Vie spirituelle

La femme (Sainte Edith Stein)


La femme occupe une place surnaturelle dans la maternité surnaturelle de l'Église. Tout d'abord par sa maternité physique, car, pour que l'Église s'accomplisse, il est nécessaire que l'humanité se perpétue, la vie de la grâce ayant pour condition la vie naturelle.

La réalité de l'âme et du corps de la femme est construite pour la maternité naturelle, et la création de la descendance sanctifiée par le sacrement du mariage, est partie intégrante du processus vital de l'Église.
La participation de la femme à la maternité surnaturelle va cependant plus loin. Elle a la vocation de réveiller la vie de la grâce et de coopérer au développement de celle-ci dans ses enfants, si bien qu'elle représente un organe immédiat de la maternité surnaturelle de l'Eglise. Sur ce point d'ailleurs, elle n'est pas limitée à ses propres enfants. Tout d'abord, le sacrement du mariage éveille dans les époux la vocation de s'encourager mutuellement sur le chemin de la grâce. En outre, il est du devoir de la femme au foyer d'étendre sa sollicitude maternelle à tous ceux qui vivent sous sa sauvegarde.
Finalement c'est un devoir essentiellement chrétien que d'éveiller et d'encourager la vie de la foi dans les âmes, chaque fois qu'il est possible de le faire. Si, cependant, l'accomplissement de ce devoir relève tout spécialement de la vocation de la femme, c'est grâce à la place qu'elle occupe auprès du Seigneur.
L'histoire de la création plaçait la femme aux côtés de l'homme comme une compagne qui devait lui correspondre : l'un et l'autre devaient ne faire qu'un. L'épître de saint Paul aux Éphésiens compare symboliquement cette union à celle qui existe entre la tête et le corps, à celle qui existe entre le Christ et l'Église. La femme peut donc être considérée comme le symbole de l'Église. La naissance d'Ève sortie de la côte d'Adam est interprétée comme une préfiguration de la naissance de la nouvelle Ève, ce qui permet de comprendre comment Marie, mais aussi toute l'Église, est sortie du flanc ouvert du nouvel Adam. La femme qu'un mariage authentiquement chrétien, c'est à dire une indissoluble communauté de vie et d'amour, lie à son mari, représente l'Église, fiancée de Dieu.
D'une façon plus profonde encore et plus parfaite aussi, l'Église est personnellement incarnée dans la femme qui a consacré sa vie au Seigneur comme sponsa Christi et qui a contracté avec lui des liens indissolubles. Elle se tient elle-même à ses côtés ; exactement comme l'Église et comme la mère de Dieu, image première de l'Église et cellule porteuse de germe, elle collabore à son oeuvre de rédemption. Le don total de tout son être et de toute sa vie implique la volonté de vivre et d'agir avec le Christ, ce qui signifie également celle de souffrir et de mourir avec lui, de cette mort terrible d'où est issue la grâce.
Ainsi la vie de la fiancée de Dieu se transforme en maternité surnaturelle dont bénéficie toute l'humanité rachetée et peu importe qu'elle ait travaillé elle-même d'une façon immédiate pour le salut des âmes, ou bien que son seul sacrifice personnel produise des fruits de grâce dont ni elle-même ni personne n'a peut-être conscience ...
[in la femme et sa destinée, 'Intégration de la femme dans le corps mystique du Christ' (1931) pp. 126-128 (épuisé)]

... Selon l'ordre primitif, sa place est à côté de l'homme pour soumettre la terre et veiller sur leur descendance. Mais le corps et l'âme de la femme sont moins armés pour le combat et pour la conquête que pour les soins, la protection et la sauvegarde. Des trois attitudes qui peuvent être prises à l'égard du monde extérieur et selon lesquelles on aspire soit à la connaissance, soit à la jouissance, soit à la création, c'est en général la seconde qui lui correspond le mieux ; la femme semble être, à un plus haut degré que l'homme, capable d'éprouver une joie respectueuse devant les créatures. (... ) Quant à cette mystérieuse annonce d'une victoire de la femme sur le serpent, victoire remportée par la Reine de toutes les femmes pour l'humanité tout entière, il en résulte, dans la nature féminine, une réceptivité particulière pour ce qui est bon et un dégoût de ce qui est bas et vulgaire.
[in la femme et sa destinée, 'Vocation de l'homme et de la femme' (1932)
pp. 170-178 (épuisé)]

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