François de A à Z

Famille

2013

 

19 mars 2013 – Messe d’Intronisation

     Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul II : « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle » (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1).

     Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. Il est auprès de Marie son épouse dans les moments sereins et dans les moments difficiles de la vie, dans le voyage à Bethléem pour le recensement et dans les heures d’anxiété et de joie de l’enfantement ; au moment dramatique de la fuite en Égypte et dans la recherche inquiète du fils au Temple ; et ensuite dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus.

     Comment Joseph vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, non pas tant au sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David : Dieu ne désire pas une maison construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son dessein ; c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres vivantes marquées de son Esprit. Et Joseph est « gardien », parce qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il sait prendre les décisions les plus sages. En lui, chers amis, nous voyons comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création !

     La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le monde. C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu !

     Et quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. À chaque époque de l’histoire, malheureusement, il y a des « Hérode » qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l’homme et de la femme.

     Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse !

     Aujourd’hui encore devant tant de traits de ciel gris, nous avons besoin de voir la lumière de l’espérance et de donner nous-mêmes espérance. Garder la création, tout homme et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon de l’espérance, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages, c’est porter la chaleur de l’espérance ! Et pour le croyant, pour nous chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, l’espérance que nous portons a l’horizon de Dieu qui nous a été ouvert dans le Christ, est fondée sur le rocher qui est Dieu

 

 

21 avril 2013 – Homélie de la Messe d’Ordinations

     Quant à vous, frères et fils bien-aimés, qui allez entrer dans l’ordre des prêtres, considérez qu’en exerçant le ministère de la Sainte Doctrine, vous participerez à la mission du Christ, l’unique Maître. Communiquez à tous cette Parole de Dieu, que vous-mêmes vous avez reçue avec joie. Souvenez-vous de vos mères, de vos grand-mères, de vos catéchistes, qui vous ont donné la Parole de Dieu, la foi … le don de la foi ! Ils vous ont transmis ce don de la foi. Lisez et méditez assidûment la Parole du Seigneur pour croire ce que vous lisez, enseigner ce que vous avez appris dans la foi, vivre ce que vous avez enseigné. Rappelez-vous aussi que vous n’êtes pas propriétaires de la Parole de Dieu : c’est la Parole de Dieu. Et l’Église est la gardienne de la Parole de Dieu.

     Vous allez faire entrer de nouveaux fidèles dans le Peuple de Dieu par le baptême. Vous remettrez les péchés, par le sacrement de la pénitence, au nom du Christ et de l’Église. Et aujourd’hui, je vous le demande au nom du Christ et de l’Église : s’il vous plaît, soyez sans cesse miséricordieux. Par l’onction d’huile sainte vous fortifierez les malades ainsi que les personnes âgées : n’ayez pas honte d’avoir de la tendresse pour les personnes âgées. En célébrant les actions liturgiques et en offrant au long du jour la prière de louange et de supplication, vous vous ferez la voix du Peuple de Dieu et de l’humanité entière.

    

 

 

21 avril 2013 – Regina Caeli

     « Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent ; je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main. Mon Père, quant à ce qu’il m’a donné, est plus grand que tous. Nul ne peut rien arracher de la main du Père. Moi et le Père nous sommes un » (10, 27-30). Ces quatre versets renferment le message de Jésus, le noyau central de son Évangile : Il nous appelle à participer à sa relation avec le Père et cela est la vie éternelle.

     Jésus veut établir avec ses amis une relation qui soit le reflet de celle qu’Il a avec le Père : une relation d’appartenance réciproque dans la pleine confiance, dans une intime communion. Pour exprimer cette entente profonde, ce rapport d’amitié, Jésus utilise l’image du pasteur et de ses brebis : Il les appelle et elles reconnaissent sa voix, elles répondent à son appel et elles le suivent. Cette parabole est très belle ! Le mystère de la voix est suggestif: pensons que dès le sein de notre mère, nous apprenons à reconnaître sa voix et celle de notre père; le ton d’une voix nous fait percevoir l’amour ou le mépris, l’affection ou la froideur. La voix de Jésus est unique ! Si l’on apprend à la distinguer, Il nous guide sur la voie de la vie, une voie qui dépasse même l’abîme de la mort.

    

 

 

4 mai 2013 – Au terme de la prière du chapelet à Sainte Marie Majeure

     Jésus Christ, par sa Passion, sa Mort et Résurrection, nous apporte le salut, nous donne la grâce et la joie d’être fils de Dieu, de l’appeler en vérité par le nom de Père. Marie est mère, et une mère se préoccupe surtout de la santé de ses enfants, elle sait toujours en prendre soin avec un grand et tendre amour. La Vierge protège notre santé. Qu’est-ce que cela signifie, que la Vierge protège notre santé ? Je pense en particulier à trois aspects : elle nous aide à grandir, à affronter la vie, à être libres ; elle nous aide à grandir, elle nous aide à affronter la vie, elle nous aide à être libres.

     Une mère aide ses enfants à grandir et veut qu’ils grandissent bien ; pour cela, elle les éduque à ne pas céder à la paresse — qui dérive aussi d’un certain bien-être —, à ne pas se reposer dans une vie facile, où l’on se contente de posséder uniquement des choses. La mère prend soin des enfants afin qu’ils grandissent toujours plus, qu’ils se fortifient, qu’ils soient capables de prendre des responsabilités, de s’engager dans la vie, de tendre vers de grands idéaux. L’Évangile de saint Luc dit que, dans la famille de Nazareth, Jésus « grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui » (Lc 2, 40). La Vierge fait précisément ceci en nous, elle nous aide à grandir humainement et dans la foi, à être forts et à ne pas céder à la tentation d’être hommes et chrétiens de façon superficielle, mais à vivre de façon responsable, à tendre toujours plus vers le haut.

     Une mère pense aussi à la santé de ses enfants en les éduquant à affronter les difficultés de la vie. On n’éduque pas, on ne prend pas soin de la santé en évitant les problèmes, comme si la vie était une autoroute sans obstacles. La maman aide les enfants à regarder avec réalisme les problèmes de la vie et à ne pas se perdre en eux, mais à les affronter avec courage, à ne pas être faibles, et à savoir les dépasser, dans un sain équilibre qu’une mère « sent » entre les lieux de la sécurité et les zones de risque. Une maman sait faire cela ! Elle ne porte pas toujours son enfant sur la route de la sécurité, parce que de cette manière l’enfant ne peut pas grandir, mais elle ne le laisse pas non plus sur la route du risque, parce que cela est dangereux.      Une maman sait équilibrer les choses. Une vie sans défis n’existe pas et un jeune garçon ou une jeune fille qui ne sait pas les affronter en se mettant en jeu, est un jeune garçon ou une jeune fille sans colonne vertébrale !   

      Un dernier aspect : une bonne mère non seulement accompagne ses enfants dans leur croissance, sans éviter les problèmes, les défis de la vie ; une bonne mère aide aussi à prendre des décisions définitives, dans la liberté. Ce n’est pas facile ; mais une mère sait le faire. Mais que signifie la liberté ? Ce n’est certainement pas faire tout ce que l’on veut, en se laissant dominer par les passions, ni passer d’une expérience à l’autre sans discernement, ni suivre les modes du temps ; la liberté ne signifie pas, pour ainsi dire, jeter tout ce qui ne nous plaît pas par la fenêtre. Non, cela n’est pas la liberté. La liberté nous est donnée afin que nous sachions faire les bons choix dans la vie ! Marie, en bonne mère, nous éduque à être, comme Elle, capables de faire des choix définitifs ; des choix définitifs, en ce moment où règne, pour ainsi dire, la philosophie du provisoire. Il est si difficile de s’engager dans la vie de façon définitive. Et elle nous aide à faire des choix définitifs avec cette pleine liberté, avec laquelle elle a répondu « oui » au plan de Dieu dans sa vie (cf. Lc 1, 38).

     Chers frères et sœurs, comme il est difficile, à notre époque, de prendre des décisions définitives ! Le provisoire nous séduit tous. Nous sommes victimes d’une tendance qui nous pousse au provisoire… comme si nous désirions rester adolescents. C’est un peu le charme de rester adolescents, et cela pour toute la vie ! N’ayons pas peur des engagements définitifs, des engagements qui impliquent et concernent toute la vie ! De cette façon notre vie sera féconde ! Et cela est la liberté : avoir le courage de prendre ces décisions avec grandeur.

     Toute l’existence de Marie est un hymne à la vie, un hymne d’amour à la vie : elle a enfanté Jésus dans la chair et a accompagné la naissance de l’Église sur le Calvaire et au Cénacle. La Salus Populi Romani est la maman qui nous donne la santé pour grandir, qui nous donne la santé pour affronter et dépasser les problèmes, qui nous donne la santé pour nous rendre libres en vue des choix définitifs ; la maman qui nous enseigne à être féconds, à être ouvert à la vie et à être toujours féconds de bien, féconds de joie, féconds d’espérance, à ne jamais perdre l’espérance, à donner sa vie aux autres, la vie physique et spirituelle.

 

 

 

12 mai 2013 - Regina Caeli

     Je salue les participants à la « Marche pour la vie » qui a eu lieu ce matin à Rome et j’invite à maintenir vive l’attention de tous sur le thème si important du respect pour la vie humaine dès le moment de sa conception. À ce propos, j’ai plaisir à rappeler également la pétition qui se tient aujourd’hui dans de nombreuses paroisses italiennes, afin de soutenir l’initiative européenne « Un de nous », pour garantir une protection juridique à l’embryon, en protégeant chaque être humain dès le premier instant de son existence. Un moment spécial pour ceux qui ont à cœur la défense du caractère sacré de la vie sera la « Journée d’Evangelium vitæ », qui aura lieu ici au Vatican, dans le cadre de l’Année de la foi, les 15 et 16 juin prochains.

     Avec un amour filial, nous nous tournons à présent vers la Vierge Marie, mère et modèle de tous les chrétiens.

 

 

18 mai 2013 – Veillée de Pentecôte

       Mais il y a un jour très important pour moi : c’est le 21 septembre 1953. J’avais presque 17 ans. C’était la ‘Journée de l’étudiant’, pour nous un jour de Printemps — chez vous c’est un jour d’automne. Avant d’aller à la fête, je suis passé par la paroisse que je fréquentais, j’ai trouvé un prêtre, que je ne connaissais pas, et j’ai senti le besoin de me confesser. Cela a été pour moi une expérience de rencontre : j’ai trouvé quelqu’un qui m’attendait. Mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je ne me souviens pas, je ne sais vraiment pas pourquoi c’était ce prêtre là, que je ne connaissais pas, pourquoi j’ai ressenti ce désir de me confesser, mais la vérité est que quelqu’un m’attendait. Il m’attendait depuis longtemps. Après la confession, j’ai senti que quelque chose avait changé. Je n’étais plus le même. J’avais senti véritablement comme une voix, un appel : j’étais convaincu que je devais devenir prêtre. Cette expérience dans la foi est importante. Nous disons que nous devons chercher Dieu, aller vers lui pour lui demander pardon, mais lorsque nous allons, Lui nous attend, Lui est déjà là ! En espagnol, nous avons un terme qui explique bien cela : « Le Seigneur nous ‘primerea’ », il nous précède, il nous attend ! Et cela est vraiment une grande grâce : trouver quelqu’un qui nous attend. Tu vas en pécheur, mais Lui t’attend pour te pardonner. Telle est l’expérience que les prophètes d’Israël décrivent en disant que le Seigneur est comme la fleur d’amandier, la première fleur du Printemps (cf. Jr 1, 11-12). Avant que n’arrivent les autres fleurs, il est là, qui nous attend. Le Seigneur nous attend. Et lorsque nous le cherchons, nous trouvons cette réalité : que c’est Lui qui nous attend pour nous accueillir, pour nous donner son amour. Et cela suscite dans ton cœur un tel émerveillement que tu n’y crois pas, et ainsi grandit la foi ! A travers la rencontre avec une personne, à travers la rencontre avec le Seigneur. Certains diront : « Non, moi je préfère étudier la foi dans les livres ! ». Il est important de l’étudier, mais vous savez, seulement cela ne suffit pas ! L’important est la rencontre avec Jésus, la rencontre avec Lui et cela te donne la foi, parce que c’est précisément Lui qui te la donne ! Vous aussi vous parliez de la fragilité de la foi, de la façon de la vaincre. L’ennemi le plus grand de la fragilité — c’est curieux, n’est-ce pas ? — est la peur. Mais n’ayez pas peur ! Nous sommes fragiles, et nous le savons. Mais Lui est plus fort ! Si tu vas avec Lui, il n’y a pas de problème ! Un enfant est très fragile — j’en ai vus beaucoup aujourd’hui — mais il est avec son père et sa mère ; il est en sécurité ! Avec le Seigneur, nous sommes en sécurité. La foi croît avec le Seigneur, précisément de la main du Seigneur ; cela nous fait croître et nous rend forts. Mais si nous pensons pouvoir nous débrouiller seuls... Pensons à ce qui est arrivé à Pierre : « Seigneur je ne te renierai jamais ! » (cf. Mt 26, 33-35) ; puis le coq a chanté et il l’avait renié trois fois ! (cf. vv. 69-75). Pensons : lorsque nous avons trop confiance en nous-mêmes, nous sommes plus fragiles, plus fragiles. Toujours avec le Seigneur ! Et dire avec le Seigneur signifie dire avec l’Eucharistie, avec la Bible, avec la prière ... Mais aussi en famille, aussi avec la mère, aussi avec elle, parce que c’est elle qui nous conduit au Seigneur; c’est la mère, qui sait tout. Il faut donc prier également la Vierge et lui demander que, comme mère, elle nous rende forts. Voilà ce que je pense de la fragilité, tout au moins est-ce mon expérience. Il y a une chose qui me rend fort tous les jours, c’est de prier le Rosaire à la Vierge. Je sens une force si grande parce que je vais vers elle et je me sens fort.

 

     Ce moment de crise, faisons attention, ne consiste pas en une crise uniquement économique ; ce n’est pas une crise culturelle. C’est une crise de l’homme : ce qui est en crise c’est l’homme ! Et ce qui peut être détruit c’est l’homme ! Mais l’homme est image de Dieu ! C’est pourquoi c’est une crise profonde !

     Il y a un problème qui ne fait pas du bien aux chrétiens : l’esprit du monde, l’esprit mondain, la mondanité spirituelle. Cela nous conduit à la suffisance, à vivre l’esprit du monde et non celui de Jésus. La question que vous posiez est : comment doit-on vivre pour affronter cette crise qui touche l’éthique publique, le modèle de développement, la politique. Étant donné que cette crise est une crise de l’homme, une crise qui détruit l’homme, c’est une crise qui dépouille l’homme de l’éthique. Dans la vie publique, dans la politique, s’il n’y pas d’éthique, une éthique de référence, tout est possible et on peut tout faire. Et nous voyons, quand nous lisons les journaux, combien le manque d’éthique dans la vie publique fait beaucoup de mal à l’humanité tout entière.

 

 

 

4 octobre 2013 – Rencontre avec les prêtres et religieux à Assise

    La mémoire du Baptême est importante ! Le Baptême est notre naissance en tant que fils de la Mère Église. Je voudrais vous poser une question : qui de vous connaît le jour de son Baptême ? Pas beaucoup ! Pas beaucoup... Maintenant, devoirs à la maison ! Maman, papa, dis-moi : quand ai-je été baptisé ? Mais c’est important, parce que c’est le jour de la naissance comme fils de Dieu. Un seul Esprit, un seul baptême, dans la variété des charismes et des ministères. Quel grand don d’être Église, de faire partie du Peuple de Dieu ! Nous sommes tous le Peuple de Dieu. Dans l’harmonie, dans la communion des diversités, qui est l’œuvre de l’Esprit Saint, car l’Esprit Saint est l’harmonie et il fait l’harmonie : c’est un don de Lui, et nous devons être ouverts à le recevoir !

    C’est la parole de Dieu qui suscite la foi, la nourrit, la régénère. C’est la Parole de Dieu qui touche les cœurs, les convertit à Dieu et à sa logique qui est si différente de la nôtre

     Je pense que nous pouvons tous nous améliorer un peu sur cet aspect : écouter tous davantage la Parole de Dieu, pour être moins riches de nos paroles et plus riches de ses Paroles. Je pense au prêtre, qui a le devoir de prêcher. Comment peut-il prêcher s’il n’a pas auparavant ouvert son cœur, s’il n’a pas écouté, en silence, la Parole de Dieu ? Assez de ces homélies interminables, ennuyeuses, auxquelles on ne comprend rien ! Cela est pour vous ! Je pense aux papas et aux mamans, qui sont les premiers éducateurs : comment peuvent-ils éduquer si leur conscience n’est pas illuminée par la Parole de Dieu, si leur façon de penser et d’agir n’est pas guidée par la Parole ; quel exemple peuvent-ils donner aux enfants ? Cela est important, car après, les papas et les mamans se plaignent : « Cet enfant... ». Mais toi, quel témoignage lui as-tu donné ? Comment lui as-tu parlé ? Avec la Parole de Dieu ou avec la parole des journaux télévisés ? Le père et la mère doivent déjà parler de la Parole de Dieu ! Et je pense aux catéchistes, à tous les éducateurs : si leur cœur n’est pas réchauffé par la Parole, comment peuvent-ils réchauffer le cœur des autres, des enfants, des jeunes, des adultes ? Il ne suffit pas de lire les Écritures Saintes, il faut écouter Jésus qui parle en elles : c’est précisément Jésus qui parle dans les Écritures, c’est Jésus qui parle en elles. Il faut être des antennes qui reçoivent, syntonisées sur la Parole de Dieu, pour être des antennes qui transmettent ! On reçoit et on transmet. C’est l’Esprit de Dieu qui rend les Écritures vivantes, qui les fait comprendre en profondeur, dans leur sens véritable et plénier ! Quelle place a la Parole de Dieu dans ma vie, la vie de chaque jour ? Suis-je syntonisé sur Dieu ou sur les nombreuses paroles à la mode ou sur moi-même ? Une question que chacun de nous doit se poser.

    Marcher ensemble, en collaborant, en s’aidant réciproquement ; se demander pardon, reconnaître ses erreurs et demander pardon, mais également accepter les excuses des autres en pardonnant — comme c’est important cela ! Je pense parfois aux couples mariés qui après tant d’années se séparent. « Eh non, nous ne nous entendons pas, nous nous sommes éloignés ». Peut-être n’ont-ils pas su demander pardon à temps. Peut-être n’ont-ils pas su pardonner à temps. Moi, je donne toujours ce conseil aux nouveaux époux : « Disputez-vous autant que vous le voulez. Si les assiettes volent, laissez-les. Mais ne laissez jamais la journée finir sans faire la paix ! Jamais ! ». Si dans les mariages on apprend à dire : « Je te demande pardon, j’étais fatigué », ou seulement un petit geste : c’est cela la paix ; et reprendre la vie le lendemain. C’est un beau secret, et cela évite ces séparations douloureuses. Comme il est important de marcher unis, sans fuite en avant, sans nostalgie du passé. Et tandis que l’on marche, on parle, on se connaît, on se raconte les uns aux autres, on croît en tant que famille.

 

 

 

 

 

4 octobre 2013 – Avec les jeunes, à Assise

     Je suis heureux que la première question soit venue d’un jeune couple. Un beau témoignage ! Deux jeunes qui ont choisi, ont décidé, avec joie et courage de former une famille. Oui, c’est vrai, il faut du courage pour former une famille ! Il faut du courage ! Et votre question, jeunes époux, rejoint celle sur la vocation. Qu’est-ce que le mariage ? C’est une véritable vocation, comme le sont le sacerdoce et la vie religieuse. Deux chrétiens qui se marient ont reconnu dans leur histoire d’amour l’appel du Seigneur, la vocation à faire de deux personnes, un homme et une femme, une seule chair, une seule vie. Et le Sacrement du mariage enveloppe cet amour avec la grâce de Dieu, il l’enracine en Dieu même. Avec ce don, avec la certitude de cet appel, on peut partir en sécurité, on n’a peur de rien, on peut tout affronter, ensemble !

     Pensons à nos parents, à nos grands-parents ou arrières grands-parents : ils se sont mariés dans des conditions beaucoup plus pauvres que les nôtres, certains en temps de guerre, ou d’après-guerre; certains ont émigré, comme mes parents. Où trouvaient-ils la force ? Ils la trouvaient dans la certitude que le Seigneur était avec eux, que la famille est bénie par Dieu à travers le sacrement du mariage, et que la mission de mettre au monde les enfants et de les éduquer est bénie. Avec ces certitudes, ils ont surmonté les épreuves les plus dures. C’étaient des certitudes simples, mais vraies, elles formaient les colonnes qui soutenaient leur amour. Leur vie n’a pas été facile, il y a eu des problèmes, tant de problèmes. Mais ces certitudes les aidaient à avancer. Et ils ont réussi à fonder une belle famille, à donner la vie, à faire grandir leurs enfants.

     Chers amis, ce fondement moral et spirituel est nécessaire pour bien construire, de façon solide ! Aujourd’hui, ce fondement n’est plus garanti par les familles et par la tradition sociale. Ou plutôt, la société dans laquelle vous êtes nés privilégie les droits individuels plutôt que la famille — ces droits individuels —, elle privilégie les relations qui durent jusqu’à ce qu’apparaissent des difficultés, et c’est pourquoi elle parle parfois de rapport de couple, de famille et de mariage de manière superficielle et équivoque. Il suffirait de regarder certaines émissions télévisées pour voir ces valeurs ! Combien de fois les curés — moi aussi parfois je l’ai entendu — entendent un couple qui vient de se marier : « Mais vous savez que le mariage c’est pour toute la vie ? ». « Ah, nous, nous nous aimons beaucoup, mais... nous resterons ensemble tant que dure l’amour. Quand il finira, chacun de son côté ». C’est l’égoïsme : quand je ne le sens pas, je brise le mariage et j’oublie ce « une seule chair » qui ne peut pas se diviser. Il est risqué de se marier : c’est risqué ! C’est cet égoïsme qui nous menace, parce qu’à l’intérieur de nous tous, nous avons la possibilité d’une double personnalité : celle qui dit : « Moi, libre, je veux cela... » et l’autre qui dit : « Moi, je, avec moi, pour moi... ». L’égoïsme toujours, qui revient et ne sait pas s’ouvrir aux autres. L’autre difficulté est cette culture du provisoire : il semble que rien ne soit définitif. Tout est provisoire. Comme je l’ai dit auparavant : bof, l’amour, tant que ça dure. Un jour, j’ai entendu un séminariste — un brave séminariste — qui disait : « Je veux devenir prêtre, mais pendant dix ans. Après, je verrai ». C’est la culture du provisoire, et Jésus ne nous a pas sauvés provisoirement : il nous a sauvés définitivement !

     Mais le Saint-Esprit suscite toujours des réponses nouvelles aux nouvelles exigences ! Et ainsi se sont multipliés dans l’Église  les parcours pour fiancés, les cours de préparation au mariage, les groupes de jeunes couples dans les paroisses, les mouvements familiaux... Ils sont une richesse immense ! Ce sont des points de référence pour tous : jeunes en recherche, couples en crise, parents en difficulté avec leurs enfants et vice-versa. Ils nous aident tous ! Et puis il y a différentes formes d’accueil : la tutelle, l’adoption, les maisons d’accueil de types divers… L’imagination — permettez-moi de dire cela — l’imagination du Saint-Esprit est infinie, mais elle est aussi très concrète ! Alors, je voudrais vous dire de ne pas avoir peur de faire des pas définitifs, n’ayez pas peur de les faire. Combien de fois ai-je entendu une mère me dire : « Père, j’ai un fils de 30 ans et il ne se marie pas : je ne sais pas quoi faire ! Il a une belle fiancée, mais ne se décide pas ». Mais Madame, ne lui repassez plus ses chemises ! C’est ainsi ! N’ayez pas peur des pas définitifs dans la vie, comme celui du mariage : approfondissez votre amour, en respectant les temps et les expressions, priez, préparez-vous bien, puis ayez confiance que le Seigneur ne vous laisse pas seuls ! Faites-le entrer dans votre maison comme quelqu’un de la famille, Il vous soutiendra toujours.

 

 

 

 

6 octobre 2013 – Angelus

     « Les apôtres dirent au Seigneur : “Augmente en nous la foi” » (Lc 17, 5-6). Il me semble que nous pouvons tous faire nôtre cette invocation. Nous aussi, comme les apôtres, disons au Seigneur Jésus : « Augmente en nous la foi ! ». Oui, Seigneur, notre foi est petite, notre foi est faible, fragile, mais nous te l’offrons telle qu’elle est pour que tu la fasses grandir. Voulez-vous répéter tous ensemble cela : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » ? On le fait ? Tous : Seigneur, augmente en nous la foi ! Seigneur, augmente en nous la foi ! Seigneur, augmente en nous la foi ! Qu’il l’augmente !

     Et que répond le Seigneur ? Il répond : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous auriez dit au mûrier que voilà : Déracine-toi et va te planter dans la mer, et il vous aurait obéi » (v. 6). Le grain de sénevé est tout petit, mais Jésus dit qu’il suffit d’avoir une foi comme cela, petite, mais vraie, sincère, pour faire des choses humainement impossibles, impensables. Et c’est vrai ! Nous connaissons tous des personnes simples, humbles, mais avec une foi très forte, qui déplacent vraiment les montagnes ! Pensons par exemple, à certaines mamans et papas qui affrontent des situations très difficiles ; ou à certains malades, même très graves, qui transmettent la sérénité à ceux qui vont les trouver. Ces personnes, précisément en raison de leur foi, ne se vantent pas de ce qu’elles font, au contraire, comme Jésus le demande dans l’Évangile, elles disent : « Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17, 10). Combien de gens parmi nous ont cette foi forte, humble, et qui fait tant de bien !

     Chacun de nous, dans sa vie de chaque jour, peut rendre témoignage au Christ, avec la force de Dieu, la force de la foi. La foi toute petite que nous avons, mais qui est forte ! Avec cette force, témoigner de Jésus Christ, être chrétiens à travers notre vie, à travers notre témoignage !

     Et comment puisons-nous à cette force ? Nous la puisons à Dieu, dans la prière. La prière est le souffle de la foi : dans une relation de confiance, dans une relation d’amour, ne peut manquer le dialogue, et la prière est le dialogue de l’âme avec Dieu. Octobre est aussi le mois du Rosaire, et, en ce premier dimanche, il est de tradition de réciter la Supplique à la Vierge de Pompéi, à la bienheureuse Vierge Marie du Saint-Rosaire. Unissons-nous spirituellement à cet acte de confiance dans notre Mère, et recevons de ses mains le chapelet : le chapelet est une école de prière, le chapelet est une école de la foi !

 

 

 

25 octobre 2013 – Au Conseil Pontifical pour la Famille

     la famille est une communauté de vie qui a une consistance autonome. Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio, la famille n’est pas la somme des personnes qui la constituent, mais une « communauté de personnes » (cf. nn. 17-18). Et une communauté est plus que la somme des personnes. Elle est le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, qui dialoguent, qui se sacrifient les unes pour les autres et qui défendent la vie, en particulier la plus fragile, la plus faible. On pourrait dire, sans exagérer, que la famille est le moteur du monde et de l’histoire. Chacun de nous construit sa propre personnalité en famille, en grandissant avec sa mère et son père, ses frères et ses sœurs, en respirant la chaleur du foyer. La famille est le lieu où nous recevons notre nom, elle est le lieu des liens d’affection, l’espace de l’intimité, où l’on apprend l’art du dialogue et de la communication interpersonnelle. Dans la famille la personne prend conscience de sa propre dignité et, en particulier si l’éducation est chrétienne, elle reconna&ic

publié le : 11 février 2014

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