Benoît XVI de A à Z

Dieu mendiant l'amour de l'homme

2005



4 décembre 2005 - Angelus
Le mot latin "adventus" se réfère à la venue du Christ, et met au premier plan le mouvement de Dieu vers l'humanité, auquel chacun est appelé à répondre à travers l'ouverture, l'attente, la recherche et l'adhésion. Et comme Dieu est souverainement libre dans sa révélation et son don de soi, car il n'est poussé que par l'amour, de même, la personne humaine également est libre de donner son assentiment, toutefois nécessaire: Dieu attend une réponse d'amour.



2007



Message pour le Carême 2007
Regardons le Christ transpercé sur la Croix ! Il est la révélation la plus bouleversante de l'amour de Dieu, un amour dans lequel eros et agape, loin de s'opposer, s'illuminent mutuellement. Sur la Croix c'est Dieu lui-même qui mendie l'amour de sa créature : Il a soif de l'amour de chacun de nous.



1er avril 2007 - Homélie Messe des Rameaux - XXIIème JMJ
Le Psaume 24 [23] se termine par une liturgie d'entrée devant la porte du temple: "Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles: qu'il entre le roi de gloire". Dans l'ancienne liturgie du Dimanche des Rameaux, le prêtre, parvenu devant l'église, frappait puissamment avec un bras de la croix de la procession à la porte encore fermée, qui s'ouvrait alors. C'était une belle image du mystère de Jésus lui-même qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde à la porte de Dieu; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès à Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert toute grande la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. A présent, celle-ci est ouverte. Mais de l'autre côté également, le Seigneur frappe avec sa croix: il frappe aux portes du monde, aux portes de nos cœurs, qui si souvent et en si grand nombre sont fermées pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi: si les preuves que Dieu te donne de son existence dans la création ne réussissent pas à t'ouvrir à Lui; si la parole de l'Ecriture et le message de l'Eglise te laissent indifférent - alors regarde-moi, regarde le Dieu qui pour toi a souffert, qui souffre personnellement avec toi - vois que je souffre par amour pour toi ouvre-toi à moi, ton Seigneur et ton Dieu.

Tel est l'appel, qu'en cette heure, nous laissons pénétrer dans notre cœur. Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de notre cœur, la porte du monde, afin que Lui, le Dieu vivant, puisse à travers son Fils arriver dans notre temps, atteindre notre vie.



15 avril 2007 - Homélie Messe 80 ans du Saint-Père Benoit XVI
Il est accordé à l'Apôtre Thomas de toucher les blessures de Jésus, et ainsi il le reconnaît - il le reconnaît au-delà de l'identité humaine de Jésus de Nazareth, dans son identité véritable, son identité la plus profonde : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Le Seigneur a emporté avec lui ses blessures dans l'Eternité. Il est un Dieu blessé ; il s'est laissé blesser par son amour pour nous. Ses blessures sont pour nous le signe qu'Il nous comprend et qu'Il se laisse blesser par son amour pour nous. Ces blessures qui sont les siennes, comme nous pouvons les toucher dans l'histoire de notre temps ! En effet, Il se laisse toujours de nouveau blesser pour nous. Quelle certitude de sa Miséricorde et quelle consolation ne signifient-elles pas pour nous ! Et quelle sécurité ne nous donnent-elles pas sur ce qu'Il est : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Et combien ne constituent-elles pas pour nous un devoir de nous laisser blesser à notre tour par Lui !



17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
Un aspect qui impressionnait les contemporains de François était également son ambition, sa soif de gloire et d'aventure. Ce fut cela qui le conduisit sur les champs de bataille, avant d'être fait prisonnier pendant un an à Pérouse. La même soif de gloire, une fois libre, devait le conduire dans les Pouilles, dans une nouvelle expédition militaire, mais précisément dans cette circonstance, à Spolète, le Seigneur se présenta à son cœur, le poussa à revenir sur ses pas et à se placer sérieusement à l'écoute de sa Parole. Il est intéressant de noter que le Seigneur a su prendre François dans le sens qui était le sien, celui du désir de s'affirmer, pour lui montrer la voie d'une ambition sainte, projetée sur l'infini: "Qui peut t'être plus utile, le patron ou le serviteur?" (3 Comp 2, 6: FF 1401), fut la question qu'il entendit résonner dans son cœur. C'est-à-dire: pourquoi te contenter d'être dépendant des hommes, lorsqu'il y a un Dieu qui est prêt à t'accueillir dans sa maison, à son service royal ?

Saint François a entendu la voix. Il a entendu dans son cœur la voix du Christ et que se passe-t-il? Il se passe qu'il doit se mettre au service de ses frères, surtout de ceux qui souffrent le plus. Telle est la conséquence de cette première rencontre avec la voix du Christ. Ce matin, en passant par Rivortorto, j'ai regardé le lieu où, selon la tradition, étaient rassemblés les lépreux, les derniers, les marginalisés, à l'égard desquels François éprouvait un sentiment irrésistible de répulsion. Touché par la grâce, il leur ouvrit son cœur. Et il le fit non seulement à travers un geste d'aumône empli de charité, car cela était trop peu, mais également en les embrassant et en les servant. Lui-même confesse que ce qui lui était auparavant amer devint pour lui "douceur d'âme et de corps" (2 Test 3: FF 110).

La grâce commençait donc à former François. Il devint toujours plus capable de fixer son regard sur le visage du Christ et d'écouter sa voix. Ce fut à ce moment-là que le Crucifié de saint Damien lui adressa la parole, en l'appelant à une mission audacieuse: "Va François, répare ma maison qui, comme tu le vois, tombe en ruine" (2 Cel I, 6, 10: FF 593). En m'arrêtant ce matin à Saint-Damien, puis dans la Basilique Sainte-Claire, où l'on conserve le Crucifix original qui parla à saint François, j'ai fixé moi aussi mon regard dans les yeux du Christ. C'est l'image du Christ Crucifié-Ressuscité, vie de l'Eglise, qui parle également en nous si nous sommes attentifs, tout comme il y a deux mille ans, il parla à ses apôtres, et il y a huit cents ans, il parla à François. L'Eglise vit continuellement de cette rencontre.

Oui, chers jeunes: laissons le Christ venir à notre rencontre ! Ayons confiance en Lui, écoutons sa Parole.



8 septembre 2007 - Homélie Messe au Sanctuaire Marial de Mariazell
Le passage évangélique (Michée 5,4) nous présente l'histoire d'Israël à partir d'Abraham comme un pèlerinage qui, suivant des montées et des descentes, à travers des voies courtes et des voies longues, conduit enfin au Christ. La généalogie, avec ses figures lumineuses et obscures, avec ses succès et ses échecs, nous démontre que Dieu peut écrire droit également sur les lignes tortueuses de notre histoire. Dieu nous laisse notre liberté et, toutefois, il sait trouver dans notre échec des voies nouvelles pour son amour. Dieu n'échoue pas. Ainsi, cette généalogie est une garantie de la fidélité de Dieu; une garantie que Dieu ne nous laisse pas choir et une invitation à orienter notre vie toujours à nouveau vers Lui, à marcher toujours à nouveau vers le Christ.

Aller en pèlerinage signifie être orientés dans une certaine direction, marcher vers un objectif. Cela confère également au chemin et à ses difficultés une beauté qui leur est propre. Parmi les pèlerins de la généalogie de Jésus, certains avaient oublié l'objectif et voulaient se présenter eux-mêmes comme cet objectif. Mais le Seigneur a toujours suscité à nouveau également des personnes qui se sont laissées entraîner par la nostalgie de l'objectif, en orientant leur propre vie vers lui. L'élan vers la foi chrétienne, le début de l'Eglise de Jésus Christ a été possible, parce qu'existaient en Israël des personnes dont le cœur était en quête - des personnes qui ne se sont pas installées dans l'habitude, mais qui ont regardé au loin, à la recherche de quelque chose de plus grand: Zacharie, Elisabeth, Siméon, Anne, Marie et Joseph, les Douze et beaucoup d'autres. Leur cœur étant en attente, ils pouvaient reconnaître en Jésus Celui que Dieu avait envoyé et devenir ainsi le début de sa famille universelle. L'Eglise des nations est devenue possible car, que ce soit dans la région de la Méditerranée et dans la proche ou la moyenne Asie, là où arrivaient les Messagers de Jésus, il y avait des personnes en attente qui ne se contentaient pas de ce que tous faisaient et pensaient, mais qui cherchaient l'étoile qui pouvait leur indiquer la voie vers la Vérité même, vers le Dieu vivant.

"Montre-nous Jésus!". Nous prions ainsi aujourd'hui de tout notre cœur; nous prions ainsi également en d'autres moments, intérieurement à la recherche du Visage du Rédempteur. "Montre-nous Jésus!". Marie répond, en nous le présentant tout d'abord comme un enfant. Dieu s'est fait petit pour nous. Dieu ne vient pas avec la force extérieure, mais il vient dans l'impuissance de son amour, qui constitue sa force. Il se donne entre nos mains. Il nous demande notre amour. Il nous invite à devenir nous aussi petits, à descendre de nos trônes élevés et à apprendre à être des enfants devant Dieu. Il nous offre le "Toi". Il nous demande d'avoir confiance en Lui et d'apprendre ainsi à vivre dans la vérité et dans l'amour. L'Enfant Jésus nous rappelle naturellement aussi tous les enfants du monde, à travers lesquels il veut venir à notre rencontre. Les enfants qui vivent dans la pauvreté; qui sont exploités comme soldats; qui n'ont jamais pu faire l'expérience de l'amour de leurs parents; les enfants malades et qui souffrent, mais aussi ceux qui sont joyeux et sains. L'Europe est devenue pauvre en enfants: nous voulons tout pour nous-mêmes, et peut-être n'avons-nous pas tellement confiance en l'avenir. Mais la terre ne sera privée d'avenir que lorsque s'éteindront les forces du cœur humain et de la raison illuminée par le cœur - quand le visage de Dieu ne resplendira plus sur la terre. Là où se trouve Dieu, là se trouve l'avenir.

Dieu a racheté le monde non par l'épée, mais par la Croix. Mourant, Jésus ouvre les bras. C'est tout d'abord le geste de la Passion, avec lequel Il se laisse clouer pour nous, pour nous donner sa vie. Mais les bras étendus sont en même temps l'attitude de l'orant, une position que le prêtre prend lorsque, dans la prière, il ouvre les bras: Jésus a transformé la passion - sa souffrance et sa mort - en prière, et il l'a ainsi transformée en un acte d'amour envers Dieu et envers les hommes. C'est pourquoi les bras ouverts du Crucifié sont, à la fin, également un geste d'étreinte, avec lequel Il nous attire à Lui, il veut nous embrasser entre les mains de son amour. Ainsi, Il est une image du Dieu vivant, il est Dieu lui-même, nous pouvons nous confier à Lui.



21 octobre 2007 - Homélie Messe à Naples
« Prier sans cesse » dit l'Evangile (cf. Lc 18, 1). A première vue, cela pourrait paraître un message peu pertinent, peu incisif par rapport à une réalité sociale qui connaît tant de problèmes comme la vôtre. Mais en y réfléchissant, on comprend que cette Parole contient un message certainement à contre-courant, mais qui est toutefois destiné à illuminer en profondeur la conscience de votre Eglise et de votre ville. Je le résumerais ainsi: la force, qui en silence et sans bruit change le monde et le transforme en Royaume de Dieu, c'est la foi - et l'expression de la foi, c'est la prière. Lorsque la foi se remplit d'amour pour Dieu, reconnu comme Père juste et bon, la prière se fait persévérante, insistante, elle devient un gémissement de l'esprit, un cri de l'âme qui pénètre le cœur de Dieu. De cette façon, la prière devient la plus grande force de transformation du monde. Face à des réalités sociales difficiles et complexes, comme l'est certainement la vôtre, il faut renforcer l'espérance, qui se fonde sur la foi et s'exprime en une prière inlassable. C'est la prière qui garde allumée la flamme de la foi. Jésus demande : "Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?" (Lc 18, 8). C'est une question qui nous fait réfléchir. Quelle sera notre réponse à cette interrogation préoccupante? Aujourd'hui, nous voulons répéter ensemble avec un humble courage: Seigneur, ta venue parmi nous nous trouve rassemblés avec la lampe de la foi allumée. Nous croyons et nous nous en remettons à toi! Fais grandir notre foi!

La foi est espérance, elle ouvre la terre à la foi divine, à la force du bien. Ce sont les figures de la veuve que nous rencontrons dans la parabole évangélique et celle de Moïse dont nous parle le livre de l'Exode. La veuve de l'Evangile (cf. Lc 18, 1-8) fait penser aux "petits", aux derniers, mais également à tant de personnes simples et droites, qui souffrent des violences, qui se sentent impuissantes face à la permanence du malaise social et qui sont tentées de se décourager. Jésus répète à celles-ci: observez avec quelle ténacité cette pauvre veuve insiste et obtient à la fin l'attention d'un juge inique! Comment pourriez-vous penser que votre Père céleste, bon et fidèle, et puissant, qui ne désire que le bien de ses enfants, ne vous rende pas justice le moment venu? La foi nous assure que Dieu écoute notre prière et nous exauce au moment opportun, même si l'expérience quotidienne semble démentir cette certitude. En effet, devant certains faits divers ou les nombreuses difficultés quotidiennes de la vie, dont les journaux ne parlent même pas, s'élève spontanément de notre cœur la supplique de l'antique prophète: "Jusques à quand, Yahvé, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi: "A la violence!" sans que tu sauves?" (Ha 1, 2). Il n'y a qu'une seule réponse à cette invocation angoissée: Dieu ne peut pas changer les choses sans notre conversion, et notre véritable conversion commence avec le "cri" de l'âme, qui implore le pardon et le salut. La prière chrétienne n'est donc pas l'expression du fatalisme et de l'inertie, elle est même le contraire d'une fuite de la réalité, d'un intimisme consolateur: elle est une force d'espérance, la plus haute expression de la foi dans la puissance de Dieu qui est Amour et qui ne nous abandonne pas. La prière que Jésus nous a enseignée, qui a atteint son sommet au Gethsémani, possède le caractère de la "compétition", c'est-à-dire de la lutte, car elle se range de manière décidée aux côtés du Seigneur pour combattre l'injustice et vaincre le mal par le bien; elle est l'arme des petits et des pauvres d'esprit, qui refusent tout type de violence. Ils répondent même à celle-ci par la non violence évangélique, en témoignant ainsi que la vérité de l'Amour est plus forte que la haine et que la mort.



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