Benoît XVI de A à Z

Personne âgée - Grands Parents

 

 

 

2005

 

 

26 mai 2005 – Homélie Messe Corpus Domini

     L'Eucharistie est, pour la foi, un mystère d'intimité. Le Seigneur a institué le Sacrement du Cénacle, entouré de sa nouvelle famille, des douze apôtres, préfiguration et anticipation de l'Eglise de tous les temps. C'est pourquoi, dans la liturgie de l'Eglise antique, la distribution de la sainte communion était introduite par les paroles suivantes:  Sancta sanctis - le don saint est destiné à ceux qui sont rendus saints. On répondait de cette façon à l'avertissement de saint Paul aux Corinthiens:  "Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe" (1 Co 11, 28). Toutefois, de cette intimité, qui est un don très personnel du Seigneur, la force du sacrement de l'Eucharistie va au-delà des murs de notre Eglise. Dans ce Sacrement, le Seigneur est toujours en marche vers le monde. Cet aspect universel de la présence eucharistique apparaît dans la procession de notre fête. Nous portons le Christ, présent dans la figure du pain, dans les rues de notre ville. Nous confions ces rues, ces maisons - notre vie quotidienne - à sa bonté. Que nos rues soient les routes de Jésus! Que nos maisons soient des maisons pour lui et avec lui! Que notre vie de tous les jours soit empreinte de sa présence. Avec ce geste, nous plaçons sous son regard les souffrances des malades, la solitude des jeunes et des personnes âgées, les tentations, les peurs - toute notre vie.

 

 

21 août 2005 – Homélie Messe JMJ à Cologne

         "Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps" dit saint Paul (1 Co 10, 17). En cela il entend dire:  Puisque nous recevons le même Seigneur et que Lui nous accueille et nous attire en lui, nous sommes une seule chose aussi entre nous. Cela doit se manifester dans la vie. Cela doit se voir dans la capacité à pardonner. Cela doit se manifester dans la sensibilité aux besoins de l'autre. Cela doit se manifester dans la disponibilité à partager. Cela doit se manifester dans l'engagement envers le prochain, celui qui est proche comme celui qui est extérieurement loin, mais qui nous regarde toujours de près. Il existe aujourd'hui des formes de bénévolat, des modèles de service mutuel, dont notre société a précisément un besoin urgent. Nous ne devons pas, par exemple, abandonner les personnes âgées à leur solitude, nous ne devons pas passer à côté de ceux qui souffrent. Si nous pensons et si nous vivons dans la communion avec le Christ, alors nos yeux s'ouvriront. Alors nous ne nous contenterons plus de vivoter, préoccupés seulement de nous-mêmes, mais nous verrons où et comment nous sommes nécessaires. En vivant et en agissant ainsi, nous nous apercevrons bien vite qu'il est beaucoup plus beau d'être utiles et d'être à la disposition des autres que de se préoccuper seulement des facilités qui nous sont offertes.

 

 

2007

 

 

3 janvier 2007 – Audience Générale

     Les plus de deux mille ans d'histoire chrétienne sont remplis d'exemples d'hommes et de femmes, de jeunes et d'adultes, d'enfants et de personnes âgées qui ont cru au mystère de Noël, qui ont ouvert les bras à l'Emmanuel en devenant par leur vie des phares de lumière et d'espérance.

 

4 février 2007 - Angélus
    
Nous savons bien que la famille fondée sur le mariage constitue le milieu naturel pour la naissance et l'éducation des enfants et par conséquent pour assurer l'avenir de l'humanité entière. Nous savons également cependant que celle-ci est marquée par une profonde crise et doit aujourd'hui faire face à de multiples défis. Il convient par conséquent de la défendre, de l'aider, de la protéger et de la valoriser dans son caractère unique et irremplaçable. Si cette tâche revient en premier lieu aux époux, l'Eglise ainsi que toute institution publique a également comme devoir prioritaire de soutenir la famille à travers des initiatives pastorales et politiques, qui tiennent compte des besoins réels des conjoints, des personnes âgées et des nouvelles générations.

 

 

 

 

10 mai 2007 – Avec les jeunes, au Brésil

     Soyez des hommes et des femmes libres et responsables; faites de la famille un centre rayonnant de paix et de joie; soyez des promoteurs de la vie, de son commencement à son déclin naturel; protégez les personnes âgées, car elles méritent le respect et l'admiration pour le bien qu'elles vous ont fait.

 

 

 

7 septembre 2007 – Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche

      Le débat sur ce qu’on appelle « l’aide active à mourir » constitue aussi pour moi une vive préoccupation. Il est à craindre qu’un jour puisse être exercée une pression non déclarée ou même explicite sur les personnes gravement malades ou âgées pour qu’elles demandent la mort ou pour qu’elles se la donnent elles-mêmes. La réponse juste à la souffrance en fin de vie est une attention pleine d’amour, l’accompagnement vers la mort – en particulier aussi avec l’aide de la médecine palliative – et non une « aide active à mourir ». Pour soutenir un accompagnement humain vers la mort il faudrait mettre en place des réformes structurelles dans tous les domaines du système sanitaire et social, ainsi que des structures d’assistance palliative. Ensuite, il faudrait prendre aussi des mesures concrètes: dans l’accompagnement psychologique et pastoral des personnes gravement malades et des mourants, de leurs parents, des médecins et du personnel soignant. Toutes ces tâches, cependant, ne peuvent leur être déléguées à eux seuls. Beaucoup d’autres personnes doivent être prêtes ou être encouragées à se rendre disponibles, sans regarder au temps ni à la dépense pour se consacrer à l’assistance pleine d’amour aux personnes gravement malades et aux mourants.

 

 

9 septembre 2007 – Rencontre avec le monde du Volontariat, à Vienne

     Il est beau de rencontrer des personnes qui, dans notre société, s'efforcent de donner un visage au message de l'Evangile; voir des personnes âgées et des jeunes qui manifestent de façon concrète dans l'Eglise et dans la société l'amour par lequel, en tant que chrétiens, nous devons être conquis : c'est l'amour de Dieu qui fait reconnaître dans l'autre notre prochain, notre frère ou notre sœur !

 

 

 

2008

 

 

 

 

 

25 février 2008 – Au Congrès de l’Académie Pontificale pour la Vie

     C'est avec une grande joie que j'adresse mon salut à vous tous qui participez au Congrès organisé par l'Académie pontificale pour la Vie sur le thème "Aux côtés du malade incurable et de la personne en fin de vie: orientations éthiques et pratiques".

 

     Rien qu'à lire les titres des interventions du congrès, on peut comprendre le vaste panorama de vos réflexions et l'intérêt qu'elles revêtent pour le temps présent, particulièrement dans le monde sécularisé d'aujourd'hui. Vous essayez de donner des solutions aux nombreux problèmes posés chaque jour par le progrès continuel des sciences médicales qui s'appuient toujours davantage sur des outils technologiques de haut niveau. Face à tout cela, apparaît le défi urgent pour tous et particulièrement pour l'Eglise, animée par le Seigneur ressuscité, de placer dans le large horizon de la vie humaine la splendeur de la vérité révélée et le soutien de l'espérance.

 

     Quand une vie s'éteint qu'elle soit d'un âge avancé, ou au contraire à l'aube d'une existence terrestre, ou dans la pleine fleur de l'âge pour des raisons imprévues, on ne doit pas y voir seulement un processus biologique qui s'épuise, ou une biographie qui s'achève, mais plutôt une nouvelle naissance et une existence renouvelée, offerte par le Ressuscité à qui ne s'est pas opposé à son Amour. Avec la mort, l'existence terrestre trouve sa fin, mais à travers la mort s'ouvre également, pour chacun de nous, au delà du temps, la vie pleine et définitive. Le Seigneur de la vie est présent aux côtés du malade comme Celui qui vit et donne la vie, Celui qui a dit: "Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante." (Jn 10, 10), "Je suis la Résurrection et la Vie. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra" (Jn 11, 25) et "je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6, 54). Dans ce moment solennel et sacré, tous les efforts faits dans l'espérance chrétienne pour nous améliorer ainsi que le monde qui nous est confié, purifiés par la Grâce, trouvent leur sens et s'enrichissent grâce à l'amour de Dieu Créateur et Père. Quand, au moment de la mort, la relation avec Dieu se réalise pleinement dans la rencontre avec "Celui qui ne meurt pas, qui est Lui-même la Vie et l'Amour, alors nous sommes dans la vie. Alors "nous vivons"" (Benoît XVI, Spe Salvi, n. 27). Pour la communauté des croyants, cette rencontre de la personne en fin de vie avec la Source de la Vie et de l'Amour représente un don qui a une valeur pour tous, qui enrichit la communion de tous les fidèles. Comme tel, cela doit retenir l'attention et la participation de la communauté, non seulement de la famille des parents proches, mais, dans les limites et dans les formes possibles, de toute la communauté qui a été liée à la personne mourante. Aucun croyant ne devrait mourir dans la solitude et dans l'abandon. Mère Teresa de Calcutta recueillait avec une attention particulière les pauvres et les personnes abandonnées, pour qu'au moins, au moment de la mort, ils puissent ressentir, dans le réconfort de leurs sœurs et de leurs frères, la chaleur du Père.

 

     Mais ce n'est pas seulement la communauté chrétienne, du fait de ses liens de communion surnaturels particuliers, qui est engagée à accompagner et célébrer en ses membres le mystère de la douleur et de la mort et l'aube de la nouvelle vie. En réalité, c'est toute la société au travers de ses institutions civiles et de santé qui est appelée à respecter la vie et la dignité du malade grave et de la personne en fin de vie. Même si elle a conscience du fait que "ce n'est pas la science qui rachète l'homme" (Benoît XVI, Spe Salvi, n. 26), la société entière et en particulier les secteurs liés à la science médicale sont tenus d'exprimer la solidarité de l'amour, la sauvegarde et le respect de la vie humaine à chaque moment de son développement terrestre, surtout lors de la maladie ou dans la phase terminale de celle-ci. Plus concrètement, il s'agit d'assurer à chaque personne qui en aurait besoin le soutien nécessaire par les thérapies et les interventions médicales appropriées, identifiées et gérées suivant les critères de la proportionnalité médicale, en tenant toujours compte du devoir moral d'administrer (du côté du médecin) et de recevoir (du côté du patient) ces moyens de préservation de la vie qui, dans la situation concrète, résultent "ordinaires". En ce qui concerne, en revanche, les thérapies particulièrement à risques ou qu'il serait prudent de juger "extraordinaires", il faudra considérer comme moralement légitime, mais facultatif, le recours à celles-ci. De plus, il faudra toujours assurer à chaque personne les soins nécessaires qui lui sont dus, ainsi que le soutien aux familles les plus éprouvées par la maladie de l'un des leurs, surtout si elle est grave et prolongée. De même, du côté de la réglementation du travail, on reconnait habituellement des droits spécifiques aux membres de la famille au moment d'une naissance; de la même manière, et particulièrement dans certaines circonstances, des droits similaires devraient être reconnus aux parents proches au moment de la phase terminale de la maladie d'un de leurs parents. Une société solidaire et humanitaire ne peut pas ne pas tenir compte des conditions difficiles des familles qui, parfois pendant de longues périodes, doivent porter le poids des soins à domicile de malades graves non autonomes. Un plus grand respect pour la vie humaine individuelle passe inévitablement par la solidarité concrète de tous et de chacun, ce qui constitue un des défis les plus urgents de notre temps.

 

     Comme je l'ai rappelé dans l'Encyclique Spe Salvi, "la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine" (n. 38). Dans une société complexe, fortement influencée par les dynamiques de la productivité et par les exigences de l'économie, les personnes fragiles et les familles les plus pauvres, dans des moments de difficultés financières ou en cas de maladie, risquent d'être bouleversées. On trouve de plus en plus dans les grandes villes des personnes âgées seules, même dans des moments de grave maladie et à l'approche de la mort. Dans de telles situations, l'euthanasie devient pressante, surtout quand s'insinue une vision utilitariste à l'égard de la personne. A ce propos, je saisis cette occasion de répéter, encore une fois, la ferme et constante condamnation éthique de toute forme d'euthanasie directe, suivant l'enseignement pluriséculaire de l'Eglise.

 

     L'effort synergique de la société civile et de la communauté des croyants doit viser à obtenir que tout le monde puisse non seulement vivre en restant digne et responsable, mais aussi traverser le moment de l'épreuve et de la mort dans la situation la meilleure de fraternité et de solidarité, même là où la mort survient dans une famille pauvre ou sur un lit d'hôpital. L'Eglise, avec ses institutions déjà en place et de nouvelles initiatives, est appelée à offrir le témoignage de la charité active, spécialement envers les situations critiques de personnes non autonomes et privées de soutiens familiaux, et envers les malades graves nécessitant des soins palliatifs, en plus d'une assistance religieuse appropriée. D'une part, la mobilisation spirituelle des communautés paroissiales et diocésaines et, de l'autre, la création ou la qualification des structures dépendantes de l'Eglise, pourront animer et sensibiliser tout le milieu social, pour qu'à chaque homme qui souffre et en particulier au moment de la mort, soit offerte et témoignée la solidarité et la charité. La société, de son côté, ne peut manquer d'assurer le soutien dû aux familles qui envisagent de recueillir chez elles, pour des périodes parfois longues, des malades atteints de pathologies dégénératives (tumorales, neuro-dégénératives, etc.) ou nécessitant une assistance particulièrement lourde. Nous demandons d'une manière particulière le concours de toutes les forces vives et responsables de la société pour ces institutions d'assistance spécifique qui mobilisent un personnel nombreux et spécialisé et des équipements particulièrement onéreux. C'est surtout dans ces domaines que la synergie entre l'Eglise et les Institutions peut se révéler particulièrement précieuse pour assurer l'aide nécessaire à la vie humaine dans ses moments de fragilité.

 

     Alors que je souhaite qu'à l'occasion de ce Congrès international, célébré en liaison avec le Jubilé des apparitions à Lourdes, on puisse formuler de nouvelles propositions pour soulager la situation de tous les malades en phase terminale, je vous encourage à poursuivre votre engagement louable au service de la vie dans toutes ses phases.

 

 

9 juin 2008 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Dans l'Encyclique Spe salvi j'ai écrit:  "Tout agir sérieux et droit de l'homme est espérance en acte" (n. 35). En tant que disciples de Jésus, nous participons avec joie à l'effort pour rendre le visage de notre ville plus beau, plus humain et plus fraternel, pour revigorer son espérance et la joie d'une appartenance commune. Chers frères et sœurs, c'est justement la conscience intense et diffuse des maux et des problèmes que Rome porte en elle qui réveille la volonté d'un tel effort commun:  il est de notre devoir d'y apporter notre contribution spécifique, à commencer par cette articulation que sont l'éducation et la formation de la personne, mais également  en  faisant  face avec un esprit constructif aux nombreux autres problèmes concrets qui rendent souvent difficile la vie des habitants dans cette ville. Nous essaierons, en particulier, de promouvoir une culture et une organisation sociale plus favorable à la famille et à l'accueil de la vie, ainsi que la valorisation des personnes âgées, si nombreuses dans la population de Rome. Nous travaillerons à donner une réponse à ces besoins fondamentaux que sont le travail et le logement, surtout pour les jeunes. Nous partagerons l'engagement pour rendre notre ville plus sûre et "vivable", mais nous agirons pour qu'elle le soit pour tous, en particulier pour les plus pauvres, et pour que l'immigré qui vient parmi nous avec l'intention de trouver un espace de vie dans le respect de nos lois ne soit pas exclu.

    

 

17 juillet 2008 – Accueil des jeunes à Sydney

      Pensez à vos grands-parents et à vos parents, qui furent vos premiers maîtres dans la foi ! Eux aussi ont fait d’innombrables sacrifices de temps et d’énergie par amour pour vous. Avec le soutien des prêtres et des enseignants de votre paroisse, ils ont le devoir, pas toujours facile mais hautement gratifiant, de vous guider vers tout ce qui est bon et vrai, par leur exemple personnel, par leur manière d’enseigner et de vivre la foi chrétienne.

                       

      Sommes-nous attentifs aux avertissements qui nous sont lancés parce que nous avons tournés le dos à la structure morale dont Dieu a doté l’humanité (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2007, 8) ? Savons-nous reconnaître que la dignité innée de tout individu s’appuie sur son identité la plus profonde, étant image du Créateur, et que, par conséquent, les droits humains sont universels et se basent sur la loi naturelle, et qu’ils ne dépendent ni des négociations ni de la condescendance, et bien moins encore des compromis ? C’est ainsi que nous sommes amenés à réfléchir sur la place qu’occupent dans nos sociétés les indigents, les personnes âgées, les immigrés, les sans-voix. Comment se fait-il que la violence domestique tourmente tant de mères et d’enfants ? Comment se fait-il que l’espace humain, le plus beau et le plus sacré qu’est le sein maternel, soit devenu un lieu de violence indicible ?

 

7 septembre 2008 – Angelus depuis le sanctuaire marial de Bonaria – Italie.

     Que la Sainte Vierge continue de veiller sur tous et sur chacun, afin que le patrimoine des valeurs évangéliques soit transmis intègre aux nouvelles générations, et afin que le Christ règne dans les familles, dans les communautés et dans les différents milieux de la société. Que la Vierge protège en particulier ceux qui, en ce moment, ont le plus besoin de son intervention maternelle : les enfants et les jeunes, les personnes âgées et les familles, les malades et tous ceux qui souffrent.

     Conscients du rôle important que Marie joue dans l'existence de chacun de nous, en fils pleins de dévotion, nous fêtons aujourd'hui sa Nativité. Cet événement constitue une étape fondamentale pour la Famille de Nazareth, berceau de notre Rédemption; un événement qui nous concerne tous, parce que chaque don que Dieu lui a accordé, à elle, la Mère, il l'a accordé en pensant aussi à chacun de nous, ses enfants. C'est pourquoi nous demandons avec une grande reconnaissance à Marie, Mère du Verbe incarné, et notre Mère, de protéger toutes les mères sur terre : celles qui, avec leur mari, éduquent leurs enfants dans un cadre familial harmonieux, et celles qui, pour tant de motifs, se trouvent seules pour affronter une tâche si ardue. Puissent-elles toutes rendre avec dévouement et fidélité leur service quotidien dans la famille, dans l'Église et la société. Que pour toutes, Marie soit soutien, réconfort et espérance !

 

 

 

 

 

2012

 

 

12 novembre 2012 – Maison d’accueil des personnes âgées à Rome

     Je viens à vous comme évêque de Rome, mais également comme personne âgée parmi les siens. Il est inutile de dire que je connais bien les difficultés, les problèmes et les limites de cet âge, et je sais que ces difficultés, pour de nombreuses personnes, sont aggravées par la crise économique. Parfois, à un certain âge, il arrive de se tourner vers le passé, en regrettant le temps où l’on était jeune, où l’on jouissait d’énergies fraîches, où l’on faisait des projets pour l’avenir. Ainsi, parfois, le regard se voile de tristesse en considérant cette étape de la vie comme le temps du déclin. Ce matin, en m’adressant idéalement à toutes les personnes âgées, tout en étant conscient des difficultés que notre âge comporte, je voudrais vous dire avec une profonde conviction : il est beau d’être âgé ! À chaque âge, il faut savoir découvrir la présence et la bénédiction du Seigneur et les richesses qu’elle contient. Il ne faut jamais se laisser emprisonner par la tristesse ! Nous avons reçu le don d’une longue vie. Il est beau de vivre même à notre âge, malgré quelques « petits ennuis de santé » et quelques limitations. Que sur notre visage apparaisse toujours la joie de se sentir aimés par Dieu, et non pas la tristesse.

     Dans la Bible, la longévité est considérée comme une bénédiction de Dieu : aujourd’hui, cette bénédiction s’est diffusée et doit être considérée comme un don à apprécier et à valoriser. Et pourtant souvent, la société, dominée par la logique de l'efficacité et du profit, ne l’accueille pas comme tel ; au contraire, souvent elle le repousse, considérant les personnes âgées comme non productives, inutiles. Tant de fois on sent la souffrance de celui qui est marginalisé, qui vit loin de chez lui ou dans la solitude. Je pense qu’on l’on devrait agir avec un plus grand engagement, en commençant par les familles et les institutions publiques, pour faire en sorte que les personnes âgées puissent rester chez elles. La sagesse de vie dont nous sommes porteurs est une grande richesse. La qualité d’une société, je dirais d’une civilisation, se juge aussi à la façon dont les personnes âgées sont traitées et à la place qui leur est réservée dans la vie commune. Qui fait place aux personnes âgées fait place à la vie ! Qui accueille les personnes âgées accueille la vie !

     La communauté de Sant’Egidio, depuis ses débuts, a soutenu le chemin de nombreuses personnes âgées, les aidant à rester dans leur milieu de vie, ouvrant diverses maisons d’accueil à Rome et dans le monde. Au moyen de la solidarité entre jeunes et personnes âgées, elle a aidé à faire comprendre que l’Église est effectivement une famille de toutes les générations, où chacun doit se sentir « chez soi » et où ne règne pas la logique du profit et de la possession, mais celle de la gratuité et de l’amour. Lorsque la vie devient fragile, dans les années de la vieillesse, elle ne perd jamais sa valeur et sa dignité : chacun de nous, à chaque étape de l’existence, est voulu, aimé par Dieu, chacun est important et nécessaire (cf. Homélie lors de la messe inaugurale du ministère pétrinien, 24 avril 2005).

    La visite d’aujourd’hui se situe dans le cadre de l’année européenne du vieillissement actif et de la solidarité entre générations. Précisément dans ce contexte, je désire confirmer que les personnes âgées sont une valeur pour la société, surtout pour les jeunes. Il ne peut y avoir de véritable croissance humaine et éducation sans un contact fécond avec les personnes âgées, parce que leur existence elle-même est comme un livre ouvert dans lequel les jeunes générations peuvent trouver de précieuses indications pour le chemin de la vie.

     Chers amis, à notre âge, nous faisons souvent l’expérience du besoin de l’aide des autres ; et cela arrive aussi pour le Pape. Dans l’Évangile, nous lisons que Jésus dit à l’apôtre Pierre : « Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas » (Jn 21, 18). Le Seigneur se référait à la façon dont l’Apôtre témoignerait de sa foi jusqu’au martyre, mais cette phrase nous fait aussi réfléchir sur le fait que le besoin d’aide est une condition de la personne âgée. Je voudrais vous inviter à voir aussi en ceci un don du Seigneur, car c’est une grâce d’être soutenu et accompagné, de sentir l’affection des autres ! Ceci est important à toutes les étapes de la vie : personne ne peut vivre seul et sans aide ; l’être humain est relationnel. Et dans cette maison je vois, avec plaisir, que ceux qui aident et ceux qui sont aidés forment une unique famille, qui a comme sève vitale l’amour.

     Chers frères et sœurs âgés, parfois, les journées semblent longues et vides, avec des difficultés, peu d’occupations et de rencontres; ne vous découragez jamais : vous êtes une richesse pour la société, même dans la souffrance et la maladie. Et cette étape de la vie est aussi un don pour approfondir le rapport avec Dieu. L’exemple du bienheureux Jean-Paul II a été et est encore éclairant pour tous. N’oubliez pas que parmi les ressources précieuses que vous avez, il y a la ressource essentielle de la prière : devenez intercesseurs auprès de Dieu, priant avec foi et avec constance. Priez pour l’Église, pour moi aussi, pour les besoins du monde, pour les pauvres, pour qu’il n’y ait plus de violence dans le monde. La prière des personnes âgées peut protéger le monde, en l’aidant peut-être de manière plus incisive que l’agitation de nombreuses personnes. Je voudrais confier aujourd’hui à vos prières le bien de l’Église et la paix dans le monde. Le Pape vous aime et compte sur vous tous ! Sentez-vous aimés de Dieu et sachez apporter dans notre société, souvent si individualiste et portée sur l’efficacité, un rayon de l’amour de Dieu. Et Dieu sera toujours avec vous et avec ceux qui vous soutiennent par leur affection et leur aide.

     Je vous confie tous à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, qui accompagne toujours notre chemin avec son amour maternel, et je donne volontiers à chacun ma Bénédiction. Merci à tous !

 

 

 

 

 

publié le : 07 mars 2017

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