimé. Et nous disons de Dieu qu’il est le Dieu des surprises parce que lui il nous a aimés le premier et qu’il nous attend avec une surprise. Dieu nous surprend… Laissons-nous surprendre par Dieu ! Et n’ayons pas la psychologie du computer de croire tout savoir. Qu’est-ce que cela ? Un instant, et le computer te donne toutes les réponses, aucune surprise. Dans le défi de l’amour, Dieu se manifeste avec des surprises. Pensons à saint Matthieu : c’était un bon commerçant, en plus il trahissait sa patrie parce qu’il prenait les impôts des juifs pour les donner aux Romains, il avait beaucoup d’argent, et il prélevait les impôts. Jésus passa, il le regarda et lui dit : Viens ! Ceux qui étaient avec lui disent : il appelle celui-ci qui est un traître, un infâme ? Et il est attaché à l’argent. Mais la surprise d’être aimé le vainc et il suit Jésus. Ce matin-là, quand il avait salué sa femme, jamais il n’aurait pensé qu’il serait rentré sans argent et en hâte pour dire à sa femme de préparer un banquet. Le banquet pour celui qui l’avait aimé le premier. Qui l’avait surpris avec quelque chose de plus important que tout l’argent qu’il avait.

     Laisse-toi surprendre par l’amour de Dieu ! N’ayez pas peur des surprises, qui te bouleversent, qui te mettent en crise, mais qui nous mettent en chemin. L’amour véritable te pousse à dépenser ta vie avec le risque aussi de rester les mains vides. Pensons à saint François : il a tout laissé, il est mort les mains vides mais le cœur plein.

     D’accord ? Pas des jeunes de musée, mais des jeunes sages. Pour être sages, utiliser trois langages : penser bien, sentir bien et faire bien. Et pour être sages, se laisser surprendre par l’amour de Dieu, et va, et dépense ta vie !

 

     Vous vous engagez à donner, vous donnez, vous donnez, vous donnez, vous aidez… Mais fais-tu aussi en sorte qu’on te donne ? … Répond dans ton cœur. Dans l’Évangile, il y a une phrase qui pour moi est la plus importante de toutes : l’Évangile dit que Jésus regarda ce jeune et l’aima (cf. Mc 10, 21). …La phrase la plus importante que dit Jésus est : « Une seule chose te manque » (Mc 10, 21). Chacun de nous écoute en silence cette parole de Jésus : « Une seule chose te manque ».

     Quelle chose me manque ? À tous ceux que Jésus aime beaucoup parce qu’ils donnent beaucoup aux autres je demande : laissez-vous les autres vous donner cette autre richesse que vous n’avez pas ? Les Sadducéens, les docteurs de la Loi de l’époque de Jésus donnaient beaucoup au peuple, ils donnaient la loi, ils enseignaient, mais ils ne laissaient jamais le peuple leur donner quelque chose. Il a fallu que Jésus vienne pour se laisser toucher par le peuple. Combien de jeunes comme vous qui sont là savent donner mais ne sont pas aussi capables de recevoir !

     « Une seule chose te manque ». C’est ce qui nous manque : apprendre à mendier de ceux à qui nous donnons. Il n’est pas

publié le : 25 février 2015

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