Benoît XVI de A à Z

Sourd- Muet - Surdité intérieure

2007



17 janvier 2007 - Audience Générale
« Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37). Il s'agit de paroles tirées de l'Evangile de Marc et elles se réfèrent à la guérison d'un sourd-muet par Jésus. Dans ce bref épisode, l'évangéliste rapporte que le Seigneur, après lui avoir mis les doigts dans les oreilles et après avoir touché la langue du sourd-muet avec de la salive, accomplit le miracle en disant : « Effatà », qui signifie « Ouvre-toi ! ». Ayant retrouvé l'ouïe et récupéré le don de la parole, cet homme suscita l'admiration des autres en racontant ce qui lui était arrivé. Chaque chrétien, spirituellement sourd et muet en raison du péché originel, reçoit avec le Baptême le don du Seigneur qui met ses doigts sur son visage, et ainsi, à travers la grâce du Baptême, devient capable d'écouter la parole de Dieu et de la proclamer à ses frères. Plus encore, à partir de ce moment, sa tâche est de grandir dans la connaissance et dans l'amour du Christ, de manière à annoncer l'Evangile et à en témoigner efficacement.



19 janvier 2007 - A la délégation œcuménique de Finlande
"Il fait entendre les sourds et parler les muets" (Mc 7, 37), illustre la façon dont Jésus nous libère tous de la surdité spirituelle, nous permettant d'écouter sa parole salvifique et de la proclamer aux autres. Cette mission de témoignage commun dans la parole et dans les actions nourrit notre chemin œcuménique. En nous rapprochant du Christ, en nous convertissant à sa vérité et à son amour, il nous rapproche les uns des autres. <br<


21 janvier 2007 - Angelus
Le Christ ressuscité est espérance pour tous. Il l'est spécialement pour les chrétiens. Héritiers de divisions survenues au cours d'époques passées,… le Christ peut tout, il « fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37), c'est-à-dire qu'il est capable de transmettre aux chrétiens le désir ardent d'écouter l'autre, de communiquer avec l'autre et de parler avec lui le langage de l'amour mutuel.



24 janvier 2007 - Audience Générale
« Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37). Nous pourrions nous aussi répéter ces paroles qui expriment l'admiration des personnes face à la guérison d'un sourd-muet accomplie par Jésus, en voyant la merveilleuse fécondité de l'engagement pour la recomposition de l'unité des chrétiens. En re-parcourant le chemin de ces quarante dernières années, il est surprenant de voir comment le Seigneur nous a réveillés de la torpeur de l'autosuffisance et de l'indifférence ; comment il nous rend toujours plus capables de « nous écouter » et pas seulement de « nous entendre » ; comment il a délié notre langue, de façon à ce que la prière, que nous élevons vers Lui, ait plus de force de conviction pour le monde. Oui, cela est vrai, le Seigneur nous a accordé de nombreuses grâces et la lumière de son Esprit a éclairé de nombreux témoins. Ils ont démontré que l'on peut tout obtenir en priant, lorsque l'on sait obéir avec confiance et humilité au commandement divin de l'amour et adhérer à l'aspiration du Christ pour l'unité de tous ses disciples…

L'œcuménisme est assurément un processus lent, parfois peut-être même décourageant lorsque l'on cède à la tentation d'« entendre » et non pas d'« écouter », de parler à demi-mot, au lieu de proclamer avec courage. Il n'est pas facile d'abandonner une « surdité commode », comme si l'Evangile immuable n'avait pas la capacité de refleurir, en se réaffirmant comme un levain providentiel de conversion et de renouveau spirituel pour chacun de nous.



25 janvier - Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs
« Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37… Etre sourd-muet, c'est-à-dire ne pouvoir ni entendre ni parler, ne peut-il pas en effet être un signe de manque de communion et un symptôme de division ? La division et l'incommunicabilité, conséquence du péché, sont contraires au dessein de Dieu. …Car « parler » et « écouter » sont des conditions essentielles pour édifier la civilisation de l'amour.

Les paroles « Il fait entendre les sourds et parler les muets » constituent une bonne nouvelle, qui annonce la venue du Royaume de Dieu et la guérison de l'incommunicabilité et de la division. Ce message se retrouve dans toute la prédication et l'œuvre de Jésus, qui traversait les villages, les villes et les campagnes, et, partout où il allait, « on mettait les malades sur les places et on le priait de les laisser toucher ne fût-ce que la frange de son manteau, et tous ceux qui le touchaient étaient sauvés » (Mc 6, 56). La guérison du sourd-muet, … a lieu alors que Jésus, ayant quitté la région de Tyr, se dirige vers le lac de Galilée, traversant ce qu'on appelle la « Décapole », territoire multiethnique et multireligieux (cf. Mc 7, 31). Une situation emblématique également pour notre époque. Comme ailleurs, dans la Décapole également, on présente à Jésus un malade, un homme sourd et ayant des difficultés à parler (moghìlalon) et on le prie de lui imposer les mains, car on le considère comme un homme de Dieu. Jésus conduit le sourd-muet loin de la foule et accomplit des gestes qui signifient un contact salvifique - il met ses doigts dans ses oreilles, touche avec sa salive la langue du malade - puis, tournant le regard vers le ciel, commande : « Ouvre-toi ! ». Il prononce ce commandement en araméen (« Ephphata ») vraisemblablement la langue des personnes présentes et du sourd-muet lui-même, une expression que l'évangéliste traduit en grec (dianoìchthti). Les oreilles du sourd s'ouvrirent, le lien de sa langue se dénoua : « et il parlait correctement » (orthos). Jésus recommande que l'on ne dise rien du miracle. Mais, plus il le recommandait, « de plus belle ils le proclamaient ». Et le commentaire émerveillé de ceux qui y avaient assisté reprend la prédication d'Isaïe pour l'avènement du Messie : « Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37). ..

Celui qui se met à l'écoute de la parole de Dieu peut et doit ensuite parler et la transmettre aux autres, à ceux qui ne l'ont jamais écoutée, ou à ceux qui l'ont oubliée et enterrée sous les épines des soucis et des séductions du monde (cf. Mt 13, 22). Nous devons nous demander : nous, chrétiens, ne sommes-nous pas devenus trop muets ? Ne nous manque-t-il pas le courage de parler et de témoigner comme l'ont fait ceux qui étaient les témoins de la guérison du sourd-muet dans la Décapole ? Notre monde a besoin de ce témoignage.



7 juin 2007 - Homélie Messe Corpus Domini
Nous écoutons sa voix qui répète, comme nous le lisons dans le Livre de l'Apocalypse: "Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi" (Ap 3, 20). La fête du Corpus Domini veut rendre perceptible, en dépit de notre surdité intérieure, le Seigneur qui frappe à notre porte. Jésus frappe à la porte de notre cœur et nous demande d'entrer non seulement l'espace d'un jour, mais pour toujours. Nous l'accueillons avec joie, en élevant vers Lui l'invocation commune de la Liturgie: "O bon Pasteur, notre vrai pain, / ô Jésus, aie pitié de nous, [...] Toi qui sais tout et peux tout / toi qui sur terre nous nourris, conduis-nous au banquet du ciel / en compagnie de tes saints.



24 juillet 2007 - Avec les prêtres du diocèse de Belluno
D.: Votre Sainteté, mon nom est dom Claudio, je voulais vous poser une question à propos de la formation de la conscience, en particulier à propos des jeunes générations, car aujourd'hui, former une conscience cohérente, une conscience droite, semble toujours plus difficile. On confond le bien et le mal avec le fait de se sentir bien et de se sentir mal, l'aspect le plus chargé d'émotion. C'est pourquoi je voulais recevoir quelques conseils de votre part. Merci...

Cette question reflète un peu le problème de la situation culturelle en Occident, car le concept de conscience s'est profondément transformé au cours des deux derniers siècles. Aujourd'hui prévaut l'idée que seul ce qui est quantifiable est rationnel, fait partie de la raison. Les autres choses, c'est-à-dire les matières de la religion et de la morale, n'auraient pas de rapport avec la raison commune, car elles ne sont pas vérifiables, ou, comme on dit, pas falsifiables lors de l'expérimentation. Dans cette situation, où morale et religion sont presque expulsées par la raison, l'unique critère ultime de la moralité ainsi que de la religion est le sujet, la conscience subjective qui ne connaît pas d'autres instances. En fin de compte, seul le sujet, avec son sentiment, ses expériences, d'éventuels critères qu'il a trouvés, décide. Mais ce faisant, le sujet devient une réalité isolée, et c'est ainsi que changent, comme vous l'avez dit, jour après jour, les paramètres. Dans la tradition chrétienne, "conscience" signifie conscience: c'est-à-dire que nous, que notre être est ouvert, il peut écouter la voix de l'être lui-même, la voix de Dieu. La voix des grandes valeurs est donc inscrite dans notre être et la grandeur de l'homme est précisément qu'il n'est pas fermé sur lui, il n'est pas réduit aux choses matérielles, quantifiables, mais il possède une ouverture intérieure aux choses essentielles, la possibilité d'une écoute. Dans la profondeur de notre être, nous pouvons écouter non seulement les besoins du moment, non seulement les choses matérielles, mais écouter la voix du Créateur lui-même et connaître ainsi ce qui est bien et ce qui est mal. Mais naturellement, cette capacité d'écoute doit être éduquée et développée. Tel est précisément l'engagement de l'annonce que nous faisons dans l'Eglise: développer cette très haute capacité donnée par Dieu à l'homme d'écouter la voix de la vérité et donc la voix des valeurs. Je dirais donc qu'un premier pas est de rendre les personnes conscientes que notre nature porte en elle un message moral, un message divin, qui doit être déchiffré et que nous pouvons peu à peu mieux connaître, écouter, si notre écoute intérieure est ouverte et développée. A présent, la question concrète est de savoir comment effectuer cette éducation à l'écoute, comment rendre l'homme capable de cela, malgré toute cette surdité moderne, comment faire en sorte que cette écoute soit rétablie, qu'elle soit réellement un événement, l'Effatà du Baptême, l'ouverture des sens intérieurs. En voyant la situation dans laquelle nous nous trouvons, je proposerais une combinaison entre une voie laïque et une voie religieuse, la voie de la foi. Aujourd'hui, nous voyons tous que l'homme pourrait détruire le fondement de son existence, sa terre, et nous ne pouvons donc plus simplement faire avec notre terre, avec la réalité qui nous a été confiée, ce que nous voulons et ce qui nous apparaît utile et prometteur sur le moment, mais nous devons respecter les lois intérieures de la création, de cette terre, apprendre ces lois et obéir également à ces lois, si nous voulons survivre. Cette obéissance à la voix de la terre, de l'être, est donc plus importante pour notre bonheur futur que les voix du moment, les désirs du moment. Il s'agit, en somme, d'un premier critère à apprendre: que l'être lui-même, notre terre, parle avec nous et que nous devons écouter si nous voulons survivre et déchiffrer ce message de la terre. Et si nous devons être obéissants à la voix de la terre, cela vaut encore davantage pour la voix de la vie humaine. Nous devons non seulement prendre soin de la terre, mais nous devons respecter l'autre, les autres. Que ce soit l'autre dans sa singularité comme personne, comme mon prochain, ou les autres comme communauté qui vit dans le monde et qui désire vivre ensemble. Et nous voyons que ce n'est que dans le respect absolu de cette créature de Dieu, de cette image de Dieu qui est l'homme, que ce n'est que dans le respect d'une vie vécue ensemble sur la terre, que nous pouvons aller de l'avant. Et nous arrivons ici au fait que nous avons besoin des grandes expériences morales de l'humanité, qui sont des expériences nées de la rencontre avec l'autre, avec la communauté; l'expérience que la liberté humaine est toujours une liberté partagée et qu'elle ne peut fonctionner que si nous partageons nos libertés dans le respect des valeurs qui nous sont communes à tous. Il me semble que, grâce à ces pas, il est possible de faire voir la nécessité d'obéir à la voix de l'être, d'obéir à la dignité de l'autre, d'obéir à la nécessité de vivre ensemble nos libertés comme une liberté, et pour tout cela connaître la valeur qui existe dans le fait de permettre une digne communion de vie entre les hommes. Nous arrivons ainsi, comme je l'ai déjà dit, aux grandes expériences de l'humanité, dans lesquelles s'exprime la voix de l'être, et surtout aux expériences de ce grand pèlerinage historique du peuple de Dieu, commencé avec Abraham, dans lequel nous trouvons non seulement les expériences humaines fondamentales, mais où nous pouvons, grâce à ces expériences, entendre la voix du Créateur lui-même, qui nous aime et qui nous a parlé. Ici, dans ce contexte, en respectant les expériences humaines qui nous indiquent le chemin d'aujourd'hui et de demain, il me semble que les Dix Commandements ont toujours une valeur prioritaire, dans laquelle nous voyons les indicateurs fondamentaux du chemin. Les Dix Commandements relus, revécus à la lumière du Christ, à la lumière de la vie de l'Eglise et de ses expériences, indiquent plusieurs valeurs fondamentales et essentielles: le quatrième et le sixième commandement indiquent ensemble l'importance de notre corps, de respecter les lois du corps, de la sexualité et de l'amour, la valeur de l'amour fidèle, la famille; le cinquième commandement indique la valeur de la vie et également la valeur de la vie commune; le septième commandement indique la valeur du partage des biens de la terre et la juste division de ces biens, l'administration de la création de Dieu; le huitième commandement indique la grande valeur de la vérité. Donc, si dans le quatrième, le cinquième et le sixième commandement, nous avons l'amour pour le prochain, dans le septième, nous avons la vérité. Tout cela ne peut fonctionner sans la communion avec Dieu, sans le respect de Dieu et sans la présence de Dieu dans le monde. Un monde sans Dieu devient dans tous les cas le monde de l'arbitraire et de l'égoïsme. Ce n'est que si Dieu apparaît qu'il y a de la lumière, de l'espérance. Notre vie possède un sens que nous ne devons pas créer nous-mêmes, mais qui nous précède, qui nous conduit. En ce sens, je dirais donc de prendre ensemble les voies évidentes que la conscience laïque peut facilement entrevoir aujourd'hui aussi, et de chercher ainsi à guider vers les voix plus profondes, vers la véritable voix de la conscience, qui se communique à travers la grande tradition de la prière, de la vie morale de l'Eglise. Ainsi, à travers un chemin d'éducation patiente, nous pouvons, je pense, apprendre tous à vivre et à trouver la vraie vie.



1er septembre 2007 - Rencontre avec 500 000 jeunes au sanctuaire marial de lorette.
Le Dieu silencieux est aussi un Dieu qui parle, qui se révèle et surtout que nous-mêmes nous pouvons être des témoins de sa présence, que de notre foi apparaît réellement comme une lumière également pour les autres. Je dirais donc que, d'une part, nous devons accepter que, dans ce monde, Dieu soit silencieux, mais ne pas être sourds à ses paroles, à sa manière d'apparaître en de nombreuses occasions et nous voyons surtout dans la Création, dans la belle liturgie, dans l'amitié au sein de l'Eglise, la présence du Seigneur et, emplis de sa présence, nous pouvons nous aussi apporter de la lumière aux autres.



22 septembre 2007 Aux nouveaux Évêques nommés au cours de l'année
Dans les villes où vous vivez et œuvrez, souvent frénétiques et bruyantes, où l'homme court et s'égare, où l'on vit comme si Dieu n'existait pas, sachez créer des lieux et des occasions de prière, où dans le silence, dans l'écoute de Dieu à travers la lectio divina, dans la prière personnelle et communautaire, l'homme puisse rencontrer Dieu et faire l'expérience vivante de Jésus Christ, qui révèle l'authentique visage du Père. Ne vous lassez pas de faire en sorte que les paroisses et les sanctuaires, les milieux d'éducation et de souffrance, mais également les familles, deviennent des lieux de communion avec le Seigneur.



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