Benoît XVI de A à Z

Dieu proche

2005

 

 

20 août 2005 – JMJ Cologne - Veillée avec les jeunes

       Les Mages venant d'Orient sont seulement les premiers d'un long cortège d'hommes et de femmes qui, dans leur vie, ont constamment cherché du regard l'étoile de Dieu, qui ont cherché le Dieu qui est proche de nous, les êtres humains, et qui nous indique la route.

 

24 décembre 2005 – Homélie de la Messe de la Nuit de Noel

     Dieu est si grand qu'il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu'il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l'aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l'étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu'elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C'est cela Noël: «Tu es mon fils; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré». Dieu est devenu l'un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l'Enfant dans la crèche: Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître. Et sur chaque enfant resplendit quelque chose du rayon de cet aujourd'hui, de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre - sur chaque enfant, même sur celui qui n'est pas encore né.

 

 

 

2006

12 février 2006 – Angelus

     La maladie est un trait typique de la condition humaine, qui peut devenir une métaphore réaliste de celle-ci, comme l'exprime saint Augustin dans l'une de ses prières:  "Seigneur, ayez pitié de moi! Hélas! Voilà mes blessures, je ne les cache pas. Vous êtes le médecin, je suis le malade; vous êtes miséricordieux, je suis un misérable". (Conf. Livre X, n. 39).

     Le Christ est le vrai "médecin" de l'humanité, que le Père céleste a envoyé dans le monde pour guérir l'homme, marqué dans son corps et son esprit par le péché et ses conséquences. L'Evangile de Marc nous présente Jésus qui, au début de son ministère public se consacre tout entier à la prédication et à la guérison des malades dans les villages de Galilée. Les innombrables signes prodigieux qu'il accomplit sur les malades confirment la "bonne nouvelle" du Royaume de Dieu. L'Evangile raconte la guérison d'un lépreux et exprime avec une grande force l'intensité de la relation entre Dieu et l'homme, résumée dans un merveilleux dialogue:  "Si tu le veux, tu peux me purifier", dit le lépreux. "Je le veux, sois purifié", répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre (Mc 1, 40-42). Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l'histoire du salut:  ce geste de Jésus qui tend la main et touche le corps couvert de plaies de la personne qui l'invoque, manifeste parfaitement la volonté de Dieu de guérir sa créature déchue, en lui redonnant la vie "en abondance" (Jn 10, 10), la vie éternelle, pleine, heureuse. Le Christ est "la main" de Dieu tendue à l'humanité pour qu'elle puisse sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et se remettre debout sur le roc solide de l'amour divin (cf. Ps 39, 2-3).

 

 

 

 

 

2007

 

 

3 janvier 2007 – Audience Générale

     L'Apôtre bien-aimé du Seigneur souligne que des fils, « nous le sommes » (1 Jn 3, 1) : nous ne sommes pas seulement des créatures, mais nous sommes des fils ; de cette manière, Dieu est proche de nous ; de cette manière il nous attire à lui au moment de son incarnation, en se faisant l'un de nous. Nous appartenons donc vraiment à la famille qui a Dieu comme Père, car Jésus, le Fils unique, est venu planter sa tente parmi nous, la tente de sa chair, pour rassembler toutes les nations en une unique famille, la famille de Dieu, appartenant réellement à l'Etre divin, unis en un seul peuple, une seule famille.

 

22 avril 2007 – Rencontre à l’Université de Pavie    

      Saint Augustin était un homme animé par un inlassable désir de trouver la vérité, de trouver ce qu'est la vie, de savoir comment vivre, de connaître l'homme. Et c'est précisément à cause de sa passion pour l'homme qu'il a cherché Dieu, parce c'est uniquement dans la lumière de Dieu que la grandeur de l'homme également, la beauté de l'aventure d'être un homme peut pleinement apparaître. Ce Dieu lui apparaissait au début très lointain. Puis il l'a trouvé:  ce Dieu grand, inaccessible, s'est fait proche, est devenu l'un de nous. Le grand Dieu est notre Dieu, c'est un Dieu à visage humain. Ainsi la foi dans le Christ n'a pas mis fin à sa philosophie, à son audace intellectuelle, mais au contraire, elle l'a poussé encore davantage à explorer les profondeurs de l'être humain et à aider les autres à bien vivre, à trouver la vie, l'art de vivre. C'est cela qu'était pour lui la philosophie:  savoir vivre, avec toute la raison, avec toute la profondeur de notre pensée, de notre volonté, et se laisser guider sur le chemin de la vérité, qui est un chemin de courage, d'humilité, de purification permanente. La foi dans le Christ a apporté son achèvement à toute la recherche d'Augustin. Un achèvement, toutefois, au sens où il est resté toujours en chemin. Plus encore, il nous dit:  même dans l'éternité notre recherche ne sera pas finie, ce sera une aventure éternelle que de découvrir de nouvelles grandeurs, de nouvelles beautés. Il a interprété la parole du Psaume "Cherchez toujours son visage" et il a dit:  cela vaut pour l'éternité; et la beauté de l'éternité est qu'elle n'est pas une réalité statique, mais un progrès immense dans l'immense beauté de Dieu. Ainsi pouvait-il trouver Dieu comme la raison fondatrice, mais également comme l'amour qui nous embrasse, nous guide et donne sens à l'histoire et à notre vie personnelle.

 

 

29 avril 2007 – Homélie Messe ordinations Sacerdotales à Saint Pierre de Rome

       Le Christ est le véritable Bon Pasteur, qui a donné sa vie pour ses brebis, pour nous, en s'immolant sur la Croix. Il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent, comme le Père Le connaît et Lui connaît le Père (cf. Jn 10, 14-15). Il ne s'agit pas d'une pure connaissance intellectuelle, mais d'une relation personnelle profonde ; une connaissance du coeur, propre à celui qui aime et qui est aimé ; à celui qui est fidèle et qui sait à son tour pouvoir avoir confiance ; une connaissance d'amour en vertu de laquelle le Pasteur invite les siens à le suivre, et qui se manifeste pleinement dans le don qu'il leur fait de la vie éternelle (cf. Jn 10, 27-28).

        Chers ordinands, que la certitude que le Christ ne nous abandonne pas et qu'aucun obstacle ne pourra empêcher la réalisation de son dessein universel de salut soit pour vous un motif de réconfort constant - même dans le difficultés - et d'inébranlable espérance.

 

11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.

       "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai" dit le Seigneur dans l'Evangile (Mt 11, 28). Telle est la recommandation finale qu'Il nous adresse. Comment ne pas voir ici le sentiment paternel, et en même temps maternel, de Dieu à l'égard de tous ses enfants? Marie, la Mère de Dieu et notre Mère, est particulièrement liée à nous en ce moment. Elle, la Tota Pulchra, la Vierge Très pure, qui a conçu dans son sein le Rédempteur des hommes et qui a été préservée de toute tache originelle, veut être le sceau définitif de notre rencontre avec Dieu, notre Sauveur. Il n'existe aucun fruit de grâce, dans notre histoire du salut, qui n'ait pour instrument nécessaire la médiation de Notre-Dame.


 

 

 

11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran

      Nous avons entendu, dans l'homélie de saint Augustin, que Dieu n'est pas loin, il est devenu "chemin" et le "chemin" lui-même est venu à nous. Il dit: "Lève-toi, paresseux, et commence à marcher!". Commencer à marcher signifie s'avancer sur le "chemin" qui est Jésus lui-même, dans la compagnie des croyants; cela veut dire marcher en nous aidant réciproquement à devenir réellement amis de Jésus Christ et fils de Dieu.
 

 

 

24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno

       Annoncer. Qu'annonçons-nous ? Nous annonçons le Royaume de Dieu. Mais le Royaume de Dieu n'est pas une lointaine utopie d'un monde meilleur, qui se réalisera peut-être dans cinquante ans ou qui sait quand. Le Royaume de Dieu est Dieu lui-même, Dieu qui s'est approché et qui est devenu très proche dans le Christ. Tel est le Royaume de Dieu: Dieu lui-même est proche et nous devons nous rapprocher de ce Dieu qui est proche, car il s'est fait homme, il demeure homme et il est toujours avec nous à travers sa Parole, dans la Très Sainte Eucharistie et dans tous les croyants. Annoncer le Royaume de Dieu signifie donc parler de Dieu aujourd'hui, rendre présente la Parole de Dieu, l'Evangile qui est présence de Dieu et, naturellement, rendre présent le Dieu qui s'est fait présent dans la sainte Eucharistie.

 

 

2008

 

 

 

21 janvier 2008 – Lettre aux Romains sur l’éducation

      Celui qui croit en Jésus Christ a une autre raison, plus forte encore, de ne pas avoir peur:  il sait, en effet, que Dieu ne nous abandonne pas, que son amour nous atteint là où nous sommes et tels que nous sommes, avec nos pauvretés et nos faiblesses, pour nous offrir une nouvelle possibilité de bien.

 

 

5 avril 2008 - Au Congrès "De l'huile sur les blessures de l'avortement et du divorce"
      Dans un contexte culturel marqué par un individualisme grandissant, par l'hédonisme et, trop souvent également, par un manque de solidarité et de soutien social approprié, la liberté humaine, face aux difficultés de la vie, est amenée dans sa fragilité à prendre des décisions contraires à l'indissolubilité du pacte conjugal et au respect dû à la vie humaine à peine conçue et encore protégée dans le sein maternel. Le divorce et l'avortement sont des choix de nature certes différentes, parfois faits dans des circonstances difficiles et dramatiques, qui comportent souvent des traumatismes et qui sont à l'origine de souffrances profondes pour ceux qui les font. Ils font aussi des victimes innocentes : l'enfant à peine conçu et pas encore né, les enfants impliqués dans la rupture des liens familiaux. Tous gardent des blessures qui marquent leur vie de façon indélébile. Le jugement éthique de l'Eglise à l'égard du divorce et de l'avortement est clair et connu de tous : il s'agit de fautes graves qui, dans une mesure différente et exception faite de l'évaluation des responsabilités subjectives, lèsent la dignité de la personne humaine, entraînent une profonde injustice dans les rapports humains et sociaux et offensent Dieu lui-même, garant du pacte conjugal et auteur de la vie. Et cependant l'Eglise, sur l'exemple de son Maître Divin, a toujours face à elle les personnes concrètes, surtout les plus faibles et les plus innocentes, qui sont victimes des injustices et des péchés, et également ces autres hommes et femmes qui, ayant commis ces actes, sont entachés de leurs fautes et en portent les blessures intérieures, cherchant la paix et la possibilité d'une reprise.

     L'Eglise a comme premier devoir de se rapprocher de ces personnes avec amour et délicatesse, avec égard et attention maternelle, pour annoncer la proximité miséricordieuse de Dieu en Jésus Christ. C'est en effet lui, comme nous l'enseignent les Pères, le véritable bon samaritain, qui s'est fait notre prochain, qui verse l'huile et le vin sur nos blessures et qui nous conduit à l'auberge, l'Eglise, dans laquelle il nous fait soigner, en nous confiant à ses ministres et en payant en personne à l'avance pour notre guérison. Oui, l'Evangile de l'amour et de la vie est toujours également l'Evangile de la Miséricorde, qui s'adresse à l'homme concret et pécheur que nous sommes, pour le relever après toutes ses chutes, pour le guérir de toutes ses plaies.

 

 

17 juillet 2008 – Accueil des jeunes à Sydney

      Je pense spécialement aux malades ou aux handicapés mentaux, aux jeunes qui sont en prison, à ceux qui connaissent des situations difficiles en marge de nos sociétés et à ceux qui, pour une raison ou une autre se sentent loin de l'Église. À chacun, je dis : Jésus est proche de toi ! Fais l’expérience de son étreinte qui guérit, de sa compassion et de sa miséricorde !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2009

 

1er novembre 2009 – Angelus

     la Toussaint invite l'Eglise pèlerine sur la terre à goûter de manière anticipée la fête sans fin de la Communauté céleste, et à raviver l'espérance dans la vie éternelle. Il y a cette année 14 siècles que le Panthéon ― l'un des plus anciens et des plus célèbres monuments romains ― fut destiné au culte chrétien et consacré à la Vierge Marie et à tous les Martyrs: « Sancta Maria ad Martyres ». Le temple de toutes les divinités païennes était ainsi converti à la mémoire de ceux qui, comme le dit le Livre de l'Apocalypse, « viennent de la grande épreuve: ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau » (Ap 7, 14). Par la suite, la célébration de tous les martyrs a été étendue à tous les saints, « une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue » (Ap 7, 9) comme le dit encore saint Jean. En cette Année sacerdotale, je suis heureux de rappeler avec une vénération particulière les saints prêtres, tant ceux que l'Eglise a canonisé, en les proposant toujours comme exemples de vertus spirituelles et pastorales; que ceux ― bien plus nombreux ― qui sont connus du Seigneur. Chacun de nous conserve le souvenir reconnaissant de l'un d'entre eux, qui nous a aidés à grandir dans la foi et nous a fait ressentir la bonté et la proximité de Dieu.

    

 

 

 

 

 

 

 

2010

 

 

11 février 2010 – Homélie de la Messe pour les malades

     Dans la Lettre de Jacques, l'Apôtre invite à attendre avec constance la venue désormais proche du Seigneur et, dans ce contexte, adresse une exhortation particulière concernant les malades. Cette proposition est très intéressante, car elle reflète l'action de Jésus, qui, en guérissant les malades, manifestait la proximité du Royaume de Dieu. La maladie est considérée dans la perspective des temps ultimes, avec le réalisme de l'espérance typiquement chrétien. "Quelqu'un parmi vous souffre-t-il? Qu'il prie. Quelqu'un est-il joyeux? Qu'il entonne un cantique" (Jc 5, 13).

 

 

 

Exhortation Apostolique Verbum Domini, du 30.9.2010, numéro 2

     C’est un don et une tâche incontournable de l’Église de communiquer la joie qui vient de la rencontre avec la Personne du Christ, Parole de Dieu présente au milieu de nous. Dans un monde qui souvent considère Dieu comme superflu ou lointain, nous confessons comme Pierre que lui seul a «les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68). Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci: ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance (cf. Jn 10, 10).

 

 

 

 

 

8 décembre 2010 – Méditation Place d’Espagne à Rome

     Ce que nous recevons de Marie est beaucoup plus important que ce que nous lui offrons. En effet, elle nous adresse un message destiné à chacun de nous… Et qu’est-ce que nous dit Marie? Elle nous parle avec la Parole de Dieu, qui s’est faite chair dans son sein. Son «message» n’est autre que Jésus, Lui qui est toute sa vie. C’est grâce à Lui et pour Lui qu’elle est l’Immaculée. Et comme le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous, ainsi elle aussi, sa Mère, a été préservée du péché pour nous, pour tous, comme anticipation du salut de Dieu pour chaque homme. Ainsi, Marie nous dit que nous sommes tous appelés à nous ouvrir à l’action de l’Esprit Saint pour pouvoir parvenir, dans notre destin final, à être immaculés, pleinement et définitivement libérés du mal. Elle nous le dit à travers sa sainteté même, avec un regard plein d’espérance et de compassion, qui évoque des paroles comme celles-ci: «Ne crains rien, mon fils, Dieu t’aime; il t’aime personnellement; il t’a pensé avant que tu ne viennes au monde et il t’a appelé à l’existence pour te combler d’amour et de vie; et c’est pour cela qu’il est venu à ta rencontre, qu’il s’est fait comme toi, qu’il est devenu Jésus, Dieu-Homme, en tout semblable à toi, mais sans le péché; il s’est donné lui-même pour toi, jusqu’à mourir sur la croix, et ainsi il t’a donné une vie nouvelle, libre, sainte et immaculée» (cf. Ep 1, 3-5).

     Marie nous fait don de ce message, et lorsque je viens ici, en cette fête, il me touche, car je sens qu’il est adressé à toute la ville, à tous les hommes et les femmes qui vivent à Rome: également à celui qui n’y pense pas, à celui qui ne se rappelle même pas que c’est la fête de l’Immaculée; à celui qui se sent seul et abandonné. Le regard de Marie est le regard de Dieu sur chacun. Elle nous regarde avec l’amour même du Père et nous bénit. Elle se comporte comme notre «avocate» — et c’est ainsi que nous l’invoquons dans le Salve, Regina: «Advocata nostra». Même si tous parlaient mal de nous, elle, la Mère, dirait du bien, car son cœur immaculé est en harmonie avec la miséricorde de Dieu. C’est ainsi qu’elle voit la ville: non pas comme une agglomération anonyme, mais comme une constellation où Dieu connaît chacun personnellement par son nom, un par un, et nous appelle à resplendir de sa lumière. Et ceux qui sont les premiers aux yeux du monde, sont les derniers pour Dieu; ceux qui sont petits, sont grands pour Dieu.

     La Mère nous regarde comme Dieu l’a regardée, humble jeune fille de Nazareth, insignifiante aux yeux du monde, mais choisie et précieuse pour Dieu. Elle reconnaît en chacun de nous la ressemblance avec son Fils Jésus, même si nous sommes si différents! Mais qui plus qu’elle connaît la puissance de la Grâce divine? Qui mieux qu’elle sait que rien n’est impossible à Dieu, qui est même capable de tirer le bien du mal?

 

 

 

2011

 

13 juin 2011 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Chers amis, l’Eglise, chacun de nous, doit porter dans le monde cette heureuse nouvelle que Jésus est le Seigneur, Celui dans lequel la proximité et l’amour de Dieu pour chaque homme et chaque femme, et pour l’humanité tout entière, se sont faits chair. Cette annonce doit résonner à nouveau dans les régions d’antique tradition chrétienne. Le bienheureux Jean-Paul II a parlé de la nécessité d’une nouvelle évangélisation adressée à ceux qui, tout en ayant déjà entendu parler de la foi, n’apprécient plus, ne connaissent plus la beauté du christianisme, et le considèrent même parfois comme un obstacle pour atteindre le bonheur. C’est pourquoi je souhaite aujourd’hui répéter ce que j’avais dit aux jeunes lors de la Journée mondiale de la jeunesse à Cologne: «Le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l’Eucharistie»!

     Si les hommes oublient Dieu, c’est aussi parce que, souvent, on réduit la personne de Jésus à un homme sage et sa divinité s’en trouve diminuée, voire niée. Cette manière de penser empêche de saisir la nouveauté radicale du christianisme, parce que si Jésus n’est pas le Fils unique du Père, alors Dieu n’est pas non plus venu visiter l’histoire de l’homme, nous n’avons que des idées humaines de Dieu. L’incarnation, en revanche, appartient au cœur de l’Evangile! Que grandisse donc l’engagement pour une saison renouvelée d’évangélisation, qui n’est pas une tâche réservée à quelques-uns, mais qui est celle de tous les membres de l’Eglise. L’évangélisation nous fait savoir que Dieu est proche: Dieu nous est montré. En ce moment de l’histoire, n’est-ce pas là la mission que le Seigneur nous confie: annoncer la nouveauté permanente de l’Evangile, comme Pierre et Paul lorsqu’ils arrivèrent dans notre ville? Ne devons-nous pas nous aussi aujourd’hui montrer la beauté et le caractère raisonnable de la foi, apporter la lumière de Dieu à l’homme de notre temps, avec courage, avec conviction, avec joie? Nombreuses sont les personnes qui n’ont pas encore rencontré le Seigneur: il faut leur consacrer un soin pastoral particulier. A côté des enfants et des jeunes de familles chrétiennes qui demandent de parcourir les itinéraires de l’initiation chrétienne, il y a les adultes qui n’ont pas reçu le baptême, ou qui se sont éloignés de la foi et de l’Eglise. C’est une attention pastorale aujourd’hui plus que jamais urgente, qui exige de s’engager avec confiance, soutenus par la certitude que la grâce de Dieu œuvre toujours, aujourd’hui encore, dans le cœur de l’homme. Moi-même j’ai la joie de baptiser chaque année, au cours de la Veillée pascale, des jeunes et des adultes, et de les incorporer dans le Corps du Christ, dans la communion avec le Seigneur et ainsi, dans la communion avec l’amour de Dieu.

 

2 novembre 2011 – Audience Générale

     La solennité de la Toussaint et la commémoration de tous les fidèles défunts nous disent que seul celui qui peut reconnaître une grande espérance dans la mort, peut aussi vivre une vie à partir de l’espérance. Si nous réduisons l’homme exclusivement à sa dimension horizontale, à ce que l’on peut percevoir de manière empirique, la vie elle-même perd son sens profond. L’homme a besoin d’éternité et toute autre espérance est trop brève, est trop limitée pour lui. L’homme n’est explicable que s’il existe un Amour qui dépasse tout isolement, même celui de la mort, dans une totalité qui transcende aussi l’espace et le temps. L’homme n’est explicable, il ne trouve son sens profond, que s’il y a Dieu. Et nous savons que Dieu est sorti de son éloignement et s’est fait proche, qu’il est entré dans notre vie et nous dit : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25-26).

     Pensons un moment à la scène du Calvaire et écoutons à nouveau les paroles que Jésus, du haut de la Croix, adresse au malfaiteur crucifié à sa droite : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Pensons aux deux disciples sur la route d’Emmaüs, quand, après avoir parcouru un bout de chemin avec Jésus Ressuscité, ils le reconnaissent et partent sans attendre vers Jérusalem pour annoncer la Résurrection du Seigneur (cf. Lc 24, 13-35). Les paroles du Maître reviennent à l’esprit avec une clarté renouvelée : « Que votre cœur ne se trouble pas ! Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, je vous l'aurais dit ; je vais vous préparer une place » (Jn 14, 1-2). Dieu s’est vraiment montré, il est devenu accessible, il a tant aimé le monde « qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16), et dans l’acte d’amour suprême de la Croix, en se plongeant dans l’abîme de la mort, il l’a vaincue, il est ressuscité et nous a ouvert à nous aussi les portes de l’éternité. Le Christ nous soutient à travers la nuit de la mort qu’Il a lui-même traversée; il est le Bon Pasteur, à la direction duquel on peut se confier sans aucune crainte, car Il connaît bien la route, même dans l’obscurité.

    

 

 

 

 

26 novembre 2011 – Rencontre organisée par la Pastorale des services de la santé.

    Le mystère de la douleur semble voiler la face de Dieu, le rendant presque comme un étranger ou allant même jusqu’à le considérer responsable de la souffrance humaine; mais les yeux de la foi sont capables de regarder ce mystère en profondeur. Dieu s’est incarné, il s’est fait proche de l’homme, même dans les situations les plus difficiles; il n’a pas éliminé la souffrance, mais dans le Crucifié ressuscité, dans le Fils de Dieu qui a souffert jusqu’à la mort et à la mort sur la croix, Il révèle que son amour descend également dans l’abîme le plus profond de l’homme pour lui apporter l’espérance.

 

 

 

 

 

2012

 

11 février 2012 – Message pour la Journée Mondiale du Malade

      Chaque sacrement exprime et réalise la proximité de Dieu lui-même, qui, d’une façon absolument gratuite, « nous touche au moyen des réalités matérielles…, en en faisant des instruments de la rencontre entre nous et Lui-même » (Homélie, Messe chrismale, 1er avril 2010). «

 

3 mai 2012 – A l’Université catholique du Sacré-Coeur.

     Pour redonner à la raison sa dimension originelle et intégrale, il faut alors redécouvrir le lieu d’origine que la recherche scientifique partage avec la recherche de foi, fides quaerens intellectum, selon l’intuition de saint Anselme. Science et foi possèdent une réciprocité féconde, presque une exigence complémentaire de l’intelligence du réel. Mais, paradoxalement, c’est précisément la culture positiviste, en excluant du débat scientifique la question sur Dieu, qui détermine le déclin de la pensée et l’affaiblissement de la capacité de com-préhension du réel. Mais le quaerere Deum de l’homme se perdrait dans un dédale de voies si ne s’ouvrait pas à lui un chemin d’illumination et d’orientation certaine, qui est celui de Dieu lui-même qui se fait proche de l’homme, à travers un amour immense : « En Jésus Christ, Dieu ne parle pas seulement à l'homme mais il le recherche... C'est une recherche qui naît au cœur même de Dieu et qui a son point culminant dans l'Incarnation du Verbe » (Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, 7).

 

 

16 mai 2012 – Audience Générale

     Notre union au Christ se réalise par cette présence de l’Esprit-Saint, puisqu’il s’agit de l’Esprit du Fils de Dieu, en qui nous sommes devenus fils. Saint Paul parle de l’Esprit du Christ (cf. Rm 8, 9), pas seulement de l’Esprit de Dieu. C’est évident : si le Christ est le Fils de Dieu, son Esprit est aussi l’Esprit de Dieu ; ainsi, si l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Christ, s’est fait proche de nous par le passé dans le Fils de Dieu et Fils de l’homme, l’Esprit de Dieu devient aussi un esprit humain et nous touche ; nous pouvons entrer dans la communion de l’Esprit. C’est comme s’il disait que non seulement Dieu le Père s’est rendu visible dans l’incarnation du Fils, mais aussi l’Esprit de Dieu se manifeste dans la vie et dans l’action de Jésus, de Jésus-Christ, qui a vécu, a été crucifié, est mort et ressuscité. L’apôtre rappelle que « nul ne peut dire : "Jésus est Seigneur", s'il n'est avec l'Esprit Saint » (1 Co 12, 3). L’Esprit oriente donc notre cœur vers Jésus-Christ, de sorte que « ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ qui vit en nous » (cf. Ga 2, 20). Dans ses Catéchèses sur les Sacrements, réfléchissant sur l’Eucharistie, saint Ambroise affirme : « Celui qui s’enivre de l’Esprit est enraciné dans le Christ » (5, 3, 17 : PL 16, 450).

 

11 juin 2012 – au Congrès du Diocèse de Rome.

     (Par le Baptême),  Dieu n’est plus très éloigné pour nous, il n’est pas une réalité dont débattre — s’il existe ou s’il n’existe pas —, mais nous sommes en Dieu et Dieu est en nous. La priorité, le caractère central de Dieu dans notre vie est une première conséquence du baptême. À la question : « Dieu existe-t-il ? », la réponse est : « Il existe et il est avec nous ; cette proximité de Dieu touche notre vie, cet être en Dieu lui-même, qui n’est pas une étoile lointaine, mais qui le lieu de ma vie ». Cela serait la première conséquence et devrait donc nous dire que nous devons nous-mêmes tenir compte de cette présence de Dieu, vivre réellement dans sa présence.

    

2 septembre 2012 – Homélie de la Messe

     Dans le Deutéronome nous voyons la « joie de la loi » : la loi non pas comme une entrave, comme quelque chose qui nous ôte la liberté, mais comme un cadeau et un don. Quand les autres peuples se tourneront vers ce grand peuple, c’est ce que nous dit Moïse, alors ils diront : Quel peuple sage ! Ils admireront la sagesse de ce peuple, l’équité de la loi et la proximité de Dieu qui est à ses côtés et qui lui répond quand il est appelé. Telle est l’humble joie d’Israël : recevoir un don de Dieu. Cela est différent du triomphalisme, de l’orgueil pour ce qui vient de soi-même : Israël n’est pas orgueilleux de sa propre loi, comme Rome pouvait l’être du droit romain comme un don à l’humanité, comme peut-être la France l’est du « Code Napoléon », comme la Prusse du « Preussisches Landrecht », etc. — des œuvres du droit que nous reconnaissons. Mais Israël le sait : cette Loi il ne l’a pas faite lui-même, elle n’est pas le fruit de son génie, elle est un don. Dieu lui a montré ce qu’est le droit. Dieu lui a donné la sagesse. La Loi est la sagesse. La sagesse est l’art d’être des hommes, l’art de pouvoir bien vivre et de pouvoir bien mourir. Et l’on ne peut bien vivre et mourir que lorsqu’on a reçu la vérité et quand la vérité nous indique le chemin. Etre reconnaissants pour le don que nous n’avons pas inventé, mais qui nous a été offert en don, et vivre dans la sagesse ; apprendre, grâce au don de Dieu, à être des hommes de manière droite.

     L’Évangile nous montre cependant qu’il existe également un danger — comme il est dit dans le Deutéronome : « n’ajoute rien, n’enlève rien ». Il nous enseigne que, avec le passage du temps, au don de Dieu se sont ajoutées des suppléments, des œuvres, des coutumes humaines, qui en se développant cachent ce qui est propre à la sagesse donnée par Dieu, devenant ainsi un véritable joug qu’il faut briser, ou bien qui conduisent à l’orgueil : c’est nous qui l’avons inventé !

     Mais venons-en à nous, à l’Église. En effet, selon notre foi l’Église est l’Israël qui est devenu universel, dans lequel tous deviennent, à travers le Seigneur, des fils d’Abraham ; l’Israël devenu universel, dans lequel persiste le noyau essentiel de la loi, privé des contingences du temps et du peuple. Ce noyau est simplement le Christ lui-même, l’amour de Dieu pour nous et notre amour pour Lui et pour les hommes. Il est la Torah vivante, il est le don de Dieu pour nous, dans lequel, à présent, nous recevons toute la sagesse de Dieu. En étant unis avec le Christ, en « marchant avec » et « en vivant avec » Lui, nous apprenons nous-mêmes comment être des hommes de façon juste, nous recevons la sagesse qui est la vérité, nous savons vivre et mourir, car Lui-même est la vie et la vérité.

Il convient donc à l’Église, comme pour Israël, d’être pleine de gratitude et de joie. « Quel peuple peut dire que Dieu a été aussi proche de Lui ? Quel peuple a reçu ce don ? ». Ce n’est pas nous qui l’avons fait, il nous a été donné. De la joie et de la gratitude pour le fait que nous pouvons le connaître, que nous avons reçu la sagesse pour bien vivre, que cela est ce qui devrait caractériser le chrétien. En effet, dans le christianisme des origines il en était ainsi : être libérés des ténèbres et de marcher à tâtons, de l’ignorance — que suis-je ? pourquoi est-ce que j’existe ? comment dois-je aller de l’avant ? —, être devenus libre, être dans la lumière, dans la plénitude de la vérité. Telle était la conscience fondamentale. Une gratitude qui rayonnait alentour et qui unissait ainsi les hommes dans l’Église de Jésus Christ.

     Mais dans l’Eglise aussi se produit le même phénomène : des éléments humains s’ajoutent et conduisent ou bien à la présomption, ce qu’on appelle le triomphalisme, qui se vante lui-même au lieu de rendre louange à Dieu, ou encore au joug, qu’il faut ôter, briser et écraser. Que devons-nous faire ? Que devons-nous dire ? Je pense que nous nous trouvons précisément dans cette phase, dans laquelle nous ne voyons dans l’Église que ce qui a été fait par nous-même, et la joie de la foi en est gâtée ; où nous ne croyons plus et nous n’osons plus dire : Il nous a indiqué qui est la vérité, ce qu’est la vérité, il nous a montré ce qu’est l’homme, il nous a donné la justice d’une vie droite. Quant à nous, nous ne sommes préoccupés que de nous louer nous-mêmes, et nous craignons de nous retrouver liés par des règlements qui font obstacle à notre liberté et à la nouveauté dans la vie.

     Si nous lisons aujourd’hui, par exemple, dans la Lettre de Jacques : « Vous êtes engendrés au moyen d’une parole de vérité », qui de nous oserait jouir de la vérité qui nous a été donnée ? Une question vient immédiatement à l’esprit: mais comment peut-on détenir la vérité ? C’est de l’intolérance ! L’idée de vérité et d’intolérance aujourd’hui ont pratiquement fusionné entre elles, et ainsi nous n’osons plus du tout croire à la vérité ou parler de la vérité. Elle semble être lointaine, elle semble quelque chose auquel il vaut mieux ne pas avoir recours. Personne ne peut dire : je détiens la vérité — telle est l’objection qui nous anime — et, en effet, personne ne peut détenir la vérité. C’est la vérité qui nous possède, elle est quelque chose de vivant ! Elle ne nous appartient pas, mais nous somme saisis par elle. Ce n’est que si nous nous laissons guider et animer par elle, que nous restons en elle, ce n’est que si nous sommes avec elle et en elle, pèlerins de la vérité, qu’elle est alors en nous et pour nous. Je pense que nous devons apprendre à nouveau cette manière de « ne pas détenir la vérité ». De même que personne ne peut dire : j’ai des enfants — ils ne nous appartiennent pas, ils sont un don, et comme don de Dieu ils nous sont donnés pour une tâche — ainsi nous ne pouvons pas dire: je détiens la vérité, mais la vérité est venue vers nous et nous pousse. Nous devons apprendre à nous laisser animer par elle, à nous laisser conduire par elle. Et alors elle brillera à nouveau : si elle-même nous conduit et nous compénètre.

       Saint Jacques nous dit dans la lecture : vous ne devez pas vous limiter à écouter la Parole, vous devez la mettre en pratique. Il s’agit d’un avertissement à propos de l’intellectualisation de la foi et de la théologie. C’est une de mes craintes à notre époque, quand je lis tant de choses intelligentes : que cela devienne un jeu de l’intellect, dans lequel « nous nous passons la balle », dans lequel tout est seulement un univers intellectuel qui ne compénètre pas et ne forme pas notre vie, et qui ne nous introduit donc pas dans la vérité. Je crois que ces paroles de saint Jacques s’adressent précisément à nous comme théologiens : il ne s’agit pas seulement d’écouter, pas seulement de l’intellect — mais de faire, de se laisser former par la vérité, se laisser guider par elle ! Prions le Seigneur que cela se produise, et qu’ainsi la vérité devienne puissante au-dessus de nous, et qu’elle conquiert de la force dans le monde à travers nous.

     L’Église a placé la parole du Deutéronome — « Où existe-t-il un peuple dont Dieu soit si proche, comme notre Dieu l’est de nous à chaque fois que nous l’invoquons ? » — au cœur de l’Office divin du Corpus Domini, et elle lui a ainsi donné une nouvelle signification : où existe-t-il un peuple dont le Dieu soit si proche, comme notre Dieu l’est de nous ? Dans l’Eucharistie cela est devenue une pleine réalité. Assurément, il ne s’agit pas seulement d’un aspect extérieur : quelqu’un peut être proche du Tabernacle et, dans le même temps, être loin du Dieu vivant. Ce qui compte c’est la proximité intérieure ! Dieu est devenu si proche de nous qu’il est lui-même un homme : cela doit nous déconcerter et nous surprendre toujours à nouveau! Il est si proche qu’il est l’un de nous. Il connaît l’être humain, la « saveur » de l’être humain, il le connaît de l’intérieur, il l’a éprouvé avec ses joies et ses souffrances. En tant qu’homme, il est proche de moi, « à portée de voix » — si proche qu’il m’écoute et que je peux savoir : il m’entend et il m’exauce, même si ce n’est peut-être pas comme je me l’imagine.

     Laissons-nous combler à nouveau par cette joie: où existe-t-il un peuple dont Dieu soit si proche, comme notre Dieu l’est de nous ? Proche au point d’être l’un de nous, de me toucher de l’intérieur. Oui, au point d’entrer en moi à travers la Sainte Eucharistie. Une pensée qui est même déconcertante. Sur ce processus, saint Bonaventure a utilisé une fois, dans ses prières de communion, une formulation qui dérange, qui épouvante presque. Il dit: mon Seigneur, comment a-t-il pu te venir à l’esprit d’entrer dans les latrines sales de mon corps ? Oui, il entre dans notre misère, il le fait de manière consciente et il le fait pour nous compénétrer, pour nous nettoyer et pour nous renouveler, afin qu’à travers nous, en nous, la vérité soit dans le monde et que le salut se réalise. Nous demandons pardon au Seigneur pour notre indifférence, pour notre misère qui nous fait penser uniquement à nous-mêmes, pour notre égoïsme qui ne cherche pas la vérité, mais qui suit son habitude, et qui fait que le christianisme ressemble peut-être souvent uniquement à un système d’habitudes. Demandons-lui d’entrer, avec puissance, dans nos âmes, qu’il soit présent en nous et à travers nous — et qu’ainsi la joie naisse aussi en nous : Dieu est ici, et il m’aime, il est notre salut !

 

 

 

 

 

 

 

publié le : 23 août 2016

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