6 février 2011 – Angelus
Dieu s'oppose radicalement à la tyrannie du mal. Le Seigneur prend soin de l'homme en toute situation, partage sa souffrance, et ouvre son c½ur à l'espérance. C'est pourquoi j'exhorte tous les professionnels de la santé à reconnaître dans le malade non seulement un corps marqué par la fragilité, mais avant tout une personne, à laquelle donner toute sa solidarité et offrir des réponses adéquates et compétentes. Dans ce contexte, je rappelle en outre que l’on célèbre aujourd'hui en Italie «la Journée pour la vie». Je souhaite que tous s'engagent pour faire croître la culture de la vie, pour placer au centre de toute chose, en toute circonstance, la valeur de l'être humain. Selon la foi et la raison, on ne peut réduire la dignité de la personne à ses facultés ou aux capacités qu'elle peut manifester, et par conséquent, celle-ci est toujours présente lorsque la personne elle-même est faible, invalide et a besoin d'aide.
Chers frères et s½urs, invoquons l'intercession maternelle de la Vierge Marie, afin que les parents, les grands-parents, les enseignants, les prêtres et ceux qui sont engagés dans l'éducation puissent former les jeunes générations à la sagesse du c½ur, afin qu'elles atteignent la plénitude de la vie.
6 février 2011 – Au terme de l’Angelus
Quand la recherche scientifique et technologique est guidée par d'authentiques valeurs éthiques on peut trouver des solutions adaptées pour l'accueil de la vie naissante et la promotion de la maternité. Puissent les nouvelles générations de professionnels de la santé être porteuses d'une culture renouvelée de la vie.
11 février 2011 – Message pour la Journée Mondiale du Malale
Si tout homme est notre frère, d'autant plus celui qui est le plus faible, celui qui souffre et celui qui a besoin de soins doivent-ils être au centre de notre attention, afin qu'aucun d'eux ne se sente oublié ou marginalisé ; en effet, "la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine" (Lettre encycl. Spe salvi, 38).
Je garde encore au fond du c½ur le moment où, lors de ma visite pastorale à Turin, j'ai pu réfléchir et prier devant le Saint Suaire, devant ce visage souffrant, qui nous invite à méditer sur Celui qui a pris sur lui la passion de l'homme de tous les temps et de tous lieux, avec nos souffrances aussi, nos difficultés et nos péchés. Au cours de l'histoire, combien de fidèles sont passés devant cette toile sépulcrale qui a enveloppé le corps d'un homme crucifié, qui répond en tout et pour tout à ce que disent les Evangiles sur la passion et la mort de Jésus ! Le contempler est une invitation à réfléchir sur ce qu'a dit saint Pierre : "C'est par ses blessures que vous avez été guéris" (1 P 2,24). Le Fils de Dieu a souffert, est mort, mais il est ressuscité et c'est justement pour cela que ces plaies deviennent le signe de notre rédemption, du pardon et de la réconciliation avec le Père ; mais elles deviennent aussi un banc d'essai pour la foi des disciples et pour notre foi ; chaque fois que le Seigneur parle de sa passion et de sa mort, ils ne comprennent pas, ils refusent et s'opposent. Pour eux, comme pour nous, la souffrance reste toujours lourde de mystère, difficile à accepter et à porter. Les deux disciples d'Emmaüs avancent tristement, à cause des événements survenus ces jours-là à Jérusalem, et ce n'est que lorsque le Ressuscité marche à leurs côtés qu'ils s'ouvrent à une vision nouvelle (cf. Lc 24,13-31). L'apôtre Thomas aussi a des difficultés à croire à la voie de la passion rédemptrice : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas" (Jn 20,25). Mais devant le Christ qui montre ses plaies, sa réponse se transforme en une émouvante profession de foi : "Mon Seigneur et mon Dieu !" (Jn 20, 28). Ce qui était d'abord un obstacle insurmontable, parce que signe de l'échec apparent de Jésus, devient – dans la rencontre avec le Ressuscité – la preuve d'un amour victorieux : "Seul un Dieu qui nous aime au point de prendre sur lui nos blessures et notre souffrance, surtout la souffrance de l’innocent, est digne de foi" (Message Urbi et Orbi, Pâques 2007).
A vous tous qui êtes malades et qui souffrez, je dis que c'est justement à travers les blessures du Christ qu'avec les yeux de l'espoir, nous pouvons voir tous les maux qui affligent l'humanité. En ressuscitant, le Seigneur n'a pas enlevé au monde la souffrance et le mal, mais il les a vaincus à la racine. A la force du Mal, il a opposé la toute-puissance de son Amour. Et il nous a indiqué alors que le chemin de la paix et de la joie, c'est l'Amour : "comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres" (Jn 13,34). Christ, vainqueur de la mort, est vivant parmi nous ! Et tandis qu'avec saint Thomas nous disons nous aussi : "Mon Seigneur et mon Dieu !", suivons notre Maître dans la disponibilité à donner notre vie pour nos frères (cf. 1 Jn 3,16) en devenant des messagers d'une joie qui ne craint pas la douleur, la joie de la Résurrection.
Saint Bernard affirme : "Dieu ne peut pas pâtir, mais il peut compatir". Dieu, la Vérité et l'Amour en personne, a voulu souffrir pour nous et avec nous ; il s'est fait homme pour pouvoir com-patir avec l'homme, réellement, dans la chair et dans le sang. Alors, dans toute souffrance humaine Quelqu'Un est entré, qui partage la souffrance et la patience; dans toute souffrance, se diffuse la con-solatio, la consolation de l'amour qui vient de Dieu qui participe, pour faire surgir l'étoile de l'espérance (cf. Lettre encycl. Spe salvi, 39).
Chers frères et chères s½urs, je vous redis ce message pour que vous en soyez les témoins à travers votre souffrance, votre vie et votre foi.
Dans la perspective de la rencontre de Madrid en août prochain, pour la Journée Mondiale des Jeunes, je voudrais aussi tourner ma pensée particulièrement vers les jeunes, et plus spécialement vers ceux qui vivent l'expérience de la maladie. Souvent, la Passion, la Croix de Jésus, font peur parce qu'elles apparaissent comme étant la négation de la vie. En réalité, c'est exactement le contraire ! La Croix est le "Oui" de Dieu à l'homme, l'expression la plus haute et la plus intense de Son amour, et la source d'où jaillit la vie éternelle. Cette vie divine a jailli du c½ur transpercé de Jésus. Il est le seul qui soit capable de libérer le monde du mal et de faire se diffuser son Royaume de justice, de paix et d'amour auquel nous aspirons tous (cf. Message pour la Journée Mondiale des Jeunes 2011, 3). Mes jeunes amis, apprenez à "voir" et à "rencontrer" Jésus dans l'Eucharistie, où il est réellement présent pour nous jusqu'à se faire nourriture pour le chemin ; mais sachez aussi le reconnaître et le servir dans les pauvres, les malades, les frères souffrants et en difficulté, qui ont besoin de votre aide (cf. ibid., 4). A vous tous, les jeunes, qui êtes malades ou non, je redis l'invitation à créer des ponts d'amour et de solidarité, pour que personne ne se sente seul, mais proche de Dieu et faisant partie de la grande famille de Ses enfants (cf. Audience générale, 15 novembre 2006).
Lorsque nous contemplons les plaies de Jésus, notre regard se tourne vers son c½ur très saint, dans lequel l'amour de Dieu se manifeste de façon suprême. Le Sacré-C½ur, c'est le Christ crucifié, le côté ouvert par la lance, d'où jaillissent le sang et l'eau (cf. Jn 19,34) et d'où "il fit naître les sacrements de l'Eglise, pour que tous les hommes, attirés vers son C½ur, viennent puiser la joie aux sources vives du salut" (Missel Romain, Préface du Sacré-C½ur). Et plus spécialement vous qui êtes malades, vous percevez la proximité de ce C½ur plein d'amour et vous puisez à cette source avec foi et dans la joie, en priant : "Eau du côté du Christ, lave-moi ; Passion du Christ, fortifie-moi ; O bon Jésus, exauce-moi ; Dans tes blessures, cache-moi" (Prière de Saint Ignace de Loyola).
J'invite les Autorités à investir toujours davantage d'énergies dans des structures de santé aptes à aider et soutenir ceux qui souffrent, surtout les plus pauvres et les plus nécessiteux. ...Sachez toujours voir sur le visage des malades le Visage des visages : celui du Christ.
5 juin 2011 – Homélie de la Messe à Zagreb
Au cours de cette Sainte Messe que j’ai la joie de présider, concélébrant avec de nombreux Frères dans l’épiscopat et avec un grand nombre de prêtres, je rends grâce au Seigneur pour toutes les familles bien-aimées réunies ici, et pour tant d’autres qui sont reliées à nous par la radio et la télévision. Je remercie particulièrement le Cardinal Josip Bozanić, Archevêque de Zagreb, pour ses chaleureuses paroles du début de la Messe. A tous, j’adresse mon salut et je vous exprime ma grande affection avec un baiser de paix !
Nous avons célébré, il y a peu, l’Ascension du Seigneur et nous nous préparons à recevoir le grand don du Saint-Esprit. Dans la première lecture, nous avons vu comment la communauté apostolique était réunie en prière dans le Cénacle avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 12-14). C’est là un portrait de l’Église qui plonge ses racines dans l’événement pascal : le Cénacle, en effet, est le lieu où Jésus institua l’Eucharistie et le Sacerdoce, au cours de la Dernière Cène, et où, ressuscité des morts, il répandit l’Esprit Saint sur ses Apôtres le soir de Pâques (cf. Jn 20, 19-23). A ses disciples, le Seigneur avait ordonné « de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4) ; il avait plutôt demandé qu’ils restent ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Et ils se réunirent pour prier avec Marie au Cénacle dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14). Rester ensemble fut la condition mise par Jésus pour accueillir la venue du Paraclet, et la prière prolongée fut la condition nécessaire de leur concorde. Nous trouvons ici une formidable leçon pour chaque communauté chrétienne. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend principalement d’une programmation consciencieuse et de son intelligente mise en ½uvre par un engagement concret. Certes, le Seigneur demande notre collaboration, mais avant n’importe quelle réponse de notre part, son initiative est nécessaire : c’est son Esprit le vrai protagoniste de l’Église, à invoquer et à accueillir.
Dans l’Évangile, nous avons écouté la première partie de ce qu’on appelle « la prière sacerdotale » de Jésus (cf. Jn 17, 1-11a) – en conclusion des discours d’adieux – pleine de confidence, de douceur et d’amour. Elle est appelée « prière sacerdotale », parce qu’en elle, Jésus se présente dans l’attitude du prêtre qui intercède pour les siens, au moment où il va quitter ce monde. Le passage est dominé par le double thème de l’heure et de la gloire. Il s’agit de l’heure de la mort (cf. Jn 2, 4 ; 7, 30 ; 8, 20), l’heure au cours de laquelle le Christ doit passer de ce monde au Père (13, 1). Mais elle est aussi, en même temps, l’heure de sa glorification qui s’accomplit à travers la croix, appelée par l’évangéliste Jean « exaltation », c’est-à-dire élévation, montée dans la gloire : l’heure de la mort de Jésus, l’heure de l’amour suprême, est l’heure de sa gloire la plus haute. Pour l’Église aussi, pour chaque chrétien, la gloire la plus haute est celle de la Croix, c’est vivre la charité, don total à Dieu et aux autres.
Chers frères est s½urs ! J’ai accueilli très volontiers l’invitation que m’ont adressée les Évêques de la Croatie à visiter ce pays à l’occasion de la première Rencontre Nationale des Familles Catholiques Croates. Je désire exprimer ma vive appréciation pour l’attention et l’engagement envers la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale aujourd’hui, dans votre pays comme ailleurs, doit affronter des difficultés et des menaces et donc a particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue, mais aussi parce que les familles chrétiennes sont une ressource décisive pour l’éducation à la foi, pour l’édification de l’Église comme communion et pour sa présence missionnaire dans les situations les plus diverses de la vie. Je connais la générosité et le dévouement avec lequel, vous, chers Pasteurs, servez le Seigneur et l’Église. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, comme aussi pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles, est la route fondamentale pour régénérer toujours de nouveau l’Église et aussi pour vivifier le tissu social du pays. Poursuivez avec disponibilité votre précieux engagement pastoral !
Il est bien connu de tous que la famille chrétienne est un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation. Le bienheureux Jean-Paul II, qui a visité par trois fois ce noble pays, affirmait que « la famille chrétienne est appelé à prendre une part active et responsable à la mission de l’Église d’une façon propre et originale, en se mettant elle-même au service de l’Église et de la société dans son être et dans son agir, en tant que ‘communauté intime de vie et d’amour’ » (Familiaris consortio, 50). La famille chrétienne a toujours été la première voie de transmission de la foi et elle conserve aujourd’hui de grandes possibilités pour l‘évangélisation dans de multiples domaines.
Chers parents, engagez-vous toujours à enseigner à vos enfants à prier, et priez avec eux ; faites-les approcher des Sacrements, particulièrement de l’Eucharistie - cette année vous célébrez les 600 ans du ‘miracle eucharistique de Ludbreg’ - ; et introduisez-les dans la vie de l’Église ; dans l’intimité domestique, n’ayez pas peur de lire la Sainte Écriture, illuminant la vie familiale de la lumière de la foi et louant Dieu comme Père. Soyez presque un petit cénacle, comme celui de Marie et des disciples, dans lequel se vit l’unité, la communion, la prière !
Aujourd’hui, grâce à Dieu, de nombreuses familles chrétiennes acquièrent toujours plus la conscience de leur vocation missionnaire et s’engagent sérieusement dans le témoignage au Christ Seigneur. Le bienheureux Jean-Paul II a dit : « A notre époque, les familles qui collaborent activement à l’évangélisation sont de plus en plus nombreuses… Dans l’Église a mûri l’heure de la famille, qui est également l’heure de la famille missionnaire » (Angelus, 21 octobre 2001). Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente. Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie. Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ! Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants. Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, 'petites Églises domestiques' » (Discours d’ouverture du Congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin Insegnamenti di Benedetto XVI, I, 2005, p. 205). Prions le Seigneur pour que les familles soient toujours plus de petites Églises et que les communautés ecclésiales soient toujours plus une famille !
Chères familles croates, en vivant la communion de foi et de charité, soyez témoins de façon toujours plus transparente de la promesse que le Seigneur monté au ciel fait à chacun de nous : « …je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt, 28, 20). Chers chrétiens croates, sentez-vous appelés à évangéliser par toute votre vie ; écoutez avec force la parole du Seigneur : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Que la Vierge Marie, Reine des croates, accompagne toujours votre chemin. Amen ! Loués soient Jésus et Marie !
13 juin 2011 – Au Congrès du Diocèse de Rome
La profession de foi placée en conclusion du discours — «Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié» (Ac 2, 36) — est l’annonce joyeuse que l’Eglise depuis des siècles ne cesse de répéter à chaque homme.
A cette annonce — lit-on dans les Actes des Apôtres — tous «eurent le c½ur transpercé» (2, 37). Cette réaction fut certainement engendrée par la grâce de Dieu: tous comprirent que cette proclamation réalisait les promesses et faisait désirer à chacun la conversion et le pardon de ses propres péchés. Les paroles de Pierre ne se limitaient pas à une simple annonce de faits, elles en montraient la signification, en rattachant la vie de Jésus aux promesses de Dieu, aux attentes d’Israël et, donc, à celles de tout homme. Le peuple de Jérusalem comprit que la résurrection de Jésus était en mesure et continue d’être en mesure d’illuminer l’existence humaine. Et en effet, de cet événement est née une nouvelle compréhension de la dignité de l’homme et de son destin éternel, de la relation entre l’homme et la femme, de la signification ultime de la douleur, de l’engagement dans la construction de la société. La réponse de la foi naît lorsque l’homme découvre, par la grâce de Dieu, que croire signifie trouver la vraie vie, la «pleine vie».
Mais qui est le messager de cette bonne nouvelle? Le baptisé l’est certainement. Et par dessus tout, les parents, auxquels revient le devoir de demander le baptême pour leurs enfants. Combien est grand ce don que la liturgie appelle «porte de notre salut, début de la vie dans le Christ, source de l’humanité nouvelle» (Préface du Baptême)! Tous les pères et les mères sont appelés à coopérer avec Dieu à la transmission du don inestimable de la vie, mais également à faire connaître Celui qui est la Vie et la vie n’est pas réellement transmise si l’on ne connaît pas également le fondement et la source éternelle de la vie. Chers parents, l’Eglise, en tant que mère attentive, entend vous soutenir dans votre devoir fondamental. Depuis leur plus jeune âge, les enfants ont besoin de Dieu, car dès le début, l’homme a besoin de Dieu et ils ont la capacité de percevoir sa grandeur; ils savent apprécier la valeur de la prière — du dialogue avec ce Dieu — et des rites, de même que percevoir la différence entre le bien et le mal. Sachez, alors, les accompagner dans la foi, dans cette connaissance de Dieu, dans cette amitié avec Dieu, dans cette connaissance de la différence entre le bien et le mal. Accompagnez-les dans la foi dès leur plus jeune âge.
11 septembre 2011 – Homélie de la Messe à Ancône, en Italie
Il y a six ans, le premier voyage apostolique en Italie de mon pontificat me conduisit à Bari, pour le XXIVe Congrès eucharistique national. Aujourd’hui, je suis venu conclure solennellement le XXVe, ici à Ancône. Je rends grâce au Seigneur pour ces intenses moments ecclésiaux qui renforcent notre amour pour l’Eucharistie et nous voient unis autour de l’Eucharistie! Bari et Ancône, deux villes tournées vers la mer Adriatique; deux villes riches d’histoire et de vie chrétienne; deux villes ouvertes à l’Orient, à sa culture et à sa spiritualité; deux villes que les thèmes des congrès eucharistiques ont contribué à rapprocher: à Bari, nous avons rappelé que «sans le Dimanche, nous ne pouvons pas vivre»; aujourd’hui nos retrouvailles sont à l’enseigne de l’«Eucharistie pour la vie quotidienne»…
… «Elle est dure, cette parole! Qui peut l’écouter?» (Jn 6, 60). Face au discours de Jésus sur le pain de la vie, dans la synagogue de Capharnaüm, la réaction des disciples, dont un grand nombre abandonnèrent Jésus, n’est pas très éloignée de nos résistances face au don total qu’il fait de lui-même. Parce qu’accueillir vraiment ce don veut dire se perdre soi-même, se laisser impliquer et transformer, jusqu’à vivre de Lui, comme nous l’a rappelé l’apôtre Paul dans la seconde Lecture: «Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur» (Rm 14, 8).
«Elle est dure, cette parole!», elle est dure parce que souvent nous confondons la liberté avec l’absence de liens, avec la conviction de pouvoir nous suffire à nous-mêmes, sans Dieu, considéré comme une limite à la liberté. C’est une illusion qui ne tarde pas à se transformer en déception, engendrant inquiétude et peur et portant, paradoxalement, à regretter les chaînes du passé: «Que ne sommes-nous morts de la main du Seigneur au pays d’Egypte...» — disaient les juifs dans le désert (Ex 16, 3), comme nous venons de l’entendre. En réalité, ce n’est que dans l’ouverture à Dieu, dans l’accueil de son don, que nous devenons vraiment libres, libérés de l’esclavage du péché qui défigure le visage de l’homme et capables de servir le vrai bien de nos frères.
«Elle est dure, cette parole!»; elle est dure parce que l’homme tombe souvent dans l’illusion de pouvoir «transformer les pierres en pain». Après avoir marginalisé Dieu, ou l’avoir toléré comme un choix privé qui ne doit pas intervenir dans la vie publique, certaines idéologies ont visé à organiser la société à travers la force du pouvoir et de l’économie. L’histoire nous démontre, de façon dramatique, combien l’objectif d’assurer à tous le développement, le bien-être matériel et la paix en se passant de Dieu et de sa révélation a signifié en fin de compte donner aux hommes des pierres à la place du pain. Le pain, chers frères et s½urs, est «le fruit du travail de l’homme», et dans cette vérité est renfermée toute la responsabilité confiée à nos mains et à notre intelligence; mais le pain est aussi, et avant tout, le «fruit de la terre», qui reçoit d’en haut le soleil et la pluie: c’est un don à demander, qui nous ôte tout orgueil et nous fait invoquer avec la confiance des humbles: «Notre Père (…), donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien» (Mt 6, 11).
L’homme est incapable de se donner la vie de lui-même, il se comprend seulement à partir de Dieu: c’est la relation avec Lui qui donne sa consistance à notre humanité et qui rend bonne et juste notre vie. Dans le Notre Père, nous demandons que soit sanctifié Son nom, que vienne Son règne, que s’accomplisse Sa volonté. C’est avant tout le primat de Dieu que nous devons retrouver dans notre monde et dans notre vie, parce que c’est ce primat qui nous permet de retrouver la vérité de ce que nous sommes, et c’est en connaissant et en suivant la volonté de Dieu que nous trouvons notre vrai bien. Donner du temps et de la place à Dieu, pour qu’Il soit le c½ur vital de notre existence.
D’où partir, comme de la source, pour retrouver et réaffirmer le primat de Dieu? De l’Eucharistie: là Dieu se fait si proche qu’Il se fait notre nourriture, là Il se fait force sur le chemin souvent difficile, là Il se fait présence amie qui transforme. Déjà, la Loi donnée par l’intermédiaire de Moïse était considérée comme un «pain du ciel», grâce auquel Israël devint le peuple de Dieu, mais en Jésus, la parole ultime et définitive de Dieu se fait chair, vient à notre rencontre comme Personne. Lui, Parole éternelle, est la vraie manne, il est le pain de la vie (cf. Jn 6, 32-35) et accomplir les ½uvres de Dieu, c’est croire en Lui (cf. Jn 6, 28-29). Au cours de la Cène, Jésus résume toute son existence en un geste qui nous inscrit dans la grande bénédiction pascale à Dieu, un geste qu’il vit en tant que Fils comme une action de grâce au Père pour son immense amour. Jésus rompt le pain et le partage, mais avec une profondeur nouvelle, parce qu’Il fait don de Lui-même. Il prend la coupe et Il la partage afin que tous puissent boire, mais avec ce geste, Il donne la «nouvelle alliance dans son sang», Il fait don de Lui-même. Jésus anticipe l’acte d’amour suprême, en obéissance à la volonté du Père: le sacrifice de la Croix. La vie lui sera ôtée sur la Croix, mais dès à présent, Il l’offre de lui-même. Ainsi, la mort du Christ ne se réduit pas à une exécution violente, mais elle est transformée par Lui en un acte d’amour libre, en un acte de don de soi, qui traverse victorieusement la mort elle-même et réaffirme la bonté de la création sortie des mains de Dieu, humiliée par le péché et enfin rachetée. Ce don immense nous est accessible dans le sacrement de l’Eucharistie: Dieu se donne à nous, pour que nous Lui ouvrions notre existence, pour l’impliquer dans le mystère d’amour de la Croix, pour la faire participer au mystère éternel dont nous provenons et pour anticiper la nouvelle condition de la pleine vie en Dieu, dans l’attente de laquelle nous vivons.
Mais que comporte pour notre vie quotidienne cette décision de partir de l’Eucharistie pour réaffirmer le primat de Dieu? La communion eucharistique, chers amis, nous arrache à notre individualisme, nous communique l’esprit du Christ mort et ressuscité, et nous configure à Lui; elle nous unit intimement à nos frères dans ce mystère de communion qu’est l’Eglise, où l’unique Pain fait de la multitude un seul corps (cf. 1 Co 10, 17), en réalisant la prière de la communauté chrétienne des origines rapportée dans le livre de la Didachè: «De même que ce pain rompu, était dispersé sur les collines, et que rassemblé, il est devenu un (seul tout), qu’ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans ton royaume» (IX, 4). L’Eucharistie soutient et transforme toute la vie quotidienne. Comme je le rappelais dans ma première encyclique, «dans la communion eucharistique, sont contenus le fait d’être aimé et celui d’aimer les autres à son tour», c’est pourquoi «une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée» (Deus caritas est, n. 14).
L’histoire bimillénaire de l’Eglise est constellée de saints et de saintes, dont l’existence est le signe éloquent du fait que c’est précisément à partir de la communion avec le Seigneur, à partir de l’Eucharistie que naît une nouvelle et intense prise de responsabilité à tous les niveaux de la vie communautaire, que naît par conséquent un développement social positif, qui a pour centre la personne, en particulier lorsqu’elle est pauvre, malade ou en difficulté. Se nourrir du Christ, c’est la voie pour ne pas rester étrangers ou indifférents aux sorts de nos frères, mais pour entrer dans la même logique d’amour et de don du sacrifice de la Croix; celui qui sait s’agenouiller devant l’Eucharistie, qui reçoit le corps du Seigneur ne peut manquer d’être attentif, dans la vie de tous les jours, aux situations indignes de l’homme, et sait se pencher le premier vers ceux qui sont dans le besoin, sait rompre son pain avec celui qui a faim, partager son eau avec celui qui a soif, vêtir celui est nu, rendre visite au malade et au prisonnier (cf. Mt 25, 34-36). En toute personne, il saura voir ce même Seigneur qui n’a pas hésité à se donner totalement pour nous et pour notre salut. Une spiritualité eucharistique, alors, est le vrai antidote à l’individualisme et à l’égoïsme qui souvent caractérisent la vie quotidienne. Elle porte à la redécouverte de la gratuité, de la place centrale des relations, à partir de la famille, avec une attention particulière pour soulager les blessures de celles qui sont séparées. Une spiritualité eucharistique est l’âme d’une communauté ecclésiale qui dépasse les divisions et les différends et met en valeur la diversité des charismes et des ministères en les mettant au service de l’unité de l’Eglise, de sa vitalité et de sa mission. Une spiritualité eucharistique est la voie pour rendre sa dignité aux jours de l’homme et donc à son travail, dans la recherche de sa conciliation avec les temps de la fête et de la famille et dans l’engagement à surmonter l’incertitude du travail précaire et le problème du chômage. Une spiritualité eucharistique nous aidera aussi à aborder les diverses formes de fragilité humaine, conscients qu’elles ne portent pas atteinte à la valeur de la personne, mais exigent la proximité, l’accueil et l’aide. C’est du Pain de la vie que tirera sa vigueur une capacité éducative renouvelée, attentive à témoigner des valeurs fondamentales de l’existence, du savoir, du patrimoine spirituel et culturel; sa vitalité nous fera habiter la cité des hommes avec la disponibilité de nous dépenser à l’horizon du bien commun pour la construction d’une société plus équitable et plus fraternelle.
Chers amis, repartons de cette terre des Marches avec la force de l’Eucharistie dans une osmose constante entre le mystère que nous célébrons et le cadre de notre quotidien. Il n’y a rien d’authentiquement humain qui ne trouve dans l’Eucharistie sa forme adéquate pour être vécu en plénitude: que la vie quotidienne devienne ainsi un lieu du culte spirituel, pour vivre en toute circonstance le primat de Dieu, à l’intérieur du rapport avec le Christ et comme offrande au Père (cf. Exhort. ap. post-syn. Sacramentum caritatis, n. 71). Oui, «ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4, 4): nous vivons dans l’obéissance à cette parole, qui est pain vivant, jusqu’à faire don de nous-mêmes, comme Pierre, avec l’intelligence de l’amour: «Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu» (Jn 6, 68-69).
2 novembre 2011 – Audience Générale
L’Eglise nous invite à commémorer tous les fidèles défunts, à tourner notre regard vers les nombreux visages qui nous ont précédés et qui ont conclu leur chemin terrestre. Je voudrais vous proposer quelques pensées simples sur la réalité de la mort qui pour nous, chrétiens, est illuminée par la Résurrection du Christ, et pour renouveler notre foi dans la vie éternelle.
Nous nous rendons ces jours-ci au cimetière pour prier pour les personnes chères qui nous ont quittés, nous allons en quelque sorte leur rendre visite pour leur exprimer, une fois de plus, notre affection, pour les sentir encore proches, en rappelant également, de cette façon, un article du Credo : dans la communion des saints existe un lien étroit entre nous, qui marchons encore sur cette terre, et nos nombreux frères et s½urs qui ont déjà atteint l’éternité.
Depuis toujours, l’homme se préoccupe de ses morts et tente de leur donner une deuxième vie à travers l’attention, le soin, l’affection. D’une certaine façon, on veut conserver leur expérience de vie ; et, paradoxalement, c’est précisément des tombes devant lesquelles se bousculent les souvenirs que nous découvrons la façon dont ils ont vécu, ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils ont craint, ce qu’ils ont espéré, et ce qu’ils ont détesté. Celles-ci représentent presque un miroir de leur monde.
Pourquoi en est-il ainsi ? Car, bien que la mort soit souvent un thème presque interdit dans notre société, et que l’on tente constamment de chasser de notre esprit la seule idée de la mort, celle-ci concerne chacun de nous, elle concerne l’homme de tout temps et de tout lieu. Et devant ce mystère, tous, même inconsciemment, nous cherchons quelque chose qui nous invite à espérer, un signe qui nous apporte un réconfort, qui nous ouvre un horizon, qui offre encore un avenir. Le chemin de la mort, en réalité, est une voie de l’espérance et parcourir nos cimetières, comme lire les inscriptions sur les tombes, signifie accomplir un chemin marqué par l’espérance d’éternité.
Mais nous nous demandons : pourquoi éprouvons-nous de la crainte face à la mort ? Pourquoi une grande partie de l’humanité ne s’est-elle jamais résignée à croire qu’au-delà de la mort, il n’y pas pas simplement le néant ? Je dirais qu’il existe de multiples réponses : nous éprouvons une crainte face à la mort car nous avons peur du néant, de ce départ vers quelque chose que nous ne connaissons pas, qui nous est inconnu. Il existe alors en nous un sentiment de rejet parce que nous ne pouvons pas accepter que tout ce qui a été réalisé de beau et de grand au cours d’une existence tout entière soit soudainement effacé, tombe dans l’abîme du néant. Et surtout, nous sentons que l’amour appelle et demande l’éternité et il n’est pas possible d’accepter que cela soit détruit par la mort en un seul moment.
De plus, nous éprouvons de la crainte à l’égard de la mort car, lorsque nous nous trouvons vers la fin de notre existence, existe la perception qu’un jugement est exercé sur nos actions, sur la façon dont nous avons mené notre vie, surtout sur les zones d’ombre que nous savons souvent habilement éliminer ou que nous nous efforçons d’effacer de notre conscience. Je dirais que c’est précisément la question du jugement qui est souvent à l’origine de la préoccupation de l’homme de tous les temps pour les défunts, de l’attention pour les personnes qui ont compté pour lui et qui ne sont plus à ses côtés sur le chemin de la vie terrestre. Dans un certain sens, les gestes d’affection et d’amour qui entourent le défunt sont une façon de le protéger dans la conviction qu’ils ne demeurent pas sans effet sur le jugement. C’est ce que nous pouvons constater dans la majorité des cultures qui caractérisent l’histoire de l’homme.
Aujourd’hui, le monde est devenu, tout au moins en apparence, beaucoup plus rationnel, ou mieux, la tendance s’est diffusée de penser que chaque réalité doit être affrontée avec les critères de la science expérimentale, et qu’également à la grande question de la mort on ne doit pas tant répondre avec la foi, mais en partant de connaissances expérimentables, empiriques. On ne se rend cependant pas suffisamment compte que, précisément de cette manière, on a fini par tomber dans des formes de spiritisme, dans la tentative d’avoir un contact quelconque avec le monde au-delà de la mort, presque en imaginant qu’il y existe une réalité qui, à la fin, serait une copie de la réalité présente.
Chers amis, la solennité de la Toussaint et la commémoration de tous les fidèles défunts nous disent que seul celui qui peut reconnaître une grande espérance dans la mort, peut aussi vivre une vie à partir de l’espérance. Si nous réduisons l’homme exclusivement à sa dimension horizontale, à ce que l’on peut percevoir de manière empirique, la vie elle-même perd son sens profond. L’homme a besoin d’éternité et toute autre espérance est trop brève, est trop limitée pour lui. L’homme n’est explicable que s’il existe un Amour qui dépasse tout isolement, même celui de la mort, dans une totalité qui transcende aussi l’espace et le temps. L’homme n’est explicable, il ne trouve son sens profond, que s’il y a Dieu. Et nous savons que Dieu est sorti de son éloignement et s’est fait proche, qu’il est entré dans notre vie et nous dit : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25-26).
Pensons un moment à la scène du Calvaire et écoutons à nouveau les paroles que Jésus, du haut de la Croix, adresse au malfaiteur crucifié à sa droite : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Pensons aux deux disciples sur la route d’Emmaüs, quand, après avoir parcouru un bout de chemin avec Jésus Ressuscité, ils le reconnaissent et partent sans attendre vers Jérusalem pour annoncer la Résurrection du Seigneur (cf. Lc 24, 13-35). Les paroles du Maître reviennent à l’esprit avec une clarté renouvelée : « Que votre c½ur ne se trouble pas ! Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, je vous l'aurais dit ; je vais vous préparer une place » (Jn 14, 1-2). Dieu s’est vraiment montré, il est devenu accessible, il a tant aimé le monde « qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16), et dans l’acte d’amour suprême de la Croix, en se plongeant dans l’abîme de la mort, il l’a vaincue, il est ressuscité et nous a ouvert à nous aussi les portes de l’éternité. Le Christ nous soutient à travers la nuit de la mort qu’Il a lui-même traversée; il est le Bon Pasteur, à la direction duquel on peut se confier sans aucune crainte, car Il connaît bien la route, même dans l’obscurité.
Chaque dimanche, en récitant le Credo, nous réaffirmons cette vérité. Et en nous rendant dans les cimetières pour prier avec affection et avec amour pour nos défunts, nous sommes invités, encore une fois, à renouveler avec courage et avec force notre foi dans la vie éternelle, ou mieux, à vivre avec cette grande espérance et à la témoigner au monde : derrière le présent il n’y a pas le rien. C’est précisément la foi dans la vie éternelle qui donne au chrétien le courage d’aimer encore plus intensément notre terre et de travailler pour lui construire un avenir, pour lui donner une espérance véritable et sûre.
26 novembre 2011 – Rencontre organisée par la Pastorale des services de la santé.
C’est un motif de grande joie de vous rencontrer à l’occasion de la XXVIe Conférence internationale organisée par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, qui a voulu réfléchir sur le thème: La pastorale de la santé au service de la vie à la lumière du magistère du bienheureux Jean-Paul II.
Je suis certain que vos réflexions ont contribué à approfondir l’«Evangile de la Vie», précieux héritage du magistère du bienheureux Jean-Paul II. En 1985, il institua ce Conseil pontifical pour en donner un témoignage concret dans le vaste domaine de la santé. Il y a vingt ans, il institua la célébration de la Journée mondiale du malade; et, enfin, il institua la fondation «Le Bon Samaritain», comme instrument d’une nouvelle action caritative à l’égard des malades les plus pauvres dans divers pays, une fondation pour laquelle je lance un appel afin que l’engagement pour la soutenir soit renouvelé.
Au cours des longues et intenses années de son pontificat, le bienheureux Jean-Paul II a proclamé que le service à la personne malade dans son corps et dans son esprit constitue un engagement constant d’attention et d’évangélisation pour toute la communauté ecclésiale, selon le mandat de Jésus aux Douze de guérir les malades (cf. Lc 9, 2). En particulier, dans la Lettre apostolique Salvifici doloris, du 11 février 1984, mon vénéré prédécesseur affirme: «La souffrance semble appartenir à la transcendance de l'homme; c'est un des points sur lesquels l'homme est en un sens “destiné” à se dépasser lui-même, et il y est appelé d'une façon mystérieuse» (n. 2). Le mystère de la douleur semble voiler la face de Dieu, le rendant presque comme un étranger ou allant même jusqu’à le considérer responsable de la souffrance humaine; mais les yeux de la foi sont capables de regarder ce mystère en profondeur. Dieu s’est incarné, il s’est fait proche de l’homme, même dans les situations les plus difficiles; il n’a pas éliminé la souffrance, mais dans le Crucifié ressuscité, dans le Fils de Dieu qui a souffert jusqu’à la mort et à la mort sur la croix, Il révèle que son amour descend également dans l’abîme le plus profond de l’homme pour lui apporter l’espérance. Le Crucifié est ressuscité, la mort a été illuminée dès le matin de Pâques: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle» (Jn 3, 16). Dans le Fils «donné» pour le salut de l’humanité, la vérité de l’amour est, dans un certain sens, prouvée à travers la vérité de la souffrance, et l’Eglise, née du mystère de la Rédemption dans la Croix du Christ, «a le devoir de rechercher la rencontre avec l'homme d'une façon particulière sur le chemin de sa souffrance. C'est dans cette rencontre que l'homme “devient la route de l'Eglise” et cette route-là est l'une des plus importantes» (Jean-Paul II, Lett. apos. Salvifici doloris, n. 3).
Chers amis, le service d’accompagnement, de proximité et de soin aux frères malades, seuls, souvent éprouvés par des blessures non seulement physiques, mais également spirituelles et morales, vous place dans une position privilégiée pour témoigner de l’action salvifique de Dieu, de son amour pour l’homme et pour le monde, qui embrasse également les situations les plus douloureuses et terribles. La Face du Sauveur mourant sur la croix, du Fils consubstantiel au Père qui souffre comme un homme pour nous (cf. ibid., n. 17), nous enseigne à conserver et à promouvoir la vie, quelles que soit l’étape ou la condition dans laquelle elle se trouve, en reconnaissant la dignité et la valeur de chaque être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) et appelé à la vie éternelle.
Cette vision de la douleur et de la souffrance illuminée par la mort et la résurrection du Christ nous a été témoignée par le lent calvaire qui a marqué les dernières années de vie du bienheureux Jean-Paul II et auquel on peut appliquer les paroles de saint Paul: «Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Eglise» (Col 1, 24). Sa foi ferme et sûre a enveloppé sa faiblesse physique, faisant de sa maladie, vécue par amour de Dieu, de l’Eglise et du monde, une participation concrète au chemin du Christ jusqu’à son Calvaire.
La sequela Christi n’a pas épargné au bienheureux Jean-Paul II de prendre sa croix chaque jour jusqu’à la fin, pour être comme son unique Maître et Seigneur, qui de la Croix est devenu un point d’attraction et de salut pour l’humanité (cf. Jn 12, 32; 19, 37) et a manifesté sa gloire (cf. Mc 15, 39). Dans l’homélie de la Messe de béatification de mon vénéré prédécesseur, j’ai rappelé que «le Seigneur l’a dé pouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un “roc”, comme le Christ l’a voulu. Sa profonde humilité, enracinée dans son union intime au Christ, lui a permis de continuer à guider l’Eglise et à donner au monde un message encore plus éloquent précisément au moment où les forces physiques lui venaient à manquer» (Homélie du 1er mai 2011).
Chers amis, en tirant un enseignement du testament vécu par le bienheureux Jean-Paul II dans sa propre chair, je souhaite que vous aussi, dans l’exercice de votre ministère pastoral et dans votre activité professionnelle, vous puissiez découvrir dans l’arbre glorieux de la Croix du Christ «l'accomplissement et la pleine révélation de tout l'Evangile de la vie» (Lett. enc. Evangelium vitae, n. 50). Dans le service que vous prêtez dans les divers domaines de la pastorale de la santé, puissiez-vous faire l’expérience que «seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à Lui de m’aimer» (Lett. enc. Deus caritas est, n. 18).
12 décembre 2011 – Homélie de Benoit XVI lors de la Messe célébrée en l’honneur de Notre-Dame de Guadalupe, basilique Saint-Pierre
En ce moment, tandis que l’on commémore dans divers lieux d’Amérique latine le bicentenaire de leur indépendance, le chemin de l’intégration de ce bien-aimé continent se poursuit et, dans le même temps, on perçoit l’émergence de son nouveau rôle de tout premier plan au niveau mondial. Dans ces circonstances, il est important que ses divers peuples préservent leur riche trésor de foi et leur dynamisme historique et culturel, en étant toujours des défenseurs de la vie humaine, de sa conception à son terme naturel, et des promoteurs de la paix; ils doivent également protéger la famille dans sa nature et sa mission authentiques, en intensifiant dans le même temps un travail éducatif vaste et ramifié, qui prépare correctement les personnes et les rende conscientes de leurs capacités, afin qu’elle affrontent de façon digne et responsable leur destin
28 décembre 2011 – Enseignement de Benoit XVI lors de l’Audience Générale
La rencontre d’aujourd’hui se déroule dans le climat de Noël, enveloppé d’une joie profonde pour la naissance du Sauveur. Nous venons de célébrer ce mystère, dont l’écho se répand dans la liturgie de toutes ces journées. C’est un mystère de lumière que les hommes de chaque époque peuvent revivre dans la foi et dans la prière. C’est précisément à travers la prière que nous devenons capables de nous approcher de Dieu de manière intime et profonde. C’est pourquoi, en gardant à l’esprit le thème de la prière que je développe en cette période dans les catéchèses, je voudrais aujourd’hui vous inviter à réfléchir sur la manière dont la prière fait partie de la vie de la Sainte Famille de Nazareth. La maison de Nazareth, en effet, est une école de prière, où l’on apprend à écouter, à méditer, à pénétrer la signification profonde de la manifestation du Fils de Dieu, en prenant exemple sur Marie, Joseph et Jésus.
Le discours du serviteur de Dieu Paul VI lors de sa visite à Nazareth reste mémorable. Le Pape dit qu’à l’école de la Sainte Famille nous « comprenons pourquoi nous devons garder une discipline spirituelle, si nous voulons suivre la doctrine de l’Evangile et devenir des disciples du Christ ». Et il ajouta : « En premier lieu, celle-ci nous enseigne le silence. Oh ! Si renaissait en nous l’estime du silence, atmosphère admirable et indispensable de l’esprit: alors que nous sommes étourdis par tant de vacarme, de bruit et de voix criardes dans la vie agitée et tumultueuse de notre temps. Oh ! Silence de Nazareth, enseigne-nous à être fermes dans les bonnes pensées, recherchant la vie intérieure, prêts à bien entendre les inspirations secrètes de Dieu et les exhortations des maîtres véritables » (Discours à Nazareth, 5 janvier 1964).
Nous pouvons tirer plusieurs éléments sur la prière, sur la relation avec Dieu, de la Sainte Famille des récits évangéliques de l’enfance de Jésus. Nous pouvons partir de l’épisode de la présentation de Jésus au temple. Saint Luc rapporte que Marie et Joseph, « quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, [...] le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur » (2, 22). Comme chaque famille juive qui observait la loi, les parents de Jésus se rendent au temple pour consacrer à Dieu leur premier-né et pour offrir le sacrifice. Animés par la fidélité aux prescriptions, ils partent de Bethléem et se rendent à Jérusalem avec Jésus qui a à peine quarante jours ; au lieu d’un agneau d’un an, ils présentent l’offrande des familles simples, c’est-à-dire deux colombes. Le pèlerinage de la Sainte Famille est le pèlerinage de la foi, de l’offrande des dons, symbole de la prière, et de la rencontre avec le Seigneur, que Marie et Joseph voient déjà dans leur fils Jésus.
La contemplation du Christ a en Marie son modèle inégalable. Le visage du Fils lui appartient à un titre spécial, car c’est dans son sein qu’ils s’est formé, en prenant d’elle également une ressemblance humaine. Personne ne s’est consacré à la contemplation de Jésus avec autant d’assiduité que Marie. Le regard de son c½ur se concentre déjà sur Lui au moment de l’Annonciation, quand elle le conçoit par l’½uvre de l’Esprit Saint; dans les mois qui suivent, elle en sent peu à peu la présence, jusqu’au jour de sa naissance, quand ses yeux peuvent fixer avec une tendresse maternelle le visage de son fils, alors qu’elle l’enveloppe de langes et qu’elle le dépose dans la mangeoire. Les souvenirs de Jésus, fixés dans son esprit et dans son c½ur, ont marqué chaque instant de l’existence de Marie. Elle vit avec les yeux sur le Christ et elle tire profit de chacune de ses paroles. Saint Luc dit : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son c½ur » (Lc 2, 19), et il décrit ainsi l’attitude de Marie devant le Mystère de l’Incarnation, une attitude qui se prolongera pendant toute son existence : conserver les choses et les méditer dans son c½ur. Luc est l’évangéliste qui nous fait connaître le c½ur de Marie, sa foi (cf. 1, 45), son espérance et son obéissance (cf. 1, 38), en particulier son intériorité et sa prière (cf. 1, 46-56), sa libre adhésion au Christ (cf. 1, 55). Et tout cela procède du don de l’Esprit Saint qui descend sur elle (cf. 1, 35), comme il descendra sur les apôtres selon la promesse du Christ (cf. Ac 1, 8). Cette image de Marie que nous donne saint Luc présente la Vierge comme modèle de chaque croyant qui conserve et confronte les paroles et les actions de Jésus, une confrontation qui est toujours une progression dans la connaissance de Jésus. Dans le sillage du bienheureux Pape Jean-Paul II (cf. Lett. apos. Rosarium Virginis Mariae) nous pouvons dire que la prière du Rosaire tire son modèle précisément de Marie, car elle consiste à contempler les mystères du Christ en union spirituelle avec la Mère du Seigneur. La capacité de Marie de vivre du regard de Dieu est, pour ainsi dire, contagieuse. Le premier à en faire l’expérience a été saint Joseph. Son amour humble et sincère pour sa fiancée et la décision d’unir sa vie à celle de Marie l’a attiré et introduit lui aussi, qui était déjà un « homme juste » (Mt 1, 19), dans une intimité particulière avec Dieu. En effet, avec Marie, et ensuite surtout avec Jésus, il inaugure une nouvelle façon de se mettre en relation avec Dieu, de l’accueillir dans sa propre vie, d’entrer dans son projet de salut, en accomplissant sa volonté. Après avoir suivi avec confiance l’indication de l’Ange — « ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20) — il a pris Marie avec lui et il a partagé sa vie avec elle ; il s’est vraiment entièrement donné à Marie et à Jésus, et cela l’a conduit vers la perfection de la réponse à la vocation reçue. L’Evangile, comme nous le savons, n’a conservé aucune parole de Jo- seph: sa présence est silencieuse, mais fidèle, constante, active. Nous pouvons imaginer que lui aussi, comme son épouse et en intime harmonie avec elle, a vécu les années de l’enfance et de l’adolescence de Jésus en goûtant, pour ainsi dire, sa présence dans leur famille. Joseph a pleinement accompli son rôle paternel, sous chaque aspect. Il a certainement éduqué Jésus à la prière, avec Marie. Il l’aura en particulier emmené avec lui à la synagogue, lors des rites du samedi, ainsi qu’à Jérusalem, pour les grandes fêtes du peuple d’Israël. Joseph, selon la tradition juive, aura guidé la prière domestique, aussi bien quotidienne — le matin, le soir, lors des repas —, qu’à l’occasion des principales fêtes religieuses. Ainsi, au rythme des journées passées à Nazareth, entre la maison simple et l’atelier de Joseph, Jésus a appris à alterner prière et travail, et à offrir à Dieu également la fatigue pour gagner le pain nécessaire à la famille.
Voilà enfin un autre épisode qui voit la Sainte Famille de Nazareth rassemblée pour une occasion de prière. Jésus, nous l’avons entendu, a douze ans et se rend au temple de Jérusalem avec ses parents. Cet épisode se situe dans le contexte du pèlerinage, comme le souligne saint Luc : « Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume » (2, 41-42). Le pèlerinage est une expression religieuse qui se nourrit de prière et, dans le même temps, la nourrit. Il s’agit ici du pèlerinage pascal, et l’évangéliste nous fait observer que la famille de Jésus l’accomplit chaque année, pour participer aux rites dans la ville sainte. La famille juive, comme la famille chrétienne, prie dans l’intimité domestique, mais elle prie également avec la communauté, se reconnaissant une partie du Peuple de Dieu en marche, et le pèlerinage exprime précisément cette condition de marche du Peuple de Dieu. Pâques est le centre et le sommet de tout cela, et concerne la dimension familiale et la dimension du culte liturgique et public.
Dans l'épisode du Jésus âgé de douze ans, sont enregistrées également les premières paroles de Jésus : « Comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C'est chez mon Père que je dois être » (2, 49). Après trois jours de recherche, ses parents le retrouvèrent dans le temple assis parmi les maîtres alors qu'il les écoutait et les interrogeait (cf. 2, 46). Lorsqu’on lui demande pourquoi il a fait cela à son père et à sa mère, il répond qu'il a fait uniquement ce que doit faire le Fils, c'est-à-dire se trouver près du Père. Il montre ainsi qui est le vrai Père, où est sa vraie maison, qu'il n'a rien fait d'étrange, qu'il n'a pas désobéi. Il est resté là où doit se trouver le Fils, c'est-à-dire près du Père, et il a souligné qui est son Père. Le mot « Père » domine ainsi le ton de cette réponse et fait émerger tout le mystère christologique. Ce mot ouvre donc le mystère, il est la clé du mystère du Christ, qui est le Fils, et est aussi la clé de notre mystère de chrétiens, qui sommes fils dans le Fils. Dans le même temps, Jésus nous enseigne comment être fils, précisément dans le fait d'être avec le Père dans la prière. Le mystère christologique, le mystère de l'existence chrétienne est intimement lié, fondé sur la prière. Jésus enseignera un jour à ses disciples à prier, en leur disant : lorsque vous priez, dites « Père ». Et, naturellement, ne le dites pas seulement avec les mots, mais avec votre existence, apprenez toujours plus à le dire avec votre existence : « Père » ; et ainsi, vous serez de vrais fils dans le Fils, de vrais chrétiens.
Ici, lorsque Jésus est pleinement inséré dans la vie de la Famille de Nazareth, il est important de noter l'écho qu'a pu avoir dans les c½urs de Marie et Joseph le fait d'entendre de la bouche de Jésus ce mot « Père », et l'entendre révéler, souligner qui est le Père, et entendre de sa bouche ce mot dans la conscience d'être le Fils unique, qui précisément pour cela a voulu rester trois jours dans le temple, qui est la « maison du Père ». Dès lors, nous pouvons imaginer que la vie dans la Sainte Famille fut encore plus comblée de prière, car du c½ur de Jésus enfant, puis adolescent et jeune, ne cessera plus de se répandre et de se refléter dans les c½urs de Marie et de Joseph, ce sens profond de la relation avec Dieu le Père. Cet épisode nous montre la véritable situation, l'atmosphère du fait d'être avec le Père. Ainsi, la Famille de Nazareth est le premier modèle de l'Eglise où, autour de la présence de Jésus et grâce à sa médiation, l’on vit toute la relation filiale avec Dieu le Père, qui transforme aussi les relations interpersonnelles, humaines.
Chers amis, c'est en raison de ces divers aspects, que j'ai brièvement évoqués à la lumière de l'Evangile, que la Sainte famille est l'icône de l'Eglise domestique, appelée à prier ensemble. La famille est l'Eglise domestique et doit être la première école de prière. Dans la famille, les enfants, dès leur plus jeune âge, peuvent apprendre à percevoir le sens de Dieu, grâce à l'enseignement et à l'exemple des parents: vivre dans une atmosphère marquée par la présence de Dieu. Une éducation authentiquement chrétienne ne peut se passer de l'expérience de la prière. Si l'on n'apprend pas à prier en famille, il sera ensuite difficile de réussir à combler ce vide. C'est pour cette raison que je voudrais vous adresser l'invitation à redécouvrir la beauté de prier ensemble comme famille à l'école de la Sainte Famille de Nazareth. Et devenir ainsi réellement un seul c½ur et une seule âme, une vraie famille.