Vie spirituelle

Conseils sur la vie de prière - Bse Elisabeth de la Trinité


- La méditation ? Je te conseille de simplifier tous tes livres, de te remplir un peu moins, tu verras que cela est bien meilleur. Prends ton Crucifix, regarde, écoute. Tu sais que c'est là notre rendez-vous, et puis ne te trouble pas quand tu es prise comme maintenant et que tu ne peux faire tous tes exercices : on peut prier le bon Dieu en agissant, il suffit de penser à Lui. Alors tout devient doux et facile, puisque l'on n'est pas seul à agir [et] que Jésus est là. (L93)


- Je te garde en mon âme tout près du bon Dieu, dans ce petit sanctuaire tout intime où je le trouve a chaque heure du jour et de la nuit. Je ne suis jamais seule : mon Christ est là toujours priant en moi et je prie avec Lui. Tu me fais de la peine, ma Framboise ; je vois bien que tu es malheureuse et c'est ta faute, je t'assure. Sois tranquille, je ne te crois pas encore toquée, mais énervée et surexcitée, et quand tu es comme cela tu fais souffrir les autres aussi. Ah, si je pouvais t'apprendre le secret du bonheur comme le bon Dieu me l'a appris. Tu dis que je n'ai ni soucis ni souffrances, il est vrai que je suis bien heureuse, mais si tu savais comme, alors même que l'on est contrarié, on peut être tout aussi heureuse ; il faut toujours regarder au bon Dieu. Au commencement il faut faire des efforts lorsqu'on sent tout bouillonner en soi, mais tout doucement à force de patience et avec le bon Dieu on en vient à bout. Il faut que tu te bâtisses comme moi une petite cellule au-dedans de ton âme ; tu penseras que le bon Dieu est là, et tu y entreras de temps en temps, lorsque tu sens tes nerfs, que tu es malheureuse, vite sauve-toi là et confie tout cela au Maître. Ah, si tu le connaissais un peu, la prière ne t'ennuierait plus, il me semble que c'est un repos, un délassement : on vient tout simplement à Celui qu'on aime, on se tient près de Lui comme un petit enfant dans les bras de sa mère et on laisse aller son coeur. Tu aimais tant t'asseoir tout près de moi et me faire des confidences, c'est comme cela qu'il faut aller [à] Lui, si tu savais comme Il comprend bien ... (L123)


- Puisque Notre Seigneur demeure en nos âmes, sa prière est à nous et je voudrais y communier sans cesse, me tenant comme un petit vase à la Source, à la Fontaine de vie, afin de pouvoir ensuite la communiquer aux âmes, en laissant déborder ses flots de charité infinie. « Je me sanctifie pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés dans la vérité ». Cette parole de notre Maître adoré, faisons-la toute nôtre, oui sanctifions-nous pour les âmes, et puisque nous sommes tous les membres d'un seul corps, dans la mesure où nous aurons abondamment la vie divine nous pourrons la communiquer dans le grand corps de l'Église. Il y a deux mots qui pour moi résument toute sainteté, tout apostolat : « Union, Amour ». (L191)


- Aimez toujours la prière, chère petite Germaine, et quand je dis la prière, ce n'est pas tant s'imposer quantité de prières vocales à réciter chaque jour, mais c'est cette élévation de l'âme vers Dieu à travers toutes choses qui nous établit avec la Sainte Trinité en une sorte de communion continuelle, tout simplement en faisant tout sous son regard. (L252)

- Faisons le vide dans notre âme afin de Lui permettre de s'élancer en elle pour venir lui communiquer cette vie éternelle qui est la sienne ; le Père lui a donné pour cela « puissance sur toute chair » nous est-il dit en l'Évangile. Et puis, dans le silence de l'oraison, écoutons le, Il est le « Principe », qui parle au-dedans de nous, et n'a-t-Il pas dit : « Celui qui m'a envoyé est vrai et tout ce que j'ai entendu de Lui, moi je le dis. (L250)


- Conserver sa force au Seigneur, c'est faire l'unité en tout son être par le silence intérieur, c'est ramasser toutes ses puissances pour les " occuper " au " seul exercice de l'amour ", c'est avoir cet " oeil simple " qui permet à la lumière de Dieu de nous irradier. Une âme qui discute avec son moi, qui s'occupe de ses sensibilités, qui poursuit une pensée inutile, un désir quelconque, cette âme disperse ses forces elle n'est pas tout ordonnée à Dieu : sa lyre ne vibre pas à l'unisson et le Maître, quand Il la touche, ne peut en faire sortir des harmonies divines, il y a encore trop d'humain, c'est une dissonance. L'âme qui se garde encore quelque chose en son " royaume intérieur ", dont toutes les puissances ne sont pas « encloses » en Dieu, ne peut être une parfaite louange de gloire ; elle n'est pas en état de chanter sans interruption ce « canticum magnum » dont parle saint Paul, parce que l'unité ne règne pas en elle ; et au lieu de poursuivre sa louange à travers toutes choses dans la simplicité, il faut qu'elle réunisse sans cesse les cordes de son instrument qui sont un peu perdues de tous côtés. (DR 3)


- Vis au-dedans avec Eux dans le ciel de ton âme ; le Père te couvrira de son ombre, mettant comme une nuée entre toi et les choses de la terre pour te garder toute sienne, Il te communiquera sa puissance pour que tu l'aimes d'un amour fort comme la mort ; le Verbe imprimera en ton âme comme en un cristal l'image de sa propre beauté, afin que tu sois pure de sa pureté, lumineuse de sa lumière ; l'Esprit Saint te transformera en une lyre mystérieuse qui, dans le silence, sous sa touche divine, produira un magnifique cantique à l'Amour ; alors tu seras « la louange de sa gloire ». (L269)


- Voilà l'oeuvre du Christ en face de toute âme de bonne volonté, et c'est le travail que son immense amour, son « trop grand amour, le presse de faire en moi. Il veut être ma paix afin que rien ne puisse me distraire ou me faire sortir de " la forteresse inexpugnable du saint recueillement ". C'est là qu'Il me donnera « accès auprès du Père » et me gardera immobile et paisible en sa présence, comme si déjà mon âme était dans l'éternité. C'est par le Sang de sa Croix qu'Il pacifiera tout en mon petit ciel, pour qu'il soit vraiment le repos des Trois. Il me remplira de Lui, Il m'ensevelira en Lui, Il me fera revivre avec Lui, de sa vie : « Mihi vivere Christus est » ! Et si je tombe à tout instant, dans la foi toute confiante je me ferai relever par Lui, et je sais qu'Il me pardonnera, qu'Il effacera tout avec un soin jaloux, plus que cela qu'Il me " dépouillera ", qu'Il me " délivrera " de toutes mes misères, de tout ce qui est obstacle à l'action divine, et " qu'Il entraînera toutes mes puissances ", qu'Il les fera ses captives, triomphant d'elles en Lui-même. Alors je serai toute passée en Lui, je pourrai dire : « Je ne vis plus. Mon Maître vit en moi ! » Et je serai « sainte, pure, irrépréhensible » aux yeux du Père. (DR 31)


- Une louange de gloire, c'est une âme qui demeure en Dieu, qui l'aime d'un amour pur et désintéressé, sans se rechercher dans la douceur de cet amour ; qui l'aime par-dessus tous ses dons et quand même elle n'aurait rien reçu de Lui, et qui désire du bien à l'Objet ainsi aimé. Or comment désirer et vouloir effectivement du bien à Dieu si ce n'est en accomplissant sa volonté, puisque cette volonté ordonne toutes choses pour sa plus grande gloire ? Donc cette âme doit s'y livrer pleinement, éperdument, jusqu'à ne plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut.


- Une louange de gloire, c'est une âme de silence qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l'Esprit Saint afin qu'Il en fasse sortir des harmonies divines ; elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore, aussi elle aime la voir à son instrument afin de remuer plus délicieusement le Coeur de son Dieu.


- Une louange de gloire, c'est une âme qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité ; c'est un réflecteur de tout ce qu'Il est ; c'est comme un abîme sans fond dans lequel Il peut s'écouler, s'épancher ; c'est aussi comme un cristal au travers duquel Il peut rayonner et contempler toutes ses perfections et sa propre splendeur. Une âme qui permet ainsi à l'Être divin de rassasier en elle son besoin de communiquer " tout ce qu'Il est et tout ce qu'Il a ", est en réalité la louange de gloire de tous ses dons. (CF 43)


- Voilà ce qu'Il veut faire en vous : à toute minute il veut que vous sortiez de vous, que vous quittiez toute préoccupation, pour vous retirer en cette solitude qu'Il se choisit au fond de votre coeur. Lui, Il est toujours là, encore que vous ne le sentiez pas ; Il vous attend et veut établir avec vous « un admirable commerce », comme nous le chantons dans la belle liturgie, une intimité d'Époux et d'épouse ; vos infirmités, vos fautes, tout ce qui vous trouble, c'est Lui, par ce contact continuel, qui veut vous en délivrer N'a-t-Il pas dit : « Je ne suis pas venu pour juger, mais pour sauver. » Rien ne doit vous paraître un obstacle pour aller à Lui. Ne tenez pas trop compte si vous êtes enflammée ou découragée ; c'est la loi de l'exil de passer ainsi d'un état à l'autre. Croyez alors que, Lui, Il ne change jamais, qu'en sa bonté Il est toujours penché sur vous pour vous emporter et vous établir en Lui. Si, malgré tout, le vide, la tristesse vous accablent, unissez cette agonie à celle du Maître au jardin des Olives, alors qu'Il disait au Père : « S'il est possible faites que ce calice s'éloigne de moi ». Cela vous parait peut-être difficile de vous oublier. Ne vous en préoccupez pas ; si vous saviez comme cela est simple... Je vais vous donner mon « secret » : pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le temple 11 ; c'est saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit l'âme s'habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu'elle porte en elle un petit Ciel où le Dieu d'amour a fixé son séjour. Alors c'est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire, je dirais même qu'il n'y a plus que son corps sur la terre, mais que son âme habite au-delà des nuages et des voiles, en Celui qui est l'Immuable. Ne vous dites pas que cela n'est pas pour vous, que vous êtes trop misérable, car c'est au contraire une raison de plus pour aller à Celui qui sauve.


- Ce n'est pas en regardant cette misère que nous serons purifiées, mais en regardant Celui qui est toute pureté et sainteté. Saint Paul dit qu' « Il nous a prédestinés pour être conformes à son image ». (L249)


- Que l'on est heureux quand on vit dans l'intimité avec le bon Dieu, quand on fait de sa vie un coeur à coeur, un échange d'amour, quand on sait trouver le Maître au fond de son âme. Alors on n'est plus jamais seule et on a besoin de solitude afin de jouir de la présence de cet Hôte adoré... il faut Lui donner sa place dans ta vie, dans ton coeur qu'Il a fait si aimant, si passionné. Oh ! si tu savais comme Il est bon, comme Il est tout Amour ! Je Lui demande de se révéler à ton âme, d'être l'Ami que tu saches toujours trouver, alors tout s'illumine et c'est si bon de vivre ! (L161)




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