Benoît XVI de A à Z

Israel - Juif

2005



24 avril 2005 - Homélie Messe Intronisation
Je vous salue, chers Frères du peuple juif, auxquels nous sommes liés par un grand patrimoine spirituel commun qui plonge ses racines dans les promesses irrévocables de Dieu. Enfin, ma pensée - presque comme une onde qui se répand - va à tous les hommes de notre temps, croyants et non croyants.



2006



25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
Avec une forte appréhension, je pense, en ce jour de fête, à la région du Moyen-Orient, marquée par d'innombrables et graves crises et conflits, et je souhaite qu'elle s'ouvre à des perspectives de paix juste et durable, dans le respect des droits inaliénables des peuples qui la composent. Je mets entre les mains de l'Enfant divin de Bethléem les signaux de reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens, dont nous avons été témoins ces jours-ci, et l'espérance d'autres développements réconfortants. J'ai confiance que, après tant de victimes, de destructions et d'incertitudes, survive et progresse un Liban démocratique, ouvert aux autres, dans le dialogue entre les cultures et entre les religions. Je lance un appel à tous ceux qui ont entre les mains les destinées de l'Irak, pour que cesse la violence atroce qui ensanglante le pays et que soit assurée à chacun de ses habitants une existence normale.



2007


8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
Le Saint-Siège ne se lassera jamais de répéter que les solutions armées n'aboutissent à rien, comme on l'a vu au Liban l'été dernier. L'avenir de ce pays passe nécessairement par l'unité de toutes ses composantes et par des relations fraternelles entre les différents groupes religieux et sociaux. Cela constitue un message d'espérance pour tous. Il n'est pas possible de se satisfaire non plus de solutions partielles ou unilatérales. Pour mettre un terme à la crise et aux souffrances qu'elle occasionne dans les populations, il importe de procéder par une approche globale, qui n'exclue personne de la recherche d'une solution négociée et qui tienne compte des aspirations et des intérêts légitimes des différents peuples concernés; notamment, les Libanais ont droit à voir respectées l'intégrité et la souveraineté de leur pays; les Israéliens ont le droit de vivre en paix dans leur État ; les Palestiniens ont droit à une patrie libre et souveraine. Si chacun des peuples de la région voit ses attentes prises en considération et se sent moins menacé, la confiance mutuelle se renforcera.



17 janvier 2007 - Audience Générale
Dans certains pays, dont l'Italie, la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens est précédée par la Journée de réflexion judéo-chrétienne, que l'on célèbre précisément aujourd'hui, 17 janvier. Depuis désormais deux décennies, la Conférence épiscopale italienne consacre cette Journée au judaïsme, dans le but de promouvoir la connaissance et l'estime et pour faire grandir la relation d'amitié réciproque entre la communauté chrétienne et la communauté juive, une relation qui s'est développée de manière positive après le Concile Vatican II et après la visite historique du Serviteur de Dieu Jean-Paul II à la Grande Synagogue de Rome. Pour grandir et être fructueuse, l'amitié judéo-chrétienne doit elle aussi se fonder sur la prière. Je vous invite donc tous à adresser aujourd'hui une invocation insistante au Seigneur, afin que les juifs et les chrétiens se respectent, s'estiment et collaborent ensemble en vue de la justice et de la paix dans le monde.



28 janvier 2007 - Angelus
Avec une sagesse clairvoyante, saint Thomas d'Aquin réussit à instaurer une confrontation fructueuse avec la pensée arabe et juive de son temps, au point d'être considéré un maître toujours actuel de dialogue avec d'autres cultures et religions. Il sut présenter cette admirable synthèse chrétienne entre raison et foi qui pour la civilisation occidentale représente un patrimoine précieux où l'on peut puiser aujourd'hui également pour dialoguer de manière efficace avec les grandes traditions culturelles et religieuses de l'est et du sud du monde.



1er février 2007 - Aux membres fondateurs de la Fondation pour la Recherche et le Dialogue interreligieux et interculturels
Comme je l'ai rappelé à plusieurs reprises, à la suite de la Déclaration conciliaire Nostra aetate et de mon cher prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, nous sommes appelés, Juifs, Chrétiens et Musulmans, à reconnaître et à développer les liens qui nous unissent. C'est bien là l'idée qui nous a conduits à créer cette Fondation, dont le but est de rechercher «le message le plus essentiel et le plus authentique que les trois religions monothéistes, à savoir judaïsme, christianisme et islam, peuvent adresser au monde du XXIe siècle», afin de donner une nouvelle impulsion au dialogue interreligieux et interculturel, par la recherche commune et par la mise en lumière et la diffusion de ce qui, dans nos patrimoines spirituels respectifs, contribue à renforcer les liens fraternels entre nos communautés de croyants.

Nos traditions religieuses respectives insistent toutes sur le caractère sacré de la vie et sur la dignité de la personne humaine. Nous le croyons, Dieu bénira nos initiatives si elles concourent au bien de tous ses enfants et si elles leur donnent de se respecter les uns les autres, dans une fraternité aux dimensions du monde. Avec tous les hommes de bonne volonté, nous aspirons à la paix. C'est pourquoi je le redis avec insistance: la recherche et le dialogue interreligieux et interculturels ne sont pas une option, mais une nécessité vitale pour notre temps.



5 avril 2007 - Homélie Sainte Cène du Seigneur
Dans la lecture du Livre de l'Exode, est décrite la célébration de la Pâque d'Israël, telle qu'elle était réglementée dans la Loi mosaïque. A l'origine, il a pu y avoir une fête de printemps des nomades. Pour Israël, toutefois, cela s'était transformé en une fête de commémoration, d'action de grâce et, dans le même temps, d'espérance. Au centre de la Cène pascale, ordonnée selon des règles liturgiques déterminées, se trouvait l'agneau comme symbole de la libération de l'esclavage en Egypte. C'est pourquoi l'haggadah pascal était une partie intégrante du repas à base d'agneau : le souvenir narratif que c'était Dieu lui-même qui avait libéré Israël « la main haute ». Lui, le Dieu mystérieux et caché, s'était révélé plus fort que le pharaon avec tout le pouvoir qu'il avait à sa disposition. Israël ne devait pas oublier que Dieu avait personnellement pris en main l'histoire de son peuple et que cette histoire était sans cesse fondée sur la communion avec Dieu. Israël ne devait pas oublier Dieu.

La parole de la commémoration était entourée par des paroles de louange et d'action de grâce tirées des Psaumes. Rendre grâce et bénir Dieu atteignait son sommet dans la berakha, qui en grec est appelée eulogia ou eucaristia : bénir Dieu devient une bénédiction pour ceux qui le bénissent. L'offrande donnée à Dieu revient bénie à l'homme. Tout cela élevait un pont entre le passé et le présent et vers l'avenir : la libération d'Israël n'était pas encore accomplie. La nation souffrait encore comme petit peuple dans le cadre des tensions entre les grandes puissances. Se rappeler avec gratitude de l'action de Dieu par le passé devenait ainsi dans le même temps une supplication et une espérance : Mène à bien ce que tu as commencé ! Donne-nous la liberté définitive !

C'est cette cène aux multiples significations que Jésus célébra avec les siens le soir avant sa Passion. Sur la base de ce contexte nous devons comprendre la nouvelle Pâque, qu'Il nous a donnée dans la Sainte Eucharistie. Dans les récits des évangélistes il existe une contradiction apparente entre l'Evangile de Jean, d'une part, et ce que, de l'autre, nous communiquent Matthieu, Marc et Luc. Selon Jean, Jésus mourut sur la croix précisément au moment où, dans le temple, étaient immolés les agneaux pascals. Sa mort et le sacrifice des agneaux coïncidèrent. Cela signifie cependant qu'Il mourut la veille de Pâques et qu'il ne put donc pas célébrer personnellement la cène pascale - c'est tout au moins ce qu'il semble. En revanche, selon les trois Evangiles synoptiques, la Dernière Cène de Jésus fut une cène pascale. Dans la forme traditionnelle de cette cène il a inséré la nouveauté du don de son corps et de son sang. Cette contradiction semblait insoluble jusqu'il y a quelques années encore. La plupart des exégètes était de l'avis que Jean n'avait pas voulu nous communiquer la véritable date historique de la mort de Jésus, mais avait choisi une date symbolique pour rendre ainsi évidente la vérité la plus profonde : Jésus était le nouvel et véritable agneau qui a répandu son sang pour nous tous.

La découverte des écrits de Qumran nous a entre-temps conduits à une possible solution convaincante qui, bien que n'ayant pas encore été acceptée par tous, est hautement probable. Nous sommes à présent en mesure de dire que ce que Jean a rapporté est historiquement précis. Jésus a réellement versé son sang la veille de la Pâque, à l'heure de l'immolation des agneaux. Il a cependant célébré la Pâque avec ses disciples probablement selon le calendrier de Qumran, donc au moins un jour avant - il l'a célébrée sans agneau, comme la communauté de Qumran, qui ne reconnaissait pas le temple d'Hérode et qui était en attente du nouveau temple. Jésus a donc célébré la Pâque sans agneau - non, pas sans agneau : au lieu de l'agneau il s'est donné lui-même, son corps et son sang. Il a ainsi anticipé sa mort de manière cohérente avec sa parole : « Personne n'a pu me l'enlever [ma vie] : je la donne de moi-même » (Jn 10, 18). Au moment où il présentait à ses disciples son corps et son sang, Il accomplissait réellement cette affirmation. Il a offert lui-même sa vie. Ce n'est qu'ainsi que l'antique Pâque atteignait son véritable sens.

Saint Jean Chrysostome, dans ses catéchèses eucharistiques a un jour écrit : Que dis-tu, Moïse ? Le sang de l'agneau purifie les hommes ? Il les sauve de la mort ? Comment le sang d'un animal peut-il purifier les hommes, sauver les hommes, avoir du pouvoir contre la mort ? De fait - poursuit Chrysostome - l'agneau ne pouvait constituer qu'un geste symbolique et donc l'expression de l'attente et de l'espérance en Quelqu'un qui aurait été en mesure d'accomplir ce que le sacrifice d'un animal n'était pas capable de faire. Jésus célébra la Pâque sans agneau et sans temple et, toutefois, non sans agneau et sans temple. Il était lui-même l'Agneau attendu, le véritable, comme l'avait annoncé Jean Baptiste au début du ministère public de Jésus : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Et c'est lui-même qui est le véritable temple, le temple vivant, dans lequel Dieu habite et dans lequel nous pouvons rencontrer Dieu et l'adorer. Son sang, l'amour de Celui qui est en même temps Fils de Dieu et véritable homme, l'un de nous, ce sang peut sauver. Son amour, cet amour dans lequel Il se donne librement pour nous, est ce qui nous sauve. Le geste nostalgique, d'une certaine manière privé d'efficacité, qui était l'immolation de l'agneau innocent et immaculé, a trouvé une réponse dans Celui qui est devenu pour nous à la fois Agneau et Temple.

Ainsi, au centre de la Pâque nouvelle de Jésus se trouvait la Croix. De la croix venait le don nouveau apporté par Lui. Et ainsi, celle-ci demeure toujours dans l'Eucharistie, dans laquelle nous pouvons célébrer avec les Apôtres au fil du temps, la nouvelle Pâque. Le don vient de la croix du Christ. « Personne n'a pu me l'enlever [ma vie] : je la donne de moi-même ». Maintenant, c'est à nous qu'il la donne. L'haggadah pascal, la commémoration de l'action salvifique de Dieu est devenue mémoire de la croix et résurrection du Christ - une mémoire qui ne rappelle pas simplement le passé mais nous attire en la présence de l'amour du Christ. Et ainsi, la berakha, la prière de bénédiction et d'action de grâce d'Israël, est devenue notre célébration eucharistique, dans laquelle le Seigneur bénit nos dons - pain et vin - pour se donner lui-même à travers eux. Prions le Seigneur de nous aider à comprendre toujours plus profondément ce merveilleux mystère, à l'aimer toujours davantage et par là même à l'aimer Lui-même toujours davantage. Prions-le de nous attirer toujours davantage en lui avec la sainte communion. Prions-le de nous aider à ne pas garder notre vie pour nous-mêmes mais à la Lui donner et ainsi à agir avec Lui, afin que les hommes trouvent la vie - la vie véritable qui ne peut venir que de Celui qui est Lui-même le Chemin, la Vérité et la Vie.



7 septembre 2007 - Avec les journalises, dans l'avion vers l'Autriche
Au cours de cette visite si brève, aucune rencontre n'est prévue pour l'instant avec les autres confessions ou religions; juste un moment devant le monument de la Shoah pour montrer - disons - notre tristesse, notre repentir et également notre amitié à l'égard de nos frères juifs, pour aller de l'avant dans cette grande union que Dieu a créée avec son peuple.



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