François de A à Z

Euthanasie

2013

 

 

16 mai 2013 – A de nouveaux Ambassadeurs près le Saint-Siège

     Notre humanité vit en ce moment comme un tournant de son histoire, eu égard aux progrès enregistrés en divers domaines. Il faut faire l’éloge des acquis positifs qui contribuent au bien-être authentique de l’humanité dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la communication par exemple. Toutefois, il y a lieu de reconnaître aussi que la plupart des hommes et des femmes de notre temps continuent de vivre dans une précarité quotidienne aux conséquences funestes. Certaines pathologies augmentent, avec leurs conséquences psychiques ; la peur et la désespérance saisissent les cœurs de nombreuses personnes même dans les pays dits riches ; la joie de vivre s’amenuise ; l’indécence et la violence prennent de l’ampleur ; et la pauvreté devient plus criante. Il faut lutter pour vivre, et pour vivre souvent indignement. L’une des causes de cette situation, à mon avis, se trouve dans le rapport que nous entretenons avec l’argent, et dans notre acceptation de son empire sur nos êtres et nos sociétés. Ainsi la crise financière que nous traversons, nous fait oublier son origine première située dans une profonde crise anthropologique. Dans la négation du primat de l’homme ! On s’est créé des idoles nouvelles. L’adoration de l’antique veau d’or (cf. Ex 32, 15-34) a trouvé un visage nouveau et impitoyable dans le fétichisme de l’argent, et dans la dictature de l’économie sans visage, ni but vraiment humain.

     La crise mondiale qui touche les finances et l’économie semble mettre en lumière leurs difformités, et surtout la grave déficience de leur orientation anthropologique qui réduit l’homme à une seule de ses nécessités : la consommation. Et pire encore, l’être humain est considéré aujourd’hui comme étant lui-même un bien de consommation qu’on peut utiliser, puis jeter. Nous avons initié cette culture de l’élimination. Cette dérive se situe au niveau individuel et sociétal. Et elle est promue !

     Derrière cette attitude se cache le refus de l’éthique, le refus de Dieu. Tout comme la solidarité, l’éthique dérange ! Elle est considérée comme contre-productive ; comme trop humaine, car elle relativise l’argent et le pouvoir ; comme une menace, car elle refuse la manipulation et l’assujettissement de la personne. Car l’éthique conduit vers Dieu qui, lui, se situe en-dehors des catégories du marché. Dieu est considéré par ces financiers, économistes et politiques, comme étant incontrôlable - Dieu incontrôlable ! -, dangereux même puisqu’il appelle l’homme à sa réalisation plénière et à l’indépendance des esclavages de tout genre. L’éthique - une éthique non idéologique naturellement - permet, à mon avis, de créer un équilibre et un ordre social plus humains.

 

 

16 juin 2013 – Homélie Messe Evangelium Vitae – Année de la Foi

     Mais souvent - nous la savons par expérience -  l’homme ne choisit pas la vie, n’accueille pas l’"Évangile de la Vie", mais se laisse guider par des idéologies et des logiques qui mettent des obstacles à la vie, qui ne la respectent pas, parce qu’elles sont dictées par l’égoïsme, par l’intérêt, par le profit, par le pouvoir, par le plaisir et elles ne sont pas dictées par l’amour, par la recherche du bien de l’autre. C’est l’illusion constante de vouloir construire la cité de l’homme sans Dieu, sans la vie et l’amour de Dieu – une nouvelle Tour de Babel ; c’est penser que le refus de Dieu, du message du Christ, de l’Évangile de la vie conduit à la liberté, à la pleine réalisation de l’homme. Le résultat est qu’au Dieu vivant, on substitue des idoles humaines et passagères, qui offrent l’ivresse d’un moment de liberté, mais qui à la fin sont porteuses de nouveaux esclavages et de mort. La sagesse du Psalmiste dit : « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur ; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » (Ps 19,9). Rappelons-nous : Dieu, le Vivant, est miséricordieux ! Le Seigneur est le Vivant, il est miséricordieux !

     Chers frères et sœurs, regardons Dieu comme le Dieu de la vie, regardons sa loi, le message de l’Évangile comme une voie de liberté et de vie. Le Dieu vivant nous rend libres ! Disons oui à l’amour et non à l’égoïsme, disons oui à la vie et non à la mort, disons oui à la liberté et non à l’esclavage de tant d’idoles de notre temps ; en un mot, disons oui à Dieu qui est amour, vie et liberté, et jamais ne déçoit (cf. 1Jn 4,8 ; Jn 11,25 ; Jn 8,32), à Dieu qui est le Vivant et le Miséricordieux.

 

 

 

20 septembre 2013 – Aux gynécologues

     Nous assistons aujourd’hui à une situation paradoxale qui touche la profession médicale. D’une part nous constatons — et nous en rendons grâce à Dieu — les progrès de la médecine, grâce au travail des scientifiques qui, avec passion et sans s’épargner, se consacrent à la recherche de nouvelles thérapies. Mais de l’autre, nous trouvons aussi le danger que le médecin égare son identité de serviteur de la vie. La désorientation culturelle a également entamé ce qui semblait un domaine inattaquable : le vôtre, la médecine ! Tout en étant par leur nature au service de la vie, les professions de la santé sont parfois incitées à ne pas respecter la vie elle-même. En revanche, comme nous le rappelle l’encyclique Caritas in veritate, « l’ouverture à la vie est au centre du vrai développement ». Il n’y a pas de véritable développement sans cette ouverture à la vie. « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent. L’accueil de la vie trempe les énergies morales et nous rend capables de nous aider mutuellement » (n. 28). On constate cette situation paradoxale dans le fait que, alors que l’on attribue à la personne de nouveaux droits, parfois aussi de présumés droits, on ne protège pas toujours la vie comme valeur primordiale de chaque homme. Le but ultime de l’action médicale reste toujours la défense et la promotion de la vie.

     Le deuxième point : dans ce contexte contradictoire, l’Église fait appel aux consciences, aux consciences de tous les professionnels et volontaires de la santé, de manière particulière à vous gynécologues, appelés à collaborer à la naissance de nouvelles vies humaines. Vous avez une vocation et une mission singulières, qui demandent des études, de la conscience et de l’humanité. Autrefois, on appelait les femmes qui aidaient à accoucher des « com-mères » : elle est comme une mère avec l’autre, avec la véritable mère. Vous aussi vous êtes des « com-mères » et des « com-pères », vous aussi.

     La mentalité ambiante de l’utilité, la « culture du rebut », qui aujourd’hui rend esclaves les cœurs et les intelligences de tant de personnes, a un prix très élevé : cela demande d’éliminer des êtres humains, en particulier s’ils sont physiquement ou socialement plus faibles. Notre réponse à cette mentalité est un « oui » décidé et sans hésitation à la vie. « Le premier droit d’une personne humaine est sa vie. Elle possède d’autres biens et certains d’entre eux sont plus précieux ; mais c’est celui-là le bien fondamental, la condition pour tous les autres » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Déclaration sur l’avortement procuré, 18 novembre 1974, ii). Les choses ont un prix et sont à vendre, mais les personnes ont une dignité, elles valent plus que les choses et elles n’ont pas de prix. Souvent, nous nous trouvons dans des situations où nous voyons que ce qui coûte le moins est la vie. C’est pourquoi l’attention à la vie humaine dans sa totalité est devenue ces derniers temps une véritable priorité du magistère de l’Église, en particulier celle qui est le plus sans défense, c’est-à-dire les porteurs de handicap, les malades, les enfants à naître, les enfants, les personnes âgées, qui sont la vie la plus vulnérable.

     Dans l’être humain fragile, chacun de nous est invité à reconnaître le visage du Seigneur, qui dans sa chair humaine a fait l’expérience de l’indifférence et de la solitude auxquelles nous condamnons souvent les plus pauvres, que ce soit dans les pays en voie de développement ou dans les sociétés du bien-être. Chaque enfant non né, mais condamné injustement à être l’objet d’un avortement, a le visage de Jésus Christ, a le visage du Seigneur, qui avant encore de naître, et ensuite à peine né, a fait l’expérience du refus du monde. Et chaque personne âgée, j’ai parlé des enfants, allons aux personnes âgées, un autre point ! Et chaque personne âgée, même si elle est malade ou à la fin de ses jours, porte en elle le visage du Christ. On ne peut pas les mettre au rebut, comme nous le propose la « culture du rebut » ! On ne peut pas les mettre au rebut !

    Soyez des témoins et des diffuseurs de cette « culture de la vie ». Le fait que vous soyez catholiques comporte une plus grande responsabilité, tout d’abord envers vous-mêmes, pour un engagement de cohérence avec la vocation chrétienne, et ensuite envers la culture contemporaine, pour contribuer à reconnaître dans la vie humaine la dimension transcendante, l’empreinte de l’œuvre créatrice de Dieu, dès le premier instant de sa conception. Il s’agit là d’un engagement de nouvelle évangélisation qui demande souvent d’aller à contre-courant, en payant de sa propre personne. Le Seigneur compte également sur vous pour diffuser l’ « Evangile de la vie ».

     Dans cette perspective, les services hospitaliers de gynécologie sont des lieux privilégiés de témoignage et d’évangélisation, car là où l’Église devient le « véhicule de la présence du Dieu » vivant, elle devient dans le même temps « un instrument de véritable humanisation de l’homme et du monde » (Congrégation pour la doctrine de la foi, Note doctrinale sur certains aspects de l’évangélisation, n. 9). En mûrissant la conscience qu’au centre de l’activité médicale et d’assistance se trouve la personne humaine dans une condition de fragilité, la structure médicale devient un « lieu où la relation de soin n’est pas un métier — votre relation de soin n’est pas un métier —, mais une mission où la charité du Bon Samaritain est la première chaire et le visage de l’homme souffrant le Visage même du Christ» (Benoît XVI, Discours à l’université catholique du Sacré-Cœur de Rome, 3 mai 2012).

     Chers amis médecins, vous qui êtes appelés à vous occuper de la vie humaine dans sa phase initiale, rappelez à tous, à travers les faits et les mots, que celle-ci est toujours sacrée, à toutes ses phases et à tout âge, et qu’elle est toujours de qualité. Et non en raison d’un discours de foi — non, non — mais de raison, d’un discours de science ! Il n’existe pas de vie humaine plus sacrée qu’une autre, comme il n’existe pas de vie humaine qualitativement plus significative qu’une autre. La crédibilité d’un système de santé ne se mesure pas seulement à son efficacité, mais surtout à son attention et à son amour envers les personnes, dont la vie est toujours sacrée et inviolable.

     N’oubliez jamais de prier le Seigneur et la Vierge Marie pour avoir la force de bien accomplir votre travail et de témoigner avec courage — avec courage! Aujourd’hui il faut du courage — témoigner avec courage l’ « Evangile de la vie » ! Merci beaucoup.

2014

 

 

 

11 avril 2014 – Au membres du mouvement Pro Vita italien

     Nous le savons, la vie humaine est sacrée et inviolable. Tout droit civil repose sur la reconnaissance du premier droit fondamental, le droit à la vie, qui n’est subordonné à aucune condition, ni qualitative ni économique, et encore moins idéologique. « De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue... On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du “déchet” qui est même promue» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 53). Et ainsi, la vie elle aussi est mise au rebut.

     Un des risques les plus graves auxquels notre époque est exposée, est le divorce entre l’économie et la morale, entre les possibilités offertes par un marché pourvu de toutes les nouveautés technologiques et les normes éthiques élémentaires de la nature humaine, toujours plus négligées. Il faut donc réaffirmer la plus ferme opposition à tout attentat dirigé contre la vie, en particulier innocente et sans défense, et l’enfant à naître dans le sein de sa mère est l’innocent par antonomase. Rappelons les paroles du Concile Vaticanii : « La vie doit donc être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » (Const. Gaudium et spes, n. 51). Je me souviens d’une fois, il y a très longtemps, à l’occasion d’une conférence avec des médecins. Après la conférence, j’ai salué les médecins — cela a eu lieu il y a très longtemps. Je saluais les médecins, je parlais avec eux, et l’un d’eux m’a pris à part. Il tenait un paquet et il m’a dit : « Père, je veux vous laisser cela. Ce sont les instruments que j’ai utilisés pour faire avorter. J’ai rencontré le Seigneur, je me suis repenti, et à présent je lutte pour la vie ». Il m’a remis tous ses instruments. Priez pour ce brave homme !

     Le témoignage évangélique suivant revient toujours à celui qui est chrétien : Protéger la vie avec courage et amour à toutes ses phases. Je vous encourage à toujours le faire selon le style de la présence, de la proximité : que chaque femme se sente considérée comme une personne, écoutée, accueillie, accompagnée.

     Nous avons parlé des enfants : il y en a beaucoup ! Mais je voudrais également parler des grands-parents, l’autre côté de la vie ! Car nous devons également avoir soin des grands-parents, parce que les enfants et les grands-parents sont l’espérance d’un peuple. Les enfants, les jeunes parce qu’ils le conduiront de l’avant, ils conduiront ce peuple de l’avant ; et les grands-parents parce qu’ils possèdent la sagesse de l’histoire, ils sont la mémoire d’un peuple. Conserver la vie à une époque où les enfants et les grands-parents entrent dans cette culture du déchet et sont considérés comme du matériel jetable. Non ! Les enfants et les grands-parents sont l’espérance d’un peuple !

 

 

1er Novembre 2014 – Homélie de la Messe au cimetière Verano, de Rome

     L’homme s’empare de tout, se prend pour Dieu, pour le roi. Et les guerres : les guerres qui continuent, pas précisément à semer le blé de la vie, mais à détruire. C’est l’industrie de la destruction. C’est un système, même de vie, qui fait que lorsque l’on n’arrive pas à arranger les choses, on les met au rebut : on met au rebut les enfants, on met au rebut les personnes âgées,

 

 

28 décembre 2014 -  Rencontre avec l’association italienne des familles nombreuses

     Chers parents, je vous suis reconnaissant pour l’exemple d’amour de la vie, que vous protégez de la conception à la mort naturelle, en dépit de toutes les difficultés et des fardeaux de la vie, et que malheureusement, les institutions publiques ne vous aident pas toujours à porter. .. Chaque famille est une cellule de la société, mais la famille nombreuse est une cellule plus riche, plus vitale, et l’État a tout intérêt à investir sur elle !

 

 

 

2015

 

 

 

Message pour la Journée Mondiale du Malade, 11 février 2015

     Quel grand mensonge se dissimule derrière certaines expressions qui insistent tellement sur la « qualité de la vie », pour inciter à croire que les vies gravement atteintes par la maladie ne seraient pas dignes d’être vécues !

 

 

Audience Générale du 11 février 2015

        Les enfants, de leur côté, ne doivent pas avoir peur de s’engager pour construire un monde nouveau ; il est juste qu’ils désirent que ce monde soit meilleur que celui qu’ils ont reçu ! Mais cela doit se faire sans arrogance, sans suffisance. Il faut savoir reconnaître la valeur de ses enfants et il faut toujours honorer ses parents.

     Le quatrième commandement demande aux enfants – et nous sommes tous des enfants ! – d’honorer leur père et leur mère (cf. Ex 20,12). Ce commandement vient aussitôt après ceux qui concernent Dieu lui-même. En effet, il contient quelque chose de sacré, quelque chose de divin, quelque chose qui se trouve à la racine de toutes les autres formes de respect entre les hommes. Et dans la formulation biblique du quatrième commandement, il est ajouté : « afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu ». Le lien vertueux entre les générations est une garantie d’avenir, et c’est la garantie d’une histoire vraiment humaine. Une société d’enfants qui n’honorent pas leurs parents est une société sans honneur ; quand on n’honore pas ses parents, on perd son propre honneur ! C’est une société destinée à se remplir de jeunes arides et avides. Mais une société avare de génération, qui n’aime pas s’entourer d’enfants, qui les considère surtout comme une préoccupation, un poids, un risque, est une société déprimée. Pensons à toutes les sociétés que nous connaissons ici, en Europe : ce sont des sociétés déprimées parce qu’elles ne veulent pas d’enfants, elles n’ont pas d’enfants, le taux de naissance n’atteint pas un pour cent. Pourquoi ? Que chacun de nous y réfléchisse et réponde. Si une famille généreuse en enfants est regardée comme si elle était un poids, il y a quelque chose qui ne va pas ! La génération des enfants doit être responsable, comme l’enseigne l’encyclique Humanae vitae, du bienheureux pape Paul VI ; mais avoir davantage d’enfants ne peut pas devenir automatiquement un choix irresponsable. Ne pas avoir d’enfants est un choix égoïste. La vie rajeunit si elle acquiert des énergies en se multipliant : elle s’enrichit, elle ne s’appauvrit pas ! Les enfants apprennent à prendre en charge leur famille, ils mûrissent en en partageant les sacrifices, ils grandissent en appréciant les cadeaux que celle-ci représente. L’expérience joyeuse de la fraternité inspire le respect et le soin envers les parents, auxquels est due notre reconnaissance.

    

 

publié le : 22 janvier 2014

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