Voyages apostoliques

Allemagne - 9 - 14 septembe 2006


Benoit XVI en Allemagne
9 - 14 septembre 2006



Le Saint-Père, avec les journalistes, dans l'avion
Samedi 9 septembre

A bord de l'avion qui le conduisait en Allemagne, le samedi 9 septembre 2006, le Pape Benoît XVI est allé saluer les journalistes. Répondant à une question sur la situation actuelle du catholicisme allemand, le Pape a répondu:)

C'est avec plaisir que je m'envole vers mon pays natal. Il est beau que je puisse, au moins une fois, revoir ma patrie, et me rendre dans les villes où j'ai vécu. Et je m'envole vers mon pays natal avec joie, du fait que nous célébrerons une grande fête de la foi et que cela renforcera notre réciprocité. Je ne dirais pas que le catholicisme allemand est fatigué. La fatigue existe partout, mais au cours de ces dernières semaines, j'ai observé la préparation de cet événement et le dynamisme qui règne ici. Il est incroyable que l'on se soit prodigué avec tant d'énergie. Je ne sais pas comment exprimer mes remerciements. Cela ne peut pas être quelque chose lié à ma personne. Cela doit être quelque chose lié au fait que nous désirons être une Eglise commune, que nous voulons être ensemble une force de paix pour le pays et pour le monde. C'est pourquoi je m'envole vers mon pays natal avec de grandes espérances et je suis reconnaissant pour tout ce que j'ai vu et qui démontre que le catholicisme allemand n'est pas si las, comme certains le pensent.
Le Pape répondait ensuite à un journaliste qui voulait savoir pourquoi une étape à Berlin n'avait pas été prévue au cours de ce voyage, et si le Saint-Père prévoyait de s'y rendre un jour:
On dit que lorsqu'on va à Munich, il faut aussi aller une fois à Berlin, mais je suis un homme âgé. Je ne sais pas combien de temps le Seigneur m'accordera encore. Je suis le Pape de l'Eglise universelle. A présent, je pense surtout à Constantinople, au Brésil comme prochains voyages. Si je pouvais me rendre en Allemagne encore une fois, dans d'autres parties de l'Allemagne, j'en serais très heureux. Je le considérerais comme un don de Dieu.
Un autre journaliste demandait alors au Pape s'il ressentait de la nostalgie pour son pays:
Oui, bien sûr, car je pense que c'est là que j'ai grandi. Il existe un livre intitulé: "Mon coeur bat en bavarois". D'autre part, je conserve de si nombreux souvenirs dans mon âme, que je peux toujours voyager dans le paysage de ma mémoire. Je ne me sens pas si loin car je peux téléphoner à mon frère chaque soir. Je ne me sens donc pas si loin.





A son arrivée à l'aéroport de Munich
Samedi 9 septembre


Monsieur le Président de la République,
Madame le Chancelier et Monsieur le Ministre-Président,
Messieurs les Cardinaux, vénérés frères dans l'épiscopat,
Mesdames, Messieurs,
chers concitoyens!
C'est avec une vive émotion que je pose aujourd'hui, pour la première fois depuis mon élévation sur la Chaire de Pierre, le pied sur la terre allemande bavaroise. Je retourne dans ma patrie, parmi mon peuple, avec le projet de visiter certains lieux qui ont eu une importance fondamentale dans ma vie. Je vous remercie, Monsieur le Président de la République, des paroles de cordiale bienvenue que vous m'avez adressées. J'ai perçu dans ces paroles l'écho des sentiments de notre peuple tout entier. Je remercie le Chancelier, Madame Angela Merkel, et le Ministre-Président, Monsieur Edmund Stoiber, pour la gentillesse avec laquelle ils ont voulu honorer mon arrivée sur la terre allemande et bavaroise. Mon salut reconnaissant s'étend également aux membres du gouvernement, aux autorités ecclésiastiques, civiles et militaires réunies ici, ainsi qu'à tous ceux qui ont voulu être présents pour m'accueillir à l'occasion de cette visite si importante pour moi.
En ce moment me viennent à l'esprit de nombreux souvenirs des années passées à Munich et à Ratisbonne: ce sont des souvenirs de personnes et d'événements qui ont laissé en moi une trace profonde. Conscient de ce que j'ai reçu, je suis ici avant tout pour exprimer le profond sentiment de reconnaissance que j'éprouve pour tous ceux qui ont contribué à former ma personnalité au fil des décennies de ma vie. Mais je suis ici également en tant que Successeur de l'Apôtre Pierre, pour réaffirmer et confirmer les liens profonds qui existent entre le Siège de Rome et l'Eglise dans notre patrie.
Ce sont des liens qui possèdent une histoire séculaire, alimentée par la ferme adhésion aux valeurs de la foi chrétienne, une adhésion dont peuvent s'enorgueillir de manière particulière précisément les régions bavaroises. C'est ce dont témoignent les monuments célèbres, les cathédrales majestueuses, les statues et les tableaux d'une grande valeur artistique, les oeuvres littéraires, les initiatives culturelles et surtout, la vie de nombreuses personnes et communautés dans lesquelles se reflètent les convictions chrétiennes des générations qui se sont succédé sur cette Terre qui m'est si chère. Les relations de la Bavière avec le Saint-Siège, malgré quelques moments de tension, ont toujours été marquées par une cordialité respectueuse. Dans les heures décisives de son histoire, le peuple bavarois a ensuite toujours confirmé sa profonde dévotion à la Chaire de Pierre et son ferme attachement à la foi catholique. La Mariensäule, qui s'élève sur la place centrale de notre capitale Munich, en est un témoignage éloquent.
Le contexte social d'aujourd'hui est, sous de nombreux aspects, différent de celui du passé. Je pense toutefois que nous sommes tous unis dans l'espérance que les nouvelles générations restent fidèles au patrimoine spirituel qui a résisté à travers les crises de l'histoire. Ma visite dans ma terre natale veut être également un encouragement dans ce sens: la Bavière est une partie de l'Allemagne, et appartient à l'histoire de l'Allemagne dans ses bons et ses mauvais moments, et elle peut être à juste titre fière des traditions héritées de son passé. Mon souhait est que tous mes compatriotes de Bavière et d'Allemagne tout entière prennent une part active à la transmission aux citoyens de demain des valeurs fondamentales de la foi chrétienne, qui nous soutient tous et qui ne divise pas, mais qui ouvre et rapproche les personnes appartenant à des peuples, des cultures et des religions différentes. J'aurais bien volontiers étendu ma visite également à d'autres régions d'Allemagne, pour rencontrer toutes les diverses Eglises locales, en particulier celles auxquelles me lient des souvenirs personnels. Nombreux ont été les signes d'affection que j'ai reçus de toutes parts, et en particulier des diocèses bavarois, en ce début de Pontificat et au cours de toutes ces années. Cela me renforce de jour en jour. C'est pourquoi je désire saisir cette occasion pour vous exprimer à tous ma profonde gratitude. J'ai également pu lire et suivre tout ce qui a été fait au cours de ces semaines et de ces mois, combien de personnes ont contribué de toutes leurs forces au succès de cette visite. Et à présent, nous rendons grâce au Seigneur qui nous donne également le ciel bavarois, car cela, nous ne pouvions pas le commander. Merci! Que Dieu vous récompense pour tout ce qui a été fait de toutes les diverses parts - j'aurai l'opportunité d'y revenir également en d'autres occasions - pour garantir un déroulement serein de cette visite et de ces journées.
Outre le salut qui vous est adressé, chers compatriotes, - je vois ici devant moi les étapes de mon chemin, de Marktl et Tittmoning à Aschau, Traunstein, Ratisbonne et Munich - à travers vous, je désire aussi et naturellement adresser mon salut avec une grande affection à tous les habitants de la Bavière et de toute l'Allemagne: je ne pense pas seulement aux fidèles catholiques, auxquels ma visite s'adresse en premier lieu, mais également aux membres des autres Eglises et communautés ecclésiales, et de façon particulière aux chrétiens évangéliques et orthodoxes. Cher Monsieur le Président de la République, à travers vos paroles, vous avez interprété les pensées de mon coeur: même si cinq cents ans ne peuvent pas être simplement effacés par des actes bureaucratiques, pas plus qu'à travers des discours intelligents, nous nous engagerons avec notre coeur et notre raison à nous rapprocher les uns des autres.
Je salue enfin les disciples d'autres religions et toutes les personnes de bonne volonté qui ont à coeur la paix et la sérénité du pays et du monde. Que le Seigneur bénisse les efforts de tous en vue de l'édification d'un avenir de bien-être authentique et fondé sur la justice qui crée la paix. Je confie ces voeux à la Vierge Marie, vénérée sur cette terre sous le titre de Patrona Bavariae. Je le fais à travers les célèbres paroles de Jakob Balde, gravées ici au pied de la Mariensäule: Rem regem regimen regionem religionem conserva Bavaris, Virgo Patrona, tuis! - Conserve à tes Bavarois, ô Vierge Patronne, les biens, ou, comme on dit en dialecte, "les choses", l'autorité politique, le pays, la religion!
A toutes les personnes présentes, j'adresse un cordial "Grüß Gott!"







Au pied de la statue de la Vierge de Mariensaule
Munich
Samedi 9 septembre

Madame le Chancelier et Monsieur le Ministre-Président,
Chers Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et soeurs!
C'est pour moi un motif d'émotion particulière de me trouver à nouveau sur cette très belle place au pied de la Mariensäule - un lieu, comme il a été dit, qui a déjà été, à deux autres occasions, le témoin de tournants décisifs dans ma vie. Ici, il y a trente ans, comme on l'a dit, les fidèles m'accueillirent avec une grande cordialité, et je confiai alors à la Vierge le chemin que j'allais devoir parcourir, car le passage de la chaire universitaire à la charge d'Archevêque de Munich et Freising était un saut énorme, et c'est seulement grâce à une telle protection et grâce à l'amour perceptible des habitants de Munich et de la Bavière que je pouvais oser assumer un tel ministère, en succédant au Cardinal Döpfner. Puis, à nouveau, en 1982: c'est ici que j'ai fais mes adieux; l'Archevêque de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de l'époque, Mgr Hamer, devenu Cardinal par la suite, était alors présent et il déclara: "Les habitants de Munich sont comme les Napolitains, ils veulent toucher l'Archevêque et ils l'aiment". Il s'est véritablement émerveillé de voir ici à Munich autant de cordialité, de pouvoir reconnaître le coeur bavarois dans ce lieu, où je me suis à nouveau placé entre les mains de la Vierge.
Illustre et cher Monsieur le Ministre-Président, je vous remercie pour l'hommage de bienvenue que vous m'avez adressé au nom du gouvernement et du peuple bavarois. Je remercie de tout coeur également mon cher successeur comme Pasteur de l'archidiocèse de Munich et Freising, Monsieur le Cardinal Friedrich Wetter, des paroles chaleureuses avec lesquelles vous m'avez salué. Je salue Madame le Chancelier, Angela Merkel, et toutes les personnalités politiques, civiles et militaires qui ont souhaité participer à cette rencontre de bienvenue et de prière. Je désire réserver un salut particulier aux prêtres, notamment à ceux avec lesquels, en tant que prêtres, puis Evêque, j'ai pu collaborer dans mon diocèse d'origine, Munich et Freising. Mais vous tous, chers compatriotes réunis sur cette place, je voudrais vous saluer avec une grande cordialité et beaucoup de gratitude. Je vous remercie de votre chaleureux accueil bavarois, et je remercie, comme je l'ai déjà fait à l'aéroport, tous ceux qui ont collaboré à la préparation de la visite et qui se prodiguent à présent afin que tout puisse se dérouler au mieux.
Peut-être me permettrez-vous de revenir à cette occasion sur une pensée que, dans mes brèves mémoires, j'ai développé lors de ma nomination comme Archevêque de Munich et Freising. Je devais devenir successeur de saint Corbinien et je le suis devenu. Dans sa légende, j'ai été fasciné dès mon enfance par l'histoire selon laquelle un ours aurait dévoré l'animal de selle du saint, au cours de son voyage dans les Alpes. Corbinien le blâma âprement et, en guise de punition, il chargea tout son bagage sur son dos afin qu'il le portât jusqu'à Rome. Ainsi l'ours, chargé du fardeau du saint, dut marcher jusqu'à Rome, et ce n'est qu'une fois arrivé que Corbinien le laissa libre de s'en aller.
Lorsqu'en 1977, je me trouvai face au choix difficile d'accepter ou non la nomination d'Archevêque de Munich et Freising qui allait m'arracher à mon activité universitaire habituelle en me menant vers de nouvelles tâches et de nouvelles responsabilités, je réfléchis longuement. Et c'est précisément à cette occasion que je me souvins de cet ours et de l'interprétation des versets 22 et 23 du Psaume 72 [73] que saint Augustin, dans une situation très semblable à la mienne, lors de son ordination sacerdotale et épiscopale, a développée puis, ensuite, exprimée dans ses sermons sur les Psaumes. Dans ce Psaume, le psalmiste se demande pourquoi, souvent, aux méchants de ce monde les choses réussissent si bien et pourquoi, en revanche, à un grand nombre de personnes bonnes, les choses vont si mal. Alors le Psalmiste dit: j'étais stupide de voir les choses ainsi; devant toi j'étais comme une brute, une bête, mais ensuite, je suis entré dans le sanctuaire et j'ai compris que c'est précisément dans mes difficultés que j'étais très proche de toi et que tu étais toujours avec moi. Augustin, avec amour, a souvent repris ce Psaume et, en voyant dans l'expression "devant toi j'étais comme une brute" (iumentum en latin) une référence à l'animal de trait qui était alors utilisé en Afrique du Nord pour travailler la terre, il s'est reconnu lui-même dans ce "iumentum" en bête de trait de Dieu, il s'est vu comme un homme pliant sous le poids de sa charge, la "sarcina episcopalis". Il avait choisi la vie de l'homme d'étude et, comme il le dit par la suite, Dieu l'avait appelé à faire "l'animal de trait", le brave boeuf qui tire la charrue dans le champ de Dieu, qui fait le travail difficile qui lui est assigné. Mais il reconnaît ensuite: comme l'animal de trait est très proche du paysan, sous la direction duquel il travaille, ainsi suis-je moi aussi très proche de Dieu, parce que de cette façon, je le sers directement pour l'édification de son Royaume, pour la construction de l'Eglise.
Sur le fond de cette pensée de l'Evêque d'Hippone, l'ours de saint Corbinien m'encourage toujours à nouveau à accomplir mon service avec joie et confiance - que ce soit il y a trente ans ou à présent dans ma nouvelle charge - en prononçant jour après jour mon "oui" à Dieu: je suis devenu pour toi comme une bête de somme, mais c'est précisément ainsi que "je reste près de toi" (Ps 72[73], 23). L'ours de saint Corbinien, arrivé à Rome, fut rendu à la liberté. Dans mon cas, le "Maître" en a décidé autrement. Je me trouve donc à nouveau au pied de la Mariensäule pour implorer l'intercession et la Bénédiction de la Mère de Dieu, non seulement pour la Ville de Munich et pour la Bavière bien-aimée, mais aussi pour l'Eglise universelle et pour tous les hommes de bonne volonté.




Prière à la Vierge Marie
Marienplatz, Munich
Samedi 9 septembre

Sainte Mère du Seigneur,
Nos ancêtres, dans une période de difficultés, ont élevé ici ta statue, au coeur de la ville de Munich, pour te confier la ville et le pays. Sur les routes de leur vie quotidienne, ils voulaient Te rencontrer toujours à nouveau et apprendre de Toi comment vivre de la manière juste leur existence humaine; apprendre de Toi comment pouvoir trouver Dieu et trouver ainsi l'harmonie entre eux. Ils t'ont donné la couronne et le sceptre, qui étaient alors le symbole de la seigneurie sur le pays, car ils savaient qu'ainsi le pouvoir et la domination auraient été entre de bonnes mains - entre les mains de la Mère.
Ton Fils, peu avant l'heure du congé, a dit à ses disciples: "Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous" (Mc 10, 43sq). Toi, à l'heure décisive de ta vie, Tu as dit: "Je suis la servante du Seigneur" (Lc 1, 38) et Tu as vécu toute ton existence comme un service. C'est ce que Tu continues à faire au cours des siècles de l'histoire. De même qu'autrefois, à Cana, Tu as intercédé silencieusement et avec discrétion pour les époux, Tu agis toujours ainsi: Tu te charges de toutes les préoccupations des hommes et Tu les apportes devant le Seigneur, devant ton Fils. Ton pouvoir est la bonté. Ton pouvoir est le service.
Enseigne-nous - grands et petits, dominateurs et serviteurs - à vivre notre responsabilité de cette manière. Aide-nous à trouver la force pour la réconciliation et pour le pardon. Aide-nous à devenir patients et humbles, mais également libres et courageux, comme Tu l'as été à l'heure de la Croix. Tu portes Jésus dans tes bras, l'Enfant qui bénit, l'Enfant qui est aussi le Seigneur du monde. De cette façon, en portant Celui qui bénit, tu es toi-même devenue une bénédiction. Bénis-nous, bénis cette ville et ce pays! Montre-nous Jésus, le fruit béni de ton sein! Prie pour nous pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen!




Homélie de la Messe
Munich
Dimanche 10 septembre

Chers frères et soeurs!
Avant tout, je voudrais, une fois de plus, vous saluer tous avec affection: je suis heureux, et je l'ai déjà dit, de pouvoir me trouver à nouveau parmi vous et de célébrer la Messe avec vous. Je suis heureux de pouvoir visiter une fois de plus les lieux qui me sont familiers, qui ont eu une influence déterminante sur ma vie, formant ma pensée et mes sentiments: les lieux dans lesquels j'ai appris à croire et à vivre. C'est l'occasion pour moi de remercier tous ceux - vivants et morts - qui m'ont guidé et m'ont accompagné. Je rends grâce à Dieu pour cette belle patrie et pour les personnes qui l'ont faite devenir ma patrie.
Nous venons d'écouter les trois lectures bibliques que la liturgie de l'Eglise a choisies pour ce dimanche. Toutes trois développent un double thème, qui, au fond, demeure un thème unique, et en accentue - selon les circonstances - tel ou tel aspect. Les trois lectures parlent de Dieu comme centre de la réalité et comme centre de notre vie personnelle. "Voici votre Dieu!" crie le prophète Isaïe dans la première lecture (35, 4). La Lettre de Jacques et le passage évangélique disent à leur façon la même chose. Ils veulent nous guider vers Dieu, nous conduisant ainsi sur le droit chemin de la vie. Mais le thème de "Dieu" est lié au thème social: notre responsabilité réciproque, notre responsabilité pour la suprématie de la justice et de l'amour dans le monde. Cela est exprimé de façon dramatique dans la seconde lecture, dans laquelle Jacques, un proche parent de Jésus, nous parle. Il s'adresse à une communauté dans laquelle commence à apparaître l'orgueil, car dans celle-ci se trouvent également des personnes aisées et distinguées, tandis que l'on court le danger que l'attention au droit des pauvres disparaisse. Dans ses paroles, Jacques laisse entrevoir l'image de Jésus, de ce Dieu qui se fit homme et, tout en étant d'origine davidique, c'est-à-dire royale, devint un homme simple parmi les hommes simples; il ne siégea pas sur un trône, mais à la fin, mourut dans la pauvreté extrême de la Croix. L'amour du prochain, qui est en premier lieu sollicitude pour la justice, est la pierre de touche de la foi et de l'amour de Dieu. Jacques l'appelle "la loi royale" (cf. 2, 8) laissant entrevoir la parole préférée de Jésus: la royauté de Dieu, la domination de Dieu. Cela n'indique pas un royaume quelconque qui arrivera un jour ou l'autre, mais cela signifie que Dieu doit devenir à présent la force déterminante de notre vie et de nos actions. C'est ce que nous demandons lorsque nous prions: "Que ton Règne vienne". Nous ne demandons pas quelque chose d'éloigné, dont nous-mêmes ne voulons pas même, au fond, faire l'expérience. Nous prions au contraire pour que la volonté de Dieu détermine à présent notre volonté et qu'ainsi, Dieu règne dans le monde; nous prions donc afin que la justice et l'amour deviennent des forces décisives dans l'ordre du monde. Une telle prière s'adresse naturellement en premier lieu à Dieu, mais ébranle également notre coeur lui-même. Au fond, le voulons-nous vraiment? Sommes-nous en train d'orienter notre vie dans cette direction? Jacques appelle la "loi royale", la loi de la royauté de Dieu, également "loi de la liberté": si tous pensent et vivent selon Dieu, alors, nous devenons tous égaux, nous devenons libres et ainsi naît la véritable fraternité. Isaïe, dans la première lecture, en parlant de Dieu - "Voici votre Dieu!" - parle dans le même temps du salut pour les personnes qui souffrent, et Jacques, en parlant de l'ordre social comme expression indispensable de notre foi, parle logiquement également de Dieu, dont nous sommes les fils.
Mais nous devons à présent tourner notre attention vers l'Evangile qui rapporte la guérison d'un sourd-muet par Jésus. Là aussi, nous rencontrons à nouveau les deux aspects de l'unique thème. Jésus se consacre aux personnes qui souffrent, à celles qui sont exclues de la société. Il les guérit, et, leur ouvrant ainsi la possibilité de vivre et de décider ensemble, il les introduit dans l'égalité et la fraternité. Cela nous concerne évidemment tous: Jésus nous indique à tous la direction de nos actions, la façon dont nous devons agir. Tout cela, cependant, revêt également une autre dimension, que les Pères de l'Eglise ont mise en lumière de façon particulière, et qui nous concerne également aujourd'hui de façon spéciale. Les Pères parlent des hommes et pour les hommes de leur temps. Mais ce qu'ils disent nous concerne d'une façon nouvelle, également nous, hommes modernes. Il n'existe pas seulement la surdité physique, qui isole l'homme en grande partie de la vie sociale. Il existe également un affaiblissement de la capacité auditive à l'égard de Dieu, dont nous souffrons particulièrement à notre époque. Tout simplement, nous n'arrivons plus à l'entendre - trop de fréquences différentes parasitent nos oreilles. Ce que l'on dit de Lui nous semble préscientifique, et ne semble plus adapté à notre temps. Avec l'affaiblissement de la capacité auditive ou même la surdité à l'égard de Dieu, nous perdons naturellement également notre capacité de parler avec Lui ou à Lui. De cette façon, toutefois, nous perdons une perception décisive. Nos sens intérieurs courent le danger de s'éteindre. Avec la disparition de cette perception, l'étendue de notre rapport avec la réalité en général est également limitée de façon drastique et dangereuse. L'horizon de notre vie se réduit de façon préoccupante.
L'Evangile nous raconte que Jésus posa les doigts dans les oreilles du sourd-muet, il mit un peu de sa salive sur la langue du malade, et dit: "Effatà" - "Ouvre-toi!". L'évangéliste a conservé pour nous la parole araméenne originale que Jésus prononça alors, nous ramenant ainsi directement à ce moment. Ce qui y est raconté est une chose unique, et toutefois, n'appartient pas à un passé lointain: Jésus réalise la même chose de façon nouvelle et répétée aujourd'hui aussi. Dans notre Baptême, Il a réalisé sur nous ce geste du toucher et a dit: "Effatà" - "Ouvre-toi!" pour nous rendre capables d'entendre Dieu et pour nous redonner ainsi la possibilité de Lui parler. Mais cet événement, le Sacrement du Baptême, ne possède rien de magique. Le Baptême ouvre un chemin. Il nous introduit dans la communauté de ceux qui sont capables d'écouter et de parler; il nous introduit dans la communion avec Jésus lui-même qui, lui seul, a vu Dieu et a donc pu parler de Lui (cf. Jn 1, 18): à travers la foi, Jésus veut partager avec nous sa vision de Dieu, son écoute du Père et son dialogue avec Lui. Le chemin du baptisé doit devenir un processus de développement progressif, dans lequel nous mûrissons dans la vie de communion avec Dieu, parvenant ainsi également à avoir un regard différent sur l'homme et sur la création.
L'Evangile nous invite à nous rendre compte qu'il existe en nous une insuffisance de notre capacité de perception - une carence qu'au début, nous ne ressentons pas comme telle, car tout le reste s'impose précisément par son urgence et sa justesse; car apparemment, tout procède normalement, même si nous n'avons plus d'oreilles ni d'yeux pour Dieu et que nous vivons sans Lui. Mais est-il vrai que tout procède simplement, lorsque Dieu est absent de notre vie et de notre monde? Avant de poser d'autres questions, je voudrais vous faire part de quelques-unes de mes expériences au cours de mes rencontres avec les Evêques du monde entier. L'Eglise catholique en Allemagne fait preuve de grandeur dans ses activités sociales, et sa disponibilité à aider partout où cela apparaît nécessaire. Au cours de leur visite "ad limina", les Evêques, et ces derniers temps ceux d'Afrique, me parlent toujours à nouveau avec gratitude de la générosité des catholiques allemands, et me chargent de me faire l'interprète de leur gratitude - c'est ce que je voudrais faire à présent publiquement. Même les Evêques des Pays baltes, venus avant les vacances, m'ont parlé de la façon dont les catholiques allemands les ont aidés de façon grandiose dans la reconstruction de leurs églises gravement détériorées à cause des décennies de domination communiste. Parfois, toutefois, certains Evêques africains me disent: "Si je présente en Allemagne des projets sociaux, je trouve immédiatement les portes ouvertes. Mais si je viens avec un projet d'évangélisation, je me heurte plutôt à des réserves". Il existe à l'évidence chez certains l'idée que les projets sociaux doivent être promus avec la plus grande urgence, tandis que les affaires qui concernent Dieu ou même la foi catholique, sont des choses plutôt particulières et moins prioritaires. Toutefois, l'expérience de ces Evêques est précisément que l'évangélisation doit avoir la priorité, que le Dieu de Jésus Christ doit être connu, cru et aimé, doit convertir les coeurs, afin que les affaires sociales puissent elles aussi progresser pour que commence la réconciliation, afin que - par exemple - le SIDA puisse être combattu en affrontant véritablement ses causes profondes et en soignant les malades avec toute l'attention et l'amour qui leur sont dus. Le fait social et l'Evangile sont tout simplement indissociables. Là où nous n'apportons aux hommes que des connaissances, le savoir-faire, des capacités techniques et des instruments, nous apportons trop peu. Alors apparaissent très tôt les mécanismes de la violence, et la capacité de détruire et de tuer devient prédominante, elle devient une capacité d'atteindre le pouvoir - un pouvoir qui, un jour ou l'autre, devrait apporter le droit, mais qui n'en sera jamais capable. De cette façon, nous nous éloignons toujours plus de la réconciliation, de l'engagement commun pour la justice et l'amour. Les critères, selon lesquels la technique entre au service du droit et de l'amour disparaissent alors; mais c'est précisément de ces critères que tout dépend: des critères qui ne sont pas seulement des théories, mais qui illuminent le coeur, conduisant ainsi la raison et l'action sur le droit chemin.
Les populations d'Afrique et d'Asie admirent certes les prestations technologiques de l'Occident, ainsi que notre science, mais elles sont effrayées face à cette conception de la raison qui exclut totalement Dieu de la vision de l'homme, en considérant qu'il s'agit de la forme la plus sublime de la raison, qu'il faut enseigner également à leurs cultures. La véritable menace pour leur identité n'est pas selon eux la foi chrétienne, mais le mépris de Dieu et le cynisme qui considère la dérision du sacré comme un droit de la liberté et élève l'utilité au rang de critère suprême pour les futures victoires de la recherche. Chers amis, ce cynisme n'est pas le type de tolérance et d'ouverture culturelle que les peuples attendent et que nous désirons tous! La tolérance dont nous avons un besoin urgent comprend la crainte de Dieu - le respect de ce qui est sacré pour l'autre. Mais ce respect pour ce que les autres considèrent comme sacré présuppose que nous aussi apprenions à nouveau la crainte de Dieu. Ce sens du respect ne peut être régénéré dans le monde occidental que si croît à nouveau la foi en Dieu, si Dieu est à nouveau présent pour nous et en nous.
Nous n'imposons notre foi à personne. Un tel genre de prosélytisme est contraire au christianisme. La foi ne peut se développer que dans la liberté. Mais c'est à la liberté des hommes, à laquelle nous faisons appel de s'ouvrir à Dieu, de le chercher, de lui prêter attention. Nous tous ici réunis demandons au Seigneur de tout notre coeur de prononcer à nouveau son "Effatà!", de guérir la faiblesse de notre ouïe pour Dieu, pour son action et pour sa parole, et de nous rendre capables de voir et d'écouter. Nous lui demandons de nous aider à retrouver la parole de la prière, à laquelle nous invite la Liturgie et dont il nous a enseigné la formule essentielle dans le Notre Père.
Le monde a besoin de Dieu. Nous avons besoin de Dieu. De quel Dieu avons-nous besoin? Dans la première lecture, le prophète s'adresse à un peuple opprimé en disant: "La vengeance de Dieu viendra" (Is 35, 4). Nous pouvons facilement deviner comment les personnes s'imaginaient cette vengeance. Mais le prophète lui-même révèle ensuite ce en quoi elle consiste: dans la bonté de Dieu qui guérit. Et nous trouvons l'explication définitive de la parole du prophète dans Celui qui est mort pour nous sur la Croix: en Jésus, le Fils de Dieu incarné qui nous regarde avec tant d'insistance. Sa "vengeance" est la Croix: le "Non" à la violence, "l'amour jusqu'au bout". Tel est le Dieu dont nous avons besoin. Nous ne manquons pas de respect à l'égard des autres religions et cultures, nous n'offensons pas le profond respect pour leur foi, si nous confessons à haute voix et sans détours le Dieu qui a opposé sa souffrance à la violence; qui, face au mal et à son pouvoir, élève sa miséricorde comme limite et dépassement. C'est à Lui que nous adressons notre supplique, afin qu'Il soit parmi nous et qu'il nous aide à être ses témoins crédibles. Amen!


Prière de l'Angelus
Munich
Dimanche 10 septembre

Chers frères et soeurs!
Avant de conclure par la bénédiction solennelle notre Célébration eucharistique, nous voulons nous recueillir pour la récitation de l'Angelus. En réfléchissant sur les lectures de la Messe, nous nous sommes rendu compte combien il est nécessaire - pour la vie des personnes comme pour la coexistence sereine et pacifique de tous - de considérer Dieu comme le centre de notre vie personnelle. L'exemple par excellence d'une telle attitude est Marie, la Mère du Seigneur. Au cours de toute sa vie terrestre, elle a été la Femme de l'écoute, la Vierge au coeur ouvert à Dieu et aux hommes. Cela, les fidèles l'ont compris dès les premiers siècles du christianisme, et c'est pourquoi, dans tous leurs besoins et difficultés, ils se sont adressés avec confiance à Elle, invoquant son aide et son intercession auprès de Dieu.
C'est ce dont témoignent, ici, sur notre terre bavaroise, les centaines d'églises et de sanctuaires qui lui sont consacrés. Ce sont des lieux vers lesquels, toute l'année, confluent d'innombrables pèlerins pour se confier à l'amour maternel et bienveillant de Marie. Ici à Munich, au centre de la ville, s'élève la Mariensaüle, devant laquelle, il y a précisément 390 ans, la Bavière fut confiée solennellement à la protection de la Mère de Dieu et où, hier, j'ai imploré à nouveau la bénédiction de la Patrona Bavariae pour la ville et le pays.
Et comment ne pas penser de façon particulière au sanctuaire d'Altötting, où je me rendrai demain en pèlerinage? Là, j'aurai la joie d'inaugurer la nouvelle Chapelle de l'Adoration qui, précisément en ce lieu, est un signe éloquent du rôle de Marie: Elle est et demeure la servante du Seigneur qui ne se met pas au centre, mais veut nous guider vers Dieu, veut nous enseigner un style de vie dans lequel Dieu est reconnu comme centre de la réalité et de notre vie personnelle elle-même. C'est à Elle que nous adressons à présent la prière de l'Angelus






Salut du Saint-Père aux fidèles,
du balcon de l'Archevêché de Munich
Dimanche 10 septembre

(Le dimanche 10 septembre 2006, au terme de la Messe sur l'esplanade de la "Neue Messe" de Munich, le Pape Benoît XVI a été accueilli en musique par les fidèles rassemblés devant l'archevêché de Munich. A 14h30, le Saint-Père, est apparu au balcon de l'archevêché et a prononcé les paroles suivantes de remerciement pour l'accueil et l'affection manifestés par les fidèles)
Chers amis,
Tous les ans, au début de l'"Oktoberfest", je me suis présenté à ce balcon. A présent, je me réjouis du fait de pouvoir être ici aujourd'hui, encore une fois, et qu'ainsi, de nombreuses personnes puissent me saluer; je me sens comme chez moi, entouré par de tant de cordialité.
Je vous dit seulement "Vergelt's Gott". Que Dieu vous le rende.
Je rends grâce à Dieu pour le beau ciel bleu qu'il nous donne.
Je vous remercie à présent pour la musique avec laquelle vous m'avez accueilli si merveilleusement à mon arrivée.
"Vergelt's Gott".
Je souhaite encore une fois à tous un bon dimanche et que Dieu nous accorde du beau temps.
Je vous remercie de tout coeur.
(Le Saint-Père a ensuite conclu cette brève rencontre par la Bénédiction apostolique)
Bon dimanche! Bon divertissement! Que Dieu vous le rende!








Méditation, lors des Vêpres
Cathédrale de Munich
Dimanche 10 septembre

Chers enfants de la Première Communion!
Chers parents et éducateurs!
Chers frères et soeurs!
La lecture que nous venons d'entendre est un passage du dernier livre des écrits du Nouveau Testament, que l'on appelle l'Apocalypse. Il est permis au voyant de jeter un regard vers le haut, dans le ciel, et vers l'avant, vers l'avenir. Mais, précisément ainsi, il parle également de la terre et du présent, de notre vie. En effet, au cours de notre vie, nous sommes tous en chemin, progressant vers l'avenir. Et nous voulons trouver la bonne voie: découvrir la vie véritable, non pas finir dans une voie sans issue ou dans le désert. Nous ne voulons pas avoir à dire, à la fin: j'ai pris la mauvaise route, ma vie est un échec, elle s'est mal passée. Nous voulons nous réjouir de la vie; nous voulons, comme l'a dit une fois Jésus, "avoir la vie en abondance".
Mais écoutons à présent le voyant de l'Apocalypse. Que nous a-t-il dit dans ce passage qui vient de nous être lu? Il nous parle d'un monde réconcilié. D'un monde dans lequel les hommes "de toutes nations, races, peuples et langues" (7, 9), sont réunis dans la joie. Alors, nous nous demandons: "Comment cela peut-il se produire? Quelle est la route qui y conduit?". Et bien, la première chose, la plus importante, est: ces personnes vivent avec Dieu; Il a étendu "sur eux sa tente" (7, 15), dit notre Lecture. Et nous nous demandons encore: "Quelle est cette "tente de Dieu"? Où se trouve-t-elle? Comment pouvons-nous y arriver?". Le voyant fait peut-être allusion au premier chapitre de l'Evangile de Jean, où l'on lit: "Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous" (1, 14). Dieu n'est pas loin de nous, dans un lieu très éloigné de l'univers, où personne ne peut arriver. Il a placé sa tente parmi nous: en Jésus, il est devenu l'un de nous, de chair et de sang, comme nous. Telle est sa tente. Et lors de l'Ascension, il n'est pas allé dans un lieu éloigné de nous. Sa tente, Lui-même avec son Corps, reste parmi nous comme l'un de nous. Nous pouvons le tutoyer et parler avec Lui. Il nous écoute et, si nous sommes attentifs, nous entendons également qu'Il nous répond.
Je répète: en Jésus c'est Dieu qui "place sa tente" parmi nous. Mais je répète également: Où cela se passe-t-il précisément? Notre Lecture apporte deux réponses à cette question. Elle dit à propos des hommes réconciliés qu'"ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" (7, 14). Cela retentit de façon très étrange pour nous. Dans le langage codé du voyant, cela constitue une allusion au Baptême. La parole à propos du "sang de l'Agneau" fait allusion à l'amour de Jésus qu'Il a conservé jusqu'à sa mort sanglante. Cet amour divin et en même temps humain est le bain dans lequel Il nous plonge dans le Baptême - le bain dans lequel il nous lave, nous rendant propres au point d'être dignes de Dieu, de pouvoir vivre en sa compagnie. Cependant, l'acte du Baptême n'est qu'un début. En marchant avec Jésus, dans la foi et dans la vie avec Lui, son amour nous touche pour nous purifier et nous rendre lumineux. Nous avons entendu que, dans le bain de l'amour, les vêtements sont devenus blancs. Dans l'esprit du monde antique, le blanc était la couleur de la lumière. Les vêtements blancs signifient que, dans la foi, nous devenons lumière, nous effaçons les ténèbres, le mensonge, la fausseté, le mal en général, nous devenons des personnes claires, dignes de Dieu. L'habit baptismal, ainsi que celui de la Première communion que vous portez, veulent nous le rappeler et nous dire: grâce à la coexistence avec Jésus et avec la communauté des croyants, avec l'Eglise, deviens toi aussi une personne lumineuse, une personne de vérité et de bonté - une personne de laquelle transparaît la splendeur du bien, de la bonté de Dieu lui-même.
La deuxième réponse à la question "où trouvons-nous Jésus?", nous est à nouveau donnée par le voyant dans son langage codé. Il dit que l'Agneau guide la multitude de personnes de chaque culture et nation aux sources d'eau vive. Sans eau, il n'y a pas de vie. Les personnes dont la patrie côtoyait le désert le savaient bien. Ainsi, l'eau de la source est devenue pour elles le symbole de la vie par excellence. L'Agneau, c'est-à-dire Jésus, guide les hommes aux sources de la vie. L'Ecriture Sainte, à travers laquelle Dieu nous parle et nous dit comment vivre de manière juste, fait partie de ces sources. Mais ces sources possèdent davantage encore: en vérité, la source authentique est Jésus lui-même, en qui Dieu se donne à nous. Et il accomplit cela en particulier dans la sainte Communion, dans laquelle nous pouvons, pour ainsi dire, boire directement à la source de la vie: Il vient à nous et s'unit à chacun de nous. Nous pouvons le constater: à travers l'Eucharistie, le Sacrement de la Communion, se forme une communauté qui dépasse toutes les frontières et embrasse toutes les langues - nous le voyons ici: des Evêques de toutes les langues et de toutes les parties du monde sont présents - à travers la communion se forme l'Eglise universelle, dans laquelle Dieu parle et vit avec nous. C'est de cette façon que nous devons recevoir la Communion: comme une rencontre avec Jésus, avec Dieu lui-même, qui nous guide aux sources de la vie véritable.
Chers parents! Je voudrais vous inviter vivement à aider vos enfants à croire, vous inviter à les accompagner dans leur chemin vers la Première Communion, un chemin qui se poursuit ensuite, à les accompagner sur leur chemin vers Jésus et avec Jésus. Je vous en prie, allez avec vos enfants à l'église pour participer à la célébration eucharistique du dimanche! Vous verrez que cela n'est pas du temps perdu; c'est en revanche ce qui conserve la famille véritablement unie, en lui donnant son centre. Le dimanche devient plus beau, toute la semaine devient plus belle si vous participez ensemble à la liturgie dominicale. Et, s'il vous plaît, priez aussi ensemble à la maison: à table et avant d'aller vous coucher. La prière nous conduit non seulement vers Dieu, mais également l'un vers l'autre. C'est une force de paix et de joie. La vie en famille devient plus joyeuse et acquiert un souffle plus ample, si Dieu y est présent et que l'on ressent sa proximité dans la prière.
Chers professeurs de religion et chers éducateurs! Je vous prie de tout coeur de conserver vivante à l'école la recherche de Dieu, de ce Dieu qui en Jésus Christ s'est rendu visible à nous. Je sais que dans notre monde pluraliste, il est difficile d'établir un discours sur la foi à l'école. Mais il n'est absolument pas suffisant que les enfants et les jeunes n'acquièrent à l'école que des connaissances et des capacités techniques, et non les critères qui donnent aux connaissances et aux capacités une orientation et un sens. Stimulez les élèves pour qu'ils posent des questions non seulement sur telle ou telle chose - ce qui est également positif -, mais qu'ils interrogent en particulier pour savoir "d'où" et "vers où" va notre vie. Aidez-les à se rendre compte que toutes les réponses qui ne parviennent pas jusqu'à Dieu sont trop courtes.
Chers pasteurs d'âmes et vous tous qui exercez des activités d'assistance dans la paroisse, je vous demande de faire tout votre possible pour faire de la paroisse une patrie intérieure pour les hommes - une grande famille, dans laquelle nous vivons en même temps l'expérience de la famille encore plus grande qu'est l'Eglise universelle, en apprenant à travers la liturgie, la catéchèse et toutes les manifestations de la vie paroissiale à marcher ensemble sur le chemin de la vie véritable.
Les trois lieux de la formation - famille, école et paroisse - vont de pair et nous aident à trouver la route vers les sources de la vie; en vérité, chers enfants, chers parents, chers éducateurs, nous tous désirons "la vie en abondance".
Amen.






Homélie de la Messe
Place du Sanctuaire d'Altötting
Lundi 11 septembre


Chers confrères dans le ministère épiscopal et sacerdotal!
Chers frères et soeurs!
Dans la première lecture, dans le Psaume responsorial et dans le passage de l'Evangile de ce jour, nous rencontrons trois fois, de manière toujours différente, Marie, la Mère du Seigneur, comme une personne qui prie. Dans le Livre des Actes, nous la rencontrons au milieu de la communauté des Apôtres, qui se sont réunis au Cénacle et qui invoquent le Seigneur qui est monté au Père, afin qu'il accomplisse sa promesse: "Mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours" (Ac 1, 5). Marie guide l'Eglise naissante dans la prière; elle est presque l'Eglise priante en personne. Et ainsi, avec la grande communauté des saints et comme leur centre, elle se trouve encore aujourd'hui devant Dieu et intercède pour nous, demandant à son fils d'envoyer à nouveau son Esprit dans l'Eglise et dans le monde et de renouveler la face de la terre.
Nous avons répondu à cette lecture en chantant avec Marie la grande louange qu'elle avait entonnée, quand Elisabeth l'appela bienheureuse en raison de sa foi. C'est une prière d'action de grâce, de joie en Dieu, de bénédiction pour ses grandes oeuvres. La teneur de ce chant apparaît immédiatement dans la première parole: "Mon âme magnifie - c'est-à-dire exalte - le Seigneur". Exalter Dieu signifie lui donner une place dans le monde, dans notre propre vie, le laisser entrer dans notre temps et dans notre action: telle est l'essence la plus profonde de la prière véritable. Là où Dieu devient grand, l'homme ne devient pas petit: là, l'homme aussi devient grand et le monde lumineux.
Enfin, dans le passage évangélique Marie adresse à son Fils une demande en faveur de ses amis qui se trouvent en difficulté. A première vue, cela peut apparaître une conversation tout à fait humaine entre Mère et Fils; et, en effet, c'est également un dialogue rempli de profonde humanité. Toutefois, Marie ne s'adresse pas simplement à Jésus comme à un homme, en comptant sur son initiative et sa disponibilité à porter secours. Elle confie une nécessité humaine à son pouvoir - à un pouvoir qui va au-delà de l'habileté et de la capacité humaine. Et ainsi, dans le dialogue avec Jésus, nous la voyons réellement comme une Mère qui demande, qui intercède. Cela vaut la peine d'approfondir un peu plus la compréhension de ce passage évangélique: pour mieux comprendre Jésus et Marie, mais précisément aussi pour apprendre de Marie à prier de manière juste. Marie n'adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: "Ils n'ont pas de vin" (Jn 2, 3). En Terre Sainte, les noces étaient fêtées pendant une semaine entière; tout le village y participait, et l'on consommait donc de grandes quantités de vin. Or, les époux se trouvent en difficulté, et Marie le dit simplement à Jésus. Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Nous constatons ainsi deux choses dans les simples paroles de la Mère de Jésus: d'une part, sa sollicitude affectueuse pour les hommes, l'attention maternelle avec laquelle elle perçoit la situation difficile d'autrui; nous voyons sa bonté cordiale et sa disponibilité à aider. Telle est la Mère vers laquelle les fidèles se mettent en pèlerinage depuis des générations, ici à Altötting. C'est à Elle que nous confions nos préoccupations, les nécessités et les situations difficiles. Cette bonté prête à aider de la Mère, à laquelle nous nous confions, c'est ici, dans l'Ecriture Sainte, que nous la voyons pour la première fois. Mais à ce premier aspect très familier à tous s'en ajoute un autre, qui nous échappe facilement: Marie remet tout au jugement du Seigneur. A Nazareth, elle a remis sa volonté, la plongeant dans celle de Dieu: "Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38). Telle est son attitude permanente de fond. Ainsi, elle nous enseigne à prier: ne pas vouloir affirmer face à Dieu notre volonté et nos désirs, aussi importants et raisonnables qu'ils puissent nous sembler; mais les présenter devant Lui et le laisser décider de ce qu'il veut faire. De Marie, nous apprenons la bonté prête à aider, mais également l'humilité et la générosité d'accepter la volonté de Dieu, en ayant confiance en Lui, certains que sa réponse, quelle qu'elle soit, sera notre bien, mon bien véritable.
Je crois que nous pouvons très bien comprendre l'attitude et les paroles de Marie; il nous est cependant d'autant plus difficile de comprendre la réponse de Jésus. Déjà, l'appellation ne nous plaît pas: "Femme" - pourquoi ne dit-il pas: mère? En réalité, ce titre exprime la position de Marie dans l'histoire du salut. Il renvoie à l'avenir, à l'heure de la crucifixion, où Jésus lui dira: "Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère" (cf. Jn 19, 26-27). Il indique donc à l'avance l'heure où Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples. D'autre part, ce titre évoque le récit de la création d'Eve: Adam, au milieu de la création et de toute sa richesse, se sent seul, comme être humain. Eve est alors créée, et en elle, il trouve la compagne qu'il attendait et qu'il appelle du nom de "femme". Ainsi, dans l'Evangile de Jean, Marie représente la femme nouvelle, définitive, la compagne du Rédempteur, notre Mère: l'appellation apparemment peu affectueuse exprime en revanche la grandeur de sa mission éternelle.
Mais ce que Jésus dit ensuite à Marie, à Cana, nous plaît encore moins: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée" (Jn 2, 4). Nous serions tentés de répondre: Tu as beaucoup à voir avec elle! C'est elle qui t'a donné ta chair et ton sang, ton corps. Et pas seulement ton corps: avec son "oui", provenant du plus profond de son coeur, elle t'a porté dans son sein et, avec amour maternel, elle t'a donné le jour et introduit dans la communauté du peuple d'Israël. Mais si nous parlons ainsi avec Jésus, nous sommes déjà sur la bonne voie pour comprendre sa réponse. Car tout cela doit rappeler à notre esprit que lors de l'incarnation de Jésus, deux dialogues vont de pair et se fondent l'un avec l'autre, devenant une seule chose. Il y a tout d'abord le dialogue que Marie entretient avec l'Archange Gabriel, et dans lequel elle dit: "Qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38). Mais il existe un texte parallèle à celui-ci, un dialogue, pour ainsi dire, à l'intérieur de Dieu, qui nous est rapporté par la Lettre aux Hébreux, quand il est dit que les paroles du Psaume 40 sont devenues comme un dialogue entre le Père et le Fils - un dialogue dans lequel commence l'incarnation. Le Fils éternel dit au Père: "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps... Voici je viens... pour faire [...] ta volonté" (He 10, 5-7; cf. Ps 40, 6-8). Le "oui" du Fils: "Je viens pour faire ta volonté", et le "oui" de Marie: "Qu'il m'advienne selon ta parole" - ce double "oui" devient un unique "oui", et ainsi, le Verbe devient chair en Marie. Dans ce double "oui", l'obéissance du Fils prend corps; Marie, avec son "oui" lui donne un corps. "Que me veux-tu, femme?". Ce qu'au plus profond ils ont à voir l'un avec l'autre, c'est ce double "oui", dans la concomitance duquel a eu lieu l'incarnation. C'est ce point de leur très profonde unité que le Seigneur vise à travers sa réponse. C'est précisément là que renvoie la Mère. Là, dans ce "oui" commun à la volonté du Père, se trouve la solution. Nous devons nous aussi apprendre toujours à nouveau à nous acheminer vers ce point; là apparaît la réponse à nos interrogations.
A partir de là, nous comprenons à présent également la deuxième phrase de la réponse de Jésus: "Mon heure n'est pas encore venue". Jésus n'agit jamais seulement de lui-même; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c'est précisément cela qui l'unit à Marie, car c'est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu'elle a voulu elle aussi déposer sa demande. C'est pourquoi, après la réponse de Jésus, qui semble repousser la demande, elle peut dire de manière surprenante aux serviteurs avec simplicité: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5). Jésus n'accomplit pas un prodige, il ne joue pas de son pouvoir dans un événement qui est au fond entièrement privé. Non, il accomplit un signe, avec lequel il annonce son heure, l'heure des noces, l'heure de l'union entre Dieu et l'homme. Il ne "produit" pas simplement du vin, mais il transforme les noces humaines en une image des noces divines, auxquelles le Père invite à travers le Fils et dans lesquelles Il donne la plénitude du bien, représentée dans l'abondance du vin. Les noces deviennent l'image de ce moment, où Jésus pousse l'amour jusqu'à l'extrême, laisse déchirer son corps et se donne ainsi à nous pour toujours, devient une seule chose avec nous - noces entre Dieu et l'homme. L'heure de la Croix, l'heure à laquelle naît le Sacrement dans lequel il se donne réellement à nous en chair et en sang, où il place son Corps entre nos mains et dans notre coeur, telle est l'heure des noces. Ainsi, de manière véritablement divine, est également résolue la nécessité du moment et la demande initiale est largement dépassée. L'heure de Jésus n'est pas encore arrivée, mais dans le signe de la transformation de l'eau en vin, dans le signe du don de fête, il anticipe déjà son heure au moment présent.
Son "heure" est la Croix; son heure définitive sera son retour à la fin des temps. Il anticipe également sans cesse précisément cette heure définitive dans l'Eucharistie, dans laquelle il vient toujours déjà à présent. Et il le fait toujours à nouveau par l'intercession de sa Mère, par l'intercession de l'Eglise, qui l'invoque dans les prières eucharistiques: "Viens, Seigneur Jésus!". Dans le Canon, l'Eglise implore toujours à nouveau cette anticipation de l'"heure", elle demande qu'il vienne déjà à présent et qu'il se donne à nous. Ainsi, nous voulons nous laisser guider par Marie, par la Mère des grâces d'Altötting, par la Mère de tous les fidèles, vers l'"heure" de Jésus. Nous Lui demandons le don de le reconnaître et de le comprendre toujours davantage. Et faisons en sorte que le moment où l'on reçoit ne soit pas seulement limité à celui de la Communion. Il reste présent dans l'Hostie sainte et nous attend sans cesse. L'adoration du Seigneur dans l'Eucharistie a trouvé à Altötting, dans l'antique salle du trésor, un lieu nouveau. Marie et Jésus vont de pair. A travers Elle, nous voulons continuer à dialoguer avec le Seigneur, en apprenant ainsi à mieux le recevoir. Sainte Mère de Dieu, prie pour nous, comme à Cana, tu as prié pour les époux! Guide-nous vers Jésus - toujours à nouveau! Amen!







Méditation lors des Vêpres,
en présence des religieux et séminaristes

Basilique Sainte-Anne, Altötting
Lundi 11 septembre

Chers amis!
Dans ce lieu de grâce, Altötting, nous sommes réunis - séminaristes en chemin vers le sacerdoce, prêtres, religieuses et religieux et membres de l'Œuvre pontificale pour les Vocations de consécration spéciale - dans la Basilique Sainte-Anne devant le sanctuaire de sa fille, la Mère du Seigneur. Nous nous sommes réunis pour nous interroger sur notre vocation au service de Jésus Christ et pour comprendre notre vocation sous le regard de sainte Anne, dans la maison de laquelle a mûri la vocation la plus grande de l'histoire du salut. Marie reçut sa vocation de la bouche de l'Ange. L'Ange n'entre pas

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