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Recherche sur l'embryon : "Une troisième option s'ouvre au législateur"



famillechretienne.fr 03/04/2009


Directeur de la commission bioéthique du diocèse de Toulon, Pierre-Olivier Arduin revient sur les propos récents de plusieurs personnalités politiques et scientifiques s'opposant à la libéralisation de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Il évoque l'émergence d'une prise de conscience inattendue et propose une voie réconciliant morale et science.


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Devant la mission parlementaire de révision de la loi bioéthique, des hommes politiques ont émis des réserves sur la recherche sur l'embryon. Sa libéralisation, réclamée par de nombreux scientifiques, ne serait plus d'actualité ?

Il apparaît de plus en plus évident à une partie de la classe politique que la suppression du régime dérogatoire instauré en 2004 conduirait à une instrumentalisation sans précédent de l'embryon humain. Lors d'un débat organisé le 28 février dans le diocèse de Toulon avec le député Jean-Sébastien Vialatte, ce dernier a publiquement remis en question les conclusions du rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques (Opecst) qu'il venait pourtant de cosigner. Il s'est ainsi désolidarisé des recommandations prônant un régime d'autorisation pérenne. La ministre de la santé elle-même a abondé dans ce sens dans un entretien accordé au quotidien La Croix.

Certains scientifiques de renom sortent aussi de leur silence pour contester cette recherche.

Auditionné il y a peu, le professeur Jacques Testard a par exemple estimé que les travaux sur les cellules souches embryonnaires étaient sans intérêt. "Pourquoi s'acharner à trouver une "utilité" à l'embryon humain alors que plusieurs années d'études n'ont conduit à aucun résultat tangible", a-t-il souligné. Il a d'ailleurs rappelé aux députés que les recherches cognitives sur les embryons de souris étaient largement suffisantes.

Entre maintien du système dérogatoire et libéralisation totale de la recherche, une autre voie est-elle envisageable ?

Il me semble qu'une troisième option s'ouvre au législateur. Arnold Munnich, conseiller scientifique personnel du chef de l'Etat, s'en est fait l'écho devant l'Opecst : "Il est possible de revenir en arrière sachant que cela est techniquement possible". Interdire les atteintes à la vie de l'embryon in vitro et encourager une politique de recherche audacieuse sur les cellules souches adultes et pluripotentes induites (IPS) est une solution qui pourrait réconcilier la morale et la science.

La voix de l'Eglise catholique sera-t-elle entendue par la mission parlementaire ?

Invité par notre diocèse le 28 mars dernier, Jean Leonetti, rapporteur de la mission parlementaire et président du comité de pilotage des Etats généraux de la bioéthique, a fait part de sa considération pour l'ouvrage publié par les évêques de France : Bioéthique, propos pour un dialogue. Il a surtout félicité les catholiques pour la cohérence de leur argumentation et les a exhorté à participer intelligemment aux Etats généraux en envoyant des contributions sur le site des Etats généraux.

Antoine Pasquier

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