2014 : Homélies, discours, Audiences, Angelus...

Si nous détruisons la création, la création nous détruira ! - Pape François - Audience du 20 mai 2014

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit-Saint, le don de science. Quand on parle de science, on pense immédiatement à la capacité de l’homme à toujours mieux connaître la réalité qui l’entoure et à découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers. Mais la science qui vient de l’Esprit-Saint ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don particulier, qui nous porte à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec toutes les créatures.

1. Quand nos yeux sont éclairés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu dans la beauté de la nature et dans l’immensité du cosmos et nous poussent à découvrir comment tout nous parle de lui et de son amour. Tout ceci suscite en nous un grand étonnement et un sentiment profond de gratitude ! C’est aussi la sensation que nous éprouvons lorsque nous admirons une œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit de l’esprit et de la créativité de l’homme : devant tout cela, l’Esprit nous pousse à louer le Seigneur du fond du cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et ce que nous sommes, un don inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.

2. Le premier chapitre de la Genèse, au tout début de la Bible, met en évidence le fait que Dieu se complaît dans sa création, soulignant à plusieurs reprises la beauté et la bonté de toute chose.  À la fin de chaque jour, il est écrit : « Dieu vit que cela était bon » (1,12.18.21.25) : si Dieu voit que la création est bonne, est belle, nous aussi nous devons prendre cette attitude et voir que la création est bonne et belle. Voilà le don de science qui nous fait voir cette beauté. Par conséquent louons Dieu, remercions-le de nous avoir donné tant de beauté. Et quand Dieu a fini de créer l’homme, il n’est pas dit qu’il « vit que cela était bon », mais il est dit que cela était « très bon » (v. 31). Aux yeux de Dieu, nous sommes ce qu’il y a de plus beau, de plus grand et de meilleur dans la création : même les anges sont en-dessous de nous, nous sommes plus que les anges, comme nous l’avons entendu dans le livre des psaumes. Le Seigneur nous aime ! Nous devons l’en remercier.

Le don de science nous met en harmonie profonde avec le Créateur et nous fait participer à la limpidité de son regard et de son jugement. Et c’est dans cette perspective que nous parvenons à saisir dans l’homme et dans la femme le sommet de la création, comme l’accomplissement d’un dessein d’amour inscrit en chacun de nous et qui fait que nous nous reconnaissons comme frères et sœurs.

3. Tout ceci est un motif de sérénité et de paix et fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les traces de saint François d’Assise et de tant de saints qui ont su louer et chanter leur amour à travers la contemplation du créé. Mais en même temps, le don de science nous aide à ne pas tomber dans certains comportements excessifs ou erronés.

Le premier réside dans le risque de se considérer propriétaire de la création. La création n’est pas une propriété à laquelle nous pouvons imposer nos lois selon notre bon vouloir ; et c’est encore moins la propriété de quelques-uns, d’un petit nombre : la création est un don, c’est un don merveilleux que Dieu nous a fait, pour que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec beaucoup de respect et de gratitude.

Le second comportement erroné se trouve dans la tentation de s’arrêter aux créatures, comme si elles pouvaient offrir la réponse à toutes nos attentes. Avec le don de science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette erreur.

Mais je voudrais revenir à la première voie erronée : imposer ses lois à la création au lieu d’en prendre soin. Nous devons prendre soin de la création puisque c’est un don que le Seigneur nous a fait, c’est un cadeau de Dieu pour nous ; nous sommes les gardiens de la création. Quand nous exploitons la création, nous détruisons le signe de l’amour de Dieu. Détruire la création, c’est dire à Dieu : « cela ne me plaît pas ». Et cela, ce n’est pas bon : voilà le péché.

Prendre soin de la création, c’est précisément prendre soin du don de Dieu et c’est dire à Dieu : « Merci, je suis le gardien de la création, mais pour la faire progresser, jamais pour détruire ce don de ta part ». C’est le comportement que nous devons avoir à l’égard de la création : en prendre soin parce que si nous détruisons la création, la création nous détruira ! N’oubliez pas cela. Une fois, j’étais à la campagne et j’ai entendu une personne simple, qui aimait beaucoup les fleurs et qui s’en occupait. Elle m’a dit : « Nous devons prendre soin de ces belles choses que Dieu nous a données ; la création est pour nous afin que nous puissions bien en profiter ; ne pas l’exploiter, mais en prendre soin, parce que Dieu pardonne toujours, nous, les hommes, nous pardonnons parfois, mais la création ne pardonne jamais et si tu n’en prends pas soin, elle te détruira ».

Cela doit nous faire réfléchir et demander à l’Esprit-Saint le don de science pour bien comprendre que la création est le plus beau cadeau de Dieu. Il a fait toutes ces bonnes choses pour la meilleure d’entre elles qu’est la personne humaine.

 

Pape François - 20 mai 2014

 

 

publié le : 20 mai 2014

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