Vie spirituelle

SIDA : du Golgotha à la Résurrection


Editorial de l'Abbé Lelièvre
paru dans l'Evangile de la Vie - 25 mars 2009
Annonciation de Notre-Dame
14 ans de l'Encyclique Evangelium Vitae


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Chers amis, lorsque le pape Jean-Paul II a publié son Encyclique Evangelium Vitæ, le 25 mars 1995, le professeur Montagnier, sur le journal télévisé donnait son commentaire en ces termes : « Le pape n'a pas le droit de condamner le préservatif ». Il se trouve que, dans Evangelium Vitæ, le pape n'en parle pas. Il n'en a jamais parlé d'ailleurs. Ni avant, ni après. Et cependant, pendant plus de 20 ans, le pape sera criti-qué avec arrogance, calomnié, diffamé, pour quelque chose dont il n'a jamais parlé. Cela a été une des croix de Jean-Paul II. Tout cela pourrait être l'objet de travaux d'une thèse, pour que la vérité soit établie.
Depuis les premières heures du voyage apostolique de notre bien-aimé pape Benoît XVI en Afrique le 17 mars 2009, on entend parler de : « La polémique de Benoît XVI », ou « la controverse de Benoît XVI » sur le préservatif. Avant d'aller plus loin, il est né-cessaire de rétablir une première vérité. Le pape Benoît XVI, comme il aime le faire, est allé à la rencontre des journalistes dans l'avion qui le menait vers l'Afrique pour confirmer ses frères dans la foi. Il n'a pas pris le micro en disant : « Bon, maintenant je vais vous parler du préservatif » ! Les journalistes avaient préparé des questions, et six ont été sélectionnées pour que le pape y réponde dans l'avion, en leur présence. C'est un journaliste français, Philippe Visseyrias, de France 2, qui a posé la question : « Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l'Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du SIDA. La position de l'Église catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ? » Quelle était l'intention de son coeur ? Je n'en sais rien. On peut tout de même légitimement se poser la question de la gratuité d'une telle intervention, dans ce contexte inscrit dans les médias depuis plus de 25 ans !
Et le pape de répondre : « Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte conte le SIDA est précisément l'Église catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant'Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le SIDA, aux Ca-milliens, à toutes les soeurs qui sont à la disposition des malades... Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du SIDA seulement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements per-sonnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui condui-sent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l'homme intérieu-rement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d'épreuve. Il me semble que c'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Église, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remer-cions tous ceux qui le font. » Prenons bien le temps de relire la réponse du Pape. Il va au coeur de la question posée : Comment vas-tu vivre l'amitié, l'amour dans ta vie ? De quelle manière vas-tu aimer dans ta vie ?
Ca y est. Il a prononcé le mot « préservatif ». Il a osé dire que le préservatif « aggra-vait » la situation. Ce que tout le monde sait depuis longtemps, sauf les aveugles vo-lontaires. Ce que combien de millions de personnes ont appris sur leur peau, elles qui ont été contaminées même avec l'utilisation d'un préservatif. Et combien ne sont plus ! J'ai pu constater personnellement les mensonges liés au préservatif, volontairement entretenus souvent, et leurs conséquences, au cours de mon ministère comme aumô-nier du deuxième Centre Européen de recherches sur le Sida, à Rome.
Selon certain, Benoît XVI a osé mettre le doigt sur ce qu'il ne fallait pas. Cela sonne comme une condamnation à mort. « Ce pape commence à poser un vrai problème », déclare alors l'ancien Premier Ministre Alain Juppé sur la radio. Une pluie de réac-tions-paniques part en cascade. Dans ces réactions, l'important n'est pas de dire la vérité. L'important est de lyncher le pape. De s'en prendre à l'enseignement de l'Église. De s'en prendre aux catholiques. Cela s'appelle persécution. Le pape annonce seulement l'Évangile : « Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu ». C'est le martyre de la couronne blanche, dont la Vierge Marie invitait le père Kolbe à vivre. Invite chacun de nous à vivre aujourd'hui. Particulièrement.
Dans un monde où les ténèbres sont de plus en plus ténèbres et la lumière est de plus en plus Lumière, ça ne passe pas ! Agneau au milieu des loups, le pape dé-range. Enfant, au milieu des puissants, le pape dérange. Jusqu'où iront-ils dans leur haine ?
Ces critiques en cascade expriment un mal-être profond. Des désillusions et décep-tions profondes. Expression de coeurs exsangues. Malgré tout, on veut entendre la voix de l'Église. L'Église parle par le Saint-Père. Et elle fait bien de parler. En fait, l'homme contemporain a peur. Parce qu'il vit (nous vivons) une partie de cache-chache avec Dieu : « Adam, où es-tu ? »
Le SIDA est le Golgotha de notre temps. Nous nous sommes détournés de l'Amour. Par notre style de vie, par notre conscience obscurcie, par notre refus de la recherche et de l'amour de la vérité, oui, nous avons crucifié l'Amour. Nous avons « re-crucifié » l'Amour ! Permettez ces termes clairs : l'amour capote, finit par capoter. Un jour, on se veut. On s'enlasse. Puis vient un moment où on s'en lasse... et on s'en veut !
Chers amis, comment ne pas comprendre ce qui habite le coeur du Saint-Père qui souffre terriblement de voir tant d'homme et de femmes qui littéralement n'en peuvent plus. Parce qu'il voit avec les yeux du coeur il comprend de l'intérieur l'angoisse qui traverse le coeur de l'homme. Il a seulement mis le doigt sur des blessures. Blessures de l'amour brisé, de bonheurs cassés, de coeurs piétinés. Blessures, plaies ouvertes, à causes de nos péchés. Et c'est normal que cela devienne insupportable, parce que ces trop de souffrances engendrent un trop de violences. Jésus nous dit, me dit : « Veux-tu guérir ? ». Par la Miséricorde ! Voilà ce dont le monde a peur. Voilà devant qui notre orgueil doit tomber. Voilà sur qui les yeux de notre coeur et de notre intelligence doivent s'ouvrir. Contempler un Visage. Se laisser toucher par la Miséricorde !
O Humanité, O Église, ô petite église domestique qu'est la famille, toi mon âme : Jé-sus entend ton cri. C'est son cri à la Croix le Vendredi saint : « J'ai soif ! »
Permets à Jésus de te guérir par ses propres blessures. Permets à Jésus de t'entraîner dans la joie de la résurrection. N'en reste pas à ton « vendredi saint ». N'en reste pas à tes échecs, culpabilités, déceptions. Monte sur la Croix avec Jésus. Entre, entre dans le sépulcre avec Pierre et Jean au Matin de Pâques, avec les femmes. Il est vide ! Il est ressuscité ! Jésus nous demande, à la suite des Apôtres, d'en être ses témoins.
Tu peux ressusciter. Le veux-tu ?


En la fête de l'Annonciation
le 25 mars 2009

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