Benoît XVI de A à Z

Jeune homme riche - (Mt 19,16-22)

2007



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
Que devons-nous faire pour obtenir la vie éternelle? Je voudrais approfondir cette question avec vous. Il s'agit de la vie. La vie qui, en vous, est exubérante et belle. Que faire de celle-ci ? Comment la vivre pleinement ?

Nous comprenons immédiatement, dans la formulation de la question elle-même, que ne sont pas suffisants le "ici" et le "maintenant"; autrement dit, nous ne réussissons pas à limiter notre vie dans l'espace et dans le temps, pour autant que nous prétendions élargir ses horizons. La vie les transcende. En d'autre termes: nous voulons vivre et non mourir. Nous sentons que quelque chose nous révèle que la vie est éternelle et qu'il est nécessaire de s'engager pour que cela ait lieu. Bref, celle-ci est entre nos mains et dépend, d'une certaine manière, de notre décision.

La question de l'Evangile ne concerne pas seulement l'avenir. Elle ne concerne pas seulement ce qui adviendra après la mort. Au contraire, il existe un engagement dans le présent, ici et maintenant, qui doit garantir l'authenticité et par conséquent l'avenir. En un mot, cette demande remet en question le sens de la vie. C'est pourquoi elle peut être formulée ainsi: que dois-je faire afin que ma vie ait un sens ? C'est-à-dire: comment dois-je vivre pour saisir pleinement les fruits de la vie? Ou encore: que dois-je faire pour que ma vie ne soit pas inutile ?

Jésus est le seul qui puisse nous donner une réponse, parce qu'il est le seul qui puisse nous garantir la vie éternelle. C'est pourquoi, c'est également le seul qui parvienne à montrer le sens de la vie présente et à lui donner la plénitude de son contenu.

Mais avant de donner sa réponse, Jésus remet en question la demande du jeune sous un aspect extrêmement important: pourquoi m'interroges-tu sur ce qui est bon? Dans cette question se trouve la clé de la réponse. Ce jeune perçoit que Jésus est bon et qu'il est un maître. Un maître qui ne trompe pas. Nous sommes ici parce que nous avons cette même conviction: Jésus est bon. Il se peut que nous ne sachions pas expliquer pleinement la raison de cette perception, mais il est certain qu'elle nous rapproche de Lui et qu'elle nous ouvre à son enseignement: un maître bon. Celui qui reconnaît le bien veut dire qu'il aime. Et celui qui aime, selon l'heureuse expression de saint Jean, connaît Dieu (cf. 1 Jn 4, 7). Le jeune de l'Evangile a eu une perception de Dieu en Jésus Christ.

Jésus nous assure que seul Dieu est bon. Etre ouvert à la bonté signifie accueillir Dieu. Ainsi, Il nous invite à voir Dieu dans toutes les choses et dans tous les événements, même là où la majorité voit seulement une absence de Dieu. En voyant la beauté des créatures et en constatant la beauté présente dans chacune d'elles, il est impossible de ne pas croire en Dieu et de ne pas faire l'expérience de sa présence salvifique et réconfortante. Si nous réussissions à voir tout le bien qui existe dans le monde et, plus encore, à faire l'expérience du bien qui provient de Dieu lui-même, nous ne cesserions de nous approcher de Lui, de le louer et de lui rendre grâce. Il nous remplit sans cesse de joie et de biens. Sa joie est notre force.

Mais nous ne possédons que des connaissances partielles. Pour comprendre le bien, nous avons besoin d'aides, que l'Eglise nous offre en de nombreuses occasions, surtout dans la catéchèse. Jésus lui-même montre ce qui est bon pour nous, en nous donnant sa première catéchèse. "Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements" (Mt 19, 17). Il part de la connaissance que le jeune homme a déjà certainement reçue de sa famille et de la Synagogue: en effet, il connaît les commandements. Ils conduisent à la vie, ce qui veut dire qu'ils nous garantissent l'authenticité. Ce sont les grands indicateurs qui nous montrent la juste voie. Celui qui observe les commandements est sur le chemin de Dieu.

Il ne suffit pas, toutefois, de les connaître. Le témoignage a plus de valeur que la science, ou plutôt, c'est la science elle-même appliquée. Ils ne sont pas imposés de l'extérieur, ils ne limitent pas notre liberté. Au contraire: ils constituent de vigoureuses stimulations intérieures, qui nous portent à agir dans une certaine direction. A leur fondement se trouvent la grâce et la nature, qui ne nous laissent pas inertes. Nous devons marcher. Nous sommes poussés à faire quelque chose pour nous réaliser. Se réaliser à travers l'action, en réalité, c'est se rendre réels. Nous sommes, en grande partie, à partir de notre jeunesse, ce que nous voulons être. Nous sommes, pour ainsi dire, l'œuvre de nos propres mains.

Ici, je m'adresse de nouveau à vous, chers jeunes, car je veux entendre de vous aussi la réponse du jeune de l'Evangile: toutes ces choses, je les ai observées dès ma jeunesse. Le jeune de l'Evangile était bon. Il observait les commandements. Il marchait sur le chemin de Dieu. C'est pourquoi Jésus, à peine l'eut-il vu, l'aima. En reconnaissant que Jésus était bon, il donna la preuve que lui aussi était bon. Il avait une expérience de la bonté et, donc, de Dieu. Et vous, jeunes … avez-vous déjà découvert ce qui est bon ? Suivez-vous les commandements du Seigneur ? Avez-vous découvert que cela est le véritable et unique chemin vers le bonheur ?

L'Evangile nous assure que ce jeune qui courut à la rencontre de Jésus était très riche. Nous entendons cette richesse pas seulement sur le plan matériel. La jeunesse elle-même est une richesse singulière. Il faut la découvrir et la mettre en valeur. Jésus l'a tellement appréciée qu'il finit par inviter ce jeune à participer à sa mission de salut. Il avait en lui-même toutes les qualités requises pour une grande réalisation et une grande œuvre.

Mais l'Evangile nous rapporte que ce jeune, ayant entendu l'invitation, s'attrista. Il s'en alla abattu et triste. Cet épisode nous fait réfléchir encore une fois sur la richesse de la jeunesse. Il ne s'agit pas en premier lieu de biens matériels, mais de sa propre vie, avec les valeurs inhérentes à la jeunesse. Elle provient d'un double héritage: la vie, transmise de génération en génération, dans l'origine primaire de laquelle se trouve Dieu, empli de sagesse et d'amour; et l'éducation qui nous insère dans la culture, au point de pouvoir, en quelque sorte, dire que nous sommes davantage les enfants de la culture, et donc de la foi, que de la nature. De la vie fleurit la liberté qui, surtout dans cette phase, se manifeste comme responsabilité. Puis vient le grand moment de la décision, avec un double choix: le premier, concernant le statut de la vie, et le second concernant la profession. Voilà qui répond à la question: que faire de notre propre vie ?

En d'autres termes, la jeunesse se présente comme une richesse parce qu'elle conduit à la redécouverte de la vie comme don et comme devoir. Le jeune de l'Evangile comprit la richesse de sa propre jeunesse. Il alla auprès de Jésus, le Maître bon, pour chercher une orientation. A l'heure du grand choix, toutefois, il n'eut pas le courage de tout miser sur Jésus Christ. Par conséquent, il s'en alla triste et abattu. C'est ce qu'il arrive à chaque fois que nos décisions vacillent et deviennent mesquines et intéressées. Il comprit qu'il lui manquait la générosité, et cela ne lui permit pas une pleine réalisation. Il se replia sur sa richesse, en la faisant devenir égoïste.

Jésus regretta la tristesse et la mesquinerie du jeune qui était venu le chercher. Les Apôtres, comme vous tous et vous toutes aujourd'hui, remplirent le vide laissé par ce jeune qui s'en était allé triste et abattu. Eux et nous, sommes heureux, parce que nous savons à qui nous croyons (cf. 2 Tm 1, 12). Nous savons et nous témoignons à travers notre vie que Lui seul a les paroles de vie éternelle (cf. Jn 6, 68). C'est pourquoi, avec saint Paul, nous pouvons nous exclamer: Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! (cf. Ph 4, 4).

L'appel que je vous adresse aujourd'hui, jeunes qui êtes venus à cette rencontre, est de ne pas gaspiller votre jeunesse. Ne cherchez pas à la fuir. Vivez-la intensément. Consacrez-la aux grands idéaux de la foi et de la solidarité humaine.

Vous, les jeunes, vous n'êtes pas seulement l'avenir de l'Eglise et de l'humanité, comme s'il s'agissait d'une sorte de fuite du présent. Au contraire: vous êtes le présent jeune de l'Eglise et de l'humanité. Vous êtes son visage jeune. L'Eglise a besoin de vous, en tant que jeunes, pour manifester au monde le visage de Jésus Christ, qui se dessine dans la communauté chrétienne. Sans ce visage jeune, l'Eglise se présenterait défigurée.



30 septembre 2007 - Angelus
L'Evangile de Luc présente la parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare (Lc 16, 19-31). Le riche incarne l'utilisation injuste des richesses de la part de qui les utilise pour un luxe effréné et égoïste, pensant uniquement à sa propre satisfaction, sans se soucier le moins du monde du mendiant qui se trouve à sa porte. Le pauvre en revanche incarne la personne dont seul Dieu s'occupe : contrairement au riche, il a un nom, Lazare, abréviation de Eleazare qui signifie précisément « Dieu l'aide ». Dieu n'oublie pas celui qui est oublié de tous ; celui qui ne vaut rien aux yeux des hommes est précieux aux yeux du Seigneur. Le récit montre comment l'iniquité terrestre est renversée par la justice divine : après la mort, Lazare est accueilli « dans le sein d'Abraham », c'est-à-dire dans la béatitude éternelle, alors que le riche finit en enfer, « en proie à la torture ». Il s'agit d'un nouvel état de chose sans appel et définitif. C'est donc pendant sa vie qu'il faut se repentir. Le faire après ne sert à rien.

Nous ne pouvons pas prétendre ne pas savoir quel chemin prendre : nous avons la Loi et les Prophètes, nous dit Jésus dans l'Evangile. Celui qui ne veut pas les écouter ne changerait pas, même si quelqu'un revenait de chez les morts pour le réprimander.


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