Benoît XVI de A à Z

Histoire de l'Eglise

2006



Message Carême 2006
Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l'histoire de l'Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd'hui encore, au temps de l'interdépendance globale, on peut constater qu'aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s'exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d'une attention et d'un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu, comme le disait la bienheureuse Teresa de Calcutta : «La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ». Pour cela il faut faire découvrir Dieu dans le visage miséricordieux du Christ : hors de cette perspective, une civilisation ne se construit pas sur des bases solides…

Nous ne pouvons pas ignorer que des erreurs ont été commises au cours de l'histoire par nombre de ceux qui se disaient disciples de Jésus. Souvent, face aux graves problèmes qui se posaient, ils ont pensé qu'il valait mieux d'abord améliorer la terre et ensuite penser au ciel. La tentation a été de croire que devant les urgences pressantes on devait en premier lieu pourvoir au changement des structures extérieures. Cela eut comme conséquence pour certains la transformation du christianisme en un moralisme, la substitution du croire par le faire.

C'est justement à ce salut intégral que le Carême veut nous conduire en vue de la victoire du Christ sur tout mal qui opprime l'homme. En nous tournant vers le divin Maître, en nous convertissant à Lui, en faisant l'expérience de sa miséricorde grâce au sacrement de la Réconciliation, nous découvrirons un «regard» qui nous scrute dans les profondeurs et qui peut animer de nouveau les foules et chacun d'entre nous. Ce «regard» redonne confiance à ceux qui ne se renferment pas dans le scepticisme, en leur ouvrant la perspective de l'éternité bienheureuse. En fait, déjà dans l'histoire, même lorsque la haine semble dominer, le Seigneur ne manque jamais de manifester le témoignage lumineux de son amour.



2 mars 2006 - Avec les prêtres du Diocèse de Rome
Pie XII. …était le Pape de ma jeunesse. Nous l'avons tous vénéré. Comme il a été dit à juste titre, il a beaucoup aimé le peuple allemand, il l'a défendu également au cours de la grande catastrophe après la guerre. Et je dois ajouter qu'avant d'être Nonce à Berlin, il était Nonce à Munich, car au début, Berlin n'avait pas encore de représentation pontificale. Il était même très proche de nous. Cela me semble une occasion propice d'exprimer ma gratitude à tous les grands Papes du siècle dernier. Le siècle s'est ouvert avec saint Pie X, puis Benoît XV, puis Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I et Jean-Paul II. Il me semble que cela représente un don spécial dans un siècle aussi difficile, avec deux Guerres mondiales, avec deux idéologies destructrices: le fascisme-nazisme et le communisme. C'est précisément au cours de ce siècle, qui s'est opposé à la foi de l'Eglise, que le Seigneur nous a donné une chaîne de grands Papes, et ainsi, un héritage spirituel qui a confirmé, dirais-je, historiquement la vérité du primat du Successeur de Pierre.



25 mars 2006 - Homélie de la Messe Solennité de l'Annonciation et Consistoire
Dans l'Incarnation du Fils de Dieu, nous reconnaissons en effet les débuts de l'Eglise. Tout provient de là. Toute réalisation historique de l'Eglise et également chacune de ses institutions doivent se rapporter à cette Source originelle. Elles doivent se rapporter au Christ, Verbe de Dieu incarné.



26 mars 2006 - Angelus
L'Eglise progresse dans l'histoire et se répand sur la terre, accompagnée par Marie, Reine des Apôtres. Comme au Cénacle, la Sainte Vierge constitue toujours pour les chrétiens la mémoire vivante de Jésus. C'est elle qui anime leur prière et soutient leur espérance. Nous lui demandons de nous guider sur le chemin de chaque jour et de protéger avec une prédilection spéciale les communautés chrétiennes qui vivent dans des situations de grande difficulté et de grandes souffrances.



2 avril 2006 - Angelus
Le 2 avril de l'an dernier, un jour comme aujourd'hui, le bien-aimé pape Jean-Paul II vivait au cours de ces heures mêmes, la dernière phase de son pèlerinage terrestre, un pèlerinage de foi, d'amour et d'espérance qui a profondément marqué l'histoire de l'Eglise et de l'humanité.



31 août 2006 - Avec les prêtres du Diocèse d'Albano
Oui ! Naturellement nous avons de l'espoir : l'Eglise est vivante ! Nous avons derrière nous deux mille ans d'histoire de l'Eglise, avec tant de souffrances et aussi avec de nombreux échecs: pensons à l'Eglise en Asie mineure, la grande et florissante Eglise de l'Afrique du Nord, qui a disparu avec l'invasion musulmane. Des parties de l'Eglise peuvent donc réellement disparaître, comme dit saint Jean dans l'Apocalypse, ou le Seigneur à travers saint Jean: « Je vais venir à toi et je déplacerai ton chandelier, si tu ne te convertis pas » (2, 5). Mais, d'autre part, nous voyons comment malgré tant de crises l'Eglise est re-née avec une nouvelle jeunesse, avec une nouvelle fraîcheur.

Au siècle de la Réforme, l'Eglise catholique apparaissait, en vérité, presque révolue. Le nouveau courant semblait triompher, affirmant: maintenant l'Eglise de Rome est révolue. Mais nous voyons qu'avec les grands saints, comme Ignace de Loyola, Thérèse d'Avila, Charles Borromée et d'autres, l'Eglise renaît. Elle trouve dans le Concile de Trente une nouvelle actualisation et une revitalisation de sa doctrine. Et elle revit avec une grande vitalité. Nous voyons le siècle des Lumières, lorsque Voltaire a affirmé : Cette antique Eglise est enfin révolue, vive l'humanité! Et que se passe-t-il en revanche ? L'Eglise se renouvelle. Le XIXe siècle devient le siècle des grands saints, d'une nouvelle vitalité pour de nombreuses Congrégations religieuses, et la foi est plus forte que tous les courants qui vont et viennent. Il en a été de même au siècle dernier. Hitler a un jour affirmé : « La Providence m'a appelé, moi un catholique, pour qu'en on finisse avec le catholicisme. Seul un catholique peut détruire le catholicisme ». Il était sûr de posséder tous les moyens pour détruire enfin le catholicisme. De même, le grand courant marxiste était sûr de faire la révision scientifique du monde et d'ouvrir les portes à l'avenir: l'Eglise est arrivée à sa fin, elle est révolue ! Mais l'Eglise est plus forte, selon les paroles du Christ. C'est la vie du Christ qui vainc dans son Eglise.

Même à une époque difficile, alors que les vocations manquent, la Parole du Seigneur demeure pour l'éternité. Et celui qui - comme le dit le Seigneur lui-même - construit sa vie sur ce « roc »de la Parole du Christ, construit de manière solide. C'est pourquoi nous pouvons avoir confiance. Nous voyons également à notre époque des initiatives de foi. Nous voyons qu'en Afrique, l'Eglise, malgré tous les problèmes, possède une fraîcheur de vocations encourageante. Et ainsi, avec toutes les diversités du paysage historique d'aujourd'hui, nous voyons - et plus encore nous croyons - que les paroles du Seigneur sont esprit et vie, ce sont des paroles de vie éternelle. Saint Pierre a dit, comme nous l'avons entendu dimanche dernier dans l'Evangile (Jn 6, 69) : « Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le saint, le saint de Dieu ». Et en voyant l'Eglise d'aujourd'hui, en voyant, avec toutes ses souffrances, la vitalité de l'Eglise, nous pouvons nous aussi affirmer : nous croyons et savons que tu nous donnes les paroles de la vie éternelle, et donc une espérance qui ne déçoit point.



2007



3 janvier 2007 - Audience Générale
Les plus de deux mille ans d'histoire chrétienne sont remplis d'exemples d'hommes et de femmes, de jeunes et d'adultes, d'enfants et de personnes âgées qui ont cru au mystère de Noël, qui ont ouvert les bras à l'Emmanuel en devenant par leur vie des phares de lumière et d'espérance.



6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie
En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d'annoncer le Christ, lumière du monde, à l'humanité contemporaine. Au cœur de l'Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l'Esprit Saint, le désir d'une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l'époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l'histoire, se trouvait face au défi d'une civilisation mondiale, où le centre ne pouvait plus être l'Europe, pas plus que ce nous appelons l'Occident et le Nord du monde. Apparaissait l'exigence d'élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel ; c'est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s'imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s'il n'y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous. Avant le Concile Vatican II, des consciences éclairées et des penseurs chrétiens avaient déjà eu l'intuition de ce défi historique et l'avaient affronté. Eh bien, au début du troisième millénaire, nous nous trouvons au cœur de cette phase de l'histoire humaine, qui a désormais été classifiée autour du terme « mondialisation ». D'autre part, nous nous apercevons aujourd'hui à quel point il est facile de perdre de vue les termes de ce même défi, précisément parce que l'on est concerné par ce défi : un risque fortement renforcé par l'immense expansion des mass media, qui, d'une part, s'ils multiplient indéfiniment les informations, de l'autre, semblent affaiblir nos capacités de réaliser une synthèse critique. La solennité d'aujourd'hui peut nous offrir cette perspective, à partir de la manifestation d'un Dieu qui s'est révélé dans l'histoire comme lumière du monde, pour guider et introduire finalement l'humanité dans la terre promise, où règnent la liberté, la justice et la paix. Et nous voyons toujours davantage que nous ne pouvons pas promouvoir seuls la justice et la paix, si ne se manifeste pas à nous la lumière d'un Dieu qui nous montre son visage, qui nous apparaît dans la mangeoire de Bethléem, qui nous apparaît sur la Croix.



10 janvier 2007 - Audience Générale
La mort d'Etienne, premier martyr du Christ, fut suivie par une persécution locale contre les disciples de Jésus (cf. Ac 8, 1), la première qui ait eu lieu dans l'Histoire de l'Eglise. Celle-ci constitua l'occasion concrète qui poussa le groupe des chrétiens juifs d'origine grecque à fuir de Jérusalem et à se disperser. Chassés de Jérusalem, ils se transformèrent en missionnaires itinérants : « Ceux qui s'étaient dispersés allèrent répandre partout la Bonne Nouvelle de la Parole » (Ac 8, 4). La persécution et la dispersion qui s'ensuit deviennent mission. L'Evangile se diffusa ainsi en Samarie, en Phénicie et en Syrie, jusqu'à la grande ville d'Antioche, où selon Luc il fut annoncé pour la première fois également aux païens (cf. Ac 11, 19-20) et où retentit aussi pour la première fois le nom de « chrétiens » (Ac 11, 26)

Luc note en particulier que les lapidateurs d'Etienne « avaient mis leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58), le même qui, de persécuteur, deviendra un éminent apôtre de l'Evangile. Cela signifie que le jeune Saul devait avoir entendu la prédication d'Etienne, et qu'il connaissait donc ses contenus principaux. Et saint Paul était probablement parmi ceux qui, suivant et entendant ce discours, « s'exaspéraient contre lui, et grinçaient des dents » (Ac 7, 54). Et nous pouvons alors voir les merveilles de la Providence divine. Saül, adversaire acharné de la vision d'Etienne, après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, reprend la lecture christologique de l'Ancien Testament effectuée par le Protomartyre, il l'approfondit et la complète, et devient ainsi l'« Apôtre des Nations ». La Loi est accomplie, ainsi enseigne-t-il, dans la Croix du Christ. Et la foi dans le Christ, la communion avec l'amour du Christ est le véritable accomplissement de toute la Loi. Tel est le contenu de la prédication de Paul. Il démontre ainsi que le Dieu d'Abraham devient le Dieu de tous. Et tous les croyants en Jésus Christ, en tant que fils d'Abraham, participent de ses promesses. Dans la mission de saint Paul s'accomplit la vision d'Etienne…

L'histoire d'Etienne nous dit beaucoup de choses. Par exemple, elle nous enseigne qu'il ne faut jamais dissocier l'engagement social de la charité de l'annonce courageuse de la foi. Il était l'un des sept, chargé en particulier de la charité. Mais il n'était pas possible de dissocier la charité et l'annonce. Ainsi, avec la charité, il annonce le Christ crucifié, jusqu'au point d'accepter également le martyre. Telle est la première leçon que nous pouvons apprendre de la figure de saint Etienne : charité et annonce vont toujours de pair. Saint Etienne nous parle surtout du Christ, du Christ crucifié et ressuscité comme centre de l'histoire et de notre vie. Nous pouvons comprendre que la Croix reste toujours centrale dans la vie de l'Eglise et également dans notre vie personnelle. Dans l'histoire de l'Eglise ne manquera jamais la passion, la persécution. Et c'est précisément la persécution qui, selon la célèbre phrase de Tertullien, devient une source de mission pour les nouveaux chrétiens. Je cite ses paroles : « Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes moissonnés par vous : le sang des chrétiens est une semence » (Apologetico 50, 13 : Plures efficimur quoties metimur a vobis : semen est sanguis christianorum).



Le 7 février 2007 - Audience Générale
Les noms d'Aquilas et de Priscille sont latins, mais l'homme et la femme qui les portent étaient d'origine juive. Cependant, au moins Aquilas provenait géographiquement de la diaspora de l'Anatolie septentrionale, qui s'ouvre sur la Mer Noire - dans la Turquie actuelle -, alors que Priscille, dont le nom se trouve parfois abrégé en Prisca, était probablement une Juive venant de Rome (cf. Ac 18, 2). C'est en tout cas de Rome qu'ils étaient arrivés à Corinthe, où Paul les rencontra au début des années 50 : c'est là qu'il s'associa à eux car, comme nous le raconte Luc, ils exerçaient le même métier de fabricants de toiles ou de tentes pour un usage domestique, et il fut même accueilli dans leur maison (cf. Ac 18, 3). Le motif de leur venue à Corinthe avait été la décision de l'empereur Claude de chasser de Rome les Juifs résidant dans l'Urbs. L'historien romain Suétone nous dit, à propos de cet événement, qu'il avait expulsé les Juifs car « ils provoquaient des tumultes en raison d'un certains Crestus » (cf. « Les vies des douze César, Claude », 25). On voit qu'il ne connaissait pas bien le nom - au lieu du Christ, il écrit « Crestus » - et qu'il n'avait qu'une idée très confuse de ce qui s'était passé. Quoi qu'il en soit, des discordes régnaient à l'intérieur de la communauté juive autour de la question si Jésus était ou non le Christ. Et ces problèmes constituaient pour l'empereur un motif pour expulser simplement tous les juifs de Rome. On en déduit que les deux époux avait déjà embrassé la foi chrétienne à Rome dans les années 40, et qu'ils avaient à présent trouvé en Paul quelqu'un qui partageait non seulement cette foi avec eux - que Jésus est le Christ - mais qui était également un apôtre, appelé personnellement par le Seigneur Ressuscité. La première rencontre a donc lieu à Corinthe, où ils l'accueillent dans leur maison et travaillent ensemble à la fabrication de tentes.

Dans un deuxième temps, ils se rendirent en Asie mineure, à Ephèse. Ils jouèrent là un rôle déterminant pour compléter la formation chrétienne du Juif alexandrin Apollos, dont nous avons parlé mercredi dernier. Comme il ne connaissait que de façon sommaire la foi chrétienne, « Priscille et Aquilas l'entendirent, ils le prirent à part et lui exposèrent avec plus d'exactitude la Voie de Dieu » (Ac 18, 26). Quand à Ephèse, l'Apôtre Paul écrit sa Première Lettre aux Corinthiens, il envoie aussi explicitement avec ses propres salutations celles d'« Aquilas et Prisca [qui] vous saluent bien dans le Seigneur, avec l'Eglise qui se rassemble chez eux » (16, 19). Nous apprenons ainsi le rôle très important que ce couple joua dans le milieu de l'Eglise primitive : accueillir dans leur maison le groupe des chrétiens locaux, lorsque ceux-ci se rassemblaient pour écouter la Parole de Dieu et pour célébrer l'Eucharistie. C'est précisément ce type de rassemblement qui est appelé en grec ekklesìa - le mot latin est ecclesia, le mot français « église » - qui signifie convocation, assemblée, regroupement. Dans la maison d'Aquilas et de Priscille, se réunit donc l'Eglise, la convocation du Christ, qui célèbre là les saints Mystères. Et ainsi, nous pouvons précisément voir la naissance de la réalité de l'Eglise dans les maisons des croyants. Les chrétiens, en effet, jusque vers le IIIe siècle, ne possédaient pas leurs propres lieux de culte : dans un premier temps, ce furent les synagogues juives, jusqu'à ce que la symbiose originelle entre l'Ancien et le Nouveau Testament ne se défasse et que l'Eglise des Gentils ne soit obligée de trouver sa propre identité, toujours profondément enracinée dans l'Ancien Testament. Ensuite, après cette « rupture », les chrétiens se réunissent dans les maisons, qui deviennent ainsi « Eglise ». Et enfin, au IIIe siècle, naissent de véritables édifices de culte chrétien. Mais ici, dans la première moitié du Ier et du IIe siècle, les maisons des chrétiens deviennent véritablement et à proprement parler des « églises ». Comme je l'ai dit, on y lit ensemble les Saintes Ecritures et l'on y célèbre l'Eucharistie. C'est ce qui se passait, par exemple, à Corinthe, où Paul mentionne un certain « Gaïus vous salue, lui qui m'a ouvert sa maison, à moi et à toute l'Eglise » (Rm 16, 23), ou à Laodicée, où la communauté se rassemblait dans la maison d'une certaine Nympha (cf. Col 4, 15), ou à Colosse, où le rassemblement avait lieu dans la maison d'un certain Archippe (cf. Phm 1, 2).

De retour à Rome, Aquilas et Priscille continuèrent à accomplir cette très précieuse fonction également dans la capitale de l'Empire. En effet, Paul, écrivant aux Romains, envoie précisément ce salut : « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus : pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c'est le cas de toutes les Eglises de la gentilité : saluez aussi l'Eglise qui se réunit chez eux » (Rm 16, 3-5). Quel éloge extraordinaire des deux conjoints dans ces paroles ! Et c'est l'apôtre Paul lui-même qui le fait. Il reconnaît explicitement en eux, deux véritables et importants collaborateurs de son apostolat. La référence au fait d'avoir risqué leur vie pour lui est probablement liée à des interventions en sa faveur au cours d'un de ses emprisonnements, peut-être à Ephèse même (cf. Ac 19, 23 : 1 Co 15, 32 : 2 Co 1, 8-9). Et le fait qu'à sa gratitude, Paul associe même celle de toutes les Eglises des gentils, tout en considérant peut-être l'expression quelque peu excessive, laisse entrevoir combien leur rayon d'action a été vaste, ainsi, en tous cas, que leur influence en faveur de l'Evangile.

La tradition hagiographique postérieure a conféré une importance particulière à Priscille, même si le problème de son identification avec une autre Priscille martyre, demeure. Dans tous les cas, ici, à Rome, nous avons aussi bien une église consacrée à Sainte Prisca sur l'Aventin que les catacombes de Priscille sur la Via Salaria. De cette façon se perpétue la mémoire d'une femme, qui a été certainement une personne active et d'une grande valeur dans l'histoire du christianisme romain.



11 février 2007 - Message pour la Journée Mondiale du Malade
L'Eglise, suivant l'exemple du Bon Samaritain, a toujours fait preuve d'une sollicitude particulière pour les malades. A travers chacun de ses membres et ses institutions, elle continue d'être aux côtés de ceux qui souffrent et qui vont mourir, cherchant à préserver leur dignité en ces moments significatifs de l'existence humaine. Un grand nombre de ces personnes, du personnel médical, des agents pastoraux et des volontaires, ainsi que des institutions présentes dans le monde entier, servent inlassablement les malades dans les hôpitaux et dans les unités de soins palliatifs, dans les rues de la ville, dans le cadre des projets d'assistance à domicile et dans les paroisses.



14 février 2007 - Audience Générale
Nous sommes parvenus aujourd'hui au terme de notre parcours parmi les témoins des débuts du christianisme que mentionnent les écrits néo-testamentaires. Et au cours de la dernière étape de ce premier parcours, nous consacrerons notre attention aux nombreuses figures de femmes qui ont accompli un rôle efficace et précieux dans la diffusion de l'Evangile. Leur témoignage ne peut être oublié, conformément à ce que Jésus lui-même dit de la femme qui lui versa de huile sur la tête, peu avant la Passion : « En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé cet Evangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle vient de faire » (Mt 26, 13 ; Mc 14, 9). Le Seigneur veut que ces témoins de l'Evangile, ces figures qui ont apporté une contribution afin de faire grandir la foi en Lui, soient connues et que leur mémoire soit vivante dans l'Eglise. Sur le plan historique, nous pouvons distinguer le rôle des femmes dans le christianisme des origines, au cours de la vie terrestre de Jésus et au cours des événements de la première génération chrétienne.

Bien sûr, comme nous le savons, Jésus choisit parmi ses disciples douze hommes comme Pères de la nouvelle Israël ; il les choisit pour « être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc 3, 14-15). Ce fait est évident mais, outre les Douze, piliers de l'Eglise, pères du nouveau Peuple de Dieu, de nombreuses femmes sont également choisies au nombre des disciples. Je n'évoquerai que très brièvement celles qui se trouvent sur le chemin de Jésus lui-même, en commençant par la prophétesse Anne (cf. Lc 2, 36-38) jusqu'à la Samaritaine (cf. Jn 4, 1-39), la femme syrophénicienne (cf. Mc 7, 24-30), l'hémorroïsse (cf. Mt 9, 20-22) et la pécheresse pardonnée (cf. Lc 7, 36-50). Je ne me réfère pas non plus aux protagonistes de certaines paraboles efficaces, par exemple la femme qui fait le pain (Mt 13, 33), la femme qui perd une drachme (Lc 15, 8-10), la veuve qui importune le juge (Lc 18, 1-8). Les femmes qui ont joué un rôle actif dans le cadre de la mission de Jésus sont plus importantes pour notre réflexion. En premier lieu, ma pensée se tourne naturellement vers la Vierge Marie, qui à travers sa foi et son oeuvre maternelle, collabora de façon unique à notre Rédemption, au point qu'Elisabeth put la proclamer « bénie entre les femmes » (Lc 1, 42), en ajoutant « bienheureuse celle qui a cru » (Lc 1, 45). Devenue disciple du Fils, Marie manifesta à Cana une entière confiance en Lui (cf. Jn 2, 5) et le suivit jusque sous la Croix, où elle reçut de Lui une mission maternelle pour tous ses disciples de tout temps, représentés par Jean (cf. Jn 19, 25-27).

Viennent ensuite différentes femmes qui, à titre divers, gravitent autour de la figure de Jésus en ayant des fonctions de responsabilité. Un exemple éloquent est représenté par les femmes qui suivaient Jésus pour l'assister de leurs biens, et dont Luc nous transmet certains noms : Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne et « plusieurs autres » (cf. Lc 8, 2-3). Puis, les Evangiles nous informent que les femmes, à la différence des Douze, n'abandonnèrent pas Jésus à l'heure de la Passion (cf. Mt 27, 56.61 ; Mc 15, 40). Parmi elles ressort en particulier Marie-Madeleine, qui non seulement assista à la Passion mais fut également la première à témoigner et à annoncer le Ressuscité (cf. 20, 1. 11-18). C'est précisément à Marie de Magdala que saint Thomas d'Aquin réserve le qualificatif particulier d'« apôtre des apôtres » (apostolorum apostola), lui consacrant ce beau commentaire : « De même qu'une femme avait annoncé au premier homme des paroles de mort, ainsi, une femme annonça en premier aux apôtres des paroles de vie » (Super Ioannem, ed. Cai, § 2519).

Dans le domaine de l'Eglise des débuts également, la présence des femmes n'est absolument pas secondaire. Nous n'insistons pas sur les quatre filles non nommées du « diacre » Philippe, résidant à Cesarée Marittime, et toutes dotées, comme nous le dit saint Luc, du « don de prophétie », c'est-à-dire de la faculté d'intervenir publiquement sous l'action de l'Esprit Saint (cf. Ac 21, 9). La brièveté de l'information ne nous permet pas de déductions plus précises. Nous devons plutôt à saint Paul une plus ample documentation sur la dignité et sur le rôle ecclésial de la femme. Il part du principe fondamental selon lequel pour les baptisés, non seulement « il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre », mais également « il n'y a ni homme ni femme ». La raison est que « tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 28), c'est-à-dire que tous sont unis par la même dignité fondamentale, bien que chacun soit doté de fonctions spécifiques (cf. 1 Co 12, 27-30). L'apôtre admet comme quelque chose de normal que dans la communauté chrétienne, la femme puisse « prophétiser » (1 Co 11, 5), c'est-à-dire se prononcer ouvertement sous l'influence de l'Esprit, du moment que cela soit pour l'édification de la communauté et fait avec dignité. C'est pourquoi la célèbre exhortation suivante, à ce que « les femmes gardent le silence dans les assemblées » (1 Co 14, 34) doit être plutôt relativisée. Nous laissons aux exégètes le problème, très débattu, qui en découle, de la relation apparemment contradictoire, entre la première affirmation - les femmes peuvent prophétiser dans l'assemblée - et la seconde - les femmes ne peuvent pas parler. Ce n'est pas ici qu'il doit être débattu. Mercredi dernier nous avons déjà rencontré la figure de Prisca ou Priscille, femme d'Aquilas, qui dans deux cas, de manière surprenante, est mentionnée avant son mari (cf. Ac 18, 18 ; Rm 16, 3) : l'une et l'autre sont cependant explicitement qualifiés par Paul comme ses sun-ergoús « collaborateurs » (Rm 16, 3).

Certains autres faits ne peuvent pas être négligés. Il faut prendre acte, par exemple, que la brève Lettre à Philémon est en réalité également adressée par Paul à une femme appelée « Apphia » (cf. Ph 2). Des traductions latines et syriaques du texte grec ajoutent à ce nom « Apphia », l'appellation de « soror carissima » (ibid.), et l'on doit dire que dans la communauté de Colosse, celle-ci devait occuper une place importante ; quoi qu'il en soit, c'est l'unique femme mentionnée par Paul parmi les destinataires d'une de ses lettres. Ailleurs, l'Apôtre mentionne une certaine « Phébée », qualifiée comme diákonos de l'Eglise de Cencrées, petite ville portuaire située à l'est de Corinthe (cf. Rm 16, 1-2). Bien que le titre, à cette époque, n'ait pas encore de valeur ministérielle spécifique de type hiérarchique, il exprime un véritable exercice de responsabilité de la part de cette femme en faveur de cette communauté chrétienne. Paul recommande de la recevoir cordialement et de l'assister « en toute affaire où elle ait besoin », puis il ajoute: « car elle a pris soin de beaucoup de gens, et de moi aussi ». Dans le même contexte épistolaire, l'Apôtre rappelle avec des accents délicats d'autres noms de femmes : une certaine Marie, puis Tryphène, Tryphose et la « très chère » Persis, en plus de Julie, dont il écrit ouvertement qu'elles se sont « donnés beaucoup de peine dans le Seigneur » ou « qui se donnent de la peine dans le Seigneur » (Rm 16, 6.12a.12b.15), soulignant ainsi leur profond engagement ecclésial. Dans l'Eglise de Philippes se distinguèrent ensuite deux femmes appelées « Evodie et Synthykhé » (Ph 4, 2): le rappel que Paul fait de leur concorde réciproque laisse entendre que les deux femmes assuraient une fonction importante au sein de cette communauté.

En somme, l'histoire du christianisme aurait eu un développement bien différent s'il n'y avait pas eu le généreux apport de nombreuses femmes. C'est pourquoi, comme l'écrivit mon cher prédécesseur Jean-Paul II dans la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, « L'Eglise rend grâce pour toutes les femmes et pour chacune d'elles... L'Eglise rend grâce pour toutes les manifestations du "génie" féminin apparues au cours de l'histoire, dans tous les peuples et dans toutes les nations ; elle rend grâce pour tous les charismes dont l'Esprit Saint a doté les femmes dans l'histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires remportées grâce à leur foi, à leur espérance et à leur amour: elle rend grâce pour tous les fruits de la sainteté féminine » (n. 31). Comme on le voit, l'éloge concerne les femmes au cours de l'histoire de l'Eglise et il est exprimé au nom de la communauté ecclésiale tout entière. Nous nous unissons nous aussi à cette appréciation en rendant grâce au Seigneur, car Il conduit son Eglise, génération après génération, en s'appuyant indistinctement sur des hommes et des femmes, qui savent faire fructifier leur foi et leur baptême pour le bien du Corps ecclésial tout entier, pour la plus grande gloire de Dieu.



30 mars 2007 - Au nouvel Ambassadeur d'Ukraine près le Saint-Siège
L'une des vocations propres à l'Église catholique s'exprime dans l'importance qu'elle a toujours accordée à l'éducation des jeunes, notamment à travers l'apostolat des nombreux instituts religieux qui, au cours de l'histoire, se sont consacrés à cette oeuvre. Il s'agit pour l'Église de permettre aux jeunes de recevoir une formation solide et intégrale, fondée sur les principes de l'éthique chrétienne et donc de la dignité fondamentale de l'être humain, créé à l'image de Dieu. Ils pourront ainsi trouver un chemin d'épanouissement personnel, moral et spirituel, et ils seront davantage en mesure d'assumer demain leur mission dans la société, en ayant le souci permanent de promouvoir le respect de la dignité humaine à travers ses différentes expressions, dans les domaines de la politique, de l'économie et de la bioéthique. L'Église catholique souhaite participer activement à cette grande mission éducative, en mettant son expérience au service de tous.



22 avril 207 - Homélie Messe à Pavie
Au cours du temps pascal, l'Eglise nous présente, dimanche après dimanche, quelques passages de la prédication à travers lesquels les Apôtres, en particulier Pierre, après Pâques, invitaient Israël à la foi en Jésus Christ, le Ressuscité, fondant ainsi l'Eglise. Dans la lecture d'aujourd'hui, les Apôtres se tiennent devant le Sanhédrin - devant l'institution qui, ayant déclaré Jésus coupable de mort, ne pouvait tolérer que ce Jésus, à travers la prédication des Apôtres, commence à présent à agir à nouveau; elle ne pouvait tolérer que sa force de guérison soit à nouveau présente et qu'autour de ce nom se rassemblent des personnes qui croyaient en Lui comme dans le Rédempteur promis. Les Apôtres sont accusés. Le reproche est le suivant: "Vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme-là". A cette accusation, Pierre répond par une brève catéchèse sur l'essence de la foi chrétienne: "Non, nous ne voulons pas faire retomber son sang sur vous. L'effet de la Mort et de la Résurrection de Jésus est totalement différent. Dieu a fait de lui "la Tête et le Sauveur" pour tous, précisément pour vous également, pour son peuple d'Israël". Et où conduit cette "Tête", qu'apporte ce "Sauveur"? Saint Pierre nous dit qu'il conduit à la conversion - il crée l'espace et la possibilité de reconnaître ses torts, de se repentir, de recommencer. Et Il donne le pardon des péchés - il nous introduit dans une juste relation avec Dieu et ainsi dans une juste relation de chacun avec soi-même et avec les autres.

Cette brève catéchèse de Pierre ne valait pas seulement pour le Sanhédrin. Elle nous parle à tous. Parce que Jésus, le Ressuscité, vit également aujourd'hui. Et pour toutes les générations, pour tous les hommes, Il est la "tête" qui précède sur le chemin, qui montre la voie et le "sauveur" qui rend notre vie juste. Les deux paroles "conversion" et "pardon des péchés" correspondent aux deux titres du Christ "tête" archegòs en grec, et "sauveur", il s'agit des deux paroles-clés de la catéchèse de Pierre, paroles qui en cet instant, veulent atteindre également notre cœur. Et que veulent-elles dire? Le chemin que nous devons accomplir - le chemin que Jésus nous indique, s'appelle "conversion". Mais quel est-il? Que faut-il faire? Dans chaque vie, la conversion possède sa propre forme, car chaque homme est quelque chose de nouveau et personne n'est uniquement la copie d'un autre. Mais au cours de l'histoire de la chrétienté, le Seigneur nous a envoyé des modèles de conversion qui, si nous tournons notre regard vers eux, peuvent nous orienter. Nous pourrions pour cela regarder Pierre lui-même, auquel le Seigneur avait dit au Cénacle: "Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères" (Lc 22, 32). Nous pourrions nous tourner vers Paul comme vers un grand converti.



2008



17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
Il y a presque deux mille ans, les Apôtres, réunis à l'étage de la maison, avec Marie (cf. Ac 1, 14) et avec quelques femmes fidèles, furent remplis de l'Esprit Saint (cf. Ac 2, 4). En cet instant extraordinaire, qui manifesta la naissance de l'Église, le trouble et la peur qui avaient saisi les Disciples du Christ, se sont transformées en une vigoureuse conviction, et en une prise de conscience d'un objectif. Ils se sentirent poussés à parler de leur rencontre avec Jésus ressuscité, que désormais, ils appelaient affectueusement le Seigneur. À bien des égards, les Apôtres étaient des personnes ordinaires. Aucun d'eux ne pouvait prétendre qu'il était un disciple parfait. Ils n'avaient pas su reconnaître le Christ (cf. Lc 24, 13-32), ils avaient dû rougir de leur ambition (cf. Lc 22, 24-27), ils l'avaient même renié (cf. Lc 22, 54-62). Et pourtant, quand ils furent remplis de l'Esprit Saint, ils furent transpercés par la vérité de l'Évangile du Christ et ils se sentirent poussés à le proclamer sans crainte. Rassurés, ils s'écrièrent : repentez-vous, faites-vous baptiser, recevez l'Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-38) ! Fondée sur l'enseignement des Apôtres et y adhérant, rompant le pain et priant (cf. Ac 2, 42), la jeune communauté chrétienne se leva pour s'opposer à la perversité de la culture qui l'entourait (cf. Ac 2, 40), pour prendre soin de ses propres membres (cf. Ac 2, 44-47), pour défendre sa foi en Jésus face aux oppositions (cf. Ac, 4, 33) et pour guérir les malades (cf. Ac 5, 12-16). Et, obéissant au commandement du Christ lui-même, ils partirent, rendant témoignage à la plus grande histoire de tous les temps : que Dieu s'est fait l'un de nous, que le divin est entré dans l'histoire humaine pour la transformer, et que nous sommes appelés à nous immerger dans l'amour salvifique du Christ qui triomphe du mal et de la mort. Dans son célèbre discours à l'aréopage, saint Paul introduisit ainsi le message : Dieu donne toute chose à chacun, y compris le souffle et la vie, afin que toutes les Nations puissent le chercher, si jamais, marchant à tâtons, elles arrivent à le trouver. En effet, il n'est pas loin de chacun de nous, puisque en lui il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d'exister (cf. Ac 17, 25-28).



18 juillet 2008 - rencontre œcuménique dans la crypte de la cathédrale de Sydney
Chers amis dans le Christ, je pense que vous serez d'accord pour constater que le mouvement œcuménique est parvenu à un point critique. Pour progresser, nous devons sans cesse demander à Dieu de renouveler nos esprits par la grâce de l'Esprit Saint (cf. Rm 12, 2), qui nous parle à travers les Écritures et nous conduit à la vérité tout entière (cf. 2 P 1, 20-21 ; Jn 16, 13). Nous devons nous garder de la tentation de considérer la doctrine comme une cause de division et, par conséquent, comme un empêchement à ce qui semble être la tâche immédiate la plus urgente pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. En réalité, l'histoire de l'Église démontre que la praxis non seulement est inséparable de la didaché, ou enseignement, mais qu'elle en découle au contraire. Plus nous nous efforcerons avec assiduité de parvenir à une compréhension commune des mystères divins, plus nos œuvres de charité parleront avec éloquence de l'immense bonté de Dieu et de son amour pour tous les hommes. Saint Augustin exprime le lien entre le don de la connaissance et la vertu de la charité quand il écrit que l'esprit retourne à Dieu à travers l'amour (cf. De moribus Ecclesiae catholicae, XII, 21), et que là où est la charité, là est la Trinité (cf. De Trinitate, 8, 8, 12).



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